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UNIVERSITE DE DSCHANG/ UNIVERSITY OF
DSCHANG
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FACULTE D'AGRONOMIE ET DES SCIENCES
AGRICOLES
FACULTY OF AGRONOMY AND AGRICULTURAL SCIENCES
DEPARTEMENT DE FORESTERIE/ DEPARTMENT OF
FORESTRY
Sujet :
de recherche pour mémoire de fin d?étude
d?ingénieur de conception des eaux
STRATEGIES INDIGENES D'ADAPTATION AUX
CHANGEMENTS CLIMATIQUES : Cas des populations
chasses.autochtones autour du Parc National de
Boumba
Bek, Est Cameroun.
JANVIER 2015
Thèse de Master Scientifique II en Gestion de
l?Environnement Soumis par : FOSSO
LIONEL CONSTANTIN Ingénieur des Eaux, Forêts et
Chasses Matricule CM04-07ASA0102 4e Promotion
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UNIVERSITE DE DSCHANG/ UNIVERSITY OF
DSCHANG
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FACULTE D'AGRONOMIE ET DES SCIENCES
AGRICOLES
FACULTY OF AGRONOMY AND AGRICULTURAL SCIENCES
DEPARTEMENT DE FORESTERIE/ DEPARTMENT OF
FORESTRY
Sujet :
de recherche pour mémoire de fin d?étude
d?ingénieur de conception des eaux
STRATEGIES INDIGENES D'ADAPTATION AUX
CHANGEMENTS CLIMATIQUES : Cas des populations
chasses.autochtones autour du Parc National de
Boumba
Bek, Est Cameroun.
JANVIER 2015
Thèse de Master Scientifique II en Gestion de
l?Environnement Soumis par : FOSSO
LIONEL CONSTANTIN Ingénieur des Eaux, Forêts et
Chasses Matricule CM04-07ASA0102 4e Promotion
Directeur : Encadreur :
Pr TCHAMBA N. Martin Mr Didier HUBERT
Chef de Département Foresterie, FASA Responsable REDD+/CC
GIZ ProPSFE
FICHE DE CERTIFCATION DE L'ORIGINALITE DU
TRAVAIL
Je soussigné FOSSO LIONEL CONSTANTIN
Atteste que la présente thèse de master
scientifique est le fruit de mes travaux effectués dans la zone du
Sud-Est Cameroun, dans huit villages autour du Parc National de Boumba Bek. La
revue de la littérature et l'analyse des données se sont
déroulées à Dschang, Yaoundé et Yokadouma
respectivement, sous la direction de Pr. TCHAMBA NGANKAM Martin et
l'encadrement de Mr Didier Hubert.
Ce mémoire est authentique et n'a jamais
été présenté pour l'obtention de quelque grade
universitaire que ce soit.
Visa et nom de l'Auteur
Date
FOSSO Lionel Constantin
Visa du Directeur Visa du Chef de Département
Date . Date
4
FICHE DE CERTIFICATION DES CORRECTIONS APRES
SOUTENANCE Le présent mémoire a été revu
et corrigé conformément aux observations du jury.
Visa de l?Auteur Visa du Directeur
Date Date
Visa du Président du Jury Visa du Chef de
Département
Date Date
DEDICACES

