2.3.5- Matériel de plantation
La disponibilité semencière existant dans
l'agriculture actuelle est souvent considérée comme un frein pour
la production de l'igname tandis que la valeur monétaire
élevée des semences est donnée comme un facteur pesant
lourdement sur le coût de production (Dumont, 1998). En effet, l'igname
se multiplie traditionnellement par voie végétative et exige de
grandes quantités de tubercules pour assurer la reproduction (Degras,
1986). Il faut environ 10.000 semenceaux (ces semenceaux proviennent des
ignames de deuxième récoltes, obtenues à partir des
têtes d'igname par la technique traditionnelle de sevrage), de 150
à 200g ou 60.000 mini-semenceaux, (ces mini-semenceaux proviennent des
fragments d'igname de première récolte, traités et
séchés prêts pour être reconduits) , de 25g pour
planter un hectare de tubercules consommables (Orkwor et Adeniji, 1998). Dumont
(1998), fait remarquer que dans l'ensemble, l'agriculture arrive à
assurer ses besoins en semences mais qu'il est aussi certain que les
exploitations peuvent difficilement changer leur échelle de
production.
2.3.6- La terre
L'igname est très exigeante en fertilité du sol,
surtout les variétés précoces (Bonneval, 1999). Elle est
généralement placée en tête d'assolement dans des
sols très riches en humus (Gbèdolo, 1991 ; Knoth, 1993 ;
Adanguidi, 2001). De nos jours, les terres fertiles deviennent de plus en plus
rares, obligeant à des migrations temporaires vers les zones à
faible densité de population, elles aussi en constante diminution
(Adanguidi, 2001). Du fait du système de culture qui ne compense pas le
départ des nutriments, la terre est abandonnée pour de nouveaux
défrichements après 2 ou 3 ans (Biaou et Tchégnon, 1995).
Cela conduit à la destruction des terres et à une agriculture non
respectueuse de l'environnement, donc non durable.
Par Habib Lorentz PADONOU/ ESAC- 2010-2011/ Page 16
[Analyse socio-économique des systèmes de
production agricole à base d'igname dans la commune de
Glazoué]
Travaux de recherche sur la sédentarisation de l'igname
Ces travaux portent sur la production d'igname en association
avec les légumineuses arbustives notamment le Gliricidia sepium. En
abordant les conditions d'application du système Igname - Gliricidia
sepium dans la région des Collines, Maliki et al., (1998) proposent deux
types de dispositifs :
- le premier comportant des rangées de Gliricidia sepium
espacées de 3 m sur chaque ligne, les plants étant espacés
de 1 m les uns des autres ; ce qui donne une densité de 3333 plants/ha
;
- le second avec 4 buttes d'igname pour un plant de Glicidia
(contre deux buttes de Gliricidia antérieurement conseillée),
avec un écartement de 4 m x 4 m ; ce qui donne une densité
d'environ 1800 plants/ ha. Ce système jugé meilleur à la
pratique traditionnelle mettant l'igname en tête de rotation sur de
nouvelles friches, engendre cependant (selon
Maliki et al., 1998) un surcroît de temps de travail de
8% avec une densité de 1800 plants /ha voire 21% avec une densité
de 3333 plants/ha. Le surplus de temps de travail est essentiellement
lié aux activités de coupes des arbres, d'enfouissement des
émondes des essences, de concurrence lumineuse et nutritionnelle entre
arbres et cultures vivrières.
Nonobstant les difficultés ci-dessus
énumérées, ce modèle mis au point par la RD
(Recherche - Développement) Savè, a été
testé en pré vulgarisation par le Centre d'Action Régional
pour le Développement Rural (CARDER) Mono/Couffo en 1999 pour la
production durable d'igname. Le dispositif adopté est celui
décrit en première position (avec une densité de 3038
plants /ha). Ainsi, de meilleurs rendements d'igname ont ils été
enregistrés sur les parcelles tests, comparativement aux parcelles
témoins (19.450 kg/ha contre 15.800 kg/ha en 2000 et 20.315 kg/ha contre
16.050 kg/ha en 2001), ce qui révèle un effet
bénéfique du Gliricidia sepium dans les champs. Le dispositif
initial de Gliricidia préconisé par la recherche est un
système de culture en couloirs à forte densité en
association avec l'igname. Ce dispositif a subi des amendements, des
adaptations par suite des contraintes identifiées par les producteurs
expérimentateurs dont notamment la difficulté de coupes des
arbustes, la compétition entre arbustes et cultures (Maliki et al,
2000). Des propositions d'amélioration ont été
formulées lors des suivis-évaluations, des visites
d'échanges, des réunions de restitutions villageoises avec les
producteurs/productrices (Maliki et al, 2002a,). Sur cette base, un
système avec les précédents culturaux de
légumineuses herbacées/alimentaires a été
généré. On peut citer à titre d'exemple :
Par Habib Lorentz PADONOU/ ESAC- 2010-2011/ Page 17
[Analyse socio-économique des systèmes de
production agricole à base d'igname dans la commune de
Glazoué]
- Igname-légumineuses arbustives et légumineuses
herbacées
- Igname sous Gliricidia sepium et Aeschynomene histrix
- Igname sous Gliricidia sepium et Mucuna pruriens
- Igname sous Gliricidia sepium et Stylosanthes
- Igname sous légumineuses arbustives et
alimentaires
- Igname sous Gliricidia sepium et arachide (
L'association Gliricidia - légumineuse herbacée
(Aeschynomene histrix) a donné au niveau des exploitations agricoles des
rendements relativement stables comparables à ceux du système de
défriche sur brûlis (par exemple une production de 20 tonnes de
matière fraîche (MF) par hectare d'igname Gangni [Dioscorea
rotundata] est obtenue
dans le système amélioré contre
respectivement 21,6 tonnes et 16 tonnes de MF par hectare en deuxième
année et quatrième année dans le système de
défriche sur brûlis dans la zone à faible pression
foncière dans les Collines) avec une production d'émondes de
Gliricidia de 2 tonnes par hectare (phase de production initiale) (Maliki et
al. 2003).
Le bénéfice net moyen par an est attractif
(653.855 FCFA à l'hectare contre 349.048 FCFA sur le système de
défriche-brûlis, soit un taux d'accroissement de 46,6% sur le
système conventionnel dans la zone à faible pression
foncière). La charge de travail est de 191 personnes jour/ha contre 125
personnes jour /ha dans le système de défriche sur brûlis
soit une augmentation de temps de travail de 34% pour le système
amélioré dans la zone à faible pression foncière.
Les résultats obtenus dans les zones à forte pression
foncière (collines) montrent les mêmes tendances. L'étude a
été étendue à d'autres espèces arbustives
(Moringa, Enterolobium, Acacia...), herbacées (mucuna, stylosanthes,
etc.) ou alimentaires (arachide, niébé fourrager, soja) dans des
dispositifs adaptés aux spécificités des exploitations
agricoles afin d'apprécier leur performance. L'application des
jachères de Mucuna pruriens et Aeschynomene histrix, comme
précédent cultural induit respectivement 15,6 et 14,8 t/ha de
matière fraîche pour la variété Kokoro tardive
(Dioscorea rotundata). La pratique de la jachère améliorée
de Mucuna et d'Aeschynomene a été rentable sur les sites
expérimentaux. Les bénéfices bruts réalisés
avec les légumineuses sont respectivement estimés à 711
000 F et 586
500 F à l'hectare.
[Analyse socio-économique des systèmes de
production agricole à base d'igname dans la commune de
Glazoué]
|