Stéphanie CAUX
IRIS sup' Master en Géo-économie et intelligence
stratégique
LA MONGOLIE :
Une croissance, mais à quel prix ?
Mémoire réalisé par Stéphanie CAUX
sous la direction de Monsieur Emmanuel HACHE professeur à l'IFP
School.
Stéphanie CAUX Table des
matières
REMERCIEMENTS 5
INTRODUCTION 6
INFORMATIONS GENERALES SUR LA MONGOLIE ET RETOUR SUR
L'HISTOIRE. 8
FICHE PAYS 8
CLIMAT ET LA GEOGRAPHIE 9
POPULATION ET CULTURE MONGOLE 10
CULTURE ET RELIGION 11
LA MONGOLIE UNE PUISSANCE RE-EMERGENTE? 13
RETOUR SUR L'EMPIRE MONGOL 13
LA DOMINATION MANDCHOUE 17
LA MONGOLIE SOUS INFLUENCE COMMUNISTE 19
COMMENT EXPLIQUER LA CROISSANCE ECONOMIQUE MONGOLE ?
22
L'INDUSTRIE MINIERE 22
LE CHARBON : 23
LE CUIVRE: 25
L'OR : 26
AUTRES RESSOURCES 29
LES AUTRES SECTEURS PORTEURS 31
SECTEUR DE LA CONSTRUCTION ET L'IMMOBILIER: 31
SECTEUR DU LUXE: 34
NOUVELLES TECHNOLOGIES: 34
BANQUE ET FINANCE: 35
LA PLACE DE LA FRANCE EN MONGOLIE 36
UN ENVIRONNEMENT FAVORABLE AUX INVESTISSEURS
37
LES LIMITES DE CETTE CROISSANCE 39
UNE DEPENDANCE A LA CONJONCTURE INDUSTRIELLE MONDIALE ET
UNE DEPENDANCE PAYS: 39
LE COURS DES MATIERES PREMIERES : UN DANGER POUR LA
CROISSANCE 42
LA THESE DE PREBISCH ET SINGER 44
UN PAYS ENCLAVE 45
UN MANQUE D'INFRASTRUCTURES 46
UNE DEPENDANCE ENERGETIQUE 48
LE PHENOMENE DE « DUTCH DISEASE »,
UNE MENACE POUR LE PAYS? 50
UN PAYS ENDETTE 54
LA CORRUPTION 56
EXODE RURAL ET DISPARITION DU MODE DE VIE NOMADE
58
INEGALITE DES REVENUS ET PAUVRETE 60
LES PROBLEMES ENVIRONNEMENTAUX 65
LA POLLUTION: 65
ACTIVITE SISMIQUE: 67
INONDATIONS: 68
APPARITION D'UN SENTIMENT ANTI-CHINOIS 69
Stéphanie CAUX
COMMENT LUTTER CONTRE CES DIVERS PHENOMENES ?
72
LA POLITIQUE ETRANGERE DE LA MONGOLIE ET LA NOTION DE
« TROISIEME VOISIN » 72
LA CHINE ET LA RUSSIE: 72
LE TROISIEME VOISIN 73
LA COREE DU SUD : 73
LES USA: 74
LE JAPON : 74
L'UNION EUROPEENNE : 75
LE KAZAKHSTAN : 76
L'AUSTRALIE: 76
GERER AU MIEUX LA RENTE MINIERE 78
LUTTER CONTRE LA CORRUPTION GRACE A L'EITI (EXTRACTIVE
INDUSTRIES TRANSPARENCY INITIATIVE). 78
LA PRIVATISATION DE L'ECONOMIE : BONNE OU MAUVAISE IDEE ?
78
MISE EN PLACE D'UN FOND SOUVERAIN 82
DIVERSIFIER L'ECONOMIE 85
LE TOURISME : 85
UNE CROISSANCE VERTE 88
PRODUCTION D'ENERGIES RENOUVELABLES: 88
L'AGRICULTURE ... BIOLOGIQUE 91
LA PRODUCTION DE CACHEMIRE: 92
L'EXPORTATION DE YOURTES MONGOLES: 93
CONCLUSION 95
RESUME DES OPPORTUNITES ET MENACES POUR LA
MONGOLIE 97
SOURCES 98
DOCUMENTS ELECTRONIQUES 98
DOCUMENTS AUDIOVISUELS 104
ANNEXES 105
Stéphanie CAUX
Carte de la Mongolie
« Ne donne jamais cette terre
même si dieu te le demande
»
Proverbe mongol
Stéphanie CAUX
Remerciements
Je tiens tout d'abord à remercier les personnes qui
m'ont aidée dans la réalisation de ce mémoire :
En premier lieu, merci à monsieur Emmanuel Hache,
professeur à l'IFP School, qui en tant que Directeur de mémoire,
m'a guidée et conseillée dans mon travail tout au long de
l'année notamment en me fournissant divers documents sur le sujet, tous
très utiles.
En second lieu, je tiens à remercier mes camarades de
classe qui m'ont transmis des informations sur le sujet ainsi que Romain Aby,
doctorant à l'IFG, pour ses divers conseils et son soutien.
Enfin, je remercie mes proches qui m'ont donné un avis
critique sur mon mémoire.
Stéphanie CAUX
Introduction
Aujourd'hui, lorsque nous parlons de croissance, nous
associons souvent ce mot à certains pays, notamment les BRICS
(Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), tout simplement car ce
sont ces derniers qui occupent la une de l'actualité économique
internationale. D'autres pays sont bien plus discrets, comme la Mongolie,
même si elle connaît une croissance impressionnante, comme en
témoignent les chiffres du FMI : 17 ,5 % en 2011, 12,3 % en 2012 et
11,8% en 2013.
Comparaison du taux de croissance du
PIB1
Pays
|
Mongolie
|
Zone Euro
|
Brésil
|
Russie
|
Inde
|
Chine
|
2011
|
17,5%
|
3,3%
|
2,7%
|
4,3%
|
6,6%
|
9,3%
|
2012
|
12,3%
|
0,7%
|
1%
|
3,4%
|
4,7%
|
7,7%
|
2013
|
11,8%
|
0,4%
|
2,5%
|
1,3%
|
5%
|
7,7%
|
Bien qu'elle soit encore modeste, la place de la Mongolie
commence à devenir de plus en plus importante sur la scène
internationale. Appelée nouvel eldorado asiatique par certains
médias2, la Mongolie possède un sous-sol
extrêmement riche avec d'immenses réserves d'or, de cuivre, de
charbon et d'autres minerais, qui ne manquent pas d'attirer les entreprises
étrangères. Mais le pays n'oublie pas que d'autres États
riches en ressources naturelles ont été exploités et
ruinés par la corruption et une mauvaise gestion. La question est donc
de savoir quelle voie va suivre le gouvernement : un développement
rapide accompagné d'une réduction de la pauvreté ou une
économie mise au service de quelques-uns ?
Actuellement un sujet se retrouve au centre des discutions :
Oyu Tolgoi, un énorme
1 Source : banque mondiale
2
http://www.arte.tv/fr/mongolie-le-nouvel-eldorado-asiatique/6780004,CmC=6776432.html
Stéphanie CAUX
gisement de cuivre et d'or au coeur du désert de Gobi.
Cette mine d'une valeur de 5 millions de dollars et toujours en construction
devrait être pleinement opérationnelle en 2020. On estime que dans
10 ans, sa production pourrait représenter 30 à 35% du PIB du
pays, ce qui à terme pourrait être dangereux et amener à un
phénomène de « dutch disease ». Le gouvernement qui a
cédé la construction de la mine contre 34% des parts de la
compagnie d'exploitation est donc soumis aux critiques de la part de sa
population.
Concernant les clients, la Chine représente le
marché principal pour les matières premières mongoles, de
part sa position géographique, mais aussi grâce à ses
besoins conséquents, d'ailleurs, le gouvernement mongol prévoit
de développer le plus rapidement possible des infrastructures afin de
pouvoir intensifier et diversifier ses exportations. Parmi ces projets, on peut
citer la construction de nouvelles lignes routières et ferroviaires
entre la Mongolie et la Chine dont une ligne de chemin de fer de 1000
kilomètres. Les dirigeants politiques sont aussi conscients qu'il faut
réinvestir dans l'économie nationale les revenus tirés de
ces richesses nouvellement exploitées. La construction d'une fonderie de
cuivre et d'une raffinerie de pétrole est par exemple prévue.
Mais force est de constater que cela n'a pas qu'un impact
positif pour la Mongolie et que ce nouveau modèle économique
présente de nombreux dangers.
À travers ce mémoire nous allons donc revenir
sur l'histoire de la Mongolie afin de montrer que le pays a déjà
connu des périodes fastes mais aussi de domination, ensuite nous allons
montrer les raisons pour lesquelles la Mongolie connaît cette croissance
et enfin nous chercherons à en montrer les limites, c'est à dire
les nouveaux défis auxquels la Mongolie se voit confrontée.
Stéphanie CAUX
Informations générales sur la Mongolie et
retour sur l'histoire.
Fiche pays
Nom du pays : Mongolie
Capitale : Oulan-Bator
Langue(s) : Mongol
Langue des affaires : Anglais Pays
voisins : Russie et Chine Religion(s) : bouddhisme et
chamanisme
Minorités ethniques : Kazakhs, bouriates,
Touviniens, TangouzesÉ Superficie : 1.564.120
km2 Nombre d'habitants : 2,839 millions (2013)
Densité : 1,7 habitant / km23
Pourcentage de la population vivant sous le seuil de pauvreté :
27,4 %
Taux d'alphabétisation : 97,8%
Forme de l'État : république
Président : Tsakhiagiyn Elbegdorj Monnaie :
Tugrik
Secteurs d'activités : Agriculture 40,6
%, Industries : 15,2%, Services : 44,2 %
Risque pays (Coface) : business climate : C ;
country risk assesment : C Inflation : 9,7% (2013), 7,5%
(2014) Dette publique : 67,3% (2013), 65,8%(2014)
Géographie : lacs et montagnes à
l'ouest ; montagnes, rivières et verdure dans le centre et dans le nord
; déserts au sud.
Climat : continental : été chauds
et pluvieux (20°), hivers froids et rigoureux (-24°)
3 Il s'agit de la plus faible densité de
population au monde
|
8
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Stéphanie CAUX
Climat et la géographie
La Mongolie est composée d'un vaste plateau dont 80% du
territoire est à plus de
milles mètres d'altitude. À l'extrême
ouest, on trouve la haute chaine montagneuse de l'Altaï, dont le point
culminant, le Kujten Uul, se situe à 4 373 mètres. Cette
région est frontalière du Kazakhstan ou se trouve une
minorité Kazakh (unique
peuple musulman de
Mongolie). La partie centrale est constituée de steppes
herbeuses, environnement idéal pour les nomades et leurs troupeaux. Le
sud se caractérise par de larges étendues désertiques dont
le fameux désert de Gobi. Enfin, au nord, on trouve la Taïga et des
éleveurs de rennes. La Mongolie est aussi un pays à l'altitude
très élevée avec une moyenne de 1580 mètres au
dessus du niveau de la mer. Le climat de la Mongolie est aussi extrême en
raison de son enclavement, les températures pendant l'année
peuvent ainsi varier de + 40° Celsius l'été à
-50° l'hiver (Oulan-Bator est d'ailleurs la capitale la plus froide du
monde). La situation continentale de la Mongolie en fait aussi un pays sec avec
des précipitations moyennes de l'ordre de 310 mm par an, ce qui signifie
aussi que le ciel reste une grande partie de l'année sans nuage (d'ou le
nom de pays au « ciel bleu éternel »). Les saisons ont donc un
impact direct sur le style de vie mongol, en raison d'hivers très rudes,
il n'est pas rare que les habitants soient confrontés à des
pénuries de nourriture. Au contraire, durant l'été,
l'activité est intense, les trains à destination de la Chine sont
nombreux et les habitants profitent de cette période pour acheter de la
nourriture et des biens de consommation courante dans les pays frontaliers.
Stéphanie CAUX
Divisions administratives
La Mongolie possède 21 provinces encore appelées
« Aîmag » qui sont elles mêmes subdivisées en 315
districts « Sum » et 1 municipalité avec statut de province :
Oulan-Bator. La municipalité d'Oulan-Bator est elle même
divisée en 9 districts puis en « Khoroo ».
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Population et culture mongole
Démographie
La population mongole a commencé à augmenter
dès 1918, à l'époque, le pays comptait seulement 647 500
habitants contre près de 2,8 millions aujourd'hui. Pendant le
20ème siècle la population a donc été
multipliée par 3,7 (dont + 16% entre 2000 et 2010). On estime
aujourd'hui que la population augmente de 1,5% chaque année. Comme dans
la plupart des pays en développement, les habitants sont jeunes, puisque
l'âge moyen n'est que de 26,9 ans (voir tableau) ; on remarque aussi une
très faible proportion de personnes âgées de plus de 60
ans, cela est principalement du au mode de vie nomade, en effet, l'accès
au soin est difficile du fait de leur éloignement des villes. La
jeunesse permet au pays d'avoir à la fois une main d'oeuvre importante
et donc de booster le développement économique mais aussi un
grand nombre de consommateurs (demande). Enfin, la population est
essentiellement urbaine puisque seulement 32% des habitants vivent en zones
rurales, malgré cela 45% vit encore dans l'habitat traditionnel : la
yourte mongole.
Age
|
Pourcentage de la population
|
0-14
|
26,9%
|
15-24
|
19%
|
25-54
|
44,5%
|
55-64
|
5,5%
|
65 et plus
|
4%
|
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10
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Stéphanie CAUX
Culture et religion
Zoom sur la Yourte et le Naadan
Le Naadam : C'est l'événement le plus
attendu en Mongolie, il s'agit même d'un jour férié dans le
pays. Durant cette journée sont organisés plusieurs
évènements : Des courses de chevaux en fonction de l'âge
des montures (plus les chevaux sont vieux, plus les courses sont longues), des
combats de lutte mongole (le sport le plus apprécié et
pratiqué par la population) ainsi que du tir à l'arc, même
si cette dernière activité tend à disparaître en
raison du nombre restreint de participants.
La Yourte mongole : La yourte est le logement
traditionnel en Mongolie, comme dans certains des pays voisins (Kazakhstan ou
même en Turquie). Il s'agit d'une structure faite de bois et recouverte
de laine et de feutre aussi facile à mettre en place qu'à
démonter et transportable à dos d'animaux ou grâce à
des véhicules tout terrain : en effet il est indispensable pour les
nomades de pouvoir changer d'endroit dès que les animaux n'ont plus
assez de pâturages.
Cet habitat transportable a aussi l'avantage d'être
résistant aux intempéries grâce à son isolation
performante. Notons que dans une yourte, on doit aussi respecter certaines
règles : il faut par exemple ne jamais entrer avec le pied gauche, ne
pas passer entre les piliers centraux, ne pas rester debout à
l'intérieur ou encore, bien respecter les places dédiées
à chaque personne.
Enfin les yourtes ont très peu changées depuis
l'époque de Gengis Khan, seuls quelques éléments comme la
charpente ont reçus des modifications pour améliorer la
qualité de vie des mongols.
Stéphanie CAUX
La liberté de mouvement, l'adaptabilité et
l'hospitalité sont les principales caractéristiques du peuple
mongol, ainsi, les voyageurs se voient souvent offrir de la nourriture ou
même un logement sans même avoir à le demander4.
Au centre de la Mongolie, dans les steppes, les chevaux sont pour la population
un bien très précieux (chaque année est organisée
la course Naadan), la yourte est aussi un élément important dans
la culture mongole : c'est à la fois le centre de la vie familiale, un
lieu de travail, de repos É les yourtes sont souvent offertes ou
construites lorsqu'un couple décide de se marier.
En ce qui concerne la religion on en distingue plusieurs en
Mongolie : le chamanisme et l'animisme, selon la tradition de leurs
ancêtres (3% de la population), le bouddhisme (50%) depuis le
5ème siècle, qui est devenu la religion principale,
mais aussi des religions minoritaires comme l'islam (4%) ou le catholicisme
(3%). Si les mongols étaient traditionnellement ouverts au niveau de la
pratique des religions, la période communiste a largement
réprimé toute pratique religieuse ce qui explique le nombre
important d'athées (40%). Ce n'est qu'avec le rétablissement de
la démocratie que les mongols ont eu de nouveau le droit de pratiquer
librement. Durant la période communiste, le culte de Gengis Khan
était lui aussi formellement interdit, mais aujourd'hui, il est
présent partout en Mongolie et est devenu une véritable
fierté nationale : pour célébrer les 800 ans de l'empire
mongol, une immense statue a été érigée devant le
parlement mongol.
4 Cela est surtout valable dans les campagnes
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12
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Stéphanie CAUX
La Mongolie une puissance ré-émergente
?
Afin de comprendre au mieux le phénomène de
croissance qui touche aujourd'hui la Mongolie, il semble indispensable de
revenir sur l'histoire de ce pays. Nous allons donc ici évoquer 3
périodes de l'histoire mongole qui peuvent expliquer les relations
qu'entretient le pays avec ses voisins. Nous parlerons tout d'abord de l'empire
Mongol, le plus grand empire jamais connu jusqu'à présent ; nous
évoquerons ensuite la domination Mandchoue qui peut expliquer les
relations étroites qu'entretient le pays avec la Chine et enfin nous
parlerons de la période communiste pour démontrer l'influence
russe de nos jours.
Retour sur l'empire Mongol
Peu d'épisodes dans l'histoire ont été
aussi marquants que les diverses conquêtes de l'empire Mongol. Dans les
années 1200, ces cavaliers venant d'Asie ont réussi à
créer le plus grand empire qui n'ai jamais existé.
Généralement, les Mongols sont décrits comme des guerriers
brutaux du fait de l'expansion rapide de leur territoire et des nombreux
massacres qu'ils ont commis. Cependant, la plupart de ces faits ont
été commis durant le règne de Gengis Khan ou celui de ses
enfants.
Les Mongols étaient de base un peuple nomade,
formé d'environ deux millions d'hommes. Ils vivaient la plupart du temps
dans des yourtes au milieu de la steppe en Asie Centrale (actuelle Mongolie).
Les habitants étaient souvent divisés en plusieurs tribus avec un
leader à leur tête nommé « Khan ». Les Mongols
étaient de très bons cavaliers mais aussi de bons combattants
puisqu'ils pratiquaient la chasse. Ils formaient donc un peuple non
unifié ce qui n'effrayait personne, cependant ils avaient un
énorme potentiel pour former une armée puissante, il ne leur
manquait donc qu'un leader.