Je dédie ce travail à mes Parents : Mr Yarro
Michel KAMGANG et Mme MATENE Geneviève, pour leur amour et
l?affection envers moi.
II
REMERCIEMENTS
Le présent document n'aurait Jamais vu le jour si ce ne
fut la volonté de DIEU et si certaines conditions n'avaient pas
été réunies.
C'est pourquoi avant toute chose, J'aimerais remercier le
Seigneur DIEU tout puissant, pour tout ce qu'il a fait pour moi en cette
année 2014.
Je suis particulièrement reconnaissant à
l'endroit de Pr TCHAMBA NGANKAM Martin, Chef de Département de
Foresterie et Coordonnateur de ce programme de Master en Gestion de
l'Environnement, pour avoir accepté de diriger mes travaux.
Mes remerciements vont également à l'endroit de
Mme HEGENER, Coordonnatrice Nationale de la GIZ-ProPSFE Cameroun, qui a
donné son accord pour que ce stage ait lieu dans la structure qu'elle
dirige.
Mes remerciement sincères à Mr Didier HUBERT,
Responsable REDD+/CC à la GIZ ProPSFE, pour avoir encadré mes
travaux et mis à ma disposition tous les moyens nécessaires pour
le bon déroulement de ce stage.
Je tiens à remercier le Professeur ANACLET FOMETHE,
Recteur de L'Université de Dschang, le Pr. MVONDO ZE Antoine, Doyen de
la FASA, et tous ceux qui oeuvrent de prêt ou de loin pour le
bienêtre des étudiants.
Je voudrais exprimer ma gratitude à tout le personnel
enseignant de la FASA et particulièrement à ceux du
Département de Foresterie qui n'ont ménagé aucun effort
pour nous procurer des enseignements durant toute la période de ce
Master. Je pense à Dr Avana T. Marie Louise, Dr Temgoua Lucie, Pr Tsi
Angwafor E., Dr Bobo K., Dr Efole T., Dr Meyabeme A., et tous les enseignants
externes au Département de Foresterie qui ont pris part à cette
formation.
Je voudrais également remercier Mme Laure Takou,
Assistante de Mr Didier Hubert, Mlle Arielle Nkodo, Cadre à la GIZ
ProPSFE, Mr MBOUOH Dandjouma, Conservateur du Parc National de Boumba Bek, Mr
TAMAFFO Nguela Nicolas, Délégué Départemental des
Forêts et de la Faune de la Boumba et Ngoko, Mr MPELE Serges Roland, Chef
service de la climatologie et de la banque des données au
Ministère des transports, Mme NCHANG Ambe Shu régina, Chef
Service de la recherche en relation avec les partenaires privés du PNVRA
au MINADER, Mr MESSOUAS Bapen Philistin, Mr DEFO Anicet, Leur Majesté
Bikouangui Bienvenu du village Mimbo Mimbo, Bikouangui Jean pierre du village
Bangue, Bébaré paul à Ngola 120, Messing Casimir à
Gribé, Papoundy jacques à Massea, Diro Joseph à Mikel,
III
Oumarou Bello à Yokadouma et tous les guides et
interprètes qui m'ont accompagnés dans les huit villages
parcourus.
Je tiens également à remercier ma petite amie
Nengoue Tchinda Fidèle pour m'avoir donné un fils au cours de ce
programme de Master ; Mes frères et soeurs qui m'ont apporté leur
soutien moral au cours de cette période : Meudjeu Sylviane Joelle,
Mokeng Sophie Vanina, Magne Elodie Michèle, Kuetagu Willy Gael, Fosso
Hilaire, Ngoula Yvone, Kamgan Silenou Brice Gauthier, Dongue Nintedem Pelagie,
Jeazet Charlie et tous ceux qui se reconnaitront dans ce travail ; Je vous dis
un merci infini : que DIEU vous rende le fruit de votre sacrifice consenti
à mon égard au centuple. Lui seul a le dernier mot.
Enfin, je remercie tous mes Camarades de la FASA, Ceux de
Master II en Gestion de l'environnement promotion 2014, mes camarades
Stagiaires avec qui j'ai séjourné à Yokadouma et dans les
villages autour du Parc National de Boumba Bek (Abessolo Jean Pierre, Mbezele
Ngaba Junior, Nguilo Sandrine, Ngapout Adamou, Akagou Loic, Fapa Clementine,
etc.). Tout est Grâce, et tout repose entre les mains du
Créateur.
TABLE DES MATIERES
DEDICACES
i
iv
REMERCIEMENTS ii
TABLE DES MATIERES iv
LISTE DES TABLEAUX vii
LISTE DES FIGURES viii
LISTE DES ABREVIATIONS x
RESUME xi
ABSTRACT xii
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION 1
1 .1. Généralités 1
1. 2. Problématique 2
1.3. Objectifs de l'étude 4
1 3.1 Objectif global 4
1 3.2 Objectifs spécifiques 4
1.4 Hypothèses 4
1.4.1 Hypothèse principale 4
1.4.2 Hypothèses secondaires 4
1.5. Importance de l'étude 5
1.6 Limites de l'étude 5
CHAPITRE 2 : CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LITTERATURE 6
2.1 Définition des concepts 6
2.2 . Revue de la Littérature 10
2.2.1 Changements climatiques au Cameroun et adaptation 10
2.2.2 Adaptation aux changements climatiques 13
2.2.3 Vulnérabilité des secteurs qui
dépendent des ressources naturelles et du climat 14
2.2.4 Augmentation de la fréquence et de
l'intensité de chaleur 15
2.2.5 Changements climatiques et fragilisation des
écosystèmes 15
V
2.2.6 Peuples autochtones 15
2.2.7 Stratégies indigènes d'adaptation aux
changements climatiques 17
2.2.8 Savoirs traditionnels et changements climatiques 18
2.2.9 Peuples autochtones et changements climatiques 18
CHAPITRE 3 : MATERIELS ET METHODES 19
3.1 Localisation et description de la zone d'étude 19
3.1.1 Localisation de la zone d'étude. 19
3.1.2 Ressources biophysiques 22
3.1.3 Données démographiques,
socioéconomiques et socioculturelles 25
3.2 Méthodologie 26
3.2.1 Collecte des données secondaires 26
3.2.2 Collecte des données primaires 26
3.2.3 Chronologie des Activités menées 28
3.2.3.1 Evaluation de l'ampleur des changements climatiques
autour du PNBB 28
3.2.3.2 Mise en application de la Méthode CLIP 28
3.2.3.3 Détermination de la perception des
Changements Climatiques par les populations
autochtones et des communautés locales autour du PNBB
29
3.2.3.4 Evaluation de l'impact des Changements Climatiques
sur les activités des PACL
et les diverses méthodes mises en place par ceux-ci pour
s'y adapter 30
3.2.4 Analyse et interprétation des données
collectées 30
CHAPITRE 4 : RESULTATS ET DISCUSSIONS 32
4.1 Evaluation de l'ampleur des Changements Climatiques autour du
PNBB 32
4.1.1 Variations des températures de 1971 à 2014
32
4.1.2 Variations des précipitations de 1951 à 2014
36
4.2. Perception des Changements Climatiques par les PACL 42
4.2.1 Description de la population échantillonnée
42
4.2.2 Perception du phénomène de CC par les PACL
autour du PNBB. 46
4.2.3 Perception des déterminants du climat par les PACL
autour du PNBB 51
4.3 Impact des Changements Climatiques sur les activités
des PACL 52
vi
4.3.1 Etat des ressources naturelles exploitées par les
PACL 52
4.3.2 Influence des changements climatiques sur les
activités des PACL autour du PNBB.
56
4.4. Stratégies d'adaptation aux changements climatiques
mises en place par les PACL 61
4.4.1 Stratégies d'adaptation des PACL face aux
impacts des CC sur les activités
Agricoles 61
4.4.2 Stratégies d'adaptation des PACL face aux
impacts des CC sur les activités de
Cueillette 66
4.4.3 Stratégies d'adaptation des PACL face aux
impacts des CC sur les activités de
chasse 67
4.4.4 Stratégies d'adaptation des PACL face aux
impacts des CC sur les activités de
pêche 69
4.4.5 Stratégies d'adaptation des PACL face aux
impacts des CC dans les autres secteurs
70
CHAPITRE. 5 : CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS 74
5.1. Conclusions 74
5.2. Recommandations 77
BIBLIOGRAPHIE 80
VII
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Récapitulatif des méthodes
utilisées 27
Tableau 2: Températures moyennes de la station de
Yokadouma de 1971 à 2014 32
Tableau 3 : Variation des écarts entre les
températures par décennies 34
Tableau 4: Test de régression des températures
en fonction des années de 1971 à 2014 34
Tableau 5 : Analyse de la variance des données de
températures collectées 35
Tableau 6 : Test de Student sur l'ensemble des données
de température 35
Tableau 7: Précipitations totales annuelles par
décennie de 1951 à 2014 37
Tableau 8 : Variations des précipitations par
décennies de 1951 à 2014 37
Tableau 9 : Test de régression des
précipitations en fonction des années de 1951 à 2014 40
Tableau 10 : Analyse de la variance des précipitations
de 1951 à 2014 à partir du modèle de
régression. 40
Tableau 11: Répartition des personnes
interviewées par village 42
Tableau 12 : Répartition des personnes
interviewées par Ethnies 43
Tableau 13 : Répartition de la population
échantillonnée par village et par ethnie 44
Tableau 14: Répartition de la population
échantillonnée par genre et par classe d âge 44
Tableau 15: Activités exercées par les PACL
interviewées 45
Tableau 16: Perceptions des changements climatiques par les
PACL autour du PNBB 47
Tableau 17: Différents paramètres qui
déterminent le climat perçus par les PACL
interviewées 52
Tableau 18 : Liste des Animaux cités par les PACL qui
sont menacés de disparition 55
Tableau 19: Liste des PFNL influencés par les CC
cités par les PACL interrogées 58
Tableau 20: Stratégies d'adaptations des PACL dans le
domaine agricole 61
Tableau 21: Liste des arbres à chenilles comestibles
64
Tableau 22 : Liste des réponses apportées par
les PACL interrogées sur les méthodes
d'adaptation face à la réduction de l'abondance
des PFNL 67
Tableau 23: Liste des méthodes indigènes
d'adaptation face à la réduction de l'abondance du
gibier 68
VIII
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Réseau national des aires
protégées du Cameroun (MINFOF, 2008) 19
Figure 2 : Carte de localisation du PNBB dans la région
du Sud-Est Cameroun (WWF 2010)
21
Figure 3 : Diagramme ombrothermique de Yokadouma dans le
Sud-Est Cameroun (CFC
2003) 22
Figure 4: Carte des villages investigués
(adaptée par l'auteur) 29
Figure 5: Evolution des températures moyennes annuelles
de Yokadouma de 1971 à 2014 33
Figure 6 : Courbe d'évolution de la température
par décennie de 1971 à 2014 33
Figure 7 : Précipitations annuelles moyennes par
décennie de 1951 à 2014 38
Figure 8 : Nuage de points des précipitations moyennes
annuelles de 1951 à 2014 39
Figure 9 : Variation des précipitations de la station
de Bertoua de 1961 à 2005 (CNMC, 2007)
41
Figure 10 : Variation du nombre de jours de pluies par an de
1961 à 2000 (CNMC, 2007) 41
Figure 11 : Répartition de la population
échantillonnée par Ethnie 43
Figure 12 : Autres activités pratiquées par les
PACL échantillonnés 46
Figure 13 : Fréquence des réponses sur la
perception du phénomène des CC 47
Figure 14 : Perception des changements climatiques par classe
d'âge 49
Figure 15 : Causes des changements climatiques perçus
par les PACL 50
Figure 16 : Causes des changements climatiques en fonction des
ethnies PACL interrogées 51
Figure 17 : Etat actuel de la végétation
perçue par les PACL 52
Figure 18 : Perceptions sur l'état actuel de la faune
53
Figure 19 : Perceptions sur l'état actuel de la
ressource en poissons 53
Figure 20 : Perceptions sur l'état de l'agriculture
dans la zone 54
Figure 21 : Fèves de cacao séchées en
plein air par les PACL 57
Figure 22: Photos des divers PFNL cités par les PACL
interrogées 59
Figure 23 : Champs en Polyculture des PACL (champ Nkounabembe
et plantation Baka) 63
Figure 24 : Polycultures mixtes 63
Figure 25: Chenilles comestibles qui annoncent le début
effectif de la saison des pluies 64
ix
Figure 26 : Elevage porcin des Nkounabembe autour du PNBB
69
Figure 27 : Zones de pêche des PACL autour du PNBB 69
Figure 29 : Femme Baka ménagère 70
Figure 30 : Construction des huttes Bakas simple à
gauche et solide à droite 71
Figure 31 : Baka consommant les amandes de mangue sauvage
71
Figure 32 : Consommation de l?eau des lianes de forêt
par un Nkounabembé 71
X
LISTE DES ABREVIATIONS
CC : Changements Climatiques
CCNUCC : Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques
CLIP : Consentement Libre, Informé et Préalable
CNMC : Centre National de Météorologie et de
Climatologie du Cameroun.
GES : Gaz à Effet de Serre
GIEC : Groupe d'Experts Intergouvernementaux sur l'Evolution du
Climat
GIZ-ProPSFE : Geselshalf fur International Zuzamenarbeit :
Programme Sectoriel Foret-Environnement.
MINFOF : Ministère des Forêts et de la Faune
MINEPIA : Ministère de l'Elevage, des Pêches et des
Industries Animales MINADER : Ministère de l'Agriculture et du
Développement Rural
MINEPDD : Ministère de l'Environnement, de la Protection
de la Nature et du Développement Durable.
PACL : Peuples Autochtones et Communautés Locales PFNL :
Produits Forestiers Non Ligneux
PNBB : Parc National de Boumba-Bek
REDD+ : Réduction des Emissions dues à la
Déforestation, à la Dégradation des Ecosystèmes
forestiers, y compris la conservation, la gestion durable des forêts et
l'augmentation des stocks de carbone forestiers dans les pays en
développement.
SET : Savoirs Ecologiques Traditionnels
UTO Sud-Est : Unité Technique Opérationnel du Sud
Est Cameroun ZICGC : Zone d'Intérêt Cynégétique
à Gestion Communautaire
xi
RESUME
L'étude des stratégies indigènes
d'adaptation aux changements climatiques autour du parc national de Boumba Bek
(Est Cameroun) s'est déroulée de Mai à Octobre 2014.
L'objectif global était de contribuer au développement des
stratégies d'adaptation aux changements climatiques à travers
l'amélioration des connaissances sur les stratégies
indigènes (la perception sur les changements observés, leur
impact et les méthodes indigènes d'adaptations). La
méthodologie a consisté d'une part, à considérer
des données de températures et de précipitations sur au
moins 30 années, collectées à Yokadouma. D'autre part, un
échantillonnage aléatoire simple a permis de sélectionner
huit villages parmi les 22 qui entourent le PNBB. 216 personnes appartenant
à quatre ethnies (Bakas, Bangando, Nkounabembe et Mvongvong) ont
été interrogées.
Des analyses effectuées d'une part sur les
données considérées, il ressort que la moyenne
générale des températures annuelles (24,72°C
#177;0,59°C), a augmenté de plus de 0,5°C en 44 ans
(1971-2014) avec une différence significative (r= 0,801 ; s=0,001 <
p=0,05). Par contre, les précipitations moyennes annuelles (1574,23
#177;178,97mm) ont évolué stablement sur une période de 64
ans (1951-2014), malgré la diminution apparente de 2,72% par
décennie, et une oscillation entre un maximum de 2140,5 mm
(décennie 2) et un minimum de 1331,5 mm (décennie 5). Les
variations observées sur l'ensemble des précipitations annuelles
moyennes ne sont pas statistiquement significatives (r=0,411 ; s=0,000 <
p=0,05).
D'autre part, il ressort que 16 perceptions différentes
du phénomène de changement climatique ont été
citées : l'augmentation de la chaleur et la perturbation du rythme des
saisons en sont les principales. Les PACL interviewées relèvent
une fréquence élevée de phénomènes
climatiques extrêmes (sècheresse, inondations, tempêtes,
etc), ce qui affecte leurs activités. Comme stratégies
d'adaptation en agriculture, les PACL optent pour une diversification encore
plus élevée des cultures et la domestication de certaines
espèces sauvages. Un système de prévision du début
effectif et de la fin des saisons, basé sur les savoirs traditionnels a
été mis en place. En ce qui concerne la cueillette, les
pygmées Baka optent pour une sédentarisation progressive. Il est
observé un changement de techniques de chasse et une reconversion des
chasseurs soit en agriculteurs, soit en éleveurs. Concernant la
pêche, les méthodes traditionnelles ont été
améliorées. Dans l'ensemble, certaines techniques traditionnelles
relevant des stratégies indigènes d'adaptation s'avèrent
efficaces ; mais face à l'ampleur du phénomène, il est
principalement recommandé au gouvernement, d'associer les savoirs
traditionnels des PACL aux connaissances scientifiques en vue d'élaborer
des stratégies d'adaptation durables.
Mots Clés : Perception, Changements
Climatiques, Adaptation, Savoirs traditionnels, Parc National de Boumba Bek,
Peuples Autochtones et Communautés Locales (PACL).
XII
ABSTRACT
The study of the indigenous adaptation strategies to climate
changes was carried out from May to October 2014. The main objective was to
contribute to the development of adaptation strategies by the amelioration of
knowledge on the adaptation strategies developed by indigenous communities (the
perceptions on climate changes, their impacts on the activities and the
indigenous adaptation methods). As methodology, datas on temperatures and
precipitations collected by the CNMC for a minimum period of 30 years have been
considered on one side. On the other side, a simple random sampling to select 8
villages over 22 around the National park, and 216 peoples belonging to four
different communities (Bakas, Mbimo, Nkounabembe and Mvong Mvong) have been
done.
As results, annual means temperature (24.72°C
#177;0.59°C) has increased of about 0.5°C on the overall period of 44
years (1971 to 2014) with a significant difference (r=0.801; S=0,001 <
p=0.05). At contrary, annual means of precipitations (1574.23 #177;178.97mm)
has been stable on a period of 64 years (from 1951 to 2014), even if there is
an apparent diminution of about 2.72% per decade from 1951 to 2014 varying from
a maximum of 2140.5 mm (decade 2) to a minimum of 1331.5 mm (decade 5). The
observed variations on the precipitations datas is not significant (r=0.411,
S=0,000 < p=0.05).
Climate change is real and well perceived by indigenous
peoples who stated 16 different perceptions: the increasing of heat and an
abnormal occurrence of seasons were the mains perceptions stated. They mention
the occurrence of extreme climate phenomenon like drought, dryness, floods and
storms on a high frequency, which affects their activities. As adaptation
strategies in agriculture, indigenous people have increase agricultural
diversification and the domestication of wild varieties. A system for the
prevision of the beginning and the end of the seasons using traditional
knowledge has been developed. For the picking activities, the progressive
settling of Baka pygmies has been observed. There is a change in hunting
techniques and in the main activities of indigenous people, being farmers or
stocks breeders. The traditional methods of fishing techniques have being
ameliorated. These indigenous strategies are limited, but the indigenous
knowledge is of extreme importance, considering high vulnerability of rural
communities with limited resources to adapt. As main recommendation, government
must strive to integrate traditional knowledge with scientific practices in
order to have sustainable adaptation measures.
Key Words: Perceptions, Climate changes,
Adaptation, Traditional knowledge, National Park of Boumba Bek, Indigenous
communities.
1
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION
1 .1.
Généralités
Les changements climatiques demeurent l'une des principales
préoccupations de la communauté internationale suite aux
aléas climatiques à travers le monde (CCNUCC, 2006a). Selon le
quatrième rapport d'évaluation source du groupe d'experts
intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), la concentration
actuelle du CO2 est la plus forte jamais rencontrée depuis les 420 000
dernières années, et le taux d'accroissement enregistré au
siècle dernier est sans précédent depuis au moins 20 000
ans (GIEC, 2007). Par ailleurs, la vitesse du réchauffement
observé (plus d'un demi-degré Celsius en un siècle sur le
globe) et attendu (de 1,1 °C au mieux à 6,4 °C au pire, en
moyenne globale, entre 1990 et 2100) est cent fois plus élevée
que la vitesse moyenne des variations naturellement imprimées au climat
du globe terrestre (quelques degrés en 10 000 ans chaque fois) (Berger,
2006). Il est ainsi très probable (de 90 à 99 % de
probabilité) que le dérèglement climatique provoquera des
vagues de chaleur plus longues et plus intenses, avec une
élévation particulière des températures nocturnes
et que sur de nombreuses régions, les précipitations seront plus
intenses et plus variables avec des inondations, tempêtes de vents et des
périodes de sècheresse plus longues (GIEC, 2007).
L'Afrique demeure la région la plus vulnérable
aux impacts défavorables du changement climatique, et n'a qu'une faible
capacité d'adaptation. On estime qu'en Afrique, au cours du XXe
siècle, le réchauffement était compris entre 0,26 et 0,5
°C (Hulme et al., 2001). Cette tendance est destinée
à se poursuivre, voire à s'intensifier sensiblement,
exerçant des effets négatifs sur les moyens d'existence des
Populations (Tadjuidje et al., 2012). D'après le Groupe
d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC, 2007), un
scénario d'émissions moyennes à élevées
impliquerait une augmentation de la moyenne annuelle des températures de
l'air superficiel comprise entre 3 et 4 °C d'ici à 2080. Cela
signifie l'arrivée de temps durs pour les populations locales qui sont
directement tributaires des ressources naturelles pour leurs moyens
d'existence, et qui ne possèdent guère d'avoirs ou de
connaissances techniques pour s'adapter aux changements à venir (Malhi
et Wright, 2004).
Le bassin du Congo, principal massif forestier d'Afrique avec
près de 1,8 million de Km2, et deuxième plus grand
réservoir de biodiversité forestière au monde après
l'Amazonie, subit les effets néfastes des changements climatiques (CSC,
2013). Les forêts du basin du Congo sont extrêmement importantes
pour le stockage du carbone atmosphérique rejeté dans le monde
entier et pour le cycle global de l'eau à travers le recyclage local de
l'eau (Haensler A. et al., 2013). Une évaluation des
changements climatiques dans le Bassin du Congo et les
2
scénarii possibles pouvant se produire au cours du
21ème siècle, menée par le Climate Service
Center en collaboration avec la GIZ et l'Université de Wageningen,
révèle que les changements projetés de la tombée
des pluies devront concourir à une diminution générale de
la quantité d'eau dans la région et une fréquence
relativement élevée des périodes de sècheresse
à l'avenir (Beyene T. et al., 2013). La situation
géographique du Cameroun, caractérisée par une large gamme
de types climatiques et par là d'écosystèmes, fait que
certaines régions du pays sont particulièrement exposées
aux effets des CC (la région du Littoral et celle de l'Extrême
Nord); mais devraient par contre lui donner les possibilités
d'améliorer sa résilience (Tadjuidje et al., 2012).
La sécheresse, l'avancée du désert, la
baisse des rendements agricoles, les attaques des plantations et du
bétail par de nouvelles pestes et maladies, l'aridité des terres
agricoles, le changement du rythme des saisons et des régimes des cours
d'eau, la réduction du couvert forestier, augmentent la
vulnérabilité des populations Autochtones et Communautés
Locales Africaines (Gyampoh et al., 2007). Mais celles-ci, notamment
au niveau local, s'efforcent de faire face aux changements qu'elles observent,
en développant des stratégies indigènes basées sur
les savoirs traditionnels transmis de générations en
générations (Gyampoh et al., 2007).
1. 2. Problématique
La région de l'Est Cameroun est très importante
en termes de biodiversité et de richesse en ressources naturelles. C'est
l'une des régions phares pour tous les grands projets au Cameroun,
notamment pour l'exploitation minière (l'or de Betare Oya, le fer de
Mbalam, la bauxite de mini martap, etc.), les grands barrages
hydroélectriques (Lom pangar), et surtout l'exploitation
forestière avec plus de 30 sociétés forestières
installées. Elle comporte également un grand réseau
d'aires protégées parmi lesquels le Parc National de Boumba Bek
qui fait face aux pressions des populations riveraines qui vont de plus en plus
s'approvisionner dans la réserve en PFNL lorsqu'ils deviennent de plus
en plus rares dans les zones tampons (forêts communautaires, ZIGGC, et
forêts des villages riverains...).
Cette région compte plusieurs groupes de population
autochtone parmi lesquels les Pygmées Bakas qui sont les peuples
indigènes les plus représentés dans les milieux forestiers
et dont la marginalisation est de plus en plus reconnue au Cameroun. Ces
peuples qui jadis se localisaient uniquement dans la zone forestière se
retrouvent de plus en plus dans les zones urbaines, abandonnant ainsi leurs
savoirs traditionnels au profit de la modernité, ce qui constitue une
menace pour la conservation de la biodiversité, mieux entretenue et
mieux gérée par les PACL (Gyampoh, et al., 2007).
3
Bien que les PACL mettent en place des méthodes
indigènes pour s'adapter aux changements climatiques, basées sur
leurs savoirs traditionnels, celles-ci ne sont pas connues des autorités
en charge des politiques d'adaptation ; alors qu'elles pourraient servir de
base solide pour les stratégies d'adaptation durables.
Le problème central qui se pose dans le cadre de cette
étude est que les savoirs traditionnels des PACL qui constituent la base
des stratégies indigènes d'adaptation aux changements climatiques
ne sont pas connus des autorités en charge de l'élaboration des
plans d'actions nationaux d'adaptation aux changements climatiques. D'où
la nécessitée de déterminer :
Quelles sont les stratégies indigènes
d'adaptation aux changements climatiques autour du parc national de Boumba Bek
?
L'examen des questions secondaires ci-dessous permet de mieux
répondre à la principale :
- Quel est l'ampleur des changements climatiques autour du PNBB
?
- Quelle est la perception des CC par les PACL vivant autour du
PNBB ? - Quel est l'impact des CC sur les activités des PACL ?
- Quelles sont les méthodes élaborées par
ceux-ci pour s'y adapter?
4
1.3. Objectifs de l'étude
1 3.1 Objectif global
L'objectif global de cette étude est de contribuer au
développement des stratégies d'adaptation durables aux
changements climatiques à travers l'amélioration des
connaissances sur les stratégies indigènes existantes.
1 3.2 Objectifs spécifiques
Plus spécifiquement, il est question de :
- Evaluer l'ampleur des changements climatiques autour du Parc
National de Boumba Bek,
- Déterminer la perception des changements climatiques
par les populations autochtones et communautés locales (PACL),
- Evaluer l'impact des changements climatiques sur leurs
activités
- Faire un état des lieux des différentes
méthodes élaborées par les PACL pour s'y adapter.
1.4 Hypothèses
Les hypothèses suivantes ont été faites :
1.4.1 Hypothèse principale
L'utilisation des savoirs traditionnels dans les
méthodes d'adaptation est la principale stratégie d'adaptation
des PACL face aux changements climatiques. Cette hypothèse est faite sur
la base d'une étude menée par Gyampoh et al. en 2007
autour du lac offin au Ghana. De cette étude, il ressort que les peuples
autochtones s'adaptent aux changements climatiques sur la base de leurs
connaissances traditionnelles et des enseignements tirés du vécu
quotidien (Gyampoh, et al., 2007).
1.4.2 Hypothèses secondaires
- Les températures ont augmenté d'au moins
0,5°C et les précipitations ont diminués d'au moins 2%
par décennie au cours des quatre dernières décennies.
Cette hypothèse est basée sur une étude menée par
Molua et al., en 2007 qui trouvent que l'augmentation des
températures de 0,5°C en quatre décennies et une baisse du
volume et de la prévisibilité des précipitations de 2% par
décennie sont à l'origine de la hausse du paludisme au Cameroun
depuis 1960. (Molua et Lambi 2007).
5
- Les PACL perçoivent clairement les changements de
leur environnement sur les
trente dernières années. Cette hypothèse
est donnée sur la base d'une étude sur la
vulnérabilité au Cameroun menée par Tadjuidje et al.
en 2012 qui ressort les différentes perceptions des CC par les
communautés dans les différentes zones Agro écologiques du
Cameroun.
- Le principal impact des Changements Climatiques sur les PACL
autour du parc
national de Boumba Bek a été la réduction
de l'abondance des PFNL. Cette hypothèse ressort d'une analyse faite par
Locatelli et al. en 2008 sur la prise en compte de l'adaptation des
communautés dans l'élaboration des politiques environnementales
au Cameroun (Locatelli et al., 2008).
- Les méthodes d'adaptation mises en place par les PACL
varient en fonction du niveau
de perception du phénomène par la
communauté ou l'individu. Cette remarque a été faite
à l'issue d'une étude sur la perception du
phénomène des CC et les mesures d'adaptation mises en place dans
la gestion des parcs à karité au nord du Benin menée par
Gnangle et al. en 2012.
- La sédentarisation progressive des Bakas est l'une
des méthodes d'adaptation aux
effets des conditions changeantes de leur environnement. Cette
hypothèse est tirée d'une étude menée par Defo en
2006 sur les pygmées Bakas autour du PNBB.
1.5. Importance de l'étude
Sur le plan scientifique, les résultats de cette
étude contribueront à enrichir la littérature sur les
stratégies adaptatives mises en place par les peuples autochtones et
communautés locales face au phénomène des changements
climatiques.
Sur le plan pratique, ces résultats pourront être
utilisés comme ressource dans l'élaboration des stratégies
nationales d'adaptation, pour amener les autorités à tenir compte
des savoirs traditionnels des peuples autochtones et communautés
locales.
1.6 Limites de l'étude
Le temps alloué n'a pas permi de collecter plus de
données et s'étendre sur d'autres aspects tels que la
dégradation des forêts, les services écosystémiques
affectés par les changements climatiques observés, ainsi que les
aspects liés aux flux de carbone dans la zone d'étude.
6
CHAPITRE 2 : CADRE CONCEPTUEL ET REVUE
DE LITTERATURE
Le cadre théorique de cette recherche repose sur le
fait que les changements climatiques affectent principalement les peuples
autochtones qui vivent dans les zones forestières, et sont
vulnérables aux effets de ces changements. Cette étude met en
perspective des relations entre d'une part la perception des variations
entrainant les changements climatiques et l'impact de ces variations sur leurs
activités, et d'autre part les méthodes mises en place pour
s'adapter aux changements climatiques chez les PACL. Pour ce faire,
l'étude part du constat que des stratégies adaptatives aux
changements climatiques ne seront appliquées par les peuples autochtones
que s'ils perçoivent clairement l'existence du phénomène.
Une perception faussée peut conduire à des comportements
inappropriés en termes d'adaptation. Par contre, une bonne perception du
phénomène peut conduire à de meilleures stratégies
adaptatives.
Dans la théorie, les PACL proposeraient de meilleures
stratégies d'adaptation si elles étaient basées sur leurs
savoirs traditionnels. Plus la méthode d'adaptation sera externe aux us
et coutumes des PACL, moins elle trouvera du succès auprès de
ceux-ci dans son Adoption. Il est donc important de caractériser les
méthodes d'adaptation propres à ces populations et
communautés afin de voir, dans la mesure du possible, comment s'en
inspirer dans le cadre d'une stratégie d'adaptation durable qui tient
compte des savoirs traditionnels des peuples autochtones.
2.1 Définition des concepts
Adaptation : désigne un
processus d'ajustement des systèmes écologique, social et
économique à un risque climatique constaté ou
anticipé, à ses effets et ses impacts. Il représente un
changement de procédures, de pratiques et de structures visant à
limiter ou effacer les dommages potentiels ou à tirer
bénéfice des opportunités créées par les
changements climatiques afin de réduire la vulnérabilité
de certaines communautés de leur milieu, régions ou
activités (Smith, Ragland et Pitts, 1996). La planification et
l'intervention, en matière d'adaptation aux changements climatiques,
doivent tenir compte de l'incertitude inhérente aux prévisions
climatiques et de leurs incidences sur les systèmes naturels et les
collectivités humaines.
L'adaptation aux changements climatiques ou
au dérèglement climatique désigne les stratégies,
initiatives et mesures individuelles ou collectives (entreprises, associations,
collectivités, etc.) visant, par des mesures adaptées, à
réduire la vulnérabilité des systèmes
7
naturels et humains contre les effets réels ou attendus
des changements climatiques. Ces stratégies sont complémentaire
des stratégies d'atténuation, qui visent à moins
émettre de gaz à effet de serre et à restaurer ou
protéger les capacités de puits de carbone des
écosystèmes ou agro écosystèmes.
L'efficacité d'une méthode d'adaptation aux CC est
évaluée par le niveau de précision que la méthode
offre pour une prise de décision; la capacité de la
méthode à aborder les incertitudes liées à
l'ampleur des impacts des changements climatiques, à leur
répartition dans le temps et l'espace ; la disponibilité des
données de la méthode d'adaptation; la disponibilité des
ressources pour la méthode d'adaptation (Tadjuidje et al., 2012 ;
Tsalefack, 2013).
Aléa : Phénomène,
manifestation physique ou activité humaine susceptible d'occasionner des
pertes en vies humaines ou des blessures, des dommages aux biens, des
perturbations sociales et économiques ou une dégradation de
l'environnement (chaque aléa est entre autres caractérisé
en un point donné, par une probabilité d'occurrence et une
intensité données).
Atténuation : Intervention anthropique
pour réduire les sources ou augmenter les puits de gaz à effet de
serre.
Capacité d'adaptation :
Capacité d'ajustement d'un système face aux changements
climatiques (y compris à la variabilité climatique et aux
extrêmes climatiques) afin d'atténuer les effets potentiels,
d'exploiter les opportunités ou de faire face aux conséquences.
»
Climat est définit comme l'ensemble
des phénomènes (pression, température, humidité,
précipitations, ensoleillement, vent, etc.), qui caractérisent
l'état moyen de l'atmosphère et de son évolution (pendant
au moins 30 ans) en un lieu donné. Il diffère en cela du terme
'temps'' utilisé pour indiquer l'état
de l'atmosphère sur une période courte. La variabilité
naturelle du climat est suscitée par les fluctuations dans le temps de
l'énergie émise par le soleil ou venant d'autres
éléments du système climatique, le positionnement des
masses d'air, les éruptions volcaniques, les changements dans la
distribution des courants océaniques ou des températures à
la surface des mers (TSM), dont l'une des expressions les plus importantes est
connue sous le terme ENSO (El Niño - Southern Oscillation).
Au-delà de cette variabilité naturelle du climat, on note que
depuis le début de l'ère industrielle, la température de
la planète montre une tendance à la hausse qui n'est pas
expliquée par les raisons évoquées plus haut ; c'est ce
qu'on a appelé "changement climatique" (Sighomnou, 2004).
Changements climatiques : Les changements
climatiques désignent une variation statistiquement significative de
l'état moyen du climat ou de sa variabilité persistant pendant
8
de longues périodes (généralement,
pendant des décennies ou plus). Les changements climatiques peuvent
être dus à des processus internes naturels, à des causes
externes, ou à des changements, d'origine anthropique, persistants de la
composition de l'atmosphère ou de l'affectation des terres (GIEC, 2007).
On notera que la Convention-cadre des Nations unies sur les changements
climatiques (CCNUCC), dans son Article 1, définit « changements
climatiques » comme étant des « changements de climat qui sont
attribués directement ou indirectement à une activité
humaine altérant la composition de l'atmosphère mondiale et qui
viennent s'ajouter à la variabilité naturelle du climat
observée au cours de périodes comparables. » La CCNUCC fait
ainsi une distinction entre les « changements climatiques » qui
peuvent être attribués aux activités humaines
altérant la composition de l'atmosphère, et la «
variabilité climatique » due à des causes naturelles.
(Sawadogo, 2010).
Les changements climatiques désignent
également une transformation à long terme du climat d'un lieu
donné, d'une région ou de la terre entière. Les
changements du climat sont mesurés par les changements qui se produisent
dans certaines ou la totalité des caractéristiques
associées au climat comme la température, le vent et les
précipitations. Une variabilité différente du climat
constitue également un changement du climat, même si les
conditions météorologiques moyennes ne changent pas (GIEC, 2007).
C'est une modification de la moyenne des paramètres
météorologiques (température, précipitations, vent)
qui définissent le climat ou sa variabilité. Changements qui sont
attribués directement ou indirectement à une activité
humaine altérant la composition de l'atmosphère mondiale et qui
viennent s'ajouter à la variabilité naturelle du climat
observée au cours de périodes comparables. Se
caractérisent généralement par la modification de
l'atmosphère, l'altération de la composition des
communautés naturelles, la perte de biodiversité (Tsalefack,
2013).
La variabilité climatique
désigne des variations de l'état moyen et d'autres
statistiques (écarts standards, phénomènes extrêmes,
etc.) du climat à toutes les échelles temporelles et spatiales
au-delà des phénomènes climatiques individuels. La
variabilité peut être due à des processus internes naturels
au sein du système climatique (variabilité interne), ou à
des variations des forçages externes anthropiques ou naturels
(variabilité externe) (GIEC, 2007).
Communautés autochtones :Les
communautés autochtones font référence aux
communautés Baka, Bagyeli, Bakola, Bedzang et Mbororo du Cameroun
(nomades), dont le terroir est couvert en tout ou en partie par la zone de
déroulement du processus ou de l'initiative REDD+, que celle-ci soit
dans un campement, dans un village, une ville ou une cité (DNCLIP,
2013).
9
Communautés locales : Le terme «
communautés locales » est assimilé à des populations
autres que les communautés autochtones (Baka, Bagyeli, Bakola, Bedzang
et Mbororo) dont le terroir est couvert en tout ou en partie par la zone du
déroulement du processus ou d'initiative REDD+, que celle-ci soit dans
un village, une ville ou une cité (Bantous, Bangando, Fang beti, Bulu,
Bamilékés, etc...) (DNCLIP, 2013).
Les Communautés mixtes sont encore
appelées Peuples Autochtones et Communautés Locales (PACL ou
Peuples Indigènes) (DNCLIP, 2013).
Consentement Libre Informé et Préalable
(CLIP) : c'est l'ensemble des approches, principes, critères et
indicateurs qui concourent à obtenir ou non un accord avec les PACL pour
la mise en oeuvre des projets, programmes ou études REDD+ visant ces
populations (DNCLIP, 2013).
Convention-cadre des Nations unies sur les changements
climatiques (CCNUCC) : La Convention a
été adoptée le 9 mai 1992 à New York et
signée en 1992 lors du Sommet de la terre à Rio de Janeiro par
plus de 150 pays et par la Communauté européenne. Son objectif
ultime est de « stabiliser les concentrations de gaz à effet de
serre dans l'atmosphère à un niveau qui empêche toute
perturbation anthropique dangereuse du système climatique ». Elle
contient des engagements pour toutes les Parties. Conformément à
la Convention, les Parties figurant à l'Annexe I visaient à
ramener les émissions de gaz à effet de serre non
réglementés par le Protocole de Montréal à leurs
niveaux de 1990 d'ici l'an 2000. La Convention est entrée en vigueur en
mars 1994.
Développement durable :
Développement qui répond aux besoins des
générations actuelles sans compromettre la capacité des
générations futures à satisfaire leurs propres besoins.
Prévention : Ensemble des dispositions
prises pour prévenir un danger ou un mal susceptible de produire des
dommages ultérieurs (DNCLIP, 2013).
Résilience : aptitude d'un
système (incluant les écosystèmes), d'une
collectivité ou d'une société potentiellement
exposés à des aléas à s'adapter, en
résistant ou en changeant, en vue d'établir et de maintenir des
structures et un niveau de fonctionnement acceptables (Morin, 2008).
Risque : Probabilité et magnitude
d'occurrence d'une perturbation ou d'un stress dans une région en un
temps donné.
10
Savoirs Traditionnels : Ensembles des
connaissances des peuples et communautés sur la base de leur
environnement et transmis de génération en
génération comme une tradition ou une coutume (DNCLIP, 2013).
Sécheresse : Phénomène
qui se produit lorsque les précipitations sont sensiblement
inférieures aux niveaux normaux enregistrés et qui provoque des
déséquilibres hydrologiques importants souvent
défavorables aux systèmes de production et aux ressources
terrestres. Il y a plusieurs façons de définir la
sécheresse (par exemple, sécheresse agricole, sécheresse
météorologique et sécheresse hydrologique). On
considère une sécheresse sérieuse comme une
sécheresse qui se répète de façon prolongée
et très répandue qui dure depuis beaucoup plus longtemps que la
normale, habituellement une décennie ou plus.
Sensibilité : « Degré
d'affectation positive ou négative d'un système par des stimuli
(liés au climat). L'effet peut être direct (modification d'un
rendement agricole en réponse à une variation de la moyenne, de
la fourchette ou de la variabilité de température, par exemple)
ou indirect (dommages causés par une augmentation de la fréquence
des inondations côtières en raison de l'élévation du
niveau de la mer, par exemple). » (Bohle et al., 1994).
Système climatique: un ensemble
englobant l'atmosphère, l'hydrosphère, la biosphère et la
géosphère, ainsi que leurs interactions (Tsalefack, 2013).
Vulnérabilité : «
Degré par lequel un système ou des communautés risquent de
subir ou d'être affecté négativement par les effets
