2.3- CONNAISSANCES SUR L'IGNAME
2.3.1- Botanique et origines
Les ignames sont des plantes herbacées, volubiles
à tubercules, plus rarement à rhizomes, produisant dans certains
cas de petits tubercules aériens appelés bulbilles (Hamon, 1997).
Ce sont des monocotylédones appartenant au genre Dioscorea,
à la famille des Discoreacées, au sous-embranchement des
Angiospermes et à l'embranchement des Phanérogames (Coursey,
cité par Okry, 2000). Les espèces comestibles,
domestiquées ont des origines diverses.
Selon Atcha Ahowé (1986), les espèces les plus
importantes du point de vue alimentaire sont Dioscorea rotundata, D.
cayenensis, D. dumetorum, toutes originaires d'Afrique ; D.
alata originaire du Nord de la Birmanie en Asie et D.
bulbifera, originaire de l'Asie du Sud-Est. Compte tenue de
multiplication végétative de l'igname, les flux de gènes
viennent de la population sauvage par domestication ; ainsi, il y a eu
récemment introduction de D. alata en Afrique de l'Ouest. Cf. Dumont,
Vernier, Tostain, etc. Ainsi donc, les semenceaux d'igname occupent une place
importante dans la reconduction de l'espèce.
2.3.2- Importance
On distingue l'importance socio - culturelle, l'importance
nutritionnelle et l'importance économique.
2.3.2.1- Importance socio - culturelle
Selon Bricas et Vernier (2000), dans les régions
où l'igname est cultivée, elle représente beaucoup plus
une plante alimentaire importante. C'est une plante indissociablement
liée à l'histoire sociale et culturelle et c'est par
conséquent l'un des symboles les plus forts de l'identité de ces
populations. Ainsi, au contraire du manioc, du maïs ou du riz qui sont
d'introduction relativement plus récente dans l'alimentation, l'igname
est un produit natif de ces régions et est profondément
ancré dans la culture de leur population (Bricas et Attaie, 1998).
Selon ces 9 derniers, chez plusieurs groupes ethniques, sa
consommation est fortement ritualisée, régie à chaque
nouvelle récolte par des cérémonies entretenant la
cohésion des groupes sociaux et activant leur identité : les
fêtes de l'igname. De ce constat est motivé l'expression
civilisation de l'igname, civilisation dans laquelle coutumes et rites sont
marqués par son cycle (Igué, 1974).
Par Habib Lorentz PADONOU/ ESAC- 2010-2011/ Page 13
[Analyse socio-économique des systèmes de
production agricole à base d'igname dans la commune de
Glazoué]
2.3.2.2- Importance nutritionnelle et alimentaire
En plus de ses qualités organoleptiques dont
principalement le goût, l'igname bénéficie d'une image de
produits prestigieux à forte valeur nutritionnelle et
diététique qui lui permet de supporter la concurrence des autres
amylacés comme les céréales et le manioc (Bricas et
Vernier, 2000). Elle possède également certains sels
minéraux qui sont rares à trouver chez les céréales
(Igué, 1974). Oké, cité par Okoli et Onwueme (1986),
reconnaît qu'un repas d'igname satisfait 100% des besoins en
énergie et en protéines, 130% des besoins en calcium et 80% de
besoins en fer d'un homme adulte. Les analyses chimiques ont
révélé les qualités nutritionnelles nettement
supérieures de l'igname en quantité et qualité de la
fraction protéique par rapport au manioc (Degras, 1986) ou au maïs
et au riz (Okoli et Onwueme, 1991). Les études effectuées par
l'INRAB (1996) ont révélé que l'igname fournit en moyenne
107 Kg de protéines par hectare contre 37 Kg pour le manioc, 82 Kg pour
le maïs et 78 Kg pour le soja.
Sur le plan, alimentaire, l'igname contribue largement
à la satisfaction des besoins alimentaires dans les zones de production.
Selon l'INRAB (1996), la production calorifique de l'igname est de 7,5 millions
de calories par hectare contre 8,2 millions pour le manioc, 3,3 millions pour
le maïs et 0,8 million pour le soja. C'est la culture dont la
récolte vient mettre fin à la période de soudure dans les
zones de production. Ensuite, lorsqu'elle est bien conservée, elle
contribue largement à assurer la sécurité alimentaire des
ménages.
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