POSTGRADUATE SCHOOL FOR
ARTS, LANGUAGE, AND
CULTURE
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DOCTORAL RESEARCH
UNIT
FOR ARTS, CULTURES AND
CIVILIZATIONS
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CENTRE DE RECHERCHE ET DE
FORMATION DOCTORALE EN ARTS,
LANGUES, CULTURES
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UNITE DE RECHERCHE ET DE
FORMATION DOCTORALE EN ARTS,
CULTURES ET CIVILISATIONS
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L'IMPACT DE L'ETAT DU LIEU THEATRAL SUR LA PRATIQUE ET
LA CONSOMMATION DU THEATRE AU CAMEROUN : LE CAS DE YAOUNDE
MEMOIRE
PRESENTE EN VUE DE L'OBTENTION DU MASTER EN
ARTS DU SPECTACLE ET CINEMATOGRAPHIE
SPECIALITE : PRODUCTION THEATRALE
PAR
CYRIL JUVENIL ASSOMO
LICENCIE EN ARTS DU SPECTACLE ET CINEMATOGRAPHIE
MATRICULE
08H038
SOUS LA DIRECTION DE
JACQUES RAYMOND FOFIE
MAITRE DE CONFERENCES
AVRIL 2014
REMERCIEMENTS
A toutes ces personnes sans lesquelles ce modeste travail
n'aurait jamais vu le jour :
A cet ETRE SUPREME qui guide mes pas sur cette terre, et ce
depuis ma première tierce de vie.
A mon directeur de mémoire Jacques Raymond
Fofié. Professeur vous avez guidé mes premiers pas en tant
qu'étudiant. Vous m'avez permis de croire en mon travail et d'y
consacrer toute mon énergie. Vous n'avez ensuite ménagé
aucun effort pour en extirper toutes les imperfections. Pour toute cette
sollicitude à mon égard, je vous suis infiniment gré.
A tous mes enseignants du département d'arts et
archéologie. Professeurs Martin Elouga, Bole Butake, Anne Tanyi Tang et
Etienne Dassi ; Docteurs Emelda Samba, Donatus Fai Tangem, Annette Angoua,
Pierre Djeuga, Ibrahim Moungandé, Charles Soh, Guy Francis Tami,
Noumbissi ; Messieurs Jean Robert Tchamba, Longin Colbert Eloundou, feu
Simon Pierre Bell, feu Simon Ateba, Tafor Ateh, Madeng, Luc Bertrand Ondobo,
Merlin Bell Yembel ... vous avez toujours été pour moi des
modèles et des guides tout au long de ces dernières
années.
A toute ma famille. Mes Mères : Marie
Thérèse Dang, Jeanne Merline Florence Eba Medou, Marthe Mengue
Medou, Lydienne Bella, feue Louise Akono. A mon grand père Akono Ekotto.
Mes pères, Daniel Obounou Ntyame ; Papa Ebok, Guy Foumane. Mon
oncle Dougla Zame Medou. A Lucie Awa Medjo, Cédric Bella, Brice Meyong
Nkou, Brenda, Willy, Fleur, Tata Evelyne de Sangmélima pour tous les
sacrifices que vous consentez au quotidien, parfois au détriment de vos
propres bonheurs, pour que moi je puisse un jour trouver ma Lumière.
A ma seconde famille, Mes amis : Calvin Boris Yadia,
Patrick Ntsama, Paulin Essako, Jean Mbah Ndongo, Narcisse Wandji, Merveille Ndi
Eyenga, Thierry Léa Mallé, Landry Nguetsa, Césaire
Mouté, Samuel et Ndjombé Titi, Nathalie Mpessé, Fabien
Nguemo, Neophyte Douba, Elvis Doba, Olivier Goumaï, Christine Sidiki,
Yadieu Laurita, Lucie Freddy Nkoa, Achille Obame, Jean Paul Atangana, Tchassem,
Prince Koyagbele, Yolande Welimoun, Alphonsine Guiache, Roméo Minfoumou,
Eugène Tsalla, Elysée Tsoungui, Diane et Sonya Djoko, Sidonie
Ndzouli, Ninelle Maffouo, ... pour avoir toujours été là
quelque soit les saisons.
A tous ceux dont les noms viennent d'être cités,
et à ceux dont les noms ont été omis pour quelque raison
que ce soit, sachez que ce travail n'est en réalité que le
premier fruit mûr d'un arbre dont vous en êtes les racines, et moi,
le modeste prolongement. MERCI !
RESUME
L'avènement du théâtre au Cameroun comme
l'affirment plusieurs recherches, date du XXème
siècle. Cependant, parcourir l'évolution de ce
théâtre jusqu'à nos jours permet de dénombrer des
trophées sur le plan de la littérature dramatique, mais aussi et
surtout plusieurs freins qui entravent son émergence. L'un de ces freins
est sans aucun doute le problème du lieu théâtral. C'est
dans l'optique de mener une étude approfondie de ce problème que
ce sujet se donne droit de cité. L'impact de l'état du lieu
théâtral sur la pratique et la consommation du
théâtre au Cameroun : le cas de Yaoundé,
étudie l'influence du problème des salles de théâtre
sur la pratique et la consommation du théâtre au Cameroun, en
prenant comme cadre de référence la ville de Yaoundé.
Désireux de démontrer que l'environnement morose
au niveau des infrastructures théâtrales est l'une des principales
causes des déboires que connaissent les praticiens de
théâtre au quotidien, et du manque d'inclination du grand public
pour le théâtre, ce sujet se donne plusieurs moyens pour
l'atteinte de cet objectif : il est bâti sur un cadre
théorique interdisciplinaire qui est constitué des
théories et concepts émanant de la psychologie, de la mise en
scène théâtrale et du marketing. En outre, pour
opérationnaliser toutes ces idées, il fait appel à une
méthodologie qui repose sur des interviews, des sondages, l'observation
directe, le visionnage des spectacles théâtraux et l'exploitation
de nombreuses sources documentaires.
A l'issue des trois chapitres qui composent le socle du
présent travail, il en ressort que l'état du lieu
théâtral est un grand handicap qui mine l'évolution du
théâtre au Cameroun. Le manque de lieux théâtraux
conventionnels et surtout viables en est la cause majeure. La ville de
Yaoundé ne dispose pas de salles répondant à des
critères permettant l'épanouissement de l'activité
théâtrale. Les seules salles qui y opèrent
présentent toutes une triple faiblesse : au niveau architectural,
fonctionnel et marketing. Ces tares conditionnent ainsi les praticiens et par
ricochet, annihilent le dynamisme de l'offre de spectacles dans la ville. Sur
un tout autre plan, le manque d'encrage marketing de ces salles qui sont pour
la plupart de simples cordons diplomatiques, s'est avéré
être l'une des causes de la non présence lors des spectacles
théâtraux d'un véritable public-contributeur.
L'énoncé de quelques propositions, ainsi que celui d'un
schéma pouvant servir de base théorique marketing pour une
politique d'édification de lieux théâtraux viables, a
procédé des réflexions issues de la présente
recherche.
Ce mémoire est donc une modeste somme d'idées
destinées à contribuer au développement du
théâtre sur une échelle universelle. Elles sont
également dédiées à toutes les autres
activités culturelles dont la condition d'existence est le public, sa
présence et son engagement.
Mots clés : Lieu
théâtral, espace théâtral, pratique
théâtrale, consommation théâtrale, impact,
marketing.
ABSTRACT
Theatre advent in Cameroon, as many scholars
claim, dates from the 20th Century. However, to glance through
theatre evolution till the present day, will permit the counting of the
trophies as far as dramatic literature is concerned, but also several factors
hinder it to emerge. One of these factors is without any doubt the problem of
theatre venue. It is with the goal of carrying out a deeper study of the
problem, which is the «raison d'être» of this topic.
«L'impact de l'état du lieu théâtral sur la
pratique et la consommation du théâtre au Cameroun : le cas
de Yaoundé«, studies the influence of theatre venue state of
condition on theatre practice and consumption in Cameroon. Yaoundé town
is taken as the geographical frame.
Wishing to prove that gloomy environment at the level of
theatre venues is one of the main causes of trials that theatre practitioners
face daily and lack of theatre interest from the audience, this topic gives
itself several means to get its purpose: it is built on an interdisciplinary
theoretical frame from psychology, theatre directing and marketing. In
addition, to put all these ideas in function, a methodology focuses on
interviews, opinion poll, direct observation, watching theatre exhibitions and
the exploitation of many documentary sources.
At the end of the three chapters that make up this framework,
it comes out that the state of theatre venue is a big handicap which hinders
the development of theatre in Cameroon. The lack of conventional theatre
venues, and especially viable ones, is the major cause. Yaoundé town
does not have theatre venues responding to the criterions which permit the
blooming of theatre. Those which exists all present three weaknesses: at the
architectural, functional and marketing levels. Those defects condition the
practitioners, and consequently ruin the dynamism of the performance render in
the town. Elsewhere, the lack of appropriate marketing of those halls, which
are mostly diplomatic strings, turned out to be one of the causes of the
absence of a real contributor-audience at the theatre performances. Stating
some suggestions as well as a diagram that can be used as basis of marketing
theory for an edification policy of viable performing venue, derive from the
analyses of this research.
All in all, this dissertation targets to contribute for the
development of theatre at the universal stage. It is also intended for every
other cultural activities of which its existing condition is: the audience, its
presence and its commitment to theatre.
Keywords: theatre venue, performance space,
theatre practice, theatre consumption, impact, marketing.
LISTE DES FIGURES ET DES PHOTOGRAPHIES
FIGURES
Figure 1 : schéma de la structure
d'un lieu théâtral 50
Figure 2 : esquisse de l'organigramme du
lieu théâtral Institut Français de Yaoundé. 63
Figure 3 : esquisse de l'organigramme du
lieu théâtral Goethe-Institut Kamerun 64
Figure 4 : schéma du
conditionnement de John Watson sur le petit Albert. 90
Figure 5 : schéma du
conditionnement de la pratique théâtrale yaoundéene 91
Figure 6 : schéma du processus de
formation de l'image d'un lieu théâtral 117
PHOTOGRAPHIES
Photos 1 ; 2 : Le lieu
théâtral grec 166
Photo 3 ; 4 : Le lieu
théâtral romain 167
Photo 5 : Le lieu théâtral
médiéval 168
Photo 6 : Esquisse d'un lieu
théâtral élisabéthain (Le Globe) 168
Photos 7 ; 8 ; 9 ; 10 :
Le lieu théâtral à l'italienne 169
Photo 11 : Façade de
Goethe-Institut Kamerun 171
Photo 12 ; 13 : Espace public du
Goethe-Institut Kamerun 172
Photo 14; 15: Espace théâtral
Goethe-Institut Kamerun 173
Photo 16 : Façade de l'Institut
Français de Yaoundé 174
Photo 17 : Espace-public de l'Institut
Français de Yaoundé 174
Photo 18 : Espace théâtral
de l'Institut Français de Yaoundé 175
Photo 19 ; 20 : Façade de
OTHNI-Laboratoire de Théâtre de Yaoundé 176
Photo 21 ; 22 : Espace-public
OTHNI-Laboratoire de Théâtre de Yaoundé 177
Photo 23 : Espace théâtral
d'OTHNI-Laboratoire de Théâtre de Yaoundé 178
SIGLES ET ABBREVIATIONS
SOCADRA : Société
Camerounaise du Droit d'Auteur
OTHNI : Objet THéâtral Non
Identifié
IFC : Institut Français du
Cameroun
CLAC : Centre de Lecture et d'Animation
Culturelle
MASA : Marché des Arts du
Spectacle Africain
CCF : Centre culturel Français
UCAC : Université
Catholique d'Afrique Centrale
MDD : Marque De
Distributeur
SAV : Service Après-vente
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE 1
CHAPITRE 1 : 31
LE LIEU THEATRAL DANS L'ART ET DANS LA CITE 31
I. Le théâtre et ses espaces 31
II. Genèse et évolution du lieu
théâtral 34
III. Généralités sur la salle de
théâtre 46
IV. Les fonctions d'un édifice théâtral
56
Conclusion du chapitre 60
CHAPITRE II : 61
LIEU THEATRAL, PRATICIEN ET CREATION 61
I. Etude descriptive du corpus 61
II. Les problèmes procédant de l'état du
lieu théâtral dans la ville de Yaoundé 75
III. Les corollaires des problèmes du lieu
théâtral 78
IV. La théorie comportementaliste appliquée au
praticien de théâtre 87
Conclusion du chapitre 94
CHAPITRE III : 95
LA NOTORIÉTÉ ET L'IMAGE DES LIEUX
THÉÂTRAUX DE YAOUNDÉ 95
A. Le lieu théâtral dans la sphère du
marketing 95
I. Quelques rappels de connaissances 95
II. De l'image du point de vente à l'image du lieu
théâtral 111
B. La notoriété et l'image des lieux
théâtraux de la ville de Yaoundé 120
I. Les lieux théâtraux et leurs approches
marketing 120
II. Résultats des études sur la
notoriété et l'image des lieux théâtraux de
Yaoundé 129
Conclusion du chapitre 133
CONCLUSION GENERALE 134
BIBLIOGRAPHIE 143
ANNEXES 152
TABLES DE MATIERES 179
INTRODUCTION GENERALE
I. Présentation et justification du sujet
L'acte théâtral est une rencontre
créatrice entre deux groupes d'individus qui donnent naissance au
produit final qu'est « le spectacle ». Toutefois, cette
rencontre créatrice requiert toujours un espace, un lieu pour pouvoir se
matérialiser. Le lieu théâtral, puisqu'il s'agit de lui,
qu'il soit clos ou en plein air, un cadre architectural, ou tout simplement un
espace banalisé, revêt une importance capitale pour
l'activité théâtrale. Peter Brook confirme d'ailleurs cette
acception lorsqu'il fait furtivement allusion aux trois constantes
indispensables à l'existence de cet art : « I
can take any empty stage and call it a bare stage. A man will walk across this
empty space whilst someone else is watching him, and this is all that is needed
for an act of theater »1(*). Il apparaît donc clairement qu'un spectacle
pour être créé, nécessite au moins un espace, un
acteur et un spectateur. Et même si « notre homme de
théâtre anglais » ne fait pas directement
référence à l'espace physique qu'est la salle, cette
dernière y a implicitement et logiquement place dans ses propos.
Aussi, les trois éléments sus-cités ont
connu depuis le 18ème siècle de nombreux écrits
théoriques2(*). Mais
il n'en demeure pas moins vrai que le lieu théâtral n'a pas
toujours retenu la même attention que les deux autres. La plupart des
critiques et praticiens le considérant souvent comme un fait acquis. La
conséquence est qu'il a bien souvent été
relégué en arrière-plan des préoccupations
théâtrales sur le plan théorique et pratique. La
présente étude permet ainsi comme pourrait le corroborer Iain
Mackintosh, de mettre en lumière l'importance capitale qu'a le lieu
théâtral pour la bonne marche de l'art de la
représentation : « The central thesis of this book is
that theatre architecture is one of the most vital ingredients of the theatre
experience, and one of the least understood»3(*). Il s'avère donc
important de prendre en considération, les rôles tant artistiques,
économiques que sociaux que doit pleinement remplir un édifice
théâtral digne de ce nom au sein d'une société.
Par ailleurs, sur un plan purement géographique, si
l'importance du lieu théâtral est reconnue, et les salles de
théâtre largement viabilisées dans les pays où l'art
dramatique occupe une place de choix dans la société des loisirs,
il n'en est pas de même en ce qui concerne le Cameroun. En effet, la
difficile conjoncture économique qui secoue le pays depuis de nombreuses
décennies aujourd'hui, ajouté à cela le manque de culture
artistique, et la faiblesse de la volonté étatique à
développer le secteur de l'art, ont créé un environnement
infrastructurel totalement morose dans ledit secteur. Les raisons sont
peut-être à trouver chez Jack Lang qui pense
que :
Les gouvernements de ces pays (pays en voie de
développement) ont des tâches plus urgentes à accomplir que
de faire progresser le théâtre. Une fois édifié et
mis en place un théâtre dans la capitale, très souvent
pâle imitateur du théâtre de l'ex-colonisateur, le
gouvernement d'un pays pauvre abandonne l'activité
théâtrale aux commerçants et aux affairistes.4(*)
Il va donc sans dire que l'activité
théâtrale est quasiment abandonnée à son triste
sort. Et parmi les problèmes criards qui en sont les corollaires, celui
des infrastructures (les salles) figure en bonne place. Cet état des
choses est conforté par le fait que le pays ne dispose pas d'une
politique culturelle identifiable et efficace. Une ligne d'action qui
permettrait d'avoir une vision claire, mesurable, et surtout propice au
rayonnement de la culture camerounaise en général, et du
théâtre en particulier. C'est dans ces balbutiements, dans ce
désert infrastructurel que Jacques Raymond Fofié après une
rétrospective historique du théâtre camerounais, constate
que le problème des salles de théâtre au Cameroun ne date
point d'aujourd'hui : « Pour le cas du Cameroun, une troupe
a été créée, mais un théâtre
(édifice) n'a pas été construit »5(*). La troupe à laquelle
Fofié fait allusion ici n'est autre que le Théâtre national
du Cameroun, créée en 1976.
C'est donc dans cette double logique, celle de l'importance du
lieu théâtral d'une part, et de la contradiction de cette vertu au
Cameroun s'illustrant par l'absence de salles d'autre part, que s'inscrit le
présent sujet : L'impact de l'état du lieu
théâtral sur la pratique et la consommation du
théâtre au Cameroun : le cas de Yaoundé. Il est
question ici d'une étude critique afin de comprendre le rôle que
jouent l'absence et l'état des édifices théâtraux
dans la crise que traverse actuellement le théâtre au Cameroun.
S'il s'avérait ainsi vrai que le problème du lieu
théâtral affecte le théâtre camerounais, quelle
serait l'ampleur de l'infection ? Il s'agit donc autrement dit, de
comprendre l'impact de l'absence de lieux théâtraux
conventionnels6(*) sur la
pratique et le développement du théâtre au Cameroun. Ce
travail se veut une enquête dans les milieux théâtraux de la
ville de Yaoundé, principale plaque tournante du théâtre au
Cameroun. Mais loin d'être une simple constatation de faits affligeants,
la présente étude essaie autant que faire se peut de contribuer
modestement à la redynamisation du théâtre, et à la
résolution du problème d'édifices théâtraux
au Cameroun et ailleurs, ceci en y apportant une petite « lueur
d'espoir » puisée dans plusieurs théories
interdisciplinaires.
Par ailleurs, en ce qui concerne les motivations ayant conduit
au choix de ce sujet, sur un plan purement personnel, il a été
motivé par notre volonté d'effectuer des recherches sur le
théâtre camerounais. Aussi, l'intérêt pour le lieu
théâtral est d'abord né du constat de la désertion
du grand public dans les rares salles abritant les spectacles
théâtraux dans la ville de Yaoundé. Par la suite, des
quelques recherches bibliothécaires effectuées par nous au sein
de l'université à laquelle nous sommes inscrits, il en ressortait
clairement qu'il n'existe pas assez de travaux consacrés
entièrement au lieu théâtral camerounais7(*) ; toutefois, la plupart des
recherches portant sur le théâtre au Cameroun ne manquaient jamais
de souligner ce problème de lieu théâtral comme
étant l'un des facteurs limitant l'émergence du
théâtre national. Cette phase-découverte s'est donc
révélée à nos yeux comme une opportunité
d'approfondir un temps soit peu la recherche dans ce domaine ô combien
important. Cette recherche sur le lieu théâtral nous apparaissait
d'autant plus nécessaire parce qu'ayant été
personnellement confronté à la difficulté de trouver un
lieu d'exhibition pour des spectacles tant académiques que
professionnels dans lesquels nous étions impliqués.
Toujours dans le cadre des motivations, nous avons
découvert il y a quelques années de cela, une branche du
marketing dénommée marketing culturel8(*). La lecture de
quelques mémoires et articles relevant de cette discipline a
terminé de nous conforter dans notre choix. En effet, les tenants du
marketing culturel9(*)
soutiennent une applicabilité de certaines techniques du marketing
traditionnel au produit culturel afin d'en faciliter sa commercialisation. Sous
le prisme de cette discipline, le théâtre devient ainsi un produit
commercial bien qu'ayant quelques traits caractéristiques qui le
diffèrent des produits de grande consommation. Or, si trouver des voies
pour faciliter la diffusion et la vente efficientes du produit
théâtral est le principal dessein du marketing culturel
appliqué au théâtre, peut-on concevoir et aménager
un produit destiné à la vente, sans en faire autant pour le lieu
qui l'expose, c'est-à-dire le point de vente ? Peut-on donc dans le
cas qui nous concerne, faire le marketing d'un spectacle théâtral
alors que la salle qui accueillera ledit spectacle ne jouit pas par exemple
d'une image, d'une attraction assez forte au niveau du subconscient du public
qui constitue sa clientèle potentielle ? Assurément non.