néfastes des changements climatiques, y compris la variabilité
climatique et les phénomènes extrêmes. La
vulnérabilité dépend du caractère, de l'ampleur et
du rythme des changements climatiques auxquels un système est
exposé, ainsi que de sa sensibilité et de sa capacité
d'adaptation. » (Kasperson et al., 2000).
2.2 . Revue de la Littérature
2.2.1 Changements climatiques au Cameroun et adaptation
Au Cameroun, bien que les changements climatiques soient de
plus en plus perçus comme un enjeu important, les questions de
réduction de la pauvreté et de création d'emplois restent
les priorités les plus urgentes du gouvernement à l'heure
actuelle (Brown et al., 2010). Malgré la prise de conscience
des impacts liés aux changements climatiques, l'insuffisance
caractérisée des moyens d'adaptation à
ceux-ci est une réalité (Brown et al., 2010). De
nombreux facteurs le mettent en évidence : d'abord, l'absence de
données climatiques et leur
analyse, l'insuffisance des données sur les solutions
d'adaptation, la méconnaissance de l'adaptation parmi les parties
prenantes (autorités en charge des politiques d'adaptation et la
11
population), la faiblesse des capacités du personnel
dans les domaines de la planification, du suivi et de l'évaluation,
l'absence de mécanismes de communication et de gestion des informations
entre secteurs, l'inadaptation des capacités des institutions, le manque
d'intérêt à faire appliquer la loi sur les forêts et
l'absence de mesures incitatives favorisant cette application (Tieguhong et
Ndoye, 2007 ; Tieguhong et Betti, 2008).
Les actions suivantes permettront de faciliter la mise en
place de stratégies d'adaptation, notamment dans le secteur des
forêts : effectuer un bilan des risques et de la
vulnérabilité, développer la place de la gestion durable
des forêts dans l'adaptation aux changements climatiques,
améliorer la gestion des forêts et de la biodiversité pour
renforcer la résilience et limiter les risques et la
vulnérabilité, intégrer pleinement les changements
climatiques dans la gestion des forêts, créer un mécanisme
de financement plus robuste et plus fiable, agir en faveur du renforcement des
capacités et créer des emplois dans les collectivités
(Bele et al., 2009).
Au vu de tout ce qui précède sur le changement
climatique, le Gouvernement Camerounais a entrepris plusieurs actions dans les
différents secteurs de développement économique pour
s'accommoder aux changements futurs. Aussi, le Cameroun est fortement
concerné par les changements climatiques, en raison du caractère
planétaire de ce phénomène, qui nécessite une
action internationale.
Le Cameroun appartenant géographiquement au bassin du
Congo, le maintien des écosystèmes forestiers dans ce pays
revêt une importance extrême, car cette forêt joue un
rôle dans la séquestration du carbone et la régulation du
climat à l'échelle mondiale. Selon le rapport du PNUD 2012 sur la
vulnérabilité, Le Cameroun a établi dans sa communication
nationale initiale à la CCNUCC (CN1), un programme
détaillé de renforcement des capacités nationales, de
transfert des technologies adaptées et de mise en place des
mécanismes de compensation et de substitution ; et en 2002, il a
adopté le plan d'action national énergie pour la réduction
de la pauvreté.
Par ailleurs, le programme d'adaptation aux changements
climatique (PACC) s'inscrit dans le cadre de l'initiative « Cool Earth
Partnership », lancée par le Gouvernement Japonais qui
consacre un soutien de 92,1 millions de dollar américains aux mesures
d'adaptation dans 21 pays d'Afrique, dont le Cameroun.
Cependant, pour élaborer une stratégie
d'adaptation efficace, il faut comprendre la vulnérabilité du
Cameroun aux changements climatiques. Cette vulnérabilité est
définie par trois facteurs : la nature du changement climatique, la
sensibilité climatique du système ou de
12
la zone agro écologique en cause et la capacité
de s'adapter aux changements qui en résultent. En raison de la grande
diversité géographique, écologique et économique du
Cameroun, Afrique en miniature, ces facteurs varient considérablement,
tout comme la vulnérabilité aux changements climatiques. Dans de
nombreux cas, l'adaptation nécessitera d'accroître la
capacité de résistance d'un système afin qu'il soit
davantage en mesure d'affronter le stress.
En revanche, la littérature sur la pauvreté et
le développement met l'accent sur les conditions sociales,
économiques et politiques actuelles: mesure globale du bien être
humain qui intègre l'exposition d'ordre environnemental, social,
économique et politique à un éventail de
phénomènes néfastes (Bohle et al., 1994).
Le GIEC recommande une définition de la
vulnérabilité presque exclusivement reliée aux changements
climatiques: «degré selon lequel un système ou une
communauté est susceptible, ou se révèle incapable, de
faire face aux effets néfastes des changements climatiques, notamment
à la variabilité du climat et aux conditions climatiques
extrêmes ». La vulnérabilité est fonction de la
nature, de l'importance et du taux de variation climatique auxquels un
système se trouve exposé; de sa sensibilité, et de sa
capacité d'adaptation (
www.ipcc.ch/pub/syrgloss.pdf).
Comme le Cameroun est l'Afrique en miniature, le
réchauffement y sera probablement plus varié, en fonction des
zones agro écologiques. L'augmentation de la température variera
dans l'ensemble du pays, et le réchauffement sera plus grand dans
certaines régions. On prévoit aussi que le réchauffement
variera selon les saisons et fera varier la configuration des
précipitations, leur fréquence, la saisonnalité, et
causera des événements climatiques extrêmes.
Comme ces changements ne seront pas uniformes dans l'ensemble
du pays, les impacts varieront d'une région à l'autre. Il est de
plus en plus évident que le changement climatique est en train de se
produire. À l'échelle planétaire, la moyenne des
températures en surface a augmenté d'environ 0,6 °C au cours
du XXème siècle. En outre, le GIEC dans son quatrième
rapport a conclu que les précipitations annuelles, les fortes
précipitations, la couverture nuageuse et les températures
extrêmement élevées augmentent de façon manifeste
depuis au moins 50 ans (GIEC, 2007).
Au Cameroun, les ressources naturelles dont les forêts,
subissent de fortes pressions. L'agro-industrie, l'agriculture
itinérante sur brûlis, l'exploitation forestière et les
pratiques de gestion non durables ont des effets néfastes sur le couvert
forestier, sur le tissu socio-
13
économique et diminuent aussi la résilience de
l'environnement en augmentant sa vulnérabilité aux
conséquences de l'évolution climatique. Pour remédier
à cette situation, le gouvernement a mis en place plusieurs politiques
de gestion durable, dans la mesure où il a pris conscience qu'elles
constitueront la meilleure stratégie d'intervention pour contrer
l'évolution du climat et les autres problèmes écologiques
et socio-économiques qui se posent.
Cette stratégie est conforme aux principes
définis par l'article 3 de la CCNUCC, qui stipule que
l'élaboration de politiques et de mesures relatives au
développement durable par les parties prenantes permettra de
protéger les systèmes climatiques contre les perturbations
d'origine humaine, et que ces politiques et mesures devront être
intégrées dans les programmes nationaux de développement.
Les politiques du Cameroun relatives au développement durable sont
exposées dans le Document de stratégie de réduction de la
pauvreté (DSRP, 2003), dans le Document de stratégie de
développement du secteur rural (DSDSR) et dans le Document de
stratégie pour la croissance et l'emploi (DSCE). Un Comité
National pour le Mécanisme de Développement Propre (CN-MDP) a
été mis sur pied en 2006 et est en charge de la
règlementation et de la promotion du MDP au Cameroun. Ces politiques se
fondent sur les Objectifs du millénaire pour le développement des
Nations Unies, les objectifs du NEPAD et les politiques propres aux principaux
secteurs d'activité.
Une riposte efficace aux changements climatiques au Cameroun
exige une réponse sectorielle intégrée, qui s'appuie sur
les fondations jetées par les diverses dispositions législatives
existantes dans le domaine de l'environnement et des études approfondies
qui feront ressortir les stratégies développées par les
populations autochtones et communautés locales (PACL) pour s'adapter et
pour gérer les aléas des changements climatiques.
2.2.2 Adaptation aux changements climatiques
L'expression « adaptation aux changements climatiques
» fait référence à toute action qui réduit les
impacts négatifs des changements climatiques ou qui permet de tirer
profit des nouvelles occasions qui en découlent. Une adaptation
réussie ne veut pas dire qu'il n'y aura pas d'impacts négatifs,
mais plutôt que les composantes exposées seront moins
vulnérables à ces impacts que s'il n'y avait pas eu d'adaptation.
Pour réduire les impacts négatifs des changements climatiques, il
importe de : réduire les vulnérabilités des composantes
sensibles de la société et exposées aux effets
néfastes des changements climatiques (individus, communautés,
environnement bâti, activités économiques, environnement
naturel); et accroître la résilience des composantes de la
société aux facteurs de stress d'ordre climatique.
14
Au cours de l'histoire, les sociétés humaines
ont fait preuve d'une grande capacité d'adaptation à
différents climats de manière à diminuer leur exposition
aux aléas et à augmenter leur résilience. De même,
les écosystèmes s'adaptent à la variabilité du
climat. Néanmoins, ces adaptations plutôt « spontanées
» s'accompagnent souvent de pertes et de coûts importants. La
préparation et la mise en oeuvre d'une stratégie d'adaptation
visent principalement à réduire ces pertes et ces coûts et,
si possible, à tirer parti des situations nouvelles. Une adaptation
planifiée repose sur les éléments suivants :
établir et comprendre les enjeux prioritaires; développer la
connaissance des aléas susceptibles d'être engendrés ou
amplifiés par les changements climatiques; évaluer les
vulnérabilités de la société et de l'environnement;
acquérir les données et communiquer les informations dont ont
besoin les acteurs de l'adaptation; concevoir et mettre en oeuvre les
techniques et les technologies optimales; adapter les outils administratifs
(lois, règlements, politiques, directives, etc.) ainsi que les
structures organisationnelles.
La planification et l'intervention, en matière
d'adaptation aux changements climatiques, doivent tenir compte de l'incertitude
inhérente aux prévisions climatiques et de leurs incidences sur
les systèmes naturels et les collectivités humaines.
2.2.3 Vulnérabilité des secteurs qui
dépendent des ressources naturelles et du climat
Dans le secteur agricole, la température a une
influence considérable sur la performance et le rendement des
élevages et des cultures (Mvondo A., 2009). L'augmentation des
températures moyennes pourra d'abord entrainer une amélioration
des rendements agricoles à condition que les autres
éléments nécessaires aux cultures (eau,
éléments nutritifs) restent disponibles en quantités
suffisantes. Si les autres éléments sont moins abondants, elle
pourra entraîner une plus grande abondance des ennemis des cultures et
des forêts, modifier leur distribution et favoriser l'arrivée de
nouveaux ennemis. Les modifications des régimes hydriques, qui
influenceront les niveaux et la qualité de l'eau, sont susceptibles
d'accroître les conflits d'usages de l'eau à des fins domestiques,
agricoles et aquacoles. Une augmentation des événements
météorologiques extrêmes, pourrait amplifier
l'érosion des terres et mener à une diminution de la
qualité des sols et de leur potentiel agronomique. Dans le secteur
forestier, les changements climatiques sont susceptibles d'affecter les
régimes de perturbations naturelles, la biodiversité, la
croissance, la composition et la structure des peuplements forestiers.
Les augmentations prévues concernant la durée,
la fréquence et l'intensité des pluies auront un impact
significatif sur la fréquence des débordements des réseaux
d'égouts et leurs
15
effets indirects (refoulements, surverses en milieu naturel,
inondations de secteurs urbains) ou encore sur l'érosion
engendrée par le ruissellement des eaux (Boukong A., 2010). Ces
phénomènes représentent aussi un risque pour les
infrastructures municipales de drainage urbain et pour les prises d'eau potable
avec leur conséquence sur la santé.
Du côté des infrastructures routières, les
pluies diluviennes plus fréquentes et intenses solliciteront davantage
les systèmes de drainage (conduites pluviales et ponceaux), risquant
ainsi de créer des inondations (échangeurs, tunnels, routes,
etc.). Les sécheresses prolongées induiront une diminution du
contenu en eau des sols et seront à l'origine de
phénomènes de tassement et d'instabilité pouvant
fragiliser les infrastructures.
2.2.4 Augmentation de la fréquence et de
l'intensité de chaleur
Les vagues de chaleur entraîneront des effets directs et
indirects sur la santé des personnes. La fréquence accrue des
canicules modifiera l'abondance et la qualité des ressources hydriques,
ce qui posera un risque supplémentaire pour la qualité de vie des
populations. Les nouvelles conditions climatiques seront aussi propices
à la transmission de maladies zoonotiques, c'est-à-dire des
maladies qui peuvent se transmettre de l'animal à l'homme. Signalons
également que les vagues de chaleur amplifient les effets
néfastes de la pollution atmosphérique sur la santé, en
accentuant la nocivité des polluants et en diminuant la capacité
du corps humain à y résister (Molua et al, 2007).
2.2.5 Changements climatiques et fragilisation des
écosystèmes
Les milieux naturels procurent une vaste gamme de services
à la société tels que les services d'approvisionnement
(l'eau, la nourriture et les matériaux), les services de
régulation (le contrôle du climat et des maladies, infiltration et
filtration des eaux de pluie), les services culturels (la pratique des rites
traditionnels, la récréation, le tourisme et l'esthétisme)
et finalement les services de soutien (le cycle de l'eau, la production
d'oxygène, la formation des sols). Conséquemment, plusieurs
impacts potentiels des changements climatiques sur les
écosystèmes terrestres et aquatiques pourraient avoir des
répercussions sur les sociétés et sur leurs
activités socioéconomiques. Il importe donc de maintenir au mieux
les fonctions des écosystèmes et les bénéfices
qu'ils procurent (Ajonina G., 2014).
2.2.6 Peuples autochtones
Dans les débats parlementaires portant sur la
révision constitutionnelle du 18 janvier 1996 au Cameroun, le terme
autochtone renvoie aux natifs d'une zone par opposition aux étrangers,
ou encore, par opposition à ceux qui ne sont pas natifs d'une zone.
16
Pour CED et al., 2010, dans le contexte des
développements en droit international et régional et relatif
à la protection des droits des peuples autochtones, certains Etats
africains, dont le Cameroun, ont exprimé une position selon laquelle
tous les Africains seraient autochtones, et cela en perspective avec la
colonisation européenne de l'Afrique. Pour ces auteurs, en admettant que
la compréhension du terme peuples autochtones varie d'un Etat à
l'autre et selon les régions, on devrait plutôt porter toute
l'attention sur les approches récentes qui se concentrent sur l'auto
définition en tant qu'autochtones distincts des autres groupes à
l'intérieur d'un Etat ; sur l'attachement spécial et
l'utilisation de leur patrimoine traditionnel par lesquels leurs terres et
territoires ancestraux ont une importance capitale pour leur survie physique et
culturelle en tant que peuples ; sur une expérience d'assujettissement,
de marginalisation, d'expropriation, d'exclusion ou de discrimination parce que
ces peuples ont des cultures, des modes de vie ou de production
différents du modèle hégémonique et dominant de la
majorité nationale (DNCLIP, 2013).
Selon la Commission Africaine des droits de l'Homme et des
Peuples (CADHP), il n'existe pas de consensus global sur une définition
universelle et il n'est d'ailleurs pas souhaitable ni nécessaire qu'une
telle définition existe. Elle pense qu'il est plutôt pertinent et
constructif d'essayer de définir les caractéristiques majeures
qui peuvent permettre d'identifier qui sont les peuples et communautés
autochtones. Pour cette commission, les caractéristiques
générales des groupes qui s'auto identifient eux-mêmes
comme peuples autochtones sont les suivants : leur culture et leur mode de vie
diffèrent considérablement de ceux des sociétés
dominantes ; leur culture est menacée, parfois même en risque
d'extinction. Une caractéristique clé de la plupart de ces
cultures est que la survie de leur mode spécifique d'existence
dépend directement de l'accès et des droits liés à
leur territoire traditionnel et aux ressources naturelles. Ils souffrent de
discrimination car ils sont considérés comme moins
développés et moins avancés que d'autres groupes plus
dominants de la société. Ils vivent souvent dans des
régions difficiles d'accès, souvent géographiquement
isolées, et souffrent de différentes formes de marginalisation,
à la fois politique et sociale. Ils sont victimes des dominations et
d'exploitation au sein même des structures nationales politiques et
économiques, qui sont généralement conçues pour
refléter les intérêts et les activités des groupes
majoritaires. Le principe d'auto identification est un critère
clé de la définition des peuples autochtones. Ce principe stipule
que les peuples eux-mêmes s'identifient comme autochtones et comme
distinctement différents d'autres groupes de l'Etat.
17
2.2.7 Stratégies indigènes d'adaptation aux
changements climatiques
Après le raz-de-marée de décembre 2004
qui a ravagé la côte de l'Indonésie, des nouvelles ont
commencé à circuler sur la manière dont les
communautés autochtones ont pu échapper à la colère
du raz-de-marée, grâce à leur savoir traditionnel, attirant
ainsi l'attention sur l'importance de cultiver cette forme de savoir pour se
préparer à réagir aux catastrophes naturelles (Salick,
et al., 2007 ; Malhi, et al., 2004). Juste avant le
raz-de-marée de l'océan Indien, en 2004, de nombreuses personnes
se sont rendues sur le rivage, attirées par le spectacle inhabituel de
poissons se débattant sur le fond de la mer exposé au ressac.
Parmi elles ne se trouvaient ni les populations Moken et Urok Lawai des
côtes et des îles de Thaïlande, ni les Ong des îles
Andaman de l'Inde, ni la communauté Simeulue d'Indonésie; ils
savaient tous qu'il fallait se diriger rapidement vers l'intérieur pour
échapper à la force destructrice de la mer. Les petits villages
des Moken et des Ong ont été entièrement détruits,
mais leurs habitants sont restés indemnes. Encore plus frappant a
été le déplacement de plus de 80 000 personnes appartenant
à la communauté Simeulue vers des zones hors de l'atteinte du
raz-de-marée; il n'y a eu que sept victimes. Cette réaction
étonnamment efficace, qui contraste avec les immenses pertes subies
ailleurs en Indonésie, a été récompensée par
la remise à la population Simeulue du prix Sasakawa des Nations Unies
pour la prévention des catastrophes (Elias et al, 2005).
Le savoir traditionnel, la sagesse, les connaissances et les
pratiques des populations autochtones acquises par l'expérience et
transmises oralement de génération en génération, a
joué au fil des ans un rôle significatif dans la résolution
des problèmes, y compris ceux liés à l'évolution et
à la variabilité du climat (Gyampoh et al., 2007).
Les populations autochtones qui vivent près des
ressources naturelles observent souvent les activités qui se
déroulent autour d'elles, et sont les premières à
identifier les changements et à s'y adapter (Elia et al.,
2005). L'apparition de certains oiseaux, l'accouplement de certains
animaux et la floraison de certaines plantes sont autant de signes fondamentaux
de changements dans le temps et les saisons qui sont bien compris dans les
systèmes de savoirs traditionnels. Les populations locales ont
utilisé la biodiversité comme tampon contre la variation, le
changement et les catastrophes; face aux fléaux, si une récolte
échoue, une autre survivra (Salick et Byg, 2007).
Pour affronter les risques dus à des
précipitations excessives ou faibles, à la sécheresse et
à l'échec des cultures, certaines populations traditionnelles
plantent un grand nombre de cultures et de variétés ayant des
niveaux très différents de vulnérabilité à
la sécheresse et aux
18
inondations; elles les complètent par les produits de
la chasse et de la pêche et la récolte de plantes vivrières
sauvages. La diversité des cultures et des ressources alimentaires
s'accompagne souvent, comme mesure de sécurité, d'une
diversité similaire des emplacements des champs, pour s'assurer que,
face à des phénomènes climatiques extrêmes, certains
champs survivront et produiront des cultures pouvant être
récoltées (GEPA, 2000).
2.2.8 Savoirs traditionnels et changements climatiques
Le savoir traditionnel peut en effet être un atout pour
limiter les effets des désastres naturels. Les savoirs et les pratiques
que les communautés des petites îles, des peuples autochtones et
autres groupes vulnérables ont accumulés jusqu'à nos jours
pour surmonter des phénomènes environnementaux
imprévisibles, constituent une ressource considérable pour faire
face au changement climatique mondial. Ils représentent un tremplin pour
l'adaptation au niveau communautaire, apportent une reconnaissance à la
résilience locale et renforcent la confiance de la communauté en
ses propres capacités. Alors que la fréquence et
l'intensité des phénomènes climatiques extrêmes
s'annoncent grandissantes, les savoirs traditionnels pour la prévention
des catastrophes naturelles méritent d'être reconnus (CARE,
2011).
2.2.9 Peuples autochtones et changements climatiques
Les peuples autochtones sont parmi les premiers à subir
directement les conséquences des changements climatiques, étant
donné qu'ils dépendent de l'environnement et de ses ressources et
entretiennent une relation étroite avec celui-ci. Le changement
climatique exacerbe les difficultés que rencontrent déjà
les communautés autochtones vulnérables, telles que la
marginalisation politique et économiques, la perte de terres et de
ressources, les violations des droits de l'homme, la discrimination et le
chômage (Malhi et al., 2004).
Les changements climatiques représentent une menace et
un danger pour la survie des communautés autochtones du monde entier,
alors que celles-ci ne contribuent que très peu aux émissions de
gaz à effet de serre. Au contraire, elles participent activement et de
façon vitale à de nombreux écosystèmes sur leurs
terres et territoires, et il n'est pas impossible qu'elles en améliorent
la résilience. (Salick et al., 2007).
CHAPITRE 3 : MATERIELS ET METHODES 3.1 Localisation
et description de la zone d'étude
3.1.1 Localisation de la zone d'étude.
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SITE DE L'ETUDE
19
Figure 1 : Réseau national des aires
protégées du Cameroun (MINFOF, 2008)
20
Le Cameroun, dans sa vision biologique a mis en place un
réseau d'aires protégées qui couvre une superficie
d'environ 82 360 km2 soit plus de 17,23% du territoire national
(Donfack, 2009). Ce réseau est constitué de 18 parcs nationaux,
06 réserves de faune, 04 sanctuaires, 03 jardins zoologiques et
plusieurs zones de chasse. Le PNBB est situé dans un
écosystème de forêt, principalement dans la zone du Sud-est
Cameroun où l'on trouve aussi les Parcs Nationaux de
Lobéké et de Nki, et la Réserve de Biosphère du
Dja. Il fait partie de l'Unité Technique opérationnelle Sud-Est
(UTO/SE) Cameroun.
Situé entre les latitudes Nord de 2°08' à
2°58' et les longitudes Est de 14°43' à 15°16' dans la
Région de l'Est Cameroun, il couvre une superficie d'environ 238 255 ha.
Le PNBB est à cheval entre les arrondissements de Moloundou,
Salapoumbé et de Yokadouma dans le Département de la Boumba et
Ngoko. Son siège se trouve cependant dans l'arrondissement de Moloundou.
Dans sa zone périphérique, on observe à l'Est, les ZICGC
n° 7, 8 et 9 et la forêt communale de Salapoumbé; au Nord,
les ZICGC n° 13 et 14 superposées en partie sur les UFA 10 018 et
10 022 et les forêts communautaires de Malea ancien et Gouonepoum ancien
et au Sud, la ZIC n° 38 assise sur l'UFA 10 015. L'Ouest de cette zone est
occupé par le Parc National de Nki (PNN). Au Sud-est du PNBB, se trouve
la forêt communale de Moloundou (Figure 4).
Autour du parc National de Boumba Bek, on recense 22 villages
répartis le long des axes routiers : le village Ngato nouveau où
est localisé la base du Conservatoire du parc et celle du wwf, Massea,
Zokadipa, Bitom, Gribé, Song ancien, Maléa, Zoulabot, Biwala 1,
Biwala 2, Song ancien, Ngouonempoum ancien, Malea ancien, Zoulabot ancien,
Ngato ancien, Ngouonempoum nouveau, Madjoue, Song nouveau, Badenkok, Kongo,
Bangue, Mimbo-Mimbo, Mambele, Mikel, (Figure 2).
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ZONE D'ETUDE
21
Figure 2 : Carte de localisation du PNBB dans la région du
Sud-Est Cameroun (WWF 2010)
22
3.1.2 Ressources biophysiques
3.1.2.1 Climat
La zone du PNBB jouit d'un climat de type équatorial
humide, fortement marqué par un régime pluviométrique
bimodal, avec quatre saisons: deux saisons pluvieuses et deux saisons
sèches. La grande saison des pluies se situe entre Juillet et Novembre
alors que la petite va de Février-Mars à Mai. La grande saison
sèche va de décembre à février et la petite de Mai
à juin. La pluviométrie annuelle varie de 1500 à 1700 mm.
La température moyenne annuelle est de 24°C. Du fait de l'abondance
du couvert forestier, le degré hygrométrique (humidité
relative de l'air) est également élevé et varie entre 60
et 90% (Ekobo, 1995; WCS, 1996). La figure 3 schématise le diagramme
ombrothermique de la station météorologique de Yokadouma entre
1976 et 1995. Il ressort de cette figure qu'une courte période de stress
hydrique, si elle existe pourrait se situer entre Décembre et
Février et que le reste de l'année est favorable à la
croissance végétale.
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Figure 3 : Diagramme ombrothermique de Yokadouma dans le
Sud-Est Cameroun (CFC 2003)
3.1.2.2 Hydrographie du PNBB
Le système hydrographique de Boumba-Bek coule vers le
Sud jusqu'aux rivières Dja et Ngoko, deux affluents du fleuve Congo. Il
est formé des rivières Apom et Gbwogbwo au Nord, Boumba à
l'Est, Bek à l'Ouest et au Sud.
23
3.1.2.3 Végétation et flore
La zone du PNBB fait partie du grand massif forestier du
bassin du Congo. C'est une zone de forêts denses humides semi
décidues (98%) et de forêts marécageuses à Raphia
(2%) abritant une variété de sous habitats naturels (Letouzey,
1985). La flore de Boumba Bek est très diversifiée. Par endroits,
elle comporte de grandes superficies de forêt monospécifique
à Gilbertodendron dewevrei (Letouzey, 1985). On y trouve
près de 984 espèces végétales réparties dans
94 familles différentes (Ekobo, 1998). Une nouvelle
variété de Lophira alata (Ochnaceae) a été
découverte dans la région de Boumba Bek et de Ndongo-Adjala. Deux
espèces endémiques de lianes (Milletia duchesnei et
M. sp.) y ont été également identifiées
(Ekobo, 1998). Près de 44 espèces végétales de la
zone sont des essences de bonne valeur commerciale. Les écorces, les
graines et les fruits secs sont exploités et commercialisés par
la population locale. On peut citer Irvingia gabonensis, Ricinodendron
heudelotii, Tetrapleura tetrapteura, Gnetum africanum, Afromomum dalziellii,
Cola spp., Baillonella toxisperma (Ekobo, 1998).
Environ 41 sur 131 espèces végétales
ligneuses identifiées dans la zone font partie de la pharmacopée
traditionnelle Baka (Kenfack et Fimbel, 1995). A cette diversité
d'habitats naturels, est associée une importante biodiversité
animale (mammifères, poissons) (Bene Bene et Nzooh Dongmo, 2005). La
région de Boumba-Bek se situe dans la zone d'inversion de la
phénologie des plantes. Le mouvement des espèces animales dans
cette région apparaît lié au rythme phénologique de
nombreux végétaux. La quasi-dominance des Poacea dans
les clairières sur schiste constitue un facteur majeur d'attrait des
herbivores dans ces sites, notamment les buffles qui apprécient beaucoup
les jeunes repousses.
3.1.2.4 Faune
3.1.2.4.1 Faune mammalienne
Les résultats des inventaires de la faune mammalienne
confirment la présence de 34 espèces de grands mammifères
communs aux sites de Boumba Bek et de Nki dont 11 espèces de primates,
12 espèces d'ongulés et 4 espèces de carnivores. Les
densités d'éléphants et de gorilles sont respectivement
0,3 et 0,9 individus au Km2 (Ekobo, 1998). Il faut noter que dans
cette région, compte tenu de la diversité des habitats et du
caractère intact de la forêt primaire, le nombre d'espèces
probables de mammifères dont la présence reste encore à
confirmer se situe autour de 180. Dans cette forêt, cohabitent deux
sous-espèces de colobe : Colobus polykomos guereza et C. p.
satanas. Les insectivores et les rongeurs, qui regroupent le plus
grand nombre de mammifères, n'ont pas encore
été bien recensés dans les différents habitats
naturels de la région. (Bobo, 2002).
3.1.2.4.2 Faune aviaire
La connaissance de l'avifaune de la région de Boumba
Bek reste parcellaire. L'avifaune de la région de Boumba-Bek peut en
partie (surtout pour sa région Est) être assimilée à
celle de la région voisine de Lobéké où 305
espèces ont été identifiées (Dowsett-Lemaire et
Dowsett 1997 ; 1999 ; 2000) et dont:
Trois espèces d'oiseaux, notamment Ageslaster
niger, Apaloderma equatoriale et Criniger olivaceus, ont une
répartition très localisée et figurent sur la liste rouge
de l'UICN (UICN, 2000; Dowsett-Lemaire et Dowsett, 1997; Collart et Stuart,
1985); Apaloderma equatoriale a déjà été
identifiée au sud du PNBB (Bobo, 2002) et beaucoup d'autres
espèces de ce statut y existent sûrement;
Trois autres espèces d'oiseaux, notamment
Glaucidium capense, Phylloscopus budongoensis et Ortygospiza
locustella, qui n'avaient jamais été observées
ailleurs au Cameroun, sauf dans la région de Lobéké
(Dowsett-Lemaire et Dowsett, 1997), pourrait aussi se retrouver à Boumba
Bek puisque Phylloscopus budongoensis a été
observée dans l'UFA 10-015 au Sud du PNBB (Bobo, 2002);
La plus grande colonie de fauvette du Dja, Bradypterus
grandis observée (20 couples) se trouve dans les marais à
Rhynchospora de la forêt de Lobéké
(Dowsett-Lemaire et Dowsett, 1999); Cette espèce a aussi
été observée dans le PNBB, précisément dans
le complexe de baïs de Kopandako au Nord du village Ndongo dans l'UFA
10-015 (au Sud du PNBB) (Bobo, 2002);
Dans le PNBB, il existe d'importantes colonies de perroquets
à queue rouge (Psittacus erithacus) qui sont très
recherchés pour le marché international.
3.1.2.4.3 Faune aquatique
La faune halieutique de la région de Boumba Bek est
très riche et diversifiée. Près de 121 espèces de
poissons y ont déjà été identifiées, dont
deux sont nouvelles à savoir Aphyosemion
sp. et Phenacogrammus sp.
Un inventaire complémentaire est de ce fait nécessaire.
(Source : Plan d'Aménagement du PNBB 2012 À
2016).
24
3.1.2.4.4 Lépidoptères
25
On dénombre 96 et 20 espèces de papillons
appartenant à 17 et 9 sous-familles respectives (Bobo, 2002). La grande
richesse spécifique de la faune des Lépidoptères de la
région de Boumba Bek, qui s'apparenterait bien à celle
observée à Lobéké où près de 215
espèces y ont été répertoriées dont 80 %
d'espèces forestières et huit espèces endémiques au
Cameroun notamment Liptena sauberii, Liptena yakadumae, Aslauga
modesta, Cymothoe crocea, Cymothoe radialis, Berbearia jolyana et Euphaedra
margaritifera (Davenport, 1998).
3.1.3 Données démographiques,
socioéconomiques et socioculturelles
3.1.3.1 Composition ethnique et aspect genre de la
population
Le peuplement autour du PNBB est très cosmopolite,
constitué d'autochtones et d'allogènes. Les autochtones sont
représentés par les Bantous (constitués par les ethnies
telles que les Mvonvong, les Nkounabembés et les Bangandos ou «
Mbimos ») sédentaires et les Pygmées Baka (semi-nomades).
Les allogènes se rencontrent surtout dans les sites industriels
d'exploitation forestière (les bases vies des concessionnaires autour du
PNBB) (Boukon, 2001). La densité des populations autour du PNBB est
relativement faible comparativement aux autres régions du Cameroun: 3
hbts/Km2 (Mahop, 2007). La population est passée de 42 000
habitants en 1970 avec 30% de Bakas à près de 70 000 habitants en
2012, soit une augmentation de plus de 67%. Cette forte augmentation peut
être attribuée à l'arrivée de nombreux projets
industriels dans la zone et à la natalité très
élevée, soit 6 à 10 enfants par couple (Defo, 2012).
La distribution et la composition ethnique de la population
indique que les Baka représentent 21,51% de la population. Les Bantou
Autochtones pris globalement représentent 45,43% de la population. Les
ethnies diverses, issues de l'immigration comptent 33,04% de la population
totale. La zone compte plus de femmes (52,11%) que d'hommes (47,89%) (Ponka et
Defo, 2006). Le taux de croissance démographique annuel est de 2,5% pour
la zone urbaine (Ponka, 2008) et 2,3% pour la zone rurale (Fogue et Defo,
2006).
3.1.3.2 Organisation sociale et économique
La structure sociale est acéphale pour la plupart des
ethnies, et se résume à la famille chez les Baka. Mais il y'a la
désignation des chefs de cantons et de village, qui ont une
autorité beaucoup plus administrative que traditionnelle.
Les populations de la zone du PNBB ont des croyances diverses.
Les croyances traditionnelles et modernes se côtoient. On y retrouve les
animistes qui croient aux esprits de la forêt, les chrétiens qui
sont représentés par les catholiques, les presbytériens,
les
26
pentecôtistes et les évangélistes et les
témoins de Jéhovah, et enfin les musulmans. Le Droit coutumier
ici prime sur le droit administratif dans le foncier.
La vie des populations de la zone de Boumba Bek est
axée sur l'agriculture et l'élevage pour les Bantous, la chasse,
la cueillette et la pêche pour les Bakas. A ces principales
activités se greffent l'exploitation forestière et les
activités occasionnelles d'extraction minière. Le revenu
journalier est faible par ménage, près de 1650 FCFA
principalement issus de l'agriculture. Ils ont une faible culture de
l'épargne et effectuent un gaspillage financier dans les boissons et
drogues (Ponka et Defo 2009). La zone est pauvre en infrastructures et
équipements, les écoles sont insuffisantes, et les structures de
santé sont déficitaires. Source : Plan
d'Aménagement du PNBB 2012 À 2016.
3.2 Méthodologie
3.2.1 Collecte des données secondaires
La collecte des données secondaires a consisté
en la consultation des documents au niveau des bibliothèques du
Département de Foresterie de l'Université de Dschang, de la
GIZ-ProPSFE (Yaoundé), du centre Météorologique de
Bertoua, de la Délégation Régionale des Forêts et de
la Faune de l'Est (Bertoua), du MINEPDED à Yaoundé, du Centre
d'Information et de Documentation Environnementale (CIDE) à
Yaoundé, de l'UICN, du WWF Yokadouma, ainsi qu'à la consultation
des publications disponibles sur internet (Google, Wikipédia, etc.). Des
entretiens avec des personnes ressources nous ont aidés dans l'analyse
de ces données secondaires.
3.2.2 Collecte des données primaires
La question principale de notre recherche est celle de savoir
:
- Quelles sont les stratégies indigènes
d'adaptation aux Changements Climatiques autour du parc national de Boumba
Bek?
- L'objectif global de cette étude est de contribuer au
développement des stratégies d'adaptation aux changements
climatiques à travers l'amélioration des connaissances des
stratégies indigènes.
- Et l'hypothèse principale est que l'utilisation des
savoirs traditionnels dans les méthodes d'adaptation est la principale
stratégie d'adaptation des PACL face aux changements climatiques autour
du parc national de Boumba Bek.
Tableau 1: Récapitulatif des méthodes
utilisées
Question de Objectif secondaire Hypothèse
secondaire Méthode
recherche utilisée secondaire
Quel est l'ampleur des CC autour du PN BB ?
|
Evaluer l'ampleur des CC autour du PN BB
|
La T (°C) a augmenté d'au moins 0,5°C et les
P (mm) ont diminuée d'au moins 2% par décennie au cours des
quatre dernières décennies.
|
Analyse des données de températures et
précipitations les plus complètes possibles sur la période
de temps la plus longue (Analyse et interprétation de données
disponibles au Centre National de Climatologie de
Yaoundé)
|
Quelle est la
perception des CC par les PACL vivant autour du PNBB?
Déterminer la
perception des CC par les PACL
Les PACL perçoivent clairement les changements de leur
environnement sur les trente dernières années.
Questionnaire Semi directif
Analyse des Discours
Quel est l'impact des CC sur les activités des PACL
|
Evaluer l'impact des CC sur les activités des PACL
|
Le principal impact des Changements Climatiques sur les PACL
autour du parc national de Boumba Bek a été la réduction
de l'abondance des PFNL.
|
Questionnaire,
Observations, entretiens
Analyse des Discours
|
Quelles sont les méthodes développées et
mise en oeuvre par ceux-ci pour s'y adapter ?
Faire un état des lieux des différentes
méthodes développées et mises en oeuvre par les PACL pour
s'adapter aux CC.
Les méthodes d'adaptation mises en place par les PACL
varient en fonction du niveau de perception du phénomène par la
communauté ou l'individu.
Questionnaire,
Observations, entretiens
Analyse des Discours
27
28
3.2.3 Chronologie des Activités menées
3.2.3.1 Evaluation de l'ampleur des changements climatiques
autour du PNBB
Les données météorologiques ont
été collectées auprès du centre national de
météorologie et de climatologie, direction de la
météorologie, sous-direction de la climatologie et des
données climatologiques, au service de la banque des données. Le
Centre National de Météorologie et de climatologie est
rattaché au Ministère des Transports du Cameroun. Les
données de température, de précipitations,
d'humidités relatives et de vélocités collectées
dans la région de l'Est, plus précisément dans les
stations météorologiques de Yokadouma, de Bertoua et d'Abong
Mbang ont été mises à notre disposition.
Les données de température ont été
collectées de 1971 à 2014 (44 ans) et les données de
pluviométrie de 1951 à 2014 (64 ans). Les données sur la
vélocité et l'humidité relative ont été
collectées de 2004 à 2006 seulement. L'analyse des données
de températures et des précipitations, qui ont été
collectées sur une période assez longue (supérieure
à 30 ans) peut permettre de montrer les éventuels changements
climatiques autour du Parc National de Boumba Bek.
Ces données ont été saisies dans le
logiciel Excel 2010, traitées et analysées avec le logiciel SPSS
pour faire ressortir les diverses Variations entrainant les changements du
climat.
3.2.3.2 Mise en application de la Méthode CLIP
Pendant la réalisation de cette enquête, une
descente a été faite dans huit villages autour du PN de Boumba
Bek, afin de rencontrer les chefs de villages et les autorités
traditionnelles pour demander l'autorisation des PACL concernées pour la
réalisation de cette étude, à travers l'application de la
méthode CLIP (Consentement Libre, Informé et Préalable)
figurant dans les directives nationales de CLIP pour la REDD+ au Cameroun.
Préalablement à chaque entretien semi directif, il a
été question de se présenter, d'expliquer de quoi il sera
question pendant l'interview, quelle sera la finalité de cette
étude, et le consentement de l'interviewé était
demandé. Une fois l'accord de principe obtenu, le questionnaire
était déroulé pendant 5 à 10 minutes avec
l'interviewé, et cela pouvait prendre plus de temps lorsque celui-ci
témoignait une envie de partager des petites histoires sur les
phénomènes climatiques et les méthodes d'adaptation mises
en place dans le village.
Les guides et interprètes utilisés dans chaque
village appartenaient au même groupe ethnique que la personne
interviewée afin que celle-ci se sente libre de répondre et de
donner
29
son point de vue. Des groupes de discussion ont
été organisés et des entretiens individuels avec les
hommes à part et les femmes à part ont été
menés pour limiter les frustrations faites au genre dans le cadre des
focus groups.
3.2.3.3 Détermination de la perception des
Changements Climatiques par les populations autochtones et des
communautés locales autour du PNBB
La méthode d'échantillonnage aléatoire
simple a permis de sélectionner au hasard, huit (8) villages sur les
vingt deux (22) qui entourent le parc national de Boumba Bek. Quatre villages
échantillonnés sont situés sur l'axe routier Ngato - Mimbo
mimbo, et quatre autres villages sur l'axe Ngato - Maléa ancien. Le taux
d'échantillonnage des villages est de 36,36%. Les villages
investigués sont : Mimbo mimbo, Mikel, Bangue et Ngola 120 d'une part,
Gribé, Song Ancien, Zokadiba et Masséa d'autre part.

