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Département des Sciences de la Population et du
développement /Démographie/FASEG/Unikin
Déterminants
de l'issue malheureuse de la grossesse en
République Démocratique du
Congo
Analyse des données de l'EDS 2007
BEGU MBOLIPAY Josué
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Déterminants de la mortalité intra-utérine
en République Démocratique du Congo
I. INTRODUCTION
Dans cet article, nous nous proposons d'étudier la
mortalité intra-utérine, autrement appelé l'issue
malheureuse de la grossesse (IMG) en RD Congo. Ce terme (IMG) que nous aurons
à utiliser dans cette étude traduit simplement le contraire d'une
naissance vivante. C'est donc le qualificatif attribué à la
variable (dépendante) de l'étude qui est constituée des
éléments qui sont l'avortement et la mortinatalité.
Après cette introduction générale
où seront abordés la problématique de l'étude et la
revue de la littérature, le deuxième point sera consacré
à la méthodologie et sources de données, le
troisième point présentera les principaux résultats de
l'étude et enfin le quatrième point discutera les
résultats.
1. Problématique et revue de la
littérature
L'avortement est une pratique ancienne de régulation de
la fécondité, utilisée bien avant l'apparition des
méthodes de contraception (Guillaume, 2004). Il est pratiqué,
dans tous les pays quel que soient le niveau de développement, la
qualité des programmes de planification familiale mises en place ou
encore le cadre juridique en vigueur.
Tout laisse croire que cette pratique ne trouvera jamais
d'alternative comme souligne la déclaration de Tbilissi (1990) qui
stipule que «s'il est possible de faire reculer sensiblement le nombre
d'avortements grâce à des programmes de planification familiale
efficaces, l'IVG continuera malgré tout d'être pratiquée
pour diverses raisons notamment la faible « acceptance » de la
contraception1 et les taux d'échecs liés à
cette dernière» (Gbetoglo, 2003).
Les avortements pratiqués dans des conditions
dangereuses constituent une atteinte à la santé en matière
de reproduction. L'OMS estime à environ 80.000, le nombre de femmes qui
meurent chaque année des suites d'un avortement dangereux dans les pays
en développement (Thonneau, 2001). Cependant, pas moins d'un tiers des
cas de mortalité et morbidité maternelles pourraient être
évités si toutes les femmes avaient accès à la
contraception moderne susceptible de réduire les grossesses non
désirées (Fnuap, 1998).
Les organisations internationales, à travers des
conférences, forums et colloques, ont reconnu et admis que l'avortement
était un véritable problème de santé publique.
Déjà, en 1967, l'Assemblée Mondiale de la Santé
avait déclaré dans une de ses résolutions que l'avortement
posait un sérieux problème de santé (W.H.A., 1994). Ainsi,
la Conférence sur la maternité sans risque organisée
à Nairobi en 1987 s'est principalement focalisée sur la
conscientisation de l'opinion internationale sur le problème de
l'avortement en cherchant à réduire la mortalité et la
morbidité maternelles2.
1 Les échecs de la contraception renvoient à
l'efficacité réelle et non théorique d'une méthode
contraceptive.
2 Il convient de noter que l'objet principal de cette
conférence était axé sur la santé maternelle.
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Déterminants de la mortalité intra-utérine
en République Démocratique du Congo
Guttmacher Institute3 estime à 44 millions
le nombre d'avortements provoqués par an dans le monde. Ce qui
correspond entre 20 et 32 avortements pour 100 grossesses connues (The Allan
Guttmacher Institute, 1999). La pratique de l'avortement est illégale
dans la plupart des pays en développement, ce qui explique le recours
fréquent à l'avortement clandestin ou à risque,
c'est-à-dire, pratiqués dans des conditions d'hygiène et
de sécurité insuffisantes. Près de 15 millions
d'avortements de ce type sont pratiqués chaque année dans ces
pays, soit 97% du nombre total dans le monde (Guillaume, Op.cit.).
Par contre, dans les pays où l'avortement est
légalisé, l'intervention se fait dans des bonnes conditions et
dans une institution sanitaire.
D'après L'OMS, la majeure partie de ces avortements est
enregistrée en Afrique de l'Est et en Afrique de l'Ouest (WHO, 2004 ;
Guillaume, Op.cit.). Les différences régionales s'expliquent par
la diversité des cadres juridiques. A titre d'illustration, la Tunisie
et l'Afrique du Sud autorisent l'avortement à la demande4. En
outre, les femmes recourent beaucoup plus à l'avortement pour mettre fin
aux grossesses non planifiées pour plusieurs raisons telles que : cas de
mésententes, grossesses pré maritales, refus de paternité,
partenaires occasionnelles, grossesses adultérines, etc.
Les conséquences liées aux avortements
clandestins ou à risque sont nombreuses, et souvent «mal
appréhendées ». En effet, de nombreuses femmes à
travers le monde risquent leur vie et leur santé pour mettre un terme
à une grossesse non désirée.
Selon Guillaume, l''avortement cause une part importante de
ces décès maternels (7 à 19%) et ce poids est
sous-estimé dans un contexte d'illégalité de l'avortement.
Outre les décès qu'occasionnent ces avortements à risque,
on peut également relever les problèmes de santé chronique
allant jusqu'aux incapacités permanentes ou à la
stérilité. Les femmes qui avortent clandestinement souffrent des
complications obstétricales telles que les hémorragies, les
infections, les troubles d'hypertension, l'irrégularité de la
menstruation, les perforations utérines, la stérilité, le
tétanos, les troubles psychologiques, etc. (Kitenge, 2010).