Aussi pensons-nous que le lieu théâtral possède une
capacité intrinsèque et autonome à attirer le
public10(*), pour que
celui-ci vienne consommer le spectacle qui s'y donne à
l'intérieur. Cette qualité mériterait juste d'être
nourrie au moyen de diverses actions. C'est la recherche de ces diverses
stratégies marketing applicables à un lieu théâtral
en contexte africain qui nous a conduits également à choisir le
présent sujet dont la seconde phase11(*) pourra être orientée
intégralement vers cette discipline et cet objectif.
II. Objectifs de recherche
Loin d'être un simple panorama de quelques faits
relatifs au lieu théâtral au Cameroun, ce sujet se donne plusieurs
objectifs de recherche dont les plus importants et les plus ostensibles sont
les suivants :
Principalement, cette recherche se veut de démontrer
que le lieu théâtral, et ses différents problèmes,
sont l'une des causes prééminentes de la traversée du
désert que connaît depuis quelques années l'activité
théâtrale au Cameroun. Autrement dit, il s'agit de trouver des
implications de plusieurs ordres liant le lieu théâtral à
l'assertion qui vient d'être émise notamment sur les plans de la
production et de la consommation du théâtre. De là, cet
objectif laisse transparaître deux autres objectifs qui
l'étayent.
Le second objectif est de trouver si les problèmes du
lieu théâtral, c'est-à-dire l'absence de salles
conventionnelles et les tares multiples de « celles qui
existent », n'ont pas un impact esthétique sur les productions
scéniques réalisées au sein du territoire. Autrement dit,
nous essaierons de trouver si le « minimalisme »
observé dans les mises en scène de plusieurs spectacles produits
ici, n'est pas simplement la conséquence d'un conditionnement
psychologique des auteurs.
Un autre objectif vise également à
démontrer par une approche théorique pragmatique, les motivations
de ce que l'on est en droit de nommer « les nouvelles
écritures », tant sur le plan dramaturgique que
scénique. Ce mémoire tentera donc de prouver, mais en filigrane,
que cette propension vers des écritures inédites, naît au
départ d'un conditionnement, qui subit par la suite une sorte
d'idéologisation et une légitimation du fait de l'adaptation au
milieu des praticiens.
Ensuite, le but est également celui de savoir si le
lieu théâtral n'influence pas négativement la consommation
du théâtre au Cameroun ; ceci en partant de l'absence du
public dans les salles lors des spectacles, jusqu'aux conditions de
réception desdits spectacles.
Enfin, il s'agit de démontrer à partir des
résultats de l'objectif précédent, que, dans un monde
où le théâtre fait face à une baisse des
subventions, et surtout à une concurrence accrue de la part des autres
loisirs, l'art de la représentation, s'il se veut plus attractif et par
conséquent « rentable », ne doit pas rester en marge
du marketing ; et que cette action marketing d'un type particulier pour
être efficience doit d'être régentée au niveau de la
salle de théâtre.
III. Définition des concepts clés
III.1. Lieu théâtral
La décomposition de ce mot, permet de dégager
successivement deux substantifs : « lieu » et
« théâtre ». Il peut donc s'en dire
de prime à bord que le lieu théâtral est « le
lieu pour le théâtre ». En effet, le lieu
théâtral constitue tout lieu, permanant ou non, qui accueille des
représentations théâtrales. Ainsi au milieu du
XXe siècle, des spécialistes tels que Denis Bablet, et
Pierre Larthomas12(*)
proposaient déjà des définitions de ce concept. Cependant,
toutes leurs définitions peuvent se résumer d'abord dans la
pensée d'Anne Ubersfeld pour qui :
Le lieu théâtral est défini par son
rapport physique et architectural avec l'ensemble de la cité ou de la
ville (lieux théâtraux : le théâtre grec,
l'amphithéâtre romain, le théâtre de Vicence,
l'Opéra de Paris) par ses caractéristiques matérielles de
rapport entre scène et salle, et par son rôle socioculturel
à chaque fois particulier dans la cité.13(*)
Et ensuite chez Patrice Pavis qui viendra plus tard
clarifier cette définition ubersfelienne. Chez Pavis, le lieu
théâtral représente : « le
bâtiment et son architecture, son inscription dans la cité ou dans
le paysage, mais aussi le site non prévu pour une représentation,
où la mise en place a choisi de s'installer »14(*). Mais pour cerner
véritablement les différentes facettes du lieu
théâtral, il s'avère nécessaire de recourir à
Denis Bablet, qui est on ne peut plus clair lorsqu'il déclare que :
le lieu théâtral, il est banal de le
rappeler, ce n'est donc pas seulement le
« théâtre » auquel nous sommes
habitués, ce peut être la place publique où l'on dresse
temporairement une estrade autour de laquelle va se grouper une foule, le
parvis d'une cathédrale, le stade où se donne une
représentation, le mur auquel on adosse un tréteau, un parc, une
cour d'usine, un hall, un gymnase ou un terrain vague. C'est la
représentation qui donne au lieu son caractère
théâtral15(*).
L'analyse de la définition de Bablet permet donc de
distinguer deux conceptions du lieu théâtral. Il peut ainsi dans
un premier temps être un cadre permanent, c'est-à-dire un
édifice exclusivement dédié à la pratique de cet
art ; dans un second temps il est cadre non permanent, c'est-à-dire
occasionnel, à chaque fois qu'un tout autre lieu sert de
réceptacle du spectacle, alors que sa fonction originelle est autre. En
se penchant principalement sur les cadres permanents (ce qui est notre approche
principale du lieu théâtral dans ce sujet), le lieu
théâtral revêt l'image d'une grande salle, un joyau
architectural construit principalement pour la réception des spectacles
théâtraux. De façon imagée, Pavis revient pour
proposer une illustration d'un théâtre. Ainsi, dans un
édifice théâtral : « on observera
la disposition des espaces intérieurs (salle, scène,
dégagements, foyers, etc.) et extérieur (terrasse, hall et cour
d'entrée) »16(*).
Nous suivrons donc les modèles définitoires de
ces trois auteurs. La raison principale étant que la pratique
théâtrale en Afrique en général, et au Cameroun en
particulier s'inspire en grande partie des préceptes occidentaux. Aussi
userons-nous dans cette recherche plusieurs termes plus ou moins synonymes afin
de désigner le lieu théâtral :
« théâtre »,
« édifice théâtral »,
« salle de théâtre » et même
« salle de spectacle ». Ceci permettra
principalement d'éviter la répétition et sierra mieux au
contexte dans lequel nous évoluerons. Contexte qui se caractérise
par « un flou obscur » au niveau des
caractéristiques énoncées dans le modèle
pavisien.
Mais qu'à cela ne tienne, nous étendrons ce
concept, qui dans le présent travail englobera dans le second chapitre,
non seulement les salles de théâtre qui sont les espaces de
diffusion, mais aussi les salles de répétition qui sont quant
à elles des espaces dédiés à la phase de
création. La raison de cette extension sémantique est simple. Le
théâtre pour pouvoir se représenter dans un espace, a tout
aussi besoin d'un autre pour pouvoir se créer. Et ces deux espaces
réunis, jouent un rôle de complémentarité dans la
pratique théâtrale.
III.2. Espace théâtral
L'espace théâtral se présente comme le
corollaire logique du lieu théâtral. C'est pour cette raison que
dans quelque lieu théâtral non permanant, les limites entre les
deux entités seront vagues. En effet, la délimitation d'un lieu
théâtral crée conséquemment un espace
théâtral. Ce dernier peut donc être entendu comme l'espace
de la représentation. Ubersfeld, à la suite de plusieurs
tentatives de définition de ce terme, à l'orée desquelles
elle signale que la notion est assez complexe, affirme qu' :
« il faut, et il suffit pour qu'il y ait espace
théâtral, qu'il y ait des hommes unis par la fonction du
regard : des regardants et des regardés »17(*). Jean Jacquot également
n'affirme pas le contraire puisqu'il argue que :
Une partie de l'espace théâtral est en
effet réservée à la création et au jeu,
c'est-à-dire, dans nos sociétés, à
l'opération chaque fois renouvelée qui fait d'un texte
écrit, un poème dramatique, reçoit des interprètes,
metteur en scène, décorateur, acteurs, la forme, le mouvement, et
le souffle. L'autre partie de l'espace théâtral est
réservée à l'auditoire18(*).
Plus clairement, l'espace théâtral peut ainsi
être défini comme cet ensemble tant physique
qu'immatériel, constitué de la scène et de la salle,
composé de tous les éléments qui concourent à la
production de l'événement théâtral.
Les frontières entre le lieu théâtral et
l'espace théâtre tendent souvent à devenir vagues,
jusqu'à ce que les deux entités fusionnent pour ne devenir que
des concepts synonymes. Ainsi, cette démarcation sera nette dans un
théâtre moderne (à l'instar des grands
théâtres occidentaux). On a dans ce cas le lieu
théâtral qui est l'édifice, et c'est dans cet
édifice que l'on retrouvera logiquement un espace théâtral
qui est la salle dans laquelle le spectacle se joue, bien que certains
théâtres puissent en disposer de plusieurs. En dehors de cet
espace théâtral, le théâtre présentera des
salles annexes (coulisses, foyers, magasins de costumes...) qui participent
toutes d'une façon ou d'une autre à la création de
l'événement théâtral.
Cependant, dans la plupart des lieux théâtraux
non permanents, et surtout dans ceux se présentant sous la forme
d'espace en plein air, lieu théâtral et espace
théâtral se confondent. La raison en est simple : rien n'a
été mis en oeuvre pour séparer les deux entités, vu
qu'ici le lieu n'est généralement que temporaire. Dans le cas
patent d'un spectacle de rue, c'est l'espace théâtral, qui sera
ici une simple délimitation permettant de grouper acteurs et spectateurs
en vue de la création du produit fini (espace théâtral),
qui servira également de lieu géographique pour situer ce
« théâtre éphémère » par
rapport à la cité (lieu théâtral). Dans ce cas, le
lieu théâtral devient un simple espace banalisé, et le
désigner sous le terme d'espace théâtral n'apparait donc
pas être une faute sémantique.
III.3. Impact
L'impact est défini par Le
Dictionnaire Larousse comme l'influence de quelqu'un ou de quelque chose
sur le déroulement de l'histoire, des événements. Mais en
effet, le mot « impact » recouvre plusieurs
définitions qui diffèrent selon le domaine dans lequel on se
trouve. Ainsi, dans le cadre de la présente recherche, ce terme aura la
portée de « conséquence ». C'est d'ailleurs
la même signification que Claire Marie Michelle Mukarutesi lui
confère dans son mémoire : « for the
purposes of this study, impact refers to the instrumental role a given
phenomena has on something be it positive or negative »19(*). Etudier l'impact dans
cette recherche, revient donc à dégager les différentes
conséquences positives et/ou négatives que le lieu
théâtral a sur l'activité théâtrale
camerounaise.
III.4. Pratique théâtrale
Parler de pratique théâtrale dans la
présente recherche, renvoie simplement à tous les aspects qui
concourent à l'exécution et à l'existence du
théâtre. En réalité, il s'agit ici de tous les
domaines rattachés au théâtre : en partant de la
production jusqu'à la diffusion du spectacle fini. Dans le
présent travail, ce terme est synonyme d'activité
théâtrale, deux expressions qui seront abondamment
utilisées afin de ne pas se répéter.
III.5. Consommation théâtrale
Le mot consommation, tel que défini par Le
Dictionnaire Larousse dérive du verbe
« consommer » qui lui-même signifie
littéralement l'usage de quelque chose à des fins de subsistance.
La consommation du théâtre renvoie donc à l'action par
laquelle un individu assiste à un spectacle théâtral
à des fins de divertissement, d'éducation, ou à toute
autre fin. Pour ce qui est du présent sujet, l'acte de consommation
débute dès lors qu'un individu se rend dans une salle pour
assister à un spectacle, jusqu'au moment où il quitte cette salle
une fois la représentation terminée. Plus explicitement, la
consommation devra être comprise ici dans un sens beaucoup plus
économique. Sens qui renvoie à l'achat d'un ticket de spectacle
plus l'assistance à la représentation théâtrale par
un individu
IV. Revue de littérature
Il existe en effet bon nombre de travaux consacrés
à l'étude du théâtre camerounais. Mais cependant,
très peu abordent exclusivement le problème du lieu
théâtral. Cette question, ne sert très souvent que de point
d'appui pour ces chercheurs afin de mieux soutenir leurs argumentaires.
Toutefois, au-delà de cette mise au point, il s'agit pour nous de citer
et d'examiner ces travaux et bien d'autres, afin d'établir
l'avancée de la recherche dans ce domaine, et de démontrer en
quoi la présente compte se démarquer des
précédentes.
A l'orée des années 80 du siècle
précédent, Wolfgang Zimmer publie un ouvrage intitulé
Répertoire du théâtre camerounais20(*), dans lequel, face
à la négation de l'existence d'un théâtre
camerounais par plusieurs érudits occidentaux, il effectue un
recensement de la plupart des pièces de théâtre
écrites par les auteurs camerounais entre les années 1940 et
1985. Aussi, dans cette étude qui est dédiée à la
dramaturgie, Zimmer ne manque jamais de citer tel ou tel lieu
théâtral ayant accueilli une représentation de l'une des
pièces citées. Au bout de la lecture de cet ouvrage, l'analyse
conduit à conclure que les salles de théâtre les plus
actives à cette époque sont : le Centre Culturel
Camerounais, le Centre Culturel Français de Yaoundé, le palais de
congrès, le cinéma Théâtre-Abbia ou encore les
amphithéâtres de l'université de Yaoundé21(*). Quant à la
présente recherche, elle ne vise pas à ré effectuer un
recensement des infrastructures théâtrales, qui on le sait
déjà se trouvent être soit inexistantes, soit
inadéquates. Ce sujet vise plutôt à démontrer
l'impact de cette situation comme un frein à l'émergence du
théâtre dans le pays.
Deux ans plus tard, paraîtra Théâtre
camerounais Cameroon theatre, ouvrage coédité par Bole
Butake et Gilbert Doho. Il réunit 31 articles émanant d'hommes de
théâtre et autres universitaires, rédigés dans le
cadre du colloque de Yaoundé organisé en 1987 ; colloque au
cours duquel plusieurs questions relatives au théâtre
traditionnel, à la dramaturgie, à la mise en scène,
à la production théâtrale et au public seront
discutées par les panelistes. Et même si les questions
liées au lieu théâtral reviennent
régulièrement dans plusieurs communications, l'intervention de
Karim Abdou Fautah intitulée « La représentation
théâtrale au Cameroun » est assez instructive. Il
énumère tout d'abord les différentes salles de
théâtre de la ville de Yaoundé à cette
époque, précise ensuite le statut de ces salles, ainsi que les
conditions d'accès. On y remarque que les salles sont pratiquement les
mêmes que celles que l'on peut en déduire des travaux de Zimmer.
Mais notre étude comme nous avons déjà eu à le
souligner plus haut va plus loin que le simple dénombrement. Elle ajoute
aux travaux de Fautah l'appropriation par les salles de théâtre de
Yaoundé des techniques du marketing, dans un monde qui de 1987 à
nos jours, a connu d'importantes mutations notamment dans le domaine du
divertissement. Ceci étant perceptible à travers le
développement et la vulgarisation de la télévision
satellitaire et Internet, véritables pôles d'attraction des
masses.
Un autre ouvrage intitulé Théâtre
africain. De l'écriture dramatique au jeu scénique, Actes du
colloque organisé dans le cadre des Rencontres Théâtrales
Internationales de Yaoundé (6e éditions / 27-31 mai
1997), coédité par Nicole Leclerg, Ambroise Mbia et J.F.
Xavier Owono Ndouguessa, regroupe un ensemble de communications portant sur les
voies et moyens d'améliorer la qualité des spectacles
théâtraux en Afrique, et au Cameroun en particulier. Le colloque
part du postulat qu'un toilettage devrait se faire dès l'écriture
des pièces, pour atteindre sa phase ultime lors de la mise en
scène. C'est ainsi que dans une communication intitulée The
necessity of technology in the enhancement of aesthetics in Cameroon drama and
theatre, Bole Butake démontre l'urgence de construire des salles de
théâtre disposant du matériel technique adéquat,
pour améliorer la qualité esthétique des spectacles. La
communication de Butake se veut assez pragmatique, car étant
basée sur des expériences vécues sur la scène
théâtrale yaoundéene. Si l'article de Butake a le
mérite de marteler la nécessité de la construction des
salles viables dans le but de renforcer la qualité de la production
dramatique, il n'aborde toutefois pas le devenir de ces produits
théâtraux de meilleure facture. En d'autres termes le sort qui
sera à eux réservé au niveau de la consommation. La
présente étude en adoptant le marketing pour étudier le
lieu théâtral yaoundéen, complète modestement cet
aspect lésé.
Tout récemment, Jacques Raymond Fofié publie
Regards historiques et critiques sur le théâtre
camerounais, ouvrage dans lequel il effectue entre autres un regard
panoramique sur le théâtre camerounais depuis son avènement
au début de la première décennie des années 1900.
Dans cette lancée, il procède également à
étude de des modalités d'émergences des jeunes
créateurs de talents. A ceci, s'ajoute des parties
réservées à l'analyse de quelques oeuvres camerounaises de
renom à l'instar de Family Saga de Bole Butake. Mais, non sans
avoir signalé l'absence d'un édifice théâtral
conventionnel, et citer quelques lieux théâtraux dans les villes
et de Douala de Yaoundé depuis 1980, l'auteur ne met pas un accent
particulier sur la question. Les études menées ici étant
en grande partie concentrées sur la dramaturgie camerounaise. La
présente étude apporte ainsi à cet immense travail de
Fofié, un apport théorique sur le théâtre
camerounais, ceci à travers l'essai de modélisation du
conditionnement du praticien de théâtre par l'état des
lieux théâtraux de la ville de Yaoundé et du Cameroun en
général.
Par ailleurs, plusieurs auteurs étrangers se sont
également penchés sur la question du lieu théâtral.
Dans un premier temps, nous pouvons citer les actes du colloque de Royaumont
contenus dans l'ouvrage intitulé Le lieu théâtral dans
la société moderne, édité par Denis Bablet et
Jean Jacquot. La lecture des différentes communications montre à
suffisance le rôle prééminent que joue un lieu
théâtral pour la bonne marche de cet art. L'ouvrage aborde
notamment la question du lieu théâtral sous l'angle architectural
(évolution et mutations), sous l'angle économique et marketing
(la place du public et stratégies de sa conquête), et sous
l'aspect social (l'apport social d'un édifice théâtral et
le statut des différentes couches de la société à
l'intérieur de celui-ci). Cependant, le contenu de cet ouvrage qui date
déjà, n'aborde pas la particularité du
théâtre africain, puisqu'il y est exclusivement question du
théâtre occidental. Et aussi, le cadre théorique
utilisé par nous dans cette recherche semble d'un apport plus concret et
plus actualisé.
Plus tard, Iain Mackintosh dans Architecture Actor and
Audience tente lui aussi de démontrer l'importance d'un bon
édifice de théâtre pour la réussite du spectacle.
L'auteur aborde également le lieu théâtral sous l'angle
diachronique, en mettant un accent sur l'évolution de
l'amélioration des conditions de réception des spectacles dans
les théâtres anglais et américains. De là, il est
à noter que l'ouvrage tire tous ses exemples du théâtre
anglo-saxon, le théâtre africain étant une fois de plus
ignoré.
Dans leur ouvrage collectif intitulé Theatre and
playhouse: an illustrated survey of theatre buildings from ancient Greece to
the present day22(*)
Helen et Richard Leacroft revisitent en images l'évolution du lieu
théâtral occidental depuis la Grèce antique jusqu'à
une époque récente. Ici, il simplement question d'étudier
le lieu théâtral sous le prisme diachronique et surtout
occidental. La présente étude aborde brièvement cet aspect
dominant dans ce livre, mais ne s'arrête pas là.