Stéphanie CAUX
En 1162, une femme a donné naissance à Temujin.
Pendant toute son enfance ce dernier montra sa grande intelligence et sa
capacité à commander. Lorsqu'il est devenu un adulte, Temujin est
devenu le « Khan » de sa tribu. En tant que Khan, il décida
d'organiser des alliances avec d'autres tribus mongoles. Par la suite, il
créa une armée et l'entraina pour qu'elle devienne une machine de
guerre disciplinée. En 1206, tous les Mongols reconnaissaient Temujin
comme leur leader. C'est ainsi qu'il fut proclamé « Gengis Khan
». Son premier rêve était de faire de son peuple un peuple
unifié. Ainsi en 1209, il a conduit son armée jusqu'en Chine.
Au moment ou Genghis Khan est arrivé au pouvoir, la
Chine était divisée en trois provinces, Xi Xia à l'ouest,
Jin au nord et Sung au Sud. Après une longue bataille il réussit
à conquérir toute la Chine excepté l'empire Sung. Dans les
années qui ont suivi, les Mongols ont vaincu toutes les armées
auxquelles ils étaient confrontés et ont ainsi agrandi
considérablement leur territoire. Selon de nombreux historiens, ces
victoires sont dues à une formidable organisation, et à leur
maitrise de diverses armes (arcs, armes à feu, lances). Les Mongols ont
ainsi énormément appris des chinois, notamment comment fabriquer
de la poudre ou comment détruire des murs grâce à des
catapultes.
Genghis Khan a souvent essayé de passer des accords
avec ses ennemis. Son plus grand souhait était de créer un
empire, s'il pouvait le faire sans se battre cela lui allait très bien.
Mais les villes qui ont essayé de lui résister l'on tout de suite
regretté car les Mongols n'ont jamais échoué dans la
conquête d'une ville, de plus, ils avaient pour habitude de piller et de
bruler les villes qui leur résistaient. À cause de ces habitudes,
une véritable terreur s'était installée autour des soldats
mongols.
Stéphanie CAUX
Environ une douzaine d'années après la
conquête de la Chine, les mongols avaient réussi à
conquérir tout ce qui se trouvait sur leur passage. De plus, l'empire
n'était plus uniquement dirigé par Genghis Khan mais aussi par
ses quatre fils. En 1227 on pouvait donc annoncer que les Mongols
étaient à la tête d'un empire qui s'étendait de la
Chine au Golf Persique. Il aurait pu faire de nombreuses autres
conquêtes, mais Genghis Khan était devenu trop
âgé.
Après sa mort en 1227, son empire fut
légué à ses quatre fils qui ont chacun reçu une
partie de l'empire Mongol. Mais si Genghis Khan souhaitait voir un de ses fils
lui succéder, ce ne fut pas le cas, les mongols ont donné ce
pouvoir à Ogadei en 1229. Ce dernier créa une capitale pour
l'empire mongol : Karakorum et lança une nouvelle série de
conquêtes. L'armée se lança à l'assaut de la Russie
et de l'Europe de l'Est. En 1241, les mongols étaient sur le point
d'envahir l'Europe de l'ouest mais cela fut annulé suite au
décès d'Ogadei et reporté à plus tard.
Pendant une dizaine d'années, il était presque
impossible de trouver un successeur, ce n'est qu'en 1251 que Mongke fut
proclamé Khan. Durant son règne, son frère Hulegu envahit
l'Iraq et procéda à l'un des plus grands massacres sous l'empire
Mongol, 800 000 personnes seraient mortes lors de cette invasion. Pendant ce
temps, Mongke était déterminé à venir à bout
de l'empire Sung (celui que Genghis Khan n'a jamais réussit à
battre).
Pendant l'attaque de l'empire Sung, Mongke meurt soudainement
en 1259, après une brève réunion on décide de le
remplacer par Kublai, cependant ce choix n'est pas au gout des Mongols qui
pensent qu'il ne mérite pas la place de Khan. En plus de cela, les
mongols vivent pour la première fois une défaite contre l'actuel
Etat d'Israël. À L'est Kublai Khan continue son effort pour venir
à bout de l'empire Sung.
Stéphanie CAUX
En 1264, il décide de changer la capitale de l'Empire
et remplace Karakorum par Khanbalik, ville située au nord de la Chine.
En 1279, il gagne finalement la bataille contre l'empire Sung et met en place
une dynastie mongole pour diriger la Chine : la dynastie Yuan. A partir de la,
Kublai Khan décide de délaisser le reste de son empire pour se
concentrer sur la Chine. Même si ses désirs de conquêtes
étaient toujours présents, ce fut une défaite lorsqu'il
tenta d'envahir le Japon.
Kublai Khan mourut en 1294, et laissa derrière lui un
empire divisé en mille morceaux et bien trop grand pour être
gouverné efficacement. L'empire fut divisé en quatre parties,
chacune dirigée par un Khan. Toutes ces provinces ont continué
à avoir des relations entre elles, mais elles étaient à
présent indépendantes.
Avec leurs années de combats à présent
derrière eux, les Mongols ont perdu leur puissance et leur esprit de
guerriers, ils sont devenus faibles et corrompus. Les peuples qu'ils avaient
dominés ont senti cette faiblesse et ont commencé à se
Stéphanie CAUX
révolter contre eux. En 1335, le dernier Khan fut
renversé, se fut ensuite le cas dans la dynastie Yuan. En 1368 une
nouvelle dynastie fut établie : la dynastie Ming. Le dernier territoire
des mongols était le Golden Horde, mais un prince russe, Ivan III a
réussi à prendre possession de cette dernière enclave en
1480 ce qui marqua la fin de l'Empire Mongol.
La domination Mandchoue
A la fin du 15ème siècle, les
mandchous commencent à avoir une influence grandissante grâce
à une organisation sociale et militaire très stricte. Ce peuple
deviendra très rapidement puissant et décidera de commencer son
invasion à travers l'Asie, les chinois seront vite dominés ainsi
que le peuple mongol. Les Mandchous prennent le contrôle de la Mongolie
intérieure5 et en 1644, la dynastie chinoise Ming est
renversée puis remplacée par la dynastie Qing.
5 La Mongolie intérieure n'a jamais été
récupérée par la Mongolie et fait aujourd'hui parti de la
Chine, cependant, les habitants de cette région ont conservé un
mode de vie bien particulier.
Stéphanie CAUX
À partir de cette date, les mongols ont eu beaucoup de
mal à lutter contre les mandchous et surtout à s'entendre entre
eux puisque diverses communautés se distinguent (Khalkha et Oiryid), ce
qui provoquera d'ailleurs une guerre civile en 1688. Après cette guerre,
les deux Mongolies sont rattachées et sous la protection de
l'État mandchou. Cependant, une partie située à l'ouest
résiste toujours et le dernier Khan mongol se bat vaillamment jusqu'en
1696, date à laquelle il sera écrasé par les Mandchous
bien supérieurs, à la fois en nombre, mais aussi mieux
armés. À Partir de cette date, tous les mongols seront donc sous
influence Mandchoue et ce jusqu'en 1911.
Durant cette période, les mandchous vont encourager la
diffusion du bouddhisme tibétain à travers la Mongolie, les
habitants devront aussi faire face à un système militaire
très dur, à des taxes élevées sur les produits
agricoles et a la bureaucratie chinoise. La société mongole sera
aussi divisée en différentes classes sociales : les descendants
de Gengis Khan, les Serfs, la classe roturière É La haute
société vivra plutôt bien la domination Mandchoue tandis
que le reste de la population se verra considérablement appauvri
à cause des doubles voir triples impositions. Enfin, les Mandchous vont
encourager les chinois à s'installer en Mongolie pour qu'ils imposent
leur mode de vie et leur culture ce qui sera très mal perçu.
Cela mènera à l' « indépendance
» de la Mongolie, contestée à la fois par la Chine, mais
aussi par la Russie qui la réduisent à un statut de région
autonome sous souveraineté chinoise. Les mongols peuvent donc
gérer leurs affaires intérieures seuls, mais pas les affaires
étrangères. Le pays sera en réalité un État
tampon entre la Chine et la Russie jusqu'en 1924.
Stéphanie CAUX
La Mongolie sous influence Communiste
Après quelques années d' «
indépendance », la Mongolie se retrouve de nouveau
contrôlée par un de ces voisins : la Russie. En
réalité, le pays commence à avoir des relations avec la
Russie de Lénine dès 1921, via un traité d'alliance et
d'amitié entre les deux pays, il encourage aussi le PRPM (Parti
révolutionnaire du peuple mongol), à suivre les lignes
directrices du communisme. Très rapidement, l'assemblée nationale
établie des réformes pour abolir le système féodal
et met en place une économie en accord avec les principes
communistes.
Dès la mise en place de la dictature stalinienne en
1928, la Mongolie devient un État satellite de l'URSS initialement
spécialisé dans l'élevage et la confection de
vêtements en peau. Les dirigeants organisent des purges6
visant à éliminer tous les opposants politiques,
l'économie est planifiée et l'agriculture collectivisée.
Notons tout de même que sous la domination soviétique de nombreux
progrès ont été observés :
> Dès les années 30, la Mongolie a
commencé à s'industrialiser grâce à sa collaboration
avec l'URSS, à titre d'exemple, certains ingénieurs mongols ont
été envoyés en Russie pour être formés,
à cela s'ajoute aussi la création de centrales, de routes et de
chemins de fer.
> Dans les années 50, des progrès ont
été observés dans le domaine social : un des objectifs
était d'éradiquer l'illettrisme chez les jeunes adultes et
d'améliorer le système éducatif afin de former au mieux la
future main d'oeuvre.
6 Durant les purges communistes de nombreux moines ont
été massacrés et des temples détruits, on estime
à 18 000 le nombre de victimes.
Stéphanie CAUX
> Dans les années 60, le secteur minier s'est
développé ainsi que le secteur de la construction avec
l'urbanisation grandissante. En 1962, la Mongolie rejoint aussi le COMECON, un
plan d'assistance économique visant à faire face à la
communauté économique européenne.
> Enfin, durant les décennies 70 et 80, le secteur
minier a pris de plus en plus d'importance ainsi que la coopération
entre les deux pays que ce soit dans le domaine industriel ou agricole.
Le réel problème venait du fait que la doctrine
communiste ne s'adaptait pas au mode de vie des mongols, un peuple très
libre, ayant pour habitude de vivre comme il le sent et surtout sans
obligation. La Mongolie a donc vécu près de 70 ans sous
domination soviétique, ce n'est qu'avec l'avènement de la
pérestro ·ka (restructuration) et de la glasnost (transparence)
que le climat est devenu favorable à une complète
indépendance du pays.
En 1989, la population commence à montrer son envie de
changement à travers des manifestations. Le PRPM, le parti à la
tête de l'État depuis 1921, cède aux pressions du peuple et
organise les premières élections en juin 1990. Le PRPM se
maintient au pouvoir avec 62% des voix mais inclut des membres de l'opposition
au sein du tout nouveau gouvernement. On observera par la suite de nombreuses
réformes économiques et la mise en place de subventions visant
à aider la population7. Les membres du PRPM, se
succèderont jusqu'en 2009 avec l'arrivée au pouvoir de
Tsakhiagiyn Elbegdorj membre du parti démocrate et toujours au pouvoir
de nos jours.
7 Avec la chute de l'URSS, la Mongolie a tout d'abord vécu
une période difficile puisque toutes les aides de l'union
soviétique ont disparues du jour au lendemain.
Stéphanie CAUX
Le gouvernement mongol
Le gouvernement actuel est organisé de façon
monocamérale autour du Grand Khoural (cela signifie qu'il n'y a qu'une
seule chambre au parlement). La personne qui possède le plus de pouvoir
en Mongolie est le premier ministre (Norovyn Altankhuyag depuis 2012), le
président quant à lui, agit en tant que commandant en chef des
armées. Depuis 1996, le Grand Khural se compose de 76 sièges ou
les parlementaires prennent place une fois élus (vote à la
majorité).
|
·
1644 1911-
1924 -1990
1206-1480
1990 -?
Empire mongol
· Domination des mandchous
· Période communiste
· Mongolie actuelle (économie de marché)
Stéphanie CAUX
Comment expliquer la croissance économique mongole
?
L'industrie minière
Depuis son ouverture à l'économie de
marché il y a quelques années, on observe un
taux de croissance
particulièrement élevé en Mongolie, le
pays affiche même une croissance bien plus importante que la plupart des
BRICS et a atteint des records en 2011 avec plus de 17% de
croissance, mais comment expliquer ces chiffres ? Tout
simplement car l'on observe un besoin grandissant en matières
premières à l'échelle mondiale, lui même très
fortement influencé par les pays en développement (comme la
Chine), ce qui entraine bien évidemment une hausse du cours des
matières et donc des revenus potentiels pour les pays producteurs. Le
secteur minier en Mongolie, déjà présent à
l'époque soviétique, a connu un véritable boom ces dix
dernières années et devrait encore progresser pour atteindre 95%
des exportations du pays dans les prochaines années, lorsque les plus
grandes mines seront en fonctionnement. La Mongolie se révèle en
effet être une terre immensément riche avec diverses ressources
toutes très convoitées comme nous allons le voir.
Stéphanie CAUX
Le charbon :
Le charbon semble être la commodité la plus
appréciée en Mongolie malgré la présence d'autres
minerais. Lors d'une conférence de presse donnée par le ministre
mongol de l'énergie et des ressources minérales en 2011, les
ressources en charbon avaient été estimées à 162
milliards de tonnes, ce qui équivaut à 10% des réserves
connues sur la planète. La Mongolie possède plusieurs types de
charbon de qualités différentes parmi lesquelles ont peut citer
le charbon à coke , le plus recherché par les compagnies
étrangères puisqu'il est à la fois présent dans un
nombre restreint de pays et un composant essentiel dans la création de
l'acier. On trouve aussi du charbon bitumineux ou sub-bitumineux
utile pour la production d'électricité et du
lignite8 utilisé lui aussi pour
l'électricité ou le chauffage.
Type de charbon
|
Région dans laquelle il se trouve
|
Lignite
|
Au centre du pays
|
Charbon bitumineux
|
Au sud et à l'ouest
|
Charbon subbitumineux
|
Au nord et au centre
|
Selon l'U.S. Geological Survey Yearbook, en 2012, 75% de la
production de charbon était exportée. Concernant l'âge
géologique du charbon, on en trouve datant de la fin de l'époque
carbonifère (environ 280 millions d'années) jusqu'au
Crétacé (90 millions d'années). Le charbon datant de la
fin de l'époque carbonifère est présent à l'ouest,
le charbon du Jurassique se trouve dans tout le pays et enfin le charbon du
crétacé dans les parties centrales et orientales du nord de la
Mongolie. La Mongolie posséderait en tout entre 200 et 300
réserves de charbon.
8 Il s'agit de la sorte de charbon la plus
présente en Mongolie
|
23
|
|
|
Stéphanie CAUX
Exemple de la mine de Tavan Tolgoi
Tavan Tolgoi (Les cinq collines) est la plus grande mine de
charbon au monde avec des réserves estimées à 6,4
milliards de tonnes. La mine de Tavan Tolgoi est séparée en deux
zones: Tsankhi (Est et Ouest) et Ukhaa Khudag. Jusqu'en 2012, la mine
était entièrement détenue par la société
d'Etat mongole Erdenes. Le gouvernement a par la suite décidé de
garder 51% des parts et de distribuer le reste de la façon suivante :
- 29% des parts seront mises sur le marché boursier.
- 10% seront vendues à des prix
préférentiels aux entreprises mongoles.
- et les 10% restants seront distribués gratuitement
à la population.
Pour ce qui touche à l'exploitation, la joint-venture
entre la compagnie australienne MacMahon et l'allemand Operta Gmbh9
a été choisie fin 2011 par le gouvernement et a remporté
un contrat d'une durée de cinq années évalué
à 500 millions de dollars. Cependant, le 20 aout 2014, la compagnie
MacMahon a suspendu les travaux en raison de retard de paiement d'Erdenes (22
millions d'euros). Les deux entreprises sont à présent en train
de négocier afin de trouver un accord10.
Parmi les réserves de charbon se trouve une part
importante de charbon à coke (1,6 milliards de tonnes), c'est à
dire de haute qualité, avec une valeur calorifique de 6500-7500 kcal/kg,
une teneur en cendres inférieure à 20 % et en soufre de 0,5 %.
Tavan Tolgoi est située dans le désert de Gobi, à 250 km
de la frontière chinoise, ce qui lui donne accès aux producteurs
d'acier chinois, très demandeurs de charbon à coke mongol.
Cependant, toutes les infrastructures (électricité, routes, eau,
voies ferrées) doivent encore être développées.
9 Lors de la signature du contrat, la
Chancelière Angela Merkel avait fait le déplacement en
Mongolie.
10 Source : communiqué de presse de MacMahon :
http://www.asx.com.au/asxpdf/20140820/pdf/42rlj77lp412vn.pdf
Stéphanie CAUX
Problème des mines illégales
:
Face à une demande importante en charbon, notamment
dans la périphérie d'Oulan-Bator, la Mongolie voit le nombre de
mines illégales exploser, par exemple, la mine de Nalaikh (située
à une quarantaine de kilomètres de la capitale) officiellement
fermée depuis 1990, voit chaque jour de nombreuses personnes affluer
afin de collecter du charbon. Près de 70% du charbon utilisé dans
le quartier des yourtes proviendrait de cette mine11. Même si
cette mine ne figure pas parmi les réserves de charbon les plus
attrayantes de la Mongolie, elle possède encore des réserves
conséquentes. Cela explique pourquoi de nombreux mongols voient dans
cette mine une opportunité leur permettant de gagner de l'argent tout en
évitant de payer des impôts. Le revenu mensuel de ces mineurs
illégaux peut atteindre prêt de 850$, ce qui est bien plus
élevé que la moyenne nationale12. Au premier abord, ce
type d'endroit peut donc sembler être une bonne chose pour la population,
cependant, il s'agit en réalité d'un véritable
piège puisque chaque année, des mineurs y perdent la vie. En
effet, comme toute mine illégale, la sécurité et les
conditions de travail sont plus que précaires : les tunnels sont mal
éclairés et les murs menacent de s'écrouler ce qui
mène parfois à des accidents dramatiques.
