VIII- PLAN DU TRAVAIL
S'étant inspiré d'un cadre théorique, de
techniques de collecte de données et de l'analyse de celles-ci, nous
avons procédés à une subdivision du travail en deux
parties, chacune comprenant deux chapitres. La première partie porte sur
les motivations profondes de l'offensive américaine au Cameroun. Il est
question de présenter, dans un premier temps, l'offensive des
États-Unis dans ce pays comme conséquence de leur
dépendance en ressources énergétiques, du pétrole
en particulier, couplée de l'instabilité croissante au
Moyen-Orient (Chapitre I).
Et dans un second temps, des atouts qu'offre le Cameroun dans
la région du Golfe de Guinée, raisons expliquant le
déploiement des Américains dans cet État (chapitre II). La
deuxième partie, quant à elle, s'intéresse au
déploiement stratégique des États-Unis au Cameroun. Il
s'agit de présenter les diverses stratégies mises en oeuvre par
Washington pour s'implanter dans ce pays (chapitre III). Ce nouvel
intérêt des Américains pour le Cameroun ne va sans affecter
les intérêts d'autres puissances, la France et la Chine à
l'occurrence, qui s'organisent individuellement pour limiter, voire
détruire, ce déploiement (chapitre IV).
86 Severin TCHETCHOUA TCHOKONTE «
Enjeux et jeux pétroliers en Afrique : étude de l'offensive
chinoise dans le Golfe de Guinée », Master II en Science Politique,
option Relations Internationales, Université de Yaoundé II, 2008,
p.13.
Le projet géostratégique des
États-Unis d'Amérique dans le Golfe de Guinée : analyse
de l'action américaine au Cameroun entre 1997 et 2013
PREMIERE PARTIE : LES ETATS-
UNIS : UNE GRANDE PUISSANCE A
LA CONQUETE DU CAMEROUN
Mémoire en Master II Science Politique François
Xavier NOAH EDZIMBI, UY II-SOA 30
Mémoire en Master II Science Politique François
Xavier NOAH EDZIMBI, UY II-SOA 31
Le projet géostratégique des
États-Unis d'Amérique dans le Golfe de Guinée : analyse
de l'action américaine au Cameroun entre 1997 et 2013
L'intérêt des États-Unis pour le Cameroun
s'accentue dès la fin de la guerre froide. Car bien avant, la
conflagration les opposant à l'ex-URSS a influencé leur
idée sur cet État. En effet, à cette période, les
États-Unis entretiennent des relations assez timides avec le Cameroun,
confiant sa tutelle stratégique à la France, allié
européen. C'est pour cette raison qu'Henry KISSINGER a affirmé
qu'en l'absence d'adversaire stratégique menaçant le continent,
ou d'État africain inamical nourrissant des ambitions
hégémoniques, une nouvelle politique africaine n'a aucune
justification stratégique87. Mais par la suite, on observera
un regain d'intérêt des États-Unis pour ce pays,
après leur victoire sur le bloc communiste.
Dès le 12 octobre 1996, en visite à Johannesburg
en Afrique du Sud, le secrétaire d'État américain, Warren
CHRISTOPHER, déclare que le temps est fini où l'Afrique pouvait
être divisée en sphères d'influence, où les
puissances extérieures pouvaient considérer des groupes entiers
de pays comme leur domaine réservé88. Cet attrait
américain sera plus perceptible après les attentats du 11
Septembre 2001. Il s'explique par une production sans cesse croissante, au
Cameroun, des ressources stratégiques comme le pétrole,
l'incapacité du régime politique de les utiliser à bon
escient pour sa population et de la volonté américaine de trouver
des marchés alternatifs au Golfe persique. Il est question, dans cette
partie, de présenter la dépendance des États-Unis
vis-à-vis de ressources énergétiques (chapitre I). Et
ensuite de présenter les atouts et les nombreux avantages du Cameroun
dans le Golfe de Guinée ayant poussé les États-Unis
à s'intéresser à cet État (chapitre II).
87 Henry Kissinger, « La nouvelle puissance
américaine », Paris, Fayard 2003, p.223.
88 Alain Fogue T., « Enjeux
géostratégiques et conflits politiques en Afrique ...
», p.292.
CHAPITRE I :
LA DEPENDANCE DES
ETATS-UNIS EN RESSOURCES
ENERGETIQUES
Le projet géostratégique des
États-Unis d'Amérique dans le Golfe de Guinée : analyse
de l'action américaine au Cameroun entre 1997 et 2013
Mémoire en Master II Science Politique François
Xavier NOAH EDZIMBI, UY II-SOA 32
Mémoire en Master II Science Politique François
Xavier NOAH EDZIMBI, UY II-SOA 33
Le projet géostratégique des
États-Unis d'Amérique dans le Golfe de Guinée : analyse
de l'action américaine au Cameroun entre 1997 et 2013
Les Américains font preuve d'ingéniosité
pour expliquer leur présence au Cameroun. Ils tentent, en premier, de
séduire une opinion camerounaise en quête d'émancipation
politique en invoquant un droit d'inventaire dans les affaires camerounaises.
Aussi critiquent-ils la politique et les réalisations françaises
dans cet Etat qu'ils réduisent à des « rituels
d'émerveillement89 », ayant pour seul but d'avoir «
une incidence sur les systèmes de pensée, d'action et de
représentation des autochtones et sur la manière de
fonctionner90 » des Camerounais. En effet, les
États-Unis accordent un grand intérêt au Continent depuis
les attentats du 11 septembre 2001. Bien qu'étant la troisième
région mondiale productrice de pétrole, détenant 10% des
réserves mondiales, l'Afrique était jusque-là
marginalisée par ces derniers. Elle a été, pendant
longtemps, écartée des enjeux de puissance. Mais depuis quelques
temps, l'Afrique en générale et le Golfe de Guinée en
particulier, où se situe le Cameroun, sont devenus l'objet de
convoitises de puissances91.
La raison de cet intérêt se trouve dans les
ressources énergétiques qui y abondent. Les grandes puissances,
en effet, se servent du Continent Africain comme d'un immense réservoir
de main d'oeuvre et de matières premières, mais aussi de
clientèle pour maintenir ou développer leur grandeur nationale ou
impériale92. L'objectif des États-Unis est de
quadriller le Golfe de Guinée à partir d'un État ami comme
le Cameroun, pays qui présente une certaine stabilité politique
et économique. Aucune nation n'étant crue au-delà de son
intérêt93, l'intérêt qu'accordent les
États-Unis au Cameroun sera analysé à travers leur
dépendance énergétique et leur incapacité à
couvrir leurs besoins d'alimentation (section I), mais aussi à cause de
l'instabilité croissante qui sévit au Moyen-Orient qui ne leur
permet plus d'acquérir des approvisionnements (section II).
|