En 2011, Richard Laurent Omgba, commet un article
intitulé « Les nouveaux défis de la culture
camerounaise »23(*) où il effectue une autopsie de cette culture
pour trouver les maux qui la minent, et propose des solutions pouvant lui
permettre de participer d'une main de fer à l'émergence du
Cameroun. Si les maux qui minent la culture camerounaise ne sont guère
nouveaux sous la plume d'Omgba (le manque de salles de spectacle notamment), la
solution qu'il propose par contre mérite qu'on s'y attarde. L'auteur
parle de mettre sur pied une véritable politique culturelle dont la
force résiderait sur la refondation de l'idéologie des citoyens
camerounais, une reforme institutionnelle, et enfin une réforme
technologique qui doterait le pays des infrastructures appropriées
à la pratique d'une culture de forme industrielle ; la seule forme
qui sied selon lui aux nouvelles exigences de la mondialisation. Quant à
la présente étude basée sur le lieu théâtral,
loin d'infirmer cette somme d'idées, elle participe plutôt, bien
que modestement, à l'opérationnalisation de certaines. C'est
l'exemple de la mise sur pied recommandée par Omgba d'une
« agence nationale de la promotion des activités
culturelles » qui faciliterait entre autres le management de la
culture camerounaise. Ne disposant pas de moyens nécessaires à la
création d'une telle structure, la présente recherche
récolte néanmoins quelques nouvelles idées marketing qui
pourront servir à une telle entité au cas où elle venait
à voir le jour.
En ce qui concerne les mémoires, il faut signaler comme
il a été mentionné plus haut, que la plupart des travaux
ne font que signaler l'implication du lieu théâtral dans la
mauvaise qualité des spectacles et les conditions toutes aussi pareilles
de leur réception. Parmi ceux-ci, nous pouvons citer, sans toutefois
prétendre être exhaustifs, les mémoires suivants :
La problématique de la mise en scène au Cameroun : le
cas de Yaoundé, de David Tiwa Ngoudgui24(*); Problématique de
la production théâtrale à Douala de Henri
Fotso25(*) ; Le
public du théâtre camerounais, le cas de la ville de
Yaoundé, de Sylvie Tami Wabette26(*) ; Etude comparée des techniques
des metteurs en scène camerounais, de Guy Francis Tami
Yoba27(*). Il est en effet
difficile d'évoquer ces travaux individuellement, tant les questions
abordées sont cycliques à cause d'un environnement
théâtral camerounais qui n'évolue que très
lentement. Sans nier la grande portée de ces travaux, la présente
recherche essaie quant à elle de réfléchir sur le
théâtre camerounais en partant principalement de la
problématique du lieu théâtral.
Toutefois, parmi ces travaux, le mémoire d'Angeline
Solange Bonono opère une étude plus approfondie de la question.
Dans La réception des spectacles au Cameroun : le cas de
Yaoundé28(*),
s'appuyant sur des études précédentes portant sur le
théâtre camerounais, l'auteure procède à un
état des lieux des structures d'accueil des représentations
théâtrales dans la ville de Yaoundé, et montre en quoi
celles-ci ne favorisent pas l'épanouissement de la mise en scène,
mais aussi une bonne réception des spectacles. Cependant, il est
à noter que cette étude date du début des années
90, et que depuis lors, le Cameroun, et sa sphère théâtrale
en particulier ont connu plusieurs mutations.
D'autres chercheurs issus d'autres disciplines, se sont
également intéressés aux problèmes découlant
des structures d'exhibition des produits culturels. Parmi ceux-ci, Pani Malowa
Marianne Fominyen, dans son mémoire intitulé : The
demise of cinema halls in Cameroon: the case of
Yaoundé 29(*),
constate la fermeture de toutes les salles de cinéma à la fin de
l'année 2009. Sa recherche se donne pour mission de déceler les
causes ayant conduits à cette énorme fracture dans le secteur de
la distribution du film au Cameroun. Les résultats de cette recherche
auxquels elle y émet quelques propositions, montrent clairement que les
fermetures successives des différentes salles de cinéma du
Cameroun sont liées leur mauvais management, ainsi qu'à des
facteurs économiques, technologiques et environnementaux.
En muséologie, Luc Bertrand Ondobo dans : Les
problèmes des musée du Cameroun : le cas des musées
de Yaoundé30(*), s'interroge sur la non fréquentation du
public yaoundéen dans les principaux musées de la ville. À
la suite de cette recherche, il en ressort que plusieurs problèmes
auxquels sont confrontés les musées, notamment le nombre
insuffisant et le personnel non qualifié, le mauvais état des
locaux abritant ces structures, les problèmes de financement et de
visibilité, ne permettent pas l'émergence et la renommée
de ces structures à l'instar des grands musées occidentaux.
Nonobstant le fait que ces deux travaux abordent des objet
d'étude autres que le lieu théâtral, le présent
travail se démarque de ceux-ci par le fait qu'il essaie de comprendre
les effets du lieu théâtral non seulement sur les praticiens du
théâtre, et sur leurs créations, mais aussi sur le taux de
consommation de ces produits. Le lieu théâtral, les musées
et les cinémas étant tous assimilables à des lieux
culturels
Pour ce qui est des thèses de doctorat, nous pouvons
citer les deux thèses de Gibert Doho31(*). Dans la première, il consacre sa recherche
à l'étude de l'espace dans les cérémoniels
bamilékés dans lesquels il y trouve des éléments de
théâtralité. Ceci est fait afin de mettre en lumière
les spécificités du théâtre africain
(« négro-africain »), en s'appuyant ici sur
l'analyse de l'espace de jeu dans ce théâtre. Dans la seconde
thèse intitulée La vie théâtrale au Cameroun de
1940 à nos jours, il étudie la pratique
théâtrale au Cameroun sur une période couvrant un demi
siècle. Dans ce travail qui se veut
« encyclopédique », l'auteur ne manque pas d'aborder
le problème du lieu théâtral. Mais loin de s'arrêter
au simple décompte des salles, il se veut assez critique quant à
la qualité architecturale et technique de ces salles qu'il fustige.
Partant de là, il déplore l'inexistence d'une salle de
théâtre au Cameroun.
Toujours en ce qui concerne les thèses de doctorat,
nous pouvons également citer celle d'Andrew R. Filmer
intitulée : Backstage space: The place of the
Performer32(*). Ici,
l'auteur centre principalement son étude sur les coulisses d'une salle
de théâtre, et plus précisément les espaces
réservés au comédien. Filmer fait la constatation selon
laquelle les coulisses sont contrairement aux autres espaces d'une salle de
théâtre, lésées dans la plupart des architectures et
études théâtrales. Pour remédier à cette
déficience, il tente ainsi de mettre en lumière la valeur
intrinsèque des coulisses d'un théâtre, en
démontrant qu'elles sont un atout indispensable dans la réussite
d'un spectacle, parce qu'étant une entité incontournable dans la
préparation physique et psychologique du comédien. Notre
étude tend ainsi à corroborer celle de Filmer, tant il vrai qu'un
édifice théâtral viable se doit aussi, de bien
aménager l'espace dédié à la partie la moins
visible de la représentation théâtrale. Toutefois, la
présente recherche a ceci de particulier qu'elle tente en quelque sorte
de faire ressortir les conséquences réelles que pourrait
entraîner une telle précarité infrastructurelle. Aussi, les
recherches de Filmer reposent en grande partie sur celles de Carlson Marvin et
sa sémiotique de l'architecture théâtrale. Quant à
la nôtre, elle réhabilite les théories comportementalistes,
et fait également un grand usage des postulats marketing pour cerner le
lieu théâtral selon les objectifs fixés.
Dans le domaine du marketing, et plus
précisément du marketing culturel qui nous intéresse
particulièrement, des chercheurs ont effectué des recherches sur
ce que nous appellerons sans prétention aucune « la
marketisation du produit théâtral ».
Dominique Bourgeon-Renault a ainsi coordonné un ouvrage
paru en 2009, et titré : Marketing de l'art et de la
culture33(*).
Reprenant et enrichissant les travaux des précurseurs de ce domaine tels
que Bomol, Colbert, Mayaux ou Evrard, ce livre se veut un ouvrage francophone
de référence sur les questions concernant le marchéage des
produits culturels. Après une partie visant à dégager les
spécificités de ces produits ; une étude du
consommateur du domaine culturel ; l'énonciation des idées
pour la bonne segmentation des marchés culturels ; l'ouvrage aborde
également entre autres le marketing du spectacle vivant. Mais s'il est
vrai que les auteurs tentent de légitimer la possibilité de
vendre du théâtre, il faut toutefois observer que l'institution
culturelle qu'est le lieu théâtral n'est quasiment pas
abordée dans son rôle de socle « du produit qui lui est
lié ». De même, les théories relatives au
comportement du consommateur de spectacle vivant rapportées ici manquent
d'universalité, car l'ouvrage étant surtout de par ses
illustrations consacré à l'activité théâtrale
européenne. Notre travail quant à lui tente de combler
modestement des deux limites observées.
Toutefois, avant Bourgeon-Renault et ses collègues,
Myriam Jakir bouclait déjà en 2005 à l'université
de Genève un mémoire de licence intitulé :
Comment vendre du théâtre : l'art de promouvoir a-t-il
ses limites ?34(*) Dans ce travail, la jeune chercheuse jette un
regard panoramique sur cette discipline alors peu connue qu'est le marketing
culturel. Elle met ainsi en exergue toutes les spécificités et
les théories relatives à un marketing du théâtre.
Cette compilation théorique des connaissances est ensuite
complétée par une étude de la promotion du
théâtre dans quelques institutions culturelles genevoises.
Qu'à cela ne tienne, la mise en avant dans la présente recherche
des deux concepts théoriques que sont la notoriété de
marque et l'image du point de vente adaptées au lieu
théâtral, permettent d'approfondir le travail de Jakir.
Enfin en 2006, José Charles Ewané dans son
mémoire de DEA intitulé : Le marketing des spectacles au
Cameroun : de la conception du produit aux options stratégiques de
diffusion35(*), tente
d'illustrer la démarche marketing opérant dans la mise à
disposition des spectacles théâtraux pour le public camerounais.
Cependant, cette étude qui se trouve être parmi les
pionnières en son genre au Cameroun, est en primauté une
adjonction de la méthodologie de mise en scène d'un spectacle, et
du listing des différents festivals et lieux théâtraux de
Yaoundé, et ceci sans prendre appui sur un véritable postulat
théorique tangible si ce n'est des notions quotidiennes de marketing.
Sans renier l'importance du travail d'Ewané qui a constitué pour
nous une grande source de motivation dans le choix du présent sujet de
recherche, il est néanmoins à souligner que la recherche actuelle
l'approfondit en mettant sur le piédestal du marketing du
théâtre, la salle de théâtre et son contenu qui est
le produit théâtral et accessoirement d'autres produits
d'attraction, plutôt que de mettre ce contenu au premier plan.
En somme, et sans prétendre avoir été
exhaustifs sur l'état de la recherche concernant le lieu
théâtral, nous remarquons que la plupart des chercheurs
camerounais s'intéressant au théâtre, ne manquent jamais
d'évoquer le problème des salles de théâtre dans
leurs travaux ; et aussi que la situation décriée n'a depuis
lors connu la moindre évolution positive. Au milieu de ces efforts
constants menés afin de redorer le blason du théâtre
camerounais, cette recherche se veut modeste. Elle se présente comme un
approfondissement, et une réactualisation des recherches
antérieures par l'entremise de plusieurs disciplines scientifiques parmi
lesquelles le marketing. Elle tire ainsi son originalité de cet aspect,
mais également par le fait qu'elle se consacre exclusivement à
l'étude du lieu théâtral camerounais, et notamment à
la recherche de quelques voies pouvant permettre une avancée
significative et positive sur la question.
V. Problématique
Une problématique peut être conçue comme
un ensemble de questions qui tournent autour d'un sujet donné, et qui
permettent par ricochet de mieux le cerner. C'est Le Dictionnaire Larousse
qui l'explique mieux, puisqu'on peut y lire qu'une problématique
est un : « Ensemble de questions qu'une science ou une
philosophie peut valablement poser en fonction de ses moyens, de son objet
d'étude et de ses points de vue ». Par ailleurs, Michel
Beaud propose une définition beaucoup plus large de ce concept. Pour
lui, une problématique est un : « Ensemble construit
autour d'une question principale, des hypothèses de la recherche et des
lignes d'analyse qui permettent de traiter le sujet »36(*). Allant ainsi dans un
sens proche de celui que Beaud propose, ci-dessous seront
présentés : le problème, les questions et les
hypothèses de recherche.
V.1. Problème de recherche
Comme il a été mentionné plus haut, ce
sujet naît de plusieurs questions-problèmes relatives au
théâtre camerounais. Dans les faits, il s'agit de deux
problèmes. L'un lointain et plus général, et un second
plus immédiat. Tout d'abord, le premier problème d'où
procède ce sujet est la mauvaise santé quasi
généralisée de tous les secteurs du théâtre
camerounais. Déjà dès 1987, le premier grand colloque
organisé sur le théâtre au Cameroun37(*) essaie de faire le bilan et
surtout de proposer des voies de solution. Il est ainsi question de
dévier la mauvaise trajectoire vers laquelle ce théâtre
s'est enfourché. Une lecture des libellés d'une grande partie des
communications le démontre d'ailleurs à suffisance. Aussi, dans
son mot de bienvenue, Bole Butake ne manque pas de préciser l'intention
salvatrice de ce colloque en ces termes nuancés :
The intention of this symposium is to systematically take
stock of what is going on with regards to theory and practice of drama and
theatre arts in this country from period even before independence to the
present day; and attempt the projection of direction that this art is going in.
Dramaturgy must be understood to mean the art of script-writing for dramatic
performance. Drama is primarily role-playing or impersonation with the
possibility of story element (enhanced by conflict) enacted by actors who
impersonate the actions and eventually speeches of the characters involved in
the action of the story, before an audience or spectators. The ultimate effect
of such a dramatic performance should be the transport of emotions and the
communication of a message38(*)
L'analyse du contenu de cet extrait de discours, revêt
donc pour ainsi dire la portée d'une leçon d'art dramatique que
le locuteur dispense à ses récepteurs. Ce qui connote dès
lors un état insatisfaisant du théâtre au Cameroun.
Dans la même lancée, un autre colloque
organisé dans le cadre de la 6ème édition des
Rencontres théâtrales internationales de Yaoundé39(*), dont les actes sont contenus
dans l'ouvrage intitulé Théâtre africain, de
l'écriture dramatique au jeu scénique, met également
en exergue un ensemble de problèmes mais aussi de viatiques qui
pourraient contribuer au redressement du théâtre camerounais.
Parmi les problèmes, figure en bonne place celui des infrastructures.
Celui-ci fait d'ailleurs l'objet d'un article de Butake40(*), dans lequel l'auteur pense
que l'absence de salles de théâtre est l'un des facteurs qui
annihilent la qualité des spectacles de théâtre
camerounais.
Mais au-delà de tous ces propos, ce sujet naît
plus directement du constat de l'absence quantitative d'édifices
conventionnels spécialement dédiés à la pratique du
théâtre au Cameroun. C'est le principal problème du
présent sujet. Cette modeste quête, se donne donc pour objectif de
comprendre l'état actuel de l'activité théâtrale au
Cameroun, à travers une étude du lieu théâtral. Le
lieu théâtral étant le point de convergence des
différents acteurs du monde théâtral, la salle devient pour
ainsi dire la condition même d'existence du théâtre dans un
pays. C'est elle qui permet véritablement de créer et d'exposer
le produit théâtral pour que celui-ci soit consommé par le
public. La compréhension des tares du lieu théâtral au
Cameroun s'avère donc nécessaire, car pouvant faciliter le
traçage de quelques pistes utiles à une redynamisation du
théâtre camerounais. Mais pour arriver à cette fin,
plusieurs questions de recherche émergent de cet objectif et permettent
de mieux cerner le problème.
V.2. Questions de recherche
La présente recherche répond à une
question principale à savoir, quelle est l'influence de
l'état du lieu théâtral sur la pratique et la consommation
du théâtre au Cameroun ? A cette question viennent se
greffer plusieurs questions secondaires qui la développent :
Quelles observations générales peut-on faire de l'état des
lieux des salles abritant les événements théâtraux
dans la ville de Yaoundé ? Quelles sont les répercussions de
cet état sur les différents maillons oeuvrant à
l'existence du théâtre camerounais ? S'il s'avérait
que le lieu théâtral constitue un frein majeur au
développement du théâtre camerounais, quelles peuvent
être quelques pistes de solution à cette situation
gangreneuse ?
V.3. Hypothèses de recherche
Les hypothèses d'une recherche sont l'ensemble des
réponses que le chercheur émet face à la
problématique soulevée par le sujet, et qu'il vérifiera
grâce aux résultats obtenus au terme de son enquête.
Laurence Bardin n'affirme pas le contraire, puisqu'il la définit
comme : « une affirmation provisoire que l'on se propose de
vérifier (confirmer ou infirmer) par le recours aux
procédés d'analyse. C'est une supposition dont l'origine est
l'intuition et qui reste en suspens tant qu'elle n'a pas été
soumise à l'épreuve des données
sûres »41(*). L'énonciation des hypothèses suivantes
s'avère donc nécessaires car celles-ci permettent de guider la
présente recherche en balisant sa problématique
V.3.1. Hypothèse principale
L'hypothèse centrale de ce sujet stipule que l'absence
d'édifices théâtraux conventionnels42(*) aurait un impact
négatif considérable sur la pratique et la consommation du
théâtre au Cameroun.
V.3.2. Hypothèses secondaires
1. Les principaux lieux abritant les spectacles
théâtraux dans la ville de Yaoundé présenteraient
des tares soit sur le plan marketing, soit sur le plan technique et
esthétique (architectural), soit sur ces trois plans.
2. L'absence de lieux théâtraux conventionnels
influencerait les différents acteurs du théâtre
camerounais, en ceci qu'elle conditionnerait négativement leurs
activités, et se refléterait sur leurs oeuvres à travers
une esthétique minimaliste.
3. Les salles de théâtre de la ville de
Yaoundé ne favoriseraient pas un afflux de spectateurs lors des
représentations, ainsi qu'une bonne réception des spectacles.
VI. Cadre théorique
Pour Benjamin Alexandre Nkoum, le cadre théorique
« est un ensemble de connaissances, concepts, théories,
références qui permettent de décrire, d'expliquer et
d'analyser la question de recherche ou l'hypothèse
énoncée »43(*). En d'autres termes, ce sont des
démonstrations, des jugements et des propositions logiques émises
par d'autres chercheurs, et ayant fait leurs preuves dans le domaine de
spécialisation du chercheur ou dans tout autre domaine reconnu. Le
présent sujet s'intitulant L'impact de l'état du lieu
théâtral sur la pratique et la consommation du
théâtre au Cameroun : le cas de Yaoundé ;
l'objectif principal étant de démontrer l'influence qu'exerce le
lieu théâtral dans la crise que traverse cet art au
Cameroun ; il va sans dire que le sujet s'inscrit dans le domaine du
théâtre. Mais qu'à cela ne tienne, afin de jouir d'une
immense liberté d'explorer notre objet d'étude, et d'atteindre
conséquemment le but fixé, il semble nécessaire de
recourir à un cadre théorique interdisciplinaire ;
théories qui toutefois s'homogénéisent une fois
passées au creuset de cet objet d'étude. Le cadre
théorique de cette recherche empreinte donc à plusieurs domaines
de recherche.
Les principales approches théoriques qui seront
employées proviennent des disciplines ci-après : la
psychologie, le théâtre, et le marketing.
Dans un premier temps, nous aurons recours à la
psychologie, ou plus précisément à une approche
psychologique. La psychologie peut se définir comme cette
science-là qui étudie les faits psychiques, c'est-à-dire
ceux qui concernent l'esprit, la pensée, la vie mentale. Elle regroupe
diverses branches telles que la psychologie clinique, la psychologie
expérimentale, la psychologie de l'enfant, et la psychologie de
l'apprentissage. Egalement, elle a connu tout au long de son
développement plusieurs courants de pensée à l'instar du
comportementalisme. Les comportementalistes encore et couramment appelés
les behavioristes, constituent un courant de pensée qui connaît
son essor dès le début du XXe siècle et exerce une
influence notable sur la discipline tout au long de la première
moitié de ce siècle. Il est connu notamment grâce aux
travaux d'Yvan Petrovitch Pavlov, de John B. Watson, ou encore Burrhus Skinner
et Edwin R. Guthrie qui tentent chacun à leur manière
d'expliquer le fonctionnement du comportement. Les behavioristes se donnent
pour objectif de se restreindre à l'étude des comportements
observables, récusant ainsi les faits mentaux. Selon cette école,
la plupart des comportements humains seraient la résultante d'un ou
plusieurs stimuli extérieurs. Le comportement devenant ainsi la
Réponse (R) à ces Stimuli (S). Le behaviorisme peut mieux se
résumer avec Aurèle St-Yves qui
écrit : « Le behaviorisme signifie
littéralement science du comportement. Il vise à définir
les conditions situationnelles auxquelles un individu est confronté et
à enregistrer rigoureusement les réponses
correspondantes »44(*). Grâce à la théorie
behavioriste, nous tenterons de vérifier l'hypothèse secondaire
numéro deux, en examinant si le contexte infrastructurel morose de la
ville de Yaoundé n'affecterait pas inconsciemment les producteurs du
théâtre (les acteurs, les dramaturges, et surtout les metteurs en
scène) lors de la phase conceptuelle de leurs processus de
création. En d'autres termes, la question est de savoir si le
minimalisme observé dans les mises en scène et dans certains
textes dramatiques camerounais, ne serait pas la résultante d'une
contrainte environnementale plus que toute autre volonté d'opérer
un renouveau esthétique.
