AVERTISSEMENT
« L'université de Yaoundé II
n'entend donner aucune approbation, ni improbation aux opinions émises
dans ce mémoire ; celles-ci doivent être
considérées comme propres à leur
auteur »
DEDICACE
A MES PARENTS
M. DJOUMBI Valentin et
Mme DJOUMBI Née NGUEMCHE Clotilde
REMERCIEMENTS
Je ne saurais commencer la présentation de ce travail
sans toutefois remercier les personnes qui m'ont de près ou de loin
apporté leur soutien. Je vais citer ici :
Ø Pr Henri WAMBA, pour la supervision de ce
mémoire ;
Ø Dr Jean Marie AYINDA, mon directeur de
mémoire, pour son accompagnement, ses conseils et sa
disponibilité tout au long de la rédaction de ce
mémoire ;
Ø Dr Robert BIKOAH, mon deuxième directeur de
mémoire, pour sa disponibilité, son accompagnement et ses
conseils tout au long de ce travail de recherche ;
Ø Pr. Robert WANDA, coordonnateur du Master II option -
Comptabilité et Finance, ainsi que tout le corps enseignant de la FSEG
qui m'a encadré tout au long de cette formation.
Ø Mes parents, Mr & Mme DJOUMBI ;
Ø Mes frères et soeurs, pour leur soutien moral
et matériel ;
Ø Mon épouse, Myriam KEMDJO Epse POUGHELA, pour
ses encouragements et sa patience ;
Ø Mr Thierry MANGA de la DGTCFM du Ministère des
finances, pour son aide en matière de données
d'enquêtes ;
Ø Mes camarades de promotion pour ce Master 2, qui
m'ont beaucoup encouragé dans ce parcours.
SOMMAIRE
Avertissement..............................................................................................................i
Dédicace
.................................................................................................................ii
Remerciements.............................................................................................................iii
Sommaire
...............................................................................................................iv
Liste des
figures.........................................................................................................v
Liste des
tableaux.......................................................................................................vi
Liste des
abréviations.................................................................................................vii
Résumé...................................................................................................................ix
Abstract................................................................................................................x
Introduction
Générale................................................................................................1
Première Partie : Contrôle interne
et gestion des risques dans les
EMF..................................12
Chapitre 1 : La gestion des risques dans
les EMF, une mission du contrôle interne........................14
1.1. La typologie des risques
micro-financiers..........................................................15
1.2. L'efficacité du contrôle
interne dans la gestion des risques micro-financiers..................23
Chapitre 2 : Le dispositif de
contrôle interne des EMF camerounais face à la gestion des
risques................................................................................................31
2.1. Approche
méthodologique............................................................................32
2.2. Analyse des données et
résultats empiriques
......................................................35
Deuxième Partie : Parties prenantes des
EMF et gestion des risques micro-financiers...............43
Chapitre 3 : L'implication
modérée des parties prenantes dans la gestion de l'EMF : une
condition pour une gestion des risques efficace
...................................................................45
3.1. Les éléments de mesure
de la qualité de gouvernance des
EMF.................................46
3.2. L'influence de la qualité de
gouvernance sur la gestion des risques en
microfinance.............................................................................................57
Chapitre 4 : La qualité de
gouvernance dans les EMF camerounais relativement à la gestion des
risques.................................................................................................66
4.1. Approche
méthodologique............................................................................67
4.2. Analyse des données et
résultats empiriques
......................................................71
Conclusion
Générale................................................................................................80
Annexes
................................................................................................................85
Références
Bibliographiques.......................................................................................99
Table des
Matières..................................................................................................105
|
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Catégories de risques en
microfinance......................................................16
Figure 2 : Relation entre la gestion des risques et le
contrôle interne...............................23
Figure 3 : Processus de gestion des risques à six
étapes..............................................24
Figure 4 : La chaîne des décisions de la
gouvernance................................................49
Figure 5 : Grille d'évaluation de la gouvernance
d'une IMF........................................52
|
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Description et opérationnalisation des
principales variables (1).....................34
Tableau 2 : Statistiques descriptives des variables
...................................................36
Tableau 3 : Matrice de corrélation et test de
multi-colinéarité .....................................37
Tableau 4 : La grille des acteurs de la prise de
décision.............................................48
Tableau 5 : Les variables de mesure de la qualité
de gouvernance des IMF.....................57
Tableau 6 : Analyse de l'influence du respect de la
législation sur la gestion des risques
micro-financiers....................................................................................61
Tableau 7 : Analyse de l'influence de l'autonomie
managériale sur la gestion des risques
micro-financiers............................................................................62
Tableau 8 : Analyse de l'influence de la qualité
du système d'information sur la gestion des risques
micro-financiers...................................................................63
Tableau 9 : Analyse de l'influence du conseil
d'administration sur la gestion des risques
micro-financiers............................................................................64
Tableau 10 : Description et opérationnalisation
des principales variables (2)....................69
Tableau 11 : Statistiques descriptives des variables
binaires.......................................72
Tableau 12 : Test de Kruskal-Wallis sur les indices de
gouvernance..............................73
Tableau 13 : La qualité de gouvernance des
EMF camerounais selon la forme juridique.......74
Tableau 14 : Analyse de l'influence de la qualité de
gouvernance des EMF camerounais sur la gestion des
risques.........................................................................75
|
LISTE DES ABREVIATIONS
ACCC
|
Association des Caisses Villageoises d'Epargne et de
Crédit Autogérées du Centre
|
ACEP
|
Agence de Crédit pour l'Entreprise Privée
|
BCEAO
|
Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
|
BIT
|
Bureau International du Travail
|
CA
|
Conseil d'Administration
|
CamCCUL
|
Cameroon Cooperative Credit Union League
|
CCA
|
Crédit Communautaire d'Afrique
|
CCEC
|
Caisse Camerounaise d'Epargne et de Crédit
|
CDC
|
Crédit de Développement Communautaire du
Cameroun
|
CEMAC
|
Communauté Economique et Monétaire d'Afrique
Centrale
|
CEPD
|
Caisse d'Epargne Populaire pour le Développement
|
CERISE
|
Comité d'Echanges, de Réflexion et d'Information
sur les Systèmes d'Epargne-crédit
|
CGAP
|
Consultative Group to Assist the Poorest (Groupe
consultatif d'assistance aux plus pauvres)
|
CITEF
|
City Trust Credit Fund
|
CMEC
|
Caisses Mutuelles d'Epargne et de Crédit
|
CMEF
|
Council of Microfinance Equity Funds
|
COBAC
|
Commission Bancaire de l'Afrique Centrale
|
COFINEST
|
Compagnie Financière de l'Estuaire
|
COMECI
|
Coopérative Mutuelle d'Epargne et de Crédit
d'Investissement
|
COOPEC
|
Coopérative d'Epargne et de Crédit
|
CVECA
|
Caisses Villageoises d'Epargne et de
Crédit Autogérées
|
EMF
|
Etablissement de Microfinance
|
EUF
|
Express Union Finance
|
FH
|
Financial House
|
FIDA
|
Fonds International de Développement Agricole
|
FMI
|
Fonds Monétaire International
|
GEPIC
|
Groupe d'Epargne Populaire pour l'Investissement et le
Crédit
|
GPS
|
Gestion des Performances Sociales
|
GTZ
|
Deutsche Gesellschaft für Technische
Zusammenarbeit (Agence allemande de coopération technique)
|
IFD
|
Institution Financière de Développement
|
IMF
|
Institution de Microfinance
|
IRAM
|
Institut de Recherches et d'Applications des Méthodes
de développement
|
MCD
|
Mutuelle Communautaire de Développement
|
MC²
|
Mutuelle Communautaire de Croissance
|
MDIC
|
Mutuelle de Développement et d'Investissement du
Cameroun
|
MEC
|
Mutuelle d'Epargne et de Crédit du Cameroun
|
MINFI
|
Ministère des Finances (Cameroun)
|
MIX
|
Microfinance Information Exchange
|
MUFFA
|
Mutuelle Financière des Femmes Africaines
|
MUFFEDYC
|
Mutuelle Financière des Femmes Dynamiques du
Cameroun
|
MUPEC
|
Mutuelle Populaire d'Epargne et de Crédit
|
OCDE
|
Organisation de Coopération et de Développement
Economiques
|
ONG
|
Organisation Non Gouvernementale
|
ONU
|
Organisation des Nations Unies
|
SA
|
Société Anonyme
|
SIG
|
Système d'Information et de Gestion
|
SOFINA
|
Société Financière Africaine
|
SOFINED
|
Société Financière et d'Epargne pour le
Développement
|
SONAC
|
Société Coopérative Nationale
d'Assistance et de Crédit du Cameroun
|
UCCGN
|
Union des Caisses Villageoises d'Epargne et de Crédit
Autogérées du Grand Nord
|
UNICS
|
Unity Coopérative Society
|
VIM
|
Véhicules d'Investissement en Microfinance
|
WMFG
|
World Microfinance Forum Geneva
|
|
|
RESUME
La gestion des risques est l'un des défis majeurs
actuels dans les Institutions de microfinance. De nombreuses études ont
à cet effet traité du sujet dans le sens du
« comment » s'effectue la gestion des risques dans les
Etablissements de microfinance. Mais force est de constater qu'à ce
jour, ces établissements, notamment pour ce qui est du Cameroun,
éprouvent d'énormes difficultés relativement aux risques
microfinanciers (rapports du Ministère des Finances et de la COBAC). Ce
mémoire se propose donc d'aborder le sujet dans le sens du
« pourquoi » les Etablissements de microfinance n'arrivent
pas à mieux gérer leurs risques. Tel est l'objet de notre travail
dont l'étude porte sur 27 Etablissements de microfinance du Cameroun.
Les données couvrant la période 2008 à 2012, sont
tirées non seulement des rapports du Ministère des Finances et de
la COBAC sur le secteur, mais aussi des questionnaires d'enquête que nous
avons soumis aux structures de l'échantillon. Il ressort de nos analyses
que les Etablissements de microfinance du Cameroun n'arrivent pas à
mieux gérer leurs risques d'une part à cause de
l'inefficacité de leur dispositif de contrôle interne et d'autre
part à cause leur gouvernance insuffisante qui traduit le niveau
d'implication des parties prenantes dans la gestion de ces
établissements. Ces conclusions sont donc de nature à
éclairer les théoriciens et praticiens de la microfinance sur la
compréhension des différents problèmes auxquels ces
établissements font face.
Mots clés : microfinance, gestion
des risques, contrôle interne, gouvernance.
ABSTRACT
The risk management is one of the current major challenges in
the Institutions of microfinance. Many studies have for this purpose treaty of
the subject in the direction of «how» the risk management in the
Institutions of microfinance is carried out. But force is to note that to date,
these Institutions, in particular as regards Cameroon, have enormous
difficulties compared to risks of the microfinance sector (reports of the
Finance Minister and the COBAC). This memory thus proposes to broach the
subject in the direction of «why» Institutions of microfinance do not
arrive at better managing their risks. Such is the object of our work whose
study relates to 27 Institutions of microfinance in Cameroon. The data covering
the period 2008 to 2012 are draw not only in reports from the Finance Minister
and COBAC on the microfinance sector, but also from the survey questionnaires
which we subjected to the structures of the sample. It comes from our analyses
that the Institutions of microfinance in Cameroon do not arrive at better
managing their risks on the one because of the inefficiency of their internal
control system, and on the other hand because of their insufficient governance
which translates the level of implication of the stake holders in management of
these institutions. These conclusions are thus likely to inform the theorists
and experts of the microfinance on the comprehension of the various problems
with which these institutions cope.
Keywords : microfinance, risk management,
internal control, governance.
INTRODUCTION
GENERALE
I- CONTEXTE DE L'ETUDE ET PROBLEMATIQUE
Au fil des siècles, trois (03) grands types de
systèmes financiers populaires se sont développés à
travers le monde. Le plus ancien, d'inspiration Catholique est « le
mont-de-piété » qui est en fait, un système de
prêt sur gage pratiquant un taux d'intérêt minimal,
destiné uniquement à couvrir les frais de gestion de l'entreprise
(Lhériau, 2009) ; le tout premier
mont-de-piété a d'ailleurs été
créé en Italie en 1468.
A partir de la seconde moitié du XIXe
siècle, à l'initiative de notables et parfois de l'Etat, un
véritable mouvement de bancarisation de masse fait son apparition avec
les systèmes de crédit mutuel (qui consistait
essentiellement à l'octroi de crédits aux pauvres) et de
coopératives d'épargne et de crédit (où
l'accent était mis sur la primauté de l'épargne
individuelle et collective sur le crédit). C'est d'ailleurs au cours de
cette période que les toutes premières mutuelles d'épargne
et de crédit ont été créées par Raffaisen en
Rhémanie (Cornee, 2006).
Dans les années 1970 et au début des
années 1980 (notamment en Bolivie, Indonésie, Bangladesh et
divers pays en voie de développement), de nouveaux systèmes
financiers ont été créés pour lutter contre les
pratiques d'usuriers. Garantis par un système de caution solidaire, ces
systèmes financiers étaient/sont fondés sur le
« microcrédit » destiné aux activités
productives. Ils ont par la suite développé divers services
financiers, dont la collecte de l'épargne tout en maintenant la
priorité du crédit productif sur la thésaurisation.
C'est à partir de là qu'on a assisté
à la naissance des concepts modernes de
« microcrédit »,
« microfinance » et d'« Institution ou
Etablissement de microfinance ».
En effet, la microfinance part d'un constat : celui de la
dépendance des populations non bancarisées envers les usuriers et
prêteurs de gages, dont le but sous couvert de respectabilité
sociale, n'en demeure pas moins l'accaparement maximal des biens du
débiteur (Lhériau, 2009). Les populations non bancarisées
étant constituées des ménages à faibles revenus, la
microfinance représente l'intermédiation financière en
faveur des pauvres qui sont généralement exclus du système
bancaire classique (Kobou et al., 2009). C'est sans doute la raison pour
laquelle l'objectif généralement attribué à la
microfinance est celui de contribuer à la réduction de la
pauvreté (Morduch, 1999 ; Khandker, 2001 ; Morduch et Haley, 2002 ;
Vatta, 2003 ; Labie, 2004 ; Hermes et Lensink, 2007 ; Kobou et al., 2009). Et
si l'ONU a déclaré l'année 2005
« Année Internationale du
Microcrédit » relativement aux Objectifs du
Millénaire pour le Développement, c'est parce que la
réduction de la pauvreté est l'un des enjeux majeurs pour ce
troisième millénaire.
Au Cameroun, la microfinance sous sa forme traditionnelle
(tontine) date de plus d'un siècle (Creusot, 2006). Elle a
démarré sous la forme formelle en 1963 avec la création de
la première coopérative d'épargne et de crédit
(« Credit Union » ou caisse populaire) en zone anglophone du Cameroun
sous l'impulsion de missionnaires hollandais (ces Coopec sont aujourd'hui
regroupées au sein de la Cameroon Cooperative Credit Union League
(CamCCUL), le plus grand réseau d'Etablissements de microfinance du
Cameroun. Ce réseau a même créé en 2000 une banque
commerciale : la Union Bank of Cameroon. Mais la microfinance n'a cependant
connu un essor remarquable et ne s'est diversifiée qu'à partir du
début des années 90 à la faveur des lois n° 90/053 du
19 décembre 1990 sur la liberté d'association, et n° 92/006
du 14 août 1992 relative aux sociétés coopératives
et aux groupes d'initiative commune. Il faut également signaler ici, que
la crise du secteur bancaire de la fin des années 80 et la
restructuration de ce secteur qui a suivi ont entraîné la
liquidation de plusieurs banques, la fermeture de la presque totalité
des guichets de banques dans les zones rurales et les petites villes, et le
licenciement de nombreux cadres de banques. Ces derniers vont se reconvertir en
créant de nombreuses coopératives d'épargne et de
crédit (Coopec) fonctionnant ou essayant de fonctionner comme des
quasi-banques.
Il faut dire qu'aujourd'hui la microfinance suscite un grand
engouement de la part de plusieurs investisseurs, étant donné la
complexité du secteur bancaire en matière d'exigence de fonds
propres entre autres d'une part, et d'autre part le coût
élevé des services bancaires tels que le crédit,
l'épargne, l'assurance-santé qui n'étaient autrefois
réservés qu'aux « riches » (moins de 5% des
camerounais ont accès au système bancaire classique (Rapport
MINFI 2011)).
En effet, selon le règlement
N°01/02/CEMAC/UMAC/COBAC relatif aux conditions d'exercice et de
contrôle de l'activité de Microfinance dans la Communauté
Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC), la microfinance
est une activité exercée par des entités
agréées n'ayant pas le statut de banque ou d'établissement
financier et qui pratiquent, à titre habituel, des opérations de
crédit et/ou de collecte de l'épargne et offrent des services
financiers spécifiques aux populations évoluant pour l'essentiel
en marge du circuit bancaire traditionnel.
La dénomination « Etablissement de
Microfinance » en abrégé « EMF »
désigne les entités qui exercent l'activité de
microfinance en zone CEMAC. Dans d'autres pays, on les appelle
également « Institutions de Microfinance » en
abrégé « IMF ».
Depuis une dizaine d'années au Cameroun, un
énorme travail est réalisé par les autorités de la
CEMAC et la COBAC afin de normaliser l'activité de la microfinance dans
le but de sécuriser l'épargne des déposants et de
favoriser le financement des microprojets. Mais, des constats de terrain
relèvent des insuffisances dans les conditions actuelles de
fonctionnement du secteur de la microfinance et une insatisfaction de nombreux
acteurs eu égard aux prestations des EMF. Environ 50 Etablissements de
microfinance camerounais ont été liquidés depuis 2010,
après retrait de leur agrément par la COBAC. Le cas le plus
marquant est celui de mars 2011 où l'Etat du Cameroun a assisté
à la mise en liquidation de l'un de ses quatre plus grands EMF
après la fermeture des portes de ses vingt-sept (27) agences à
travers le pays, semant ainsi la panique chez plusieurs milliers
d'épargnants : « Ils
sont au total 45 000 à travers le pays à avoir appris subitement
la liquidation de leur établissement sur demande de la Commission
bancaire d'Afrique centrale (Cobac), gendarme financier de la région
qui, depuis 2007, avait placé l'établissement sous administration
provisoire. "Si la Cobac a pu gérer Cofinest pendant trois ans,
ça veut dire qu'elle est responsable quelque part ! Je demande à
la Cobac et au gouvernement de tout faire pour que nous retrouvions nos
sous", s'exclame un épargnant ». Cet
extrait de l'article de Sarah Sakho-RFI1(*) publié le 05 mars 2011, laisse penser que la
COBAC est en partie responsable de la liquidation de Cofinest. A cela, nous
pouvons ajouter le cas flagrant de la FIFFA en août 2012. Or d'un point
de vue professionnel et managérial, cela n'aurait certainement pas eu
lieu si ces structures avaient disposé d'un système leur
permettant de gérer les risques de façon efficace.
En effet, les EMF comme les banques, sont exposés
à une pluralité de risques dans l'exercice de leurs
activités. Le risque étant pour l'entreprise financière
comme pour toute autre, l'amplitude potentielle de la différence entre
la valeur effectivement créée et l'objectif de création de
valeur qu'on s'était fixé. En d'autres termes, le risque est
défini comme étant la probabilité de perte à
laquelle est exposée l'entreprise ou l'institution. Cependant, pour
atteindre des objectifs qui en valent la peine, la prise des risques est
parfois nécessaire.
La présence des risques implique donc une gestion de
ces derniers en vue de garantir la pérennité de l'entreprise. Le
fait pour une IMF de prêter de l'argent à des personnes en vue de
créer de la valeur engendre immédiatement un risque de non
remboursement de la part des emprunteurs. La gestion du risque, ou la prise de
risques calculés, réduit ainsi la probabilité de
réaliser des pertes et minimise le degré de la perte au cas
où celle-ci venait à être réalisée. Selon les
auteurs, la gestion des risques peut être décrite comme un
processus itératif 2(*) à trois (03) ou à six (06)
étapes ; Toujours est-il qu'elle implique la prévention des
problèmes potentiels et la détection anticipée des
problèmes réels quand ceux-ci arrivent.
« Les résultats des premières
enquêtes ont mis en évidence une situation préoccupante
marquée par une gouvernance insuffisante, une gestion lacunaire
des risques encourus, une organisation peu perfectible et un
dispositif de contrôle interne faible. Certains EMF de grande envergure
ont été placés sous administration
provisoire ». Voici l'extrait d'un rapport3(*) du Ministère des Finances
de l'Etat du Cameroun sur l'assainissement du secteur de la microfinance qui
met en exergue les principales difficultés rencontrées par les
EMF du territoire national et dont les conséquences sont
généralement : des montants importants de créances
compromises et des provisions inhérentes, les fraudes, les
détournements, les résultats déficitaires, les fonds
propres négatifs,..., les faillites.
C'est au regard de tout cela que notre curiosité
intellectuelle nous a permis d'aboutir au choix de ce thème à
savoir : « La gestion des risques dans les Etablissements de
microfinance au Cameroun ».
