1.5. Importance de l'étude
Sur le plan scientifique, les résultats de cette
étude contribueront à enrichir la littérature sur les
stratégies adaptatives mises en place par les peuples autochtones et
communautés locales face au phénomène des changements
climatiques.
Sur le plan pratique, ces résultats pourront être
utilisés comme ressource dans l'élaboration des stratégies
nationales d'adaptation, pour amener les autorités à tenir compte
des savoirs traditionnels des peuples autochtones et communautés
locales.
1.6 Limites de l'étude
Le temps alloué n'a pas permi de collecter plus de
données et s'étendre sur d'autres aspects tels que la
dégradation des forêts, les services écosystémiques
affectés par les changements climatiques observés, ainsi que les
aspects liés aux flux de carbone dans la zone d'étude.
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CHAPITRE 2 : CADRE CONCEPTUEL ET REVUE
DE LITTERATURE
Le cadre théorique de cette recherche repose sur le
fait que les changements climatiques affectent principalement les peuples
autochtones qui vivent dans les zones forestières, et sont
vulnérables aux effets de ces changements. Cette étude met en
perspective des relations entre d'une part la perception des variations
entrainant les changements climatiques et l'impact de ces variations sur leurs
activités, et d'autre part les méthodes mises en place pour
s'adapter aux changements climatiques chez les PACL. Pour ce faire,
l'étude part du constat que des stratégies adaptatives aux
changements climatiques ne seront appliquées par les peuples autochtones
que s'ils perçoivent clairement l'existence du phénomène.
Une perception faussée peut conduire à des comportements
inappropriés en termes d'adaptation. Par contre, une bonne perception du
phénomène peut conduire à de meilleures stratégies
adaptatives.
Dans la théorie, les PACL proposeraient de meilleures
stratégies d'adaptation si elles étaient basées sur leurs
savoirs traditionnels. Plus la méthode d'adaptation sera externe aux us
et coutumes des PACL, moins elle trouvera du succès auprès de
ceux-ci dans son Adoption. Il est donc important de caractériser les
méthodes d'adaptation propres à ces populations et
communautés afin de voir, dans la mesure du possible, comment s'en
inspirer dans le cadre d'une stratégie d'adaptation durable qui tient
compte des savoirs traditionnels des peuples autochtones.
2.1 Définition des concepts
Adaptation : désigne un
processus d'ajustement des systèmes écologique, social et
économique à un risque climatique constaté ou
anticipé, à ses effets et ses impacts. Il représente un
changement de procédures, de pratiques et de structures visant à
limiter ou effacer les dommages potentiels ou à tirer
bénéfice des opportunités créées par les
changements climatiques afin de réduire la vulnérabilité
de certaines communautés de leur milieu, régions ou
activités (Smith, Ragland et Pitts, 1996). La planification et
l'intervention, en matière d'adaptation aux changements climatiques,
doivent tenir compte de l'incertitude inhérente aux prévisions
climatiques et de leurs incidences sur les systèmes naturels et les
collectivités humaines.
L'adaptation aux changements climatiques ou
au dérèglement climatique désigne les stratégies,
initiatives et mesures individuelles ou collectives (entreprises, associations,
collectivités, etc.) visant, par des mesures adaptées, à
réduire la vulnérabilité des systèmes
7
naturels et humains contre les effets réels ou attendus
des changements climatiques. Ces stratégies sont complémentaire
des stratégies d'atténuation, qui visent à moins
émettre de gaz à effet de serre et à restaurer ou
protéger les capacités de puits de carbone des
écosystèmes ou agro écosystèmes.
L'efficacité d'une méthode d'adaptation aux CC est
évaluée par le niveau de précision que la méthode
offre pour une prise de décision; la capacité de la
méthode à aborder les incertitudes liées à
l'ampleur des impacts des changements climatiques, à leur
répartition dans le temps et l'espace ; la disponibilité des
données de la méthode d'adaptation; la disponibilité des
ressources pour la méthode d'adaptation (Tadjuidje et al., 2012 ;
Tsalefack, 2013).
Aléa : Phénomène,
manifestation physique ou activité humaine susceptible d'occasionner des
pertes en vies humaines ou des blessures, des dommages aux biens, des
perturbations sociales et économiques ou une dégradation de
l'environnement (chaque aléa est entre autres caractérisé
en un point donné, par une probabilité d'occurrence et une
intensité données).