Figure 4: Carte des villages investigués (adaptée
par l'auteur)
Des entretiens semi directifs ont été
passés avec les membres de chacun des différents groupes
ethniques dans chaque village échantillonné. Au sein de chaque
village, les ménages ont été choisis au hasard pour faire
passer le questionnaire. L'âge des personnes interrogées
30
était d'au moins 30 ans au vue de l'importance du
phénomène de changements climatique qui s'évalue sur au
moins trente années. Les différents groupes ethniques
identifiés sur la base des études socio-économiques
menées autour du PNBB, ont constitué la strate
d'échantillonnage, car dans chacun des villages, tous les groupes
ethniques ont été interrogés. Les questionnaires ont
été administrés aux hommes et aux femmes, aux chefs
traditionnels et aux chefs de familles, et certaines discussions de groupe ont
eu lieu. Un guide d'entretien comportant des questions directement liées
à la perception des changements climatiques a permis de recueillir les
points de vue des PACL interviewés autour du PN de Boumba Bek.
3.2.3.4 Evaluation de l'impact des Changements Climatiques
sur les activités des PACL
et les diverses méthodes mises en place par
ceux-ci pour s'y adapter
Le questionnaire administré lors des entretiens semi
directifs comporte une partie portant sur les impacts des CC sur les
activités des personnes interviewées et les mesures prises par
celles-ci pour s'y adapter, ou qui sont développées en vue d'y
remédier.
Les guides et interprètes ainsi que les personnes
interrogées ont donné plus de détails à la
réponse à cette question, notamment lors des focus group
discussion où ils ont eu l'occasion de se compléter dans les
idées.
Des observations faites sur le terrain à travers une
marche guidée avec le répondant dans la forêt, ainsi que
les informations tirées de la documentation consultée ont permis
de mieux argumenter cette partie.
3.2.4 Analyse et interprétation des données
collectées
A l'issue de ces entretiens, les données ont
été saisies dans le logiciel Excel 2010, importées et
analysées à l'aide du logiciel SPSS 12.0 à partir d'Excel
2010. La méthode d'analyse des discours a été
utilisée, car il s'agit de données qualitatives. Les statistiques
sur la distribution de l'échantillon ainsi que le niveau d'intervention
de chacun des groupes ethnique ont été ressortis. Le calcul des
fréquences des réponses apportées a été
effectué pour montrer l'indice de saillis pour chacune des
réponses apportées sur les perceptions, l'impact sur les
activités et les méthodes mises en place pour s'adapter à
ces changement. Les tableaux croisés dynamiques d'Excel 2010 et les
statistiques descriptives et analytiques de SPSS ont permis de faire ressortir
les relations entre les groupes ethniques, les classes d'âges, les
perceptions, les impacts sur les activités et les stratégies
d'adaptations.
A l'issue de cette analyse, une synthèse des
méthodes (stratégies) indigènes (locales) d'adaptation
face aux changements climatiques autour du parc national de Boumba Bek a
été
31
effectuée. Les stratégies dont l'indice de
saillis est fort et dont l'efficacité dans l'adaptation aux CC peut
s'avérer d'une grande importance ont été relevées
et proposées en vue de leur prise en compte dans le cadre de
l'élaboration de la stratégie nationale d'adaptation aux CC. Des
recommandations ont été faites quant à la mise en
application de la méthode CLIP. Cette méthode a-t-elle
facilité le contact avec les PACL, les échanges, la divulgation
des informations ?
D'autres tests statistiques ont été
réalisés, notamment les tests de corrélation et de
régression pour les données de températures et de
précipitations, le test de (Student ou Fisher) lors de la comparaison
des données entre deux ou trois communautés investiguées,
ainsi que le calcul du coefficient de relation (R2).
Le logiciel arc-GIS a permis de dresser la carte des villages
parcourus et SPSS 12.0 a été utilisé dans l'analyse des
données collectées pour faire ressortir certaines nuances et
cohérences entre les données collectées. Les
résultats des analyses ont été interprétés
et discutés ; et des conclusions ont été tirées
pour faire des recommandations bien fondées.
32
CHAPITRE 4 : RESULTATS ET DISCUSSIONS
4.1 Evaluation de l'ampleur des Changements Climatiques
autour du PNBB
Les données de température collectées de
1971 à 2014 à la station météorologique de
Yokadouma située à 640 m d'altitude entre le 3°51' de
latitudes nord et le 15°08' de longitudes Est, et les données des
précipitations collectées de 1951 à 2014 dans la
même
station ont été fournies par le Centre National
de Météorologie et de Climatologie du Ministère des
Transports sis à Yaoundé. Celles de la station
météorologique de Bertoua collectées de 1960 à l'an
2000 ont également été mises à notre disposition.
Ces données ont été analysées à partir des
logiciels Excel 2010 et SPSS 12.0, puis interprétées.
4.1.1 Variations des températures de 1971 à
2014
Les données de température journalières ont
été collectées grâce à un
thermomètre
disposé dans un abri météo, puis
regroupées en données mensuelles et annuelles. Le tableau 2
ci-dessous présente les valeurs de températures moyennes par
années.
Tableau 2: Températures moyennes de la station de
Yokadouma de 1971 à 2014
ANNEE
|
T (°C)
|
ANNEE T (°C)
|
ANNEE T (°C)
|
ANNEE T (°C)
|
|
1971
|
23,9
|
1981
|
24,0
|
1991
|
24,3
|
2001
|
24,6
|
2011
|
1972
|
24,2
|
1982
|
24,2
|
1992
|
24,2
|
2002
|
25,3
|
25,0
|
1973
|
24,3
|
1983
|
25,3
|
1993
|
23,9
|
2003
|
25,2
|
2012
|
1974
|
23,6
|
1984
|
24,5
|
1994
|
25,3
|
2004
|
24,9
|
25,4
|
1975
|
23,8
|
1985
|
24,9
|
1995
|
25,0
|
2005
|
25,5
|
2013
|
1976
|
23,6
|
1986
|
24,8
|
1996
|
25,2
|
2006
|
25,4
|
25,9
|
1977
|
24,2
|
1987
|
25,0
|
1997
|
24,7
|
2007
|
25,5
|
2014
|
1978
|
24,3
|
1988
|
24,6
|
1998
|
25,3
|
2008
|
25,7
|
25,2
|
1979
|
24,3
|
1989
|
24,1
|
1999
|
24,6
|
2009
|
25,3
|
|
1980
|
24,4
|
1990
|
24,7
|
2000
|
24,5
|
2010
|
25,1
|
|
décade 1
|
24,07#177;0,31
|
décade 2 24,63#177;0,42 décade 3
24,69#177;0,49
|
décade4
|
25,25#177;0,33
|
|
Moyenne générale de températures de 1971
à 2014
|
|
|
24,72#177;0,59
|
|
Source : Centre National de
Météorologie et de climatologie
Il ressort de ce tableau que la température moyenne
annuelle autour du parc national de Boumba Bek a oscillé entre minimum
23,6°C (1974) et maximum 25,9°C (2013) de 1971 à 2014.
L'écart des températures entre le maximum et le minimum annuel
(2,3°C) peut
33
témoigner de la forte variabilité des
températures entre les années. La moyenne générale
de températures de 1971 à 2014 est de 24,72°C avec un
écart type de #177;0,59°C. Le nuage de points des
températures moyennes annuelles et la courbe de tendances sont
présentés dans la figure 5 ci-dessous :