En effet jusqu'ici, la littérature sur la gestion des
risques dans les IMF constituée à la fois des ouvrages et
articles de certains auteurs, professionnels de la Microfinance pour la
plupart, des travaux universitaires réalisés par des
étudiants et chercheurs4(*), s'est toujours articulée autour de la
problématique du « comment se réalise la gestion
des risques en microfinance ». Les plus marquants sont par
exemples : celui de Churchill & Coster (2001) qui montrent comment
gérer les risques en microfinance à travers une description des
types de risques, du cadre d'évaluation et du processus de gestion des
risques, celui de Campion (2000) qui souligne que les institutions de
micro-finance doivent lier le contrôle interne à la gestion des
risques ; car si par le passé, la plupart des organisations
considéraient le contrôle interne comme une composante annexe,
distincte des opérations, le cadre de gestion des risques
présente une nouvelle approche du contrôle interne,
supérieure car intégrée à tous les niveaux de
l'institution. Abondant dans le sens de Campion, NDAO (2007) dans son analyse
de la gestion des risques dans les IMF souligne que celles-ci, pour remplir
leur double mission de pérennisation et d'aide aux populations à
faibles revenus, doivent être dotées d'un cadre
d'évaluation des risques qui comporte deux composantes
majeures à savoir la viabilité financière et le
développement institutionnel. Pour NDAO, l'évaluation des risques
en microfinance nécessite également la prise en compte des
perspectives de développement institutionnel.
Notre travail quant à lui s'articule autour de la
problématique du « pourquoi l'échec
des EMF dans la gestion des risques ».
En effet, malgré toutes ces publications et les efforts
des autorités de tutelle en matière d'édiction des normes,
il se trouve que la gestion des risques est l'un des problèmes majeurs
pour les EMF au Cameroun (rapports COBAC et MINFI 2011).
D'où la question centrale autour de laquelle
s'articulera notre étude, pourquoi les EMF du Cameroun
n'arrivent-ils pas à mieux gérer leurs risques ?
II- OBJECTIF DE L'ETUDE
Ce travail se donne pour objectif de déterminer ce qui
explique l'échec des EMF du Cameroun relativement à la gestion
des risques. De manière spécifique, il s'agit :
Ø D'analyser le dispositif de contrôle interne
des EMF du Cameroun afin de déterminer si celui-ci rempli effectivement
sa mission là qui est celle de gérer les risques (Comité
de Bâle sur le contrôle bancaire, 2010) ;
Ø D'analyser le système de gouvernance au sein
des EMF du Cameroun traduisant le niveau d'implication des parties prenantes
dans la gestion de ces Etablissements.
III- HYPOTHESES
Cette étude repose sur les deux hypothèses
suivantes :
H1 : Les EMF du Cameroun
n'arrivent pas à mieux gérer leurs risques à cause de la
faiblesse de leur dispositif de contrôle interne.
Selon Campion (2000), un système de contrôle
interne efficace permet à l'IMF d'assumer les risques de façon
mesurée, tout en limitant les mauvaises surprises et en se
prémunissant contre des pertes financières importantes.
H2 : Les EMF du Cameroun
n'arrivent pas à mieux gérer leurs risques à cause leur
gouvernance inefficace.
Selon WELE I (2009), la littérature
microfinancière met en évidence des liens étroits entre
la qualité de la gouvernance des IMF et leur performance (Rock &
al., 2001 ; Labie, 2001 ; Drake & Rhyne, 2002 ; Mersland &
Strøm, 2007). De plus, Le processus itératif de gestion des
risques implique le conseil d'administration (élu(e)s) et les autres
parties prenantes dans le processus d'identification et d'évaluation des
risques, ainsi que dans l'élaboration de politiques, procédures
et systèmes opérationnels sains (CERISE - IRAM, 2005).
IV- INTERÊT DE L'ETUDE
Cette étude présente un intérêt
à la fois théorique et pratique.
Ø Sur le plan théorique : Depuis
près d'une décennie, les études et les écrits sur
la microfinance tournent autour de deux thèmes centraux : l'impact
(réduction de la pauvreté...) et la pérennité
(performances financières et sociales...). Cependant, l'observation
faite par nous est que cette littérature n'est pas assez fournie en ce
qui concerne l'Afrique Centrale et plus précisément le Cameroun,
contrairement à l'Afrique de l'Ouest (Bénin, Mali,
Sénégal, ...) par exemple. C'est d'ailleurs ce qui justifie
les exploits en matière de microfinance dans ces pays. Ainsi, notre
travail se propose non seulement d'enrichir la littérature sur la
problématique de la microfinance en Afrique Centrale, mais aussi
d'éclairer les lecteurs sur la nécessité de comprendre la
liaison entre les principaux problèmes auxquels font face les EMF au
Cameroun.
Ø Sur le plan pratique : Selon BCAO/BIT (1997),
une gestion professionnalisée des structures sans préjudices de
l'implication des membres ou des bénéficiaires est l'une des
conditions préalables à l'atteinte de la pérennité
des IMF. La logique dans laquelle s'inscrit notre travail permettra aux
praticiens de la microfinance, dans un pays comme le Cameroun, de mieux
s'outiller désormais en matière d'instruments et de
mécanismes de gestion des risques, ceci à travers un dispositif
de contrôle interne plus efficace et des mécanismes de gouvernance
adéquats.
V- METHODOLOGIE
Parce que la clarification des idées théoriques
est indissolublement liée à l'analyse des faits (Thomas Schelling
cité par Klitgaard, 2006), nous optons pour une démarche
théorique et empirique pour atteindre l'objectif de cette
étude.
La démarche théorique explore d'abord la
relation conceptuelle entre la gestion des risques et le contrôle
interne dans les EMF ; ensuite elle s'intéresse à la
relation entre la gestion des risques et l'implication des parties prenantes
dans la gestion des EMF.
S'agissant de la démarche empirique, nous avons
réalisé une enquête par questionnaire au sein de 50 EMF
agréés ayant leur siège ou leur Direction
Générale dans la ville de Yaoundé. Ce qui nous a permis
d'avoir à la fin un échantillon composé de 27 EMF
répartis en 15 de première catégorie et 12 de
deuxième catégorie (soit un taux de réponse de 54% et un
taux de représentativité de 5,53% par rapport à l'ensemble
des EMF au Cameroun).
Les données de l'étude, qui ont d'ailleurs
été analysées à l'aide du logiciel SPSS en sa
version 16.0, proviennent non seulement du dépouillement des
questionnaires, mais également des rapports du Ministère des
Finances et de la COBAC. La périodicité étant de cinq (05)
ans couvrant les années 2008 à 2012.
En ce qui concerne les variables de l'étude, nous nous
sommes dans un premier temps inspirés des travaux de Honlonkou (2009),
qui a analysé les déterminants de la performance du
contrôle interne dans les Institutions de Microfinance à travers
une approche par la théorie de l'agence appliquée à
l'agence PAPME au Bénin. Dans un second temps, nous nous sommes
inspirés de l'indice agrégé de gouvernance des IMF et ses
quatre dimensions selon le FMI (2004), Briceno-Garmendia & Foster (2007) et
Mbangala (2007) ; variables qui ont d'ailleurs été
utilisées par Wele I (2009) pour analyser la qualité de la
gouvernance des IMF du Benin.
Compte tenu de
l'hétérogénéité des EMF de notre
échantillon, nous avons ajouté des variables dites « de
contrôle » à savoir la forme juridique, la taille du
conseil d'administration et la taille de l'EMF. Les EMF de l'échantillon
étant tous des EMF indépendants, nous n'avons pas pris en compte
la forme organisationnelle.
VI- ORGANISATION DU TRAVAIL
En harmonie avec l'approche méthodologique que nous
retenons, notre travail s'organise en deux parties.
Ainsi dans la première partie, à partir des
travaux de Campion5(*)
(2000), de Churchill & Coster (2001) et du CGAP (2003), nous montrerons que
les EMF camerounais n'arrivent pas à mieux gérer les risques
micro-financiers à cause de la faiblesse de leur dispositif de
contrôle interne. Pour cela, nous établirons d'abord la relation
entre la gestion des risques et le contrôle interne dans les EMF tout en
montrant que la gestion des risques est une mission du contrôle interne
(chapitre 1) ; ensuite nous vérifierons à partir des
résultats de l'enquête, que l'échec des EMF camerounais
dans la gestion des risques est due à la faiblesse de leur dispositif de
contrôle interne (chapitre 2).
Par ailleurs dans la deuxième partie et ce à
partir des travaux de FMI (2004), Briceno-Garmendia & Foster (2007) et
Mbangala (2007), de Clarkson & Deck (1997) et de Campion & Frankiewicz
(1999), il sera question de démontrer que les EMF camerounais
n'arrivent pas à bien gérer les risques à cause de la
mauvaise implication des parties prenantes dans la gestion de ces
établissements ; A cet effet, nous établirons dans un
premier temps la relation entre la gestion des risques et les parties prenantes
dans les EMF tout en montrant que leur bonne implication dans la gestion de
l'établissement est une condition pour une gestion des risques efficace
(chapitre 3) ; dans un second temps, nous vérifierons à
partir des résultats de l'enquête, que la gouvernance insuffisante
dans les EMF camerounais est également une cause de leur échec
dans la gestion des risques (chapitre 4).
PREMIERE PARTIE :
CONTRÔLE INTERNE ET GESTION DES RISQUES DANS LES
ETABLISSEMENTS DE MICROFINANCE
INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE
« un système de contrôle interne
efficace permet à l'IMF d'assumer des risques supplémentaires de
façon mesurée, tout en limitant les mauvaises surprises et en se
prémunissant contre des pertes financières
importantes ».
Cette assertion d'Anita Campion (2000) montre l'importance du
contrôle interne face à la gestion des risques. C'est dans cette
même logique que s'inscrit cette première partie. En effet, elle a
pour objectif de montrer que les EMF camerounais n'arrivent pas à mieux
gérer les risques micro-financiers à cause de la faiblesse de
leur dispositif de contrôle interne.
Il sera donc question dans le premier chapitre
d'établir la relation entre la gestion des risques et le contrôle
interne dans les EMF tout en montrant que la gestion des risques est une
mission du contrôle interne.
Dans le second chapitre de cette partie, il sera question de
vérifier à partir des résultats de l'enquête, que
l'échec des EMF camerounais dans la gestion des risques est dû
à la faiblesse de leur dispositif de contrôle interne.
CHAPITRE I :
LA GESTION DES RISQUES DANS LES EMF, UNE MISSION DU
CONTRÔLE INTERNE
INTRODUCTION
La règlementation en matière de contrôle,
notamment celle définie par la Commission Bancaire de l'Afrique
Centrale, soumet les EMF à deux principaux types de contrôle, les
contrôles externes et le contrôle interne. Les contrôles
externes sont exercés par l'autorité de tutelle et les
commissaires aux comptes. La COBAC, par l'intermédiaire de
contrôles sur place et sur pièces, cherche à s'assurer du
respect par les Etablissements des règlements en vigueur et par
conséquent de l'application des règlements relatifs au
contrôle interne. Les commissaires aux comptes ont quant-à eux
pour mission de certifier les comptes annuels et de vérifier la
sincérité des informations destinées au public. L'exercice
des contrôles externes par la COBAC et les commissaires aux comptes, est
essentiel, mais ne peut remplacer le contrôle interne qui rassemble tous
les instruments de contrôle propres à chaque Etablissement.
En effet, le contrôle interne est
généralement défini comme l'ensemble des politiques,
procédures et pratiques mises en place pour contribuer à la
maîtrise des activités, à l'efficacité
opérationnelle et à l'utilisation efficace et efficiente des
ressources. Les missions qui lui sont reconnues sont notamment celles de :
veiller à l'atteinte des objectifs posés par l'entreprise ;
s'assurer de l'utilisation rationnelle et optimale des ressources ; mettre
en place des systèmes de mesure et de maîtrise des risques et des
résultats ; garantir la qualité et la fiabilité de
l'information financière et de gestion ; enfin s'assurer du respect
des lois et règlementations ainsi que des politiques, des plans, des
règles et des procédures internes.
Dans le cadre de notre étude, nous nous
intéresserons à la troisième mission et plus
précisément à la gestion des risques.
Ainsi, il sera question dans ce premier chapitre, d'exposer
dans un premier temps les différents types de risques auxquels font face
les EMF, et dans un second temps de montrer l'efficacité du
contrôle interne dans la gestion des risques micro-financiers.
1.1. La typologie des risques
micro-financiers
La littérature sur les risques liés à
l'activité de microfinance fait ressortir quatre catégories de
risques :
Ø Les risques institutionnels
Ø Les risques opérationnels
Ø Les risques liés à la gestion
financière
Ø Les risques externes
Ils sont structurés de la manière
suivante :
Figure 1 : Catégories de risques en
Microfinance
Risques Institutionnels Mission Sociale
Mission Commerciale Dépendance
Risques de Gestion
Risques Opérationnels
Financière
Crédit
Actifs et passifs
Fraude Inefficience
Sécurité Intégrité du
Système
Risques Externes Réglementation
Concurrence Démographie
Environnement Physique
Macroéconomie
Source : Churchill C. et Coster D., Manuel de
gestion des risques en microfinance (CARE, 2001)
1.1.1 Les risques institutionnels
La plupart des programmes de microfinance existent pour
remplir une double mission : offrir des services financiers aux gens
pauvres et atteindre la pérennité financière. Ainsi, pour
garantir le succès de l'institution, trois conditions doivent être
remplies à savoir :
Ø Les services financiers offerts, doivent l'être
à un nombre important de personnes à faibles revenus ;
Ø Cela doit se faire de manière
durable ;
Ø L'institution doit être capable de le faire de
façon indépendante et autonome.
C'est donc de ces trois conditions que sont déduits les
risques institutionnels courus par une IMF.
1.1.1.1 Les risques liés à la mission
sociale
La mission sociale d'une IMF est d'offrir des services
financiers aux personnes à faibles revenus et évoluant en marge
du système bancaire classique en vue de les aider à
améliorer leurs conditions de vie. Les risques inhérents
interviennent d'une part lorsque la clientèle cible dans toutes ses
catégories ainsi que ses besoins, sont mal définies et d'autre
part lorsque les mécanismes permettant d'assurer l'adéquation
entre les services offerts et les besoins réels de la clientèle
ne sont pas mis en place.
1.1.1.2 Les risques liés à la mission
commerciale
La mission commerciale d'une IMF est d'offrir des services
financiers en permettant à l'institution d'atteindre la
pérennité. Ce qui implique que les taux pratiqués doivent
pouvoir générer assez de produits pour couvrir les charges de
l'institution, d'où le risque commercial.
1.1.1.3 Le risque de dépendance
La dépendance de certaines IMF vis-à-vis d'un
bailleur de fonds ou d'une organisation internationale ou nationale peut
accroître leur vulnérabilité dans le long terme et les
affaiblir davantage.
1.1.2 Les risques opérationnels
Ils désignent la vulnérabilité à
laquelle une IMF est exposée dans la gestion de ses opérations
courantes ; vulnérabilité résultant de la
défaillance ou de l'inadéquation des processus internes, des
personnes, des systèmes ou encore résultant des causes externes.
Il s'agit du crédit, de la fraude et de la sécurité. Pour
la majorité des institutions de microfinance, les risques
opérationnels sont les plus significatifs, car à ce niveau les
pertes sont plus élevées.
1.1.2.1 Le crédit
Le risque de crédit est la probabilité de non
remboursement d'un crédit accordé par l'institution. En effet,
pour assurer sa pérennité, une IMF comme toute autre institution
financière doit accorder des prêts aux individus. Ces individus
qui se trouvent être pour la plupart des indigents, n'ont
généralement pas de garanties réelles pouvant couvrir le
montant du crédit obtenu. C'est le risque le plus connu et le plus
délétère pour une IMF, car les pertes financières
sont plus énormes à ce niveau.
1.1.2.2 La fraude
La fraude est inévitable dans une institution qui
gère essentiellement de l'argent. Pour ce qui est d'une institution de
microfinance, celle-ci manipule au quotidien de l'argent à travers la
collecte de l'épargne et l'octroi des crédits. Le fait que ces
crédits sont à la fois nombreux et de petits montants
accroît la vulnérabilité de l'IMF en ce qui concerne les
vols et détournements de la part des agents. Si les politiques et
procédures relatives au crédit, partant de l'octroi de prêt
au recouvrement des fonds, ne sont pas clairement définies, si le
personnel en charge de la gestion de ces politiques n'est pas assez
motivé, alors l'institution est véritablement exposée
à la fraude.
1.1.2.3 La sécurité
Pour être plus proche des groupes cibles que sont les
personnes à faibles revenus, les IMF sont souvent amenées
à ouvrir des points de vente ou des agences dans des localités
plus ou moins enclavées où la sécurité est parfois
menacée. Il faut donc mettre en place un véritable dispositif
sécuritaire pour prévenir des incidents
désagréables tels que les cambriolages.
1.1.3 Les risques de gestion
financière
Il s'agit des risques liés à la gestion
bilantielle (actif et passif : liquidité, taux
d'intérêt, change), à l'inefficience et à
l'intégrité du système.
1.1.3.1 L'actif et le passif
C'est l'ensemble des risques financiers qui sont
présents dans le bilan d'une institution financière. Relativement
à l'actif (emplois) et au passif (ressources), l'IMF est
vulnérable aux risques ci-après :
Ø Le risque de liquidité :
c'est le risque de ne pas pouvoir remplir ses obligations de remboursement
contractuelles. La gestion des ressources financières de l'institution
à savoir le capital social, les emprunts (si disponibles) et les
dépôts de la clientèle doit se faire en tenant compte de
leurs natures - ressources à court terme et ressources à long
terme -. Par exemple, les dépôts à vue de la
clientèle ne doivent pas être utilisés pour le financement
des crédits de longue ou moyenne durée, ou encore pour financer
certains investissements de l'IMF ; par contre, ce sont les
dépôts à terme, les emprunts et le capital social qui sont
mieux indiqués pour ces types de financements.
Ø Le risque de taux
d'intérêt : c'est le risque lié à la
typologie différente des taux d'intérêt à l'actif et
au passif du bilan. Les taux d'intérêts sur les crédits
doivent être supérieurs aux taux rémunérateurs des
ressources afin de permettre à l'institution de couvrir ses charges. De
plus, en cas de modification de taux, l'IMF doit veiller à ce que les
taux créditeurs et les taux débiteurs évoluent
proportionnellement par rapport à la marge bénéficiaire
recherchée.
Ø Le risque de change : c'est le
risque créé par l'évolution continue des devises les unes
par rapport aux autres. Généralement lorsqu'une IMF contracte un
emprunt auprès d'un bailleur de fonds étranger, cela se fait en
monnaie étrangère. Le risque ici réside dans le fait que
lors des remboursements qui se font en monnaie étrangère, les
revenus générés en monnaie locale ne sont pas assez
suffisant pour couvrir non seulement les frais financiers, mais aussi la perte
de change due au taux de change.
1.1.3.2 L'inefficience
L'inefficience représente l'incapacité de l'IMF
à minimiser les coûts marginaux de production et ou
d'exploitation. Elle doit donc être en mesure d'une part de
maîtriser son seuil de rentabilité et d'autre part d'offrir des
services financiers attractifs à des taux raisonnables,
c'est-à-dire des taux qui ne sont pas trop élevés (dans ce
cas elle s'écarterait de sa mission sociale) ou encore moins trop bas
(dans ce cas elle s'éloignerait de l'objectif de
pérennité).
1.1.3.3 L'intégrité du
système
Il s'agit ici du système d'information et de gestion
(SIG). En effet, le système de gestion comptable, le système de
gestion du portefeuille clientèle ainsi que du portefeuille
crédit doivent pouvoir à tout moment refléter la
réalité. Ce qui suppose la mise en place au préalable d'un
dispositif de contrôle permettant d'assurer la fiabilité des
informations, un meilleur traitement de ces informations, leur synthèse
à travers des rapports périodiques et enfin l'archivage de la
base de données en créant par exemple des fichiers de sauvegarde
et en les stockant à plusieurs endroits.
1.1.4 Les risques externes
Ce sont les éléments qui ne sont pas directement
liés à la gestion interne de l'institution, mais dont l'influence
sur elle entraine des conséquences désagréables à
sa survie. Par conséquent, les responsables de l'IMF doivent les prendre
en compte lors de l'élaboration des politiques et procédures en
matière de gestion des risques. Il s'agit donc de la
réglementation, la concurrence, la démographie, l'environnement
et la macroéconomie.
1.1.4.1 La réglementation
Le secteur financier en général est un secteur
fortement réglementé étant donné qu'il s'agit de
l'argent qui est manipulé. La gestion de l'épargne publique
étant une préoccupation majeure des autorités publiques,
celles-ci généralement s'assurent de la création, de la
mise en place et du respect d'un certain nombre de dispositions
réglementaires, ceci dans le but de préserver les
intérêts des différents acteurs. Pour ce qui est de la
microfinance, les dispositions réglementaires pouvant affecter
négativement le fonctionnement d'une IMF sont le code du travail, les
lois sur l'usure et le blanchiment d'argent, les interférences
politiques et la déréglementation.
1.1.4.2 La concurrence
Les constats sur le terrain montrent que les IMF font face
à la concurrence non seulement entre elles, mais aussi avec les banques,
qui offrent pratiquement les mêmes produits, mais à des
échelles différentes. Par conséquent, chaque IMF devrait
maîtriser ses produits et services, les prix pratiqués, les
groupes-cibles, ses parts de marché ainsi que ceux de ses concurrents
afin de mieux définir son plan d'actions commerciales.
1.1.4.3 La démographie
Parlant de risques démographiques, on cite
généralement le taux de morbidité, le taux de
mortalité, le taux de scolarisation, la mobilité de la
population, le passé entrepreneurial des clients actuels et potentiels,
la cohésion sociale auprès des communautés, les
expériences de crédits antérieurs, la corruption. Beaucoup
d'IMF selon les zones où se trouvent leurs agences ou points de vente,
sont vulnérables à ces risques.