A la suite de l'approche psychologique, nous aurons recours
aux théories de la mise en scène théâtrale. La mise
en scène, branche majeure de l'activité théâtrale
qui consiste à donner une vie scénique à un texte, est
apparue dans sa version la plus aboutie à la fin du XIXe siècle
grâce au Duc Saxe de Meiningen et surtout à André
Antoine45(*). Au cours de
son développement sans cesse perpétuel, elle a connu des
mutations notables grâce à des courants de pensée et
surtout à l'influence de certains praticiens. C'est dans cette
« anarchie théorique » que se dresse la
théorie du théâtre pauvre ou
« théâtre dépouillé », mise au
point par Jerzy Grotowski46(*). Rejetant les idées des Naturalistes, pour
pérenniser les voeux des Symbolistes, Grotowski prône un
théâtre pauvre en accessoires, en décors, en
lumières, sonorisation et effets spéciaux, mais dont la force
résiderait dans l'action et l'interaction entre acteurs et spectateurs.
Marie-Claude Hubert passant en revue les grandes théories
théâtrales, reprend la pensée de Grotowski qui
déclare :
En éliminant graduellement ce qui s'est
démontré être superflu, nous avons trouvé que le
théâtre pouvait exister sans maquillage, sans costume autonome ni
scénographie, sans lieu séparé de spectacle
(scène), sans effets de lumière ou de sons etc. Il ne peut pas
exister sans la relation acteur/spectateur, sans la communion de perception
directe, «vivante«.47(*)
L'analyse de la pensée grotowskienne, laisse donc
entrevoir le peu d'importance que tient l'espace (la salle dans son sens
moderne) dans sa conception du théâtre. Cependant, si l'entreprise
de Grotowski se présente comme une volonté manifeste de
rénover l'esthétique du théâtre,
étouffé par l'hyperréalisme du cinéma, il est
néanmoins convenable de déclarer qu'on ne pourrait parler
véritablement de théâtre pauvre que lorsque toutes les
conditions matérielles sont réunies (la salle) pour pouvoir opter
pour une autre approche de mise en scène moins minimaliste (le
naturalisme par exemple), et que le metteur en scène décide alors
délibérément d'embrasser le style grotowskien. Examinant
l'influence du lieu théâtral sur les produits du
théâtre camerounais, nous essayerons de démontrer que l'on
ne saurait en effet parler de théâtre pauvre au Cameroun au vu de
la raison sus-mentionnée. De là, ceci nous amènera
à démontrer que la définition de la notion de
« théâtre pauvre » ne peut s'affranchir du
contexte dans lequel elle est énoncée.
Enfin, pour ce qui est de l'étude de la consommation
théâtrale au Cameroun, nous aurons recours au marketing. Le
marketing simplement défini, peut être compris comme cette
activité qui recherche les moyens de produire l'effet escomptée
par un produit, une organisation ou une entreprise sur son public cible. Le
consommateur étant la plupart du temps la cible de toute
stratégie marketing, nous convoquerons ici les concepts de
notoriété de marque et celui d'image du point de vente48(*). La notoriété
est la connaissance que le public a d'une marque. L'image du point de vente ou
image du magasin est quant à elle l'ensemble des représentations
mentales que des consommateurs et potentiels consommateurs se font d'un point
de vente, et qui influencent leurs comportements vis-à-vis de ce
dernier. Ainsi, si un établissement de vente (un supermarché par
exemple) jouit d'une bonne notoriété ainsi que d'une bonne image
auprès du public, celui-ci sera enclin à être favorable
à cette boutique et/ou aux produits qu'elle propose. La
notoriété, ainsi que la théorie de l'image du point de
vente appliquée au lieu théâtral suppose donc une
attractivité de la salle variant en fonction de la connaissance, puis de
l'image que le grand public a de cette salle. Image qu'elle peut ou non
façonner d'elle-même. Vérifiant la troisième
hypothèse secondaire, ces deux notions de marketing nous permettrons de
déduire si les salles de théâtre de la ville de
Yaoundé jouissent d'assez d'atouts marketing pouvant leur permettre de
s'attirer la sympathie d'un potentiel public-consommateur du
théâtre.
Passé le cadre théorique qui vient d'être
énoncé au travers de ces trois approches, l'aboutissement de la
recherche nécessite également de mettre sur pied une
méthodologie adéquate et plus pragmatique.
VII. Méthodologie de recherche
La méthodologie peut être définie comme
l'ensemble de méthodes qui permettent d'atteindre un ou plusieurs
objectifs fixés au préalable49(*). Elle est indispensable de par son importance
à la bonne marche d'une recherche. Comme méthodologie, la
démarche qui permettra la vérification de nos hypothèses
et par ricochet l'atteinte des objectifs escomptés, s'appuie sur les
actions suivantes :
En ce qui concerne la première hypothèse
secondaire, nous avons procédé à des descentes sur le
terrain. Elles nous ont permis d'étudier le corpus sous l'angle
esthétique, et surtout technique et marketing. Cette étude du
corpus qui s'est faite à travers l'observation directe et des interviews
que nous ont cordialement accordées les responsables des
différentes salles qui constituent le corpus de notre recherche. Cette
démarche a été ensuite complétée par des
sondages effectués au moyen des questionnaires50(*). Les sondages ont ainsi
recueilli les opinions du public (habitué et non habitué de ces
différents lieux) quant à la qualité esthétique et
fonctionnelles des salles, et surtout quant à leur visibilité et
à celle des spectacles qu'elles diffusent.
Par ailleurs, afin de vérifier la seconde
hypothèse, nous sommes allés au coeur de l'univers
théâtral de la ville de Yaoundé, et avons rencontré
quelques acteurs de la pratique théâtrale (des metteurs en
scène en majorité). Pour ce faire, nous avons choisi des hommes
de théâtre ayant produit des spectacles au cours de l'année
2013. Toutefois, nous avons dû nous contenter de ceux qui étaient
accessibles. Nous avons ainsi procédé à des entretiens,
afin de mesurer l'impact qu'ont les problèmes du lieu
théâtral sur leur activité.
Par la suite, nous avons sélectionné plus d'une
dizaine de spectacles camerounais produits entre octobre 2012 et
décembre 201351(*).
L'analyse de ces spectacles a servi de socle et de point d'appui pour notre
étude sur le conditionnement des artistes du théâtre. Ces
spectacles ont ainsi été analysés sans toutefois entrer
dans leurs moindres méandres. Cette analyse s'est faite à travers
l'observation directe de leurs représentations ; celle des
résidences de création et le visionnage des dramatiques pour
certains. Aussi, la démarche analytique utilisée était
inspirée des lignes directrices du modèle opératoire issu
des travaux d'Anne Ubersfeld.
Enfin, pour ce qui est de la troisième hypothèse
qui essaie de comprendre le rôle du lieu théâtral dans la
consommation et la réception des spectacles. Nous avons eu recours
à deux catégories de questionnaires dont l'un était
ciblé et s'apparentait à une étude de panel52(*). Aussi, notre statut de
consommateur de théâtre dans la ville depuis près de six
ans, nous a également permis de mesurer les conditions de
réception du spectacle dans ces différentes salles.
En somme, le cadre méthodologique de cette recherche a
consisté à une étude de corpus, à une argumentation
basée en partie sur des spectacles théâtraux vécus,
à des sondages, et à des entretiens menés dans l'univers
théâtral de la ville de Yaoundé et ailleurs. Toutefois, il
est important de signaler qu'elle repose en amont sur une approche
documentaire. Cette dernière a ainsi permis d'explorer plusieurs livres,
mémoires, thèses et articles consacrés notamment au
théâtre (entre autres : le théâtre camerounais,
le lieu théâtral, la production théâtrale, la
technique du théâtre, la sémiologie théâtrale
et le théâtre en général), au marketing, au
management et à la psychologie53(*). Ces documents proviennent pour la plupart des
bibliothèques : de l'Institut Français de Yaoundé, de
l'université de Yaoundé I et de l'Ecole Supérieure des
Sciences et Techniques de l'Information et de la Communication (ESSTIC).
L'outil internet à travers le web, nous a également
proposé une quantité importante de documents numériques.
Pour clore cette section consacrée à la
méthodologie de cette recherche, il serait dérisoire de rappeler
que nous avons consciemment ou non, et ce le plus souvent à cause de nos
difficultés financières, eu largement recours à des
moteurs de recherche en ligne tels que Google et Aol54(*), ainsi qu'à la
célèbre encyclopédie en ligne Wikipédia. Cependant,
les informations tirées de ces derniers outils étaient toujours
confrontées avant d'être utilisées.
VIII. Délimitation du sujet et corpus
Notre recherche ne pouvant couvrir l'entièreté
de l'objet d'étude, il s'avère nécessaire d'y appliquer
des limites qui permettent de mieux cadrer le sujet, d'éviter des
égarements, et de rendre par conséquent la recherche efficace.
Les limites ici sont donc de plusieurs ordres. Elles concernent essentiellement
le cadre spatial et le corpus.
VIII.1. Délimitation spatiale
Le cadre spatial de cette recherche recouvre principalement la
ville de Yaoundé. Celle-ci étant la deuxième ville du
Cameroun sur le plan démographique et économique, et la
première sur le plan culturel. Le choix de Yaoundé s'explique par
son dynamisme sur le plan théâtral : la ville accueille en
effet la plupart des festivals, et abrite un grand nombre de troupes
théâtrales. C'est d'ailleurs la plupart du temps, la
première escale obligatoire d'une troupe nationale ou
étrangère en tournée au Cameroun. Déjà
dès 1987, Mathias Balla déclarait qu'au niveau de la production
théâtrale sur le plan national, Yaoundé contribuait
à hauteur de 81,7 % dans les recettes de la SOCADRA
(Société camerounaise du droit d'auteur)55(*). Il est par ailleurs important
de garder de vue que cette recherche se veut modeste, et n'est qu'une pierre
parmi tant d'autres qui pourront être jetées dans l'immense fleuve
que représente la recherche sur le théâtre camerounais.
VIII.2. Corpus
Ce sujet qui s'intitule L'impact de l'état du lieu
théâtral sur la pratique et la consommation du
théâtre au Cameroun : le cas de Yaoundé, traite
il faut le rappeler du problème des salles de théâtre au
Cameroun. Il met un accent sur les problèmes du lieu
théâtral, et leur impact sur le théâtre. Ainsi, dans
le cadre de cette recherche, le corpus sera uniquement constitué des
principales salles abritant les spectacles théâtraux dans la ville
de Yaoundé. Sans exclure les autres lieux théâtraux qui
existent, mais dont l'activité est plus que sporadique, notre corpus est
constitué de trois principaux lieux théâtraux, choisis sur
la base de leur dynamisme sur « la scène de
Yaoundé » ; et parce que constituant l'échantillon
représentatif de l'état du lieu théâtral au
Cameroun. Il s'agit dont de l'Institut Français de
Yaoundé56(*), du
Goethe-Institut Kamerun ; deux institutions qui appartiennent
respectivement à la France et à l'Allemagne et qui sont
présentes au Cameroun depuis plus d'un demi siècle. La
troisième salle qui vient compléter ce corpus c'est
OTHNI-Laboratoire de Théâtre de Yaoundé57(*).
Les différents spectacles choisis pour l'argumentaire,
constituent en quelque sorte un corpus secondaire. Ce sont tous des spectacles
produits par des hommes de théâtre camerounais, et dont la date de
la dernière représentation de chacun n'excède pas 18 mois
à compter de Janvier 2014. Aussi, ils se caractérisent tous par
des éléments scéniques minimalistes. De même ils ont
déjà été représentés dans au moins
deux des lieux théâtraux-corpus.
IX. Importance du sujet
Le présent sujet tire toute son importance de
l'état léthargique dans lequel est plongé le
théâtre au Cameroun depuis quelques années. En fait,
même si des efforts sont faits notamment au niveau de la
formation58(*), à
d'autres niveaux comme celui du financement ou encore celui des
infrastructures, ces mesures salutaires s'avèrent insuffisantes59(*). Nul besoin d'entrer dans une
enquête approfondie pour affirmer de prime à bord que le Cameroun
est mal loti en matière d'infrastructures théâtrales.
Cependant, cette quête scientifique vise néanmoins à jeter
quelques bases qui seront utiles dans le cadre d'un éventuel processus
de réforme de l'activité théâtrale au Cameroun. Elle
procède ainsi à une sorte d'autopsie du lieu
théâtral au Cameroun ; car l'importance d'une salle de
théâtre n'est plus à démontrer, ceci dans la mesure
où Jean Jacquot pensera que le lieu théâtral concilie
toujours le fait artistique et le fait social, et permet d'emblée de
cerner la complexité de l'art dramatique. Son étude
s'avère donc nécessaire parce que : « cet
interdépendance dans l'organisation du lieu théâtral entre
la fonction artistique et la fonction sociale, explique que son étude
nous donne une prise si complète sur l'ensemble de l'activité
théâtrale »60(*).
X. Intérêt du sujet
L'intérêt est défini par
Le Dictionnaire Larousse comme étant l'originalité,
l'importance de quelque chose ou de quelqu'un. Dégager
l'intérêt de la recherche consiste donc à démontrer
en quoi elle sera utile à tous ceux qui sont de près ou de loin
concernés par l'objet d'étude traité. Ainsi, avant que
d'énumérer les différents intérêts de la
présente recherche, il est nécessaire de rappeler que
même si cela ne transparaît que peu, son objectif majeur est
l'incitation à la construction d'édifices théâtraux
viables au Cameroun. Partant donc du postulat de la réalisation de ce
dessein, ce sujet présente dès lors plusieurs
intérêts. Les principaux sont d'ordre académique,
économique et socioculturel.
Sur le plan académique, la présente recherche de
par les objectifs énumérés ci-dessus, fournira un nombre
important d'informations utiles à la compréhension du
théâtre camerounais et de sa condition actuelle, ainsi qu'au
rôle prééminent que joue la salle de théâtre
dans le dynamisme de l'appareil théâtral. Elle contribue par
ricochet à l'enrichissement de la littérature sur le
théâtre camerounais et partant africain et universel. Ainsi, ses
résultats pourront servir à d'autres chercheurs qui pourront
compléter les leurs, ou alors approfondir ou améliorer la
présente recherche. Elle permet par ailleurs sur un plan personnel, au
jeune chercheur que nous sommes de travailler sur un des maillons essentiels de
la production théâtrale. Cette dernière étant son
domaine de spécialisation. De même, elle permettra d'approfondir
des recherches dans le domaine du marketing culturel. Le processus de formation
de l'image du point de vente mis au point dans ce travail, contribuera tout au
moins modestement à l'élaboration des prochaines recherches sur
les institutions culturelles en particulier, et les établissements de
loisirs en général61(*).
Sur un plan économique, il est indéniable qu'un
lieu théâtral bien organisé est indispensable à la
rentabilité financière de l'activité
théâtrale. A travers l'édification et la viabilisation des
lieux théâtraux, le théâtre pourrait à la
longue au Cameroun, être générateur de revenus tant pour
les praticiens que pour l'Etat qui en tirera un surplus en matière de
taxes. Dans la même lancée, si le théâtre est
considéré par certains tenants du marketing culturel comme un
produit culturel pouvant faire l'objet d'une stratégie marketing, on
comprend dès lors que la salle recouvre désormais un important
rôle économique, car c'est à travers la billetterie par
exemple que les praticiens du théâtre trouveront une grande partie
des sources de financement de leur activité. De même,
l'esthétique architecturale et la renommée d'un lieu
théâtral pourraient permettre d'attirer de nombreux touristes dans
une ville, et contribuer par là à sa renommée et au
développement d'autres activités génératrices de
revenus. Le cas de Broadway est assez illustratif de ces propos. Ce sujet se
révèle donc être un tremplin tant pour les pouvoirs
publics, que pour les investisseurs pour qu'ils puissent comprendre que la
construction des édifices théâtraux peut être un
investissement pleinement rentable, pourvoyeur de nombreux emplois.
Enfin, sur le plan socioculturel, l'édification des
lieux théâtraux à travers l'étendue du territoire
national, permettra une meilleure vulgarisation du théâtre, ainsi
que de la culture. De là, l'image écornée de l'art
théâtral au sein des sphères populeuses au Cameroun se
retrouvera anoblie. D'autres arts tels que la musique, le cinéma ou
encore la danse pourraient d'ailleurs bénéficier de ces espaces
pour ce qui est de leur diffusion. Il s'agit donc d'une part de mettre à
la portée de tous un loisir qui se révèle être sain,
car étant un puissant outil de divertissement et
d'éducation ; et d'autre part d'inculquer la culture artistique aux
populations.
En somme, la présente recherche présente un
intérêt pour les autorités en charge des arts et de la
culture62(*), les
collectivités territoriales décentralisées que sont les
régions les départements et les communes. Les praticiens du
théâtre, les populations camerounaises et mondiales, ainsi que
l'ensemble de la communauté scientifique, sont également les
potentiels destinataires de cette modeste recherche.
XI. Difficultés et limites de la
recherche
La présente recherche a certes été une
aventure passionnante, mais qui n'a toutefois pas été exempte de
difficultés. Désireux d'effectuer un panorama sur la notion de
lieu théâtral au chapitre premier, nous nous sommes heurtés
à l'absence de certaines ressources documentaires importantes. Cette
absence était due à la non disponibilité de ces ouvrages
dans la plupart des bibliothèques et librairies camerounaises, et
surtout à cause de leur prix prohibitif pour la modeste bourse du
chercheur que nous sommes. Plusieurs autres ouvrages importants sur le
marketing culturel et sur l'étude des points de vente, nous ont
également fait défaut pour les même raisons. Enfin, la
nature du corpus qui malheureusement est en majorité constitué
des centres culturels étrangers n'est qu'un reflet de la situation
théâtrale camerounaise caractérisée par un grand
dénuement sur plusieurs pans essentiels à son
épanouissement. Mais qu'à cela ne tienne, cette recherche se veut
un travail consistant. C'est le fruit d'un effort intellectuel et exploratoire
qui s'appuie sur un plan de travail ternaire.
XII. Plan de travail
Le plan de travail peut s'entendre ici comme les
différentes articulations qui constitueront le corps du sujet de ce
mémoire, et qui développeront l'objet d'étude afin
d'atteindre logiquement les résultats escomptés au travers des
hypothèses. Cela dit, ce mémoire s'étend sur trois
principaux chapitres.
Le premier chapitre est intitulé : Le lieu
théâtral dans l'art et dans la cité. Celui-ci essaie
d'effectuer (de façon non exhaustive) le panorama des connaissances en
ce qui concerne ladite notion afin de réaffirmer son importance, mais
surtout de poser les jalons devant servir de socle pour les chapitres suivants.
Pour ce faire donc, il essaie dans un premier temps de définir et/ou
d'orienter clairement les différents concepts renvoyant à
l'espace au théâtre, concepts qui la plupart du temps
s'avèrent difficiles à cerner au vu de leur
complexité63(*). Un
second axe d'étude concerne un bref aperçu de l'histoire et des
différentes mutations du lieu théâtral occidental et
partant africain et camerounais ; ensuite, il sera question d'aborder les
différents aspects d'une salle de théâtre. Allant dans ce
sens, l'étude débute par l'examen des parties essentielles d'une
salle de théâtre, évoque ensuite les principales
qualités d'une salle de théâtre viable, pour enfin
déboucher sur les ressources humaines oeuvrant pour le rayonnement de ce
type de lieu. Enfin, pour clore le chapitre, notre plume s'attarde sur les
rôles concrets que joue un édifice théâtral tant pour
l'activité théâtrale, que pour la société
tout entière. De là, la rétrospective des connaissances
sur le lieu théâtral, nous permet de rentrer de plein pied dans
notre étude, à travers un second chapitre.