Le cuivre :
La Mongolie est placée au quatrième rang mondial
en terme de réserves de cuivre, avec les réserves d'Oyu Tolgoi
(colline turquoise) considérées comme étant deux fois plus
importantes que celles de la mine d'Edernet (au nord du pays).
Néanmoins, la mine d'Edernet (exploitée par la compagnie
minière du même nom Ð 51% des parts appartiennent au
gouvernement mongol et 49% au gouvernement russe)
11 Le charbon extrait de cette mine est de bonne
qualité et est vendu à environ 1,10$ les 15 kilos
12 Le salaire moyen se situe aux alentours de 400$
Stéphanie CAUX
produit toujours 25 millions de tonnes par an et
représentait encore 13,5% du PIB mongol en 2010.
L'or :
Aujourd'hui la mine à ciel ouvert de Boroo, appartenant
à 100% à la compagnie canadienne Centerra Gold est la plus grande
source d'or en Mongolie. La production a commencé en 2003 dans cette
mine située dans la province de Selenge Aimag avec plus de 1,5 millions
de onces d'or extraites chaque année jusqu'en 2010. En 2006, une agence
de presse13 a même estimé que cette mine avait permis
d'augmenter le PIB du pays de 5 à 7%. En plus de ces ressources, la mine
de Boroo est aussi très bien située puisqu'elle se trouve non
loin d'infrastructures comme l'autoroute menant à Irkoutsk (Russie) ou
du Trans-mogolien à 20 km du site. Mais malgré des chiffres
impressionnants ces dernières années, la mine de Boroo voit ses
réserves diminuer.
Exemple de la mine d'Oyu Tolgoi :
Oyu Tolgoi est considérée comme étant une
des mines d'or et de cuivre les plus importantes au monde (elle contient en
plus des réserve de l'argent et en quantité moindres du
molybdène14). Elle se situe dans la région du
désert de Gobi, au sud de la Mongolie à 80 kilomètres de
la Chine et à plus de 500 kilomètres de la capitale Oulan-Bator
ce qui se révèle être un excellent atout pour les
exportations. Depuis 2009, La société Turquoise Hills ressources
(née de la fusion entre Rio Tinto et le canadien Ivanhoe) et le
gouvernement mongol ont signé un accord concernant l'exploitation du
site : Turquoise Hills conserve une participation majoritaire avec 66% des
parts et le gouvernement lui 34%. Oyu Tolgoi produit et exporte du cuivre et de
l'or depuis 2013 et devrait compter pour 30% du PIB du pays en 2020. En
13 Montsame news agency
14 Le Molybdène est utilisé comme
alliage pour renforcer certains matériaux.
Stéphanie CAUX
effet, à pleine capacité, près de 450 000
tonnes de cuivre et 330 000 onces d'or pourraient en sortir chaque
année. Au niveau global, Oyu Tolgoi pourrait renfermer 36 millions de
tonnes de cuivre et 1275 tonnes d'or en fonction des études
réalisées.
Les orpailleurs
illégaux15
Comme pour le charbon, une partie de la population (100 000
personnes) vit grâce à l'or qu'elle récolte
illégalement, c'est pourquoi le gouvernement mongol a
décidé de réagir en négociant avec des compagnie du
secteur : pour réduire l'extraction illégale, des mesures
devraient être mises en place pour permettre à ces personnes de
travailler dans la légalité. Bien entendu, cet or
récolté illégalement rapportait beaucoup d'argent à
la Mongolie, c'est pourquoi le pays a fermé les yeux pendant de
nombreuses années.
15 Dans le pays les orpailleurs illégaux sont
aussi appelés les Ninjas
Stéphanie CAUX
Différends entre Rio Tinto et le
gouvernement.
Depuis le début du projet d'Oyu Tolgoi, Rio Tinto et le
gouvernement mongol font face à des différents : des
problèmes ont été rencontrés après la mise
en service de la mine, ce qui a contraint la mine à fermer pendant six
semaines ou encore concernant une extension souterraine pour une somme de 6,6
milliards de dollars. En effet, le gouvernement accuse Rio Tinto pour les
retards observés. En juillet 2014, le premier ministre a d'ailleurs
souligné lors d'une interview que le gouvernement n'était pas
responsable pour ces retards et a rejeté de nouveau la faute sur
l'entreprise anglo-australienne. De fait, depuis sa mise en service
l'année passée, la mine à ciel ouvert d'Oyu Tolgoi voit
toujours ce projet d'extension remis à plus tard, ce qui inquiète
bien évidemment la Mongolie puisque cela engendre des coûts
supplémentaires ou tout du moins des bénéfices en moins.
L'annonce de cette extension avait tout d'abord déclenché un boom
de l'investissement dans le pays, mais a par la suite, dès
l'arrivée de problèmes, découragé certains
investisseurs. Depuis le mois de mars, les deux parties sont de nouveau en
pleines négociations et ont annoncé que les études de
faisabilité seraient terminées d'ici l'été ce qui
permettrait d'avancer les travaux. Cependant cela a eu des conséquences
néfastes puisque Rio Tinto a annoncé vouloir licencier 300
personnes pour réduire les couts de l'opération.
|
Nom
|
Turquoise hills
|
Rio Tinto
|
Mongolie
|
Chiffre
d'affaires ou PIB annuel
|
179 milliards (2011)
|
51,17 milliards
(2013)16
|
11, 51 milliards
(2013)17
|
16Source :
http://www.riotinto.com/documents/PR829g_Rio_Tinto_announces_a_10_
per_cent_increase_in_underlying_earnings_to__10.2_billion_and_15_per_cent_incre
ase_in_full_year_dividend.pdf
17 Source : banque mondiale
Stéphanie CAUX
Autres ressources
Enfin, la Mongolie possède aussi d'autres ressources
mais en quantités bien moindres, c'est le cas du pétrole, de
l'uranium, Tungstène, de la fluorine, du jade, du graphite, des
diamants, et du fer.
Pour ce qui touche à l'uranium, la compagnie
française Areva a d'ailleurs signé un accord fin 2013 pour mettre
en place une joint-venture avec la société publique
nucléaire mongole MonAtom et Mitsubishi18. Cet accord porte
sur l'exploitation de deux gisements situés dans le désert de
Gobi et permettra une répartition égale des
bénéfices entre les 3 parties. La Mongolie possède des
réserves de 49 000 tonnes d'uranium, soit plus que la totalité de
l'uranium trouvé en 2005 à travers le monde. L'histoire de
l'uranium en Mongolie remonte aux années 50, lorsque la Russie et la
Mongolie se sont associées pour des projets d'exploration. De l'uranium
avait d'ailleurs été trouvé dans les zones de Dornod et de
Gurvanbulag dans des sédiments d'origine volcanique. Les principales
ressources d'uranium ont été trouvées par Erdes Mining
entre 1988 et 1995 puis envoyées en Russie pour leur transformation. La
Russie aurait d'ailleurs dépensé 600 millions de dollars dans
l'exploration de l'uranium en Mongolie jusqu'en 1995. En avril 2008, les deux
nations ont signé un accord pour développer et identifier les
ressources d'uranium présentes dans le pays. Au niveau du secteur
privé, c'est la compagnie française Areva19 qui se
distingue, arrivée en Mongolie sous le nom Gogegobi, (grâce
à la joint-venture avec Gogema) elle possède aujourd'hui 70% du
secteur. Areva possède aujourd'hui 28 licences d'exploration pour
l'uranium ce qui lui permet de
18 66% des parts sont détenues par Areva et 34%
par MonAtom
19 Les compagnies Denison mines, Est Asia Minerals,
Red Hill Energy, Marubeni É sont aussi présentes dans le pays
pour l'uranium
Stéphanie CAUX
couvrir 14 000 km2, l'exploration se concentre principalement
dans le désert de Gobi (région est).
Concernant le pétrole, la Mongolie possède des
ressources potentielles de pétrole et d'huile de schiste20
dispersées sur 300 000 kilomètres carré, les
réserves prouvées à ce jour seraient elles de 2,3 millions
de barils. De plus, des études géologiques ont prouvé
qu'il y avait de fortes chances pour trouver du pétrole dans le pays. En
effet, si l'on observe la production de pétrole en Chine, on se rend
compte que les plus grandes exploitations21 se situent à la
frontière mongole et qu'elles possèdent des similitudes
géologique avec les terrains se trouvant coté Mongolie.
Aujourd'hui, plusieurs compagnies partagent les
opérations d'exploration et de production. C'est le cas de Wolf
Petroleum et de Petro Matad (entreprises de nationalité mongole),
d'Ivanhoe Energy, BP Mongolia, Petro China É Le gouvernement a mis en
place une nouvelle loi en juillet 2014 permettant de doper les investissements
dans le domaine pétrolier. Cette loi accorde notamment des
périodes d'exploration d'une durée de huit années, qui
peuvent être renouvelées deux fois et une période de
production de 25 ans qui elle aussi peut être renouvelée deux
fois. Les royalties à payer au gouvernement seront elles d'au moins 5%.
Les contrats conclus entre le gouvernement et la compagnie
pétrolière pourront être signés en environ 180
jours. Les compagnies pourront être exemptées de droits de douane,
de la TVA pendant les cinq premières années et de l'impôt
sur le revenu. Enfin, les entreprises pourront se voir rembourser
jusqu'à 100% de leurs coûts de production et d'exploration.
20 Selon Oil Mongolia, environ 13 zones ont
été identifiées comme renfermant du pétrole de
schiste
21On peut par exemple citer Daqinq ou Erlian qui
produisent respectivement 13 milliards et 550 millions de barils
Stéphanie CAUX
Les autres secteurs porteurs
Grâce à son ascension économique rapide, la
Mongolie a vu une partie de sa
population s'enrichir. De fait, certains secteurs sont donc en
train de se développer ; nous allons ici évoquer le cas du
secteur de la construction, bancaire, du luxe et des nouvelles technologies.
Secteur de la construction et l'immobilier
:
Immobilier
Oulan-Bator et sa banlieue
Depuis le boom minier, le prix de l'immobilier a
augmenté dans la capitale mongole. Bien que les bâtiments
soviétiques soient en piteux état, ils sont de plus en plus
recherchés pour leur position géographique (en plein centre
d'Oulan-Bator). Certains logements, comme dans le quartier de Blue Sky Tower
peuvent atteindre des tarifs record avec 9000$ le mètre carré.
Les investisseurs voient donc ici une opportunité à ne pas rater
et tentent de s'attaquer au quartier des yourtes, en périphérie,
pour lancer de nouveaux programmes immobiliers. Cette situation s'explique
aussi par une demande grandissante puisque, comme nous l'avons dit, certains
mongols ont vu leur niveau de vie s'améliorer et ont maintenant la
possibilité d'accéder à la propriété. De
plus, il ne faut pas oublier les résidents étrangers, de plus en
plus nombreux, qui ont eux aussi besoin de logements.
Les villes de province attirent aussi l'attention :
Dalandzadgad, la capitale de la province d'Omnogovi, a par
exemple connu une importante croissance de sa population. Cette ville qui
était déjà équipée avec des infrastructures
telles que des routes ou un aéroport (qui propose d'ailleurs des
liaisons 2 fois par jour avec la capitale mongole) profite à
présent des besoins grandissants et du boom démographique
observé dans la région lui même causé
Stéphanie CAUX
par l'arrivée de nombreuses personnes venues travailler
dans la région, en effet la proximité de cette ville avec les
site miniers majeurs du pays en fait un lieu de résidence idéal
pour toute personne travaillant dans ce secteur. De plus elle est très
prisée des hommes d'affaires, c'est pourquoi des promoteurs ont
décidé d'y créer des hôtels luxueux proposant par
exemple des salles de réunion.
Évolution de la population à
Dalandzadgad
Année
|
2000
|
2002
|
2004
|
2006
|
2008
|
2010
|
Population
|
12 686
|
13 966
|
15 666
|
14 721
|
15 968
|
18 746
|
Dans cette même région de Gobi se situe aussi de
petites villes comme celle de Khan-Bogd, qui est géographiquement la
plus proche de d'Oyu Tolgoi, bien qu'elle soit très mal desservie (il
n'existe ni route goudronnée, ni réseau électrique
performant) elle attire aussi une part de la population : entre 2009 et 2012 le
nombre d'habitants à plus que doublé en passant de 1200 à
3000. Si aujourd'hui la majorité des habitants travaille dans les
services liés à l'industrie minière (comme la
restauration, le nettoyage ou la sécurité) et possède donc
de faibles revenus, cela devrait changer puisque lorsque la mine sera
opérationnelle, 3000 personnes seront
Stéphanie CAUX
employées. Des travaux sont déjà
prévus pour de nouveaux logements mais aussi pour améliorer les
infrastructures, existantes ou non.
La ville d'Edernet, située à environ 100
kilomètres d'Oulan-Bator est la troisième plus grande ville du
pays. Cette ville crée en 1975, dans le but d'exploiter les gisements de
cuivre, possède aujourd'hui le revenu par habitant le plus
élevé de Mongolie. De plus, cette province est l'une des seules
ayant vu son nombre d'habitants augmenter (entre 2000 et 2010 environ 45 000
personnes ont migré vers cette province dont une majorité vers la
ville d'Edernet. La mine d'Edernet est le plus gros employeur de la
région avec 6000 employés. Grace à la liaison ferroviaire
entre Pékin et Irkoutsk, la mine est devenue un centre majeur pour le
traitement de la pâte à papier, la construction de
matériaux et l'abattage d'animaux. En plus de cela la ville
possède aussi un aéroport et des routes la reliant directement
à la capitale. De fait, le nombre de transactions immobilières et
de projets immobiliers est en augmentation.
Construction
Enfin, de nombreux projets devraient voir le jour dans les
années à venir puisque le pays manque d'infrastructures, il
s'agit donc d'une opportunité pour toute entreprise
étrangère. Même s'il existe des risques concernant les
délais de construction, la Mongolie présente des atouts pour les
investisseurs étrangers22 :
> Les étrangers peuvent posséder autant de biens
immobiliers qu'ils le
souhaitent
> L'impôt foncier est de 0,6% à 1%
> La taxe sur les plus values immobilière de 2%
> L'impôt sur les revenus de capitaux mobiliers de
10%.
22 Source : The Mongolian Real Estate Report
|
33
|
|
Stéphanie CAUX
Secteur du luxe :
Comme nous l'avons dit, une tranche de la population a pu
s'enrichir grâce au boom économique et fait maintenant partie de
ce que l'on pourrait appeler les nouveaux riches mongols. Même si ces
personnes sont peu nombreuses pour le moment (20% de la population
détient 44% des richesses du pays) elles désirent bien souvent
afficher leur réussite via l'acquisition de produits de luxe ou haut de
gamme. Ainsi, certaines marques de luxe ont décidé d'aller
à la rencontre de leurs futurs clients en ouvrant des boutiques dans des
centres commerciaux flambant neufs dispersés aux quatre coins de la
ville. La marque française Louis Vuitton a été l'une de
premières à ouvrir une boutique de 490 mètres
carrés à Oulan-Bator en 2009, mais a depuis été
rejointe par de nombreuses autres grandes marques : l'italien Ermeneguildo
Zegna, Hugo Boss, Burberry, Giorgio Armani É et d'autres enseignes plus
accessibles en particulier Yves Rocher, l'Occitane É (voir tableau plus
bas)
Nouvelles technologies :
La téléphonie mobile s'est aussi rapidement
développée en Mongolie et est devenue le premier moyen de
communication. Cela s'explique en grande partie par un manque d'infrastructures
liées à la télécommunication mais aussi pour des
raisons pratiques, puisque près de la moitié de la population se
déplace sans arrêt (nomades). En 2012, on dénombrait
déjà pas moins de 3,3723 millions de
téléphones mobiles soit plus d'un portable par habitant. Comme
tous les pays qui ont connu un développement tardif, le réseau de
télécommunication fixe est beaucoup moins développé
que le réseau mobile : En 2012, il y avait que 176,700 lignes fixes dans
le pays. Pour ce qui touche à Internet, environ 20 000 ordinateurs sont
connectés à ce réseau.
23
https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/mg.html
Stéphanie CAUX
Banque et finance :
Les premières étapes pour réformer le
système bancaire mongol ont eu lieu en 1991, dès
l'indépendance du pays. A cette date, la banque de Mongolie avait le
contrôle sur les banques privées et publiques, cependant, les
banques commerciales ont à la fois hérité de prêts
non-rentables et ont aussi commencé à prêter de l'argent
à des entreprises peu performantes ce qui a fortement endommagé
leurs réserves de liquidités jusqu'à amener à des
crises du secteur bancaire entre 1994 et 1998. Les réformes du
système financier ont permis de stabiliser la situation en interdisant
la propriété de l'état et en autorisant la
propriété étrangère. En 2006, la commission de
régulation financière a fait de nouveau des efforts pour
réguler le système financier, mais ces réformes ne
s'appliquent pas aux banques commerciales. À présent, la Mongolie
possède 18 banques commerciales, 207 banques classiques et 188
institutions financières non bancaires.
Aujourd'hui encore, le secteur bancaire mongol a du mal
à subvenir aux besoins croissants du pays et ce à cause d'un
manque de capitaux (accentué par l'intervention du gouvernement en cas
de problèmes). Depuis la crise de 2008, les choses se sont tout de
même améliorées puisque les banques recapitalisent en cas
de bénéfices, cependant, elles restent frileuses à
l'idée d'octroyer des prêts en raison de l'inflation. La lenteur
des progrès dans la restructuration des banques se révèle
être une opportunité à saisir pour les investisseurs
internationaux sachant que les projets d'exploitation devraient continuer
à affluer, ce qui nécessitera plus de crédits. Si les
banques locales ne sont pas suffisamment bien capitalisées et en mesure
de répondre aux besoins, les entreprises étrangères se
tourneront donc naturellement vers des banques de nationalité
étrangère.
Stéphanie CAUX
La place de la France en Mongolie
Comme bien d'autres pays, la France à su profiter des
opportunités qu'offre la Mongolie. Qu'il s'agisse des entreprises ayant
un rapport direct avec le secteur minier ou de celles qui investissent sur le
développement d'autres secteurs (voir partie précédente)
comme nous pouvons le voir dans le tableau ci-dessous. Concernant les chiffres,
la France se place à la 10ème place en tant que client
de la Mongolie et à la 13ème place comme fournisseur.