1.1.4.4 L'environnement
Les catastrophes naturelles sont fréquentes dans
certaines zones de par le monde. Ce qui crée des
désagréments aux ménages, aux entreprises et par
conséquent aux activités des IMF (baisse considérable des
flux d'opérations).
1.1.4.5 La macroéconomie
La macroéconomie influence une IMF à travers
deux phénomènes à savoir l'inflation et la
dévaluation. Cette influence se fait à deux niveaux :
Ø L'influence directe sur l'IMF ;
Ø L'influence directe sur les clients de l'IMF, leurs
affaires et leur capacité de remboursement des crédits.
1.2. L'efficacité du contrôle interne dans
la gestion des risques micro-financiers
De par la définition même du contrôle
interne, il y a une étroite relation entre la gestion des risques et le
contrôle interne. Cela est illustré par la figure
suivante :
Figure 2 : Relation entre la gestion des
risques et le contrôle interne
Gestion des risques
Contrôle interne
Audit interne
Source : Anita Campion, Improving
Internal Contrôl : A practical guide for Microfinance
Institutions. (Washington D.C. MicroFinance Network/GTZ, 2000).
En effet une bonne approche des risques est une
décision de gestion purement et simplement, prise par les responsables
de l'entreprise afin d'atteindre les objectifs prévus avec un maximum de
certitude, en utilisant au mieux les moyens qui sont mis à leur
disposition. Parlant ainsi de gestion des risques, nous exposons d'abord le
processus, ensuite le rôle du contrôle interne dans ce
processus.
1.2.1 Le processus de gestion des risques
La gestion des risques est une démarche
itérative, en ce sens que les points de vulnérabilité
changent avec le temps et l'espace. Cette démarche nécessite des
contrôles qui sont préventifs,
détectifs et correctifs car en effet,
il s'agit de la prévention des problèmes potentiels et la
détection anticipée des problèmes réels quand
ceux-ci arrivent.
La figure suivante décrit de manière
synthétique le processus de gestion des risques.
Figure 3 : Processus de gestion des risques
à six étapes
1. Identifier, évaluer et
classer les risques
par ordre de priorité
6. Amender les politiques
2. Développer des
stratégies
et procédures
pour mesurer
les risques
3. Elaborer des politiques
et des procédures pour
atténuer les risques
5. Tester l'efficacité du
processus et évaluer
les résultats
4. Mettre en oeuvre les
contrôles
et attribuer les responsabilités
Source : Adapté de Anita
Campion, Improving Internal Contrôl : A practical guide for
Microfinance Institutions. (Washington D.C. MicroFinance Network/GTZ,
2000).
1.2.1.1 - 1ère étape :
Identifier, évaluer et classer les risques par
priorité
Il s'agit à ce niveau de contrôles
préventifs. En principe, au début du processus de gestion des
risques, les responsables identifient les risques principaux et les classent
par ordre de priorité. Puis le conseil d'administration vérifie
et approuve les résultats. Au cours de cette étape, le conseil
d'administration et les dirigeants doivent déterminer le niveau de
risque que l'IMF peut tolérer et étudier pour chaque risque,
l'impact négatif qu'il peut avoir s'il n'est pas contrôlé.
1.2.1.2 - 2ème étape :
Développer les stratégies pour mesurer les risques
Ici, il s'agit également d'un niveau de contrôles
préventifs. Le conseil d'administration approuve les politiques
destinées à mesurer et à surveiller les risques et
vérifie qu'elles sont respectées au sein de l'IMF. Les dirigeants
identifient les indicateurs et ratios clés qui peuvent être suivis
et analysés régulièrement pour évaluer l'exposition
aux risques de l'IMF dans chacun de ses domaines d'activité. Ils fixent
pour chaque indicateur une fourchette de valeurs acceptables en dehors de
laquelle l'IMF subit une exposition excessive. En outre, ils déterminent
la fréquence à laquelle chaque indicateur doit être suivi
et analysé.
1.2.1.3 - 3ème étape :
Elaborer les politiques et des procédures pour atténuer les
risques
Tout comme les précédentes, cette étape
est une étape de contrôles préventifs. Une fois les
stratégies de mesure des risques adoptées, la direction
élabore des procédures et directives opérationnelles
saines pour atténuer chaque risque conformément au seuil
défini à l'étape précédente. Ces directives
et procédures indiquent clairement aux employés comment mener des
transactions et intégrer des mesures de contrôle interne
efficaces.
1.2.1.4 - 4ème étape :
Mettre en oeuvre les contrôles et attribuer les
responsabilités
A ce niveau, il s'agit déjà de contrôles
détectifs. La direction sélectionne des contrôles
efficients et demande au personnel de terrain s'ils leur paraissent pertinents.
Si les mesures de contrôle ont un impact sur les clients, les dirigeants
doivent évoquer les éventuelles répercussions avec les
agents de crédit ou d'autres membres du personnel de terrain. Lorsque
l'impact potentiel est important, l'IMF peut également solliciter
directement l'avis des clients, notamment par le biais d'enquêtes ou de
groupes de discussion. L'institution doit attribuer à certains cadres la
responsabilité de superviser la mise en place des contrôles et de
les surveiller au fil du temps.
1.2.1.5 - 5ème étape :
Tester l'efficacité du processus et évaluer les
résultats
Ici il s'agit de contrôles à la fois
détectifs et correctifs. L'IMF doit définir de façon
précise des indicateurs et paramètres permettant de
déterminer quand un risque n'est pas correctement contrôlé.
Par la suite, le conseil d'administration et la direction étudient les
résultats d'exploitation pour évaluer si les politiques et
procédures actuelles permettent d'avoir l'effet escompté et si
l'IMF gère ses risques de façon appropriée. Certains
indicateurs, tels que la qualité du portefeuille, doivent être
surveillés à un rythme hebdomadaire ou mensuel, tandis que
d'autres, tels que l'efficacité opérationnelle, n'exigent pas un
suivi aussi fréquent.
1.2.1.6 - 6ème étape :
Amender les politiques et procédures
Comme la précédente, c'est également une
étape de contrôles détectifs et correctifs. Le plus
souvent, les résultats indiqueront la nécessité d'apporter
certaines modifications aux politiques et procédures et,
éventuellement, détecteront des expositions aux risques non
identifiées précédemment. La direction devra alors
élaborer de nouvelles mesures de contrôle des risques et
superviser leur mise en oeuvre. Elle peut offrir à son personnel une
formation supplémentaire, décider de modifier des politiques et
procédures existantes ou d'en créer de nouvelles. Une fois les
nouveaux contrôles instaurés, l'IMF teste leur efficacité
et évalue les résultats.
La gestion des risques est un donc un processus dynamique au
cours duquel l'IMF évalue continuellement la pertinence de son
dispositif de lutte contre les risques, et l'amende si nécessaire.
1.2.2 La gestion des risques par le contrôle
interne
Le contrôle interne lui-même est un processus
destiné à fournir une assurance raisonnable quant au respect des
lois et règlementations en vigueur, à la fiabilité des
informations financières et à la réalisation et
optimisation des opérations. Ainsi, un système de contrôle
interne intégral permettra de gérer les risques notamment en
luttant efficacement contre la fraude, de garantir la sincérité
des comptes de l'IMF, et d'assurer le respect des procédures
internes. Tous ces éléments contribuent largement à la
performance et à la transparence de l'institution.
Le contrôle interne et l'audit interne jouent un
rôle essentiel dans le processus itératif de gestion des risques,
dans lequel l'information générée par le dispositif de
contrôle interne est renvoyée au conseil d'administration et
à la direction. Les mécanismes de contrôle interne
contribuent à améliorer la prise de décision car ils font
en sorte que l'information soit précise, exhaustive et disponible en
temps voulu. De cette façon, le conseil d'administration et la direction
peuvent répondre rapidement aux problèmes de contrôle
à mesure qu'ils se posent. De plus, lorsqu'il est associé au
système de gestion des risques, le dispositif de contrôle interne
permet d'identifier les expositions restantes et d'en informer la direction.
Toutefois, un certain nombre de
« fondamentaux » doivent être réunis pour un
système efficace de contrôle interne (CGAP, 2003) :
Ø L'environnement de
contrôle : le climat régnant dans l'organisation
à tous les niveaux, à commencer par la philosophie et le style de
management des cadres dirigeants ;
Ø Des employés honnêtes et
compétents : les politiques et procédures les plus
appropriées ne seront pas efficaces si elles ne sont pas mises en oeuvre
et comprises par le personnel ;
Ø Une délégation claire des
responsabilités : un organigramme et des descriptifs de
postes doivent montrer clairement les lignes de rapportage et les fonctions
remplies ;
Ø Une séparation des
tâches : développer les fonctions afin de
séparer les tâches correctement pour que la même personne ne
cumule pas les tâches d'enregistrement, d'approbation et de mise en
oeuvre ;
Ø Des procédures pour le traitement de
toutes les transactions : écrites, communiquées, et
mises en oeuvre ;
Ø Des documents appropriés et des
registres comptables ;
Ø Des contrôles physiques
adéquats pour la gestion des immobilisations et des
dossiers ;
Ø Une vérification indépendante
des performances.
C'est donc dire que pour être efficace, le
système de contrôle interne doit être
intégré dans l'organisation à différents niveaux
et une gamme variée de contrôles doit être mise en place
à l'égard des ressources humaines, de l'organisation, des
procédures d'exploitation et des systèmes d'information.
Par exemple pour ce qui est des risques opérationnels
(crédit, fraude et sécurité) qui constituent les risques
majeurs auxquels sont confrontées les IMF, il est nécessaire de
respecter une stricte séparation des fonctions d'autorisation,
d'exécution et de contrôle entre les membres du personnel. A cet
effet, le contrôle interne ou alors le dispositif de contrôle
interne a la responsabilité de veiller à la prise des
précautions ci-après :
· Préciser la liste des postes impliqués
dans chaque activité dans le manuel de procédures,
spécifiant les liens de dépendance entre chacun, et conserver
un répertoire général des signatures et visas. Par
ailleurs, un système de rotation du personnel peut être
envisagé pour certains postes.
· Mettre en place un double contrôle pour les
tâches les plus sensibles, par exemple l'obligation d'une double
signature sur les chèques, la présence requise d'au moins deux
personnes pour la manipulation des espèces, l'organisation de
contrôles réguliers de la documentation des dossiers de
prêts, etc.
· Hiérarchiser l'autorisation des
opérations selon le degré de risque de l'opération, par
exemple avec l'application de niveaux d'approbation différents selon le
montant du crédit à octroyer ou de la dépense à
effectuer.
Il en ressort donc que le dispositif de contrôle interne
joue un rôle primordial dans la gestion des risques, car il est au coeur
même du processus itératif.
Toutefois il convient de préciser que le niveau de
complexité du système de contrôle interne est à
adapter selon la taille de l'IMF puisque les institutions de petite taille sont
forcées d'accepter un certain cumul des fonctions par manque de
ressources humaines et financières. Le système de contrôle
interne doit ainsi être évalué et revu sur une base
régulière pour mesurer son efficacité et son
degré de couverture des risques en rapport avec l'évolution
des activités de l'institution et de son environnement. De même,
une cartographie des risques peut être dessinée pour mettre en
avant les risques correspondants à chaque niveau de contrôle et
pour identifier les nouveaux risques dérivés de certaines
prises de décisions (lancement de nouveau produit, modification de
procédures, etc.)
CONCLUSION
Il était question tout au long de ce chapitre de
montrer l'efficacité du dispositif de contrôle interne dans la
gestion des risques micro-financiers. La pluralité des risques auxquels
font face les IMF dans l'exercice de leurs activités implique la mise en
place d'un processus d'identification et d'évaluation de ces risques,
ainsi que l'élaboration de politiques, procédures et
systèmes opérationnels permettant de les atténuer. Cette
vulnérabilité des IMF étant de nature à changer
avec le temps, cela explique la répétition au niveau du
processus. Ainsi, le processus itératif de gestion des risques montre
clairement que le contrôle interne y joue un rôle primordial.
Toutefois, qu'en est-il du dispositif de contrôle interne des EMF
camerounais face à la gestion des risques ?
CHAPITRE 2 :
LE DISPOSITIF DE CONTRÔLE INTERNE DES EMF
CAMEROUNAIS FACE A LA GESTION DES RISQUES
INTRODUCTION
Au nombre de difficultés des IMF ces dernières
années, l'évolution exponentielle des risques, notamment
financiers et opérationnels constitue une menace réelle pour la
viabilité financière et la pérennisation du secteur. Les
mécanismes utilisés pour une meilleure gestion de ces risques
sont les systèmes de contrôle (audits et contrôles internes
et externes). Le contrôle (interne et externe) évalue la mise en
oeuvre des règles sans les interpréter et sans juger de leur
pertinence. Il détermine et situe les responsabilités et fait
éventuellement sanctionner les responsables d'infractions afin de les
dissuader dans la répétition de celles-ci (Honlonkou,
2009) ; les contrôles et audits sont donc internes s'ils sont
exécutés par des services internes aux institutions. Si nous
considérons l'appréhension du comité de Bâle sur le
contrôle bancaire selon quoi le contrôle interne désigne
le mécanisme mis en place par l'institution pour surveiller les
risques avant et après les opérations, on pourrait
être tenté de croire d'emblée que ce mécanisme est
inefficace pour ce qui est des EMF du Cameroun, ceci au regard de tout ce que
l'on peut observer à travers leurs bilans (montants importants de
créances en souffrance et des provisions inhérentes, vols et
détournements, résultats déficitaires, fonds propres
négatifs...)6(*).
L'exercice auquel s'attelle ce chapitre est donc d'analyser le dispositif de
contrôle interne des EMF du Cameroun afin de déterminer si celui
ci rempli effectivement cette mission là qui est celle de
gérer les risques. Pour cela, nous allons en premier lieu
présenter l'approche méthodologique par laquelle nous avons
abordé cette analyse et en second lieu, présenter l'analyse des
données de l'étude ainsi que les résultats auxquels nous
avons abouti.
2.1. Approche méthodologique
L'hypothèse soutenue dans cette partie est le fait que
les EMF camerounais n'arrivent pas à mieux gérer leurs risques
à cause de l'inefficacité du dispositif de contrôle
interne. Pour vérifier cette hypothèse, la méthodologie
adoptée est décrite de la manière suivante :
2.1.1 Technique de mesure et échantillon
Les données de notre étude ont été
recueillies au moyen de sondages à travers des questionnaires
(annexe 4) qui ont été déposés
auprès des EMF dont la direction générale pour la plupart
se trouve dans la ville de Yaoundé.
En ce qui concerne l'échantillon et sa taille, il
s'agit de 27 EMF sur les 488 en activités sur le territoire camerounais
et agréés par le Ministère des Finances auprès de
la COBAC au 31 décembre 2010. Précisons que la taille
ciblée au départ était de 50 EMF auxquels nous avons
d'ailleurs soumis des questionnaires, mais les réponses n'ont
été obtenues que de 27 sur les 50, soit un taux de réponse
de 54%. Cet échantillon est essentiellement constitué d'EMF de
première catégorie (qui sont au nombre de 15) et de
deuxième catégorie (qui sont au nombre de 12). Les EMF de
troisième catégorie n'étant qu'au nombre de quatre7(*) (04) dans tout le Cameroun au 31
décembre 2010, nous pouvons dire que leur absence dans
l'échantillon n'a eu aucune incidence sur nos analyses et à
fortiori sur nos résultats au regard de la
représentativité par rapport au total de 488 (soit 0,8%).
Les données de l'étude quant à elles
proviennent non seulement du dépouillement des questionnaires ayant fait
l'objet de réponse, mais également des rapports du
Ministère des Finances et de la COBAC. La périodicité
quant à elle est de cinq (05) ans couvrant les années 2008, 2009,
2010, 2011 et 2012.
2.1.2 Variables de l'étude
Pour analyser le dispositif de contrôle interne des EMF
du Cameroun face à la gestion des risques, nous avons choisi un certain
nombre de variables dont certaines sont inspirées de Honlonkou
(2009)8(*). Elles
sont représentées par : la cohérence des manuels de
procédure (CMP), le volume des vols et détournements (VVD),
l'existence d'un service de contrôle ou d'audit interne (EX_SCI),
l'effectif du service contrôle interne (EFF_SCI), le niveau
académique moyen des contrôleurs internes (NAM_CI), l'existence
d'un manuel de procédures de gestion des risques (MP_GR), la part des
frais globaux de missions destinée au contrôle interne (PFM_CI),
le nombre moyen de mission de contrôle par an (NM_MC), le nombre moyen de
constats/fraudes (NM_C/F), le nombre moyen de recommandations formulées
(NM_RF) et le taux de suivi des recommandations (TSR).
S'agissant des variables relatives à la gestion des
risques, nous adoptons en fonction des types de risques les variables
ci-après : la gestion des risques institutionnels (GR_I), la
gestion des risques opérationnels (GR_O), la gestion des risques de
gestion financière (GR_GF) et la gestion des risques externes (GR_E).
Par ailleurs, compte tenu de
l'hétérogénéité des EMF de notre
échantillon, nous avons ajouté des variables dites
« de contrôle » à savoir la
forme juridique (FORM_JUR) et la taille de l'EMF (TA_EMF). Précisons que
nous n'avons pas pris en compte la forme organisationnelle9(*), car tous les EMF de notre
échantillon sont des EMF indépendants.
Tableau 1 : Description et
opérationnalisation des principales variables (1)
Identité de la variable
|
Définition et mesure
|
Cohérence des manuels de procédures
|
CMP
|
Variable binaire : `1' s'il y a cohérence, `0' si
non
|
Volume des vols et détournements
|
VVD
|
Montant des vols et détournements
|
Existence d'un service de contrôle ou d'audit interne
|
EX_SCI
|
Variable binaire : `1' si existence, `0' si non
|
Effectif du service contrôle interne
|
EFF_SCI
|
Nombre de personnes dans le service de contrôle ou audit
interne
|
Niveau académique moyen des contrôleurs internes
|
NAM_CI
|
A = BAC ; B = BAC+2 ; C = BAC+3 ; D =
BAC+4 ; E = BAC+5
|
Existence d'un manuel de procédure de gestion des risques
|
MP_GR
|
Variable binaire : `1' si existence, `0' si non
|
Part des frais globaux de missions destinée au
contrôle interne
|
PFM_CI
|
Frais de missions consacrées au contrôle interne
/Total des frais de mission
|
Nombre moyen de mission de contrôle par an
|
NM_MC
|
Nombre moyen de mission de contrôle par an
|
Nombre moyen de constats/fraudes
|
NM_C/F
|
Nombre moyen de constats/fraudes suite aux missions
|
Nombre moyen de recommandations formulées
|
NM_RF
|
Nombre moyen de recommandations formulées suite aux
constats/fraudes
|
Taux de suivi des recommandations
|
TSR
|
Taux de suivi des recommandations formulées
|
Gestion des risques institutionnels
|
GR_I
|
Signe : + : Influence positive ; - :
Influence négative ; = : Aucune influence
|
Gestion des risques opérationnels
|
GR_O
|
Signe : + : Influence positive ; - :
Influence négative ; = : Aucune influence
|
Gestion des risques de gestion financière
|
GR_GF
|
Signe : + : Influence positive ; - :
Influence négative ; = : Aucune influence
|
Gestion des risques externes
|
GR_E
|
Signe : + : Influence positive ; - :
Influence négative ; = : Aucune influence
|
Forme juridique
|
FORM_JUR
|
Variable binaire : `1' si, c'est une COOPEC, `0' si c'est
une SA
|
Taille de l'EMF
|
TA_EMF
|
Nombre de guichets ou agences/points de vente
|
Source : Auteur
2.2. Analyse des données et
résultats empiriques
De l'analyse des données issues des questionnaires de
l'enquête ainsi que des données issues de certains rapports du
Ministère des finances du Cameroun et de la COBAC, nous sommes parvenus
aux constats ci-après :
2.2.1 Analyse uni-variée et
résultats
Selon le Tableau 2, les statistiques
descriptives par variable indiquent à travers le panel
A qu'en moyenne pour les 27 EMF que compte l'échantillon, le
volume des vols et détournements (VVD) est de FCFA 58 704 128
avec un nombre moyen de sept agences (TA_EMF moyen de 7). On observe que chaque
année, la fraction des frais de missions consacrée aux missions
de contrôle interne (PFM_CI) par rapport à l'ensemble des frais de
mission de l'EMF est de 22% pour un effectif de deux individus dans le service
de contrôle interne (EFF_SCI moyen de 2). Lesquels individus effectuent
en moyenne 33 missions de contrôle (NM_MC) par an pour lesquelles ils
détectent en moyenne 204 anomalies (NM_C/F) et formulent 68
recommandations (NM_RF) relatives à ces différents constats. Le
même tableau indique aussi que le taux moyen de suivi des recommandations
formulées par le contrôle interne (TSR) est de 46%.
Tableau 2 : Statistiques descriptives des
variables
Panel A : Variables continues
Variables
|
Nombre
d'observation
|
Moyenne
|
Écart type
|
Minimum
|
Maximum
|
VVD
|
27
|
58 704 128
|
85878346,31
|
2 340 660
|
365 004 650
|
EFF_SCI
|
27
|
2
|
2,84650033
|
0
|
14
|
PFM_CI
|
27
|
0,22
|
0,16
|
0
|
0,85
|
NM_MC
|
27
|
33
|
45,7376702
|
6
|
245
|
NM_C/F
|
27
|
204
|
436,028241
|
48
|
2352
|
NM_RF
|
27
|
68
|
145,342747
|
16
|
784
|
TSR
|
27
|
0,46
|
0,14232502
|
0,1
|
0,7
|
TA_EMF
|
27
|
7
|
10,0230504
|
1
|
38
|
Source : Auteur
VVD : Volume des vols et détournements ;
EFF_SCI : Effectif du service contrôle interne ; PFM_CI :
Part des frais globaux de missions destinée au contrôle
interne ; NM_MC : Nombre moyen de mission de contrôle par
an ; NM_C/F : Nombre moyen de constats/fraudes ; NM_RF :
Nombre moyen de recommandations formulées ; TSR : Taux de
suivi des recommandations ; TA_EMF : Taille de l'EMF.