Le second chapitre s'intitule Lieu théâtral,
praticien et création. Comme son nom l'indique, il aborde
l'environnement créatif des praticiens de théâtre
camerounais sous l'influence de l'état actuel du lieu
théâtral. Pour atteindre ce dessein, il débute tout d'abord
par une étude approfondie des principaux lieux théâtraux de
Yaoundé qui ne sont autres que les salles du corpus. Ensuite, dans un
second point, il explore tour à tour les différents
problèmes procédant de l'état du lieu
théâtral à Yaoundé. Dans un troisième temps
sont évoqués les principaux corollaires qui émanent de cet
état de fait. Quant au dernier point de ce chapitre, il est
dédié à la compréhension du comportementalisme et
de ses différentes théories de conditionnement ; à
l'adaptation de l'expérience de conditionnement de John B. Watson sur le
praticien de théâtre de Yaoundé, et les conséquences
qui en découlent logiquement. Le présent chapitre terminé,
il donne droit de cité au dernier chapitre qui lui s'intéresse
à la consommation théâtrale à Yaoundé.
L'ultime chapitre de cette recherche s'intitule : La
notoriété et l'image des lieux théâtraux de
Yaoundé. Son titre témoigne à suffisance de son
approche centrée principalement sur le marketing culturel. Ce chapitre
est bâti sur deux sous-chapitres. Le premier (intitulé le lieu
théâtral dans la sphère du marketing), étudie tout
d'abord quelques concepts et postulats importants concernant : le
marketing, les notions de marketing et le comportement consommateur de
théâtre. Dans un second temps, le deuxième point (de
l'image du point de vente vers l'image du lieu théâtral),
procède à l'adaptation-création de l'image d'un point de
vente à l'aide de celle d'un point de vente. Mais cette adaptation ne se
fait pas sans un rappel préalable des convergences et des divergences
entre ces deux entités « commerciales ». Le second
sous-chapitre se veut quant à lui plus empirique. Il débute par
un point consacré à l'appropriation du marketing par les lieux
théâtraux de la ville de Yaoundé, et s'achève par
des résultats et des clarifications concernant la
notoriété et l'image de ces différents lieux
théâtraux.
Les trois chapitres ci-dessus, sans toutefois
prétendre à l'exhaustivité, démontrent donc que le
lieu théâtral camerounais a un impact somme toute négatif
sur la pratique et la consommation du théâtre. Mais cette
démonstration est toutefois tout au long de son exécution,
parsemée de propositions, qui permettent de pouvoir concentrer ce
travail à ce « chapitrage » simpliste. Ceci dit,
à la suite de toute cette mise en voie, il est nécessaire
à présent d'introduire le premier chapitre de ce travail qui
comme nous l'avons déjà souligné, abordera des
généralités sur le lieu théâtral.
CHAPITRE I
LE LIEU THEATRAL DANS L'ART ET DANS LA
CITE
Le présent chapitre se présente comme
l'entrée en matière de cette recherche qui concerne le lieu
théâtral au Cameroun. Avant que d'entrer de plein pied dans le
traitement de la problématique, il est nécessaire
d'établir un résumé des connaissances sur le lieu
théâtral ; connaissances qui par ailleurs, seront d'un apport
considérable dans l'élaboration et même la
compréhension des chapitres suivants. Ce chapitre s'articule donc sur
quatre points qui tour à tour traitent du théâtre et de ses
espaces ; de la genèse et de l'évolution du lieu
théâtral ; des principales généralités
sur le lieu théâtral ; et enfin des fonctions d'un
édifice théâtral. Néanmoins, avant que de
débuter cette exploration, il est nécessaire de signaler que
certains ouvrages du fait de leur importance seront abondamment cités
ceci parce que le chapitre est bâti essentiellement à partir des
sources documentaires et expérientielles du chercheur que nous sommes.
I. Le théâtre et ses espaces
I.1. Les principaux espaces du théâtre
De par son essence, le théâtre est un art de
l'espace64(*). En effet,
Il n'est pas inédit de rappeler que ce mot provient
étymologiquement du mot grec « theatron »,
puis du mot latin « theatrum » qui signifient
« le gradin, le lieu d'où l'on voit »65(*). De même, une
observation attentive de l'activité théâtrale
démontre aisément que les praticiens de l'art dramatique sont des
travailleurs de l'espace. Aussi bien le dramaturge, le metteur en scène
que l'acteur pour ne citer que ceux-là, tous ces
« architectes du théâtre» bâtissent
leurs arts en partie sur le support espace. C'est ce qui permet à
Etienne Calais et Marie-Anne Bonnabel d'en déduire que :
« [...] toute démarche créatrice de
théâtre intègre le traitement de
l'espace »66(*). L'espace au théâtre se manifeste ainsi
tant dans le texte où il est essentiellement virtuel, que dans la
représentation où il allie souvent cette virtualité
à une sorte de délimitation qui est la plupart du temps physique,
et marquée par une construction architecturale.
Cependant, l'objet du présent propos n'est pas de mener
une réflexion sur la raison d'être des différents supports
spatiaux du théâtre, mais plutôt sur les définitions
et dénominations qui émergent de ces espaces, telles
qu'appliquées au quotidien par plusieurs érudits et praticiens.
Il en ressort ainsi que les espaces au théâtre sont
généralement délimités en deux catégories de
concepts qui les définissent : il s'agit des concepts à
« espace», et de ceux à « lieu ». Dans la
première catégorie, il se dégage principalement des termes
tels que « espace théâtral »,
« espace scénique », ou encore « espace
dramatique ». Il existe également une pléthore d'autres
espaces que Patrice Pavis répertorie dans son « analyse des
spectacles », mais dont l'incidence sur le fait théâtral
ne nous semble pas toujours ostensible, et qui ne contribuent qu'à
créer une confusion dans l'esprit du lecteur-analyste67(*). Quant à la seconde
catégorie de concepts, les mots « lieu
théâtral » et « lieu
scénique » en sont le corollaire. Au vu donc de cette
pluralité de concepts, il est nécessaire d'examiner les
problèmes définitoires qu'ils posent dans leur utilisation
quotidienne.
I.2. Des définitions complexes
Tout d'abord, en ce qui concerne l'espace, il est
défini comme une étendue indéfinie qui contient et entoure
tous les objets. De cette définition issue du Dictionnaire
Larousse, l'espace théâtral peut être entendu comme
l'espace réservé au théâtre et l'espace
scénique comme l'espace de la scène. Si l'on s'en tient aux
principales définitions de Bablet, Ubersfeld, Pavis, ou encore Bonnabel,
il en ressort que l'espace théâtral est pendant le spectacle
l'ensemble spatial constitué des comédiens, des spectateurs et
autres techniciens. Cet ensemble est généralement
représenté par la salle. Logiquement, l'espace scénique
devient quant à lui l'espace réservé aux comédiens
et à leur présence avant, pendant et entre les scènes de
jeu. C'est Patrice Pavis qui définit avec plus ou moins de clarté
ce second concept, faisant de lui le « lieu où
évoluent les acteurs et le personnel technique : l'aire de jeu
proprement dite et ses prolongements vers les coulisses, la salle et le
bâtiment théâtral »68(*).
Cependant, bien que ces définitions semblent assez
claires à première vue, il est à noter que l'espace
théâtral est à appréhender suivant le
contexte : ainsi, sur un plan élargi, l'espace
théâtral désignera ainsi une aire géographique
urbaine dédiée à la pratique du théâtre. Ce
qui le rapproche nettement de la définition du lieu
théâtral qui sera abordée par la suite ;
également, le mot espace théâtral peut également
servir à désigner l'univers théâtral professionnel
d'une aire géographique. Parler d'espace théâtral
camerounais reviendrait ainsi à évoquer l'activité
théâtrale camerounaise dans son ensemble.
Dans ses deux ouvrages de référence Lire le
théâtre I et II, Ubersfeld évoque de long en
large la notion d'espace théâtral. Abordée ici de
façon assez complexe, celle-ci tend quelquefois à l'assimiler
à l'espace fictionnel du
texte : « c'est-à-dire que l'espace
théâtral est le lieu même de la mimesis : construit
avec des éléments du texte, il devra s'affirmer en même
temps figure de quelque chose... »69(*). L'espace théâtral devient
donc le synonyme de l'espace dramatique; tantôt, il est défini
comme étant l'espace de la représentation, et tout ceci ne permet
pas de dégager une définition précise et stable du concept
d'espace théâtral. Il en est de même pour l'ensemble des
autres notions, ce qui tend parfois à créer de la confusion dans
l'utilisation de ces termes.
Ensuite, pour ce qui est du mot
« lieu », il désigne un endroit précis, et
surtout localisable dans l'espace. Le lieu théâtral comme il l'a
été spécifié dès l'introduction de cette
recherche, désigne généralement le cadre
architectural70(*)
destiné à abriter les représentations
théâtrales. Bien que le mot « lieu » laisse
entendre un espace géographiquement repérable, le terme lieu
théâtral est le plus souvent utilisé pour désigner
la salle de théâtre. De même, le lieu scénique est la
partie de l'espace théâtral réservé au jeu des
comédiens, et pouvant être délimitée physiquement.
Toutefois, il est à noter que dans le Dictionnaire
encyclopédique du théâtre vol L-Z, M. Freydefont
assimile le lieu scénique à la salle de théâtre,
c'est-à-dire au lieu théâtral :
Un lieu scénique est un espace ayant ou pouvant
avoir qualité à la fois de scène et de salle. Cette
locution extensive désigne tout espace public, privé, urbain,
domestique, naturel, couvert ou à ciel ouvert, équipé ou
non, aménagé de façon provisoire ou permanente pour une
représentation dramatique, lyrique, chorégraphique, disposant
à cet effet d'une aire de jeu, et de service pour les acteurs, ainsi que
d'une aire de regard et d'écoute pour les spectateurs.71(*)
Pour donc définir ces quatre concepts (espace
théâtral, espace scénique, lieu théâtral et
lieu scénique), aucun critère rigide ne permet de parvenir
clairement à cette fin, et de pouvoir les catégoriser en espaces
fictifs et physiques. C'est pour cette raison qu'il semble indispensable de
classer ces termes de façon dogmatique à partir de leurs
définitions. Lesdites définitions ne revêtant rien
d'inédit, elles permettent tout simplement de borner ces concepts dans
le cadre de cette recherche, et d'en faciliter leur usage au quotidien.
I.3. Vers un dogme définitoire des concepts
Afin de désigner l' « espace
textuel »72(*),
la salle, et les espaces de la représentation, il semble utile de
classer tous les espaces fictifs sous l'appellation
d' « espace... ». Ainsi, l'espace dramatique
désignera l'espace fictionnel du texte théâtral,
c'est-à-dire celui pouvant être déduit des didascalies
intra et extra-diégétiques. L'espace théâtral
représentera quant à lui l'aire de la représentation qui
est constituée principalement de la salle avec ses regardés et
ses regardants. Enfin, l'espace scénique devra être
appréhendé comme toute la partie de la salle que foulent ou
qu'est censée fouler les comédiens lors de la
représentation.
Quant à ce qui concerne les termes à
« lieu... », ils désigneront tout simplement les
cadres physiques, les conteneurs d'espaces. Le lieu théâtral est
le conteneur de l'espace théâtral et par ricochet de l'espace
scénique, tandis que le lieu scénique est le conteneur de
l'espace scénique. En d'autres termes, le lieu théâtral et
le lieu scénique représentent respectivement la salle et le
plateau de scène. La scène pouvant être une plate-forme
bien délimitée ou alors aller au delà de cette plate-forme
pour envahir la salle. La salle de théâtre est donc l'hyper-espace
du théâtre. Un hyper-espace qui connaît des mutations
perpétuelles depuis plusieurs millénaires.
II. Genèse et évolution du lieu
théâtral
II.1. Genèse du lieu théâtral
Les premiers lieux théâtraux sont nés en
Grèce, pays où le fait théâtral tire officiellement
ses origines au Ve siècle avant Jésus Christ. La
genèse du lieu théâtral est intimement liée à
la tragédie antique et à son développement ; car si
les racines de cette dernière puisent dans les cultes dionysiaques
organisés notamment à Athènes, il en est de même
pour le lieu théâtral.
En effet, Rush Rehm dans son ouvrage intitulé Greek
tragic theatre73(*)
illustre à travers un chapitre consacré au théâtre
de Dionysos, la naissance et le développement de l'édifice
théâtral à la grecque. Ainsi, au centre de l'agora qui
était le coeur administratif et commercial de la ville, des hommes
avaient coutume de former un cercle et d'entonner des chants dithyrambiques
destinés au dieu Dionysos. Mais au fil du temps, à cause des
contraintes urbaines liées à l'expansion démographique de
la cité, ce choeur se voit obligé d'investir le flanc de montagne
situé à l'extérieur de la ville. Ce flanc de montagne
offrait déjà un cadre spatial vaste, ainsi qu'une courbe
naturelle permettant d'abriter d'éventuels spectateurs, une sorte de
préconfiguration du théâtre grec tel que connu à ce
jour. Les constructions définitives du théâtre grec ne
viendront donc que s'adapter à ce paysage naturel qu'offraient ces
espaces. Premièrement espace vides, ces lieux théâtraux
abriteront par la suite des gradins et des lieux scéniques en bois, puis
dans leur ultime stade d'évolution comme l'illustre le
théâtre d'Epidaure, le lieu théâtral grec sera
bâti en pierre. Rehm situe ainsi le quatrième ou le
troisième siècle avant Jésus Christ comme étant la
période de l'aboutissement de l'architecture théâtrale
grecque : « the form of the greek theatre, including the
orchestra, did not become standardized until relatively late, probably under
the influence of the theatre at Epidauros (with the first bone fide circular
dancing place), built in the late fourth/third century »74(*).
Le lieu théâtral grec est donc l'ancêtre de
l'architecture théâtral telle qu'elle s'est
développée en occident et ailleurs75(*) au fil des siècles.
Cette enceinte dans laquelle se représentent les mythes et les travers
de la société, se présente sous la forme d'un grand espace
semi-circulaire et élevé, constitué de trois principales
entités que sont : Les gradins, l'orchestra et le proscenium. Les
gradins de pierre (koilon) forment un hémicycle élevé,
adossé au flanc d'une montagne, et pouvant accueillir des dizaines de
milliers de spectateurs. Au pied de l'hémicycle se trouvent les deux
principaux espaces de jeu. Il s'agit dans un premier temps de l'orchestra, qui
est un espace circulaire réservé au choeur qui chante, danse et
rythme le drame tragique ou comique. Au milieu de l'orchestra se trouve
toujours l'autel de Dionysos (thymélé) qui démontre
à suffisance le caractère religieux du lieu théâtral
grec. L'orchestra est suivi du proscenium qui est la scène sur laquelle
jouent les trois comédiens de la tragédie grecque. Les passages
réservés à l'entrée du choeur (parodos) se trouvent
généralement des deux côtés du proscénium.
Derrière la scène, se dresse enfin un mur de scène
(skéné) serti de trois portes d'un bout à l'autre, et
représentant généralement la façade d'un palais. Le
mur de scène permet de cacher les comédiens de la vue du public
lors des changements de costumes, et fait également office de
régie technique76(*). Le théâtre grec apparaît ainsi
comme un édifice simple, mais dont la forme et l'emplacement
géographique offrent une visibilité et une acoustique parfaites
aux spectateurs77(*).
C'est ce théâtre dont les vestiges ont survécu aux affres
du temps qui constitue le point de départ de l'évolution du lieu
théâtral en occident, évolution qui se repartit en grandes
périodes.
II.2. L'évolution du lieu théâtral
Afin d'effectuer un panorama de l'évolution du
lieu théâtral, le recours à la classification
illustrée par M Freydefont, et inspirée de Louis Jouvet, semble
nécessaire. En effet, l'auteur distingue cinq principaux ordres ayant
régi l'évolution de l'architecture théâtrale. Il
s'agit de l'ordre antique, de l'ordre médiéval, de l'ordre
Elisabéthain, de l'ordre classique et enfin de l'ordre moderne78(*). Une partie de l'étude de
l'ordre antique ayant déjà été
épuisée dans les paragraphes précédents, les lignes
qui suivent viennent compléter cette étude.
II.2.1. Le lieu théâtral romain
A la suite de la naissance du théâtre et à
fortiori du lieu théâtral en Grèce, la première
grande mutation que connaît le lieu théâtral a lieu dans la
Rome antique79(*). La
Grèce étant la première civilisation occidentale
d'envergure, il en ressort qu'elle a largement inspiré Rome sur
plusieurs plans, y compris sur le plan artistique. Le théâtre
romain est d'abord et avant tout un archétype du théâtre
grec ; cependant, quelques éléments saillants tant sur le
plan architectural qu'organisationnel viennent le différencier de ce
dernier.
Le théâtre romain80(*) est un immense édifice construit au coeur
même de la cité et revêtant une forme close. Ici,
l'orchestra prend la forme semi-circulaire, et le mur de scène (Frons
Scaenae) devient un élément très magnifié. Il
s'agit d'un large bâtiment représentant la façade d'un
palais, élevé à la même hauteur que les gradins
(Cavea), et richement décoré avec des statues de
personnalités importantes, des pylônes, des inscriptions diverses,
et même des butins de guerre.
Sur le plan organisationnel, le théâtre romain
est un remarquable exemple de ségrégation humaine. L'occupation
des places y est en effet hiérarchisée grâce à une
réglementation mise sur pied par l'empereur Auguste. Les places
d'honneur sont réservées à la famille impériale.
L'orchestra81(*) et les
premières rangées de la cavea (Ima Cavea) sont occupées
par des personnalités (magistrats, chevaliers, scribes etc.) et autres
invités d'honneur du roi, et/ou du bienfaiteur qui offre la
représentation à la cité. Les rangées du milieu
(Media Cavea) sont quant à elles réservées aux citoyens
ordinaires, à condition qu'ils soient vêtus d'une toge. Les
rangées du haut (Summa cavea) enfin sont occupées par les
citoyens sans toges, parfois par les femmes et les esclaves. Elles sont les
moins confortables. Aussi, toute ces subdivisons de la cavea sont
marquées par un espace appelé vomitoire (Vomitorium ou
Praecinctorium) Le lieu théâtral romain est si bien
organisée à telle enseigne que, des motifs inscrits sur le ticket
d'entrée, jusqu'aux passages souterrains d'accès, en passant par
les noms de personnes inscrits sur plusieurs sièges, tout est fait pour
entretenir cette séparation des classes. C'est d'ailleurs ce
qu'évoque Frank Sear lorsqu'il déclare que :
« [...] the laws of discrimana ordinum were more strictly
enforced in the theatre than in any other building of public spectacle
»82(*).
Cependant, il est indéniable que le lieu
théâtral romain marque un tournant important dans
l'évolution de l'architecture théâtrale. Ceci
principalement à travers le mur de scène pittoresque,
conférant inéluctablement au spectateur une certaine illusion
réaliste du spectacle. Cette illusion est par ailleurs nourrie par le
velum, qui est une sorte de toit recouvrant l'entièreté de
l'édifice théâtral afin de protéger les spectateurs
de la canicule (puisque les spectacles ne se tiennent ici qu'en
journée), et aussi, logiquement, de mieux retenir leur attention sur
l'activité scénique.
II.2.2. Le lieu théâtral
médiéval
Le Moyen-âge, période qui
s'étend de la chute de l'empire romain jusqu'au XVe
siècle, n'a véritablement pas développé un
modèle-type d'architecture théâtrale83(*). Caractérisé par
une certaine anarchie où diverses formes (allant du religieux au
profane) se côtoient, le théâtre ici se joue principalement
dans des lieux transformés aux fins d'abriter cette action. Il n'existe
en effet aucun théâtre permanent au Moyen-âge ; et si
le théâtre se pratique, il a comme support spatial des lieux
sacrés (intérieurs et porches des églises et des
évêchés, enceintes des couvents, cimetières), mais
aussi des places publiques telles que les marchés84(*). Dans ces dernières, de
larges tréteaux reposant sur quelques tonneaux et adossés au mur
d'une bâtisse servent de lieux scéniques pour les acteurs qui
jouent devant une foule de personnes amassées devant la scène.