Selon la Direction générale du trésor, le commerce
franco-mongol aurait été multiplié par quatre durant les
dix dernières années. (8,3 millions d'euros en 2003 - 34,8
millions en 2013)
Quelques entreprises françaises
présentes en Mongolie
Nom
|
Date d'implantation
|
activité
|
Alcatel
|
1991
|
Equipements
téléphoniques, GSM
|
ADVEST (Le Bistrot Français)
|
2002
|
alimentaire
|
Global Ideas LLC
|
2009
|
Construction, rénovation, architecture, installation
électriques
|
L'Occcitane
|
2010
|
Cosmétiques
|
Louis Vuitton
|
2009
|
Luxe
|
Open Mongolia
|
|
Construction, architecture
|
GDF
|
|
Gaz
|
Areva Mongol
|
2008
|
Minière (prospection et extraction de l'uranium)
|
Rostaing Mongolia
|
|
Consulting, expertise et import export
|
Yves Rocher
|
1996
|
Cosmétiques
|
|
36
|
Stéphanie CAUX
Un environnement favorable aux
investisseurs
Le premier atout de la Mongolie se trouve être sa
relative stabilité. Depuis sa sortie du bloc soviétique, le pays
a su mettre en place diverses réformes pour promouvoir la
démocratie et ainsi devenir un modèle pour le continent
asiatique. Contrairement à d'autres pays en transition, la Mongolie peut
se vanter d'avoir un système politique qui fonctionne ainsi qu'une
économie en bonne santé. L'index de liberté
économique24 en 2014 donne un score de 58,9 ; on remarque
tout de même une baisse dans le classement de 2,8 points due à un
manque de contrôle des dépenses gouvernementales, à la
corruption ou à un manque de protection des droits de
propriété (ces éléments sont
développés dans la seconde partie)... Malgré ces
problèmes, au niveau régional (Asie-Pacifique), elle se classe
19ème sur 42 pays, devant l'Inde et la Chine qui ont une note
respective de 55,7 et 52,5.
Un autre classement, le « Doing Business » met la
Mongolie à la 76ème place mondiale (4 places de mieux
que l'année passée) et met en avant ses principaux avantages,
puisqu'elle se trouve être à la 25ème place dans
la catégorie « démarrer un business » à la
22ème place pour la « protection des investisseurs
» et à la 30ème
24
http://www.heritage.org/index/country/mongolia
Stéphanie CAUX
place pour « le respect des contrats ». Un autre
atout évident mais peu évoqué réside dans le fait
que la Mongolie ne soit pas réellement menacée au niveau interne
ou externe, contrairement à de nombreux pays producteurs de
matières premières :
> La Mongolie n'est pas sous tension à cause de ses
voisins, au contraire, le fait d'avoir à sa frontière des pays
comme la Russie ou la Chine est un certain gage de tranquillité (si les
relations restent bonnes).
> Au niveau interne on ne déplore pas d'actes
terroristes ou de mouvements de foule.
Le dernier avantage vient aussi de la position
géographique du pays : pour une entreprise étrangère,
s'implanter en Mongolie peut être une porte d'entrée pour l'Asie,
et surtout vers les deux plus grands pays des BRICS : la Russie et la Chine. En
effet, cette zone connaît le plus fort taux de croissance depuis la
dernière décennie.
Stéphanie CAUX
Les limites de cette croissance
Comme tout pays en croissance, on se rend compte que cela n'a pas
que des aspects positifs et c'est ce sur quoi nous allons nous attarder dans
cette seconde partie.
Une dépendance à la conjoncture
industrielle mondiale et une dépendance pays:
Comme nous venons de le voir, une grande partie de la
croissance mongole se base sur les ressources minières du pays, de fait,
on observe une dépendance vis à vis de la demande
mondiale. D'une manière globale il est incontestable
que le monde a de plus en plus besoin de matières premières et
que celles-ci se font de plus en plus rares, En effet, la population mondiale
ne cesse de croitre et les besoins sont donc revus à la hausse. Pour
preuve, depuis les années 2000, le prix des matières
premières augmente de façon exponentielle à tel point que
certains analystes parlent d'un « super-cycle » des matières
premières puisque les prix tendent à la hausse depuis presque 10
ans (malgré certaines phases de baisse pendant cette période).
Nous avons déjà observé de tels cycles dans le
passé, cependant celui-ci possède une particularité : il
n'est pas du a des évènements particuliers (comme une guerre)
mais
Stéphanie CAUX
à l'ascension économique du géant chinois
et à ces besoins grandissants. La Chine a en effet connu des
années fastes avec une croissance aux alentours de 10%, ce qui a
encouragé le développement de certains secteurs très
gourmands en ressources minières : les usines tournent à plein
régime ce qui exige des quantités de charbon
phénoménales, une partie de la population s'est enrichie et fait
maintenant partie de la nouvelle classe moyenne ce qui induit que de nouveaux
logements doivent être édifiés, de nouvelles routes
(parfois inutilisées) ont aussi été construites
É
Mais le problème est le suivant : la Chine va-t-elle
pouvoir garder un rythme de croissance aussi élevé ? Les chiffres
tendent à prouver le contraire : depuis quelques années, le taux
de croissance chinois diminue et avoisine aujourd'hui les 7,8%, même si
ce chiffre peut paraitre très correct comparé à la
croissance de certains pays européens qui est nulle ou très
faible, cela a un impact direct sur la demande et la consommation du pays et
donc sur l'avenir du secteur minier mongol. Un autre problème se pose,
celui du mix énergétique chinois, comme nous le verrons par la
suite, le pays est très critiqué pour sa pollution et doit
diversifier sa consommation d'énergie ce qui pourrait avoir un impact
certain sur les exportations de charbon de la Mongolie. Si la Mongolie souhaite
voir sa croissance se maintenir, elle doit espérer que son voisin
conserve son rôle de grande puissance économique, car comme on
peut le voir sur le tableau ci-dessous, la Chine est le premier client de la
Mongolie (85% des exportations) bien devant le Canada (6,3%) ou encore la
Russie (2,1%).
Tableau des exportations et importations de la
Mongolie
Exportations
|
Importations
|
Chine 85%
|
Chine 57%
|
Canada 6,3%
|
Russie 24%
|
Russie 2,1%
|
Corée du Sud 3,6%
|
|
40
|
Stéphanie CAUX
La demande mondiale de Charbon
La consommation de charbon a déjà
augmenté de 68% entre 1993 et 2011. Malgré son impact
néfaste sur la planète, le charbon est toujours la
première source d'énergie dans de nombreux pays. En 2013, la part
globale du charbon dans le mix énergétique mondial était
de plus de 40%25 et devrait encore augmenter dans les années
à venir. Si les pays européens et l'Amérique du nord
essayent de réduire leur consommation d'énergies fossiles pour
aller vers les énergies renouvelables, ce n'est pas le cas de toute la
planète. Selon Wood Mackenzie26, la demande et donc la
consommation mondiale de charbon devrait augmenter, puisque les puissances qui
se développent rapidement comme l'Inde ou la Chine, ont besoin de
matières premières à bas prix : comme le charbon
coûte moins cher que le pétrole, il devrait s'agir de la
commodité la plus consommée d'ici les années à
venir. On estime donc que la consommation de charbon pourrait augmenter de 25%
d'ici 2020 et que l'Asie sera le principal consommateur dans le futur.
La Chine produit et consomme à elle seule la
moitié du charbon. En effet, 46% de la production mondiale de charbon
vient de Chine (soit quatre fois plus que ce que produisent les USA) et elle
consomme près de 49% du charbon à l'échelle mondiale. Le
charbon représente la majorité de la consommation
énergétique chinoise soit environ 70% et ce depuis les
années 80. La chine est de fait critiquée pour cette consommation
importante et surtout pour les effets que cela a sur la planète : elle
émet près de 10 millions de tonnes de dioxyde de carbone chaque
année, ce qui en fait le plus gros pollueur.
|
25 Source :
http://www.worldenergy.org/wp-content/uploads/2013/09/Complete_WER_2013_Survey.pdf
26
http://www.woodmacresearch.com/content/Energy_Markets_Service/Insights/Ener
gyMarkets20131021095858/Coal_to_surpass_oil_by_2020.pdf
Stéphanie CAUX
Le cours des matières premières : un
danger pour la croissance
Dans tous les pays, même les plus pauvres, on observe
des périodes de croissance rapide, difficiles à maintenir sur le
long terme et cela est bien souvent expliqué par ce que l'on appelle la
« malédiction des ressources » Cette hypothèse est
généralement basée sur le fait que de nombreux pays avec
des ressources naturelles abondantes ont généralement tendance,
à faire moins bien que les autres en terme de croissance
économique, de lutte contre la pauvreté et de répartition
des revenus. Certaines études27 suggèrent que les
économies dont les ressources naturelles représentent une part
très importante des exportations ont finalement de moins bonnes
performances de croissance que les économies avec peu ou pas de
ressources naturelles.
La volatilité des prix des produits peut aussi affecter
la croissance à long terme, car la fluctuation des prix entraine de
l'incertitude, ce qui décourage l'investissement dans certains cas. En
effet, les pays qui se spécialisent dans les produits avec une forte
volatilité des prix attireraient moins d'investissements directs
à l'étranger (IDE) que les pays présentés comme des
leaders industriels plus stables28. La fluctuation du prix des
matières premières a aussi un effet néfaste sur les autres
secteurs (voir partie Dutch Disease) si
l'augmentation du prix des commodités est conjuguée à une
appréciation du taux de change réel.
Dans ce cas, les exportations et donc les revenus du pays sont
principalement composés de matières premières et de fait,
les budgets du gouvernement dépendront des recettes fiscales provenant
de ces activités. Cela montre donc que
27 Sachs et Warner (1995)
28 À titre d'exemple, les USA ont toujours
attiré les investissements étrangers
Stéphanie CAUX
la part des ressources naturelles dans le PIB a un effet
positif sur la croissance économique, tandis que leur volatilité
a un effet de croissance négatif.
La fluctuation du prix des matières premières a
déjà eu un impact sur la Mongolie puisque durant la crise de
2008, le prix du cuivre a beaucoup baissé, il est en effet passé
de 4$ à 1,50$ en quelques mois. Cela a obligé le gouvernement
mongol à faire appel au Fond Monétaire International (FMI).
|
Chute du prix du cuivre en 2009
|
|
43
|
Stéphanie CAUX
La thèse de Prebisch et Singer
L'une des théories les plus influentes au sujet des
termes de l'échange et du développement dans les pays en
développement (PED) est celle de Raul Prebisch et de Hans Singer.
Apparue dans les années 1950, cette théorie prédit la
détérioration sur le long terme des échanges pour les pays
en développement, ce qui se traduit par une baisse des prix des produits
exportés (en général des biens agricoles ou des ressources
naturelles) par rapport aux prix des produits manufacturés
importés.
L'hypothèse est basée sur un certain nombre
d'observations notamment sur la demande des biens et sur l'organisation du
marché du travail. Premièrement, les exportations de produits
primaires ont une faible élasticité par rapport à la
demande. Cela signifie que si le prix des commodités diminue, il ne sera
pas compensé par une augmentation de la demande. De fait, les recettes
liées aux exportations diminuent à mesure que les prix baissent.
En revanche, les produits manufacturés eux ont une forte
élasticité, cela signifie que la demande a donc un impact bien
plus important sur les revenus.
Prebisch et Singer ont fait valoir que, dans les pays
développés ou le travail est bien organisé, une
augmentation de la productivité se traduit généralement
par une hausse des prix des produits manufacturés (exportés),
alors que dans les pays en développement, il en résulte une
baisse du prix des matières premières (exportées). Pour
cette raison, les pays en développement connaîtront une
dégradation des termes de l'échange au fil du temps et devrons
faire face à un déficit commercial, ce qui accélère
la détérioration de l'économie.
Sur la base de ce raisonnement, de nombreux pays en
développement ont résisté aux politiques de
libre-échange et participé activement au développement
de
Stéphanie CAUX
l'industrie manufacturière pour moins dépendre
des importations. Cela se vérifie par exemple dans la période
post Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle de nombreuses colonies
européennes ont acquis leur indépendance. Ces politiques vont
à l'encontre de la doctrine de l'avantage comparatif (Ricardo), qui
souligne que l'on devrait se spécialiser dans la production de produits
pour lesquels on possède le plus fort écart de
productivité avec les autres nations.
Un pays enclavé
Il est aussi souhaitable de s'attarder sur la position
géographique du pays : La Mongolie est un pays enclavé et cela se
révèle être une réelle faiblesse. Si l'on en croit
les statistiques, les pays enclavés ont un indice de
développement humain plus faible que les pays bénéficiant
d'un accès sur la mer ainsi que des difficultés pour
accéder aux marchés mondiaux. Paul Collier a d'ailleurs
comparé ces deux types de pays dans son livre « The bottom
Billion » à travers la phrase suivante : « If you are
coastal, you serve the world; if you are landlocked, you serve your neighbors
».
La Mongolie en est le parfait exemple, coincée
entre la Chine au sud et la Russie au nord, elle n'arrive pas à se
démarquer et est très influencée par ses voisins, cela se
vérifie lorsque l'on observe les principales zones d'exportation. Si la
Mongolie souhaite diversifier ses exportations, elle reste aussi tributaire de
ses voisins puisque tout projet (voies ferrées, routes) nécessite
l'accord de l'un des deux pays.
Stéphanie CAUX
Un manque d'infrastructures
La Mongolie a en effet un gros problème concernant les
infrastructures ce qui peut nuire au commerce des minerais. Les voies
ferrées sont vitales pour le pays et pour le transport des marchandises,
cependant, celles-ci ont été construites pendant la
période soviétique et se révèlent être
insuffisantes, obsolètes et peu fiables surtout pour ce type de
transport. En 1921, les troupes soviétiques ont crée des liens
étroits avec la Mongolie et ont aidé le pays à se
libérer de la Chine, c'est aussi pendant cette période que la
majorité des infrastructures a été construite et
malheureusement la Mongolie en dépend toujours. Il peut s'agir de
routes, de voies ferrées ou de centrales nucléaires. A titre
d'exemple, seul le transmongolien peut être considéré comme
ayant de l'envergure. Si les travaux s'avèrent être
indispensables, un problème persiste : le coût de ces derniers
représente une somme faramineuse pour ce pays très peu
peuplé ; c'est pour cela que des Partenariats Public-Privé (PPP)
ont été envisagés. Dès 2009, l'Etat a donc mis en
place une politique visant à promouvoir les PPP et depuis, de nombreux
projets sont en cours de réalisation ou à l'étude :
Nom
|
description
|
entreprise
|
Nariinsukhait- Shiveekhuren road
|
Projet de route entre deux mines (50 km)
|
RDCC LCC
|
Telmen power plant
|
Centrale
|
New Asia group
|
Altanbulag-Ulaanbaatar- Zamyn-Uud highway
|
Autoroute (1000 km)
|
Chinggis land development group
|
Dalanzadgad airport
|
Réaménagement de l'aéroport
|
?
|
|
46
|
Stéphanie CAUX
Altanbulag-Ulaanbaatar-Zamyn-Uud highway : un projet
ambitieux
L'un des projets les plus importants en Mongolie concerne la
construction d'une autoroute de près de 1000 km de long reliant
Altanboulag (ville située à la Frontière russe) à
Zamyn-Uud (au sud près de la frontière chinoise) en passant par
la capitale Oulan-Bator. Cette voie rapide se composera de 2 voies (une pour
chaque direction) et respectera les normes européennes grâce
à un revêtement en béton de 0,7 cm d'épaisseur.
Après le lancement d'un appel d'offre, la compagnie nationale «
Chinggisland Development Group29 (CDG)» a été
retenue. Avec un budget total estimé à 3,5 milliards de dollars
(dont 70% sera financé par des obligations d'Etat et 30% par la CDG) la
construction a commencé en mai 2013 et devrait prendre fin en octobre
2015. D'après l'accord signé entre le gouvernement et la
compagnie mongole, la CDG sera propriétaire de l'autoroute pendant les
25 années qui suivront sa mise en service puis les droits de
propriété seront cédés au gouvernement. À
terme, en plus de relier la Mongolie à la Chine et à la Russie,
cette route permettra au pays d'accéder au système routier
asiatique et donc à de nouvelles opportunités de
marché.
|
Aperçu du projet :
29 CDG possède des entreprises telles que
Magnai Trade, Just, tsast Impex, Nasnii Zam, et bien d'autres qui elles aussi
interviendront sur ce chantier.
Stéphanie CAUX
Une dépendance
énergétique
Enfin, la Mongolie est aussi dépendante de la Russie
puisqu'elle importe près de 90% de consommation de pétrole. En
effet, même si le pays produit du pétrole, cela ne suffit pas
à satisfaire ses besoins qui augmentent chaque année en raison du
développement de l'industrie minière. Comme on peut le voir sur
le tableau ci-dessous, les importations de pétrole ont été
multipliées par 2,4 entre 2007 et 2013.
La Mongolie a déjà du faire face a des
pénuries de pétrole dès les années 90 après
le démantèlement du l'Union soviétique, aujourd'hui elle
consomme près d'un million de tonnes de produits pétroliers
chaque année donc 60% de carburant. Comme nous le savons, la Russie
utilise souvent le pétrole comme moyen de pression dès qu'il y a
de tensions avec un pays, il semble donc nécessaire pour la Mongolie de
palier à se problème. Afin de lutter contre cette
dépendance, le gouvernement a décidé de réagir en
créant ses propres raffineries : la première devrait voir le jour
fin 2015 à Darkhan, une ville située à 200
kilomètres au nord d'Oulan-Bator. Une fois terminée, cette
raffinerie devrait être capable de traiter deux millions de tonnes de
brut par an. Ce projet est financé par une banque japonaise et la
construction sera réalisée par une société nippone,
Toyo Engineering Corporation, qui possède tous les outils technologiques
et le soutient de quelques entreprises mongoles. On estime que les produits
pétroliers seront vendus 6 à 8% moins chers et que cela
permettrait un retour sur investissement au bout de 4
Stéphanie CAUX
années. Ce projet est essentiel car jusqu'à
présent, les pénuries sont un réel problème et
peuvent perturber le calendrier des compagnies minières et ainsi
engendrer des coûts supplémentaires.
Rosneft en Mongolie
La compagnie étatique russe Rosneft est en bonne place
en Mongolie et souhaite affirmer sa présence dans le pays. La compagnie
a en effet signé durant le forum économique de
Saint-Pétersbourg, en mai 2014, un accord d'une durée de 5
années avec de gros importateurs de pétrole mongol comme NIC
(Petrovis). Cet accord permet à l'entreprise russe de garantir ses
exportations pendant les prochaines années vers ce pays en croissance.