Panel B : Variables binaires
Variables
|
Modalités
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
CMP
|
0
1
Total
|
21
6
27
|
77,8
22,2
|
EX_SCI
|
0
1
Total
|
4
23
27
|
14,8
85,2
|
MP_GR
|
0
1
Total
|
0
0
27
|
0,0
0,0
|
FORM_JUR
|
0
1
Total
|
12
15
27
|
44,4
55,6
|
Source : Auteur
CMP : Cohérence des manuels de
procédures ; EX_SCI : Existence d'un service de contrôle
ou d'audit interne ; MP_GR : Existence d'un manuel de
procédures de gestion des risques ; FORM_JUR : Forme
juridique.
A travers le panel B, les statistiques
descriptives par variable indiquent une incohérence des manuels de
procédures dans la plupart des EMF (77,8%). Les EMF en majorité
ont en leur sein un service de contrôle interne (85,2% contre 14,8%).
Pour ce qui est de la gestion des risques, aucun EMF ne dispose d'un manuel de
procédures de gestion des risques (0,0%) ; néanmoins il
convient de préciser qu'après dépouillement de nos
questionnaires d'enquête (annexe 4), il apparait que les
responsables d'EMF affirment qu'ils ont un manuel de procédures
général utilisé en même temps pour la gestion des
risques. Pourtant selon Churchill et Coster (2001), une bonne gestion des
risques nécessite un manuel de procédures spécifique pour
la cause.
2.2.2 Analyse multi-variée et
résultats
Il s'agissait ici d'identifier et d'évaluer la
corrélation et la multi-colinéarité des variables
continues. Les tests de colinéarité (tableau 3) nous montrent de
fortes corrélations entre les variables et dont la plupart sont
significatives.
Tableau 3 : Matrice de corrélation
et test de multi-colinéarité
Variables
|
VVD
|
EFF_SCI
|
PFM_CI
|
NM_MC
|
NM_C/F
|
NM_RF
|
TSR
|
TA_EMF
|
VVD
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
EFF_SCI
|
0,852**
|
1
|
|
|
|
|
|
|
PFM_CI
|
0,194
|
0,172
|
1
|
|
|
|
|
|
NM_MC
|
0,837**
|
0,941**
|
0,058
|
1
|
|
|
|
|
NM_C/F
|
0,776**
|
0,877**
|
-0,015
|
0,976**
|
1
|
|
|
|
NM_RF
|
0,776**
|
0,877**
|
-0,015
|
0,976**
|
1,000**
|
1
|
|
|
TSR
|
-0,372
|
-0,472*
|
-0,108
|
-0,514**
|
-0,501**
|
-0,501**
|
1
|
|
TA_EMF
|
0,624**
|
0,568**
|
0,220
|
0,491**
|
0,348
|
0,348
|
-0,407*
|
1
|
(**) Seuil de significativité de 1%.
(*) Seuil de significativité de 5%.
Source : Auteur (à partir de
SPSS)
VVD : Volume des vols et détournements ;
EFF_SCI : Effectif du service contrôle interne ; PFM_CI :
Part des frais globaux de missions destinée au contrôle
interne ; NM_MC : Nombre moyen de mission de contrôle par
an ; NM_C/F : Nombre moyen de constats/fraudes ; NM_RF :
Nombre moyen de recommandations formulées ; TSR : Taux de
suivi des recommandations ; TA_EMF : Taille de l'EMF.
En effet, l'analyse des données à partir de
l'annexe 2 nous permet d'observer qu'il y a une forte
corrélation positive entre le volume des vols et détournements
(VVD) et l'effectif du service contrôle interne avec une
significativité à 1% (p-value = 0,000) ; Au regard de cela
nous pouvons affirmer avec une probabilité de 99,99% d'être vrai
que lorsque le volume des vols et détournements augmente, alors cela
nécessite une augmentation de l'effectif du service contrôle
interne. En outre la corrélation est certes légèrement
positive entre VVD et la part des frais de missions consacrée au
contrôle interne (PFM_CI), mais nous ne pouvons pas dire sans risque de
nous tromper (p-value = 0,331) que l'augmentation de l'un entraine une
augmentation de l'autre. Egalement, on observe une forte corrélation
positive entre VVD et NM_MC, NM_C/F, NM_RF et TA_EMF ; les seuils de 1%
(respectivement p-value = 0,000 ; 0,000 ; 0,000 et 0,001) nous
poussent à affirmer avec 99,99% de chance de ne pas se tromper que
lorsque le volume des vols et détournement est élevé,
alors l'EMF aura tendance à mettre l'accent sur le contrôle
interne notamment en ce qui concerne le nombre moyen de missions de
contrôle par an, d'où l'augmentation du nombre moyen de
constats/fraudes et du nombre moyen de recommandations formulées, ceci
proportionnellement avec la taille de l'EMF. Par ailleurs, la
corrélation est négative entre VVD et le taux de suivi des
recommandations au seuil de 10% (p-value = 0,056).
S'agissant de l'effectif de contrôle interne (EFF_CI),
on observe une forte corrélation positive avec NM_MC, NM_C/F,
NM_RF et moyenne avec TA_EMF seuil de 1% (respectivement p-value =
0,000 ; 0,000 ; 0,000 et 0,002), cela suppose avec une
probabilité de 99,99% d'être vrai que l'augmentation de l'effectif
de contrôle interne entraine une augmentation du nombre moyen de missions
de contrôle par an, d'où l'augmentation du nombre moyen de
constats/fraudes et du nombre moyen de recommandations formulées, ceci
proportionnellement avec la taille de l'EMF. Cependant, on observe une
corrélation très faible entre EFF_CI et la part des frais de
missions consacrée au contrôle interne et une corrélation
négative avec le taux de suivi des recommandations. Nous ne pouvons pas
nous prononcer ici au regard de leurs significativités (p-value =
0,392 et 0,13).
Pour ce qui est de la part des frais de missions
consacrée au contrôle interne (PFM_CI), les corrélations
sont pour la plupart négatives avec une absence de
significativité (respectivement p-value = 0,774 ; 0,941 ;
0,941 ; 0,591 ; 0,269), et donc nous ne pouvons pas clairement nous
prononcer là-dessus.
Le nombre moyen de missions de contrôle (NM_MC) quant
à lui présente un significativité à 1%
vis-à-vis des autres variables (respectivement p-value = 0,000 ;
0,000 ; 0,006 et 0,009) ; ce qui peut nous permettre d'affirmer avec
99,99% de certitude que plus le nombre moyen de missions de contrôle est
élevé, plus sont élevés le nombre moyen de
constats/fraudes et le nombre moyen de recommandations formulées. L'on
note une corrélation négative avec le taux de suivi des
recommandations.
S'agissant du nombre moyen de constats/fraudes (NM_C/F), on
observe également une significativité à 1% (p-value =
0,000 et 0,008) pour ce qui est des corrélations avec NM_RF et TSR. Pour
dire que d'une part le nombre moyen de recommandations formulées
augmente dans la même proportion que le nombre moyen de constats/fraudes,
et que paradoxalement le taux de suivi des recommandations évolue dans
le sens contraire que le nombre moyen de constats/fraudes.
Le nombre moyen de recommandations formulées
évolue dans le sens contraire que le taux de suivi des recommandations
avec un seuil de 1% (p-value = 0,008).
Nous avons également noté lors de l'analyse de
nos données d'enquête que les MC2 ne disposent pas d'un
service de contrôle interne et donc EFF_SCI est de
« 0 » pour ces EMF. Ceci en raison du fait qu'ils
évoluent avec l'assistance technique de l'ONG dénommée
ADAF (Appropriate Development for Africa Foundation) et sous le parrainage de
Afriland First Bank, une banque privée. ADAF s'occupe donc du
contrôle des MC2 en y envoyant ses auditeurs quatre à
six fois par an ; mais du fait de ces contrôles qui sont pour
l'essentiel périodiques, les vols et détournements sont
détectés tardivement (un, deux, voire trois ans plus
tard)10(*).
Ces résultats caractérisent donc
l'inefficacité du dispositif de contrôle interne des EMF
camerounais face à la gestion des risques micro-financiers, ce qui
explique le fait que les EMF camerounais n'arrivent pas à mieux
gérer leurs risques.
CONCLUSION
Il était question tout au long de ce chapitre
d'analyser le dispositif de contrôle interne des EMF du Cameroun afin de
déterminer si celui ci rempli effectivement sa mission qui est celle de
gérer les risques (Comité de Bâle sur le
contrôle bancaire). Cela s'est donc fait par une présentation de
l'approche méthodologique par laquelle nous avons abordé
l'analyse des données de l'étude ainsi que les résultats
auxquels nous avons abouti. Les résultats des analyses uni-variée
et multi-variée nous ont permis, au regard de la significativité
de la corrélation entre les différentes variables, de confirmer
notre hypothèse selon laquelle la gestion inefficace des risques dans
les EMF du Cameroun est justifiée par l'inefficacité de leur
dispositif de contrôle interne, en d'autres termes, les EMF du Cameroun
n'arrivent pas à mieux gérer leurs risques à cause de la
faiblesse de leur dispositif de contrôle interne.
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Le travail dont il était question dans cette partie
consistait en premier lieu à démonter que la gestion des risques
micro-financiers est une mission du contrôle interne. En second lieu, il
consistait à déterminer pourquoi les EMF camerounais n'arrivent
pas à mieux gérer leurs risques ceci à l'aide des
données d'un échantillon de 27 EMF parmis les 488
agréés et en activité sur le sol camerounais sur la
période 2008 - 2012.
Relativement au premier volet, nous avons à partir des
travaux de Campion (2000) et de Churchill & Coster (2001), exposé la
typologie des risques microfinanciers tout en montrant que la gestion des
risques est une mission du contrôle interne. La gestion des risques est
un donc un processus dynamique au cours duquel l'IMF évalue
continuellement la pertinence de son dispositif de lutte contre les risques, et
l'amende si nécessaire. Les mécanismes de contrôle interne
contribuent à améliorer la prise de décision car ils font
en sorte que l'information soit précise, exhaustive et disponible en
temps voulu. De cette façon, le conseil d'administration et la direction
peuvent répondre rapidement aux problèmes de contrôle
à mesure qu'ils se posent. De plus, lorsqu'il est associé au
système de gestion des risques, le dispositif de contrôle interne
permet d'identifier les expositions restantes et d'en informer la direction.
S'agissant du deuxième volet du travail de cette
partie, la significativité de la corrélation entre les
différentes variables lors de l'analyse des résultats de notre
étude nous a montré que la gestion inefficace des risques dans
les EMF du Cameroun est justifiée par l'inefficacité de leur
dispositif de contrôle interne, d'où la confirmation de notre
hypothèse selon laquelle les EMF du Cameroun n'arrivent pas à
mieux gérer leurs risques à cause de la faiblesse de leur
dispositif de contrôle interne. C'est fort de tout cela que nous
partageons l'avis d'Anita Campion (2000) à travers son affirmation selon
laquelle « un système de contrôle interne efficace
permet à l'IMF d'assumer des risques supplémentaires de
façon mesurée, tout en limitant les mauvaises surprises et en se
prémunissant contre des pertes financières
importantes ».
Toutefois, s'il apparaît que le dispositif de
contrôle interne joue un rôle primordial dans la gestion des
risques microfinanciers, il ne faut pas oublier que les parties prenantes des
EMF à travers leur implication dans la gestion, influent directement ou
indirectement sur la gestion des risques ; tel est l'objet de la seconde
partie de ce travail.
DEUXIEME PARTIE :
PARTIES PRENANTES DES EMF ET GESTION DES RISQUES
MICROFINANCIERS
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE
Selon BCEAO/BIT (1997)11(*), une gestion professionnalisée des structures
sans préjudices de l'implication des membres ou des
bénéficiaires est l'une des conditions préalables à
l'atteinte de la pérennité des IMF. La gestion des risques dans
une IMF relève de la responsabilité de ses parties prenantes que
sont les actionnaires, le conseil d'administration (ou les élus), la
direction, le personnel et les autres. Le succès relatif à la
gestion des risques est donc conditionné par la relation entre ces
parties prenantes et leur implication dans la gestion de l'IMF. C'est dans
cette logique que s'inscrit cette deuxième partie dont l'objectif est de
montrer que la gouvernance insuffisante dans les EMF camerounais est
également une cause de leur défaillance relativement à la
gestion des risques.
Dans le chapitre 3, il sera question de démontrer qu'il
y a une corrélation positive entre la qualité de la gouvernance
et la gestion des risques micro-financiers. Ensuite dans le chapitre 4, nous
vérifierons avec le cas des EMF camerounais que la gouvernance
insuffisante explique leur défaillance relativement à la gestion
des risques.
CHAPITRE 3 :
L'IMPLICATION MODEREE DES PARTIES PRENANTES DANS LA
GESTION DE L'EMF : UNE CONDITION POUR UNE GESTION DES RISQUES
EFFICACE
INTRODUCTION
Parlant de l'implication des parties prenantes dans la gestion
d'une IMF, il s'agit en fait de la gouvernance. Selon l'OCDE (2004) dans
Principles of corporate Governance, la gouvernance d'entreprise d'une
part implique un ensemble de relations entre la direction d'une
société, son conseil d'administration, ses actionnaires et autres
parties prenantes, et d'autre part définit la structure à travers
laquelle sont définis les objectifs de la société et les
moyens pour atteindre ces objectifs et pour suivre les performances. Dans les
écrits de la microfinance, le terme de gouvernance popularisé
à partir de 1997 (CGAP) se concentre sur les rapports entre le conseil
d'administration et la direction d'une IMF. Or, le « bon
fonctionnement » du conseil d'administration n'est pas à lui
seul le garant de la mission et des actifs d'une IMF. L'appréhension du
concept de gouvernance nécessite donc d'élargir le cadre pour
prendre en compte l'ensemble des acteurs en jeu (salariés, dirigeants,
actionnaires, élus, clients, bailleurs de fonds, banques partenaires,
Etat, etc.). Ces acteurs pris en compte, la gouvernance d'une institution de
microfinance, basée sur sa structure de propriété,
regroupe l'ensemble des mécanismes par lesquels les acteurs et actrices
(élu(e)s, salariés, autres) définissent et poursuivent la
mission de l'institution (notamment le public cible, les services et la
couverture géographique) et assurent la pérennité en
s'adaptant à l'environnement, en prévenant et surmontant les
crises (CERISE - IRAM, 2005).
Pour une définition plus simple, nous pouvons retenir
celle de MicroSave12(*) qui définit la gouvernance dans la
microfinance comme étant : « le processus grâce
auquel les parties prenantes guident l'IMF en veillant à définir
et à protéger la mission et les capitaux de
l'institution ».
Dans ce chapitre, il sera question dans un premier temps
d'examiner les variables de mesure de la qualité de gouvernance des IMF
et dans un second temps de déterminer l'influence de cette
qualité de gouvernance sur la gestion des risques en microfinance afin
de montrer la corrélation positive entre la qualité de
gouvernance et la gestion des risques.
3.1. Les éléments d'analyse de la
qualité de la gouvernance des IMF
La responsabilité des parties prenantes d'IMF
relativement à la gestion des risques s'identifie à partir de
leur niveau d'implication dans la gestion de l'établissement. En effet,
cette implication ne doit pas être démesurée, au quel cas
elle serait une entrave au bon fonctionnement et surtout à la bonne
gestion de l'EMF : il s'agit ici de la qualité de gouvernance.
La qualité de la gouvernance d'une IMF s'analyse
à partir de quatre principaux éléments dont les trois
premiers selon CERISE - IRAM (2005) et le quatrième selon
Briceno-Garmendia & Foster (2007) :
Ø La grille des acteurs de la prise de
décision : qui a le pouvoir de décision dans l'IMF ?
Ø La chaîne des décisions de la
gouvernance : comment s'exerce le pouvoir de décision dans
l'IMF ?
Ø La grille et les critères d'évaluation
de la gouvernance d'une IMF : le socle commun de la gouvernance.
Ø Les variables de mesure de la qualité de
gouvernance des IMF : l'indice agrégé de
gouvernance
3.1.1 La grille des acteurs de la prise de
décision : qui a le pouvoir de décision
dans l'IMF ?
Il est important d'analyser le rôle de chaque acteur
dans le processus de prise de décision, ceci au-delà de leur
profil et de leur représentation dans les instances. Cette analyse doit
se faire en distinguant les décisions d'ordre stratégique et les
décisions relevant de la gestion. L'objectif ici étant de
diagnostiquer la gouvernance actuelle pour identifier les enjeux à venir
de l'institution, il ne faut surtout pas confondre statut juridique et mode de
gouvernance d'une institution. Cependant il faut, d'une part analyser les
écarts entre les modalités de prise de décision
théoriques et réelles, et d'autre part utiliser deux niveaux
d'analyse à savoir les textes et les pratiques. On doit donc cerner la
diversité des acteurs intervenant dans le processus de
décision.
Tableau 4 : la grille des acteurs de la
prise de décision
Acteurs
Décisions
|
MEMBRES/ CLIENT(E)S
|
SALARIE(E)S
|
ACTEURS EXTERNES
|
Membres ou client(s) en AG
|
Elu(e)s
|
Directeurs/ directrices
|
Cadres
|
Autres salarié(e)s
|
Bailleurs de fonds / financiers
|
Actionnaires externes
|
Assistance technique / appui technique externe
|
Collectivités locales
|
Etat /
Autorités bancaires
|
Choix stratégiques
|
Mission / Vision
(public cible, services financiers...)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Implantations géographiques des caisses et points de
distribution
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Rythme de croissance / volume d'activité et
développement de nouveaux produits
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Choix / nomination du directeur
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Taux d'intérêt
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Choix de gestion
|
Grille des salaires
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Offre de produits financiers
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Octroi / modalités de remboursement
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Affectation des résultats
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : CERISE - IRAM, Guide
opérationnel d'analyse de la gouvernance d'une institution de
microfinance (2005)
En effet, la grille de prise de décision doit permettre
de discuter du pouvoir réel des acteurs par type d'acteur et par genre.
Elle est à adapter à chaque institution en fonction des acteurs
concernés et des décisions (stratégiques ou de
gestion).
3.1.2 La chaîne des décisions de la
gouvernance : comment s'exerce le pouvoir de décision dans
l'IMF ?
Pour appréhender la manière dont s'exerce le
pouvoir de décision dans une IMF, il faut au préalable que sa
mission et sa vision stratégique soient clairement définies. La
vision stratégique d'une institution se compose de ses principes
directeurs et de son orientation générale ; elle est le plus
souvent à l'origine de la création de l'institution. Elle
comprend à la fois la définition du public cible, la couverture
géographique, l'offre de services financiers et le type d'organisation.
C'est l'élément clé qui sous-tendra ensuite toutes les
activités (CERISE - IRAM, 2005). La mission d'une IMF a un
caractère double : mission sociale (offrir des services financiers
aux pauvres) et mission financière (atteindre la pérennité
financière). La gouvernance d'une institution est donc au service de la
mission qui doit être connue et partagée par tous.
Figure 4 : La chaîne des
décisions de la gouvernance
Préparer
la décision
et alimenter
le contrôle
Prendre
la décision
Qui ?
Quoi ?
Comment ?
Mission de l'institution
Vision stratégique
Contrôler
Mettre
en oeuvre
la décision
Source : Adapté de CERISE - IRAM, Guide
opérationnel d'analyse de la gouvernance d'une institution de
microfinance (2005)
L'un des éléments clés de la chaîne
de décision est le système d'information et de gestion (SIG). Le
SIG d'une institution regroupe les supports (manuels et informatiques) et
l'organisation permettant de collecter l'information liée à
l'activité de l'institution (CERISE - IRAM, 2005). En effet,
l'information est au coeur de la microfinance. Que leur traitement soit manuel
ou informatique, les IMF gèrent un grand nombre de données
essentielles à leur activité, depuis les informations de base sur
la clientèle jusqu'aux analyses détaillées des
performances du portefeuille. Ces données doivent être
stockées, traitées, et présentées de manière
pertinente aux utilisateurs de façon à ce qu'ils puissent prendre
des décisions informées. L'accès à une information
fiable et récente est donc une condition importante pour la bonne
gouvernance d'une institution.
Par ailleurs, la mise en oeuvre des décisions repose
à la fois sur les acteurs et leurs compétences ainsi que sur les
moyens dont ils disposent. La prise de décision n'est pas suffisante,
encore faut-il ensuite pouvoir traduire la décision en action. C'est
cette transformation de la décision en activité qui relève
de l'exécution. Et donc, une bonne gouvernance met en cohérence
des décisions prises et les moyens humains pour les mettre en oeuvre.
L'exécution des décisions amène à traiter des
questions de formation, de motivation et d'incitation.