Toutefois, il est à noter que la scénographie
des mystères85(*)
est assez remarquable. Celle-ci est la somme de la pensée religieuse
chrétienne concernant la mort et le jugement dernier. En effet, alors
que le public suit l'action qui se déroule sur le tréteau, ce
dernier est décoré de mansions qui sont des galeries qui peuvent
être disposées de façon linéaire, ou être tout
simplement superposées. Dans ce dernier cas, il en existe trois sur la
scène : celle du bas représente un animal féroce et
hideux crachant du feu. C'est l'enfer. La mansion du milieu est le purgatoire
et est pratiquement semblable à l'enfer. Et enfin, tout en haut, se
trouve le paradis ; une mansion décorée par des toiles
peintes représentant les nuages d'un ciel bleu, ainsi que les anges
entourant un grand barbu qui n'est autre que Dieu. Toute cette construction est
complétée par un dispositif d'échelles qui symbolise
l'ascension que doit suivre l'âme du bon chrétien : monter
vers le paradis86(*).
Si le Moyen-âge n'a pas pu développer un
véritable modèle d'architecture théâtrale, c'est en
partie à cause de l'emprise de l'église sur la
société à cette époque. L'église condamne
tout d'abord le théâtre87(*) avant de s'en servir plus tard comme outil
d'évangélisation et d'éducation des masses
illettrées, à travers les mystères et les
miracles88(*). Toutefois,
ce que le Moyen-âge offre d'inédit à l'évolution du
lieu théâtral, c'est cette proximité, cette communion entre
acteurs et spectateurs, où les deux entités
« devisent » librement tout au long du spectacle et sans
contrainte aucune et dans une atmosphère totalement amicale.
II.2.3. Le lieu théâtral
Elisabéthain
Le théâtre élisabéthain89(*) marque une autre étape
importante dans l'évolution du lieu théâtral occidental.
Suivant l'exemple des corrals en Espagne qui sont ces théâtres
tirant profit des façades des grandes concessions pour en faire des
lieux théâtraux, les spectacles élisabéthains ont
tout d'abord lieu dans les cours des auberges. Ici, une partie du public se
tient debout devant une scène construite en planches sur la cour. Tout
autour de la scène et sur les vérandas de l'auberge, l'autre
partie du public observe le spectacle. Par la suite, grâce à la
professionnalisation de l'art dramatique encouragé par Elisabeth I, les
premiers théâtres permanents sont construits90(*) sur le modèle des
précédents.
Le théâtre élisabéthain91(*) devient donc un ensemble de
galeries surélevées, de forme polygonale ou ronde, qui entourent
sur ses trois faces, une scène située dans la cour. Ces galeries
servent à accueillir l'auditoire qui est soit assis sur les bancs, soit
tout simplement debout. La scène située tout au bas de la galerie
possède un mur de scène (une partie de la galerie), qui donne
accès à un local qui permet aux acteurs de changer de costumes
sans être vus du public. De même, il existe dans ce
théâtre, des extensions souterraines qui servent à
accueillir les musiciens et des spectateurs pour des activités diverses.
Devant la scène, et comme au Moyen-âge, de nombreux spectateurs
regardent le spectacle debout92(*). Il est à signaler qu'avec le
théâtre élisabéthain, l'activité
théâtrale devient entièrement professionnelle et
mercantile. Conséquemment, l'accès aux théâtres qui
pouvaient contenir jusqu'à deux milles spectateurs devient
entièrement payant.
La période élisabéthaine voit sa fin avec
l'interdiction du théâtre et la fermeture des salles par le Roi
Cromwell. Toutefois, l'architecture théâtrale connaîtra l'un
de ses modèles les plus prestigieux à la renaissance, ceci avec
le développement du lieu théâtral dit à
l'italienne.
II.2.4. Le lieu théâtral à
l'italienne
De toute l'histoire de l'évolution du lieu
théâtral occidental, la salle à l'italienne93(*) est celle qui connaît un
succès et un écho plus retentissants. Développée en
Italie à partir du XVIe siècle94(*), grâce à la
redécouverte, à l'admiration et la réappropriation des
techniques des architectes de la Rome antique, et aux progrès
récents effectués en peinture notamment dans le domaine de la
perspective, le théâtre à l'italienne connaîtra son
époque de gloire jusqu'à la fin du XIXe siècle
avant l'émergence des idées symbolistes dans le
théâtre.
Sur un plan externe, le théâtre à
l'italienne revêt le plus souvent l'aspect d'un joyau architectural,
d'une bâtisse pittoresque95(*) et entièrement close. Mais qu'à cela ne
tienne, ses caractéristiques fondamentales, critères de sa
différenciation d'avec ses précurseurs, sont à retrouver
à l'intérieur de l'édifice à travers l'organisation
de l'espace théâtral et de ses annexes96(*).
Tout d'abord, la scène d'un théâtre
à l'italienne, présente toujours la forme d'une boîte (cage
de scène) ouverte sur le côté avant (côté
public). Cette face avant est délimitée de la salle par une barre
appelée cadre de scène. La cage de scène est
structurée en trois grandes parties : du haut jusqu'au dessus on
retrouve ainsi les cintres, le plateau et les dessous. De même, les
côtés situés à gauche et à droite de la cage
de scène sont respectivement nommés côté cour et
côté jardin97(*). Sur le plateau qui sert d'espace de jeu pour les
comédiens, la scène à l'italienne est s'illustre de par
l'illusion du vrai qu'elle parvient à obtenir auprès du
spectateur. Celle-ci d'après Ubersfeld se doit de toujours reproduire
exactement un lieu réel, connu du spectateur98(*). Afin d'atteindre ce dessein,
la scène à l'italienne use donc des décors peints suivant
les règles de la perspective, et d'autres décors construits et
effets spéciaux qui apparaissent sur scène grâce à
une impressionnante machinerie située aux cintres et dans les dessous,
et qui est totalement invisible du public afin de conserver ce caractère
illusionniste.
Au niveau de l'espace de l'auditoire qui constitue la seconde
partie de l'espace théâtral, il faut le rappeler que grâce
à sa scène focalisante de type « à
reculement »99(*), permettant ainsi une distinction nette entre espace
de regard et espace de jeu, le théâtre à l'italienne trouve
l'une de ses principales caractéristiques qui la définissent. En
effet, les spectateurs assis soit sur le parterre, soit sur les
différents balcons, suivant leurs statuts sociaux, regardent l'action
qui se déroule dans ce lieu censé être réel. Ils ne
peuvent donc briser cette barrière virtuelle séparante100(*), et se doivent de rester
« sagement » cloîtrés dans leurs
différents sièges.
Entre sa forme et la sophistication de sa scène, la
séparation voire la ségrégation de son public, et si l'on
exclut son caractère d'inadaptation à des pratiques dramatiques
innovantes, le théâtre à l'italienne représente
à son apogée le stade le plus abouti de l'évolution du
lieu théâtral. Les foyers, les coulisses, les ateliers et les
dépôts de costumes et d'accessoires présents dans les
grandes salles de théâtre confèrent à l'acte
théâtral, la stature d'un véritable fait social où
le public vient se divertir, entretenir des relations réciproques, et
étaler sa luxure. C'est d'ailleurs là bien des aspects de la
salle à l'italienne qui ne seront pas toujours acceptés et qui
conduiront à une véritable révolution du lieu
théâtral.
II.3. La fin du XIXe siècle et le début de la
révolution
Le XIXe siècle est le siècle des
grandes révolutions idéologiques, scientifiques et techniques en
Occident. Toutes ces mutations qui ont connu pour la plupart leur essor
après la révolution française, ne manquent pas d'affecter
l'art dramatique. Ainsi, les divers courants qui naissent et/ou gagnent en
importance dans le théâtre à cette période,
ajoutée à cela l'importance de plus en plus accrue du
métier de metteur en scène au théâtre, contribueront
à la remise en cause du théâtre à l'italienne. Cette
remise en cause se fonde en grande partie sur le caractère
élitiste voire exclusif de ce type de salle, ainsi que ses
défaillances techniques ne permettant pas toujours une liberté
créatrice, et partant l'épanouissement de l'art dramatique. Denis
Bablet résume ainsi les causes de la révolution architecturale au
théâtre. D'après lui, elles émanent des facteurs
sociaux, esthétiques, techniques, et cinématographiques101(*).
La révolution du lieu théâtral en
Occident, débute de façon concrète avec Richard Wagner, ce
créateur d'opéra qui en 1876 construit avec l'aide de
l'architecte Otto Brückwald, le Festspielhaus, un théâtre qui
se veut une adaptation du type à l'italienne. Parmi les réformes
de Wagner, il y a la création d'une scène en forme
d'éventail, en adéquation avec des gradins en hémicycle.
Ils permettent d'assurer une égale visibilité à tous les
spectateurs. De même, cette scène s'allonge vers le public,
brisant ainsi le quatrième mur. Il est également à noter
que dans le cadre de la création de son art total, Wagner augmentera la
fosse d'orchestre pour que la musique parvienne aux spectateurs comme si
provenant d'un lieu magique. Par la suite, le metteur en scène
naturaliste André Antoine viendra prolonger cette révolution
entamée par l'Autrichien en mettant un accent sur la plasticité
du décor, et en créant la pénombre côté
public pendant le spectacle102(*).
Au XXe siècle, les mutations du lieu
théâtral atteignent leur vitesse de croisière. Selon
Bablet, ces mutations prendront essentiellement quatre orientations : la
réadaptation des théâtres à l'italienne, la
conception de nouveaux modèles architecturaux, l'évasion hors des
salles et la création des salles transformables103(*). Mais il est clair que la
remise en question de la scène à l'italienne naît surtout
du souci de démocratisation de l'art théâtral qui se doit
d'aller à la recherche du public où qu'il se trouve, selon le
voeu de Roger Planchon. Il y a en outre la volonté pour les praticiens
de créer un modèle propice à des créations
scéniques inédites, ou plus radicalement, des salles pouvant
s'adapter à tout type de mise en scène. Ainsi, tout comme Appia,
Craig, Artaud, Piscator, Brecht, Copeau, Vilar, Grotowski, Schechner, Kaprow,
Schuman104(*), Reinhardt
démontre la nécessité d'une adéquation entre le
texte dramatique et son espace de représentation :
« [...] faites jouer de bons acteurs aujourd'hui dans une grange
ou dans un théâtre, demain dans une auberge ou à
l'intérieur d'une église, ou même, par le diable, sur une
scène expressionniste, si le lieu correspond à la pièce,
le résultat sera merveilleux. »105(*). Et à Gordon Craig de
renchérir que le théâtre idéal serait un
théâtre complètement modifiable selon les besoins d'une
mise en scène.
De par ce foisonnement et cet imbroglio dans le monde de
l'architecture théâtrale, il devient difficile en ce XXIe
siècle de déterminer le lieu théâtral type en
vigueur. Tant les expériences sont nombreuses et naissent
perpétuellement. Toutefois, il est possible d'établir une
typologie des lieux théâtraux bien que celle-ci ne puisse pas
rendre compte de tous les types existants.
II.4. Esquisse d'une typologie des lieux
théâtraux
Loin de reproduire la taxinomie des lieux
théâtraux effectuée par plusieurs auteurs106(*) sur la base de la forme de
la scène, elle-même influencée le plus souvent par la
disposition du public, nous tenterons ici de classer les lieux
théâtraux suivant des caractéristiques liées
à leur apparence physique, leur situation géographique, et enfin
leur statut fonctionnel. Cette classification est entreprise ici par le biais
de l'observation directe107(*).
Il est tout d'abord possible de rencontrer un lieu
théâtral clos ou en plein air. La forme close étant la
forme la plus récurrente ceci à cause des divers avantages
qu'elle offre en termes de confort et d'acoustique notamment. Il existe
néanmoins aussi beaucoup de lieux théâtraux construits
à ciel ouvert. Ce sont parfois des lieux trouvés comme la cour
des papes à Avignon108(*). Ils naissent à cause des raisons
économiques, esthétiques et surtout pour toucher au plus
près un public cible. A côté du fait qu'il puisse
être clos ou non, un lieu théâtral peut être permanent
ou non. Un lieu théâtral permanent est un édifice dont
l'emplacement géographique, ainsi que la fonction qui est la
réception du spectacle théâtral ne varient jamais. Les
théâtres non permanents sont quant à eux
érigés pour une période bien déterminée
correspondant généralement au temps d'une activité qui
peut être soit un festival soit une simple exhibition. Ainsi, un lieu
théâtral peut également être fixe ou mobile. Les
théâtres itinérants avec des scènes montés
sur des véhicules qui parcourent des espaces géographiques divers
offrant aux publics des représentations sont un exemple concret de lieux
théâtraux mobiles. Ensuite, les lieux théâtraux
peuvent être isolés ou incorporés. Ils sont isolés
lorsque l'observation extérieure de la bâtisse ou du cadre laisse
clairement transparaître sa fonction première. Par contre,
lorsqu'ils sont inclus à l'intérieur d'une supra-structure, ils
sont dits incorporés. C'est le cas de la plupart des salles de
théâtre au Cameroun. Puis, un lieu théâtral est
spécifique lorsqu'il a pour seule fonction la réception, des
faits théâtraux. Dans le cas où il accueille non seulement
des représentations théâtrales, mais également
toutes les autres formes de spectacles vivant, y compris parfois les
projections cinématographiques (comme cela est le cas au Cameroun), la
salle peut alors être qualifiée de polyvalente. Dans un dernier
temps, un théâtre peut être une salle de production ou de
diffusion. L'expression « salle production » est
utilisée ici pour désigner les salles où la
création du spectacle est coordonnée et faite entièrement
au sein de la salle ; les salles de réception sont quant à
elles celles qui ne s'occupent que d'exhiber des spectacles complètement
produits en externe. Cependant, il est à noter que la plupart des
théâtres de production cumulent le plus souvent ces deux
fonctions.
De là, il est clair que parmi les
caractéristiques de typologie des salles susmentionnées, un lieu
théâtral se retrouve toujours au milieu de six de ces
critères. Il peut ainsi être clos, fixe, permanent, isolé,
polyvalent et de production. Les études, diachronique et
critériologique du lieu théâtral achevées, il semble
indispensable de d'évoquer le lieu théâtral africain, et
partant camerounais, auquel cette recherche est principalement
consacrée
II.5. Le lieu théâtral
africain
L'Afrique noire est un continent riche en traditions
variées et séculaires. Ce sont elles qui représentent son
substrat culturel. De ces traditions, on y rencontre plusieurs manifestations
spectaculaires qui regorgent de nombreux traits de
théâtralité109(*). Ce sont donc ces rites, ces fêtes, ces
dialogues, ces chants, ces danses, ces jeux et ces épopées que de
nombreux auteurs africains et africanistes défendent comme étant
le théâtre négro-africain ou tout simplement le
théâtre africain. Cependant, la légitimité de toutes
ces manifestations traditionnelles comme étant de véritables
représentations théâtrales a souvent été mise
à mal comme on peut le constater à l'issue de la lecture de
l'ouvrage de Jacques Scherer consacré au théâtre de
l'Afrique noire francophone110(*). Mais qu'à cela ne tienne, le propos ici
n'est pas de d'ouvrir un débat sur l'existence ou non d'un
théâtre africain ; car si le théâtre comme nous
l'avons souligné plus haut est une rencontre entre deux groupes autour
de la re-présentation d'une tranche de vie, alors l'observation de
plusieurs manifestations spectaculaires africaines laisse croire à
l'existence d'un théâtre africain, bien que complexe et non
abouti.
Le théâtre africain est comparable à la
vie africaine. Une vie qui selon Thomas Melone donne toujours lieu à des
festivités quelque soit la circonstance111(*) ; une occasion de
rassemblement de toute la communauté autour d'un lieu
dédié. Ce lieu n'est généralement pas une
bâtisse couverte. A l'instar de Peter D. Arnott qui pense que la pratique
théâtrale chez les Grecs était à l'image de leur vie
qui se déroulait plus à l'extérieur112(*), il en est de même
pour l'Africain dont la majeure partie de la journée se déroule
hors des lieux clos. La case d'habitation par exemple devient juste un abri, un
havre de repos. Ainsi donc, le théâtre africain s'inscrit dans une
adéquation avec ce mode de vie tourné vers l'extérieur.
Comme le pensent Olenka Daarkowska-Nidzgorski et Denis
Nidzgorski : « Le théâtre africain se
déroule le plus souvent à l'extérieur comme toutes les
autres manifestations festives. C'est le cas du théâtre des
marionnettes qui peut avoir lieu dans tous les endroits du village sauf dans
les cases et les hangars. »113(*). Ces propos sont d'ailleurs corroborés par
Clément Mbom qui cite les lieux de prédilection du
théâtre africain114(*).
Le lieu théâtral dans le théâtre
originel africain est en outre à l'image de la conception africaine de
la vie. Une vie fondée sur la solidarité, la communion populaire
et l'exhibition des valeurs culturelles. Ceci s'illustre clairement dans les
propos de Scherer qui à la suite de d'une observation minutieuse de deux
manifestations populaires africaines115(*) conclut que l'espace théâtral africain
est caractérisé par son indifférenciation116(*); une
indifférenciation qui est marquée par la rupture de la
bifurcation de l'espace théâtral observable dans la salle à
l'italienne. L'espace théâtral africain par contre est un espace
de participation où acteurs et spectateurs tendent parfois à se
confondre.
Le lieu théâtral africain diffère donc
grandement de son double occidental. Il est avant tout une affirmation de
l'identité et de la spécificité du peuple noir, et est en
partie à l'origine du manque d'infrastructures nécessaires
à la pratique du théâtre occidental sur le
continent117(*).
II.6. Les lieux de représentation
théâtrale au Cameroun depuis 1960
Comme l'affirme Fofié, il n'a jamais été
érigé au Cameroun d'édifice spécialement
dédié à la pratique du théâtre. Cette absence
de lieux théâtraux conventionnels a été
comblée par des lieux non spécifiques qui ont permis
jusqu'à ce jour de « supporter » le
théâtre au Cameroun, et qui inversement n'ont pas toujours
favorisé le développement d'une véritable émulsion
pérenne de la scène théâtrale camerounaise. Le
théâtre camerounais étant beaucoup plus connu grâce
à ses dramaturges, que de par ses réalisations scéniques.
Continuant sur la lancée impulsée par le
théâtre colonial118(*) qui se déroulait dans les écoles et
les églises, le théâtre camerounais s'est accaparé
malgré lui d'autres lieux tels que les amphithéâtres des
universités et grandes écoles, les hôtels, les salles de
cinéma, les salles de conférences, et surtout les centres
culturels qui ont commencé à voir le jour quelques années
après les indépendances119(*). Il en résulte conséquemment que
l'activité théâtrale a été largement
influencée par ces lieux qui le plus souvent n'avaient pas la promotion
et le développement du théâtre comme vocation
première. C'est ainsi que la fermeture de toutes les salles de
cinéma a privé le théâtre camerounais de plusieurs
lieux de représentation, et aussi logiquement de nombreux publics. Il
est par ailleurs à constater la diminution voire la cessation des
spectacles professionnels dans les amphithéâtres et autres salles
de conférences.
Pour l'heure, le théâtre camerounais reste
majoritairement représenté dans les centres culturels
étrangers et locaux. La remarque qui s'impose dès lors de par ce
panorama rétrospectif, est celle d'une diminution drastique des lieux de
représentation depuis 1960, signe d'une agonie lente du
théâtre camerounais.
III. Généralités sur la salle de
théâtre
III.1. Les parties essentielles d'une salle de
théâtre
III.1.1. L'espace-public120(*)
Le lieu théâtral, lorsqu'il revêt la forme
d'une salle, est avant d'être un espace dédié à la
représentation de l'art théâtral, une sorte
d' « édifice de vie ». En effet, quand le futur
spectateur arrive dans une salle de théâtre, il ne se dirige
directement vers la grande salle121(*) que s'il accuse un retard vis-à-vis du
spectacle. Mais il s'arrêtera d'abord dans un espace qui lui est
dédié : il s'agit de l'espace public. Ainsi, avant, pendant
les entractes s'il existent, et parfois après le spectacle, les
spectateurs s'adonnent à diverses activités allant des causeries
à la simple contemplation des locaux, en passant par des achats divers,
la prise des repas et autres rafraîchissements. L'espace-public qui
accueille ce beau petit monde devient une composante indispensable d'un
théâtre. De façon basique, cet espace couvre
l'extérieur de la salle, jusqu'à l'ensemble de la surface du
bâtiment, excluant l'espace théâtral, les coulisses et le
bloc administratif. Il est constitué du parking, des guichets d'accueil
et d'information, de la billetterie, d'un foyer pourvu de meubles afin
d'éviter la station debout prolongée au public, ce qui peut
représenter une source d'ennui, de stress et de désistement pour
ce dernier. Le foyer mettra également à sa disposition plusieurs
toilettes. Mais dans des salles plus grandes, l'espace-public peut
également abriter entre autres, des boutiques, des galeries d'arts, des
kiosques à journaux, des bars, des restaurants, des salles de
conférences, des loges VIP, bref, il s'agit là d'une
ville-miniature au sein d'un théâtre.