Figure 5: Evolution des températures moyennes annuelles de
Yokadouma de 1971 à 2014
Il ressort de cette figure que la température a
tendance à augmenter de 1971 à 2014 avec une augmentation
générale de plus de 0,5°C. La droite de régression
linéaire donnée par l'équation y=0,0124x rend compte de
l'évolution des températures en fonction des années.
Cette variabilité de température moyenne
annuelle s'observe également entre les décennies. La figure 6
présente l'évolution des températures d'une
décennie à une autre :

Figure 6 : Courbe d'évolution de la température
par décennie de 1971 à 2014
Il ressort de cette courbe que la moyenne annuelle de
températures augmente d'une décennie à une autre. Cette
augmentation est variable et l'écart tend à augmenter, puis
à se resserrer d'une décennie à une autre. Le tableau 3
suivant présente les différents écarts et la variation
entre les décennies :
Tableau 3 : Variation des écarts entre les
températures par décennies
décade 1 décade 2 décade 3 décade
4
Ecart moyen
|
coefficient de variation
|
coefficient de variabilité
|
0,28
|
0,033
|
0,011
|
0,32
|
0,053
|
0,013
|
0,40
|
0,045
|
0,016
|
0,24
|
0,044
|
0,010
|
34
Il ressort de ce tableau 3 que la variation de
températures tend à augmenter de la décennie 1 à la
décennie 3, puis elle se resserre à partir de la décennie
4. Cela signifie qu'on a des températures annuelles moyennes de plus en
plus chaudes d'une décennie à une autre.
Le test de régression des températures en
fonction des années est présenté dans les tableaux
suivants :
Tableau 4: Test de régression des températures en
fonction des années de 1971 à 2014
Statistiques sur échantillon
unique
N
Moyenne
Ecart-type
44
24,7205
Récapitulatif du
modèle
Modèle
a.
R
R-deux
R-deux ajusté
,801a
,641
,633
Valeurs prédites : (constantes),
ANNEES
Erreur standard moyenne
,08890
Erreur
standard de
l'estimation
1
,37990
Il ressort de ces deux tableaux que le test de
régression des températures en fonction des années est
significatif au seuil de 5%, car le coefficient de corrélation r= 0,801
et le coefficient de détermination R2 calculé sont
supérieur à 0,5. Donc on peut prédire les
températures en fonction des années à partir de ce
modèle de régression. L'analyse de la variance des
températures moyennes annuelles est présentée dans le
tableau suivant :
35
Tableau 5 : Analyse de la variance des données de
températures collectées
PNOWP'
a.
b.
Somme
Total
16,888
43
Valeurs prédites : (constantes),
ANNEES
Variable dépendante :
TEMPERATURES
Modèle
des carrés
ddl
Carré moyen
F
Signification
1 Régression
Résidu
10,826
6,062
1
42
10,826
,144
75,012
,000a
Il ressort de ce tableau que la variation observée entre
les températures annuelles
moyennes est significative (S=0,000). Le Fischer calculé
(F =75,012) est supérieur au F lu sur
la table statistique au ddl= 1, 43 et au seuil de 5% (F lu =
4,08). Le test de Student (t) est
présenté dans le tableau suivant :
Tableau 6 : Test de Student sur l'ensemble des données de
température
Test sur échantillon
unique
Valeur du test = 0
t
ddl
Sig.
(bilatérale)
Différence
moyenne
Intervalle de confiance
95% de la différence
Inférieure
Supérieure
TEMPERATURES
278,082
43
,000
24,7205
24,5412
24,8997
Le test de Student sur les températures moyennes annuelles
est significatif (S=0,000).
Le t calculé (t=278,082) est supérieur au t lu sur
la table statistique (t=1,684) au ddl=43. Il
ressort de ces tableaux statistiques que la variation
observée autour de la moyenne générale
est statistiquement significative, d'où les variations des
températures augmentent
significativement de manière à modifier les
paramètres météorologiques dans la zone.
Cette évolution de la température (0,5°C en
quatre décennies) est supérieure aux
observations faites par Hulme et al., pour l'Afrique
subsaharienne où il est dit que pendant le
XXème siècle, le réchauffement était
compris entre 0,26 et 0,5 °C (Hulme et al., 2001; Malhi
et Wright, 2004). Molua et al., 2007 estiment que la
température a augmenté de pratiquement
un degré celsius au cours du 20ème
siècle au Cameroun. Cette variation est proche de celle
observée à la station de Yokadouma, car une
augmentation d'un demi-degré celsius au cours
d'un demi-siècle serait correspondante à une
augmentation d'un degré Celsius en un siècle.
Par contre le GIEC trouve que la température du globe
terrestre aurait augmenté de
pratiquement 0,6°C au cours du 20e siècle,
ce qui est partagée par (IFB, 2003) qui stipule que
36
les températures du globe terrestre ont
augmentées de 0,75°C au cours du 20e siècle.
Cette augmentation de la température globale varie selon les
régions, et elle serait plus accentuée dans les zones tropicales
(IFB, 2003) ce qui justifie une valeur d'augmentation plus grande à la
station de Yokadouma.
La température a donc augmentée de 4,90% de 1971
à 2010 (soit 1,18°C de plus en quatre décennies et
0,3°C en moyenne par décennie sur la base des moyennes par
décennie) à la station de Yokadouma. Cette augmentation de
températures par décennie a également été
observée par Pachauri et Reisinger en 2007 qui stipulent qu'à
partir de 1990, la température a augmenté de 0,2°C par
décennie dans le monde et cela va se poursuivre au moins jusqu'à
la fin du 21e siècle quelque soit le scénario
d'émission mis en place.
4.1.2 Variations des précipitations de 1951 à
2014
4.1.2.1 précipitations totales moyennes
Les précipitations journalières ont
été enregistrées à la station
Météorologique de Yokadouma grâce à des
pluviomètres disposés au sol. Chaque matin, les données
étaient collectées sur la quantité d'eau recueillie dans
le pluviomètre à la même heure tôt le matin pour
minimiser l'effet de l'évaporation (conditions expérimentales du
CNMC). L'analyse des données a porté sur les
précipitations totales annuelles, qui ont été
analysées dans leur ensemble puis regroupées et comparées
par décennie, le début et la fin des saisons par décennie,
les mois les plus pluvieux, les périodes de forte battance, le nombre de
jours de pluies par décades et le maximum de précipitation
journalière par décade. Les données des
précipitations moyennes annuelles de la station de Yokadouma de 1951
à 2014 sont présentées dans le tableau 7 ci-dessous :
110,94711
37
Tableau 7: Précipitations totales annuelles par
décennie de 1951 à 2014
Année P(mm) Année P(mm) Année P(mm)
Année P(mm) Année P(mm)
|
Année
|
P(mm)
|
1951
|
1508,3
|
1961
|
1535,1
|
1971
|
1800,2
|
1981
|
1743,9
|
1991 1390,4
|
2001
|
1495,3
|
1952
|
1455,8
|
1962
|
1822
|
1972
|
1353,9
|
1982
|
1600,7
|
1992 1394
|
2002
|
1471,1
|
1953
|
1532,9
|
1963
|
1686,7
|
1973
|
1596,2
|
1983
|
1632,7
|
1993 1444,4
|
2003
|
1500,1
|
1954
|
1750,5
|
1964
|
1500,1
|
1974
|
1382,2
|
1984
|
1290,6
|
1994 1331,5
|
2004
|
1535,1
|
1955
|
1678,5
|
1965
|
1652
|
1975
|
1521
|
1985
|
1611
|
1995 1750,7
|
2005
|
1382,2
|
1956
|
1789,9
|
1966
|
2140,5
|
1976
|
1871
|
1986
|
1637,3
|
1996 1342,5
|
2006
|
1637,3
|
1957
|
1778,8
|
1967
|
1477,1
|
1977
|
1339,2
|
1987
|
1680,2
|
1997 1394,6
|
2007
|
1524,6
|
1958
|
1561,0
|
1968
|
1613,4
|
1978
|
1363,1
|
1988
|
1583,7
|
1998 1578,2
|
2008
|
1750,7
|
1959
|
1698,0
|
1969
|
2008,1
|
1979
|
1534,3
|
1989
|
1382,9
|
1999 1558,5
|
2009
|
1444,4
|
1960
|
1867,4
|
1970
|
1952,9
|
1980
|
1581,4
|
1990
|
1524,6
|
2000 1634,3
|
2010
|
1394
|
Déc 1
|
1662,11
|
Déc 2
|
1738,79
|
Déc 3
|
1534,25
|
Déc 4
|
1568,76
|
Déc 5 1481,91 Déc 06
|
1513,48
|
2011
|
1581,4
|
2012
|
1394,6
|
2013
|
1331,9
|
2014
|
1450
|
|
|
|
1574,23 #177;178,97
Moyenne générale des précipitations
annuelles moyennes
Source : Centre National de
Météorologie
Il ressort du tableau 7 que les précipitations moyennes
annuelles ont oscillées d'une valeur maximale de 2140,5 mm en 1966 (au
cours de la décennie 2) à une valeur minimale de 1331,5 mm en
1994 (décennie 5). La valeur moyenne générale des
précipitations annuelles moyennes calculée sur l'ensemble de la
période (1951 à 2014) est de 1574,23 mm avec un écart type
de #177;178,97 mm. Ces variations des précipitations moyennes annuelles
par décennies sont présentées dans le tableau statistique
suivant :
Tableau 8 : Variations des précipitations par
décennies de 1951 à 2014
Statistiques descriptives
|
|
|
|
|
|
Précipitations Déc
1 précipitations Déc 2
Déc 3
Précipitations Déc 5
Déc 4 Précipitations
Précipitations Déc 6
Précipitations
|
N
10 10 10 10
10 10
|
Minimum 1455,80 1477,10
1339,20 1290,60 1331,50 1382,20
|
Maximum 1867,40 2140,50
1871,00 1743,90 1750,70 1750,70
|
Moy enne 1662,1100 1738,7900
1534,2500 1568,7600 1481,9100
1513,4800
|
Ecart ty pe 139,28393 230,83869
186,59183 136,94020 140,55413
|
38
Il ressort de ce tableau 8 que la valeur moyenne des
précipitations annuelles par décennie augmente puis diminue et
augmente d'une décennie à l'autre. Le nuage de points des
précipitations moyennes annuelles par décennie est
présenté dans la figure ci-dessous :

Figure 7 : Précipitations annuelles moyennes par
décennie de 1951 à 2014
Il ressort de la figure 7 que les précipitations
moyennes annuelles prises par décennie ont tendance à diminuer de
manière générale. La courbe de tendances donnée par
l'équation de régression linéaire y= -6,2318x +1575 montre
une baisse des précipitations par rapport à la valeur moyenne des
précipitations de 1951 à 2014 à Yokadouma (1575 mm). Mais
le coefficient de détermination R2=0,065 reste très
faible, ce qui signifie qu'il est très difficile de conclure que les
précipitations moyennes diminuent significativement. La courbe de
tendance montre une diminution des précipitations moyennes d'environ 30
mm sur l'ensemble de la période, soit une baisse moyenne de 3,17% des
précipitations entre les décennies. Mais la différence
entre la moyenne des précipitations de la décennie 2 et celle de
la décennie 5 montre une baisse globale de 16,31% soit une baisse des
précipitations moyennes de 2,72% par décennie au cours de ces six
dernières décennies. Par contre, le nuage de points et la droite
de régression des précipitations annuelles moyennes prises
individuellement montre une certaine stabilité des précipitations
sur toute la période. La figure 8 ci-dessous présente le nuage de
points des précipitations de 1951 à 2014 :

39
Figure 8 : Nuage de points des précipitations moyennes
annuelles de 1951 à 2014
Il ressort de cette figure que les précipitations
annuelles moyennes ont gardé une certaine stabilité dans leur
évolution comme constatée à partir de la courbe des
tendances autour de la valeur moyenne des précipitations fixée
à 1600 mm. L'équation de la droite de régression
linéaire y= -0,0133x +1600 montre une très faible diminution et
le coefficient de détermination R2=0,0011 reste
extrêmement faible.
Cette légère diminution des
précipitations au fil des décennies a été
observée par le GIEC en 2007 dans son quatrième rapport, et il
est prédit une augmentation des précipitations au cours du
21e siècle en Afrique subsaharienne. En effet des
réductions des précipitations de 10 à 20% au cours du
XXème siècle auraient été observées en
Afrique subsaharienne par Hulme et al. en 2001, puis par Malhi et
Wright en 2004.
Selon Molua et al. 2007, Les précipitations ont
diminuées de 2% par décennie au cours des quatre dernières
décennies du 20ème siècle au Cameroun. Cette
diminution se rapproche de celle observée à la station
météorologique de Yokadouma sur la même période ou
un peu plus. Les études menées par le Climate Service Center
(CSC) et l'Université de Wageningen en 2013 sur la variabilité et
la fluctuation des précipitations dans le Bassin du Congo montrent que
le déficit pluviométrique était de l'ordre de 20% au cours
du 20e siècle au Cameroun. Mais cette tendance va s'inverser
au cours du XXIème siècle selon plusieurs scénarios
climatiques (CSC, 2013).
40
Le test de régression linéaire des
précipitations en fonction des années réalisé avec
le
logiciel SPSS 12.0 sur l'ensemble des données
collectées à la station météorologique de Yokadouma
est présenté dans le tableau statistique 9 comme suit :
Tableau 9 : Test de régression des précipitations
en fonction des années de 1951 à 2014
Récapitulatif du
modèle
Modèle
a. Valeurs prédites : (constantes),
années
R
R-deux
R-deux ajusté
Erreur
standard de
l'estimation
Changement dans les statistiques
Variation
de R-deux
Variation de F
ddl 1
ddl 2
Modification
de F
signification
,411a
,169
,155
164,47274
,169
12,599
1
62
Il ressort de ce tableau 9 que la régression des
précipitations annuelles moyennes par
année est statistiquement significatif (S=0,001), mais que
moins de 50% des informations sont
ressorties par ce modèle statistique car r= 0,411. Le
coefficient de détermination R2 calculé
(0,169) est inférieur à 0,5 et R2
ajusté (0,155) est inférieur à 0,5. Le test de Fisher (F)
sur les
variations observées (F=12,599) est supérieur au F
théorique lu sur la table statistique de
Fischer d'où la nécessité de faire une
analyse de la variance sur l'ensemble des données.
Le tableau 10 présente l'analyse de la variance de ces
moyennes de précipitations:
Tableau 10 : Analyse de la variance des précipitations de
1951 à 2014 à partir du modèle de
régression.
PNOVP?
Modèle
a.
Somme
des carrés
ddl
1 Régression
Total
340820,618
2018000,2
Valeurs prédites : (constantes),
années
Résidu
1677179,5
Variable dépendante :
Précipitations
Signification
62
63
27051,283
,001a
b.
Il ressort de ce tableau 10 que la diminution des
précipitations moyennes annuelles observée par décennies
est statistiquement significative (S=0,001).
Cette diminution des quantités des
précipitations est également observée à partir
des
données collectées à la station de
Bertoua de 1960 à 2005. La figure 9 suivante illustre les variations
observées à Bertoua :

41
Figure 9 : Variation des précipitations de la station de
Bertoua de 1961 à 2005 (CNMC, 2007)
Il ressort de cette figure une diminution plus nette des
Précipitations par rapport à celles de Yokadouma, avec une
régression à pente forte, mais également avec un faible
pourcentage de précision (R2= 0,2184) d'où la
diminution des précipitations observée dans toute la
région de l'Est.
4.1.2.2 Autres paramètres des précipitations
étudiés
D'autres paramètres tels que le début et la fin des
saisons d'une année à une autre et
par décennie ont été analysés. La
figure 10 suivante présente les variations du nombre de jours de pluies
par année de 1961 à 2000 :

Figure 10 : Variation du nombre de jours de pluies par an de 1961
à 2000 (CNMC, 2007)
42
Il ressort de cette figure 10 que le nombre de jours de pluies
maximum est de 163 jours relevé en 1962 et le nombre de jours de pluies
minimum est de 98 jours relevés en 1974. Une diminution du nombre de
jour de pluies sur l'ensemble des données entrainerait une forte
battance des pluies pendant les saisons pluvieuses et une réduction de
la période des pluies au fil des décennies. La réduction
du nombre de jours de pluies au fil des années entraine l'augmentation
du nombre de jours secs au fil des années, d'où les perturbations
du rythme des saisons observées.
Une étude de la relation entre les variations des
températures et des précipitations montre que les deux
paramètres ne sont pas corrélés, car l'augmentation des
températures d'une année à une autre n'entraine pas
forcément la diminution des précipitations et vice versa. Ce
constat est le même que celui fait par le rapport 11 du Climate Service
Center en 2013 pour le bassin du Congo (période 1960-2000).
D'après ce même rapport, la tendance des variations est
supposée par une augmentation des températures et une diminution
progressive des précipitations au cours du 21ème
siècle selon les divers scénarios climatiques.
4.2. Perception des Changements Climatiques par les
PACL
4.2.1 Description de la population
échantillonnée
Au cours de la phase de terrain, 216 personnes au total dont
l'âge est supérieur à 30 ans ont été
interviewées dans huit villages différents. Le tableau 11 suivant
présente la répartition des personnes interrogées par
village.
Tableau 11: Répartition des personnes interviewées
par village
VILLAGE
|
|
|
|
|
Valide Bangue
Gribé
Massea
Mikel
Mimbo Mimbo
|
Fréquence 22 29
20 31 25
|
Pour cent 10,2 13,4
9,3 14,4 11,6
|
Pourcentage valide 10,2
13,4 9,3 14,4 11,6
|
Pourcentage
cumulé
10,2
23,6
|
Ngola 120
Song ancien
Zokadiba
Total
22
39
28
216
10,2
18,1
13,0
100,0
10,2
18,1
13,0
100,0
32,9
47,2
58,8
69,0
87,0
100,0
Il ressort de ce tableau que la distribution des ménages
échantillonnés s'est faite par
hasard et que le nombre de personnes interrogées par
village est presque égal entre les
villages. Le tableau 12 suivant présente la
répartition des personnes interviewées par Ethnie :
43
Tableau 12 : Répartition des personnes interviewées
par Ethnies
ETHNIE
Fréquence
Pour cent
Pourcentage
valide
Pourcentage
cumulé
Valide Baka
Mbimo
Mv ong Mv ong
Nkounabembe
Total
86
43
17
70
216
39,8
19,9
7,9
32,4
100,0
39,8
19,9
7,9
32,4
100,0
39,8
59,7
67,6
100,0
Il ressort de ce tableau 12 que l'ethnie Baka est la plus
représentée dans l'échantillon
car 39,8% des personnes interrogées sont des Bakas,
même si les trois autres ethnies
appartiennent au grand groupe des Bantous
représenté à 60,2%. Le grand groupe des Bantous
se subdivise en trois ethnies principales : les Nkounabembes
représentant 32,4% de la
population échantillon, les Mbimos représentants
19,9% et les Mvong Mvong représentants
7,9% de la population. Cette répartition ethnique est
proportionnelle à la distribution ethnique
réelle autour du parc national de Boumba Bek, à la
différence qu'un accent a été porté sur les
Bakas qui sont le Peuple Autochtones de la zone
forestière, et le reste (les Bantous)
constituent la Communauté locale. La figure 11 suivante
présente la proportion de chacune
des ethnies dans la population échantillonnée.