La chaîne de décision se termine par le
contrôle, élément déterminant et garant d'une bonne
gouvernance. On peut à ce niveau distinguer le contrôle sur les
activités de gestion (équilibre financier, détournement,
remboursement, etc.) et le contrôle des orientations stratégiques
(poursuite de la mission, rythme de croissance, etc.). Ainsi, la
capacité de l'institution à se doter d'un système de
contrôle performant avec un système d'alerte rapide en cas de
dysfonctionnement fait partie des éléments clés
constituant le socle commun d'une bonne gouvernance.
3.1.3 La grille et les critères
d'évaluation de la gouvernance d'une IMF : le socle commun de la
gouvernance
La gouvernance d'une IMF doit pouvoir faire l'objet d'un
diagnostic qui met en évidence : les acteurs impliqués, les
modalités de la gouvernance, mais également la solidité et
la maturité du modèle. Ainsi, une bonne gouvernance
nécessite au préalable la mise en place ou l'existence d'un socle
qui repose sur six (06) axes13(*) :
v Une vision stratégique partagée ;
v Un système d'information fiable et rapide pour
préparer les décisions et alimenter le contrôle ;
v Un mode de prise de décision clair, adapté
à la structure et cohérent avec l'organisation de
l'institution ;
v Des niveaux de formation, de compétences et
d'implication permettant la mise en oeuvre des décisions ;
v Un système de contrôle efficace ;
v Une capacité à prévenir et à
surmonter les crises internes et externes
La grille d'évaluation de la gouvernance (figure 5) va
donc permettre à l'institution de se positionner sur une échelle
de 1 à 5 pour chaque axe du socle commun.
Figure 5 : Grille d'évaluation de la
gouvernance d'une IMF
Vision stratégique
Prévention /
Gestion des crises
Système d'information
Système de contrôle
Mode de prise de décision
Formation / Compétences
Source : CERISE - IRAM, Guide
opérationnel d'analyse de la gouvernance d'une institution de
microfinance (2005)
A partir du socle commun, les critères
dévaluation de la gouvernance d'une IMF peuvent être
dégagés à savoir :
a) Une vision stratégique
partagée :
Cela suppose :
· Une vision stratégique explicite (public cile,
produits, couverture géographique...) ;
· Une vision stratégique formalisée dans
les textes organiques ;
· Une vision stratégique cohérente entre
les textes organiques et le plan d'affaires ;
· Une vision stratégique connue et partagée
par l'ensemble des acteurs (élu(e)s et salariés) ;
· Une vision stratégique cohérente avec le
contexte de l'institution.
b) Un système d'information fiable et rapide
pour préparer les décisions et alimenter le
contrôle
Cela suppose ici :
· L'information complète à tous les niveaux
de l'institution (caisse et niveau central) ;
· La production rapide d'indicateurs sur le portefeuille
et la structure financière de l'institution (délais de
production) ;
· La qualité et la maîtrise du
système d'information (alimentation, maintenance), autrement dit la
fiabilité de l'information ;
· L'accessibilité de l'information ;
· L'utilisation d'un ensemble d'informations pour la
prise de décision.
c) Un mode de prise de décision clair,
adapté à la structure et préservant la cohérence
d'ensemble
A ce niveau, cela suppose :
· Un processus de décision formalisé dans
un manuel de procédures ;
· La cohérence entre le processus de
décision formel et la pratique de la décision ;
· La cohérence entre le rôle des acteurs et
le niveau de prise de décision ;
· La bonne prévention/gestion des conflits
d'intérêt ;
· La responsabilisation des acteurs dans les prises de
décision
d) Des niveaux de formation et de compétences
permettant la mise en oeuvre des décisions
Cela suppose à ce niveau :
· Un niveau de formation/spécialisation
adéquat avec la fonction occupée ;
· L'existence d'un plan de formation au sein de
l'institution ;
· L'existence d'outils de motivations ou d'incitations
positives/négatives pour la mise en oeuvre des
décisions ;
· La cohérence des moyens techniques et financiers
avec la stratégie de l'institution (budget de formation) ;
· La capacité à mettre en oeuvre les
décisions prises sans recours externe
e) Un système de contrôle
efficace
A ce niveau, cela suppose :
· La chaîne de contrôle clairement
définie (voir manuel de procédures) ;
· La chaîne de contrôle connue de l'ensemble
des acteurs ;
· La capacité de l'institution à
détecter les faillites et anticiper les risques ;
· L'existence d'un service de contrôle
indépendant, compétent et régulier ;
· Des supports de contrôle et rapports de
contrôle accessibles (documents écrits suite aux
contrôles)
f) Une capacité à prévenir et
surmonter les crises
Ici, cela suppose :
· La capacité interne des acteurs à
détecter les dysfonctionnements ;
· Un système d'alerte efficient (délais
entre dysfonctionnements et alerte) ;
· Une capacité de réaction rapide et
proportionnée à l'ampleur du dysfonctionnement (délais
entre alerte et réaction) ;
· Une procédure d'intervention (mise sous
tutelle/rapatriement du pouvoir, etc.) ;
· La capacité à faire évoluer les
règles, procédures et dysfonctionnements initiaux.
3.1.4 Les variables de mesure de la qualité de
gouvernance des IMF : l'indice agrégé de
gouvernance
Relativement aux variables d'analyse de la qualité de
gouvernance des IMF, et particulièrement pour les IMF des pays en
développement, bon nombre d'auteurs, se sont focalisés sur la
manière dont le Conseil d'Administration (CA) exerce son contrôle
pour s'assurer que les dirigeants prennent des décisions favorables
à la réalisation de la double mission de l'institution. Nous
avons entre autres, Campion & Frankiewicz (1999) et Mersland &
Strøm (2007) qui ont mis l'accent sur les variables telles que la taille
du Conseil d'Administration, sa composition, la rotation des principaux
dirigeants et la durée de mandat des membres du Conseil
d'Administration, ainsi que la séparation des pouvoirs entre le
directeur général et le président du CA. Le CMEF (2006) en
plus de ces variables, intègre les systèmes de
rémunération des membres du CA pour les IMF cotées en
bourse.
Cependant, dans les différentes études,
l'hétérogénéité14(*) des IMF de
l'échantillon pose le plus souvent des difficultés dans
l'utilisation de ces variables ; par exemple la taille et la composition
du CA, ainsi que le système de rémunération de ses membres
qui impliquent que les unités observées soient homogènes.
Raison pour laquelle, en raison de
l'hétérogénéité des IMF de notre
échantillon, nous allons prendre en considération les variables
issues des études menées par la Banque Mondiale et le Fonds
Monétaire International qui ont comparé la qualité du
management des organisations issues de plusieurs secteurs d'activités.
Parmi ces études, le FMI (2004), Briceno-Garmendia & Foster (2007)
et Mbangala (2007) suggèrent un indice agrégé de
gouvernance qui regroupe une série de critères
basés essentiellement sur des données binaires. En effet, cet
indice permet de déterminer dans quelle mesure les unités
observées sont gérées sur des bases commercialement
viables. Les neuf (09) critères de l'indice agrégé
de gouvernance couvrent plusieurs dimensions dont quatre
requièrent une attention particulière, en raison des
possibilités d'application qu'elles offrent aux entreprises de
microfinance (WELE I, 2009) ; il s'agit de :
· Le respect de la législation
· L'autonomie managériale
· La qualité du système
d'information
· Le conseil d'administration
Briceno-Garmendia & Foster (2007) soulignent que l'on peut
noter parmi les avantages de l'indice agrégé de gouvernance sa
capacité à intégrer la diversité des dimensions de
la gouvernance. Egalement, il faut surtout ajouter sa simplicité de mise
en oeuvre sur le plan méthodologique ; une simplicité notamment
fondée sur son recours aux variables binaires. En effet, comme le
soulignent Evrard & al. (2003)15(*), les variables binaires « constituent la
forme la plus élémentaire à laquelle peut être
réduite toute mesure ». Mais notons cependant qu'avec cette
simplicité, il ya le risque que soient exclues des variables d'analyse
pertinentes qui ne seraient pas binaires. Le tableau 5 ci-après
détaille l'indice agrégé de gouvernance.
Tableau 5 : Les variables de mesure de la
qualité de gouvernance des IMF
Variables
|
Indicateurs
|
Modalités
|
Respect de la législation
|
Autorisation d'exercice
|
`1' si l'IMF est autorisée, `0' si non
|
Respect des normes prudentielles
|
`1' si 100% des règles prudentielles sont
respectées,
`0' si non
|
Autonomie managériale
|
Vis-à-vis des pouvoirs publics
|
`1' si indépendance vis-à-vis des pouvoirs publics,
`0' si non
|
Vis-à-vis des bailleurs de fonds
|
`0' s'il y a influence des bailleurs, `1' si non
|
Qualité du système
d'information
|
Cohérence des manuels de procédures
|
`1' s'il y a cohérence des manuels, `0' si non
|
Disponibilité des rapports d'audit
|
`1' si les rapports d'audit sont disponibles, `0' si non
|
Participation à une évaluation internationale
|
`1' si l'IMF participe à une évaluation
internationale, `0' si non
|
Conseil d'Administration
|
Séparation des fonctions de Directeur
Général et de Président du CA
|
`1' s'il y a séparation des pouvoirs, `0' si non
|
Pouvoir de décision
|
`1' si le CA est autonome, `0' si non
|
Source : Adapté de FMI (2004),
Briceno-Garmendia & Foster (2007).
Nous avons là exposé les différents
éléments permettant d'analyser la qualité de la
gouvernance des IMF. Cependant, qu'en est-il de la relation entre cette
qualité de gouvernance et la gestion des risques en
microfinance ?
3.2. L'influence de la qualité de gouvernance
sur la gestion des risques micro-financiers
Le processus itératif de gestion des risques implique le
conseil d'administration (élu(e)s) et les autres parties
prenantes16(*) dans le
processus d'identification et d'évaluation des risques, ainsi que dans
l'élaboration de politiques, procédures et systèmes
opérationnels sains.
En effet, relativement à l'influence de la
qualité de gouvernance sur la gestion des risques micro-financiers, les
écrits ne permettent pas encore réellement d'affirmer qu'il y a
une corrélation entre ces deux concepts. Néanmoins, si quelques
initiatives ont entrepris de collecter et d'analyser des données sur la
gouvernance, il n'existe pas encore de base suffisamment large pour permettre
une analyse détaillée dans ce sens. L'efficacité des
mécanismes de gouvernance peut être considérée comme
un levier de création de valeur sociale et financière dans les
IMF car la littérature financière sur la gouvernance d'entreprise
semble indiquer que la qualité des mécanismes de gouvernance et
le bon fonctionnement des organes de gouvernance ne sont pas étrangers
aux bonnes performances des organisations (La Porta et al., 2002). À ce
jour, il existe de nombreuses études sur la gouvernance des
institutions financières bancaires (Crespi et al., 2004 ; Caprio et al.,
2007 ; Alexandre et Bouaiss, 2008 ; De Andres et Vallelado, 2008 ; Laeven et
Levine, 2009) et des organisations à but non lucratif (Callen et al.,
2003 ; O'Regan et Oster, 2002 ; 2005 ; Barr et al., 2005 ; Andres-Alonso et
al., 2009)17(*). Quelques
travaux seulement mettent l'accent sur la gouvernance des IMF (Lapenu, 2002 ;
Hartarska, 2005, 2009 ; Hartarska et Nadolnyak, 2007 ; Mersland et
Strøm, 2009), attestant ainsi que la recherche sur les questions de
gouvernance dans les IMF est en cours de constitution. Lapenu (2002) montre,
à partir de l'étude approfondie de quatre cas d'IMF, que la
gouvernance est un facteur clé de succès de la microfinance.
Hartarska (2005, 2009) et Mersland et Strøm (2009) s'interrogent sur le
rôle joué par les mécanismes de gouvernance sur la
performance sociale et financière des IMF respectivement dans les pays
de l'Europe Centrale et de l'Est et sur un échantillon international de
sociétés privées d'IMF. En outre, Tchakoute (2010) analyse
les effets des mécanismes internes et externes de gouvernance sur la
performance des IMF de l'Afrique sub-saharienne ; Il arrive aux
résultats selon lesquels (1) il n'y a pas de relation significative
entre les mécanismes internes de gouvernance et la performance des IMF,
(2) la supervision et le ratio de capitalisation ont une influence
significative sur la rentabilité et la viabilité des IMF à
l'exception de la discipline de marché qui n'influence aucune
des dimensions de la performance financière, il en déduit par
là que les mécanismes internes et externes de gouvernance sont
substituables, (3) il n'y a aucun effet significatif des mécanismes
internes de gouvernance sur l'efficacité sociale des IMF.
Toutefois, en ce qui concerne une éventuelle relation
entre les mécanismes de gouvernance d'une IMF et la gestion des risques,
si l'on considère d'une part les quatre dimensions de mesure de la
qualité de gouvernance des IMF selon FMI (2004), Briceno-Garmendia &
Foster (2007) et Mbangala (2007), à savoir :
· Le respect de la législation,
· L'autonomie managériale,
· La qualité du système d'information et
· Le conseil d'administration,
Et d'autre part les quatre catégories de risques
micro-financiers à savoir :
· Les risques institutionnels (mission sociale, mission
commerciale, dépendance)
· Les risques opérationnels (crédit,
fraude, sécurité)
· Les risques liés à la gestion
financière ou risques bilantiels (actifs et passifs, inefficience,
intégrité du système)
· Les risques externes (règlementation,
concurrence, démographie, environnement physique,
macroéconomie)
Nous pouvons, à base de signes, faire des formulations
hypothétiques qui traduiraient des relations espérées
représentant l'influence ou non de chacune de ces variables sur la
gestion des risques microfinanciers. Ainsi nous allons
considérer :
Ø Le signe (+) pour désigner
une influence positive ;
Ø Le signe (-) pour désigner
une influence négative ;
Ø Le signe (=) pour désigner
une absence d'influence.
Par ailleurs, au regard des modalités de chaque
variable de mesure de la qualité de la gouvernance à savoir
« 1 » ou « 0 » suivant l'indice
agrégé de gouvernance de FMI (2004), Briceno-Garmendia &
Foster (2007) et Mbangala (2007), nous pourrons distinguer trois
possibilités :
a. Pour un type de risque donné, si la modalité
« 1 » correspond au signe (+), et que pour la même
variable, la modalité « 0 » correspond au signe (-),
alors il y a une corrélation positive ;
b. Pour un type de risque donné, si la modalité
« 1 » correspond au signe (-), et que pour la même
variable, la modalité « 0 » correspond au signe (+),
alors il y a une corrélation négative ;
c. Pour un type de risque donné, si la modalité
« 1 » correspond au signe (=), et que pour la même
variable, la modalité « 0 » correspond au signe (=),
alors il y a absence de corrélation ;
3.2.1 Le respect de la législation et la
gestion des risques
Les indicateurs de la variable « respect de la
législation » sont l'autorisation d'exercice et le respect des
normes prudentielles. Au regard des types de risques exposés dans le
chapitre 1, l'influence de cette variable sur la gestion des
risques micro-financiers pourra être observée de la manière
suivante :
Tableau 6 : Analyse de l'influence du
respect de la législation sur la gestion des risques
micro-financiers
Indicateurs
|
Modalités
|
Gestion des risques institutionnels
|
Gestion des risques opérationnels
|
Gestion des risques bilantiels
|
Gestion des risques externes
|
Autorisation d'exercice
|
`1' si l'IMF est autorisée
|
=
|
=
|
=
|
+
|
`0' si non
|
=
|
=
|
=
|
-
|
Respect des normes prudentielles
|
`1' si 100% des règles prudentielles sont
respectées
|
=
|
=
|
+
|
+
|
`0' si non
|
=
|
=
|
-
|
-
|
+ : Influence positive ; - : Influence
négative ; = : Aucune influence
Source : Auteur
Nous notons ici une absence de corrélation entre la
variable « respect de la législation » et la gestion
des risques institutionnels et opérationnels. Néanmoins, on note
par ailleurs une corrélation positive entre cette variable et la gestion
des risques externes ainsi qu'une corrélation positive entre le respect
des normes prudentielles et la gestion des risques bilantiels.
3.2.2 L'autonomie managériale et la gestion
des risques
Les indicateurs de la variable « autonomie
managériale » sont l'autonomie vis-à-vis de l'Etat et
l'autonomie vis-à-vis des bailleurs de fonds. Au regard des types de
risques exposés dans le chapitre 1, l'influence de
cette variable sur la gestion des risques micro-financiers pourra être
observée de la manière suivante :
Tableau 7 : Analyse de l'influence de
l'autonomie managériale sur la gestion des risques
micro-financiers
Indicateurs
|
Modalités
|
Gestion des risques institutionnels
|
Gestion des risques opérationnels
|
Gestion des risques bilantiels
|
Gestion des risques externes
|
Autonomie vis-à-vis de l'Etat
|
`1' si indépendance vis-à-vis des pouvoirs
publics
|
+
|
=
|
=
|
+
|
`0' si non
|
-
|
=
|
=
|
-
|
Autonomie vis-à-vis des bailleurs de fonds
|
`1' si indépendance vis-à-vis des bailleurs de
fonds
|
+
|
=
|
+
|
=
|
`0' si non
|
-
|
=
|
-
|
=
|
+ : Influence positive ; - : Influence
négative ; = : Aucune influence
Source : Auteur
De ce tableau, nous pouvons noter que la qualité de
gouvernance en ce qui concerne l'autonomie managériale a une
corrélation positive avec la gestion des risques, notamment des risques
institutionnels, bilantiels et externes. On observe par ailleurs une absence de
corrélation entre la variable « Autonomie
managériale » et la gestion des risques opérationnels.
3.2.3 La qualité du système
d'information et la gestion des risques
Les indicateurs de la variable « qualité du
système d'information » sont la cohérence des manuels de
procédures, la disponibilité des rapports d'audit et la
participation à une évaluation internationale. Au regard des
types de risques exposés dans le chapitre 1,
l'influence de cette variable sur la gestion des risques micro-financiers
pourra être observée de la manière suivante :
Tableau 8 : Analyse de l'influence de la
qualité du système d'information sur la gestion des risques
micro-financiers
Indicateurs
|
Modalités
|
Gestion des risques institutionnels
|
Gestion des risques opérationnels
|
Gestion des risques bilantiels
|
Gestion des risques externes
|
Cohérence des manuels de procédures
|
`1' s'il y a cohérence des manuels
|
+
|
+
|
+
|
+
|
`0' si non
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Disponibilité des rapports d'audit
|
`1' si les rapports d'audit sont disponibles
|
+
|
+
|
+
|
+
|
`0' si non
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Participation à une évaluation internationale
|
`1' si l'IMF participe à une évaluation
internationale
|
=
|
=
|
=
|
=
|
`0' si non
|
=
|
=
|
=
|
=
|
+ : Influence positive ; - : Influence
négative ; = : Aucune influence
Source : Auteur
A ce niveau, nous pouvons observer que la qualité de
gouvernance en ce qui concerne la qualité du système
d'information a une corrélation positive avec la gestion des risques
(tous les types de risques). Cependant, nous remarquons que le fait pour une
IMF de participer ou non à une évaluation internationale n'a
aucune influence sur la gestion des risques, d'où l'absence de
corrélation observé au niveau de cet indicateur.
3.2.4 Le conseil d'administration et la gestion des
risques
Les indicateurs de la variable « conseil
d'administration » sont la séparation des fonctions de Directeur
Général et de Président du CA, ainsi que le pouvoir de
décision du CA (ou autonomie décisionnelle). Au regard des types
de risques exposés dans le chapitre 1, l'influence de
cette variable sur la gestion des risques micro-financiers pourra être
observée de la manière suivante :
Tableau 9 : Analyse de l'influence du
conseil d'administration sur la gestion des risques
micro-financiers
Indicateurs
|
Modalités
|
Gestion des risques institutionnels
|
Gestion des risques opérationnels
|
Gestion des risques bilantiels
|
Gestion des risques externes
|
Séparation des pouvoirs de Directeur Général
et de Président du CA
|
`1' s'il y a séparation des pouvoirs
|
+
|
+
|
+
|
+
|
`0' si non
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Pouvoir de décision du CA
|
`1' si le CA est autonome
|
+
|
+
|
+
|
+
|
`0' si non
|
-
|
-
|
-
|
-
|
+ : Influence positive ; - : Influence
négative ; = : Aucune influence
Source : Auteur
A ce niveau, nous pouvons noter que la qualité de
gouvernance en ce qui concerne le conseil d'administration a une
corrélation positive avec la gestion des risques (tous les types de
risques). Car en effet, toute décision ou tout comportement du CA a
nécessairement une incidence dans la gestion de l'IMF à quelque
niveau que ce soit, et à fortiori dans la gestion des risques.
CONCLUSION
Tout au long de ce chapitre, il était question de
montrer qu'il y a une corrélation positive entre la qualité de la
gouvernance et la gestion des risques micro-financiers. L'indice
agrégé de gouvernance et ses variables selon le FMI (2004),
Briceno-Garmendia & Foster (2007) et Mbangala (2007) nous ont permis
à base de signes, de faire des formulations hypothétiques qui
traduiraient l'influence ou non de chacune de ces variables sur la gestion des
risques microfinanciers. De ces formulations, nous pouvons déduire que
la qualité de la gouvernance dans les IMF justifie la qualité de
la gestion des risques micro-financiers. En d'autres termes, si le
système de gouvernance est efficace, alors la gestion des risques sera
efficace ; de même si le système de gouvernance est
inefficace, alors la gestion des risques micro-financiers sera également
inefficace. Il faut cependant noter qu'on observe pour certains indicateurs une
absence de corrélation (signe =) avec la gestion des risques. Fort de
tout cela nous pouvons dire que de manière globale il y a en effet une
corrélation positive entre la qualité de la gouvernance et la
gestion des risques micro-financiers. Toutefois, qu'en est-il du système
de gouvernance des EMF camerounais face à la gestion des
risques ?