Cette opération pourrait permettre à la compagnie d'augmenter ses
parts de marché en Mongolie. Le volume des importations de Rosneft
devrait représenter 80% des besoins en pétrole de la Mongolie. De
plus, Rosneft et l'agence gouvernementale pour le pétrole mongole ont
signé un accord qui prévoit la réalisation
d'infrastructures permettant de sécuriser l'approvisionnement en
pétrole ainsi que le développement des gisements de gaz et de
pétrole dans le pays.
|
Pour satisfaire la demande d'électricité dans
les mines, le gouvernement mongol cherche aussi à construire une
nouvelle centrale au sud du désert de Gobi ainsi qu'à coté
de la gigantesque mine d'Oyu Tolgoi. Enfin il a aussi donné son accord
aux parties prenantes intervenant à Oyu Tolgoi pour construire une ligne
électrique à la frontière sino-mongole pour importer
l'énergie de Chine. Tous ces facteurs indiquent que la Mongolie doit
obligatoirement garder de bonnes relations avec ses voisins
immédiats.
Stéphanie CAUX
Le phénomène de « Dutch disease
», une menace pour le pays ? La Mongolie est un exemple typique
de pays dont le développement se base sur les ressources naturelles.
Grâce à ses importantes ressources en cuivre, charbon et or (dont
une partie reste encore inexploitée), le pays a réussit à
tirer des revenus conséquents. On peut donc se poser la question
suivante : la Mongolie pourrait-elle être touchée par le
phénomène de dutch disease ?
Revenons tout d'abord sur ce concept : on parle de «
dutch disease » lorsque l'ascension d'un secteur économique nuit
à un autre. Ce terme a été utilisé pour la
première fois en 1977, en référence au déclin de
l'industrie manufacturière aux Pays-Bas avec la découverte de
gisements de gaz dans le pays. Par la suite, les économistes Corden et
Neary ont mis en place un modèle pour décrire le dutch disease en
séparant l'économie d'un pays en trois secteurs : le premier
(comme les services et la construction) ; le second représentant un
secteur en plein boom (par exemple l'industrie pétrolière) et le
dernier pour le secteur en déclin (l'industrie). Selon les études
des deux économistes on en déduit que l'exploitation et
l'exportation des ressources naturelles conduit à plusieurs choses :
> Le capital et la main d'oeuvre sont attitrés par
le secteur en plein boom, ce qui entraine le déclin du secteur
manufacturier.
> Les devises affluent dans le pays, via les IDE
(investissements directs à l'étranger) ce qui provoque une
augmentation de la valeur de la monnaie nationale et un manque de
compétitivité pour les autres secteurs. En effet, lorsque l'on
observe une arrivée massive de capitaux étrangers, il y a
augmentation de la quantité de monnaie en circulation (masse
monétaire), et donc de l'inflation.
Stéphanie CAUX
> Grace aux revenus générés par les
ressources naturelles, la demande pour le
premier secteur augmente (services et construction) ce qui
oblige le pays à importer pour combler le manque d'offre et aggrave
encore plus la situation.
Boom sur le secteur des ressources naturelles
Cela attire de la main d'oeuvre et du capital
La monnaie locale s'apprècie
La demande en services augmente
=
importations
LE SECTEUR MANUFACTURIER est lourdement
pénalisé
Ë présent, voyons si ce modèle s'applique ou
pourrait s'appliquer à la Mongolie :
1. Le boom : Le secteur minier est en effet en plein
essor dans le pays et ne représente pas moins d'un tiers du PIB mongol
et 89% des exportations30. De tels pourcentages sont donc un danger
pour le pays et affirment, même si le gouvernement dit le contraire, que
l'économie mongole n'est pas assez diversifiée. De surcroit, une
économie centrée sur les matières premières est
aussi très sensible aux variations du cours des métaux.
2. Main d'oeuvre et capitaux étrangers : pour
ce qui touche à la main d'oeuvre, on se rend compte que les choses sont
disproportionnées car toujours selon le Oxford Business Group, seul 4%
de la population travaille dans le secteur minier (le plus rentable pour le
pays) alors que l'agriculture bien moins rentable (15% du PIB) monopolise 40%
des emplois, notons tout de même que ce chiffre devrait diminuer en
raison de l'exode rural important observé
30 Données du Oxford Business Group.
|
51
|
|
Stéphanie CAUX
ces dernières années. Enfin, les capitaux
étrangers sont toujours nombreux en Mongolie malgré un
ralentissement en 2013.
3. Inflation et monnaie locale : L'inflation en Mongolie
est un réel problème : tout comme le taux de croissance, elle a
atteint des sommets (comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous elle
s'élève aujourd'hui à 9%.
La monnaie local, le Tugrik, suit elle aussi le même sort
:
4. Augmentation de la demande : la consommation
domestique est en hausse dans le pays, pour prendre un exemple concret, les
programmes immobiliers se multiplient à Oulan-Bator ainsi que la
construction de centres
Stéphanie CAUX
commerciaux. Mais cette demande n'est pas valable pour tout le
pays puisque les personnes profitant de l'ascension économique sont peu
nombreuses et concentrées dans la capitale.
Toutes ces données laissent croire que la Mongolie
pourrait faire face au Dutch Disease : si le secteur manufacturier n'a jamais
eu une place prépondérante dans le pays, l'agriculture pourrait
elle subir les conséquences de cette orientation économique et
laisser une grande partie de la population sans ressource.
Le graphique ci-dessus montre bien l'évolution des
exportations mongoles : on se rend ainsi compte que le secteur manufacturier
ainsi que l'agriculture sont en déclin et que cela profite largement au
secteur minier.
Stéphanie CAUX
Un pays endetté
Malgré un boom économique, la Mongolie doit aussi
faire face à un problème de dette.
Principaux indicateurs économique (source :
Coface)
> Le déficit
budgétaire31 a fortement augmenté en
2012/2013, comme on peut le voir sur le graphique ci-dessus, il est
passé de -4,8 en 2011 à -13,5 en 2013 et ce à cause des
dépenses du gouvernement pour réalimenter le secteur bancaire et
financer les dépenses électorales.
Dans les années qui suivent, les recettes de l'Etat
devraient augmenter grâce à de nouvelles taxes mises en place mais
se sera aussi le cas des dépenses puisque le nombre de projets pour
améliorer ou construire de nouvelles infrastructures devrait croitre.
31 On parle de déficit budgétaire
lorsque les recettes de l'Etat sont inférieures à ses
dépenses : il s'agit d'un flux.
Stéphanie CAUX
> La balance courante32 tend elle
à diminuer depuis 2012.
Dans les années à venir, elle devrait rester
stable puisque malgré une augmentation des exportations, la Mongolie
aura de plus en plus besoin de
pétrole pour faire fonctionner ses exploitations de
matières premières.
> En raison d'un déficit budgétaire en
hausse, la dette publique33 a elle aussi suivit le
même chemin puisqu'elle est passée de 38,8% du PIB en 2011
à 67,3% en 2013.
De plus, cette dette pourrait devenir encore plus importante
du fait de la surévaluation de la monnaie locale. Comme nous l'avons vu
précédemment, les divers investissements étrangers
effectués dans le pays ont favorisé une augmentation de la valeur
du Tugrik par rapport au Dollar, monnaie de référence au niveau
mondial. Comme la dette mongole est libellée en devises, celle-ci fait
donc face aux variations de la monnaie locale. Etant donné que le Tugrik
devrait voir sa valeur diminuer, la dette mongole pourrait donc augmenter dans
les années à venir.
32 Exportations -Importations
33 La dette publique se définie comme un stock,
c'est l'ensemble des emprunts de l'Etat
Stéphanie CAUX
La corruption
Depuis la découverte de ressources minières en
Mongolie, le pays fait face à une transformation radicale, des
possibilités de développement sont présentes mais la
gouvernance du pays fait aussi face à de nouveaux défis, comme en
ce qui concerne l'augmentation de la corruption. Prenons quelques exemples :
tout d'abord, rappelons que de nombreux contrats sont signés avec des
entreprises étrangères (comme celui de la mine d'or d'Oyu
Tolgoi), ce qui implique l'apparition d'inquiétudes quant au manque de
transparence et à la corruption entourant les contrats, les processus de
négociation et le partage des bénéfices avec la population
locale. L'industrie extractive présente en effet des risques bien
spécifiques comme nous allons le voir :
> Pour commencer, la valeur des ressources naturelles en
fait une cible privilégiée (pillages)
> Dans la plupart des pays producteurs de ressources
naturelles, les compagnies sont obligées de passer par l'Etat, que se
soit pour l'achat d'une concession, l'obtention de licences, l'autorisation
pour l'explorationÉDe fait, l'exposition au risque de corruption est
bien plus élevé que dans d'autres secteurs.
> En Mongolie, les compagnies nationales n'ont pas souvent
les compétences nécessaires pour exploiter les mines, le pays
doit donc faire appel à des entreprises étrangères, ce qui
peut générer des tentatives de corruption. En effet, les
compagnies étrangères qui opèrent dans un pays avec un
manque de gouvernance peuvent plus facilement passer par des
intermédiaires afin d'accélérer leur implantation.
Stéphanie CAUX
Le classement de Transparency international
(corruption)
En plus de la corruption dans les affaires, l'ancien
président Nambaryn Enkhbayar (en poste de 2005 à 2009) a
été reconnu coupable concernant diverses affaires : privatisation
illégale d'un hôtel et de journaux locaux.. Il a d'ailleurs
été arrêté par la brigade anti-corruption et
condamné à payer 54 millions de MNT en réparation (soit 21
800 euros)
Le gouvernement mongol est censé faire
bénéficier ses citoyens des revenus miniers mais cela reste
compliqué tant que le pays n'aura pas mis en place un cadre juridique et
institutionnel solide pour faire face à la corruption grandissante.
Stéphanie CAUX
Exode rural et disparition du mode de vie
nomade
La Mongolie est depuis très longtemps connue et
admirée grâce à son mode de vie assez particulier. En
effet, une grande partie de la population a toujours suivit le mode de vie de
ces ancêtres : une vie de nomade à travers les steppes. La plupart
des nomades mongols sont très autonomes puisqu'ils vivent grâce
à l'élevage (chèvres, moutons, chevaux). Une partie de la
production est réservée à la famille pour les besoins
alimentaires et l'autre partie (notamment le cachemire produit grâce aux
chèvres34) est vendue et permet d'apporter des revenus
complémentaires. Depuis des siècles, l'élevage est le
principal moyen de subsistance des mongols, les animaux fournissent la
nourriture, les vêtements et les matériaux pour le logement et le
chauffage (les excréments séchés sont
récoltés pour servir de combustible, ils peuvent également
être utilisés pour la construction de murs, afin de
protéger les animaux durant les hivers rigoureux et en particulier des
vents glaciaux).
Mais depuis quelques années, un phénomène
a lieu en Mongolie : on se rend compte que de nombreux nomades quittent les
steppes pour venir vivre en ville, la population de la capitale Oulan-Bator est
d'ailleurs en perpétuelle augmentation35. Cela est du
à deux phénomènes, d'un coté des
événements climatiques inhabituels, et de l'autre l'exploitation
minière.
Le changement climatique36 a un effet dramatique
sur le mode de vie mongol puisque environ 40% de la population vit encore
grâce à l'élevage. Mais depuis quelques années, des
phénomènes météorologiques nommés «
Dzud » font leur apparition : Le dzud blanc : il recouvre les territoires
d'épaisses couches de neige,
34 La Mongolie est le deuxième producteur
mondial de cachemire après la Chine
35 Lorsque les hivers sont très rigoureux,
près de 50 000 personnes peuvent arriver à Oulan-Bator.
36 Voir carte en annexe
Stéphanie CAUX
ce qui empêche les animaux d'accéder à
l'herbage. Le dzud noir : la température moyenne augmente ce qui
entraine une désertification dans le pays, le désert de Gobi ne
cesse de grandir ce qui réduit considérablement les terres
pouvant servir à nourrir les animaux ; à cela s'ajoute aussi des
hivers très rudes ou les températures sont descendues si bas
(jusqu'à -50) que des millions d'animaux n'ont pu y résister.
Enfin, l'eau douce se fait de plus en plus rare dans certaines régions,
comme dans les steppes.
Le pire « dzud » a eu lieu en 1944 et a tué
prés de 7 millions de bêtes. Entre 1999 et 2002, la Mongolie a
été frappée par 3 dzuds ce qui a eu comme résultat
la mort de 11 millions de bêtes. Le dernier dzud, en 2009/2010 a
recouvert 80% du territoire de neige et a causé la mort de 4 à 8
millions d'animaux selon les estimations, pendant cet épisode, 9000
familles ont perdu la totalité de leur troupeau et 33 000 autres ont
perdu au moins 50% de leur cheptel. Selon les Nations-Unies, 17% du
bétail aurait succombé pendant cette période. Depuis ce
dernier épisode, les mongols ont peur de devoir à nouveau faire
face à de tels phénomènes
météorologiques.
Tous ces aspects ont donc forcé les nomades à
abandonner leurs terres pour se rendre en ville dans l'espoir d'y trouver une
vie meilleure. Enfin, certains d'entre eux ont décidé de profiter
du boom économique de leur pays et travaillent à présent
pour les compagnies minières elles-mêmes responsables de la
disparition du nomadisme à cause de la pollution des sols par exemple.
On peut donc se demander si d'ici 50 ans le nomadisme existera toujours en
Mongolie.
Stéphanie CAUX
Inégalité des revenus et
pauvreté
En abandonnant leur mode de vie, la majorité des
éleveurs pensait aspirer à une vie meilleure, mais ce n'est
malheureusement pas le cas puisque l'inégalité des revenus est un
problème important dans le pays.
On remarque que la population a du mal à profiter de la
croissance de la Mongolie. Cela n'est pas étonnant car comme une grande
partie des pays qui basent leur croissance sur les matières
premières, la redistribution des richesses se trouve être un
problème majeur, on peut prendre l'exemple de certains pays africains
qui eux aussi sont riches en ressources mais dont la population ne profite pas
ou même souffre dans le cas de conflits visant à s'approprier ces
richesses. Rares sont les pays qui pratiquent une bonne gestion de leurs
ressources et qui en font profiter la population, en réalité,
seule la Norvège a réussit ce pari (voir partie fonds
souverains).
En Mongolie, même si la pauvreté est en recul,
encore 27,4% de la population vit en dessous de seuil de pauvreté
national37. La pauvreté touche principalement les zones
rurales (35%) mais celle-ci se retrouve aussi en ville (23%).
L'IDH est un indicateur synthétique permettant
d'évaluer les progrès à long terme grâce à
trois critères :
- L'espérance de vie
- l'accès à la connaissance
- le niveau de vie.
-
En 2012 l'IDH de la Mongolie était de 0,675, ce qui
plaçait le pays à la 108ème place sur 187 pays
évalués, entre 1985 et 2012, la valeur de l'IDH a donc
augmenté de 26%.
37
http://donnees.banquemondiale.org/pays/mongolie
Stéphanie CAUX
Le tableau ci-dessus montre tous les progrès
réalisés, à titre d'exemple, entre 1980 et 2012,
l'espérance de vie à la naissance a augmenté de 11,5
années, la durée moyenne de scolarisation de 2,6 années,
enfin, le revenu par habitant a progressé de 88%
Cependant malgré ces progrès, un indice s'est
fortement dégradé (voir graphique ci dessous) : l'indice
GINI38 qui permet de mesurer les inégalités au sein
d'un pays.
38 Plus l'indice GINI se rapproche de 100 plus les
inégalités sont forte.
Stéphanie CAUX
Evolution de l'indice GINI
Comme nous pouvons le voir sur le graphique ci-dessous,
l'indice GINI était de 0,37 en 2008, ce qui est comparable au Vietnam ou
à l'Arménie. Pour être plus précis, on estime
à cette date que près de la moitié des richesses du pays
était dans les mains de 20% de la population.
En effet, la capitale se divise en deux parties : d'un
côté les personnes qui vivent à Oulan-Bator depuis des
années, qui possèdent une habitation convenable et un travail
stable (au centre de la ville) et de l'autre les ex-nomades qui s'entassent en
périphérie de la capitale dans des sortes de bidonvilles remplis
de yourtes. Cette partition de la ville est visible même du ciel en
utilisant Google Maps.
Stéphanie CAUX
Bien évidemment, les personnes vivant dans ces
quartiers ne bénéficient pas des mêmes prestations : l'eau
courante et les canalisations sont inexistantes ce qui implique un manque
d'hygiène, les écoles sont rares et l'accès aux soins
difficile. De plus, les habitants se voient bien souvent obligés de
travailler dans le secteur informel, très mal
rémunéré, pour subvenir à leurs besoins ce qui
aggrave encore plus leur situation. À cela s'ajoute aussi une inflation
grandissante qui, comme nous l'avons vu précédemment, n'arrange
rien à leur sort : le coût de la vie est de plus en plus
élevé à Oulan-Bator, la nourriture, les transports, le
logement et même les prix de l'électricité ne font que
grimper. Enfin, un nouveau phénomène inquiétant voit le
jour : les enfants des rues n'ont jamais été aussi nombreux, on
en dénombre 5000 à Oulan-Bator, qui sont souvent obligés
de voler ou de se prostituer pour survivre.
La pauvreté en Mongolie touche jusqu'à
présent les personnes qui étaient déjà dans le
besoin avant le développement économique, mais on peut penser que
dans les années à venir elle s'étendra à la classe
moyenne, en raison de l'augmentation de l'inflation. Ainsi on pourrait observer
deux types d'habitants en Mongolie : les très pauvres et les très
riches qui ont su profiter des ressources.
Stéphanie CAUX
L'apparition d'un nouveau phénomène :
l'exode citadin
Comme nous l'avons dit précédemment, de nombreux
nomades ont décidé d'abandonner les steppes pour aller vivre
à Oulan-Bator. Cependant, on se rend compte que le
phénomène inverse se produit : les citadins commencent à
migrer vers les campagnes. En effet, les nomades qui s'entassent à la
périphérie de la capitale se rendent compte que la ville ne leur
offre aucun avantage : ils sont contraints de vivre cloitrés dans de
petits enclos et dans un environnement pollué É Alors certains se
posent la question suivante : ne serait-il pas préférable de
retourner vivre dans les steppes et de perpétuer la tradition de leurs
ancêtres ? Certaines familles ont donc choisi cette solution et repartent
loin de la ville vivre de l'élevage.