Nkounabembe
Baka
Mvong Mvong
Mbimo
Figure 11 : Répartition de la population
échantillonnée par Ethnie
Le tableau 13 suivant présente la répartition
des personnes interviewées, par village et par Ethnie :
44
Tableau 13 : Répartition de la population
échantillonnée par village et par ethnie
Tableau croisé
VILLAGE * ETHNIE
Effectif
ETHNIE
Total
Baka
Mbimo
Mv ong Mv ong
Nkounab
embe
VILLAGE Bangue
Gribé
Massea
10
8
6
4
2
2
2
12
1
6
7
11
Il ressort de ce tableau que la répartition des
personnes interviewées par ethnie s'est
faite par hasard même si un accent a été
porté sur les peuples Bakas dans certains villages tels
que Song Ancien et Zokadiba où ils sont plus nombreux au
sein de leurs communautés.
Mikel
Mimbo Mimbo
Ngola 120
Song ancien
Zokadiba
Total
11
7
6
23
15
86
9
11
12
2
1
43
1
1
17
11
7
4
13
11
70
Quatre tranches d'âge ont permis de regrouper les avis
des personnes interrogées par rapport à leur perception des
Variations et Changements Climatiques : la tranche Jeune (constituée des
personnes dont l'âge varie de 30 à 40 ans), la tranche Adulte
(personnes dont l'âge varie de 40 à 50 ans), la tranche Vieux
(dont l'âge varie de 50 à 60 ans) et la tranche Très vieux
(constituée par des personnes dont l'âge est supérieure
à 60 ans). Le tableau 14 suivant présente la répartition
de la population échantillonnée par classe d'âge et par
genre. Tableau 14: Répartition de la population
échantillonnée par genre et par classe d âge
Classe_Age
|
féminin
|
masculin Total général
|
pourcentage (%)
|
Jeune
|
49
|
67
|
116
|
53,70
|
Adulte
|
32
|
39
|
71
|
32,87
|
Vieux
|
7
|
10
|
17
|
7,87
|
Tresvieux
|
4
|
8
|
12
|
5,56
|
Total général
|
92
|
124
|
216
|
100
|
Pourcentage (%)
|
42,60
|
57,40
|
100
|
|
Il ressort de ce tableau que 53,70% des personnes
interrogées ont un âge compris entre 30 et 40 ans, 32,87% de
ceux-ci ont un âge compris entre 40 et 50 ans, 7,87% ont un âge
compris entre 50 et 60 ans et 5,56% sont âgés de plus de 60 ans.
Ceci reflète la tendance générale de la distribution de la
population par âge autour du PNBB. Il ressort également de
45
ce tableau que 57,40% de la population échantillon sont
des hommes contre 42,60% de femmes. Le tableau 15 ci-dessous présente
les activités principales des personnes
interviewées.
Tableau 15: Activités exercées par les PACL
interviewées
ethnie
|
Agriculture
|
Cueillette
|
Chasse
|
enseignant
|
Exploitation Total
forestière général
|
Baka
|
13 (15,12%)
|
70 (81,4%)
|
3 (3,44%)
|
|
|
86 (100%)
|
Mbimo
|
38 (88,37%)
|
4 (9,30%)
|
|
1 (2,32%)
|
|
43 (100%)
|
Mvong Mvong
|
9 (52,94%)
|
8 (47,06%)
|
|
|
|
17 (100%)
|
Nkounabembe
|
52 (74,28%)
|
17 (24,29%)
|
|
|
1 (1,42%)
|
70 (100%)
|
Total général
|
112
|
99
|
3
|
1
|
1
|
216
|
pourcentage (%)
|
51,85
|
45,83
|
1,40
|
0,46
|
0,46
|
100
|
Il ressort de ce tableau que l'activité principale des
PACL en général est l'Agriculture avec 51,85% des personnes qui
la pratiquent comme activité principale. Mais cette activité est
pratiquée par 15,12% de Pygmées Bakas, 88,37% de Bantous Mbimo ou
Bagandos, 52,94% de Mvong mvong et 74,28% de Bantous Nkounabembe comme
activité principale. Il ressort de ce tableau que l'Agriculture est
l'activité principale dominante chez toutes les ethnies Bantous, tandis
qu'elle est l'activité principale de un Baka sur Six.
La cueillette est l'activité principale de 81,4% de
Bakas, 9,3% de Bantous Mbimos, 47,06% de Mvong mvong et 24,29% de Nkounabembes.
Il ressort que la cueillette reste l'activité principale de la
majorité des pygmées Bakas. La chasse a été
très peu citée comme activité principale car seulement
3,44% de la population échantillonnée pratiquent la chasse comme
activité principale et c'est une activité essentiellement
citée par les Pygmées Bakas comme activité principale.
Cette information cache la réalité, car il y'aurait plus de
chasseurs parmi les Bakas, mais ceux-ci évitent de dire qu'ils la
pratiquent comme activité principale à cause des mesures
répressives mises en oeuvre par les Écogardes. Il ressort
également que des activités valorisantes comme l'enseignement
font partie des activités principales des PACL, même si cela ne
représente que 0,46% des activités principales de ceux-ci. La
figure 12 ci-dessous présente les autres activités
pratiquées par les PACL interviewés.
46
Figure 12 : Autres activités pratiquées par les
PACL échantillonnés
Il ressort de cette figure que comme autres activités les
PACL citent principalement la
cueillette avec 49% d'occurrence. L'agriculture et la
cueillette sont exercés autant par les hommes que les femmes, tandis que
la Chasse est une activité typiquement exercée par les hommes et
la pêche une activité typiquement exercée par les femmes.
Ces activités typiquement exercées par un sexe
caractérisent l'organisation sociale chez les Pygmées Bakas. De
ce qui précède, il ressort que l'organisation sociale, la classe
d'âge, l'ethnie, le sexe
et l'activité pratiquée par les PACL sont
susceptibles d'avoir une influence sur la Perception du phénomène
de Changements Climatiques, ainsi que sur les stratégies
d'Adaptation.
4.2.2 Perception du phénomène de CC par les
PACL autour du PNBB.
La figure 13 suivante présente les fréquences
des réponses données par les répondants sur la question
portant sur la perception du phénomène de changement climatique
:

augmentation de la chaleur
Perturbation du rythme des saisons
baisse de la durée des saisons de pluies
diminution du phénomène de Brouillard
début tardif de la saison des pluies
irrégularité des pluies
allongement de la saison sèche
forte battance des pluies
baisse des précipitations
formation de nombreux microclimats
décalage du début de la saison pluvieuse
arrêt précoce des pluies
sècheresse fréquente
vélocité élevé en saison des
pluies
pluies précoces
maladies hydriques
Ras
Total général
56
|
25,93
|
47
|
21,76
|
23
|
10,65
|
14
|
6,48
|
14
|
6,48
|
12
|
5,55
|
8
|
3,7
|
7
|
3,24
|
6
|
2,78
|
5
|
2,31
|
4
|
1,85
|
4
|
1,85
|
3
|
1,39
|
2
|
0,93
|
1
|
0,46
|
1
|
0,46
|
9
|
4,17
|
216
|
100
|
Figure 13 : Fréquence des réponses sur la
perception du phénomène des CC
Il ressort de cette figure que 96% des personnes
interrogées ont répondu avoir une connaissance du
phénomène de Changements Climatiques et seulement 4 % des
personnes interrogées ont répondues négativement. Cela
ouvre donc la discussion sur la suite du questionnaire pour 96% des personnes
interrogées. Le tableau 16 ci-dessous présente les
différentes perceptions sur les changements climatiques :
Tableau 16: Perceptions des changements climatiques par les PACL
autour du PNBB
Variations climatiques perçues par les PACL Total
Fréquences (%)
47
48
Il ressort de ce tableau que les PACL interrogées ont
pu faire ressortir seize (16) perceptions différentes des changements
climatiques. La perception RAS (Rien à Signaler) est celle de ceux qui
ont répondu à la négative sur la connaissance du
phénomène d'où les 9 perceptions RAS correspondant aux 4%
des réponses négatives.
Les principales perceptions telles que l'augmentation de la
chaleur (25,95%) et la perturbation du rythme des saisons (21,76%) sont les
plus citées. D'autres perceptions telles que la baisse de la
durée des saisons de pluies (10,65%), le début tardif de la
saison des pluies (6,48%), l'irrégularité des pluies (5,55%), la
forte battance des pluies (3,24%), la baisse des précipitations (2,78%),
le décalage du début de la saison pluvieuse (1,85%),
l'arrêt précoce des pluies (1,85%) et le phénomène
de pluies précoces ou de pluies hors saison (0,46%) ont
été cités par les PACL interrogées.
Les perceptions telles que l'allongement de la saison
sèche (3,7%) et les sécheresses fréquentes (1,39%) ont
été citées par les PACL pour marquer un sentiment de
saisons sèches un peu plus chaudes et plus sèches que les saisons
sèches de leur enfance. Ces perceptions se regroupent au
phénomène d'augmentation de température observé
à la station de Yokadouma. Les perceptions telles que la diminution du
phénomène de brouillard (6,48%), la formation de nombreux
microclimats (2,31%), l'existence de nombreuses maladies hydriques (0,46%)
consécutives au manque d'eau potable qui est une conséquence
directe du phénomène de sècheresse dû à
l'augmentation de chaleur, et la perception de vélocité
élevée en saison des pluies (0,93%) actuelles par rapport
à la vitesse du vent qu'ils avaient l'habitude de vivre dans leur
enfance ont également été cités par les PACL
interrogées.
Les 16 différentes perceptions ci-dessus sont
citées autant par les Bakas que par les Bantous, ce qui signifie que la
perception des Changements climatique ne varie pas en fonction des ethnies
autour du PNBB. La figure 14 suivante présente la répartition des
perceptions des Changements climatiques par classe d'âge.

49
Figure 14 : Perception des changements climatiques par classe
d'âge
Il ressort de cette figure que les jeunes (30-40 ans) et les
adultes (40-50 ans) ont beaucoup citée les perceptions telles que
l?augmentation de la chaleur (37%), la perturbation du rythme des saisons
(27%). Si ces perceptions sont plus citées par les jeunes et les
adultes, cela pourrait témoigner que ces variations sont relativement
récentes par rapport aux perceptions telles la diminution du
phénomène de brouillard (7%) qui est uniquement citée par
les vieux (50-60 ans) et les très vieux (plus de 60ans). La figure 15
suivante présente les causes des changements climatiques citées
par les PACL interrogées.

50
Figure 15 : Causes des changements climatiques perçus par
les PACL
Il ressort de cette figure que la déforestation
(passage de la forêt à la non forêt) a été la
cause la plus citée par les PACL interrogées avec 51%
d'occurrence. L'agriculture itinérante sur brulis qui contribue à
la déforestation a été citée comme cause des
changements climatiques par les PACL avec 33% d'occurrence. L'exploitation
forestière anarchique (8%), l'exploitation minière (3%) ont
également été cité par les PACL. Il faut relever
que certaines personnes interrogées perçoivent les changements
climatiques comme un phénomène naturel (2%) ou comme le fait de
la sorcellerie (2%). Cette perception des causes du changement climatique
citées est présentée sur la figure 16 suivante en fonction
des ethnies :

51
Figure 16 : Causes des changements climatiques en fonction des
ethnies PACL interrogées
Il ressort de cette figure que les causes de la
déforestation sont perçues indifféremment par chacune des
ethnies interrogées. Les Bakas et les Bantous perçoivent la
déforestation comme la cause majeure des changements climatiques. Ils
ont également cité les causes naturelles et la sorcellerie
indifféremment parmi les causes des changements climatiques.
D'autres questions portant sur la durée que ces
variations sont observées, devraient permettre de situer les variations
dans le temps. Mais les réponses apportées à cette
question sont dispersées de manière à ne pas permettre de
localiser les variations récentes et les causes de ces variations
climatiques dans le temps, les uns ayant des perceptions différentes sur
le même phénomène cité que les autres dans le temps
même pour ceux appartenant à de mêmes classes
d'âge.
4.2.3 Perception des déterminants du climat par les
PACL autour du PNBB
En tout début des entretiens, une question portant sur
les éléments qui déterminent le climat avait pour but de
susciter la réflexion sur les paramètres du climat aux
près des personnes interrogées. Le tableau 17 suivant
présente les différents éléments cités par
les PACL.
52
Tableau 17: Différents paramètres qui
déterminent le climat perçus par les PACL interviewées
Déterminants du Climat perçus par les
PACL Total pourcentages (%)
56
|
25,93
|
47
|
21,76
|
42
|
19,44
|
39
|
18,06
|
22
|
10,19
|
5
|
2,31
|
4
|
1,85
|
1
|
0,46
|
216
|
100
|
les pluies
la température
le vent
les Saisons
l'humidité
le soleil
la sècheresse
le ciel, les nuages
Total général
Il ressort de ce tableau que les paramètres tels que
les pluies (25,92%), la température (21,76%), le vent (19,44%), les
saisons (18,06%), et l'humidité (10,19%) ont été
cités par les PACL interrogées. D'autres paramètres tels
que la nébuleuse solaire (2,31%), la sècheresse (1,85%) et le
couvert des nuages (0,46%) ont également été cités
par quelques personnes interrogées. A partir de ce tableau, il ressort
que les PACL interviewées ont une bonne connaissance climat et de ses
paramètres caractéristiques, donc sont susceptibles d'avoir
apportés des réponses claires sur la perception du
phénomène des changements climatiques.
4.3 Impact des Changements Climatiques sur les
activités des PACL
4.3.1 Etat des ressources naturelles exploitées
par les PACL
Dans la suite du questionnaire, des questions portant sur
l'état actuel de la végétation, de la faune, de la
pêche et de l'agriculture ont été posées. La figure
17 qui suit, présente les différentes réponses
apportées face à cette question :

Figure 17 : Etat actuel de la végétation
perçue par les PACL
53
Il ressort de cette figure que les PACL interrogées
perçoivent que la végétation est moins dense qu'avant (95%
des réponses apportées), 1% pense qu'elle est plus dense et les
4% de RAS représentent les réponses apportées par ceux qui
ont répondu négativement à la question de la perception du
phénomène de changement climatique. Cette densité a
diminué suite à la déforestation plutôt que
directement dû aux changements climatiques. La figure 18 ci-dessous
présente les perceptions sur l'état actuel de la faune.

Figure 18 : Perceptions sur l'état actuel de la faune
Il ressort de cette figure que 96% des réponses
apportées disent que la population animale a diminuée. La
diminution de l'abondance relative de la faune serait consécutive
à la chasse abusive, à la diminution des points d'eau et à
la déforestation qui contribuent à la dégradation de
l'habitat naturel des animaux, empêchant ainsi la reproduction des
animaux. Les activités de chasse sont ainsi perturbées. La figure
19 présente les perceptions sur la production de poissons à
travers la pêche :

Figure 19 : Perceptions sur l'état actuel de la ressource
en poissons
54
Il ressort de cette figure que les PACL perçoivent la
diminution de la production des poissons (95%) comme étant une
conséquence des changements climatiques. Elles justifient cette
perception à travers la baisse des quantités de poissons
prélevés par campagne de pêche. La figure 20 ci-dessous
présente les réponses quant à la perception de l'impact
des changements climatiques sur l'Agriculture :

Figure 20 : Perceptions sur l'état de l'agriculture dans
la zone
Il ressort de cette figure que les PACL perçoivent une
baisse des rendements agricoles à travers 75% des réponses
apportées. Ces rendements agricoles seraient en baisse à cause de
la perte de la fertilité des sols, l'irrégularité des
pluies et la perturbation du rythme des saisons. Les PACL ont également
cité l'augmentation des surfaces agricoles autour du PNBB avec 16%
d'occurence. Le développement des plantations industrielles telles que
la culture du cacao, du bananier plantain, et du café sont à
l'origine de l'augmentation des surfaces agricoles qui se font au
détriment de la végétation forestière.
Certaines espèces animales et végétales
sont menacées de disparition dans la Zone : Le tableau 18 ci-dessous
présente les animaux menacés de disparition cités par les
PACL :
55
Tableau 18 : Liste des Animaux cités par les PACL qui sont
menacés de disparition
Nom BAKA
|
Nom
BANGANDO
|
Nom
KONABEMBE
|
Noms communs
|
Noms
scientifiques
|
BOBO
|
KO'O
|
TSILE
|
Gorille
|
Gorilla gorilla
|
BOMBOLIBO
|
MONGALA
|
MYE
|
Céphalophe à
ventre blanc
|
Cephalophus leucogaster
|
BONGUEUEB ON
|
KPEDJEMA
|
|
Rat palmiste
noire
|
Mellivora capensis
|
DENGWE
|
SELE
|
KUIE
|
Céphalophe bleu
|
Cephalophus monticola
|
KELEPA
|
MBIA
|
DJUM
|
Pangolin géant
|
Manis gigantea
|
MBAMBE
|
BAUWALA
|
KOUOP
|
Varant
|
Varanus varanus
|
Mbongo
|
Mbongo
|
|
Bongo
|
Boocercus euryceros
|
NGBE
|
KPA
|
NTA'AH
|
Rat géant
d'Emin
|
Cricetomys emini
|
PAME
|
NGWEA
|
NKO DUC
|
Potamochère
|
Potamochoerus porcus
|
SEKO
|
WAKE
|
WAKE
|
Chimpanzé
|
Pan troglodytes
|
SUA
|
NGO
|
KEUEH
|
Panthère
|
Panthera pardus
|
TIDJENDJI
|
TIDJENDJI
|
EZEUSSE
|
Talapoin (plus
petit singe)
|
Miopithecus talapoin
|
YAH
|
FOLLO
|
ZOCK
|
Eléphant de
forêt
|
Loxodonta africana cyclotis
|
YOKA
|
BONGUE
|
GNOK
|
Daman d'arbre
|
Dendrohyerax dorsalis
|
|
|
|
Singe
indéterminé
|
Cercopithecus sp
|
|
|
KOUBOU
|
Hippopotamme
|
Diceros bicornis
|
Il ressort de ce tableau 18 que parmi les animaux cités
comme menacés de disparition par les PACL, certains sont classés
dans l'annexe 1 et 2 de la CITES. Mais la principale menace qui pèse
directement sur ces animaux est la chasse abusive et le braconnage.
Les maladies hydriques récurrentes, les vents violents
entrainant la destruction de certaines maisons dans les villages, les pluies
violentes et les sècheresses prolongées, ont été
citées par les PACL comme phénomènes nouveaux dus aux
changements climatiques.
Ces phénomènes extrêmes cités
auraient entrainé des dégâts matériels importants
dans les différents villages investigués. Le déracinement
des arbres, la destruction des plantations, l'occurrence de nombreuses
nouvelles maladies qui attaqueraient les plantes, les animaux et les hommes ;
le tarissement des cours d'eau en saison sèche, le manque de ressources
en eau,
56
la baisse de la récolte des Produits Forestiers Non
Ligneux, le déplacement des PACL d'un village à un autre et d'une
zone à une autre et parfois des pertes en vie humaines ont
été cités parmi les conséquences des
phénomènes climatiques qui se seraient produits dans les
différents villages investigués.
4.3.2 Influence des changements climatiques sur les
activités des PACL autour du
PNBB.
Les personnes interrogées ont cité les pratiques
agricoles comme étant la principale activité affectée par
les dérèglements climatiques. La cueillette, la chasse, la
pêche et autres activités ont également été
citées comme influencées par les changements climatiques.
4.3.2.1 Influence des Changements Climatiques sur les
activités Agricoles des PACL
La perturbation du rythme des pluies entraine la perte de
certaines semences qui sont mises en terre aux mauvais moments (lors des pluies
précoces ou fausses pluies selon les appellations des PACL), le brulis
intensif de la végétation lors des opérations de
préparation du terrain et des dommages aux jeunes plants lorsqu'ils
restent longtemps sans arrosage.
Les cultures industrielles et commerciales telles que les
plantations de cacao, de bananier plantain et de café subiraient des
dommages lors de leur floraison en saison sèche ; l'assèchement
des plants mis en terre en saison sèche, la perte de la production
lorsque les cabosses arrivent à maturité en saison des pluies et
lorsque la période de production coïncide avec la saison des
pluies. Pour le cas des fèves de cacao, la récolte des
fèves est plus productive lorsqu'elle coïncide avec la saison
sèche, et moins productive lorsqu'elle coïncide avec la saison des
pluies. Ceci est dû à la pratique de la récolte des
fèves qui consiste en une récolte des cabosses, le fendage des
cabosses pour y extraire les fèves, la fermentation des fèves et
le séchage de ces fèves avant de les entasser dans des sacs pour
la commercialisation. La fermentation dure exactement 3 jours d'après
les PACL qui cultivent le cacao. Si le temps de fermentation déborde
trois jours, la qualité des fèves produites sera moindre, et plus
les fèves sont fermentées, moins il y'a des chances que celles-ci
soient achetées sur le marché.
Les vents violents qui se produisent pendant les saisons des
pluies détruiraient les plantations en entrainant des chablis des
arbres. Les pluies précoces et les pluies interrompues entraineraient de
nombreuses maladies aux plantes vivrières. Certains agriculteurs parmi
les PACL interrogées ont fait la remarque que les perturbations des
saisons seraient à l'origine de la perturbation de la période de
récolte des cabosses de cacao.

57
Figure 21 : Fèves de cacao séchées en
plein air par les PACL
4.3.2.2 Influence des Changements Climatiques sur les
activités de Cueillette des PACL Les PACL interrogées,
notamment les pygmées Bakas ont pour activité principale la
cueillette. Certaines perceptions relevées par les PACL
interrogées portent sur la réduction de l'abondance des PFNL. Ces
PFNL seraient notamment :
Le miel sauvage ; le goût du miel sauvage aurait
changé selon les vieux Bakas ; il serait devenu moins sucré.
Celui-ci serait consécutif à l'ouverture de la forêt et
à l'augmentation de la chaleur. Les PACL disent que la collecte des PFNL
qui autrefois se trouvaient à proximité du village se retrouve
aujourd'hui très difficile à cause de l'éloignement dans
la forêt, d'où la baisse.
Par contre, d'autres PFNL telles que les mangues sauvages
(Andok,) auraient augmenté en quantités récoltées
par rapport aux anciennes périodes. Pour le cas de la collecte des
mangues sauvages, les PACL interviewées perçoivent une production
abondante à travers la quantité de mangues sauvages
récoltées qui serait passé de 10 sacs avant à
l'issus d'une période de récolte par tous les membres de la
communauté, à actuellement 25 à 30 sacs en une saison de
récolte. Une surproduction des mangues sauvages pourrait être
influencée par l'intérêt économique croissant actuel
suscité par ce PFNL sur le marché, qui pousserait les PACL
à fournir plus d'effort pour avoir une meilleure rentabilité. Le
Kg d'amandes écrasés pourrait coûter jusqu'à 5000
FCFA sur le marché. Cette surproduction pourrait également
être due à des stress physiologiques qu'auraient subit les
manguiers sauvages avec l'augmentation de la chaleur. Ceci a été
démontré par des recherches en physiologie des stress subis par
les arbres en zone tropicale (I. Cacciari et al. 2010).
58
Les PFNL phares des pygmées Bakas tel que les fruits de
Moabi qui servent à produire l'huile, et autres éléments
de base dans l'alimentation et la médication des PACL, le Djansang, les
chenilles comestibles, les champignons comestibles, le jujube, le poivre noir,
le piment sauvage, les rondelles et le tout coté seraient en baisse de
quantités.
Tableau 19: Liste des PFNL influencés par les CC
cités par les PACL interrogées
Nom commun Nom Scientifique
Usage
Moabi Baillonnella toxisperma La pulpe du fruit est
très
consommée et l'amande utilisée dans la
préparation de l'huile de Moabi
Andok (Amande de Mangue sauvage)
|
Irvingia gabonensis La pulpe est sucrée et
l'amande utilisée dans la préparation des sauces
gluantes. Elle est aussi vendue sous forme de pate
|
Djansang Ricinodendron heudelotii Les amandes sont
utilisées
comme condiment dans la préparation des sauces
Chenille comestible Imbrasia oyemensis Source
alimentaire protéique
de haute valeur pour les PACL et de nombreuses tribus
citadines.
Amvout Trichoscypha arborea La pulpe rouge des fruits
est
sucrée
Jujube Afromomum sp Multi-usage traditionnel