CHAPITRE 4 :
LA QUALITE DE GOUVERNANCE DANS LES EMF CAMEROUNAIS
RELATIVEMENT A LA GESTION DES RISQUES
INTRODUCTION
Mécanismes externes de gouvernance, taille du conseil
d'administration, statut juridique, forme organisationnelle, et bien d'autres,
sont des éléments utilisés par un bon nombre d'auteurs
pour analyser les effets de la gouvernance sur la performance des IMF. Si dans
notre étude nous assimilons la gestion des risques micro-financiers
à une forme de performance quelconque, nous pourrons penser comme et
Barth al. (2004) que, dans le secteur bancaire, quelques-uns
n'établissent pas de lien significatif entre la supervision, la
performance financière et l'efficacité sociale des IMF ; ou
comme Hartarska (2005) qui trouve que les IMF sujettes à la
régulation sont moins rentables économiquement ; ou encore
comme Hartarska (2005) qui trouve également une influence positive et
significative de la taille du conseil d'administration sur la
rentabilité, indiquant que les IMF ayant des conseils d'administration
de grandes tailles sont plus rentables mais que les IMF les plus viables sont
celles qui disposent d'un conseil d'administration de plus petite taille, ou
encore comme Mersland et Strøm (2009) qui ne trouvent pas de relation
significative entre la taille du conseil d'administration et la performance
financière et sociale des sociétés privées de
microfinance ; ou comme Hartarska (2005) et Mersland & Strøm
(2008 ; 2009) qui pensent qu'aucune différence significative de
performance sociale et financière n'est trouvée entre les ONG et
les sociétés privées de microfinance ; ou encore
comme Desrochers et Fischer (2005) qui pensent que l'intégration dans
les réseaux est moins importante dans les IMF des pays en
développement et d'Afrique et donc que l'intégration dans les
réseaux n'explique pas leur efficacité. Dans ce chapitre, il sera
question dans un premier temps de présenter l'approche
méthodologique par laquelle nous avons abordé l'analyse de la
qualité de gouvernance dans les EMF du Cameroun et son influence sur la
gestion des risques, et dans un second temps de présenter l'analyse des
données de l'étude ainsi que les résultats empiriques
auxquels nous avons abouti.
4.1. Approche méthodologique
L'hypothèse soutenue dans cette partie est le fait que
les EMF camerounais n'arrivent pas à mieux gérer leurs risques
à cause de la gouvernance inefficace. Pour vérifier cette
hypothèse, la méthodologie adoptée est décrite de
la manière suivante :
4.1.1 Technique de mesure et échantillon
Les données de notre étude ont été
recueillies au moyen de sondages à travers des questionnaires
(annexe 4) qui ont été déposés
auprès des EMF dont la direction générale pour la plupart
se trouve dans la ville de Yaoundé.
L'échantillon est le même que celui du
chapitre 2 (section 2.1.1).
4.1.2 Variables de l'étude et test
statistique
Il s'agit pour nous ici de présenter d'une part les
variables de l'étude et d'autre part le test statistique
réalisé et qui nous a permis d'aboutir à nos conclusions.
4.1.2.1 Les variables de l'étude
Les variables relatives à la qualité de la
gouvernance sont inspirées de l'indice agrégé de
gouvernance des IMF et ses quatre dimensions (respect de la
législation, autonomie managériale,
qualité du système d'information et
conseil d'administration) selon le FMI (2004),
Briceno-Garmendia & Foster (2007) et Mbangala (2007) et qui ont d'ailleurs
été utilisées par Wele I (2009) pour analyser la
qualité de la gouvernance des IMF du Benin18(*). Nous avons sur la base des
indicateurs rattachés à ces quatre variables,
façonné nos variables d'étude qui sont
représentées par : l'autorisation
d'exercice (RL_AE), le respect des normes prudentielles (RL_RNP),
l'autonomie managériale vis-à-vis des pouvoirs
publics (AM_PP), l'autonomie managériale vis-à-vis des
bailleurs de fonds (AM_BF), la cohérence des manuels de
procédures (QSI_CMP), la disponibilité des rapports
d'audit (QSI_DRA), la participation à une évaluation
internationale (QSI_EI), la séparation des fonctions de Directeur
Général et de Président du CA (CA_SP), l'autonomie
décisionnelle du CA (CA_AD).
Note : RL : respect
de la législation ; AM : autonomie managériale ;
QSI : qualité du système d'information ; CA :
conseil d'administration
S'agissant des variables relatives à la gestion des
risques, nous adoptons en fonction des types de risques les variables
ci-après : la gestion des risques institutionnels (GR_I), la
gestion des risques opérationnels (GR_O), la gestion des risques de
gestion financière (GR_GF) et la gestion des risques externes (GR_E).
Compte tenu de
l'hétérogénéité des EMF de notre
échantillon, nous avons ajouté des variables dites
« de contrôle » à savoir la
forme juridique (FORM_JUR), la taille du conseil d'administration (TA_CA) et la
taille de l'EMF (TA_EMF). Les EMF de l'échantillon étant tous des
EMF indépendants, nous n'avons pas pris en compte la forme
organisationnelle.
Tableau 10 : Description et
opérationnalisation des principales variables (2)
Identité de la variable
|
Définition et mesure
|
Autorisation d'exercice
|
RL_AE
|
Variable binaire : `1' si l'IMF est autorisée, `0'
si non
|
Respect des normes prudentielles
|
RL_RNP
|
Variable binaire : `1' si 100% des règles
prudentielles sont respectées, `0' si non
|
Autonomie managériale vis-à-vis des pouvoirs
publics
|
AM_PP
|
Variable binaire : `1' si indépendance
vis-à-vis des pouvoirs publics, `0' si non
|
Autonomie managériale vis-à-vis des bailleurs de
fonds
|
AM_BF
|
Variable binaire : `0' s'il y a influence des bailleurs,
`1' si non
|
Cohérence des manuels de procédures
|
QSI_CMP
|
Variable binaire : `1' s'il y a cohérence des
manuels, `0' si non
|
Disponibilité des rapports d'audit
|
QSI_DRA
|
Variable binaire : `1' si les rapports d'audit sont
disponibles, `0' si non
|
Participation à une évaluation internationale
|
QSI_EI
|
Variable binaire : `1' si l'IMF participe à une
évaluation internationale, `0' si non
|
Séparation des fonctions de Directeur
Général et de Président du CA
|
CA_SP
|
Variable binaire : `1' s'il y a séparation des
pouvoirs, `0' si non
|
Autonomie décisionnelle du CA
|
CA_AD
|
Variable binaire : `1' si le CA est autonome, `0' si
non
|
Gestion des risques institutionnels
|
GR_I
|
Signe : + : Influence positive ; - :
Influence négative ; = : Aucune influence
|
Gestion des risques opérationnels
|
GR_O
|
Signe : + : Influence positive ; - :
Influence négative ; = : Aucune influence
|
Gestion des risques de gestion financière
|
GR_GF
|
Signe : + : Influence positive ; - :
Influence négative ; = : Aucune influence
|
Gestion des risques externes
|
GR_E
|
Signe : + : Influence positive ; - :
Influence négative ; = : Aucune influence
|
Forme juridique
|
FORM_JUR
|
Variable binaire : `1' si, c'est une COOPEC, `0' si c'est
une SA
|
Taille du conseil d'administration
|
TA_CA
|
Nombre de membres du CA
|
Taille de l'EMF
|
TA_EMF
|
Nombre de guichets ou agences/points de vente
|
Source : Auteur (d'après
Briceno-Garmendia & Foster 2007)
Le traitement de ces variables va sans doute nécessiter
le recours à un test statistique.
4.1.2.2 Le test statistique
Etant donné que nos variables sont essentiellement
qualitatives et ordonnées, nous avons choisi d'utiliser dans le cas de
cette étude le test de Kruskal-Wallis car il nous permettra de calculer
les rangs moyens.
La statistique de Kruskal-Wallis selon Bertrand F. & Maumy
M. (2011) est la suivante :
Hypothèse nulle : H
0 : med1 = · · · = medA
Statistique de test :
KW =
|
?i=1,A ?r=1,ni(?i -
?)2
|
?i=1,A ?r=1,ni(Rir -
?)2 / (N-1)
|
Rij est l'ordre de yij, Ri l'ordre moyen du
traitement i, et ? = (1+N)
Remarque : La statistique KWexp
est une fonction monotone de la statistique FR de Fisher
associé aux données rangs19(*) Rij : 1 / KWexp
= 1/ FR x N - A / (N - 1)(A - 1) +
1/N-1
La règle de décision
Soit á un risque fixé a priori
Règle de décision :
On rejette H 0 si KWexp >
q(X2A-1 ; 1- á)
|
Nota. q(X2A-1 ; 1-
á) est le quantile 1- á de X2A-1
Règle de décision basée sur
P-value :
On rejette H 0 si Proba Critique < á
|
Proba Critique =
Pr(X2A-1 > KW) est souvent
fournie par les logiciels.
4.2. Analyse des données et résultats
empiriques
De l'analyse des données issues des questionnaires de
l'enquête ainsi que des données issues de certains rapports du
Ministère des finances du Cameroun et de la COBAC, nous sommes parvenus
aux constats ci-après :
4.2.1 Analyse uni-variée et
résultats
L' « annexe 3 »
présente la qualité de gouvernance qui
caractérise les EMF du Cameroun, principalement à travers ses
quatre dimensions. D'après ce tableau, la moyenne de l'indice de
gouvernance pour les 27 EMF que compte l'échantillon est de 58,0%. Ceci
veut dire qu'en général les EMF observés dans le cadre de
cette étude au Cameroun répondent à un peu plus de cinq
critères sur les neuf qu'exigerait une gouvernance efficace.
Tableau 11 : Statistiques descriptives des
variables binaires
Variables
|
Modalités
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
RL_AE
|
0
1
Total
|
0
27
27
|
0,0
100,0
|
RL_RNP
|
0
1
Total
|
26
1
27
|
96,3
3,7
|
AM_PP
|
0
1
Total
|
1
26
27
|
3,7
96,3
|
AM_BF
|
0
1
Total
|
4
23
27
|
14,8
85,2
|
QSI_CMP
|
0
1
Total
|
21
6
27
|
77,8
22,2
|
QSI_DRA
|
0
1
Total
|
12
15
27
|
44,4
55,6
|
QSI_EI
|
0
1
Total
|
27
0
27
|
100,0
0,0
|
CA_SP
|
0
1
Total
|
10
17
27
|
37,0
63,0
|
CA_AD
|
0
1
Total
|
1
26
27
|
3,7
96,3
|
Source : Auteur
RL_AE : Autorisation d'exercice ; RL_RNP :
Respect des normes prudentielles ; AM_PP : Autonomie
managériale vis-à-vis des pouvoirs publics ; AM_BF :
Autonomie managériale vis-à-vis des bailleurs de fonds ;
QSI_CMP : Cohérence des manuels de procédures ;
QSI_DRA : Disponibilité des rapports d'audit ; QSI_EI :
Participation à une évaluation internationale ; CA_SP :
Séparation des fonctions de Directeur Général et de
Président du CA ; CA_AD : Autonomie décisionnelle du
CA
Pour l'ensemble des EMF observés au Cameroun, le
principe de l'autorisation d'exercice en ce qui concerne le respect de la
législation est parfaitement respecté (100%) et ne fait l'objet
d'aucun débat. Par contre, s'agissant du respect des normes
prudentielles, nous notons qu'un seul EMF satisfait les 100% des normes
prudentielles COBAC (soit 3,7%). L'autonomie managériale
vis-à-vis de l'Etat est également respectée (96,3%), en
dehors d'un seul EMF ; cependant l'autonomie vis-à-vis des
bailleurs des fonds n'est pas respectée par quatre EMF sur les 27 de
l'échantillon (d'où 85,2%). Nous notons par ailleurs que
seulement 22,2% respectent la qualité du système d'information en
ce qui concerne la cohérence des manuels de procédures, et pour
ce qui est des rapports d'audit, seulement 55,6% des EMF affirment qu'ils sont
disponibles. L'annexe 3 montre également qu'aucun EMF du Cameroun n'est
soumis à une évaluation internationale (d'où 0,0%).
L'analyse du pouvoir du CA nous montre d'une part que seulement 17 EMF sur les
27 respectent le principe de la séparation des pouvoirs entre le
directeur général et le président du conseil
d'administration d'où la distribution de 63,0%, et d'autre part que 26
EMF contre 1 respectent le principe de l'autonomie décisionnelle du
CA.
Lorsqu'on prend en compte la forme juridique, la taille du
conseil d'administration et la taille de l'EMF, le test de Kruskal-Wallis
à travers le Tableau 12 indique une différence significative au
seuil de 5% entre la qualité de gouvernance des EMF constitués
à partir de leur forme juridique, à savoir les EMF de
première catégorie (COOPEC) et les EMF de deuxième
catégorie (SA). La même chose peut être dite pour ce qui est
de la taille du conseil d'administration et de la taille de l'EMF qui
diffèrent sensiblement suivant le type d'EMF.
Tableau 12 : Test de Kruskal-Wallis sur les
indices de gouvernance
Variables
|
Rangs moyens
|
Khi-deux
(2 ddl)20(*)
|
Seuil de significativité
|
p-value
|
COOPEC
|
SA
|
Nombre d'IMF
|
15
|
12
|
-
|
-
|
-
|
Indice de gouvernance
|
61,5
|
53,7
|
9,531*
|
0,028
|
0,000
|
Taille du CA
|
7,82
|
5,3
|
10,370**
|
0,001
|
0,000
|
Taille de l'EMF
|
7,90
|
4,1
|
9,826**
|
0,001
|
0,000
|
(**) Seuil de significativité de 1%.
(*) Seuil de significativité de 5%.
Source : Auteur (Données
collectées auprès des EMF, janvier 2013)
Il ressort donc du Tableau 12 que les EMF de première
catégorie (COOPEC) ont le système de gouvernance le plus efficace
puisqu'ils occupent le rang moyen le plus élevé dans le
classement des indices par ordre croissant, avec un indice moyen de 61,5%. Les
EMF de deuxième catégorie (SA) quant à eux ont le rang
moyen le moins élevé avec un indice moyen de 53,7%. Il est
important de noter que dans tout l'échantillon, MC2 BAFIA se
distingue en étant le seul EMF à réaliser un score de
gouvernance de 88,9%. Dans l'ensemble, nous pouvons dire que la gouvernance
dans les EMF camerounais est inefficace au regard de l'indice moyen global qui
est de 58,0%.
4.2.2 Incidence sur la gestion des risques
Le Tableau 13 nous montre la qualité de gouvernance des
EMF camerounais selon la forme juridique.
Tableau 13 : La qualité de
gouvernance des EMF camerounais selon la forme juridique
Dimensions
|
Indicateurs
|
Part d'unités validées dans la
catégorie (%)
|
COOPEC
|
SA
|
Echantillon
|
Respect de la législation
|
Autorisation d'exercice
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
Respect des normes prudentielles
|
6,7
|
0,0
|
3,7
|
Autonomie managériale
|
Vis-à-vis de l'Etat
|
100,0
|
91,7
|
96,3
|
Vis-à-vis des bailleurs de fonds
|
100,0
|
66,7
|
85,2
|
Qualité du système
d'information
|
Cohérence des manuels de procédures
|
26,7
|
16,7
|
22,2
|
Disponibilité des rapports d'audit
|
46,7
|
66,7
|
55,6
|
Evaluation internationale
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Pouvoir du CA
|
Dualité entre direction et contrôle
|
80,0
|
41,7
|
63,0
|
Autonomie décisionnelle
|
93,3
|
100,0
|
96,3
|
Source : Auteur (Données collectées
auprès des EMF, janvier 2013).
A partir de ce tableau à la lumière de la
section 2 du chapitre 3, nous analysons l'influence de cette qualité de
gouvernance sur la gestion des risques.
Tableau 14 : Analyse de l'influence de la
qualité de gouvernance des EMF camerounais sur la gestion des
risques
Variables
|
Part d'unités validées dans la
catégorie (%)
|
GR_I
|
GR_O
|
GR_GF
|
GR_E
|
COOPEC
|
SA
|
Echantillon
|
RL_AE
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
=
|
=
|
=
|
+
|
RL_RNP
|
6,7
|
0,0
|
3,7
|
=
|
=
|
-
|
-
|
AM_PP
|
100,0
|
91,7
|
96,3
|
+
|
=
|
=
|
+
|
AM_BF
|
100,0
|
66,7
|
85,2
|
+
|
=
|
+
|
=
|
QSI_CMP
|
26,7
|
16,7
|
22,2
|
-
|
-
|
-
|
-
|
QSI_DRA
|
46,7
|
66,7
|
55,6
|
-
|
-
|
-
|
-
|
QSI_EI
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
=
|
=
|
=
|
=
|
CA_SP
|
80,0
|
41,7
|
63,0
|
-
|
-
|
-
|
-
|
CA_AD
|
93,3
|
100,0
|
96,3
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Signe : + : Influence positive ; - :
Influence négative ; = : Aucune influence
Source : Auteur
RL_AE : Autorisation d'exercice ; RL_RNP :
Respect des normes prudentielles ; AM_PP : Autonomie
managériale vis-à-vis des pouvoirs publics ; AM_BF :
Autonomie managériale vis-à-vis des bailleurs de fonds ;
QSI_CMP : Cohérence des manuels de procédures ;
QSI_DRA : Disponibilité des rapports d'audit ; QSI_EI :
Participation à une évaluation internationale ; CA_SP :
Séparation des fonctions de Directeur Général et de
Président du CA ; CA_AD : Autonomie décisionnelle du
CA ; GR_I : Gestion des risques institutionnels ; GR_O :
Gestion des risques opérationnels ; GR_GF : Gestion des
risques de gestion financière ; GR_E : Gestion des risques
externes.
De ce tableau, il apparait que l'autorisation d'exercice
(RL_AE) dont l'indice est de 100% exerce une influence positive sur la gestion
des risques externes (GR_E) mais n'a cependant aucune influence sur la gestion
des autres types de risques (GR_I, GR_O et GR_GF). Le respect des normes
prudentielles dont l'indice est 3,7%, exerce quant à lui, une influence
négative sur la gestion des risques externes et de gestion
financière (GR_E et GR_GF) mais n'a cependant aucune influence sur la
gestion des autres types de risques (GR_I et GR_O). Pour ce qui est de
l'autonomie managériale vis-à-vis des pouvoirs
publics (AM_PP) dont l'indice est 96,3%, on note qu'il exerce une
influence positive sur la gestion des risques institutionnels et externes (GR_I
et GR_E) mais n'a cependant aucune sur la gestion des autres types de risques
(GR_O et GR_GF). S'agissant de l'autonomie managériale vis-à-vis
des bailleurs de fonds (AM_BF) dont l'indice est 85,2%, on observe une
influence positive sur la gestion des risques institutionnels et de gestion
financière (GR_I et GR_GF) mais une absence d'influence sur les autres
(GR_O et GR_E). La participation à une évaluation
internationale malgré son indice de 0,0% se distingue par le fait
qu'elle n'exerce aucune influence sur aucun type de risque. L'autonomie
décisionnelle également dont l'indice est de 96,3 exerce une
influence positive sur tous les types de risque. Par ailleurs, la
cohérence des manuels de procédures, la disponibilité des
rapports d'audit et la séparation des fonctions de Directeur
Général et de Président du CA dont les indices sont
respectivement de 22,2%, 55,6% et 63,0% se distinguent par le fait
qu'elles exercent une influence négative sur tous les risques.
Si nous considérons donc le nombre de signes
(+) qui est de 9, le nombre de signes (=) qui est de 13, et le nombre de
signes (-) qui est quant à lui de 14 et donc le plus
élevé, nous pouvons conclure que la gouvernance inefficace
justifie la gestion lacunaire des risques dans les EMF au Cameroun.
CONCLUSION
Tout au long de ce chapitre, il était question de
montrer que la gouvernance insuffisante ou inefficace dans les EMF du Cameroun
explique leur défaillance relativement à la gestion des risques.
Cela s'est fait par une présentation de l'approche méthodologique
par laquelle nous avons abordé l'analyse des données de
l'étude ainsi que les résultats auxquels nous avons abouti. Le
test de Kruskal-Wallis sur l'indice agrégé de gouvernance du FMI
(2004), Briceno-Garmendia & Foster (2007) et Mbangala (2007) nous a permis
de dire, au regard de l'indice de 61,5% pour les EMF de première
catégorie (CCOPEC), et de 53,7% pour les EMF de deuxième
catégorie (SA), que la gestion inefficace des risques dans les EMF du
Cameroun est justifiée par la gouvernance inefficace.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
Le travail dont il était question dans cette partie
consistait dans un premier temps à monter qu'il y a une
corrélation positive entre la qualité de la gouvernance et la
gestion des risques micro-financiers ; En second lieu il consistait
à vérifier avec le cas des EMF camerounais que leur gouvernance
insuffisante justifie leur gestion inefficace des risques, ceci à l'aide
des données d'un échantillon de 27 EMF du Cameroun sur la
période 2008 - 2012.
Pour ce qui est du premier volet, l'indice
agrégé de gouvernance et ses variables selon le FMI (2004),
Briceno-Garmendia & Foster (2007) et Mbangala (2007) nous ont permis
à base de signes, de faire des formulations hypothétiques qui
traduiraient l'influence ou non de chacun de ces indicateurs sur la gestion des
différents risques microfinanciers. De ces formulations, nous avons pu
déduire que la qualité de la gouvernance dans les IMF justifie la
qualité de la gestion des risques microfinanciers. Et donc qu'autrement
dit, si le système de gouvernance est efficace, alors la gestion des
risques sera efficace ; de même si le système de gouvernance
est inefficace, alors la gestion des risques micro-financiers sera
également inefficace.
