2. REVUE DE LA LITTERATURE
Au regard de l'évolution de la science,
les questions non exploitées dans la plupart des domaines demeurent
rares. Il importe pour tout chercheur de s'informer sur ce qui a
été dit, fait et écrit sur son thème de recherche
pour montrer l'originalité de son étude.
Pour la problématique de la dollarisation
et dédollarisation des économies, les auteurs et chercheurs
laissent couler beaucoup d'encre et de salive étant donné que
c'est un phénomène récemment devenu inquiétant
surtout pour les économies en développement.
Ainsi, Axel Gastambid dans sa
thèse de doctorat intitulé « dollarisation partielle
et dollarisation intégrale : expérience de
l'Equateur » s'intéresse à l'étude
expérimentale de la dollarisation partielle et intégrale de
l'Equateur. Il arrive à la conclusion selon laquelle la dollarisation
partielle entraine des coûts macroéconomiques dont les effets se
matérialisent par différentes crises difficilement
contrôlables. D'où la seule issue pour les économies est
l'adoption de la dollarisation intégrale.
Gérard Duchene et
Michael Goujon dans leur article « la
dédollarisation : les expériences du Vietnam, de l'Ukraine
et de la Roumanie » décrivent largement le concept et le
schéma suivi par les pays précités pour sortir de la
dollarisation et ils arrivent aux conclusions selon lesquelles le taux de
dollarisation est sensible au rendement relatif des dépôts et que
les autorités monétaires ont la possibilité de limiter la
dollarisation en maniant le taux de change et le taux d'intérêt.
Ils ont trouvé que diminuer la dollarisation nécessite que le
rendement des dépôts en monnaie nationale soit durablement
supérieur à celui des dépôts en devises.
Cécile
Chevré dans son article « la
dédollarisation : longue chute du géant vert »
renseigne que le dollar, dont la force résidait dans la
suprématie américaine (qui repose sur la puissance
économique des états unis, la stabilité du dollar, le
pétrodollar, le dollar comme monnaie de réserve mondiale) est en
voie d'être remplacé( sur proposition du BRICS et du FMI) dans un
rapport qui insistait sur la nécessité de reformer le
système monétaire international et de proposer des alternatives
crédibles au seul dollar.
Pascal Ordonneau dans son
article « dédollariser est plus difficile que
dollariser » se limite à dire qu'en abordant le processus de
la dédollarisation tout ce qui était délégué
à la puissante émettrice (la fédérale
réserve des états unis d'Amérique) doit être
assumé par les autorités monétaires locales notamment la
qualité du crédit, la qualité du processus, la
transparence, l'égalité entre les intervenants, la largeur du
marché.
Rémy Herrera
et Paulo Nakatani dans leur article « la
dollarisation cubaine. Eléments de réflexion pour une
dédollarisation » disent que pour faire reculer la
dollarisation, il serait nécessaire de mettre en oeuvre une
série d'actions coordonnées dont : transférer
progressivement la régulation économique vers la monnaie
nationale et restituer à la monnaie nationale le plus grand nombre des
fonctions possibles compatibles avec la coexistence d'une régulation
économique réalisée de manière prédominante
par le moyen des devises en renforçant les mécanismes de gestion
financière et de planification en monnaie nationale..
Placide Fundji dans son
article « la dédollarisation de l'économie
congolaise » conclut en disant qu'une bonne politique de
dédollarisation exige aux autorités monétaires d'aller
avec des stratégies bien étudiées et ordonnées pour
éviter des appels à la désobéissance civique et
aussi aux opérateurs économiques, surtout ceux du secteur minier
et pétrolier qui assurent les grosses rentrées en devises
étrangères, d'observer les lois et règlements qui
régissent les activités économiques du pays.
Lendela Kola et
Kamanda Kimona dans leur article « nature et
spécificité de la dollarisation de l'économie
congolaise » se limitent à décrire la
spécificité de la dollarisation de l'économie tout en
précisant que la dollarisation de l'économie congolaise est
restée dans les aspects purement monétaires, la substitution
d'actifs étant marginale.
Kabuya Kalala et
Tshiunza Mbiye dans leur article « économie
congolaise et reforme monétaire » établissent un bilan
de comportement de l'économie congolaise tout en évaluant la
reforme monétaire au cours de chaque décennie depuis les
années 1960.
