4.4.1.1 Diversification plus élevée des
cultures au sein de la même parcelle (Polyculture)
Les changements climatiques ayant affecté
considérablement la résistance des plantes à certaines
maladies, affectant ainsi la production, les PACL ont trouvé bon pour ne
pas perdre leur productivité d'associer plusieurs plantes dans la
même parcelle (polyculture). Cette association ayant non seulement pour
objectif de diminuer la susceptibilité des plantes, mais aussi de
multiplier la qualité des plants dans le champ de sorte que, si une des
plantes présente dans les champs succombe aux variations dues aux
changements climatiques, une autre pourrait résister, et ainsi,
l'objectif de production des denrées agricoles sera atteint. La
polyculture est une tradition chez les Bantous, et elle est adoptée par
les Bakas comme stratégie pour s'adapter aux perturbations climatiques.
Il est à relever que cette polyculture va de manière croissante,
car des observations faites permettent de remarquer une augmentation de la
diversité des cultures au sein de la même parcelle, d'où
cela pourrait être considéré comme stratégie
d'adaptation. Les photos suivantes présentent des champs en polyculture
mis en place par les PACL.
![](Strategies-indigenes-dadaptation-aux-changements-climatiques-cas-des-populations-a28.png)
Figure 23 : Champs en Polyculture des PACL (champ Nkounabembe et
plantation Baka)
Figure 24 : Polycultures mixtes
63
Il ressort de ces figures que les PACL associent les cultures
vivrières nécessaires pour leur alimentation aux cultures
annuelles, et parfois aux cultures pérennes lorsqu'il s'agit de
polyculture et agroforesterie. Cette pratique se fait au sein de toutes les
Ethnies, qui perçoivent les effets des changements climatiques sur leurs
activités agricoles. De nouvelles cultures telles que le Mais ont
été introduites dans les cultures vivrières dans les
années récentes.
64
4.4.1.2 Système de prédiction traditionnel du
début et de la fin des saisons de pluies
Les Bakas et les Mvong Mvong ont cité le
repérage du début effectif de la saison des pluies à
partir du début de l'apparition des chenilles comestibles à
tête noire, comme une stratégie d'adaptation à
l'irrégularité des pluies. Les chenilles comestibles à
tête noire apparaissent très régulièrement deux
semaines avant que les pluies ne deviennent abondantes. S'il arrive qu'une
pluie tombe au cours d'une période de l'année et que sur les
feuilles des arbres (Sapeli, Ayous, Fraké...) les chenilles comestibles
à tête noire n'ont pas encore commencé à
proliférer, les PACL identifient cette pluie comme fausse pluie. Ce
n'est que lorsque les chenilles commencent à proliférer sur les
feuilles des arbres (saison des chenilles à tête noire) qu'ils
repèrent l'arrivée d'une abondance des pluies qui se fait
exactement deux semaines après le début de la saison des
chenilles à tête noire. L'arrivée des pluies marque la fin
de la saison des chenilles qui dure exactement deux semaines selon les PACL. La
figure 25 présente les chenilles comestibles vivantes
récoltées par les PACL et le tableau 21 donne la liste des
essences sur lesquelles ces chenilles à tête noire
prolifèrent.
Tableau 21: Liste des arbres à chenilles comestibles
![](Strategies-indigenes-dadaptation-aux-changements-climatiques-cas-des-populations-a29.png)
Nom commun Nom Scientifique Nom
Vernaculaire
Sapeli Entandrophragma cylindricum HEKOUT
Ayous Triplochiton scleroxylon MVOKOUT
Fraké Terminalia superba MEMVOUT
Figure 25: Chenilles comestibles qui annoncent le début
effectif de la saison des pluies
Ces chenilles comestibles ne prolifèrent que sur les
feuilles de certaines essences forestières ci-dessus citées, qui
sont abattues lors de la récolte des chenilles par les pygmées et
les Mvong mvong. L'abatage de ces essences forestières par les PACL pour
la récolte des
65
chenilles met en péril le potentiel de
régénération d'où la menace qui pèse sur ces
repères traditionnels. Si l'exploitation anarchique entraine la
disparition de ces essences, cela entrainerait la perte de ce savoir
traditionnel tant bien important pour les PACL. La filière Chenille
comestible est aussi une importantes source de revenus pour les PACL car une
cuvette de chenilles peut coûter jusqu'à 25 000 FCFA, et une
communauté en récolterait plusieurs dizaines de cuvettes par
saison.
Le repérage de la fin effective des pluies se fait
aussi à partir des indicateurs naturels tels que l'apparition des
fourmis, des termites, des criquets et sauterelles, ainsi que des libellules en
bordure des cours d'eau et des papillons. Ces types de repères
permettent aux PACL d'identifier les périodes propices pour leurs
activités agricoles, afin d'éviter de semer très tôt
ou de récolter trop tard et de perdre des semences ou des
récoltes.
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