S'agissant du deuxième volet du travail de cette
partie, nous avons construit un indice agrégé de gouvernance pour
les EMF du Cameroun en nous inspirant des travaux de WELE I P. (2009). Ainsi,
le test de Kruskal-Wallis (Tableau 12) nous montre qu'il est de 61,5% pour les
EMF de première catégorie (COOPEC) et de 53,7% pour les EMF de
deuxième catégorie (SA), ce qui montre effectivement que la
gouvernance est insuffisante (Annexe 3). Le même test fait
également ressortir que la taille de l'EMF ainsi que la taille du
conseil d'administration diffèrent de manière peu significative
(seuil de significativité du Khi-deux : 0,001) selon la forme
juridique de l'EMF. D'autre part, l'analyse qualitative de l'influence de
chacune des différentes variables sur la gestion des risques
microfinanciers a permis d'aboutir à la conclusion selon laquelle,
malgré le fait que certaines de ces variables n'influent pas sur la
gestion de certains risques, la gouvernance inefficace dans les EMF camerounais
justifie leur ineficacité face à la gestion des risques.
CONCLUSION
GENERALE
Système de financement alternatif représentant
l'intermédiation financière en faveur des individus
évoluant en marge du système bancaire classique, la microfinance
est aujourd'hui un maillon non négligeable et à la limite
important de l'économie pour un grand nombre de pays à l'instar
du Cameroun où le secteur de la microfinance contribue de 10% au
financement de l'économie nationale (selon le MINFI, février
2012). Il est clair que les faillites de nombreuses banques classiques dans les
années 1990 marquent l'essor du secteur de la microfinance en Afrique
Subsaharienne ; c'est sans doute ce qui a justifié
l'intérêt de plusieurs auteurs à travers les
différents ouvrages sur le secteur ces quinze dernières
années, sans toutefois oublier les efforts de la COBAC en matière
de réglementation et de contrôle. Toutefois de cet essor, se
dégagent un certain nombre de problèmes auxquels font face les
EMF, d'où les faillites de certains établissements à
l'instar de Cofinest et FIFFA qui étaient
classés parmi les quatre premiers EMF du Cameroun. A cet effet, les
multiples rapports de la COBAC et du Ministère des Finances (2011) sur
le secteur révèlent que les principaux problèmes qui
caractérisent les EMF au Cameroun sont une gouvernance insuffisante, une
gestion lacunaire des risques encourus, une organisation peu perfectible et un
dispositif de contrôle interne faible.
Fort de tous ces problèmes, nous nous sommes
interrogés sur la gestion des risques dans les EMF au Cameroun. Pourquoi
les EMF du Cameroun n'arrivent pas à mieux gérer leurs
risques ? Telle a été la question centrale de cette
étude. L'objectif de notre travail était de répondre
à cette question.
Pour atteindre cet objectif, nous avons dissocié les
idées théoriques des faits (Thomas Schelling cité par
Klitgaard, 2006). En effet, nous avons procédé à une
analyse théorique et à une analyse empirique. L'analyse
théorique a consisté à explorer d'une part la relation
conceptuelle entre la gestion des risques et le contrôle interne
(à l'aide des travaux de Campion, 2000 ; Churchill & Coster,
2001) et d'autre part la relation conceptuelle entre la gestion des risques et
la gouvernance micro-financière pour traduire l'implication des parties
prenantes dans la gestion des EMF (à partir des travaux de CERISE -
IRAM, 2005 ; FMI, Briceno-Garmendia & Foster et Mbangala, 2004, 2007
et 2007). L'approche empirique quant à elle a été faite
à partir des données issues d'un échantillon de 27 EMF
camerounais, sur les 488 (toutes catégories confondues) du territoire en
activités et agréés par le Ministère des Finances
auprès de la COBAC au 31 décembre 2010.
La première partie de l'approche empirique consistait
à analyser l'efficacité du dispositif de contrôle interne
des EMF du Cameroun afin de déterminer si celui-ci rempli effectivement
sa mission là qui est celle de gérer les risques
(Comité de Bâle sur le contrôle bancaire). Ainsi, la
significativité de la corrélation entre les différentes
variables résultant des analyses uni-variée et
multi-variée nous a montré que l'inefficacité du
dispositif de contrôle interne des EMF camerounais justifie leur gestion
lacunaire des risques micro-financiers, d'où la confirmation de notre
hypothèse selon laquelle les EMF du Cameroun n'arrivent pas à
mieux gérer leurs risques à cause de la faiblesse de leur
dispositif de contrôle interne.
La deuxième partie de l'approche empirique quant
à elle consistait à analyser la qualité de la gouvernance
dans les EMF du Cameroun face à la gestion des risques. A cet effet, le
test de Kruskal-Wallis sur l'indice agrégé de gouvernance du FMI
(2004), Briceno-Garmendia & Foster (2007) et Mbangala (2007) nous a
montré, au regard de l'indice de 61,5% pour les EMF de première
catégorie (COOPEC), et de 53,7% pour les EMF de deuxième
catégorie (SA), que la gouvernance insuffisante des EMF du Cameroun
justifie leur gestion inefficace des risques.
Fort de tout cela nous pouvons dire que notre objectif a
été atteint, car nous avons montré d'une part
l'inefficacité du dispositif de contrôle interne des EMF du
Cameroun et d'autre part leur gouvernance insuffisante qui traduit le niveau
d'implication des parties prenantes dans la gestion de ces
établissements, ce qui somme toute justifie pourquoi les EMF du Cameroun
n'arrivent pas à mieux gérer leurs risques.
La double mission de pérennisation et d'aide aux
populations à faibles revenus des IMF leur impose donc un cadre
d'évaluation des risques qui comporte deux composantes
majeures à savoir la viabilité financière et le
développement institutionnel, ceci non seulement à travers un
dispositif de contrôle interne efficace qui s'améliore
continuellement et s'adapte aux changements intervenants dans le secteur pour
aller dans le sens de Campion (2000), mais aussi une vision claire et des
systèmes de gouvernance fiables et efficaces pour aller dans le sens de
NDAO (2007) et de BCEAO/BIT (1997).
Toutefois, nous ne pouvons pas affirmer que nous avons
appréhendé le sujet dans tous ses contours ou alors qu'il n'y a
pas de limite à notre analyse. En effet s'il faille reconnaître
que l'existence d'un servie de contrôle interne dans un EMF (tout comme
dans une banque) est synonyme de recrutement et de rémunération
d'un personnel qualifié et compétent en matière de
comptabilité-audit-contrôle pour la cause, il faut
également reconnaître, comme l'affirment plusieurs responsables
d'EMF, que les revenus financiers dégagés par
l'établissement ne permettent généralement pas de
supporter la masse salariale que cela implique ; ce qui justifie souvent
le fait que cette fonction de contrôle soit assumée par le
Directeur Général ou par le responsable comptable.
Par ailleurs, en raison de la taille de l'EMF (parfois une
seule ou deux agences), le responsable opte souvent pour un cumul des fonctions
de PCA et de Directeur Général, ceci non seulement pour mieux
contrôler « son affaire », mais aussi pour
réduire la masse salariale et donc minimiser les coûts.
On peut à partir de là soulever la question
selon laquelle, le souci de minimisation des coûts de gestion et de
contrôle a-t-il vraiment un impact positif sur la rentabilité ou
alors la performance financière des EMF ? Il serait donc
intéressant pour des recherches futures de mener la réflexion
dans ce sens.
ANNEXES
Annexe 1: Liste de contrôle de la gestion des
risques par catégorie de risque
Risques Institutionnels et questions
1. Est-ce que votre organisation dispose d'une
déclaration de mission claire qui donne un équilibre aux
objectifs social et commercial et identifie le marché visé ?
2. Le taux d'intérêt est-il assez
élevé pour couvrir les charges de l'EMF ?
3. Est-ce que la composition du conseil reflète la
double mission de micro finance ?
4. Comment est-ce que le Conseil suit les catégories
des clients ?
5. Votre organisation envisage-t-elle un partenariat avec une
institution indépendante légale ?
6. Progressez-vous vers la mobilisation de capital commercial
et la réduction de la dépendance des subventions ?
7. Avez-vous un contrat indépendant pour les ressources
financières d'un bailleur de fonds ou d'un créancier commercial
?
8. Votre organisation dispose-t-elle de ses propres
systèmes financiers ?
9. Votre organisation démontre-t-elle un engagement
pour une amélioration constante de ses performances ? Et comment ?
10. Combien de fois la direction rend-elle visite aux
activités des clients et les personnels pour leur parler ?
11. Est-ce que votre organisation déborde actuellement
de capacité, qui nécessite une stratégie de croissance ou
avez-vous besoin de renforcer votre capacité avant de poursuivre votre
politique d'expansion ?
12. Avez-vous un plan d'affaire pour atteindre l'auto
suffisance bientôt ?
13. Faites-vous la mise à jour du plan et
l'utilisez-vous constamment pour prendre de décisions directives ?
14. Suivez-vous les indicateurs de pérennité et
de rentabilité/rendement du portefeuille ? Si oui, est-ce qu'ils
répondent aux meilleures pratiques ?
15. Avez-vous un conseil d'administration indépendant
?
16. Votre organisation renforce-t-elle ses capacités
pour devenir indépendante de l'assistance technique ?
17. Avez-vous la capacité d'identifier vos propres
besoins et d'engager l'expertise technique appropriée pour satisfaire
ces besoins dans ces propres termes ?
18. Quelles mesures prenez-vous pour vous assurer que vos
employés sont motivés et comment l'organisation le sait-elle ?
19. Est-ce que votre système de gestion des ressources
humaines est efficace et comment votre organisation est-elle au courant ?
20. Avez-vous des descriptions de tâches et une grille
d'évaluation des performances annuelles de tous les employés, y
compris les cadres supérieurs de l'EMF ?
21. Votre organisation établit-t-elle des défis,
bien sûr surmontables, des objectifs de performance pour tous les
départements de l'organisation ? Y a t- il un suivi pour
récompenser les meilleures performances par rapport aux objectifs ?
22. Est-ce que les tailles de crédits sont
appropriées pour les besoins des clients ?
23. Est-ce que vous offrez des prêts à long terme
pour ne pas perdre les meilleurs clients ?
24. Les exigences d'évaluation de prêts (les
garanties, les réunions, plan de l'entreprise, les épargnes
obligatoires) répondent-ils aux besoins de contrôle de risque de
crédit de l'institution sans avoir d'exigences excessives sur les
clients ?
25. Comment conduisez-vous les études de marché
efficaces sur une base régulière qui vous permettent d'être
toujours au parfum des besoins évolutifs de votre marché cible
?
26. Quels indicateurs utilisent votre organisation pour
s'assurer qu'elle rend service au marché cible ?
27. Les taux d'intérêts que vous pratiquez
sont-ils assez élevés et insupportables pour vos clients? De
quelle façon vous rassurez-vous que les intérêts
pratiqués sont assez supportables par vos clients ?
28. Est-ce que les employés connaissent la
déclaration de la mission de l'organisation et l'applique pour les
guider dans leurs activités ?
Risques Opérationnels et
questions
29. Est-ce qu'un cabinet compétent conduit l'audit de
l'EMF chaque année ?
30. Vos procédures de recrutement sont-elles bien
conçues pour attirer des individus honnêtes et motivés ?
31. Est-ce que les nouveaux employés sont
sensibilisés sur la culture de l'EMF, et sur les normes
d'honnêteté et de tolérance-zéro ?
32. Est-ce que le niveau de récompense du personnel est
raisonnable et compétitif ?
33. Est-ce qu'il y a une politique de mise à pied
immédiate ou de licenciement du personnel en cas de fraude ou de
malhonnêteté ?
34. Quelles sont les caractéristiques du prototype qui
vise à contrôler le risque de crédit ?
35. Est-ce que ces caractéristiques sont
appropriées pour les différents segments du marché cible
(nouveaux et anciens clients) ?
36. Exigez-vous des garanties physiques (hypothèques,
gages ou nantissements) ? Si oui, disposez-vous des politiques et
mécanismes opérationnels pour la réalisation de ces
garanties ?
37. Le comité de crédit est-t-il impliqué
dans le suivi de crédit et la gestion de défaillance ?
38. Disposez-vous d'une politique appropriée et
transparente du rééchelonnement ?
39. Le chargé de prêt a t-il une autorité
discrétionnaire comme la baisse des taux d'intérêt, le
montant du crédit, l'exonération des frais de
pénalité ? Si oui, comment ou quelles mesures utilisez-vous pour
contrôler la fraude ?
40. Est-ce que le comité d'approbation des
crédits a pour soucis l'efficacité, le service clientèle
et le contrôle de la fraude ?
41. Est-ce que les directeurs évitent et
découragent fortement la « signature aveugle » ?
42. Votre organisation a-t-elle consulté un expert en
sécurité pour analyser vos besoins de sécurité dans
chaque agence ?
43. Disposez-vous d'une politique de déclassement et de
rééchelonnement des créances qui soit cohérente
avec la stratégie de mesures de prévention de fraude ?
44. Est-ce que ces politiques sont respectées ?
45. Avez-vous des politiques et procédures
adéquates sur les mesures de contrôle de la garantie ? Si oui, ces
politiques sont-elles respectées ?
46. L'EMF dispose-t-il d'un audit interne ?
47. Est-ce que les contrôles/audits internes sont
constamment effectués ?
48. Quelles sont les vulnérabilités majeures du
vol de votre organisation et quelles mesures prenez-vous contre cela ?
49. Est-ce que les politiques d'approbation des crédits
sont respectées ?
50. Est-ce que les chargés de prêt sont bien
formés sur les stratégies de la gestion efficace de la
défaillance ?
51. Est-ce que les pénalités de
défaillance et les contrats de crédits sont appliqués ?
52. Comment est-ce que les employés produisent le
rapport sur les étapes de la gestion de la défaillance ?
Risques de Gestion Financière et
questions
53. Est-ce que l'EMF organise un audit de ses comptes chaque
année par un cabinet compétent ?
54. L'EMF est-il susceptible au risque de taux
d'intérêt ?
55. Est-ce que votre organisation suit un programme de gestion
de trésorerie ? C'est à dire prévision de cash, budget,
etc.
56. Est-ce que vous suivez les risques de liquidité par
un suivi régulier des ratios clés, (liquidité
immédiate et liquidité oisive) ?
57. Le budget annuel est-t-il mis à jour
régulièrement ?
58. Faites-vous une analyse budgétaire pour
dégager les écarts ?
59. Pour les EMF qui offrent de produits multiples, tenez-vous
une comptabilité analytique ?
60. Avez-vous analysé vos systèmes et vos
procédures pour identifier et éliminer les
inefficacités ?
61. L'EMF vérifie-t-il l'efficacité
d'exploitation en analysant les ratios clés ?
Risques Externes et questions
62. Est-ce qu'il y a des lois sur l'usure qui empêchent
l'EMF de défalquer les taux de recouvrement ?
63. Est-ce que l'EMF assure le rôle
d'intermédiation financière pour les épargnes ?
64. Est-ce qu'il a la reconnaissance officielle pour exercer
ce rôle d'intermédiation financière ?
65. Est-ce que le cadre de réglementation et de
régulation est particulièrement favorable ?
66. Y a-t-il une pression politique qui oblige à donner
de crédit à un groupe ciblé ?
67. Est-ce que les contrats rentrent en vigueur facilement
?
68. L'organisation est-elle confrontée à des
contraintes du code du travail ?
69. Recueillez-vous des informations concurrentielles et
comment ?
70. Accède-t-elle à une liste des mauvais
créanciers ou aux services d'une centrale des risques ?
Source : Adapté de Craig Churchill
et Dan Coster, Manuel de gestion des risques en microfinance (CARE,
2001)
Annexe 2 : Corrélation et
significativité des variables
Correlations
|
|
|
vvd
|
eff_sci
|
pfm_ci
|
nm_mc
|
nm_c_f
|
nm_rf
|
tsr
|
ta_emf
|
vvd
|
Pearson Correlation
|
1
|
,852**
|
,194
|
,837**
|
,776**
|
,776**
|
-,372
|
,624**
|
Sig. (2-tailed)
|
|
,000
|
,331
|
,000
|
,000
|
,000
|
,056
|
,001
|
N
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
eff_sci
|
Pearson Correlation
|
,852**
|
1
|
,172
|
,941**
|
,877**
|
,877**
|
-,472*
|
,568**
|
Sig. (2-tailed)
|
,000
|
|
,392
|
,000
|
,000
|
,000
|
,013
|
,002
|
N
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
pfm_ci
|
Pearson Correlation
|
,194
|
,172
|
1
|
,058
|
-,015
|
-,015
|
-,108
|
,220
|
Sig. (2-tailed)
|
,331
|
,392
|
|
,774
|
,941
|
,941
|
,591
|
,269
|
N
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
nm_mc
|
Pearson Correlation
|
,837**
|
,941**
|
,058
|
1
|
,976**
|
,976**
|
-,514**
|
,491**
|
Sig. (2-tailed)
|
,000
|
,000
|
,774
|
|
,000
|
,000
|
,006
|
,009
|
N
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
nm_c_f
|
Pearson Correlation
|
,776**
|
,877**
|
-,015
|
,976**
|
1
|
1,000**
|
-,501**
|
,348
|
Sig. (2-tailed)
|
,000
|
,000
|
,941
|
,000
|
|
,000
|
,008
|
,075
|
N
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
nm_rf
|
Pearson Correlation
|
,776**
|
,877**
|
-,015
|
,976**
|
1,000**
|
1
|
-,501**
|
,348
|
Sig. (2-tailed)
|
,000
|
,000
|
,941
|
,000
|
,000
|
|
,008
|
,075
|
N
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
tsr
|
Pearson Correlation
|
-,372
|
-,472*
|
-,108
|
-,514**
|
-,501**
|
-,501**
|
1
|
-,407*
|
Sig. (2-tailed)
|
,056
|
,013
|
,591
|
,006
|
,008
|
,008
|
|
,035
|
N
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
ta_emf
|
Pearson Correlation
|
,624**
|
,568**
|
,220
|
,491**
|
,348
|
,348
|
-,407*
|
1
|
Sig. (2-tailed)
|
,001
|
,002
|
,269
|
,009
|
,075
|
,075
|
,035
|
|
N
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
27
|
**. Correlation is significant at the 0.01 level (2-tailed).
|
|
|
|
|
|
*. Correlation is significant at the 0.05 level (2-tailed).
|
|
|
|
|
|
Source : SPSS
Annexe 3 : La qualité de la gouvernance des
EMF du Cameroun
EMF
|
Respect de la législation
|
Autonomie managériale
|
Qualité du système
d'information
|
Pouvoir du CA
|
Total
(%)
|
Autori- sation
|
Normes pruden- tielles
|
Vis-à- vis de l'Etat
|
Vis-à-vis des bailleurs
|
Manuels de procédures
|
Disponibilité des rapports d'audit
|
Evaluation internationale
|
Dualité direction &
contrôle
|
Autonomie décisionnelle
|
EMF de 1ère
Catégorie
|
61,5
|
UNICS
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
1
|
0
|
1
|
1
|
66,7
|
LA MEC
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
44,4
|
GEPIC
|
1
|
0
|
1
|
1
|
1
|
0
|
0
|
1
|
1
|
66,7
|
MC² MBALMAYO
|
1
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
0
|
1
|
1
|
77,8
|
MC² ZAMENGOE
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
1
|
0
|
1
|
1
|
66,7
|
MC² BAFIA
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
0
|
1
|
1
|
88,9
|
MUFFA
|
1
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
0
|
1
|
1
|
77,8
|
MCD
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
00
|
0
|
1
|
1
|
55,6
|
MUPEC
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
33,3
|
MDIC
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
44,4
|
NDJANGUICAM
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
1
|
0
|
1
|
1
|
66,7
|
MUFFEDYC
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
55,6
|
SAVE CAMEROUN
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
55,6
|
CEPD
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
1
|
0
|
1
|
1
|
66,7
|
SONAC
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
55,6
|
EMF de 2ème
Catégorie
|
53,7
|
CCA
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
1
|
0
|
0
|
11
|
55,6
|
EUF SA
|
1
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
0
|
0
|
1
|
66,7
|
LA REGIONALE
|
1
|
0
|
1
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
1
|
44,4
|
COMECI
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
1
|
0
|
1
|
1
|
66,7
|
FH SA
|
1
|
0
|
1
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
1
|
44,4
|
ACEP
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
1
|
1
|
44,4
|
ADVANS
|
1
|
0
|
1
|
0
|
0
|
1
|
0
|
1
|
1
|
55,6
|
CCEC SA
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
00
|
0
|
0
|
1
|
44,4
|
CITEF SA
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
44,4
|
SOFINA
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
1
|
0
|
1
|
1
|
66,7
|
CDC BOMTOCK SA
|
1
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
55,6
|
SOFINED S.A
|
1
|
0
|
1
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
55,6
|
Ensemble de l'échantillon
|
58,0
|
Source : Auteur (Données collectées
auprès des EMF, janvier 2013).
Annexe 4 : Questionnaire de recherche /
enquête
SECTION 1 : IDENTIFICATION DE L'EMF
1. Nom et sigle :
.....................................................................................
.....................................................................................................
2. Catégorie d'appartenance :
1 ? 2 ? 3 ?