La mission du fond monétaire
international dans un rapport publié, portant sur les perspectives
économiques des pays subsahariennes, a révélé que
la dédollarisation est une question de temps, elle se ferra
progressivement dans le temps mais l'enjeu réside dans le
rétablissement de la confiance des agents en la monnaie nationale.
Lukau Tshang dans son
article « la dollarisation de l'économie congolaise :
pourquoi s'y opposer et comment la combattre efficacement »
décrit la dollarisation comme un processus diabolique qui neutralise
l'autorité des gouvernants. D'où il faut une très bonne
politique pour la combattre.
Dans leur article intitulé :
« La persistance de la dollarisation au Congo-Kinshasa »,
Ngonga Nzinga et Mususa Ulimwengu expliquent et
recherchent les fondements de la dollarisation de l'économie congolaise
tout en démontrant empiriquement le lien existant entre la dollarisation
et le niveau général des prix. Pour eux,
l'irréversibilité de la dollarisation en RDC peut s'expliquer par
deux thèses, d'une part elle demeure en raison de
l'intériorisation des évolutions passées de l'inflation
par les agents économiques dont la maîtrise ne procéderait
que d'un accident. A tout instant, l'économie peut retomber dans les
travers de l'hyperinflation. D'autre part, les efforts ont été
entrepris pour juguler l'hyperinflation, toutefois, ce qui pose problème
c'est sa volatilité, à savoir l'écart absolu entre
l'inflation actuelle et celle précédente, les agents
économiques s'adaptent donc à la conjoncture. D'où pour
dédollariser l'économie congolaise, il revient à lui
conférer une stabilité susceptible de s'inscrire dans la
durée. Il revient aussi à renverser les taux d'utilisation des
devises, dans un sens large.
Ngerendawele Ngbase
H. dans son mémoire « «tentative de
dédollarisation de l'économie congolaise comme instrument de
stabilisation des prix: appréciation des mesures prises en 1999»,
évalue et apprécie les mesures de dédollarisation prises
par le gouvernement sur le secteur réel de l'économie. Ce
mémoire est arrivé à une conclusion selon laquelle la
tentative de dédollariser l'économie congolaise entamée en
1999 n'a pas été un instrument adéquat de stabilisation
des prix des biens et services et partant de préservation du pouvoir
d'achat. Le problème est qu'au lieu de s'attaquer aux véritables
sources d'instabilité économique notamment la monétisation
du déficit public qui donne lieu à l'hyperinflation et son
corollaire la dollarisation, les décideurs s'attaquent aux
symptômes. La dédollarisation recommandant des réformes
à long terme, il propose certains préalables au gouvernement pour
combattre la dollarisation dont la stabilité de l'économie en
combattant les causes réelles et profondes à la base de
l'inflation et de la dépréciation monétaire
c'est-à-dire chercher à restaurer la stabilité
macroéconomique par la mise en oeuvre des politiques monétaires,
budgétaires et structurelles crédibles.
Birindwa Emmanuel
dans son mémoire intitulé « la dédollarisation
de l'économie congolaise : une étude prospective »
conclut que l'ébauche du processus de dédollarisation de
l'économie congolaise est nécessaire pour remettre à la
monnaie ses fonctions traditionnelles mais il est à noter que ce
processus est inertiel et peut prendre plusieurs années. Ce
phénomène exige de la part des acteurs de la patience et de la
persévérance dans l'effort en raison des effets
d'hystérèse observés et de la pénétration de
ce phénomène dans les us et coutumes des agents
économiques tant dans le secteur privé que public.
En examinant cette revue
littéraire, l'on s'accorde à dire que certes les chercheurs ont
eu à parler de la dollarisation et dédollarisation des
économies en général et de l'économie congolaise en
particulier.
Cependant, jusqu'alors, la
problématique des mesures prises pour l'effectivité de la
dédollarisation particulière de l'économie congolaise n'a
pas encore été abordée.
Les auteurs qui abordent la
problématique de la dédollarisation de l'économie
congolaise s'y lancent sans analyser à mi parcours l'effectivité
de cette décision, c'est ce qui constitue la spécificité
de la présente étude.
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