Atténuation : Intervention anthropique
pour réduire les sources ou augmenter les puits de gaz à effet de
serre.
Capacité d'adaptation :
Capacité d'ajustement d'un système face aux changements
climatiques (y compris à la variabilité climatique et aux
extrêmes climatiques) afin d'atténuer les effets potentiels,
d'exploiter les opportunités ou de faire face aux conséquences.
»
Climat est définit comme l'ensemble
des phénomènes (pression, température, humidité,
précipitations, ensoleillement, vent, etc.), qui caractérisent
l'état moyen de l'atmosphère et de son évolution (pendant
au moins 30 ans) en un lieu donné. Il diffère en cela du terme
'temps'' utilisé pour indiquer l'état
de l'atmosphère sur une période courte. La variabilité
naturelle du climat est suscitée par les fluctuations dans le temps de
l'énergie émise par le soleil ou venant d'autres
éléments du système climatique, le positionnement des
masses d'air, les éruptions volcaniques, les changements dans la
distribution des courants océaniques ou des températures à
la surface des mers (TSM), dont l'une des expressions les plus importantes est
connue sous le terme ENSO (El Niño - Southern Oscillation).
Au-delà de cette variabilité naturelle du climat, on note que
depuis le début de l'ère industrielle, la température de
la planète montre une tendance à la hausse qui n'est pas
expliquée par les raisons évoquées plus haut ; c'est ce
qu'on a appelé "changement climatique" (Sighomnou, 2004).
Changements climatiques : Les changements
climatiques désignent une variation statistiquement significative de
l'état moyen du climat ou de sa variabilité persistant pendant
8
de longues périodes (généralement,
pendant des décennies ou plus). Les changements climatiques peuvent
être dus à des processus internes naturels, à des causes
externes, ou à des changements, d'origine anthropique, persistants de la
composition de l'atmosphère ou de l'affectation des terres (GIEC, 2007).
On notera que la Convention-cadre des Nations unies sur les changements
climatiques (CCNUCC), dans son Article 1, définit « changements
climatiques » comme étant des « changements de climat qui sont
attribués directement ou indirectement à une activité
humaine altérant la composition de l'atmosphère mondiale et qui
viennent s'ajouter à la variabilité naturelle du climat
observée au cours de périodes comparables. » La CCNUCC fait
ainsi une distinction entre les « changements climatiques » qui
peuvent être attribués aux activités humaines
altérant la composition de l'atmosphère, et la «
variabilité climatique » due à des causes naturelles.
(Sawadogo, 2010).
Les changements climatiques désignent
également une transformation à long terme du climat d'un lieu
donné, d'une région ou de la terre entière. Les
changements du climat sont mesurés par les changements qui se produisent
dans certaines ou la totalité des caractéristiques
associées au climat comme la température, le vent et les
précipitations. Une variabilité différente du climat
constitue également un changement du climat, même si les
conditions météorologiques moyennes ne changent pas (GIEC, 2007).
C'est une modification de la moyenne des paramètres
météorologiques (température, précipitations, vent)
qui définissent le climat ou sa variabilité. Changements qui sont
attribués directement ou indirectement à une activité
humaine altérant la composition de l'atmosphère mondiale et qui
viennent s'ajouter à la variabilité naturelle du climat
observée au cours de périodes comparables. Se
caractérisent généralement par la modification de
l'atmosphère, l'altération de la composition des
communautés naturelles, la perte de biodiversité (Tsalefack,
2013).
La variabilité climatique
désigne des variations de l'état moyen et d'autres
statistiques (écarts standards, phénomènes extrêmes,
etc.) du climat à toutes les échelles temporelles et spatiales
au-delà des phénomènes climatiques individuels. La
variabilité peut être due à des processus internes naturels
au sein du système climatique (variabilité interne), ou à
des variations des forçages externes anthropiques ou naturels
(variabilité externe) (GIEC, 2007).
Communautés autochtones :Les
communautés autochtones font référence aux
communautés Baka, Bagyeli, Bakola, Bedzang et Mbororo du Cameroun
(nomades), dont le terroir est couvert en tout ou en partie par la zone de
déroulement du processus ou de l'initiative REDD+, que celle-ci soit
dans un campement, dans un village, une ville ou une cité (DNCLIP,
2013).