Mais un problème revient souvent : les plus jeunes
restent toujours fascinés par la ville (qu'ils l'ai connue ou non) et se
lassent très vite dans cet environnement. Les raisons sont diverses :
certains pensent qu'il faut « évoluer » et profiter de ce
qu'offre la ville : distractions en tous genres (cinémas É),
d'autres souhaitent quitter les steppes pour avoir un avenir meilleur en allant
à l'université.
|
|
64
|
Stéphanie CAUX
Les problèmes environnementaux
La pollution :
La pollution est devenue depuis quelques années un
problème majeur en Mongolie, mais comment expliquer cette pollution ? La
Mongolie est connue pour être le pays au ciel bleu éternel mais
cela ne correspond plus à la réalité puisque la capitale
se retrouve à présent enveloppée d'un épais nuage
de pollution. Mais contrairement à de nombreux pays en
développement, la pollution en Mongolie n'est pas due à
l'industrie ou aux usines tournant à pleins régimes (comme c'est
le cas en Chine). La principale cause de pollution vient en
réalité du mode de vie des nomades : comme nous venons de
l'exposer, une grande partie des nomades a maintenant décidé de
se sédentariser et de s'installer dans la capitale, malheureusement cela
a des conséquences puisque cette ville est devenue une des plus
polluée au monde (voir graphique ci-dessous). Si l'on compare la
pollution observée à Oulan-Batar à celle de grandes villes
chinoises, le constat est sans appel : la ville est extrêmement
polluée, plus particulièrement le quartier des yourtes, puisque
celui-ci possède une particularité.
Les yourtes à la base utilisées dans les zones
rurales et dans les steppes sont habituellement considérées comme
respectueuses de l'environnement, mais lorsque l'on se retrouve dans une zone
uniquement composée de ce type d'habitat, le problème est visible
à l'oeil nu : d'épaisses colonnes de fumée
s'échappent de chaque yourte formant un nuage de pollution.
L'explication est simple : pour se chauffer ou faire la cuisine, les nomades se
servent d'un poêle (généralement situé au milieu de
la yourte) lui même alimenté par du bois ou du charbon, selon
l'environnement.
Stéphanie CAUX
Bien entendu, cette pollution a causé d'importants
dégâts, surtout dans la capitale. Selon un rapport de la banque
mondiale, les fines particules39 contenues dans l'air sont
très dangereuses car elles sont facilement absorbées et
s'accumulent dans les poumons. Les hôpitaux de la capitale ont donc vu le
nombre de personnes souffrant de problèmes respiratoires, de cancers du
poumon et de problèmes cardio-vasculaires exploser ces dernières
années ainsi que le nombre de décès associés. Pour
preuve, une étude réalisée par une université
canadienne (Simon Fraser University) montre qu'un décès sur 10
à Oulan-Bator peut être attribué à la pollution de
l'air.
39 Les fines particules sont
généralement plus dangereuses car elles ne sont pas
filtrées via le nez ou les voies aériennes de la partie
supérieure du corps.
Stéphanie CAUX
Même si l'industrie n'est pas le premier facteur de
pollution, elle a tout de même un impact important sur
l'écosystème puisque généralement l'extraction de
métaux nécessite l'utilisation d'éléments
chimiques. À titre d'exemple, il est fréquent d'utiliser du
cyanure ou du mercure (ou d'autres éléments chimiques) pour
extraire l'or. Bien évidemment, ces métaux lourds se retrouvent
dans les cours d'eau eux mêmes parfois détournés pour
servir à ces industries et utilisés par la population que ce soit
pour sa propre alimentation ou celle du bétail.
En plus de cela, les nappes phréatiques sont aussi
touchées par la pollution en raison du ruissèlement des eaux. Ce
phénomène est d'ailleurs comparable à ce qui se passe aux
Etats-Unis depuis la découverte du gaz de schiste. En effet, pour
accéder au gaz, les compagnies doivent utiliser ce que l'on appelle la
fracturation hydraulique, un procédé qui consiste à
injecter de l'eau et des produits chimiques pour faire exploser la roche et
libérer le gaz qu'elle contient. Cette eau ainsi utilisée devient
polluée en raison de ses composants et nocive que ce soit pour les
humains, la faune ou la flore.
En Mongolie, des membres d'associations40
protégeant l'environnement tentent donc par divers moyens (grève
de la faim, investigations sur le terrain É) de faire pression sur les
compagnies minières et sur le gouvernement pour préserver
l'environnement de ces dangers.
Activité sismique :
Un autre problème est aussi préoccupant en
Mongolie : l'activité sismique. Depuis 1900, la Mongolie a
déjà du faire face à trois importants seimes. Deux d'entre
eux ont eu lieu en 1905 en Mongolie centrale et ont atteint une magnitude de
8,4 sur l'échelle de Richter et le troisième lui a eu lieu en
1957 avec une magnitude de 8,1. Après ces événements, des
études ont démontré que la Mongolie se situait sur une
40 Yellow River, United Movement of Mongolian Rivers
and Lakes » (UMMRL)
Stéphanie CAUX
zone à risques et tout particulièrement la
région située à l'ouest, où l'on observe d'ailleurs
plusieurs tremblements de terre (sans gravité) chaque année.
Généralement, ceux-ci ne sont pas ressentis à Oulan-Bator
et ne font donc pas de dégâts dans la capitale. Cependant, la
ville se situe à la croisé de deux zones : une à hauts
risques et une à faibles risques, ce qui provoque des inquiétudes
lorsque l'on sait que certains quartiers résidentiels anciens ne sont
pas prévus pour supporter des secousses, ainsi, si un séisme de 7
touchait Oulan-Bator, environ 40 000 habitations pourraient être
détruites.
Inondations :
En plus des séismes et des « dzuds»
évoqués précédemment, les inondations sont aussi
une menace à prendre en compte, la ville d'Oulan-Bator est une des
premières concernée puisqu'elle est construite à la
croisée de deux fleuves : le Tuul et le Selbe, eux même
alimentés par les eaux arrivant des montagnes et les pluies de la saison
d'été, durant laquelle les inondations sont les plus
fréquentes. Le quartier des yourtes, au nord, est
généralement le plus touché puisque les systèmes de
drainage sont inexistants. Des travaux sont d'ailleurs prévus dans
certaines parties de la ville pour faire face à de possibles inondations
dans le futur.
Quel impact ?
Les deux derniers éléments évoqués
ont un impact direct sur les infrastructures déjà peu nombreuses
ou en mauvais état. En effet, lorsque le terrain présente des
risques (sismiques ou inondations) des matériaux spéciaux doivent
être utilisés pour éviter une catastrophe. Bien
étendu cela a un coût qui peut bien évidemment effrayer les
investisseurs et les délais de construction sont souvent plus longs.
Stéphanie CAUX
Apparition d'un sentiment anti-chinois
La Mongolie est aussi sujette à un tout nouveau
défi : l'apparition d'une haine vis à vis de la Chine et plus
particulièrement envers les chinois présents en Mongolie.
D'après une étude réalisée par Franck Billé,
cette haine serait due à cinq facteurs :
> Les deux pays ont toujours eu des problèmes
territoriaux. D'un coté, les chinois ont construit la grande muraille de
Chine pour se défendre de l'invasion des mongols et de l'autre, les
mongols ont beaucoup de mal à oublier la période pendant laquelle
les chinois ont dominé leur pays. En plus de cela, les habitants de la
Mongolie reprochent souvent aux chinois d'avoir représenté leur
pays comme faisant partie de la Chine sur une carte éditée dans
les années 1920.
> Ce sentiment de menace s'est aujourd'hui élargi
aux activités minières engagées par la Chine en Mongolie,
pour les mongols il s'agit d'une ruse : si les chinois ne peuvent pas prendre
le pouvoir grâce à la politique ou par la force, ils
décident de « voler » les ressources naturelles du pays, ce
qui équivaut à envahir le territoire petit à petit.
> Certaines légendes urbaines mongoles laissent
aussi croire que les chinois empoisonnent la nourriture ou les vêtements,
aujourd'hui une partie de la population préfère d'ailleurs
acheter des biens venant de Russie par sécurité.
> Ces mêmes rumeurs disent que les enfants mongols
SDF ou pauvres seraient achetés par les Chinois uniquement pour leurs
organes.
Stéphanie CAUX
> Enfin, les mongols se considèrent (pour certains)
comme étant une race à part. Ils trouvent donc inacceptable
d'être mélangés à des chinois car cela les rendrait
impurs. Selon les mongols, certains chinois enlèveraient des jeunes
femmes pour les contraindre à se prostituer ce qui nuirait à la
préservation de leur peuple étant donné que la population
est déjà très faible.
Tout cela explique en partie l'apparition de certains groupes
nationalistes, qui n'hésitent pas à prendre exemple sur
l'Allemagne nazi :
"The reason we chose this way is because what is happening
here in Mongolia is like 1939 and Hitler's movement transformed his country
into a powerful country".
Si le nationalisme mongol peut paraître à
première vue sans importance, il s'agit en réalité d'un
danger. En effet, les compagnies minières étrangères
pourraient se sentir à l'avenir menacées si ce
phénomène venait à prendre de l'ampleur. Pour prendre un
exemple concret, les expatriés travaillant dans les mines pourraient
refuser de venir travailler dans le pays à cause d'un sentiment
d'insécurité. Cela obligerait les compagnies minières
à dépenser de l'argent pour assurer la sécurité de
leurs employés et induirait indirectement une baisse de la
rentabilité des projets.
Stéphanie CAUX
Un exemple concret attisant la haine
anti-chinois
Au sud de la Mongolie se situe Daqin Tamsag, un gisement
pétrolier contrôlé par la compagnie chinoise PetroChina.
Cette compagnie a reçu de nombreuses plaintes de la part de ses
employés mais aussi des riverains. En effet, en 2013, les 250
employés mongols ont affiché leur
mécontentement41 puisqu'ils jugeaient leurs salaires bien
trop bas. Ces employés recevaient un salaire de seulement 300 dollars
alors que leurs homologues chinois touchaient près de 2500 dollars
(selon le Oulan-Bator post). Suite à ces plaintes, le premier ministre
mongol s'était d'ailleurs rendu sur place afin de rencontrer ces
ouvriers mais aussi les riverains qui ont accusé la compagnie de ne pas
respecter l'environnement, de dégrader les routes à cause du
passage de gros engins....
Après enquête, l'entreprise a donc
été contrainte de payer 1,3 milliard de Tugrit (soit environ 537
000 euros) pour les dommages environnementaux causés ; mais aussi de
revoir les conventions collectives :
- Les salaires devaient être augmenté de 50%.
- 20 jours de repos devaient être accordés pour
40 jours de travail.
- Et enfin les conditions de travail devaient être
améliorées.
|
41 Les employés de la mine avaient
déjà demandé une augmentation de salaire quelques temps
auparavant, mais ils se sont rendu compte que la compagnie chinoise les avait
trompé en incluant les heures supplémentaires et diverses primes
(ancienneté et cantine) dans leurs salaires de base.
Stéphanie CAUX
Comment lutter contre ces divers phénomènes
?
Comme nous venons de le voir, la Mongolie fait face à
de nombreux problèmes, on se rend donc compte que le pays doit
absolument lutter contre cela : une meilleure gestion des ressources
minières ainsi qu'une diversification de l'économie et des
exportations semblent nécessaires si le pays veut conserver une
croissance durable et moins dépendre de ses voisins. Nous
étudierons ainsi les mesures mises en place par le pays, ainsi que
différents moyens qui pourraient permettre de maintenir cette
croissance.
La politique étrangère de la Mongolie et
la notion de « troisième voisin »
La Chine et la Russie :
La Chine et la Russie sont les deux principaux pays avec
lesquels la Mongolie a des relations diplomatiques et économiques.
La Chine : Les relations avec la Chine ont
depuis toujours été tendues pour des raisons historiques
(dynastie Qing), par exemple, des problèmes subsistent en Mongolie
intérieure, région appartenant à la Chine, mais plus
proche culturellement de la Mongolie. Même si la Chine ne revendique pas
la Mongolie (ou des parties du pays) comme lui appartenant, sa puissance au
niveau économique lui donne un poids considérable dans le pays.
En effet, près de la moitié des importations de la Mongolie
proviennent de Chine et 80% des exportations vont vers ce même pays.
Enfin, en plus des investissements miniers conséquents, les ports
chinois sont un des seuls moyens pour la Mongolie d'accéder à de
nouveaux marchés. En Aout 2014, les relations Sino-mongoles se sont
encore intensifiées puisque la Chine a affirmé vouloir ouvrir ses
ports (ceux situés au nord) à la Mongolie dans le but de pallier
à sa situation de pays enclavé, de plus, de nombreux projets
d'infrastructures devraient voir le jour dans ces mêmes ports.
Stéphanie CAUX
La Russie : Pour ce qui touche aux relations
entre la Mongolie et la Russie, on peut dire qu'elles sont plutôt bonnes.
Malgré de nombreuses coupures concernant son approvisionnement en
pétrole, la Mongolie et ses habitants se sentent beaucoup plus proches
des russes que des chinois. Cela s'explique aussi par l'histoire du pays, qui a
été largement approvisionné et aidé par son voisin
du nord pendant l'époque soviétique. La Russie a en
réalité trois objectifs concernant la Mongolie : la
sécurité, le prestige et les intérêts
économiques. En effet, Moscou se révèle être
intéressé par les richesses naturelles du pays mais pas
seulement, puisque maintenir sa présence dans cette région du
monde est aussi essentiel pour contrer l'influence grandissante de la Chine.
(Cette situation peut d'ailleurs être comparée à ce qui se
passe actuellement en Ukraine).
Le troisième voisin
Afin de diversifier ses partenaires, la Mongolie a donc une
politique de « troisième voisin ». Ce terme employé
pour la première fois en 1990 par le secrétaire d'Etat
américain James Baker, visait à encourager les avancées
démocratiques de la Mongolie, il fut par la suite utilisé par les
dirigeants mongols pour désigner le fait que le pays doit absolument
diversifier ses partenaires. Si les mongols ne citent jamais un pays en
particulier, ce « troisième voisin » est censé
être un ou des pays démocratiques, ce qui fait des Etats-Unis, de
la Corée, du Japon É des partenaires idéaux.
La Corée du Sud :
La Corée est le pays dans lequel on trouve le plus de
mongols expatriés. Le ministre des Affaires étrangères
mongol s'est rendu à Séoul en février dernier, cette
rencontre s'est focalisée sur des mesures concrètes pour
développer des partenariats bilatéraux, incluant notamment la
création d'un organisme intergouvernemental pour favoriser la
coopération économique et stimuler
Stéphanie CAUX
l'investissement coréen dans les grands projets
miniers, de constructions et d'infrastructures. Des discutions ont aussi eu
lieu concernant une coopération militaire (maintien de la paix dans la
péninsule coréenne et envoie de matériel et de
véhicules militaires en Mongolie). Enfin, le nombre d'échanges
bilatéraux entre la Mongolie et la Corée du Sud devrait augmenter
significativement cette année car le Président Elbegdorj devrait
se rendre en Corée pour une visite officielle en 2015, ce qui
coïncidera avec le 25ème anniversaire de l'établissement de
relations diplomatiques entre les deux États.
Les USA :
La Mongolie et les Etats Unis entretiennent des relations
diplomatiques depuis plus de 25 ans (1987), et font en sorte de resserrer les
liens qui unissent les deux pays. La première visite marquante fut celle
du président Bush en 2005, pendant laquelle il remercia les mongols pour
leur assistance durant la guerre d'Irak, en effet le pays avait envoyé
de nombreux hommes sur le terrain. En 2011, l'ancien président mongol
Elbegdorj Tsakhia s'est rendu aux Etats-Unis pour rencontrer Barack Obama. Au
cours de l'entretient, les deux protagonistes ont essayé de trouver des
mesures permettant d'élargir la coopération entre les deux pays,
que se soit dans le domaine diplomatique, économique ou encore la
défense. Ils ont aussi publié une déclaration visant
à promouvoir la liberté, la démocratie et les droits de
l'homme à travers le monde et affirmé vouloir renforcer les
relations commerciales.
Le Japon :
Les relations diplomatiques entre le Japon et la Mongolie ont
débuté en 1972, Depuis les années 1990, et le début
de la transformation de la Mongolie, il y a eu des visites mutuelles
fréquentes entre les dirigeants mongols et japonais. Cette relation a
été renforcée par le soutien actif du Japon à la
Mongolie pour sa démocratisation et son passage à
l'économie de marché. En utilisant l'aide
Stéphanie CAUX
économique pour pénétrer la Mongolie, le
Japon a cherché à dominer ses ressources et à
étendre son influence politique et économique afin de garantir
son influence en Asie. Très récemment, en juillet 2014, les deux
pays ont signé un accord de libre-échange (les
négociations avaient commencé en 2012) qui vise à
réduire ou éliminer les barrières douanières pour
l'importation de voitures japonaises en Mongolie, et celles pour la viande de
boeuf mongole. En plus, le Japon a demandé à Oulan-Bator de
simplifier les démarches d'entrée pour les investisseurs japonais
en Mongolie.
L'Union Européenne :
Comme nous l'avons évoqué, la Mongolie fait
toujours face à de nombreux problèmes. L'Union européenne
pourrait donc lui être utile dans certains domaines, en particulier le
renforcement des institutions dans le pays et le soutient à
l'indépendance. L'UE pourrait par exemple encourager le
développement d'une société civile et le processus de
démocratisation en étant observateur neutre durant les
élections et en luttant contre la corruption. Aujourd'hui, l'UE est le
3ème partenaire économique de la Mongolie ce qui signifie qu'une
coopération pourrait être bénéfique pour les deux
parties : d'un côté l'union Européenne peut encourager et
aider la Mongolie à respecter les normes en vigueur en Europe (pour
favoriser ses exportations) et de l'autre la Mongolie peut offrir des
opportunités d'investissements intéressantes pour les pays
européens. L'année 2013 a d'ailleurs marqué un tournant
dans les relations UE/Mongolie puisqu'un accord 42 de partenariat et
de coopération a été signé entre les deux zones ;
ces domaines comprenaient notamment : une coopération dans le secteur
politique et économique, un engagement dans la lutte contre la
prolifération des armes de
42
https://www.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/25
0160/EU_Series_No_6__2013_.pdf
Stéphanie CAUX
destruction massive et le trafic d'armes
légères, une coopération dans le domaine judicaire ou
encore la lutte contre la pauvreté et les crimes contre
l'humanité...