Amandes de mangue sauvage Piment sauvage Poivre noir
Jujubes long Jujubes ronds Fruits de Moabi
Chenilles séchées rondelles tout coté
Amvout
59
Figure 22: Photos des divers PFNL cités par les PACL
interrogées
60
4.3.2.3 Influence des Changements Climatiques sur les
activités de Chasse des PACL
La chasse commerciale est une activité lucrative qui
aide les PACL à satisfaire de nombreux besoins socio-économique.
Mais parmi les activités citées par les PACL interviewées,
la chasse est citée comme activité principale pour seulement 3%
de pygmées Bakas, alors qu'en réalité il y'a plus de
personnes qui la pratiquent au sein des communautés pygmées. Le
fait que la chasse soit moins citée peut être dû à la
diminution de la densité des animaux dans la forêt, citée
comme conséquence des changements de leur environnement par les PACL.
Ceux qui pratiquent l'activité de chasse perçoivent une
diminution des quantités de gibiers attrapés par piège ou
tués. D'après les chasseurs interrogés, avant, ils
pouvaient attraper un gibier chaque deux jours de n'importe quel gabarit. Mais
aujourd'hui quand il tend son piège, il doit attendre quatre jours voire
une semaine avant d'attraper un gibier. Donc le nombre de gibiers
attrapés serait passé de 5 par semaine à 2 voire 1 gibier
maximum par semaine.
4.3.2.4 Influence des changements climatiques sur les
activités de pêche des PACL
La pêche est l'une des activités principales
menées par les PACL. Dans les zones investiguées, les
pêcheurs interrogés appartiennent aux ethnies Mvong Mvong, Baka et
Nkounabembe. Les Bakas utilisent des techniques peu productives telles que la
pêche au panier, à l'assiette, à la ligne et très
souvent en utilisant du poison pour neutraliser la mobilité des poissons
dans l'eau. Les Mvong mvong et les Nkounabembe utilisent les techniques plus
productives telles que le filet, les pirogues et parfois des hameçons
pour attraper les poissons. La quantité de poissons pêchés
par les techniques des Bakas serait en diminution, alors que les
quantités pêchées par les techniques des Mvong Mvong et des
Nkounabembe seraient en augmentation. Le prolongement de la saison sèche
serait favorable pour la pêche car elle entraine le prolongement de la
période de pêche. Les bakas commencent peu à peu à
adopter les techniques de pêche mises en place par le Nkounabembe.
Le manque de ressources naturelles entraine le
phénomène de compétition pour les ressources et des
conflits. Les causes de conflits citées par le PACL interrogées
sont la sorcellerie (67% d'occurrence), l'Adultère, le chômage, le
vol des récoltes, les conflits familiaux et les disputes
interethniques.). D'autres causes telles que les mésententes sur la
gestion des points d'eau potables, et les conflits sur l'occupation du
territoire dans le village ont des liens avec la diminution des ressources
naturelles, donc les Changements climatiques.
61
4.4. Stratégies d'adaptation aux changements
climatiques mises en place par les PACL
Face aux perceptions des changements climatiques et aux
impacts sur leurs activités, les PACL ont mis en place des
méthodes qui leur permettent de faire face aux effets observés.
Ces méthodes d'adaptations varient selon le domaine d'activités,
l'ethnie et la classe d'âge des personnes interrogées.
4.4.1 Stratégies d'adaptation des PACL face aux
impacts des CC sur les activités Agricoles
Comme méthodes d'adaptation face aux effets des CC sur
les activités agricoles, les PACL ont cité des méthodes
endogènes ou indigènes (basées sur leurs savoirs
traditionnels) et les méthodes exogènes (adoptées des
solutions proposées par les ONG et autres acteurs du
développement durable installées dans la zone). Le tableau 20
suivant présente les stratégies d'adaptation des PACL dans le
domaine Agricole :
Tableau 20: Stratégies d'adaptations des PACL dans le
domaine agricole
Méthodes d'Adaptation mises en OEuvre par les
PACL
|
Total
|
Pourcentage (%)
|
Type de méthode
|
Diversification plus élevé des cultures dans la
même parcelle (Polyculture)
|
54
|
25
|
Endogène
|
Prédiction liée à l'interprétation
des
manifestations phénologiques du début et de la
fin des pluies
|
36
|
16,67
|
Endogène
|
Utilisation des variétés
Améliorées et de nouvelles cultures
changement de technique culturale
|
29
28
|
13,43
12,96
|
Exogène Endogène
|
Modification de la date des semis et de calendrier
|
20
|
9,26
|
Endogène
|
Arrosage et Irrigation des Champs
|
11
|
5,09
|
Exogène
|
prières et rites traditionnels
|
8
|
3,70
|
Endogène
|
Diversification des activités (et autres)
|
6
|
2,78
|
Endogène
|
Agroforesterie
|
4
|
1,85
|
Endogène
|
Provocation ou blocage des pluies
|
3
|
1,39
|
Endogène
|
RAS
|
17
|
7,87
|
Endogène
|
Total général
|
216
|
100
|
|
Il ressort de ce tableau que comme méthodes
exogènes, l'utilisation des variétés
améliorées des plants de cacao, de café et d'autres
cultures promues par les ONG locales et les représentations locales du
gouvernement (Ministère de l'Agriculture, SODECAO, etc.) et
62
l'adoption de nouvelles variétés de cultures
(13,43%) ont été citées (le Mais et la pomme de terre sont
progressivement introduites dans les cultures locales par les
allogènes). Elles ont également cité l'arrosage et
l'irrigation des champs et des plantations comme techniques Exogènes.
Comme méthodes d'adaptation Endogènes, les PACL
ont cité la diversification plus élevée des cultures au
sein de la même parcelle ou polyculture (25%), la prédiction
liée à l'interprétation des manifestations
phénologiques du début et de la fin des saisons de pluies
(16,67%), le changement des techniques culturales (abandon progressif brulis)
(12,96%), la modification de la date de semis et de calendrier cultural
(9,26%), les prières et rites traditionnels (3,70%), la diversification
des activités (2,78%), la pratique de l'agroforesterie (1,85%) et la
provocation ou le blocage des pluies (1,39%). Certaines personnes
interrogées ont répondu ne rien faire face aux CC (7,87%).
4.4.1.1 Diversification plus élevée des
cultures au sein de la même parcelle (Polyculture)
Les changements climatiques ayant affecté
considérablement la résistance des plantes à certaines
maladies, affectant ainsi la production, les PACL ont trouvé bon pour ne
pas perdre leur productivité d'associer plusieurs plantes dans la
même parcelle (polyculture). Cette association ayant non seulement pour
objectif de diminuer la susceptibilité des plantes, mais aussi de
multiplier la qualité des plants dans le champ de sorte que, si une des
plantes présente dans les champs succombe aux variations dues aux
changements climatiques, une autre pourrait résister, et ainsi,
l'objectif de production des denrées agricoles sera atteint. La
polyculture est une tradition chez les Bantous, et elle est adoptée par
les Bakas comme stratégie pour s'adapter aux perturbations climatiques.
Il est à relever que cette polyculture va de manière croissante,
car des observations faites permettent de remarquer une augmentation de la
diversité des cultures au sein de la même parcelle, d'où
cela pourrait être considéré comme stratégie
d'adaptation. Les photos suivantes présentent des champs en polyculture
mis en place par les PACL.

Figure 23 : Champs en Polyculture des PACL (champ Nkounabembe et
plantation Baka)
Figure 24 : Polycultures mixtes
63
Il ressort de ces figures que les PACL associent les cultures
vivrières nécessaires pour leur alimentation aux cultures
annuelles, et parfois aux cultures pérennes lorsqu'il s'agit de
polyculture et agroforesterie. Cette pratique se fait au sein de toutes les
Ethnies, qui perçoivent les effets des changements climatiques sur leurs
activités agricoles. De nouvelles cultures telles que le Mais ont
été introduites dans les cultures vivrières dans les
années récentes.
64
4.4.1.2 Système de prédiction traditionnel du
début et de la fin des saisons de pluies
Les Bakas et les Mvong Mvong ont cité le
repérage du début effectif de la saison des pluies à
partir du début de l'apparition des chenilles comestibles à
tête noire, comme une stratégie d'adaptation à
l'irrégularité des pluies. Les chenilles comestibles à
tête noire apparaissent très régulièrement deux
semaines avant que les pluies ne deviennent abondantes. S'il arrive qu'une
pluie tombe au cours d'une période de l'année et que sur les
feuilles des arbres (Sapeli, Ayous, Fraké...) les chenilles comestibles
à tête noire n'ont pas encore commencé à
proliférer, les PACL identifient cette pluie comme fausse pluie. Ce
n'est que lorsque les chenilles commencent à proliférer sur les
feuilles des arbres (saison des chenilles à tête noire) qu'ils
repèrent l'arrivée d'une abondance des pluies qui se fait
exactement deux semaines après le début de la saison des
chenilles à tête noire. L'arrivée des pluies marque la fin
de la saison des chenilles qui dure exactement deux semaines selon les PACL. La
figure 25 présente les chenilles comestibles vivantes
récoltées par les PACL et le tableau 21 donne la liste des
essences sur lesquelles ces chenilles à tête noire
prolifèrent.
Tableau 21: Liste des arbres à chenilles comestibles

Nom commun Nom Scientifique Nom
Vernaculaire
Sapeli Entandrophragma cylindricum HEKOUT
Ayous Triplochiton scleroxylon MVOKOUT
Fraké Terminalia superba MEMVOUT
Figure 25: Chenilles comestibles qui annoncent le début
effectif de la saison des pluies
Ces chenilles comestibles ne prolifèrent que sur les
feuilles de certaines essences forestières ci-dessus citées, qui
sont abattues lors de la récolte des chenilles par les pygmées et
les Mvong mvong. L'abatage de ces essences forestières par les PACL pour
la récolte des
65
chenilles met en péril le potentiel de
régénération d'où la menace qui pèse sur ces
repères traditionnels. Si l'exploitation anarchique entraine la
disparition de ces essences, cela entrainerait la perte de ce savoir
traditionnel tant bien important pour les PACL. La filière Chenille
comestible est aussi une importantes source de revenus pour les PACL car une
cuvette de chenilles peut coûter jusqu'à 25 000 FCFA, et une
communauté en récolterait plusieurs dizaines de cuvettes par
saison.
Le repérage de la fin effective des pluies se fait
aussi à partir des indicateurs naturels tels que l'apparition des
fourmis, des termites, des criquets et sauterelles, ainsi que des libellules en
bordure des cours d'eau et des papillons. Ces types de repères
permettent aux PACL d'identifier les périodes propices pour leurs
activités agricoles, afin d'éviter de semer très tôt
ou de récolter trop tard et de perdre des semences ou des
récoltes.
4.4.1.3 Changement des techniques culturale
Les PACL sont connus comme des pratiquants d'une agriculture
itinérante sur Brulis, avec abandon des terres après un maximum
de deux années d'exploitation. De notre investigation, il ressort que
les opérations de brulis prennent de moins en moins de l'ampleur et
certaines personnes interrogées enfouissent les herbent pour en faire de
la fumure des champs. Néanmoins le brulis reste une pratique importante
dans les opérations culturales des PACL, et ceux-ci mettent plus de
temps sur la même parcelle.
4.4.1.4 Modification de la date de semis et du calendrier
cultural
Le changement du début des saisons a poussé les
PACL à changer leur calendrier cultural, ainsi que les dates de semis
des diverses denrées cultivées. Certaines cultures comme le mais
ont été introduites dans le calendrier cultural, et les
opérations de pré-semis ont lieu.
4.4.1.5 Prières, rites traditionnels et provocation
ou blocage des pluies
Les PACL, en particulier les Pygmées Bakas, ont des
rites et traditions qui les mettent en relation directe avec la forêt. A
l'intérieur du Parc National de Boumba Bek, se trouvent de nombreux
sites sacrés qui servent aux manifestations culturelles des
pygmées Bakas. Les principaux rites traditionnels Bakas sont le Yeli et
l'Ejengui.
Le Yeli est un rite traditionnel qui a pour but d'initier les
jeunes bakas à la vie en société, la nutrition, la
localisation des ressources dans la forêt et la sécurisation de la
culture Baka pour qu'elle soit transmise de génération en
génération. Certains rituels du Yeli se font en prenant en
considération les changements climatiques pour que les jeunes n'aient
pas de difficultés à s'y adapter.
66
L'Ejengui est le rite traditionnel le plus connu chez les
pygmées Bakas qui a une fonction de divination, de protection, de
sécurisation, une fonction thérapeutique et une fonction de
communication. Lorsque les jeunes d'une classe d'âge sont initiés
au rite de l'Ejengui, il a la possibilité de participer à
d'autres rituels.
La Provocation des pluies est pratiquée par les vieux
Bakas. Cette pratique se fait lorsqu'ils constatent que la pluie a mis plus de
temps avant de tomber. De même, lorsque les pluies sont abondantes
empêchant les communautés Bakas de rester en harmonie avec leur
forêt (cas d'inondations), certaines pratiques traditionnelles ou
magiques permettent de bloquer les pluies. Seuls les initiés au
Yéli et à l'Ejengui peuvent participer au blocage ou à la
provocation des pluies. Avec la modernité, très peu de jeunes
sont encore initiés aux deux rites, ce qui pousse l'un des Vieux Bakas
à dire que cette pratique disparaitra un jour si les jeunes abandonnent
leur culture.
4.4.1.6 Pratique de l'agroforesterie
L'agroforesterie, technique qui consiste à associer les
espèces agroforestières aux plantes agricoles de manière
à favoriser les interactions, prend de plus en plus d'ampleur dans les
techniques d'adaptations aux changements climatiques mises en place par les
PACL. Ceux-ci le font afin de protéger les plantes contre l'effet des
vents violents, la sècheresse, et parfois pour soigner et nourrir les
plantes. Cette méthode d'adaptation aide les PACL à diversifier
leurs sources de revenus tout en maintenant leur production face aux
perturbations dues aux changements climatiques.
4.4.2 Stratégies d'adaptation des PACL face aux
impacts des CC sur les activités de
Cueillette
La forte pression anthropique dans la zone entrainerait la
réduction en quantité et en qualité de certains PFNL.
D'autres seraient en augmentation. L'adaptation se fait d'une part par la
diversification des activités de collecte (33,8%), et d'autres parts par
la domestication de certaines PFNL tels que l'igname sauvage. Le tableau 22
suivant présente les fréquences des diverses réponses
apportés à la question :
67
Tableau 22 : Liste des réponses apportées par les
PACL interrogées sur les méthodes
d'adaptation face à la réduction de l'abondance des
PFNL
|
|
|
Méthode d'adaptation mises en oeuvre face à
la réduction de l'abondance en
|
%
|
PFNL
|
Total
|
pratique de l'agriculture et domestication de certains PFNL
|
102
|
47,2
|
diversification des activités
|
73
|
33,8
|
augmentation de l'effort de cueillette
|
8
|
3,70
|
Mise en réserve des PFNL récoltés
|
4
|
1,85
|
RAS
|
29
|
13,4
|
Total général
|
216
|
100
|
De ce tableau, il ressort que les Bakas, qui sur le plan
historique sont réputés d'être des cueilleurs, pratiquent
à présent l'agriculture (47,2% d'occurence) pour pallier au
manque de PFNL alimentaire. Ils se sont lancés également dans la
domestication des ignames sauvages, du piment sauvage et d'autres
espèces dont ils ont constaté la rareté dans la
forêt et dont l'importance s'est avérée nécessaire
pour leur alimentation.
L'effort de cueillette (3,70%) qui est le temps consenti pour
la cueillette d'un PFNL pendant une période donnée a
augmenté. Par exemple, pour le cas des chenilles comestibles, avant il
était aisé d'en récolter une grande quantité
à proximité du village. A présent, il n'y a que de petites
quantités à proximité, et ce n'est que plus loin et
très souvent à l'intérieur du PNBB que celles-ci sont
abondantes.
Les pygmées Bakas font également des
réserves (1,85%) avec la rareté des PFNL. Ce sont des personnes
qui vivent habituellement au jour le jour, car l'abondance des ressources
alimentaires dans la forêt les avaient habitués à trouver
ce dont ils ont besoins à temps. Mais à présent, avec les
changements climatiques, les ressources sont plus rares, et ils sont
obligés de faires des réserves comme les bantous pour assurer
leur survie.
Les PFNL tels que l'igname sauvage est domestiqué et
cultivé par les PACL. Ils ont compris l'importance de s'approprier la
culture de cette plante à cause de la rareté de celle-ci en
forêt.
4.4.3 Stratégies d'adaptation des PACL face aux
impacts des CC sur les activités de
chasse
En temps réel, la chasse est l'une des activités
principale des Pygmées Bakas. Etant donné le niveau de
répression que les écogardes exercent sur les chasseurs PACL
à l'intérieur et autour du PNBB, il est clair que celles-ci
abandonnent peu à peu cette activité. Mais
68
néanmoins, elle reste une activité phare, vitale
pour eux, car l'étude de la filière chasse montre que le secteur
à lui tout seul génère plusieurs millions de FCFA,
nécessaires pour l'amélioration des conditions de vie des PACL
qui peuvent jouir des droits d'usage. Le tableau 23 suivant présente les
fréquences des réponses apportées à cette question
:
Tableau 23: Liste des méthodes indigènes
d'adaptation face à la réduction de l'abondance du gibier
face à la réduction de l'abondance en
gibier
|
Total (%)
|
Changement de technique de chasse
|
101
|
46,76
|
Élevage
|
62
|
28,70
|
Piégeage plus dense
|
8
|
3,70
|
Abandon de la chasse pour se tourner vers les autres
activités
|
2
|
0,93
|
Achat du gibier pour la consommation
|
2
|
0,93
|
Se contentent d'autres PFNL (miel sauvage, chenilles,
champignons...)
|
1
|
0,46
|
Pratique de l'agriculture-élevage comme alternative
|
1
|
0,46
|
RAS
|
39
|
18,05
|
Total général
|
216
|
100
|
Il ressort de ce tableau que le changement des techniques de
chasse (46,76%) est la principale méthode d'adaptation des PACL face
à la réduction de l'abondance du gibier. Certains PACL, notamment
les Bantous s'intéressent de plus en plus à l'élevage
(28,70%). Ils élèvent les porcs, chèvres et volailles pour
pallier à la carence en viande de brousse, et aux vues de l'importance
de ces animaux lors des cérémonies culturelles (la dote).
Comme technique de chasse, les Pygmées bakas augmentent
le nombre de pièges (18,05%) dans une zone précise (tend 3
à 5 pièges par semaine pour espérer attraper un gibier),
utilisent les armes à feu qui sont mis à leur disposition par les
Bantous, et qui partagent le gibier abattu, ce qui entraine le Braconnage. Les
techniques de chasse à la trappe, à la flèche
empoisonnée, à la ballette, à la battue, au creusage,
à l'embuscade, et au filet etc. sont de moins en moins
utilisées.

69
Figure 26 : Elevage porcin des Nkounabembe autour du PNBB
4.4.4 Stratégies d'adaptation des PACL face aux
impacts des CC sur les activités de
pêche
La pêche est une activité pratiquée
essentiellement par les femmes chez pygmées Bakas. La majorité
des réponses apportées à cette question a
été le changement de technique de pêche pour s'adapter
à l'évolution et à la rareté de la ressource
halieutique (96%). Les Pygmées sont passés de la pêche au
panier qui se faisait par la technique du poisson barré, à la
pêche au filet. Les PACL utilisent des lianes empoisonnée
(Strophantus) ou poisons chimiques pour les déverser dans l'eau afin que
les poissons soient asphyxiés et remontent en surface pour être
ramassés dans l'eau.
Les Bantous par contre se sont lancés dans la
pisciculture avec l'appui du Ministère de l'Elevage, des Pêches et
des Industries Animales (MINEPIA) en s'associant en GIC. Cela leur permet de
faire face au déficit de poissons et de tirer des revenus de cette
activité.

Figure 27 : Zones de pêche des PACL autour du PNBB
70
4.4.5 Stratégies d'adaptation des PACL face aux
impacts des CC dans les autres secteurs Les changements climatiques
amènent les PACL à changer de mode de vie. Les Pygmées
Bakas deviennent peu à peu sédentaires, pratiquent l'agriculture
comme les Bantous, et les femmes font des travaux ménagers comme
occupation principale ou secondaires.
Face aux intempéries de plus en plus violentes, les
Bakas entreprennent des constructions plus solides. Ils font les huttes avec
les feuilles de marantacées en saison sèche, et des huttes avec
des planches et troncs de petits arbres en saisons des pluies. Ils ont
même commencé à construire en terre battue comme les
bantous, parce qu'ils trouvent que leurs maisons sont plus résistantes
aux effets du vent que les huttes.
Face à la rareté de l'eau potable, les Bakas
consomment très souvent de l'eau contenues dans les lianes de
forêt. Cette eau est très pure et issue d'un processus de
filtration naturel végétal.
La diminution de l'abondance des PFNL alimentaires pousse
certains Bakas à s'intéresser à d'autres PFNL dont
l'abondance s'avère plus importante. Ils pensent que si un PFNL est
abondant, et qu'un autre devient rare, cela signifie que la nature voudrait
leur demander de consommer celui qui est abondant et laisser en
régénération celui qui est rare. Cette manière de
penser et de gérer la forêt a permis aux pygmées Bakas de
préserver la forêt pendant des millénaires tout en
contribuant à maintenir la forêt en bon état. Mais de
nombreux facteurs externes sont venus les pousser hors de la forêt, avec
des effets non seulement sur leur mode de vie, mais aussi sur celui de tous les
PACL. Les photos suivantes présentent certains changements
d'activités observés chez les PACL interviewés.