Cependant, au-delà de toutes ces extensions qui
naissent en partie de la volonté de mieux rentabiliser
économiquement la salle de théâtre, le plus important
demeure : aussi vrai que le public a besoin d'un cadre confortable pour
consommer le spectacle, il demande également le même cadre pour ce
qui est de son extra-spectacle ; parce que comme l'écrit Judith
Strong : « The theatrical experience commences upon arrival
at the theatre. »122(*). Il s'agit donc de mettre autant d'emphase sur
l'esthétique et la fonctionnalité de l'espace public comme cela
est le cas pour l'espace théâtral ; car l'espace-public se
révélant comme un paramètre non négligeable dans la
réussite de l'événement théâtral. Toutefois,
en dépit de l'importance relevée de l'espace-public, il n'en
demeure pas moins vrai qu'une salle de théâtre doit d'abord sa
raison d'être à l'existence d'un espace théâtral en
son sein.
III.1.2. L'espace théâtral
L'espace théâtral tel que
défini plus haut est synonyme de la grande salle où le spectacle
est représenté et reçu. Il est ainsi constitué
d'une scène, espace de jeu des comédiens ; d'un auditorium
où est assis le public-spectateur, ainsi que d'un bloc de régie
qui permet d'éclairer et de sonoriser la salle et la scène.
L'espace théâtral peut donc être perçu comme
l'élément central d'un lieu théâtral, car
étant le lieu de production du spectacle, fonction première de
tout édifice théâtral. Afin de mettre une emphase sur cette
importance, Judith Strong ajoutera que tous les autres espaces d'une salle de
théâtre ne doivent leur existence qu'à celle de l'espace
théâtral, et lui sont subordonnés123(*).
Cependant, il n'existe pas de standards fixes concernant la
capacité et la forme d'un espace théâtral.
Néanmoins, ces deux paramètres sont largement influencés
par l'esthétique architecturale et dramaturgique, le confort du
spectateur ainsi que sa sécurité. En termes de capacité,
les espaces théâtraux se situent généralement entre
moins de cent places et plus de mille. De même, les formes varient
à l'infini suivant l'imagination des techniciens124(*). Celles-ci dépendent
toujours de la disposition du public autour de la scène. Ainsi on pourra
avoir entre autres une disposition frontale du public à la
scène ; une occupation des deux ou trois quart de la
scène ou encore une disposition circulaire125(*). Le plus important
étant que l'espace théâtral puisse toujours trouver le
juste milieu entre esthétique dramaturgique, confort,
sécurité et objectifs économiques.
Il convient par ailleurs de noter que le box de régie
qui est la troisième entité de l'espace théâtral
occupe une place très importante dans la réussite d'un
spectacle ; tant du côté des comédiens que des
spectateurs. Les principales contraintes ici, exceptées celles
liées à la qualité de l'équipement utilisé,
sont surtout d'ordre acoustique et visuelle. Il ne sera pas aberrant de
déclarer que c'est l'endroit de la salle où l'on doit entendre et
voir le mieux. Car, si les comédiens sur scène se doivent avoir
un jeu synchrone, « le jeu » des techniciens tient une
place primordiale dans la réussite de ce dessein.
Il en résulte donc que l'espace théâtral
est le point central de tout lieu théâtral. Mais de là, ce
rôle majeur et indispensable ne doit en aucun cas occulter celui des
autres espaces tels que les coulisses qui ne restent pas moins utiles.
III.1.3. Les coulisses
Les comédiens qui se donnent en
spectacle sur la scène de l'espace théâtral, offrent
toujours au public le fruit d'une longue besogne éreintante, et dont la
seule phase visible reste le plus souvent la représentation. En effet,
avant que de monter sur la scène, les comédiens ainsi que tous
les techniciens qui leur sont associés ont besoin d'un espace de
création et de préparation : de la phase de résidence
de création au jour du spectacle. Cet espace peut être
situé totalement au sein du théâtre (dans le cas des
grandes salles), ou alors, les répétitions peuvent s'effectuer
ailleurs, les coulisses du théâtre ne servant alors que d'espace
préparatoire d'avant-spectacle.
Ainsi, de manière plus explicite, les coulisses
représentent le grand espace situé généralement
derrière la scène. Elles peuvent, selon la taille et la nature de
la salle disposer : des loges de relaxation et de repos ; des salles
de répétition126(*) ; des ateliers de construction, de
dépôt, et de réparation127(*) ; des garde-robes ; des
blanchisseries ; des toilettes et des réfectoires. Il va donc sans
dire que si l'espace-public est exclusivement réservé au public
théâtral et non théâtral, les coulisses sont quant
à elles le repaire privé des comédiens, de l'équipe
technico-artistique, ouvertes accessoirement aux responsables de la salle, et
à quelques privilégiés.
Cette partie du théâtre est d'autant plus utile
tant pour des raisons pratiques qu'esthétiques ; car si du
côté pratique cet espace offre le maximum d'intimité et de
facilités à l'ensemble de l'équipe de production, du point
de vue esthétique, elle maintient l'intégrité du spectacle
en empêchant au public de pouvoir apercevoir les comédiens ainsi
que les préparatifs, avant le spectacle et à certains moments de
ce dernier. Par là, les coulisses permettent de renforcer l'illusion
scénique auprès du spectateur, de même que son
identification vis-à-vis des comédiens qui jouent derrière
la rampe.
III.1.4. Le bloc administratif
Nonobstant tous les trois espaces pré-cités, il
convient de rappeler qu'une salle de théâtre est avant tout une
institution disposant bien souvent de nombreuses ressources humaines et
financières, des objectifs clairs, ainsi que d'une ligne d'action pour
les mener à bon port. Autrement dit, un lieu théâtral est
toujours une rencontre entre une équipe artistique et une équipe
managériale pour satisfaire un public amateur de théâtre.
Il en ressort donc qu'un bon théâtre doit disposer d'un espace
réservé aux tâches administratives quotidiennes. La taille
et la structure de cet espace doivent être proportionnelles à
celles de l'édifice. Il se doit d'être situé à
l'intersection de l'espace-public et des coulisses dont la gestion lui incombe.
De même, Judith Strong pensera que ce bloc doit idéalement
d'être situé à l'intérieur de la salle afin que tous
les employés restent en adéquation de phase avec « le
processus théâtral »128(*).
Les trois espaces indispensables d'un lieu
théâtral conventionnel ayant été
cités129(*), il
convient à présent pour une meilleure illustration, de
schématiser ces structures spatiales ainsi que les rapports qu'elles
entretiennent.
III.1.5. Schéma de la structure d'un lieu
théâtral130(*)
ENTREEE
SCENE
Salles d'habillage
Salles pour orchestre
Loges des artistes
Toilettes/Douches
Garde-robe
Bureaux de l'équipe technique
Administration
Salles de dépôt d'accessoires
Salle de répétition
ou Studio
Régie
ESPACE-PUBLIC
Box Office
Café Bars
Marchandise
Circulation
Vestiaires
pour le public et le staff administratif
Toilettes
Cuisines
Caves
Salles de contrôle
Fosse d'orchestre
AUDITORIUM
ENTREE PUBLIC
ENTREE
Figure 1 : schéma de la structure d'un lieu
théâtral
III.2. Les qualités d'une bonne salle de
théâtre
III.2.1. La visibilité physique et
communicationnelle
Un lieu théâtral est un
bâtiment public. Public il l'est parce qu'il est la plupart du temps
destiné à recevoir des individus venant de toutes les couches et
horizons de la société131(*). Pour ainsi attirer le maximum de ce public
potentiel spectateur, une salle de théâtre doit s'assurer une
bonne visibilité auprès de ce dernier. Cette visibilité
est à la fois physique et communicationnelle.
Pour ce qui est tout d'abord de la visibilité physique,
elle tient du fait que toute entité dont l'action est orientée
vers le public, doit être clairement connue par ce dernier. La
visibilité physique d'un théâtre exige donc que celui-ci
soit situé en milieu urbain, de préférence dans des lieux
aux activités humaines intenses afin que de milliers de personnes le
perçoivent de tout temps dans leur champ visuel, et gardent ainsi
à l'esprit la présence de cet édifice. Cette simple
visibilité physique constitue déjà une sorte de
publicité pour cette salle132(*).
Cependant, s'il est clair que d'une part, la présence
physique du lieu théâtral sera perçue par de milliers voire
de millions de badauds, il demeure cependant vrai que d'autre part, les
individus situés à l'extérieur de la zone
géographique couverte par le théâtre n'auront pas toujours
l'opportunité de le connaître physiquement. C'est pour pallier
à cela que les nouvelles technologies ainsi que les outils traditionnels
de la communication offrent une sorte ubiquité au lieu
théâtral. Grâce à la radio, à l'outil
internet, à la télévision et à la presse
écrite pour ne citer que ces quelques médias, un lieu
théâtral deviendra visible sur le plan planétaire ; et
toute personne intéressée n'aura plus qu'à s'en approcher
afin de vivre son expérience théâtrale.
Toutefois, la seule visibilité ne suffit pas à
créer une bonne salle de théâtre. L'esthétique de la
salle participe également à ce dessein. Elle contribue d'ailleurs
à priori à l'extension de cette visibilité.
III.2.2. L'esthétique architecturale
Le lieu théâtral est ainsi
idéalement situé en milieu urbain ;
généralement, tout autour de lui se dresse une panoplie
d'édifices divers. Dans ce milieu architectural dense, le lieu
théâtral pour s'imposer et être par conséquent
attractif, se doit de se démarquer. C'est ainsi que grâce à
une esthétique133(*) architecturale particulièrement
féconde, il peut parvenir à cette fin. Un lieu
théâtral étant toujours la conjonction de deux arts :
les beaux-arts et l'art dramatique ; de façon consciente ou non, le
« voyeur » ou le spectateur consomme toujours le premier
art en plus du second. La beauté d'une salle revêt dès lors
une importance particulière. Cette beauté qui est perceptible
dès l'observation externe de l'édifice se doit de se prolonger
à l'intérieur dans l'ensemble du bâtiment. Elle
émeut ainsi les sens du public en influençant positivement sa
perception de l'édifice, ainsi que de l'activité qui s'y
déroule à l'intérieur. Il en résulte que
l'esthétique d'une salle de théâtre participe à une
stratégie de marketing sensoriel voulue ou non par les gestionnaires de
la salle ; dès leurs apparences extérieures, leurs designs
lumineux, leurs couleurs et leurs formes novatrices, les lieux
théâtraux offrent pour ainsi dire au public la promesse d'un
rêve accessible.
III.2.3. Des conditions propices à la pratique et
à la réception adéquate du théâtre
Si la visibilité et l'esthétique sont des
critères importants pour une salle, il convient néanmoins de
redire que le lieu théâtral est avant tout le lieu de production
du théâtre. Ce sont donc de bonnes conditions de pratique et de
réception de l'art dramatique qui définissent principalement une
bonne salle de théâtre. Ces bonnes conditions sont
influencées entre autres par la spatialité, l'acoustique et le
visuel, ainsi que le matériel technique et la polyvalence de la
salle.
Dans un premier temps, le facteur spatialité implique
que dans un théâtre, le public, les administrateurs et les
praticiens aient assez d'espace pour exercer leurs activités. Il s'agit
en fait de l'adaptabilité, du confort et de la sécurité de
toutes les structures citées précédemment. Sauf cas
exceptionnel, une scène assez large devra toujours être mise
à la disposition des comédiens, de même que toutes les
facilités nécessaires à la bonne préparation du
spectacle dans les coulisses. Les spectateurs doivent quant à eux
disposer d'un espace-public et d'un hémicycle bien
aménagés. L'espace-public doit être bien
équipé, et répondre aux diverses expectatives d'un public
en attente ou non de la représentation. L'idéal est qu'il soit
conçu selon les valeurs socioculturelles de la région. En ce qui
concerne l'hémicycle, les sièges doivent être suffisamment
larges et confortables. Un espace entre les différentes lignes de
sièges doit également exister afin d'éviter aux
spectateurs des indispositions dues à l'entrée ou la sortie d'un
membre de l'audience pendant le spectacle. De même, l'ensemble de la
salle doit comporter de nombreuses issues de secours adaptées aux
évacuations en cas d'urgence.
Ensuite, interviennent l'acoustique et la visibilité.
Elles permettent une bonne production et réception du spectacle ;
car si le public vient au théâtre, c'est pour voir et entendre
parfaitement les comédiens qui jouent sur scène.
Réciproquement, ces derniers ont besoin d'un espace qui isole les bruits
extérieurs afin de mieux se concentrer et de mesurer leur portée
vocale. Ainsi, une salle de théâtre doit présenter des
conditions acoustiques qui leur soient adéquates. La visibilité
tient également un grand rôle et est conditionnée par le
nombre de places, ainsi que la disposition des sièges qui doivent
à priori permettre à tous les spectateurs (y compris les
déficients visuels) d'avoir une parfaite vue de l'action
scénique.
Enfin, sur le plan technique, il est indéniable qu'une
bonne salle de théâtre se doit de réunir toutes
facilités permettant au metteur en scène de transposer sur la
scène « le programme scénique » voulu
par lui. Ces facilités sont tout d'abord constituées du
matériel technique qui comprend les outils d'éclairage, de
sonorisation, ainsi que la machinerie permettant de manier le décor et
de créer divers effets spéciaux. Ensuite, ces facilités
tiennent également de la polyvalence de la salle. Il ne suffit en effet
pas qu'une salle dispose d'un arsenal important d'outils d'éclairage, de
sonorisation et de gestion du décor pour que cela satisfasse tous les
metteurs en scène. Lancé dans sa phase moderne depuis plus d'un
siècle, le théâtre est devenu le champ de toutes sortes
d'expérimentations qui mettent en grande partie l'accent sur
l'exploitation, voire l'exploration de l'espace théâtral. Une
bonne salle se doit donc de tenir compte de ce facteur. Son design doit ainsi
être modulable et adaptable à une variété de
tendances de mises en scène, et pourquoi pas de genres artistiques.
Cette polyvalence du lieu théâtral loin de n'être utile
qu'à des fins artistiques, tient aussi une grande place dans la
rentabilité économique d'un lieu théâtral, et
l'épanouissement des différents arts du spectacle vivant dans les
régions mal loties en infrastructures du spectacle.
Il va donc sans dire à la suite de ces propos qu'une
salle de théâtre efficiente à la réussite du fait
théâtral, est celle qui réunit un certain nombre de
facteurs. Il demeure cependant vrai que le fonctionnement de la salle avec
toutes ses structures et ses prédispositions à accueillir le
spectacle dramatique, donnent lieu à une main-d'oeuvre diverse134(*).
III.3. Les différents métiers
inhérents à une salle de théâtre
Du fait de leurs tailles, leurs volumes
d'activités diverses, de leurs emplacements géographiques et des
différentes stratégies qui sont les leurs, les
théâtres ne présentent que très rarement des
structures similaires. Ces divergences rendent donc ardue toute
schématisation de la structure type de l'organisation d'un
théâtre. Pour corroborer cette realité, Judith Strong
écrit : « Regardless of whether it is production or
receiving venue, every organisation's staffing structure will vary, reflecting
the vision and values of the venue, its pupose and its objectives
»135(*).
Qu'à cela ne tienne, le théâtre est une concentration
d'activités diverses dont l'aperçu permet en partie de
dégager une structure organisationnelle du lieu
théâtral.
III.3.1. Le personnel administratif
Le personnel administratif d'un
théâtre comprend toutes les personnes qui ont la charge de
gérer cette institution au quotidien ; c'est-à-dire
d'assurer sa bonne marche sur les plans artistiques, commerciaux, et
sécuritaires. Un théâtre étant le plus souvent la
propriété d'une collectivité territoriale, d'un
particulier, ou d'une société commerciale qui peuvent mettre
l'édifice en location pour la production et/ou la réception du
produit théâtral. Les propriétaires d'une salle peuvent
donc être considérés à juste titre comme ses
premiers administrateurs, en ceci qu'ils influencent d'une manière ou
d'une autre sa politique. Toutefois, la personnalité la plus visible
à la tête d'un théâtre est le directeur qui est
chargé de coordonner et d'assurer le bon suivi de la politique et
d'objectifs socio-artistiques et commerciaux de la salle. Le directeur est
assisté par un secrétaire général qui s'occupe de
la coordination des différents départements de tâches.
Les services administratifs d'une salle sont
généralement composés d'un service financier et comptable,
d'un service chargé de la billetterie, d'un service de la programmation,
d'un service marketing, d'un service client, ainsi que le contrôle
interne de la salle. Tous ces départements disposent
généralement d'un personnel issu d'horizons divers. On y retrouve
ainsi des gestionnaires, des commerciaux, des marketistes, des comptables, des
communicateurs, des experts en questions théâtrales et
sécuritaires. La structure et l'action efficiente de ce personnel
administratif aura une répercussion nécessaire sur celui des
technico-artistiques qui constitue l'épicentre humain d'un
théâtre.
III.3.2. Le personnel artistico-technique
Par personnel artistico-technique, nous faisons
référence à l'ensemble des ressources humaines qui
contribuent plus étroitement à la création du spectacle
sur les plans artistiques et techniques. Selon que la salle est un
théâtre de production ou de réception, ce personnel peut
être employé permanent ou être tout simplement
« visiteur temporaire » de la salle.
Dans le cadre artistique, le personnel est essentiellement
constitué du metteur en scène, du scénographe, des
décorateurs, des comédiens, des musiciens, des maquilleurs, des
costumiers dont le support de travail est la scène. Dans ce même
registre, il est également possible de citer dans une moindre mesure
l'auteur dramatique qui travaille quelques fois pour des grands
théâtres, et dont le fruit de la création en passant au
creuset de la créativité des artistes sus-cités, a pour
finalité une représentation scénique.
Quant au personnel technique, il est en charge de
l'exécution pratique de la vision des « artistes ».
Il sera constitué des peintres, des menuisiers, des électriciens,
des bruiteurs, des machinistes, des couturiers, des habilleuses, et des
accessoiristes. En fonction des tailles des théâtres et besoins
spécifiques inhérents à certaines productions, d'autres
corps de métiers peuvent leur être associés. De là,
une organisation d'une structure étant l'adjonction de plusieurs corps
de métiers, il importe de citer ceux qui effectuent ce que l'on peut
modestement qualifier de petits métiers, mais dont l'absence entacherait
« l'harmonie » du lieu théâtral.
III.3.3. Le petit personnel
Il regroupe essentiellement des agents d'accueil, des agents
d'entretiens, des agents de sécurité. Pêle-mêle, un
théâtre emploiera des réceptionnistes, des agents de
vestiaires, des laveurs, des ouvreuses, des marchands de journaux, des
dactylographes, des veilleurs de nuit et par extension des restaurateurs et des
barmen.
Au vu donc de la grande diversité des corps
métiers qui se retrouvent au sein d'un lieu théâtral, il
semble évident qu'il constitue le coeur même de l'activité
théâtrale. Mais cette organisation de plus en plus complexe
répond également au souci de mettre en valeur l'édifice
théâtral dont les rôles vis-à-vis de l'art et de la
société sont nombreux.
IV. Les fonctions d'un édifice
théâtral
Zhang Xinmu, dans un article intitulé
« Approche sémiologique de
l'architecture »136(*), assigne trois principales fonctions à
l'architecture. Il s'agit de la fonction pratique, sociale et
esthétique. A sa suite, Vito Ahtik137(*) le rejoint dans cette même idée, mais
ne dénombre que les fonctions : pratique et esthétique.
Cependant, à la suite de ces auteurs, il est indéniable que le
lieu théâtral présente également une fonction
économique, bien qu'elle soit le plus souvent reléguée en
arrière-plan au nom de l'indépendance de l'artiste.
IV.1. La fonction pratique
La fonction pratique du lieu
théâtral tient d'abord du fait que toute architecture, quelque
soit le type, est toujours érigée en vue de combler à un
manque qu'éprouve l'Homme dans ses rapport avec la nature. Ainsi donc,
si la maison sert à abriter l'Homme et à le protéger des
intempéries et autres dangers ; l'église à lui offrir
un lieu de communion avec sa divinité, le lieu théâtral
quant à lui permet dans le même sens de produire et/ou d'abriter
le spectacle théâtral138(*). Par ce fait, il permet la pratique du
théâtre, tenant lieu de cadre de travail à plusieurs
artistes et techniciens exerçant dans le domaine de l'art dramatique.