Le Kazakhstan :
Le Kazakhstan et la Mongolie n'ont pas de frontière
commune mais les deux pays sont séparés par seulement 40 km de
terres. En plus de cette proximité géographique, on
dénombre près de 150 000 kazakhs en Mongolie, dont la
majorité vit à l'ouest du pays, en effet, les similitudes
culturelles sont nombreuses, par exemple, 30% de la population du Kazakhstan
est composée de nomades et les deux pays ont aussi été
pendant de longues années sont influence communiste. Les relations
diplomatiques entre ces deux nations ont commencé en 1992 mais sont
encore peu développées : il n'existe pas d'accord de libre
échange et les IDE kazakhs ne sont pas conséquents en Mongolie.
On peut expliquer cette distance diplomatique par plusieurs raisons : tout
d'abord, le système politique est totalement différent puisque le
Kazakhstan est considéré comme ayant un régime autoritaire
alors que la Mongolie est depuis 2009 ouverte grâce à son nouveau
président. Ensuite, contrairement à la Mongolie qui est plus
proche de la Chine, le Kazakhstan ne s'est jamais vraiment
détaché de son voisin russe. Malgré cela, il serait
surement bénéfique pour la Mongolie de se rapprocher de ce pays
puisque lui aussi est un grand producteur et exportateur de ressources
naturelles43.
L'Australie :
Les relations diplomatiques entre la Mongolie et l'Australie
ont débuté en 1972 et se sont intensifiées dès que
le pays à reçu son indépendance en 1990. Le sujet de
coopération principal entre les deux pays concerne les ressources et
l'énergie44.Lors d'une visite du premier ministre mongol en
Australie en 2011, quatre accords
43 Le Kazakhstan est le premier producteur mondial
d'uranium, et exporte aussi : du pétrole, du charbon, du chrome...
44 Avant 2012, la majorité du charbon partait
en Australie et non en Chine
Stéphanie CAUX
bilatéraux ont été signés : le
premier concernait une coopération dans le domaine professionnel visant
à améliorer la qualité de la main d'oeuvre via des
échanges universitaires ou sur le système d'éducation par
exemple. Le second portait sur l'amélioration de la filière
agricole et de son rendement grâce à des outils plus techniques.
Le troisième sur un échange d'informations entre les deux
gouvernements. Et le dernier une collaboration dans le domaine scientifique
grâce à un partenariat entre l'académie des sciences
australienne et mongole.
La politique étrangère de la Mongolie peut donc
se résumer en cinq points essentiels :
> Maintenir de bonnes relations avec ses voisins
immédiats (la Chine et la Russie) sans privilégier l'un ou
l'autre des deux pays.
> Développer les relations de partenariat et de
coopération avec d'autres pays à l'Est et à l'Ouest dans
le cadre de la politique de « troisième voisin »
> Développer des relations bilatérales avec
d'autres pays asiatiques et soutenir les efforts entrepris pour renforcer la
stabilité et la sécurité dans cette zone
stratégique
> Renforcer les relations bilatérales avec les pays
en voie de développement (dans le cadre de l'ONU, du G77 et du mouvement
des non-alignés.
> En enfin continuer la coopération entre les USA et la
Mongolie.
Stéphanie CAUX
Gérer au mieux la rente minière
Lutter contre la corruption grâce à
l'EITI (Extractive industries Transparency Initiative).
L'EITI est en place depuis 2003 et part du principe que
lorsque les ressources naturelles ne sont pas gérées
efficacement, celles-ci peuvent facilement mener à l'apparition de
conflits, de la corruption ou à une augmentation des
inégalités. Ainsi, ce projet a pour vocation de rendre ce secteur
plus transparent en publiant chaque année un rapport sur les compagnies
opérant dans des pays riches en ressources naturelles. Le rapport montre
notamment le montant des taxes payées par chaque entreprise au
gouvernement. Pour ce qui touche à la Mongolie, elle fait parti de cette
organisation depuis 2006 et on remarque que les entreprises présentes
dans le pays sont chaque année plus nombreuses à déclarer
leurs revenus et donc les taxes qu'elles payent (à titre d'exemple, en
2006, seules 35 entreprises faisaient partie du projet alors qu'en 2011 elles
étaient 200). Notons que les entreprises ne sont pas les seules à
réaliser des efforts, puisque ce rapport est entièrement
financé par le gouvernent.
La privatisation de l'économie : bonne ou mauvaise
idée ?
La Mongolie a déjà eu recours à un
certain nombre de lois pour réguler le fonctionnement du secteur minier,
parmi les plus significatives on peut citer :
> La « Mineral Law » (2006) qui permet de mesurer
l'impact du secteur minier sur l'environnement et la société,
ainsi que d'identifier les dangers liés à leur exploitation ou
à l'exploration.
> la « Draft Law / SEFIL» (2012) qui vise
à réguler les investissements dans le pays. Cette loi permettait
notamment de restreindre les investissements
Stéphanie CAUX
étrangers dans certains secteurs
considérés comme stratégiques (les compagnies
opérant dans le secteur bancaire, la finance, les
télécommunications et le secteur minier) et donc d'éviter
qu'une entreprise étrangère se trouve en situation de monopole.
Ainsi une entreprise étrangère souhaitant investir dans une
compagnie mongole devait demander l'accord du gouvernement si cet
investissement dépassait 33% du capital alors qu'une entreprise mongole
voulant réaliser la même opération n'avait pas besoin
d'autorisation jusqu'à 49%.
> À cela s'ajoutait aussi d'autres obligations
très contraignantes pour les investisseurs comme des taxes ou des
surtaxes ou encore l'obligation d'exploiter un gisement au maximum ce qui
pouvait s'avérer peu rentable ou même dangereux pour l'entreprise
en question.
Les lois que nous venons d'évoquer se trouvaient
être de réels freins pour les investisseurs étrangers
puisque la Mongolie était considérée comme un pays
privilégiant ses entreprises nationales. En 2013, les investissements
étrangers avaient d'ailleurs baissé de 43% suite à
l'adoption de la SEFIL (voir partie IDE et réserves de devises
étrangères).
Un moyen de vérifier si le pays attire ou non les
investisseurs consiste à se pencher sur les réserves de devises
étrangères. Cet indicateur permet en effet d'évaluer
l'efficacité des stratégies du gouvernement pour booster
l'économie.
Stéphanie CAUX
Réserves de devises étrangères en
millions de dollars45
Année
|
Montant des réserves
|
2006
|
718
|
2007
|
1000
|
2008
|
657
|
2009
|
1327
|
2010
|
2288
|
2011
|
2450
|
2012
|
4125
|
2013
|
2248
|
Comme le montre le graphique ci-dessus, les réserves de
devises sont en augmentation depuis 2006. Cependant, on remarque qu'il existe
des phases de hausse et de baisse : elles sont soit liées à une
baisse du prix des matières premières ou bien aux lois mises en
place (la loi de 2012 annoncée par le gouvernement eu un impact
important sur les réserves, puisque celles-ci ont chuté de 54 %
en 2013).
C'est pourquoi le président Tsakhia Elbegdorj a
décidé de réagir en cette même année en
réduisant considérablement le nombre de compagnies
détenues par l'Etat pour encourager le développement du secteur
privé. À cela s'ajoute aussi une simplification des
démarches administratives. Plus récemment, en janvier 2014, le
gouvernement a adopté une nouvelle politique permettant entre autre
d'améliorer la qualité de l'exploration et de l'extraction,
d'encourager l'utilisation de technologies respectueuses de l'environnement et
d'améliorer la compétitivité du secteur minier mongol sur
les marchés mondiaux. On peut donc parler à présent d'un
réel processus de privatisation de l'économie mongole et cela
s'est ressenti, puisque le nombre d'IDE est reparti à la hausse en
2014.
45 Source : Banque de Mongolie
Stéphanie CAUX
Exemple de la privatisation du cuivre au
Chili
Ce processus peut d'ailleurs être comparé
à ce qui s'est passé au Chili : Au début des années
60, l'Amérique Latine (et plus particulièrement le Chili) voit
l'émergence d'idées révolutionnaires : l'opinion publique
souhaite récupérer ses richesses jusqu'à présent
exploitées par les USA. Cette époque sera marquée par
l'arrivée de Montalva et de son programme visant à
réformer l'économie chilienne, autrement appelée «
chilenisation du cuivre ». Mais cela n'a pas été une totale
réussite puisque les compagnies américaines ont continué
à engranger d'énormes bénéfices. Ce n'est qu'avec
l'arrivée au pouvoir de Salvador Allende que la nationalisation a
été complète : les grands gisements appartenant aux
sociétés américaines ont été
récupérés par l'État dès 1971. Cet acte
politique a aussi donné naissance à la CODELCO (la compagnie
nationale du cuivre chilien) qui a notamment apporté une
stabilité économique et financière au pays. Mais ce
système a commencé à disparaître dès la fin
de la dictature, en 1990, avec le tout nouveau gouvernement qui a ouvert le
secteur minier aux investissements étrangers Cette décision a
considérablement réduit le poids de la CODELCO et les avantages
qu'elle pouvait offrir aux habitants auparavant. Les multinationales ont donc
repris le pouvoir au Chili, et ont profité des faiblesses du
système fiscal du pays ce qui a été critiqué par la
population puisque cela ne rapportait pas assez d'argent au pays. Aujourd'hui,
et surtout depuis le drame des mineurs coincés en 2010, le peuple
demande une renationalisation du secteur cuprifère.
|
Cela démontre que la privatisation de l'économie
ou tout du moins d'un secteur doit se faire prudemment et non pas dans
l'urgence car tout changement économique radical peut être
dangereux si l'on n'en prévoit pas les conséquences. Dans le cas
de la Mongolie, la privatisation du secteur minier peut être une solution
pour rapporter de l'argent à l'Etat rapidement, cependant, pour que cela
soit
Stéphanie CAUX
rentable à plus long terme, le gouvernement doit mettre
en place des taxes sur les bénéfices de ces entreprises.
Mise en place d'un fond souverain
Bien souvent lorsqu'un pays se voit doté de ressources
naturelles, la première solution pour gérer cette manne
financière semble être la création d'un fond souverain
(FS). Les fonds souverains permettent à des pays possédant des
réserves conséquentes de placer leurs économies afin de
les faire fructifier dans le futur. Les fonds souverains sont de plus en plus
courants, et ce grâce à leur succès en Norvège : le
pays scandinave est très souvent cité pour la gestion exemplaire
de ses ressources pétrolières et ce pour une raison simple, il
s'agit du seul pays ou l'on a pu observer à la fois :
> Une croissance du PIB
> Une baisse des inégalités (Indice GINI) >
Une maitrise de l'inflation
Depuis, presque tous les pays producteurs de ressources
naturelles possèdent leur propre Fond Souverain, c'est le cas par
exemple des pays du Golfe ou de certains pays asiatiques qui cherchent à
faire des investissements stratégiques (géopolitiques ou
industriels).
Dans le contexte mongol, la création d'un fond
souverain aurait pour objectif de pallier aux fluctuations du cours des
matières premières, mais aussi de diversifier l'économie.
Cependant, utiliser un fond souverain dans une optique de diversification n'est
pas compatible avec un gouvernement trop présent dans le domaine
économique. Comme le gouvernement possède des
sociétés d'Etat,
Stéphanie CAUX
l'utilisation d'un fond souverain soulèverait de
nombreux problèmes concernant la rentabilité, le risque de
favoritisme et la corruption dans les investissements. Autre problème,
les fonds souverains investissent souvent à l'étranger car la
majorité d'entre eux n'a pas le droit de le faire sur son propre
territoire, de peur d'influencer le taux de change ou de rester encore
dépendant des ressources naturelles.
Exemple du Botswana :
Le Botswana ressemble à la Mongolie puisqu'il s'agit
aussi d `un pays enclavé bénéficiant de ressources
naturelles importantes. Après son indépendance en 1966, il
s'agissait d'un des pays les plus pauvres avec un PIB/ habitant de seulement
284 dollars. Cependant, le Botswana à su préserver une croissance
économique importante pendant plus de cinq décennies grâce
à une gestion efficace et durable de ses réserves de diamants qui
représentent près de 80% des exportations du pays. La politique
fiscale du Botswana permet par exemple d'assurer que les dépenses
à court terme du gouvernement soient financées uniquement par les
revenues des secteurs non-miniers ; alors que les revenus du secteur minier
servent eux à investir ou à alimenter un fond souverain. Avec le
temps, le gouvernement a ainsi accumulé des réserves importantes
qui ont pu être utilisées pour financer le déficit
budgétaire pendant les années où le pays faisait face
à une crise ou à une baisse du cours des diamants. Grâce
à toutes ces mesures, le pays a su profiter de la manne
diamantifère pour s'enrichir, pour preuve, le PIB/habitant
s'élève aujourd'hui à USD 7100 dollars (soit une
croissance de 2 500 % en moins de 50 ans) un exemple à suivre pour tous
les pays riches en matières premières.
Stéphanie CAUX
Evolution du PIB/habitant au Botswana (1966-2014)
Notons que la Mongolie a déjà tenté la
mise en place de fonds souverains46 par le passé, cela a
commencé en 2007 avec le « Mongolian Development Fund » (MDF)
qui n'existe plus de nos jours, puis en 2009 avec le « Human Development
Fund » (HDF). Le « Human developement Fund » permet à
n'importe quel citoyen mongol de posséder une partie des richesses
minérales du pays. Avant la création de ce fond, les
économistes mongols se sont penchés sur les fonds souverains
qu'ils considéraient comme efficaces (à savoir celui de la
Norvège, de l'Alaska, du Chili) et ont défini des objectifs :
limiter le déficit de l'état, le dutch disease, la
pauvreté É En juillet 2009, le parlement mongol a passé
une loi permettant la création d'un mécanisme pour
économiser les revenus excédentaires (lorsque les prix sont
hauts) dans le but de stabiliser les revenus annuels lorsque les prix baissent
(comme en 2008). Le HDF devait donc permettre aux habitants de
bénéficier d'une retraite, de soins, d'un logement, d'un
enseignement de qualité ou encore d'argent liquide et ce, grâce
à une distribution équitable des recettes. Cependant, il a
été largement
Stéphanie CAUX
critiqué par le FMI et la Banque mondiale car il serait
en partie responsable de la forte inflation dans le pays, en effet, l'argent
était le plus souvent distribué sous forme d'espèces. Des
abus ont aussi été enregistrés, si le HDF devait
initialement servir à combler le déficit de l'État, il a
aussi été utilisé lors des élections
présidentielles comme moyen de pression sur la population puisque chaque
parti promettait des sommes importantes à chaque habitant (environ 1000
dollars). Finalement, ces promesses n'ont pas été tenues puisque
chaque citoyen n'a reçu que 90 dollars, sans compter qu'une partie de la
population vit encore en dessous du seuil de pauvreté. L'utilisation du
HDF est dont sujette à de nombreuses critiques et toutes les parties
prenantes essayent de faire passer leurs idées pour améliorer son
efficacité.
Diversifier l'économie
La deuxième possibilité consiste à
diversifier l'économie. Même si la Mongolie se développe
essentiellement grâce aux ressources minières, cela ne
l'empêche pas d'investir dans d'autres secteurs porteurs. Prenons
quelques exemples :
Le tourisme :
Le tourisme pourrait être un bon moyen de diversifier
l'économie. Ce secteur prend une place de plus en plus importante en
Mongolie et pourrait devenir une source de croissance pour le pays sachant
qu'il contribue déjà pour 4%47 du PIB, malgré
son faible développement et pour 9% indirectement. Le nombre de
touristes est actuellement estimé à 500 000 par le
ministère du tourisme mongol qui a d'ailleurs pour objectif de faire
passer ce chiffre à 1 million d'ici 2020. Pour le moment la
majorité des touristes est d'origine étrangère (voir
tableau) mais on remarque aussi que le tourisme interne est en augmentation.
47 D'après un rapport du World Travel &
Tourism Council
Stéphanie CAUX
Pays d'origine des touristes en 2011
Chine
|
43%
|
Russie
|
22%
|
Corée du Sud
|
10%
|
Japon
|
3%
|
USA
|
3%
|
Le Gouvernement mongol considère donc le secteur du
tourisme comme étant prioritaire et avec un grand potentiel, c'est
pourquoi il tente de contrôler l'investissement en prenant des mesures
spécifiques pour encourager une plus grande participation du secteur
privé. Actuellement, il y a aurait près de 700 tour
opérateurs, 350 Hôtels dont 65 étoilés.
Mais comme pour les autres secteurs évoqués
précédemment, des investissements sont nécessaires pour
proposer des prestations correctes aux touristes, notamment pour les
infrastructures. Une des solutions trouvée consiste à se servir
des revenus miniers pour financer en partie la construction/rénovation
de futurs aéroports, un élément clé pour attirer
les touristes, qu'ils soient nationaux ou étrangers. Par la suite, il
faudra aussi construire des hôtels plus luxueux (pour les hommes
d'affaires) et surtout correspondant aux normes internationales, à titre
d'exemple, la chaine d'hôtels de luxe Hongkongaise Shangri-La a ouvert
son premier hôtel 5* à Oulan-Bator en 2013. De surcroit, ce
secteur fait aussi face à quelques inconvénients :
> Une saison touristique très courte puisqu'elle est
concentrée sur trois mois d'été en raison des hivers
très rigoureux.
Stéphanie CAUX
> Un nombre limité de personnes formées aux
activités touristiques ; ce secteur est peu attractif pour les jeunes
mongols en comparaison au secteur minier qui lui propose des salaires bien plus
attractifs.
> Un accès aérien compliqué, le nombre
de vols à destination du pays est limité et souvent les touristes
sont obligés de faire une ou plusieurs escales. (Notons que depuis peu,
la France et la Mongolie ont mis en place des mesures visant à
simplifier les démarches administratives pour les touristes, par
exemple, les visas ne sont plus obligatoires pour les séjours
inférieurs à un mois ; en plus de cela, des vols directs à
destinations de la capitale mongole ont vu le jour le 9 juin 201448
pour la saison estivale (deux vols hebdomadaires)
Développer ce secteur serait tout de même positif
pour le pays puisqu'il apporterait de nouveaux emplois, ce qui permettrait de
réduire le chômage et donc la pauvreté, surtout dans la
capitale Oulan-Bator qui devrait voir de nombreux hôtels se construire
dans les années à venir.