C'est grâce à la CIPD que l'on à reconnu
que l'extension et l'amélioration des services de planification
familiale étaient le meilleur moyen de limiter le recours à
l'avortement et que, dans les pays où cette pratique est légale,
elle devait être pratiquée dans les bonnes conditions de
sécurité. De plus, les femmes souffrant de séquelles de
ces avortements devraient recevoir les soins appropriés (CIPD, 1994).
La pratique de l'avortement clandestin est en nette croissance
de nos jours dans le Monde. En RDC, peu d'études ont été
réalisées sur la pratique de l'avortement en raison de son
caractère illégal, de sa perception sociale et de son
interdiction par plusieurs religions et traditions. Les décès
obstétricaux directs représentent environ 75% de tous les
décès maternels dans les pays en développement. Parmi ces
décès, les complications consécutives à
3 C'est une organisation internationale
spécialisée dans la recherché en santé de
reproduction. Créée en 1968 par Alan F. Guttmacher
(1898-1974).
4 En France, toute femme peut
bénéficier d'une interruption volontaire de grossesse si elle
s'estime placée en situation de détresse. Ce sentiment de
détresse est une exigence légale, mais celui-ci est à la
seule appréciation de la personne concernée et celle-ci ne
peut-être contestée (Vitraulle,
2006).
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Déterminants de la mortalité intra-utérine
en République Démocratique du Congo
un avortement non médicalisé représentent
19% (Fnuap, 2001). Ce taux est estimé à 13% en 2005 à
l'échelle mondiale, soit une grossesse sur huit (OMS/UNICEF, 2007).
Malgré ces indicateurs de santé maternelle, l'avortement est
toujours resté un sujet marginal dans les débats sur la
réduction du nombre des décès liés à la
grossesse.
Le manque d'informations et la précocité des
rapports sexuels justifient cet état des faits dans la mesure où
les jeunes filles sont davantage exposées aux grossesses non
désirées. En R.D.C, l'âge médian aux premiers
rapports sexuels chez les femmes varie entre 16 ans dans la province Orientale
et 18 ans au Sud-Kivu et dans la ville de Kinshasa (EDS, 2007).
Il convient de noter que, les catégories les plus
exposées aux avortements sont celles des adolescentes et des femmes
âgées de 40 ans et plus. Selon Dackan et al. (1990), l'avortement
pratiqué illégalement est plus fréquent chez les jeunes
femmes, particulièrement chez les célibataires âgées
de moins de 18 ans. En effet, c'est dans ce groupe que l'on rencontre les
proportions les plus importantes de grossesses non souhaitées. Guillaume
(2000), rapporte pour sa part que les avortements n'épargnent pas les
femmes mariées.
La stratégie pour résoudre ce dilemme des
avortements passe non seulement par la vulgarisation de la contraception mais
aussi par la légalisation de l'acte afin de réduire les risques
des complications en générale et de mortalité maternelle
en particulier.
En ce qui concerne la mortinatalité, il est important
de signaler que cette dernière est effective en RDC tel que
confirmée par l'étude de Kabali (2009). L'auteur déclare :
« les enquêtées ont accouché d'une proportion
importante de mort-nés, soit 55% chez les femmes
décédées et 33% chez les survivantes. Si ce taux est
important parmi les femmes avec complications obstétricales
sévères, Nzita (1986) avait déjà enregistré
23 pour mille des mort-nés parmi 26,329 accouchements dans les neuf
grandes maternités publiques à Kinshasa ».
Par ailleurs, une étude menée en Tanzanie par
MacLeood et Rhode (1998) montre que 15% de naissances étaient des
mort-nés et 24% des foetus étaient décédées
avec leurs mères. A ce sujet, Jahn et al. (2000), dans leur
étude, en milieu hospitalier au Népal ont estimé le niveau
de la mortinatalité à 70 pour mille.
La question principale de cette étude porte sur les
facteurs explicatifs de l'issue malheureuse de la grossesse en RDC
?
La recherche des facteurs explicatifs de l'issue
malheureuse (les avortements et les mortinatalités) en RDC se
justifie à la fois au niveau international et au niveau national ; elle
présente un intérêt politique, socioéconomique et
sanitaire.
Ainsi, cette étude vise deux types d'objectifs. Un
premier objectif général devrait être atteint à plus
ou moins long terme tandis que les objectifs spécifiques sont attendus
au terme de la rédaction de ce présent rapport scientifique.
Déterminants de la mortalité intra-utérine
en République Démocratique du Congo
L'étude se fixe comme objectif général de
mettre à la disposition des acteurs publics ou privés des
indicateurs permettant d'améliorer des stratégies, politiques et
programmes afin de lutter contre l'avortement provoqué et la
mortinatalité. Chercher à atteindre cet objectif lointain
commence par les objectifs spécifiques suivants :
a. Déterminer l'ampleur de l'issue malheureuse de la
grossesse en RDC ;
b. Identifier les facteurs explicatifs de l'issue
malheureuse de la dernière grossesse en RDC.
Dans les lignes qui suivent, nous nous proposons de vous
présenter les proportions des avortements selon qu'ils sont
légaux ou illégaux, ressortir la région où il est
plus pratiqué dans le monde et enfin énumérer les types
d'interventions requises pour éviter les mortinaissances.
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