3. Forme juridique :
SA ? Coopec/ Mutuelle ?
4. Mode d'organisation :
Indépendant ? Affilié à un réseau
?
(Préciser le nom du réseau :
..............................................................................)
5. Taille de l'EMF (cocher la case ou marquer le
nombre qui correspond)
v Capital Social (+fonds de solidarité pour les
EMF de première catégorie) au 31/12/2012
(En millions de F CFA)
= 50
|
= 100
|
= 200
|
= 500
|
= 1000
|
= 2500
|
= 5000
|
> 5000
|
|
|
|
|
|
|
|
|
v Nombre de guichets ou agences
= 5
|
= 10
|
= 15
|
= 20
|
= 25
|
= 30
|
= 35
|
= 40
|
= 45
|
= 50
|
= 100
|
> 100
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
v Nombre de salariés
= 10
|
= 20
|
= 30
|
= 40
|
= 50
|
= 60
|
= 80
|
= 100
|
= 150
|
= 200
|
= 250
|
= 300
|
> 300
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
SECTION 2 : INFORMATIONS SUR LA GESTION DES
RISQUES DANS L'EMF
1. Les risques sont-ils catégorisés dans votre
Etablissement ? ...............
Si oui, énumérez ces catégories :
...............................................................
........................................................................................................
........................................................................................................
Si non, énumérez les risques qui sont
néanmoins gérés :
....................................
........................................................................................................
........................................................................................................
........................................................................................................
2. Quel(s) est (sont) le(s) service(s) en charge de la gestion
des risques dans votre EMF ?
........................................................................................................
........................................................................................................
3. Disposez-vous d'un manuel de gestion des risques ?
....................................
4. Décrivez le processus de gestion des risques dans
votre Etablissement :
........................................................................................................
........................................................................................................
5. Votre Etablissement recueille-t-il des informations
concurrentielles et comment ?
........................................................................................................
........................................................................................................
6. Quels indicateurs votre Etablissement utilise-t-il pour
s'assurer qu'il rend service au marché
cible ?...................................................................................................................
........................................................................................................
........................................................................................................
7. Quels types d'informations recueillez-vous
fréquemment, relativement à l'impact de vos services sur votre
clientèle ?
.....................................................................................
........................................................................................................
8. Offrez-vous des prêts à long terme pour ne pas
perdre les meilleurs clients ?............
9. Accédez-vous à une liste des mauvais
créanciers ou faites-vous recours aux services d'une centrale des
risques
?..............................................................................................
........................................................................................................
10. Votre système de gestion des ressources humaines
est-il efficace et comment votre Etablissement le
sait-il ?...................................................................................................
........................................................................................................
11. Votre système de gestion des ressources humaines
a-t-il des descriptions de tâches et une grille d'évaluation des
performances annuelles de tous les employés, y compris les cadres
supérieurs ?...........................................................................................................
........................................................................................................
12. Votre Etablissement progresse-t-il vers la mobilisation de
capital commercial et la réduction de la dépendance des
subventions ?.................................................................
13. Votre Etablissement a-t-il un contrat indépendant
pour les ressources financières d'un bailleur de fonds ou d'un
créancier commercial
?............................................................
14. Suivez-vous un programme de gestion de
trésorerie ? à savoir prévision de cash, budget,
etc.........................................................................................
15. Suivez-vous les risques de liquidité par un suivi
régulier des ratios clés (liquidité immédiate,
liquidité oisive) ?
..................................................................
16. Quel modèle utilisez-vous pour contrôler le
risque de crédit et quelles sont les caractéristiques de ce
modèle
?.........................................................................................
........................................................................................................
17. Votre Etablissement est-il susceptible au risque de taux
d'intérêt ?...............................
SECTION 3 : INFORMATIONS SUR LE CONTRÔLE
INTERNE DANS L'EMF
1. Le contrôle dans votre EMF est effectué
par :
(Cochez la ou les cases correspondantes)
Un service de
Contrôle Interne
|
Un service d'Audit
Interne
|
Un cabinet d'Audit
Externe
|
Autre(s)
(A préciser)
|
|
|
|
|
2. Evolution du personnel et des activités de
contrôle sur la période 2008 - 2012
Rubriques
|
Années
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
Effectif du service de contrôle/audit
|
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Niveau moyen d'étude (21(*))
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Frais de mission de l'Etablissement
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Frais de mission de contrôle/audit
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Nombre moyen de missions de contrôle/audit
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Nombre moyen de constats/ fraudes
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Nombre moyen de recommandations formulées
|
|
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Taux de suivi des recommandations
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|
Vols et détournements (en millions de FCFA)
|
|
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|
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|
|
|
|
3. Votre Etablissement dispose-t-il d'un registre d'erreurs
permettant d'identifier et rectifier les erreurs
habituelles ?.....................................................................................
4. Les systèmes et procédures vous permettant
d'identifier et éliminer les inefficacités ont-ils
été
analysés ?.........................................................................................................
5. Les infractions relevées par les contrôleurs
sont-elles publiées à l'ensemble du personnel ? Jamais
(seulement au conseil d'administration) ? Parfois? Toujours?
6. Les agents opérationnels sont-ils informés
sur les recommandations des contrôleurs/auditeurs ? Jamais?
Parfois? Toujours?
7. L'efficacité d'exploitation de vote EMF est-elle
vérifiée à travers une analyse des ratios
clés ?
.......................................................................................................................
Si oui, quels sont ces ratios ?
..........................................................................................
........................................................................................................
........................................................................................................
8. Votre Etablissement élabore-t-il un budget
annuel ? ......................................................
Si oui, ce budget est-il mis à jour
régulièrement ?
......................................................
Faites-vous une analyse budgétaire pour dégager
les écarts ? .......................................
9. Votre Etablissement dispose-t-il d'une ou plusieurs
politiques de déclassement et de rééchelonnement des
crédits qui soit cohérente avec la stratégie de mesures de
prévention de la fraude ?
.......................................
Ces politiques sont-elles
respectées ?............................................................................
10. Votre Etablissement dispose-t-il de politiques et
procédures adéquates sur les mesures de contrôle de la
garantie ? .......................................
..................................................
Ces politiques sont-elles
respectées ?............................................................................
11. Les politiques d'approbation des crédits sont-elles
respectées ? ....................................
12. Votre Etablissement dispose-t-il de normes et
procédures relativement au suivi de la défaillance (non
remboursement) ?
...............................................................................
Sont-elles
respectées ?............................................................................
.......................
SECTION 4 : INFORMATIONS SUR LA GOUVERNANCE DANS
L'EMF
1. Votre Etablissement dispose-t-il de l'autorisation du
Conseil National du Crédit ?........
2. Les normes prudentielles prescrites par la COBAC sont-elles
respectées ?.....................
Si oui, selon quel pourcentage (22(*)) ?
...............................................................................
3. L'autonomie managériale de votre Etablissement
est-elle influencée par les pouvoirs publics ?
...............................................................................
.......................................
4. L'autonomie managériale de votre Etablissement
est-elle influencée par les bailleurs de fonds ?
...............................................................................
.......................................
5. Les manuels de procédures sont-ils cohérents
au sein de votre Etablissement ? .........
6. Les rapports d'audits sont-ils
disponibles ?................. .......................................
..........
Si oui, pour quelles périodes ?
...............................................................................
...............................................................................
...........................................................
...............................................................................
...........................................................
7. Votre Etablissement participe-t-il à une
évaluation internationale ou nationale (enquête MINFI,
...) ?.......................
Précisez-la (les)
...............................................................................
...............................
...............................................................................
...........................................................
...............................................................................
...........................................................
8. Combien de membres dispose le Conseil d'Administration de
votre Etablissement ? ...
...............................................................................
...........................................................
9. Y a-t-il une nette séparation entre les fonctions du
DG et du PCA ?..............................
10. Le DG est-il autonome dans ses
décisions ?.............................................................
Si non, pourquoi ?
.................................................................................................
...........................................................
...............................................................................
...............................................................................
........................................................
11. Le Conseil d'Administration est-il autonome dans ses
décisions ?..................................
Si non, pourquoi ?
.................................................................................................
...........................................................
...............................................................................
...............................................................................
...........................................................
12. La composition de votre Conseil d'Administration
reflète-elle la double mission de microfinance ?
..................................................................................................................
13. La direction rend-elle visite aux activités des
clients et au personnel d'agences pour des entretiens ?
................................................................................................................
Si oui, combien de fois en moyenne par
semaine/mois/trimestre ? ...............................
...............................................................................
...........................................................
14. Quelles mesures prenez-vous pour vous assurer que vos
employés sont motivés et comment l'organisation le sait-elle ?
........................................................................................................
........................................................................................................
15. Votre système de gestion des ressources humaines
est-il efficace ? ......................
Comment le savez-vous ?
...............................................................................................
........................................................................................................
16. Avez-vous des descriptions de tâches et une grille
d'évaluation des performances annuelles de tous les employés, y
compris les cadres supérieurs de l'Etablissement ?....
........................................................................................................
........................................................................................................
17. Vos procédures de recrutement sont-elles
conçues de manière à attirer des individus honnêtes
et motivés ?
......................................................................................................
18. Le niveau de récompense/rémunération
de votre personnel est-il raisonnable et compétitif ?
................................................................................................................
19. Y a-t-il une politique de mise à pied
immédiate ou de licenciement du personnel en cas de fraude ou de
malhonnêteté ?
.................................................................................
20. Le comité de crédit est-il impliqué
dans le suivi des crédits et la gestion des
impayés ?..........................................................................................................................
SECTION 5 : DONNEES BILANCIELLES ET DE
L'EXPLOITATION
(En millions F CFA)
Intitulés
|
ANNEES
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
Capital/Parts social(es) libéré(es)
(+fonds de solidarité)
|
|
|
|
|
|
Capital social non libéré
|
|
|
|
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Emprunts
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|
|
|
|
Autres fonds propres (réserves, RAN, résultat de
l'exo...)
|
|
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|
|
|
Encours des dépôts clientèle
|
|
|
|
|
|
-Dépôts à vue
|
|
|
|
|
|
-Dépôts à terme
|
|
|
|
|
|
Encours de trésorerie
|
|
|
|
|
|
-Trésorerie à vue (23(*))
|
|
|
|
|
|
-Trésorerie à terme (24(*))
|
|
|
|
|
|
-Titres de trésorerie et autres
|
|
|
|
|
|
Encours des créances saines/clients
|
|
|
|
|
|
-Crédits CT
|
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|
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|
|
-Crédits MT
|
|
|
|
|
|
-Crédits LT
|
|
|
|
|
|
-Comptes courants débiteurs
|
|
|
|
|
|
Encours brut des créances en souffrance
|
|
|
|
|
|
Cumul des provisions sur créances
|
|
|
|
|
|
Provisions pour créances impayées
(de l'exercice)
|
|
|
|
|
|
Autres provisions (de l'exercice)
|
|
|
|
|
|
Amortissements (de l'exercice)
|
|
|
|
|
|
Charges décaissables(*)
|
|
|
|
|
|
Produits encaissables(*)
|
|
|
|
|
|
Reprises des provisions
(de l'exercice)
|
|
|
|
|
|
(*)Sans prise en compte des dotations/reprises des
amortissements et provisions.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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« Bank Regulation and Supervision : What Works Best? », Journal
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« Test de Kruskal-Wallis », IRMA, Université de
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recherche et d'échanges technologiques) avec le soutien de ADA et de la
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le double objectif de résultat : une participation active des
investisseurs à la gouvernance de la microfinance », Note
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en matière de réglementation et de supervision de la
microfinance », Directives concertées, octobre 2012,
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- Tchakoute T. H. (2010) :
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performance des institutions de microfinance d'Afrique
Sub-saharienne », Groupe ESC Troyes CERMI/IRGO, CEB
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- Wele I P. (2009) : « La
qualité de la gouvernance microfinancière dans les pays de
l'UEMOA : construction d'un indice agrégé de gouvernance des
IMF appliquée au cas du Bénin », Université
d'Abomey-Calavi.
TABLE DES MATIERES
Avertissement...............................................................................................................i
Dédicace
....................................................................................................................ii
Remerciements............................................................................................................iii
Sommaire
...................................................................................................................iv
Liste des
figures............................................................................................................v
Liste des
tableaux.........................................................................................................vi
Liste des
abréviations...................................................................................................vii
Résumé......................................................................................................................ix
Abstract......................................................................................................................x
Introduction
Générale......................................................................................1
Première Partie : Contrôle interne
et gestion des risques dans les EMF........................12
Introduction de la première
partie......................................................................13
Chapitre 1 : La gestion des risques dans
les EMF, une mission du contrôle interne...............14
Introduction...................................................................................................14
1.1. La typologie des risques
micro-financiers.......................................................15
1.1.1. Les risques
institutionnels................................................................16
1.1.1.1. Les risques liés à la mission sociale
..............................................17
1.1.1.2. Les risques liés à la mission
commerciale........................................17
1.1.1.3. Le risque de
dépendance............................................................17
1.1.2. Les risques
opérationnels..................................................................17
1.1.2.1. Le
crédit..............................................................................18
1.1.2.2. La fraude
.............................................................................18
1.1.2.3. La
sécurité............................................................................18
1.1.3. Les risques de gestion
financière.........................................................19
1.1.3.1. L'actif et le
passif....................................................................19
1.1.3.2. L'inefficience
........................................................................20
1.1.3.3. L'intégrité du
système...............................................................20
1.1.4. Les risques
externes........................................................................21
1.1.4.1. La réglementation
...................................................................21
1.1.4.2. La
concurrence.......................................................................21
1.1.4.3. La
démographie.......................................................................22
1.1.4.4. L'environnement
.....................................................................22
1.1.4.5. La
macroéconomie...................................................................22
1.2. L'efficacité du
contrôle interne dans la gestion des risques
micro-financiers.............23
1.2.1. Le processus de gestion des risques
......................................................24
1.2.1.1. - 1ère étape :
Identifier, évaluer et classer les risques par priorité
1ère .......25
1.2.1.2. - 2ème étape :
Développer les stratégies pour mesurer les
risques............25
1.2.1.3. - 3ème étape :
Elaborer les politiques et des procédures pour atténuer les
risques...........................................................................................25
1.2.1.4. - 4ème étape : Mettre
en oeuvre les contrôles et attribuer les
responsabilités..................................................................................26
1.2.1.5. - 5ème étape : Tester
l'efficacité du processus et évaluer les
résultats........26
1.2.1.6. - 6ème étape : Amender
les politiques et procédures............................26
1.2.2. La gestion des risques par le contrôle
interne...........................................27
Conclusion....................................................................................................30
Chapitre 2 : Le dispositif de
contrôle interne des EMF camerounais face à la gestion des
risques.......................................................................................31
Introduction...................................................................................................31
2.1. Approche
méthodologique...........................................................................32
2.1.1. Technique de mesure et échantillon
......................................................32
2.1.2. Variables de l'étude
........................................................................33
2.2. Analyse des données et
résultats empiriques
.....................................................35
2.2.1. Analyse uni-variée et
résultats.............................................................35
2.2.2. Analyse multi-variée et résultats
..........................................................37
Conclusion....................................................................................................40
Conclusion de la première
partie........................................................................41
Deuxième Partie : Parties prenantes des
EMF et gestion des risques micro-financiers......43
Introduction de la deuxième
partie.....................................................................44
Chapitre 3 : L'implication
modérée des parties prenantes dans la gestion de l'EMF : une
condition pour une gestion des risques
efficace........................................45
Introduction...................................................................................................45
3.1. Les éléments
d'analyse de la qualité de la gouvernance des
EMF.............................46
3.1.1. La grille des acteurs de la prise de
décision : qui a le pouvoir de décision dans l'IMF ?
......................................................................................47
3.1.2. La chaîne des décisions de la
gouvernance : comment s'exerce le pouvoir de décision dans
l'IMF ?
.....................................................................48
3.1.3. La grille et les critères d'évaluation de
la gouvernance d'une IMF : le socle commun de la
gouvernance...............................................................51
a) Une vision stratégique
partagée ......................................................52
b) Un système d'information fiable et rapide pour
préparer les décisions et alimenter le
contrôle..................................................................53
c) Un mode de prise de décision clair, adapté
à la structure et préservant la cohérence
d'ensemble................................................................53
d) Des niveaux de formation et de compétences
permettant la mise en oeuvre des
décisions................................................................................54
e) Un système de contrôle
efficace......................................................54
f) Une capacité à prévenir et surmonter
les crises......................................54
3.1.4. Les variables de mesure de la
qualité de gouvernance des IMF : l'indice agrégé de
gouvernance...................................................................................55
3.2. : L'influence de la
qualité de gouvernance sur la gestion des risques en
microfinance.....57
3.2.1. Le respect de la législation et la gestion des
risques....................................60
3.2.2. L'autonomie managériale et la gestion des
risques....................................61
3.2.3. La qualité du système d'information et
la gestion des risques........................62
3.2.4. Le conseil d'administration et la gestion des
risques...................................63
Conclusion....................................................................................................64
Chapitre 4 : La qualité de
gouvernance dans les EMF camerounais relativement à la gestion des
risques..........................................................................................66
Introduction...................................................................................................66
4.1. Approche
méthodologique...........................................................................67
4.1.1. Technique de mesure et échantillon
......................................................67
4.1.2. Variables de l'étude et test
statistique.....................................................67
4.1.2.1. Les variables de l'étude
............................................................68
4.1.2.2. Le test
statistique.....................................................................70
4.2. Analyse des données et
résultats empiriques
....................................................71
4.2.1. Analyse uni-variée et
résultats..............................................................71
4.2.2. Incidence sur la gestion des risques
......................................................74
Conclusion....................................................................................................76
Conclusion de la deuxième
partie........................................................................78
Conclusion
Générale.......................................................................................80
Annexes.......................................................................................................85
Références
Bibliographiques.............................................................................99
Table des
Matières........................................................................................105
* 1 Une journaliste de Radio
France International.
* 2 Car les points de
vulnérabilité changent avec le temps.
* 3 Conférence des
services centraux et extérieurs du Ministère des Finances,
« Assainissement du secteur de la microfinance : enjeux et
perspectives », Maximin ONGOLO (janvier 2011).
* 4 Notamment ceux de Mefo'o, Tchakoute
& Lamarque, Belgiith, Schreiner, Soglohoun, Comité de Bâle sur
les activités de microfinance...
* 5 Anita Campion en 2000,
est directrice du MicroFinance Network, une association internationale
regroupant des institutions de microfinance expérimentées. En
dehors de ses ouvrages à elle-même, elle a participé
à la réalisation de plusieurs ouvrages sur la microfinance,
notamment avec CARE, MIX, Imp-Act/MicroSave, CGAP.
* 6 Rapport COBAC sur le secteur
de la microfinance au Cameroun, Novembre 2011.
* 7 Il s'agit du Fond
Provincial de Refinancement (FPR) S.A à Maroua, du
Programme de Promotion de Crédit Solidaire dans le Nord (MIFED
PCS) à Garoua, de Cameroon Gatsby Foundation
(CGF) à Douala, et de Solutions Finances GIE
(SOFIN GIE) à Douala.
* 8 Honlonkou (2009)
: « Déterminants de la performance du contrôle
interne dans les Institutions de Microfinance : Approche par la théorie
de l'agence appliquée à l'agence PAPME au
Bénin », 3èmes Journées Internationales de
Microfinance à Cotonou (Bénin),
Décembre, 12p.
* 9 La forme
organisationnelle désigne le fait qu'un EMF soit indépendant ou
alors affilié à un réseau. Le Cameroun
compte trois grands réseaux d'EMF : CamCCUL, CVECA
(avec ACCC et UCCGN) et CMEC (avec CMEC Nord-Ouest et CMEC Grand Nord). Notons
que les MC2 ne sont pas un réseau d'EMF comme le
pensent certains, mais plutôt un groupement d'EMF indépendants qui
s'organisent à travers une association appelée AMC2
(Association des MC2), et donc ils n'ont pas d'organe faîtier
comme les EMF du réseau CamCCUL par exemple.
* 10 Entretien avec un
Auditeur Comptable et Financier d'ADAF (Appropriate Development for Africa
Foundation).
* 11 Cité par WELE I
(2009)
* 12 Imp-Act
MicroSave (Market-led solutions for financial services)
dans : « La gouvernance : intéger la GPS dans
le renforcement des capacités de la microfinance », 1p.
* 13 (CERISE - IRAM, 2005).
* 14 Les IMF d'un
échantillon peuvent être considérées comme
homogènes du point de vue du statut juridique et de la structure
organisationnelle.
* 15 Cité par Pascal
WELE I (2009)
* 16 Les autres parties
prenantes ici sont : les salariés (directeurs, cadres et autres),
les acteurs externes (bailleurs de fonds, actionnaires externes, assistance
technique, autorités bancaires).
* 17 Cités par Tchakoute
(2010).
* 18 Wele I
(2009) : « La qualité de la gouvernance
microfinancière dans les pays de l'UEMOA : construction d'un indice
agrégé de gouvernance des IMF appliqué au cas du
Bénin », Université d'Abomey-Calavi.
* 19 A noter que 12
+ 22 + · · · +
n2 = n(n+1)(2n+1) /6
* 20 Les valeurs de Khi-deux
sont données avec deux degrés de liberté.
* (21) A = BAC ; B
= BAC+2 ; C = BAC+3 ; D = BAC+4 ; E = BAC+5
* (22) Entre 25%, 50%,
75% et 100%
* 23 Caisse, Correspondants
à vue, ...
* 24 Correspondants à
terme, bons de caisse, ...
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