Certaines entreprises françaises se sont d'ailleurs
installées en Mongolie comme Cassioppee, Ciel Mongol, Destin Nomade
49 É et proposent des voyages permettant de visiter la
Mongolie avec une immersion complète (séjours chez l'habitant
dans des yourtes mongoles) pour découvrir au mieux les traditions et
coutumes du pays. Ces agences font visiter le pays de plusieurs façons :
à travers des treks, des randonnées à cheval ou en
4x4É
48
https://www.tresor.economie.gouv.fr/pays/mongolie
49
http://www.ambafrance-mn.org/Les-entreprises-francaises-en,1667
Stéphanie CAUX
Une croissance verte
Production d'énergies renouvelables
:
À l'heure ou les énergies non-renouvelables sont
de plus en plus critiquées, la Mongolie pourrait tenter le pari de
devenir un exemple et un des plus grands producteurs d'énergies vertes.
Le gouvernement mongol s'est penché sur le sujet ces dernières
années et s'est montré favorable à leur
développement (il prévoit d'ailleurs de faire passer les
énergies vertes à une proportion de 25% d'ici 2020 au lieu de 3%
aujourd'hui). En effet, comme nous allons le voir, le pays possède de
nombreux avantages qui peuvent le pousser dans cette voie.
En raison de sa superficie importante, le pays a la chance de
pouvoir compter sur diverses sources d'énergies toutes très
intéressantes : L'énergie éolienne est celle qui
paraît la plus prometteuse, les steppes mongoles sont un endroit
idéal car elles conjuguent à la fois une forte exposition au vent
et aussi une très faible densité de
Stéphanie CAUX
population (puisque la majorité de la population vit
dans les zones urbaines). La Mongolie est même considérée
par le National Renewable Energy Laboratory comme ayant de bonnes
à excellentes ressources, avec un potentiel d'environ 2 550 terawatt/h
par an. Grace à cela, certaines compagnies ont donc décidé
d'investir dans le pays : c'est le cas de Ferrostaal, une entreprise allemande,
qui prend part à la construction d'un parc éolien dans le
désert de Gobi. Ce projet, évalué à 120 millions de
dollars devrait prendre forme en 2015 et produire 190 gigawatt/h
d'électricité par an.
D'autres types d'énergies propres pourraient aussi
être développés, comme par exemple l'énergie solaire
: le pays profite de 300 jours de soleil par an ainsi que du désert de
Gobi, la troisième plus grande source potentielle d'énergie
solaire.
Utiliser les énergies renouvelables pourrait avoir
plusieurs avantages : tout d'abord, une partie de la population (environ 50%)
habite dans des zones rurales et reculées, ce qui ne facilite en rien
l'accès à l'énergie, notamment à
l'électricité. Cela implique que de nombreux nomades sont
contraints de vivre dans des conditions difficiles. Tenter cette
expérience serait donc un moyen d'améliorer la vie quotidienne
des nomades, tout en conservant leur culture, ces derniers pourraient par
exemple avoir accès à certains objets comme des
réfrigérateurs, la radio, la télévision ou le
téléphone, certes pas indispensables, mais qui peuvent, pour
certains, être d'une grande aide dans des cas d'urgence. De plus,
produire de l'énergie vouée à être consommée
dans le pays pourrait réduire le volume des importations
(bénéfique pour la balance commerciale) et le flux de devises
étrangères (responsables de l'inflation).
Les énergies renouvelables seraient donc une nouvelle
source de revenus pour le pays : La Chine est le pays le plus peuplé du
monde et bénéficie d'une croissance
Stéphanie CAUX
soutenue. Le pays brûle environ deux fois plus de
charbon que les Etats-Unis et quatre fois plus que l'Inde. Si la Chine souhaite
s'assurer une croissance durable, elle doit donc baisser sa consommation de
charbon (ressource non-renouvelable) dans
les prochaines années. Cela est d'autant plus important
que les impacts écologiques et sanitaires sont trop importants pour
continuer dans cette voie. En effet, les villes situées à l'est
de la Chine ont dépassé certaines limites fixées par l'OMS
(Organisation mondiale de la Santé) de 20 à 40 fois. Le
changement climatique et les émissions de carbone du pays pourraient
aussi avoir des conséquences importantes : l'élévation du
niveau de la mer et de puissantes tempêtes pourraient endommager les
villes côtières chinoises de l'Est et une augmentation de 2 de la
température moyenne de l'air pourrait réduire le rendement de la
production de riz.
Mix énergétique actuel en Chine
(source : ambassade de France)
Charbon pétrole gaz naturel
énergies renouvelables
La Chine doit donc diversifier son mix
énergétique, c'est pourquoi le gouvernement commence à
appuyer le développement des énergies renouvelables, peu importe
leur forme (solaire, éolien, hydraulique) et à s'imposer des
objectifs plutôt ambitieux puisque les énergies renouvelables
devraient passer à 15% du mix d'ici 2020. De fait, certaines
régions chinoises comme la Mongolie intérieure voient le nombre
d'éoliennes et de panneaux solaires augmenter
considérablement.
Stéphanie CAUX
Suivre une telle voie serait donc bénéfique pour le
pays par trois aspects :
> La croissance serait maintenue et plus sure car
diversifiée.
> Cette source d'énergie serait en adéquation
avec les coutumes ancestrales. > Cela permettrait d'éviter toute
catastrophe environnementale.
L'agriculture É biologique
Depuis la période communiste, l'agriculture occupe une
part importante dans l'économie mongole : ce secteur s'est
développé dès les années 50 pour assurer les
besoins de l'union soviétique avec la création de nombreuses
coopératives à travers le pays. Durant toutes ces années,
la Mongolie produisait essentiellement des céréales (95% des
terres leurs étaient dédiées), les pommes de terre et les
légumes ne comptaient que pour 4,5% de la production. Dans les
années 60, la Mongolie était auto-suffisante pour sa production
de céréales. Cependant, avec le passage à
l'économie de marché, la Mongolie a perdu une grande partie de
ses financements et les agriculteurs n'étaient plus surs de vendre leur
production. Néanmoins, l'agriculture a survécu mais s'est
cependant transformée : de petites fermes dédiées à
la production de fruits et légumes font leur apparition suite à
une demande croissante. Si ces produits sont à l'opposé du
régime alimentaire mongol traditionnel, les habitants sont maintenant
tentés puisque l'on en trouve dans les supermarchés. Même
si la majorité des primeurs est importée de Chine ou de
Corée, la Mongolie se lance à son tour sur ce segment de
marché et produit depuis peu oignons, carottes et pommes de terre en
grandes quantités. Malgré des conditions climatiques difficiles,
des entrepreneurs ont mis en place des systèmes de serres pour permettre
une production annuelle.
De plus, certains vont encore plus loin en proposant des
produits biologiques : même si l'agriculture biologique (AB) est
déjà présente depuis de nombreuses
Stéphanie CAUX
années en Mongolie, elle n'est considérée
que depuis récemment comme un réel nouveau secteur
économique. Selon l'ONU, près de la moitié de
l'agriculture en zone rurale peu déjà être
classifiée comme biologique étant donnée que les
pesticides et les engrais sont rares : les agriculteurs n'ont pas assez de
ressources pour utiliser ces produits et préfèrent donc utiliser
du fumier ou des engrais biologiques pour améliorer la fertilité
du sol et le rendement. La Mongolie bénéfice aussi d'un
environnement propice à ce type de production puisque dans certaines
parties du pays les terres restent encore propres (pas de pollution des eaux,
ni des sols), de plus, les plantes sont peu touchées par des maladies
grâce au climat extrême.
Cependant il n'existe pas de lois permettant de dire qu'un
produit est issu de l'AB ou non et les consommateurs ne peuvent donc pas faire
la distinction (grâce à un label par exemple), de fait, les prix
sont les mêmes peu importe la qualité du produit. De surcroit, la
demande pour les produits biologiques est insuffisante dans le pays en raison
de la faible population. Si la Mongolie souhaite tirer profit de l'AB, elle
doit donc tenter d'exporter ses produits vers les pays ou la demande est
importante (Europe, Japon...) et grâce à cela, elle pourrait
devenir dans les années futures, un fournisseur mondial de produits
biologiques.
La production de cachemire :
La Mongolie est un des plus gros producteur de cachemire au
monde. La qualité du cachemire dans le pays est considérée
comme étant excellente (les fibres de cachemire mongol sont un à
deux microns plus épaisses que les meilleures qualités venant de
Chine, elles sont aussi de 10 à 15 pour cent plus longues en raison des
hivers rigoureux) tout en proposant des prix compétitifs par rapport aux
autres pays producteurs. La Mongolie produit 1/5 de la production de cachemire
au niveau
Stéphanie CAUX
mondial ce qui en fait le deuxième producteur
après la Chine. Cependant avec la globalisation et la concurrence
chinoise, cette industrie est menacée et la qualité du produit
tend à diminuer. Certaines entreprises spécialisées dans
la production de cachemire ont décidé de réagir, c'est le
cas de Gobi, une entreprise crée en 1981 puis privatisée en 2007.
Dans le passé, cette entreprise réalisait des vêtements sur
commande pour des clients étrangers, mais les nouveaux dirigeants ont
décidé d'apporter de la valeur ajouté à leurs
produits en privilégiant la production de vêtements de
qualité supérieure, la Banque européenne de reconstruction
et de développement a d'ailleurs financé l'achat de
matériel de qualité et à mis à disposition de cette
compagnie des experts pour les conseiller. Depuis, Gobi collabore par exemple
avec des designers italiens ou des grandes marques comme Dunhill Éce qui
est un gage de réussite mais aussi de qualité, plus inattendu,
les ventes de cachemire de la marque ont aussi beaucoup augmentées en
interne, cela est du au développement du secteur minier et aux nombreux
étrangers travaillant dans ce domaine mais aussi à
l'élévation globale du niveau de vie. Enfin, la Mongolie
possède aussi un label permettant de certifier l'origine de la laine
pour faire face à la concurrence.
L'exportation de yourtes mongoles :
Les yourtes mongoles pourraient aussi devenir une autre
opportunité de développement. En effet, les pays occidentaux sont
de plus en plus attirés par ce type de logement et ce pour deux raisons
principales :
D'un coté, on trouve des personnes à faibles
revenus qui ne peuvent pas accéder aux logements traditionnels et qui se
sentent généralement proches de la nature. La yourte semble donc
pour eux une solution qui permet d'allier économies (une yourte de 50
mètres carrés coute seulement 7600 euros) et communion avec la
nature.
Stéphanie CAUX
De l'autre coté, on trouve des personnes qui souhaitent
surfer sur la mode du tourisme alternatif : de plus en plus de chambres
d'hôtes proposent par exemple de passer une nuit dans un tipi, une
roulotte, ou encore dans une yourte. En effet, de nombreuses personnes
souhaitent expérimenter la vie des nomades pendant quelques jours.
Ainsi, en France, des particuliers décident d'importer
des yourtes mongoles en s'adressant à des entreprises
spécialisées. Les compagnies françaises s'adressent
à leur tour à différents artisans mongols pour qu'ils
puissent fabriquer toutes les pièces nécessaires50
avant d'exporter les yourtes en France. Pour ce qui touche au transport, les
yourtes passent soit par la Chine et arrivent par bateau jusqu'en France
(à Marseille ou au Havre) ou bien par la Russie et dans ce cas le
transport se fait jusqu'à Saint-Pétersbourg en train puis en
bateau jusqu'au port français du Havre.
50 En Mongolie on ne trouve pas une yourte complète
à acheter puisque chaque artisan est spécialisé dans la
réalisation d'une pièce en particulier.
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94
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Stéphanie CAUX
Conclusion
Depuis son passage du communisme à l'économie de
marché, la Mongolie est devenue un pays avec une croissance soutenue et
fait même partie des nations qui devraient enregistrer les meilleurs taux
dans les années à venir.
Comme nous l'avons vu, la croissance mongole est en grande
partie liée à la richesse de son sous-sol, le pays regorge de
minerais très recherchés comme le charbon, le cuivre et l'or.
Ainsi, on observe que la Mongolie suscite de plus en plus les convoitises ; La
Chine, le Canada, la Russie et bien d'autres pays ont compris que des
opportunités étaient à saisir et ont fait de la Mongolie
leur nouveau terrain de jeu. Cela s'explique car ces pays ont un besoin
croissant en matières premières, la Chine en est le meilleur
exemple, pour assurer ou tout du moins maintenir son développement, elle
a besoin de quantités importantes de charbon, principal moteur de sa
croissance.
On pourrait donc penser que la Mongolie est sur la bonne voie,
cependant de nombreux problèmes subsistent :
Comme la plupart des pays basant leur croissance sur les
matières premières, la Mongolie fait face à ce que l'on
appelle la « Dutch disease », cela signifie que le pays concentre
toute son attention sur les matières premières en
délaissant ses autres sources de revenu potentielles comme l'industrie
manufacturière.
Second problème, la Mongolie est doublement
dépendante : on observe une dépendance pays puisque sa croissance
est liée à celle de la Chine (82,7% des exportations se font vers
ce pays) ce qui peut être à terme dangereux, en effet, si la
croissance chinoise tend à diminuer, les exportations mongoles seront
directement
Stéphanie CAUX
impactées. Et une dépendance à la
conjoncture industrielle mondiale, elle même fortement influencée
par le géant chinois.
Malgré une forte croissance on remarque que la
pauvreté touche encore le pays, et que le visage de la Mongolie est
entrain de changer, le nomadisme disparait petit à petit au profit
d'immenses bidonvilles entourant la capitale Oulan-Bator, cela souligne donc
que la croissance ne profite pas vraiment à la population mais
plutôt au gouvernement et aux entreprises étrangères. La
qualité de vie des mongols est donc menacée, en plus de la
disparition progressive de leur culture, ils font aujourd'hui face à une
pollution grandissante et une inflation galopante. Cela se traduit par
l'apparition de certains groupes extrémistes dans la capitale qui
souhaitent préserver la Mongolie des « envahisseurs »
étrangers, tout particulièrement chinois ainsi que des nouveaux
fléaux, jusqu'à présent inconnus comme la corruption.
Cette croissance est donc à double tranchant et
nécessite de nombreux aménagements, il serait par exemple
judicieux de diversifier les partenaires économiques de la Mongolie, de
mettre en place un fond souverain afin de préparer des réserves
pour un avenir qui semble incertain... et bien évidemment étudier
de nouvelles perspectives de développent pour ne plus être aussi
dépendant des ressources minières comme par exemple les
énergies renouvelables.
Pour conclure de façon plus globale, à l'heure
ou la croissance économique est devenue un des principaux sujets de
conversation, la Mongolie est un exemple parfait qui nous permet de comprendre
que croissance ne rime pas toujours avec bien-être et amélioration
de la qualité de vie pour les habitants...
Stéphanie CAUX
Résumé des opportunités et menaces
pour la Mongolie
Opportunités
|
Menaces
|
Immenses ressources minières :
V' Cuivre
V' Charbon V' Or
V' Uranium É
|
Mais des infrastructures limitées V' Voies
ferrées
V' Routes
V' Centrales (électriques)
V' É
Phénomène du Dutch disease à
prévoir
|
Des voisins gros consommateurs de matières
premières
|
Mais un pays enclavé.
|
Demande mondiale en matière première soutenue
|
Mais liée à la croissance (conjoncture industrielle
mondiale) et donc à la demande chinoise qui est en baisse.
|
Un pays stable
V' Stabilité interne
V' Stabilité externe
|
Mais :
V' Une législation changeante qui peut
effrayer les investisseurs
V' Racisme envers les chinois V'
Problème de corruption
|
Une croissance soutenue
|
Mais :
V' Cours des matières premières
très variable
V' Un pays endetté et une monnaie
surévaluée
|
Augmentation de l'IDH :
V' Espérance vie
V' Revenu par habitant
V' scolarisation
|
Mais :
V' Des inégalités de plus en
plus frappantes (Indice GINI)
V' Une perte de la culture mongole
V' Exode rural et pollution
inquiétante
|
Des secteurs porteurs :
V' Energies renouvelables
V' Banques
V' Tourismes
V' Luxe
V' Cachemire
|
Mais :
V' Une main d'oeuvre concentrée sur le secteur
minier
V' Un manque d'infrastructures pour accueillir les
touristes
V' Système financier peu performant
|
|
97
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Stéphanie CAUX
Sources
Documents électroniques
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Documents audiovisuels
Les nouveaux explorateurs : Mongolie
http://www.canalplus.fr/c-infos-documentaires/c-les-nouveaux-explorateurs/pid4064-destinations.html?epi
id=95&saison id=40
Gengis Khan à la Conquête Du Monde 2011
https://www.youtube.com/watch?v=Sd
hFdzbWNs
Soviet Communism purges in Mongolia :
https://www.youtube.com/watch?v=7RBYhZ7JDCI
Rendez vous en terre inconnu, Mongolie :
https://www.youtube.com/watch?v=oOrjZr4jy00
Mongolian Real Estate Market - Overview, challenges and
opportunities.
https://www.youtube.com/watch?v=-SmYmYJ44eI&list=UUDNA5x6PBagMaHglZORoljA
Oyu Tolgoi copper-gold mining complex,
Mongolia
https://www.youtube.com/watch?v=UoY5cVIdVMU
"The Role of Democratic Governance in Mongolia's Third Neighbor
Policy" Mr. Brandon Miliate
https://www.youtube.com/watch?v=MCvdGkcg2Ew
The bottom billion :
http://www.ted.com/talks/paul
collier shares 4 ways to help the bottom billion
Stéphanie CAUX
Annexes
Chronologie de l'Empire Mongol
Stéphanie CAUX
Doing business in Mongolia
Stéphanie CAUX
Immobilier en Mongolie:
Aperçu de la ville de Dalanzadgad
Évolution du marché de l'immobilier à
Oulan-Bator
Stéphanie CAUX
Importations et exportations de la Mongolie
http://atlas.media.mit.edu/profile/country/mng/
mongolianembassy.us
Stéphanie CAUX
Infrastructures:
Dette mongole:
Stéphanie CAUX
Changement climatique en Mongolie:
http://www.grida.no/graphicslib/detail/climate-change-in-mongolia_4e72
Stéphanie CAUX Fonds souverains
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