L'impact de l'état du lieu théàątral sur la pratique et la consommation du théàątre au Cameroun: le cas de Yaoundé( Télécharger le fichier original )par Cyril Juvenil ASSOMO Université de Yaoundé 1 - Master 2014 |
II.2.2. Le lieu théâtral médiévalLe Moyen-âge, période qui s'étend de la chute de l'empire romain jusqu'au XVe siècle, n'a véritablement pas développé un modèle-type d'architecture théâtrale83(*). Caractérisé par une certaine anarchie où diverses formes (allant du religieux au profane) se côtoient, le théâtre ici se joue principalement dans des lieux transformés aux fins d'abriter cette action. Il n'existe en effet aucun théâtre permanent au Moyen-âge ; et si le théâtre se pratique, il a comme support spatial des lieux sacrés (intérieurs et porches des églises et des évêchés, enceintes des couvents, cimetières), mais aussi des places publiques telles que les marchés84(*). Dans ces dernières, de larges tréteaux reposant sur quelques tonneaux et adossés au mur d'une bâtisse servent de lieux scéniques pour les acteurs qui jouent devant une foule de personnes amassées devant la scène. Toutefois, il est à noter que la scénographie des mystères85(*) est assez remarquable. Celle-ci est la somme de la pensée religieuse chrétienne concernant la mort et le jugement dernier. En effet, alors que le public suit l'action qui se déroule sur le tréteau, ce dernier est décoré de mansions qui sont des galeries qui peuvent être disposées de façon linéaire, ou être tout simplement superposées. Dans ce dernier cas, il en existe trois sur la scène : celle du bas représente un animal féroce et hideux crachant du feu. C'est l'enfer. La mansion du milieu est le purgatoire et est pratiquement semblable à l'enfer. Et enfin, tout en haut, se trouve le paradis ; une mansion décorée par des toiles peintes représentant les nuages d'un ciel bleu, ainsi que les anges entourant un grand barbu qui n'est autre que Dieu. Toute cette construction est complétée par un dispositif d'échelles qui symbolise l'ascension que doit suivre l'âme du bon chrétien : monter vers le paradis86(*). Si le Moyen-âge n'a pas pu développer un véritable modèle d'architecture théâtrale, c'est en partie à cause de l'emprise de l'église sur la société à cette époque. L'église condamne tout d'abord le théâtre87(*) avant de s'en servir plus tard comme outil d'évangélisation et d'éducation des masses illettrées, à travers les mystères et les miracles88(*). Toutefois, ce que le Moyen-âge offre d'inédit à l'évolution du lieu théâtral, c'est cette proximité, cette communion entre acteurs et spectateurs, où les deux entités « devisent » librement tout au long du spectacle et sans contrainte aucune et dans une atmosphère totalement amicale. * 83 On peut toutefois trouver à l'annexe V, photo 5, p.164, l'illustration d'un théâtre au Moyen-âge. * 84 Jele KOOPMANS, « Le théâtre dans l'église : mythes et réalité ». In Le théâtre de l'église (XIIe-XVIe siècles), Paris : LAMOP, 2011. * 85 Il s'agit des spectacles se déroulant sur plusieurs jours, et conviant la cité à représenter des mythes religieux tels que la vie de Jésus Christ ou celle d'un tout autre saint. * 86 Source: Histoire du théâtre, tirée de L'Encyclopédie Larousse 2013, disponible sur : http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/histoire_du_th%C3%A9%C3%A2tre/96913. Consulté le 1er février 2013. Toutefois le dispositif peut être tout simplement composé de deux mansions (Enfer et Paradis). C'est ce que Robert PIGNARRE illustre dans Histoire du théâtre, Paris, Puf, coll. Que sais-je ?, 16ème édition, 1999, p.46. * 87 C'est le cas de Tertullien qui dans son traité sur les spectacles évoque l'origine diabolique du théâtre, tout en condamnant vivement le métier de comédien dont il pense qu'il est contraire aux idéaux du créateur. * 88 Ce second terme est définit par B FAIVRE comme : une « Forme dramatique médiévale où le personnage placé devant une situation critique est sauvé par l'intercession d'un saint ou le plus souvent, de La Vierge Marie. » in, Dictionnaire encyclopédique du théâtre, p.1112. |
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