Figure 28 : Femme Baka ménagère
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
71
Figure 29 : Construction des huttes Bakas simple à gauche
et solide à droite

Figure 30 : Baka consommant les amandes de mangue sauvage
Figure 31 : Consommation de l'eau des lianes de forêt par
un Nkounabembé
De cette analyse, il ressort que les stratégies
d'adaptation mises en place par les PACL sont en relation avec les perceptions
qu'ils ont des changements climatiques. En dehors de la
72
perception des CC liée à la diminution du
brouillard, pour chacune des autres Perceptions (irrégularité des
pluies, variabilité des saisons, vents violents, etc), ils ont
développé des méthodes d'adaptation propres en relation
avec ces perceptions.
Pour les perceptions portant sur l'irrégularité
des saisons, le début tardif des pluies, le décalage et la
perturbation des saisons de pluies, Les stratégies indigènes
d'adaptation mises en place portent sur le repérage traditionnel du
début effectif des saisons pluvieuses à l'aide des indicateurs
naturels (période d'apparition des chenilles à tête noire).
Ils ont également opté pour la modification de la date des semis
et du calendrier cultural, ainsi que le changement de techniques agricoles et
la domestication de certaines espèces végétales sauvages.
L'une des stratégies portant sur la provocation des pluies par des rites
ancestraux est entièrement basée sur les savoirs traditionnels.
Du point de vue analytique, ces stratégies basées sur le savoir
traditionnelles sont très efficaces pour combattre la
vulnérabilité selon les PACL.
Pour les perceptions portant sur la forte battance des pluies
et la vélocité du vent élevée en saison des pluies,
les PACL ont adopté des stratégies d'adaptation allant des
constructions de maisons plus solides à l'utilisation des brise-vents
dans des systèmes agroforestiers pour les plantations et les champs.
Pour les perceptions portant sur l'augmentation de la chaleur,
la sècheresse fréquente, l'allongement de la saison sèche
et l'arrêt précoce de la saison des pluies, les PACL ont mis en
place des stratégies d'adaptation portant sur la diversification des
cultures au sein d'un même champ ou au sein d'une même plantation,
l'utilisation des variétés améliorées, soit
provenant des ONG ou des structures gouvernementales en place, soit issues d'un
processus de sélection sur la base de leur savoirs traditionnels.
Ces différents résultats sont comparables
à ceux de M. Ouedraogo et al., 2010 qui ont menés une
étude sur la perception et les stratégies d'adaptation aux
changements de précipitations par les Paysans du Burkina Faso en 2010.
Après analyse ils trouvent que les mesures d'adaptation les plus
appropriées sont celles élaborées par les paysans qui
vivent la réalité des changements climatiques, notamment dans le
secteur agricole.
Une étude similaire portant sur les perceptions locales
des changements climatiques et les mesures d'adaptation dans la gestion des
parcs à karité au Nord du Benin menée par GNANGLE et
al., en 2010 a permis de voir la relation entre les perceptions paysannes
du phénomène de changements climatiques et les stratégies
paysannes mises en place pour s'y
73
adapter. Il ressort clairement de cette étude que la
priorité ou le choix est porté sur une méthode
d'adaptation en fonction du niveau de perception du phénomène.
Il ressort aussi que, d'autres chercheurs ont mené des
études sur la perception des changements climatiques dans la zone
subsaharienne, et sont unanimes que, les changements climatiques qui se
manifestent par une élévation des températures et une
baisse des précipitations. Ces variations sont bien perçues par
les peuples autochtones et communautés locales. Celles-ci ont
élaboré des stratégies d'adaptation propres qui varient en
fonction du niveau de perception du phénomène.
Les résultats présentés dans le cadre de
cette étude se rapprochent de ceux du GIEC en 2010 et du CSC en 2013.
Les observations faites par les PACL autour du Parc National de Boumba Bek,
sont les mêmes que celles des scientifiques de ces deux institutions.
De cette étude, il ressort clairement que dans les
stratégies indigènes d'adaptation aux changements climatiques
mises en place par les PACL autour du PNBB, certaines stratégies
d'adaptation peuvent être collectives (les rites traditionnels
aboutissant à la provocation des pluies), communautaire (identification
du début effectif de la saison des pluies à partir des marqueurs
naturels) ou individuelles. La même remarque a été faite
par Traoré et al., en 2002 qui ont identifié les types
d'adaptation élaborés par les peuples du bassin du Niger.
De cette analyse, il ressort que le changement climatique
n'est pas une nouveauté en Afrique. De nombreuses communautés
locales qui sont confrontés aux défis créés par ce
phénomène depuis des années ont accumulé une somme
de connaissances très variées dont on pourrait s'en inspirer pour
élaborer des méthodes d'adaptation durables. Une
intégration de ces savoirs traditionnels aux connaissances scientifiques
pourrait augmenter la résilience, élaborer des stratégies
efficaces et mieux outiller le gouvernement dans la gestion des risques y
afférents. Ces stratégies d'adaptation basées sur le
savoir traditionnel, malgré certaines insuffisances, permettent aux PACL
de faire face aux changements immédiats de leur environnement depuis des
millénaires.
74
CHAPITRE. 5 : CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS 5.1.
Conclusions
Au terme de cette étude dont l'objectif global a
été de contribuer à l'amélioration des
stratégies d'adaptation aux changements climatiques à travers
l'amélioration des connaissances sur les stratégies
indigènes d'adaptation aux changements climatiques, force est de
constater que les températures moyennes annuelles ont augmenté
entre un minimum de 23,6°C (1974) et un maximum de 25,9°C (2013) de
1971 à 2014. De plus, la moyenne globale des températures de
24,72°C #177;0,59°C, observée pendant la même
période a tendance à augmenter significativement de plus de
0,5°C. Cette élévation de température dans la zone
s'avère supérieur aux observations du GIEC en 2013 dans son
cinquième rapport d'activités, qui stipule que la
température a augmenté de 0,85°C entre 1880 et 2012 dans le
monde ; d'où le réchauffement est plus accentué à
Boumba Bek.
Par contre, les précipitations moyennes annuelles ont
tendance à rester stables de 1951 à 2014, malgré la
diminution apparente entre une valeur maximale de 2140,5 mm au cours de la
décennie 2 et une valeur minimale de 1331,5 mm au cours de la
décennie 5. La moyenne générale des précipitations
annuelles moyennes de 1574,23 #177;178,97 mm subit une diminution de 30 mm sur
l'ensemble de la période, ce qui s'avère non significatif
d'après le test de régression effectué. Le nombre de jours
de pluies par année est passé de 163 jours de pluies en 1962
à 118 jours de pluies en l'an 2000 ce qui implique de graves
conséquences pour les activités des peuples autochtones et
communautés locales.
Autour du parc national de Boumba Bek, les peuples autochtones
(les pygmées Bakas) et les communautés locales (les Bangando, les
Mvong Mvong et les Nkounabembe) interrogés perçoivent clairement
les changements climatiques à travers 16 perceptions différentes
citées. Ils relèvent principalement une augmentation de la
chaleur , une perturbation du rythme des saisons et la baisse dans la
durée des pluies. Ils ont également relevé une
fréquence élevée de phénomènes climatiques
extrêmes tels que les sècheresses, les tempêtes de vents de
plus en plus violents, les pluies de plus en plus fortes entrainant des
inondations dans la zone.
Les Changements climatiques affectent les PACL à
travers la réduction de l'abondance des ressources naturelles,
perturbant ainsi les activités de cueillette, de chasse et de
pêche, qui sont des activités vitales pour peuples.
Les stratégies d'adaptation développées
par les PACL pour le secteur agricole sont principalement une diversification
plus élevée des cultures au sein d'une même parcelle
75
(polyculture), un système de prévision du
début effectif et de la fin des saisons de pluies basé sur des
manifestations phénologiques et d'autres savoirs traditionnels, la
domestication des espèces sauvages et le changement de techniques
culturales. La provocation traditionnelle et blocage traditionnel des pluies
ont également été cités par les personnes
interrogées. Les stratégies d'adaptation pour le secteur de la
cueillette mises en place par les PACL portent essentiellement sur la
sédentarisation progressive des Pygmées Bakas, et la pratique de
l'agriculture comme activité pour les pygmées Bakas.
Dans le secteur de la chasse, les PACL optent pour un
changement de techniques de chasse et une reconversion des chasseurs soit en
Agriculteurs, soit en éleveur. Pour ceux qui pratiquent la pêche
comme activité, l'adaptation porte sur l'amélioration des
techniques de pêche à partir des méthodes traditionnelles
et sur l'implication des autres classes sociales dans l'activité de
pêche.
A l'issue de ces résultats, il ressort que les
changements climatiques sont réels et bien perçus par les PACL
qui ont élaborés des savoirs traditionnels pour s'y adapter.
Quoique ceux-ci s'avèrent limités, les savoirs traditionnels sont
d'une extrême importance, aux vues de la forte
vulnérabilité des communautés rurales qui ne
possèdent pas de ressources, ni de moyens techniques pour s'y
adapter.
L'hypothèse principale formulée au début
de cette étude, qui stipule que « l'utilisation des savoirs
traditionnels dans les méthodes d'adaptation est la principale
stratégie d'adaptation des PACL face aux changements climatiques autour
du parc national de Boumba Bek », est acceptée. Les méthodes
telles que le dispositif de prévision du début effectif des
pluies et de la fin effective des pluies, la provocation traditionnelle des
pluies lorsqu'elles tardent à tomber ainsi que le blocage des pluies en
période de crue excessive, sont des stratégies d'adaptation
basées sur les savoirs traditionnels ancestraux des PACL autour du PNBB.
La domestication des espèces sauvages est également fonction des
habitudes alimentaires de PACL, car ceux-ci privilégient la
domestication de l'igname sauvage plutôt qu'une autre espèce sur
la base de leurs savoirs traditionnels.
L'hypothèse secondaire 1 qui dit que les
températures ont augmenté d'au moins 0,5°C et les
précipitations ont diminués d'au moins 2% par décennie au
cours des quatre dernières décennies est acceptée
partiellement. Car de cette étude, il ressort que la température
moyenne annuelle à la station de Yokadouma a augmenté de plus
d'un demi-degré Celsius selon la courbe de tendances. Par contre, les
précipitations restent stables malgré une diminution
76
apparente de 30 mm sur la période. L'hypothèse
principale basée sur le rapport de Molua et Lambi en 2007 au Cameroun
est partiellement acceptée.
L'hypothèse secondaire 2 qui dit que les PACL
perçoivent clairement les changements de leur environnement sur les
trente dernières années est acceptée ; car il ressort de
cette étude que les PACL ont cité 16 perceptions
différentes allant des sensations de chaleur en hausse et des
précipitations en baisse, à la baisse progressive du
phénomène de Brouillard et la vélocité
élevée en saison des pluies. Cette perception des changements
climatiques est bien ressortie à travers la manifestation de
phénomènes climatiques extrêmes telle que la
sècheresse, les inondations et les tempêtes de vent à
fréquence élevée, Bien relevés par les PACL.
L'hypothèse secondaire 3 qui stipule que le principal
impact des Changements Climatiques sur les PACL autour du parc national de
Boumba Bek a été la réduction de l'abondance des PFNL est
acceptée, car de l'analyse des discours, il ressort une perception de la
diminution des ressources naturelles affectant la disponibilité des PFNL
dont les quantités sont en baisse pour certaines PFNL autour du parc.
Par contre, les quantités d'autres PFNL tels que les mangues sauvages
seraient plutôt en hausse, à cause des stress physiologiques due
à l'augmentation de la chaleur (I. Cacciari et al.
2010).
L'hypothèse secondaire 4 qui dit que les
méthodes d'adaptation mises en place par les PACL varient en fonction du
niveau de perception du phénomène par la communauté ou
l'individu est accepté car dans le cadre de cette étude, selon
que l'interviewé appartienne à une classe d'âge, la
stratégie d'adaptation énumérée varie en fonction
de la manière de percevoir le phénomène des changements
climatiques. Néanmoins, aucune stratégie n'a été
relevée pour la perception de la diminution du phénomène
de Brouillard perçue par les vieux.
77
5.2. Recommandations
A la fin de cette étude, les recommandations suivantes
peuvent être portées à l'attention des diverses parties
prenantes intéressées par cette étude.
Au Gouvernement Camerounais (MINFOF, MINEPDD,
etc.).
Il est recommandé de créer un cadre pour
l'élaboration de la stratégie nationale d'adaptation aux
changements climatiques, afin d'intégrer les savoirs traditionnels des
peuples autochtones et communautés locales dans les stratégies
d'adaptation. A cet effet, il lui est recommandé :
- Créer un cadre institutionnel de réponse aux
changements climatiques à l'échèle nationale et dans les
communes, permettant de renforcer la coordination, le travail en réseau
et la circulation des informations entre différents niveaux de
l'administration, afin d'adapter au mieux la riposte face aux enjeux de
l'élimination de la pauvreté et les changements climatiques.
- Mettre en place un cadre pour le transfert des connaissances
traditionnelles de
génération en génération, d'une
localité à une autre, et d'une culture à une autre.
- Solliciter la révision des lois dans tous les
départements ministériels afin que les politiques d'adaptation
aux CC intègrent les savoirs traditionnels des PACL des
différentes zones.
- D'améliorer l'accès à l'information sur
les données climatiques et les changements climatiques au niveau
national
- De mettre à profit les savoirs culturels des PACL
pour renforcer les mécanismes nationaux d'adaptation existants
- D'impliquer les communautés locales et les peuples
autochtones dans la définition et la mise en oeuvre des plans d'action
nationaux d'adaptation (PANA) pour s'assurer des meilleurs résultats.
- Instituer qu'une étude nationale soit faite
auprès des PACL afin recueillir plus d'informations sur les savoirs
traditionnels efficaces dans l'adaptation aux CC au niveau national.
78
A la GIZ-ProPSFE
Il est recommandé :
- De poursuivre la mise en place de la procédure du
consentement libre informé et préalable (CLIP) dans la mise en
oeuvre des projets REDD+ au Cameroun, car cette procédure a
facilité le contact et les échanges entre les PACL et
l'enquêteur.
- D'appuyer d'autres études similaires dans les
différentes zones agro écologiques du Cameroun afin
d'élaborer un document national d'adaptation aux changements climatiques
basé sur les savoirs traditionnels des peuples autochtones et
communautés locales et les connaissances scientifiques dans ces diverses
zones agro-écologiques.
- De vulgariser ce document auprès des autres
partenaires au développement, élaboré dans les normes de
la procédure du consentement libre informé et
préalable.
- De sensibiliser les autres partenaires au
développement sur l'importance de conserver les savoirs traditionnels
des peuples autochtones qui sont de véritables repères pour
l'adaptation aux changements climatiques.
Aux ONGs et structures de recherche qui oeuvrent dans
l'adaptation et l'atténuation des CC au Cameroun (IUCN, PNUD, CIFOR,
SNV, Fondation TNS, Pacebco, etc.).
Il leur est recommandé :
- De mettre à contribution leurs ressources afin qu'un
document national sur les stratégies d'adaptation des peuples
autochtones et communautés locales du Cameroun soit mis sur pied
à travers une étude nationale.
Au Service de la Conservation du Parc Nationale de BoumBa
Bek. Il est recommandé :
- De redoubler de vigilance autour du Parc National de Boumba
Bek, car les PACL savent que les Animaux se sont déplacés des
zones périphériques des villages pour les zones humides et
fraiches à l'intérieur du PNBB, d'où la menace persistante
de braconnage à l'intérieur du PNBB
79
Aux Universités
Il leur est recommandé :
- D'orienter les recherches scientifiques des étudiants
sur la valorisation des acquis à partir des connaissances ancestrales
(les savoirs traditionnels), et les adapter aux technologies innovantes
tirées d'ailleurs.
Aux citoyens camerounais et aux usagers des ressources
naturelles qui ressentent les changements climatiques
Il est recommandé :
- De s'intéresser aux savoirs traditionnels
élaborés dans chacune des communautés du pays. Cela
pourrait constituer la clé pour l'adaptation aux changements climatiques
pour les générations présentes et pour les
générations futures (clé d'une adaptation durable).
Aux peuples autochtones et communautés locales
autour du Parc National de Boumba Bek
Il est recommandé :
- D'arrêter l'abattage des jeunes sapelli pour
récolter les chenilles comestibles, car cette pratique détruit la
régénération naturelle de cette essence forestière
de haute valeur commerciale et perturbe ainsi la transmission d'un savoir
traditionnel tant bien important pour l'adaptation aux changements
climatiques.
80
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84
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85
ANNEXES
ANNEXE 1 A : GUIDE D'ENTRETIEN
FICHE D'ENQUETE SIMPLIFIE POUR LA PHASE DE COLLECTE
DES
DONNEES.
PERCEPTION DU CHANGEMENT CLIMATIQUE PAR LES
POPULATIONS
LOCALES
1. Identification du Répondant
Date de l'enquête : Village Sexe : F/M
;
Age ans; Activité principale : ; Activités
secondaires
2. Perception du climat et de la variabilité
climatique 2.1 Qu?est-ce qui détermine le climat ?
2.2 Avez-vous connaissance que le climat a
changé ? Oui Non
2.3 Si oui, Comment le savez-vous ?
B- IMPACT DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LES ACTIVITES
3.1 Est-ce que les Changements Climatiques ont une influence sur votre
activité ?
3.2 Les rendements de chasse, de cueillette et
de pêche sont-ils en baisse? Oui Non
86
3.3 Si oui, comment expliquez-vous la baisse actuelle des
rendements ? (par ordre d'importance)
Baisse de la pluviométrie
|
|
Fin précoce de la saison pluvieuse
|
|
Sécheresse pendant les phases critiques (floraison et
reproduction animale)
|
|
Hausse de température
|
|
Maladies
|
|
Autres (Préciser)...
|
|
STRATEGIES INDIGENES D'ADAPTATION AUX CHANGEMENTS
CLIMATIQUES
a)- comment faites vous pour vous adapter à la
variabilité des saisons?
b)- face à la réduction des pluies (en
quantités), que faites vous pour que cela n'affecte pas votre
activité?
c)- face aux vents de plus en plus violents, et à la
violence des pluies comment réagissez vous ?
d)- y'a-t-il des PFNL dont l'abondance est affectée par
les Changements climatiques ? Citez
les : .
e)- face à la diminution des ressources naturelles,
quelle technique d'adaptation avez-vous élaboré ? (l'eau, les
PFNL, le gibier, etc. ...)
87
f)- Pratiquez-vous un peu d?agriculture? Oui Non
-Votre agriculture est elle souvent perturbé par les
changements climatiques? Oui Non Comment faites vous pour gérer ces
perturbations ?
88
ANNEXE 1 B : GUIDE D'ENTRETIEN FICHE
D'ENQUETE
PERCEPTION DU CHANGEMENT CLIMATIQUE PAR LES
POPULATIONS
LOCALES
1. Identification du Répondant
Numéro : Date de l'enquête :
Village
Sexe : F/M ; Situation matrimoniale :
M/C/D/V ; Age ans ; Niveau d'études : P/S/U
;
Activité principale : ; Activités secondaires
.
Durée du séjour dans la localité : ans
2. Perception du climat et de la variabilité
climatique 2.1 Qu'est-ce qui détermine le climat ?
Pluie
|
|
|
Température
|
|
|
Vents
|
|
|
Humidité
|
|
|
Soleil
|
|
|
Le niveau des
d'eau
|
cours
|
|
La végétation
|
|
|
Altitude
|
|
|
Tous ces éléments
|
|
|
Autres
|
|
|
2.2 Avez-vous connaissance que le climat a
changé ? Oui Non
2.3 Si oui, Comment le savez-vous ?
89
Observations de
environnement
|
son
|
|
Radio
|
|
|
Télévision
|
|
|
Journaux
|
|
|
Information en
(Internet)
|
ligne
|
|
A l'école
|
|
|
Autres (Préciser)
|
|
|
2.4 Qu'est ce qui semble caractériser le changement
climatique ?
Baisse de température
|
|
Baisse des pluies
|
|
Hausse de température
|
|
Hausse des pluies
|
|
Autres (Préciser) :
|
|
2.5 Le climat de votre région a-t-il changé ?
Oui Non
2.6 Si oui, depuis combien de temps ?
0 - 5 ans
|
|
5 - 10 ans
|
|
10 - 15 ans
|
|
Plus de 15 ans
|
|
2.7 Quelles sont les causes de ces changements
climatiques ?
Déforestation
|
|
Agriculture itinérante
|
|
Activités industrielles
|
|
Exploitation minière
|
|
Développement urbain
|
|
Autre (Préciser) :
|
|
90
2.8 a)- Quel est l'état actuel de la
végétation ?
Plus dense n Moins densen Stablen
2.8 b)- Quel est l'état actuel de la
faune
Plus dense n Moins densen Stablen
2.8 c)- Comment évaluez-vous la
production agricole ?
Augmentation n Diminutionn Stabilitén
2.8 d)- Comment estimez-vous la production de
poissons ?
Augmentation n Diminutionn Stabilitén
2.8 e)- Avez-vous constaté une
disparition d'espèces végétales dans la localité
?
n Oui n Non.
2.8 f)- Si oui, lesquelles ?
2.8 g)- Avez-vous constaté une
disparition d'espèces animales ? n Oui n Non.
2.8 h)- Si oui, lesquelles ?
2.9 Y a -t-il eu dans la localité un
événement climatique marquant ? n Oui n Non
2.10 Lequel ?
Eléments
|
+
|
-
|
Inondation
|
|
|
Pluies violentes
|
|
|
Vents violents
|
|
|
Sécheresse
|
|
|
Raz de marée
|
|
|
Autres (Préciser)...
|
|
|
2.11 Depuis combien de temps ?
0 à 5 ans
5 à 10 ans
91
10 à 15 ans
Plus de 15 ans
2.12 Quelles ont été les
conséquences dans la localité ?
Glissements de terrain
|
|
Eboulement
|
|
Epidémies
|
|
Inondations
|
|
Sècheresse
|
|
Manque de Ressources en eau
|
|
Erosion des sols
|
|
Baisse de la récolte des PFNL
|
|
Baisse de la chasse
|
|
Incendies
|
|
Pertes en vies humaines
|
|
Déplacement des populations
|
|
Dégâts matériels
|
|
Autres (Préciser)...
|
|
2.13 Quelle a été la
réaction de la population ?
Panique et Abandon des lieux
|
|
Organisation spontanée
indigènes d'adaptation)
|
(stratégies
|
|
Appel à l'aide
|
|
|
Autres (Préciser)...
|
|
|
IMPACT DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LES ACTIVITES
3.1 Quelles sont les principales activités des populations de
ce village ?
Chasse
Cueillette
92
Pêche
|
|
Agriculture
|
|
Elevage
|
|
Commerce
|
|
Industrie (exploitation
forestière ou minière)
|
|
Services
|
|
Autres (Préciser)
|
|
3.2 Le climat a-t-il une influence et Comment
influence-t-il ces activités ?
Influence
|
Oui ou Non
|
+
|
-
|
Chasse
|
|
|
|
Cueillette
|
|
|
|
Pêche
|
|
|
|
Agriculture
|
|
|
|
Elevage
|
|
|
|
Santé
|
|
|
|
Ressources en eau
|
|
|
|
Industries
|
|
|
|
Habitat
|
|
|
|
Faune et Flore
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
3.3 Certaines activités sont-elles
nées avec les changements climatiques? Oui Non.
Si oui, citer
3.4 Certaines activités ont-elles
disparues avec les changements climatiques ? Oui Non.
Si oui, citer
93
3.5 Les rendements de chasse, de cueillette et
de pêche sont-ils en baisse avec les changements climatiques?
Oui Non
3.6 Si oui, comment expliquez-vous la baisse
actuelle des rendements ? (par ordre d'importance)
Baisse de la pluviométrie
|
|
Fin précoce de la saison pluvieuse
|
|
Sécheresse pendant les phases critiques (floraison et
reproduction animale)
|
|
Hausse de température
|
|
Maladies
|
|
Autres (Préciser)...
|
|
3.7 Y a-t-il une mobilité des autochtones
d'un secteur d'activité à l'autre ?
Oui Non
3.8 Les migrations des jeunes vers les villes et
sur l'extérieur du pays sont-elles importantes ?
Oui Non
3.8 Existe-t-il de + en + des conflits dans la
localité ?
Oui Non
3.9 Si oui, quelles en sont les causes ?
3.10 Y'a-t-il des plantes médicinales
qui ont disparues ou qui sont menacées de disparition dans le village ?
Quels étaient leurs usages ?
3.11 Y'a-t-il des rites, coutumes, ou
traditions qui ont disparues ou qui sont menacées de disparition ? (qui
se pratiquaient avant et qui ne se pratiquent plus) ? Quelles pourraient en
être les causes ?
94
STRATEGIES INDIGENES D'ADAPTATION AUX CHANGEMENTS
CLIMATIQUES
4.1 Quelles sont les principales méthodes
d'adaptation mises en oeuvre face :
a)- à la réduction de l'abondance en PFNL ?
b)- à la réduction de l'abondance du gibier
(baisse de l'activité de chasse) ? Changement de technique de chasse par
exemple ;
c)- à la réduction des produits de la
pêche
d)- à la réduction ou la perte des savoirs sur les
plantes médicinales
f)- à la diminution des ressources naturelles dont leur
survie en dépend
|