9
Communautés locales : Le terme «
communautés locales » est assimilé à des populations
autres que les communautés autochtones (Baka, Bagyeli, Bakola, Bedzang
et Mbororo) dont le terroir est couvert en tout ou en partie par la zone du
déroulement du processus ou d'initiative REDD+, que celle-ci soit dans
un village, une ville ou une cité (Bantous, Bangando, Fang beti, Bulu,
Bamilékés, etc...) (DNCLIP, 2013).
Les Communautés mixtes sont encore
appelées Peuples Autochtones et Communautés Locales (PACL ou
Peuples Indigènes) (DNCLIP, 2013).
Consentement Libre Informé et Préalable
(CLIP) : c'est l'ensemble des approches, principes, critères et
indicateurs qui concourent à obtenir ou non un accord avec les PACL pour
la mise en oeuvre des projets, programmes ou études REDD+ visant ces
populations (DNCLIP, 2013).
Convention-cadre des Nations unies sur les changements
climatiques (CCNUCC) : La Convention a
été adoptée le 9 mai 1992 à New York et
signée en 1992 lors du Sommet de la terre à Rio de Janeiro par
plus de 150 pays et par la Communauté européenne. Son objectif
ultime est de « stabiliser les concentrations de gaz à effet de
serre dans l'atmosphère à un niveau qui empêche toute
perturbation anthropique dangereuse du système climatique ». Elle
contient des engagements pour toutes les Parties. Conformément à
la Convention, les Parties figurant à l'Annexe I visaient à
ramener les émissions de gaz à effet de serre non
réglementés par le Protocole de Montréal à leurs
niveaux de 1990 d'ici l'an 2000. La Convention est entrée en vigueur en
mars 1994.
Développement durable :
Développement qui répond aux besoins des
générations actuelles sans compromettre la capacité des
générations futures à satisfaire leurs propres besoins.
Prévention : Ensemble des dispositions
prises pour prévenir un danger ou un mal susceptible de produire des
dommages ultérieurs (DNCLIP, 2013).
Résilience : aptitude d'un
système (incluant les écosystèmes), d'une
collectivité ou d'une société potentiellement
exposés à des aléas à s'adapter, en
résistant ou en changeant, en vue d'établir et de maintenir des
structures et un niveau de fonctionnement acceptables (Morin, 2008).
Risque : Probabilité et magnitude
d'occurrence d'une perturbation ou d'un stress dans une région en un
temps donné.
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Savoirs Traditionnels : Ensembles des
connaissances des peuples et communautés sur la base de leur
environnement et transmis de génération en
génération comme une tradition ou une coutume (DNCLIP, 2013).
Sécheresse : Phénomène
qui se produit lorsque les précipitations sont sensiblement
inférieures aux niveaux normaux enregistrés et qui provoque des
déséquilibres hydrologiques importants souvent
défavorables aux systèmes de production et aux ressources
terrestres. Il y a plusieurs façons de définir la
sécheresse (par exemple, sécheresse agricole, sécheresse
météorologique et sécheresse hydrologique). On
considère une sécheresse sérieuse comme une
sécheresse qui se répète de façon prolongée
et très répandue qui dure depuis beaucoup plus longtemps que la
normale, habituellement une décennie ou plus.
Sensibilité : « Degré
d'affectation positive ou négative d'un système par des stimuli
(liés au climat). L'effet peut être direct (modification d'un
rendement agricole en réponse à une variation de la moyenne, de
la fourchette ou de la variabilité de température, par exemple)
ou indirect (dommages causés par une augmentation de la fréquence
des inondations côtières en raison de l'élévation du
niveau de la mer, par exemple). » (Bohle et al., 1994).
Système climatique: un ensemble
englobant l'atmosphère, l'hydrosphère, la biosphère et la
géosphère, ainsi que leurs interactions (Tsalefack, 2013).
Vulnérabilité : «
Degré par lequel un système ou des communautés risquent de
subir ou d'être affecté négativement par les effets
néfastes des changements climatiques, y compris la variabilité
climatique et les phénomènes extrêmes. La
vulnérabilité dépend du caractère, de l'ampleur et
du rythme des changements climatiques auxquels un système est
exposé, ainsi que de sa sensibilité et de sa capacité
d'adaptation. » (Kasperson et al., 2000).
2.2 . Revue de la Littérature
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