La fonction pratique du lieu théâtral tient aussi
du fait que l'édifice théâtral peut impulser la pratique de
l'art dans une région. Outre le théâtre, la plupart des
lieux théâtraux modernes accueillent d'autres arts (cinéma,
danse, peinture...) et exaltent par ce fait même la
créativité artistique dans une région. Il serait donc
judicieux, de déclarer que la propension du lieu théâtral
à être tourné essentiellement vers l'art prouve que cette
fonction pratique est avant tout une fonction artistique.
Cependant, au-delà de l'exhibition de l'art, le lieu
théâtral joue un grand rôle au sein d'une
société.
IV.2. Les fonctions sociales
La situation d'un lieu théâtral au sein d'une
société lui confère de nombreux devoirs et attributs
vis-à-vis des individus qui la composent. Le lieu théâtral
devient pour ainsi dire un espace de loisir, un miroir de la
société, un espace pédagogique, un lieu de brassage
humain, et un patrimoine de la société.
Le lieu théâtral est avant tout un lieu de
loisir, vu que l'art n'a pas à priori de rôle fonctionnel. Au
même titre que le cinéma ou la télévision,
l'individu qui vient dans un édifice pour consommer du
théâtre a pour principal dessein se divertir, et mettre à
profit son temps libre. Le lieu théâtral lui offre alors un
spectacle qui lui permet d'assouvir ses besoins de contemplation
esthétique et d'hédonisme, et/ou de satisfaction
intellectuelle139(*).
Cependant, le lieu théâtral peut également
être assimilé à « un miroir social ».
en effet, si les individus qui s'y rendent au théâtre, sont
primairement à la recherche du divertissement, leur objet de
contemplation (la représentation) leur offre le plus souvent des signes
qui reflètent l'état de la société, une vision
artistique ou une vision du monde qui sont souvent plus ou moins familiers
à la réalité dans laquelle vivent quotidiennement ces
spectateurs. Cette re-création artistique de la société
permet de ce fait à l'objet théâtral de soutenir, de
dénoncer une cause, bref d'éduquer implicitement ou non le
public, en vue de construire « la cité idéale de
Platon ».
Ensuite, le lieu théâtral de par le fait qu'il
draine de nombreux individus provenant de races, de classes sociales et
d'horizons divers, permet le brassage et la socialisation des masses humaines.
Dans un édifice théâtral, les Hommes n'assistent pas
seulement à un spectacle théâtral ; ils créent
également un tout autre spectacle composé par des rencontres, des
communions collectives, des créations d'amitiés et
d'opportunités. Un lieu théâtral est donc une source de
cohésion sociale. Cela est même perceptible depuis la nuit des
temps140(*). L'exemple
des théâtres grecs qui conviaient la cité tout
entière autour d'une fête commune (les dionysies par exemple) est
fort illustratif.
Par ailleurs, les édifices théâtraux sont
le reflet d'une civilisation, d'une culture ou d'une époque
donnée. Les signes qu'ils comportent en tant que oeuvres architecturales
peuvent ainsi comme le pense Zhang Xinmu permettre de lire l'histoire et ou la
culture d'un peuple141(*). Les lieux théâtraux peuvent donc
représenter des patrimoines des pays où ils sont
érigés, ou pour l'ensemble de l'humanité. C'est le cas des
vestiges des théâtres grecs et romains (Epidaure, Orange,
Pompée, Délos), ou encore le Globe theatre à Londres qui
date de l'époque de Shakespeare. Les propos de Vito Ahtik
démontrent d'ailleurs qu'une oeuvre architecturale, qu'elle ait
été érigé dans le passé ou dans le
présent, constituera toujours un patrimoine :
Toute oeuvre architecturale s'implante dans un lieu ;
elle transforme le paysage (naturel ou urbain) ; elle s'inscrit dans un
horizon temporel. Elle s'intègre -ou se superpose- à un cadre
hérité du passé et va, à son tour,
représenter un artefact -une mémoire objective- d'une
époque et des conditions de vie d'une société pour un
temps à venir.142(*)
Les théâtres ont donc un rôle social
pluriel qu'il serait ardu de citer de façon exhaustive. Il
apparaît toutefois qu'un théâtre représente un
important instrument dans la socialisation voire la pacification des hommes et
l'évolution positive des sociétés humaines en
général.
IV.3. Le renforcement de l'esthétique urbaine et de
la renommée de la ville
Une salle de théâtre est un édifice
construit au sein d'une cité, au milieu d'une myriade d'autres
édifices, qui ensemble façonnent « la plastique
visuelle » de ladite ville. Il en ressort qu'au milieu de ce
firmament architectural, le lieu théâtral contribue à
renforcer l'attrait et le charme d'une ville. Ceci se fait dans la mesure
où, cet édifice étant un lieu artistique, les architectes
et autres designers qui le bâtissent, mettent un accent particulier sur
la somptuosité de cette structure qui est avant tout une oeuvre d'art
à part entière, et qui se doit de briller de mille feux dans une
ville de jour, mais aussi et surtout de nuit. Si le lieu théâtral
contribue à façonner l'image et la renommée d'une
ville143(*), ce n'est
donc pas seulement grâce à la qualité artistique des
spectacles qui y sont proposés en son sein, mais c'est également
l'action de l'histoire, de l'originalité et de la beauté des
formes, couleurs, matériaux, et motifs inscrits dans son
architecture.
Un touriste qui va par exemple à la visite d'un
mythique théâtre français d'un théâtre anglais
de la renaissance, ou d'une salle de Broadway, sera d'abord et avant tout
victime de la renommée de ces salles. Une renommée visible et
renforcé par leurs designs somptueux. Cependant, si les salles de
théâtre présentent plusieurs fonctions, la fonction
économique devient au fil du temps une des forces des grands lieux
théâtraux.
IV.4. Les fonctions économiques
Bien que la fonction pratique d'un
lieu théâtral, qui est de promouvoir l'art dramatique soit la plus
ostensible, il n'en demeure pas moins vrai qu'au fil des temps, et ce depuis
quasiment la période élisabéthaine144(*), il a acquis un rôle
économique important au sein de la société. En France par
exemple, les cinq théâtres nationaux ont à eux seuls
réalisés un nombre d'entrées de l'ordre de 716.000
spectateurs au cours de la saison 2008/2009. On n'imagine aisément
l'équivalent monétaire de ce chiffre145(*). Par ailleurs, il
s'avère dérisoire d'évoquer dans ce même ordre
d'idée « l'industrie théâtrale » de
Broadway dont la cinquantaine de salles qui la composent essaie de
développer un style standard de production afin de rendre au maximum ces
lieux rentables. On assiste ainsi à des empires financiers tels que la
Shubert organization disposant d'un gigantesque réseau de salles de
théâtre146(*).
Grâce aux recettes générées par la
billetterie et les activités annexes (restauration, vente de programmes,
locations de salles, expositions...), un édifice théâtral
rend ainsi possible la pérennisation de l'art dramatique ; ceci en
dégageant des ressources financières importantes dans le
fonctionnement de l'activité théâtrale. Par ailleurs, la
salle de théâtre n'assure pas que la prospérité du
théâtre et de ses hommes. De par les nombreuses personnes qu'il
attire vers le spectacle théâtre, un édifice
théâtral permet également de dynamiser d'autres secteurs
d'activités tels que les transports, l'hôtellerie, la restauration
ou encore l'ensemble des petits métiers qui se développent
généralement autour de lui. Au Cameroun par exemple, bien
qu'étant plus modestes, les recettes des vendeurs ambulants se voient
souvent décupler les jours des représentations dans la salle de
l'Institut Français de Yaoundé par exemple.
L'édifice théâtral digne de ce nom se
révèle donc être une bâtisse, un lieu indispensable
au sein d'une société, tant les retombées qu'il apporte
sont importantes pour son développement.
Conclusion du chapitre
Au terme de ce chapitre, il est à retenir que son
principal objectif était de remettre en lumière pour les besoins
inhérents à cette recherche l'importance du lieu
théâtral tant pour l'art dramatique que pour la
société. De là, il en ressort qu'un lieu
théâtral est le coeur de l'activité théâtrale,
et par extension une entité physique indispensable au
développement de l'humanité. Edifice complexe et multiforme tant
de par son aspect physique, fonctionnel que
« littéraire », plus qu'un simple support du
théâtre la salle de théâtre est un véritable
lieu de vie, et ce depuis les premières fondations du
théâtre en Grèce jusqu'à ce jour. Le lieu
théâtral tire ainsi son importance de par les nombreux corps
sociaux qu'il draine en son sein, ainsi que ses différents apports
à l'évolution de la société. Voilà donc en
substance ce que les quatre grands points qui constituaient ce chapitre se sont
modestement évertués à démontrer. Aussi,
après avoir mis un terme à la plantation des bases de cette
recherche, le second chapitre qui suit est quant à lui plus
étroitement lié au thème de notre recherche. Il montre
tour à tour l'état des principaux lieux théâtraux de
Yaoundé, ainsi que l'impact de cet état de fait sur les
praticiens et leurs créations.
CHAPITRE II
LIEU THEATRAL, PRATICIEN ET CREATION
Ce second chapitre est celui qui entame résolument le
traitement de la problématique de cette recherche, après que le
premier se soit contenté d'effectuer un condensé (non exhaustif)
des connaissances sur le lieu théâtral. Il essaie donc
principalement de démontrer le conditionnement de la pratique
théâtrale camerounaise par les problèmes du lieu
théâtral en prenant la ville de Yaoundé comme cadre de
référence. Afin que de parvenir à l'affirmation de cette
allégation, le chapitre est bâti sur quatre axes qui par ordre
d'occurrence sont les suivants : l'étude descriptive du
corpus ; les principaux problèmes du lieu théâtral
dans la ville de Yaoundé ; les corollaires des problèmes du
lieu théâtral ; et enfin, dans une ultime phase, la
théorie comportementaliste appliquée au praticien de
théâtre de Yaoundé. Pour atteindre ses objectifs, la
rédaction de ce chapitre est menée sous le prisme de la
théorie comportementaliste, comportementalisme auquel le marketing s'y
adjoindra sporadiquement. L'observation directe, les documents visuels, ainsi
que les différentes interviews menées sur le terrain lui servent
de point d'appui.
I. Etude descriptive du corpus147(*)
Le corpus de cette recherche il est à rappeler, est
constitué des trois principales salles abritant les spectacles
théâtraux dans la ville de Yaoundé que sont : l'Institut
Français de Yaoundé, le Goethe-Institut Kamerun et enfin
OTHNI148(*). Ce premier
point décrit ces salles en partant de leurs présentations
générales jusqu'à l'étude de leurs
différents espaces théâtraux. L'étude ainsi
réalisée a pour dessein d'illustrer l'état de ces lieux
théâtraux.
I.1. Présentation générale des
lieux
I.1.1. L'Institut Français de
Yaoundé
L'Institut Français de Yaoundé, est une
institution culturelle située en plein coeur du centre ville,
près du Boulevard du 20 mai, plus précisément à
l'avenue du président Ahmadou Ahidjo. Créée en 1952, et
dénommée dès lors Centre Culturel Français
François Villon jusqu'au 31 décembre 2011, elle appartient au
réseau des Instituts Français qui sont la vitrine de la culture
française à travers le monde149(*). Pour ce qui est de l'Institut Français de
Yaoundé, il offre de nombreux services allant de la
médiathèque aux cours de langues en passant par l'accueil des
spectacles (danse, musique, théâtre, séances de
cinéma) des défilés de mode et des expositions d'art.
Pris comme un lieu théâtral, le directeur adjoint
de l'Institut Français de Yaoundé déclare que cette
structure a entre autres missions celle d' : « accompagner,
d'aider et de soutenir les acteurs de la création théâtrale
camerounaise. »150(*). Cette mission de soutien s'effectue ainsi à
travers des programmations mensuelles qui alternent spectacles locaux et
étrangers, ainsi que l'accueil de la quasi-totalité des festivals
organisés au Cameroun. La programmation de l'Institut Français de
Yaoundé, se caractérise par un accent mis sur les
créations professionnelles, et surtout contemporaines. Elle est
intégralement établie par le directeur qui choisit lui-même
les spectacles en fonction de ses convictions, et des tendances artistiques et
thématiques de l'heure.
L'Institut Français de Yaoundé dont la salle
polyvalente est ouverte hebdomadairement, accueille des spectacles au
quotidien. Mais qu'à cela ne tienne, le mercredi et le vendredi sont
généralement les jours réservés au
théâtre (sauf en cas de festival). Et pour assurer ce
fonctionnement, sa structure peut être décrite comme suit :
au sommet se trouve le directeur, chargé de coordonner l'institut et
responsable des choix de programmation ainsi que de la décision de
subventionner ou non des compagnies ; il est assisté par un
coordonnateur des activités culturelles, chargé de
l'épauler dans ses décisions artistiques. En ce qui concerne tout
ce qui est du ressort du marketing, la salle dispose d'un chargé de la
communication. Et enfin, pour veiller au fonctionnement quotidien de la salle
de spectacle, trois régisseurs s'occupent des tâches
techniques151(*). On
note également dans cette salle, la présence de quelques agents
d'entretien.
Directeur
Son et lumière
Régie générale
Chargée de la communication
Service d'entretien
Plateau
Coordonnateur des activités
culturelles
Figure 2 : esquisse de l'organigramme du lieu
théâtral Institut Français de Yaoundé
Source : Cyril ASSOMO
Ainsi présenté sommairement l'Institut
Français de Yaoundé, il revient à présent de
présenter le Goethe-Institut Kamerun dont les missions sont quasi
similaires.
I.1.2. Le Goethe-Institut Kamerun
Le Goethe-Institut Kamerun, encore appelé Centre
Culturel Allemand, est une institution culturelle basée à
Yaoundé, au quartier Bastos, à la rue Joseph Mballa Eloumden.
Cette structure qui appartient à l'organisation à but non
lucratif dénommée « Goethe Institute », voit
le jour au Cameroun en 1961 ; et comme l'ensemble de ses 142 consoeurs
disséminées à travers le monde, le Goethe-Institut Kamerun
a pour objectif de vulgariser la culture allemande notamment à travers
l'enseignement de la langue, la diffusion d'une image actualisée de
l'Allemagne sur les plans social, politico-économique et
artistique152(*), et la
facilitation des échanges culturels et de la coopération entre
les acteurs du domaine culturel camerounais d'une part, et entre les acteurs
camerounais et internationaux d'autre part.
Pour ce qui est du lieu théâtral
Goethe-Institut 153(*),
il naît uniquement de la volonté de soutenir la culture
camerounaise confrontée au sempiternel problème de manque
d'infrastructures de diffusion. Mais qu'à cela ne tienne, cette action
ne fait pas partie des missions à lui assignées, comme nous l'a
confié Irène Bark, sa directrice. Toutefois, le
théâtre comme les autres arts de la scène, ainsi que le
cinéma, sont des expressions artistiques qui trouvent droit de
cité sur la scène du « Goethe ». Pour le cas
particulier du théâtre, sa diffusion s'effectue ici à
travers un concept dénommé « Café du
Théâtre ». C'est un événement qui a lieu
un mercredi en soirée, sur une fréquence mensuelle bimensuelle
voire trimestrielle, et qui offre gratuitement au public des spectacles venus
de Yaoundé et des autres métropoles du Cameroun.
Directrice
Afin de mener à bien ses activités
dédiées au théâtre ainsi qu'aux arts de la
scène, le Goethe154(*) jouit d'une structure qui se présente comme
suit : à la tête se trouve une directrice qui s'occupe du
fonctionnement global de la structure. Puis, un chargé de la
programmation choisit les spectacles à diffuser ; un chargé
de la communication s'occupe quant à lui de la visibilité des
événements théâtraux ; et au niveau du la salle
de spectacle proprement dite, on trouve un régisseur
général qui assure la gestion du matériel technique ainsi
que l'exécution de la conduite des spectacles.
Chargé de la programmation
Chargé de la communication
Régisseur général
Figure 3 : esquisse de l'organigramme du lieu
théâtral Goethe-Institut Kamerun
A la suite de l'Institut Français et du Goethe-Institut
de Yaoundé, il est nécessaire de présenter OTHNI, l'ultime
salle de ce corpus, et qui s'avère être la plus récentes de
toutes.
I.1.3. OTHNI
OTHNI est un « laboratoire
théâtral » ainsi qu'une salle de théâtre
située à Yaoundé au quartier Titi garage.
Créé en 2010 à la suite d'une frustration du dramaturge et
metteur en scène camerounais Martin Ambara155(*), OTHNI a pour principale
vocation de promouvoir l'art théâtral et les autres arts en
général à travers la recherche de nouvelles formes
esthétiques ainsi que la diffusion du produit de ce théâtre
de recherche.
Avant que d'être un lieu de diffusion du
théâtre, à sa création OTHNI se voulait être
avant tout un espace dédié à la compagnie Les
ménestrels, et à son travail sur le théâtre
expérimental156(*). L'ouverture de cet espace à la diffusion des
spectacles issus d'autres compagnies a été par la suite
uniquement motivée par le désir d'aider d'autres créateurs
en leur offrant un espace de diffusion. Toutefois, il est à signaler que
la salle projette devenir dans quelques années un lieu de
référence en matière de production et de diffusion
théâtrale dans la ville de Yaoundé.
Avec une programmation plus ou moins soutenue, OTHNI de par
les lectures-spectacles, les contes pour enfants et les spectacles
théâtraux a une programmation qui oscille entre une
fréquence mensuelle et trimestrielle ; bref elle varie selon
l'offre de l'environnement théâtral camerounais ; car il est
à souligner que les spectacles choisis sont ceux dont la création
répond à des critères qui épousent la vision des
promoteurs de la salle, c'est-à-dire des spectacles qui selon Junior
Esseba : « essaient de réinterroger l'essence
même de l'art théâtral »157(*).
En ce qui concerne son administration au quotidien, OTHNI est
gérée par des hommes de théâtre qui s'occupent tant
de l'aspect artistique qu'administratif de la salle, sans qu'une
véritable hiérarchisation des postes puisse être
véritablement établie. Ainsi, OTHNI se révèle
être le seul véritable théâtre camerounais de la
ville de Yaoundé. Même si dans la foulée, mais à une
échelle moindre, peuvent également être cités le
palais des congrès de Yaoundé, La maison des loisirs et de la
culture FIIAA158(*), les
amphithéâtres 300 et 700 de l'université de Yaoundé
1, et le Centre Culturel Hell, le Centre de Lecture et d'Animation Culturelle
(CLAC) de Mimboman. Après la présentation générale
des différents lieux théâtraux qui constituent le corpus de
ce travail, il semble nécessaire d'étudier minutieusement ces
salles sous un aspect technique, ceci en débutant par leurs
différents frontispices.
I.2. Les frontispices des lieux
théâtraux
Aller dans un théâtre par simple
curiosité, ou avec la ferme intention d'y assister à un
spectacle, présuppose qu'un individu aborde d'abord (consciemment ou
non) ce bâtiment sous le plan extérieur. Cela revient
également à dire qu'il contemplera d'abord son frontispice,
encore appelé façade principale. Le frontispice est un terme qui
en architecture désigne la partie extérieure d'un édifice
où se trouve l'entrée principale. L'étude des
façades159(*)
principales des différents lieux théâtraux s'avère
donc utile dans la mesure où c'est la façade qui suggère
au public les premières impressions vis-à-vis d'un lieu. De
même, elle joue un rôle important du point de vue informatif, en
ceci quelle permet à quiconque d'identifier ou tout au moins de se faire
une idée quant à la nature du lieu ainsi que les
différentes activités qui y ont cours. Les principaux lieux
théâtraux de la ville de Yaoundé ont ceci en commun qu'ils
présentent tous à peu près le même type de
façade.
I.2.1. La façade de l'Institut
Français
Sur le plan externe, ce que l'on constate
immédiatement, c'est que l'Institut Français de Yaoundé
est mêlé entre les nombreux points de vente qui font partie du
même bâtiment que lui. Car il faut le rappeler, cette structure se
trouve en plein centre commercial. Elle dispose d'une architecture qui ne
revêt pas une forme originale. C'est une simple bâtisse de couleur
jaune160(*)
ponctuée de quelques unes bleue et blanche, un amas de béton de
forme rectangulaire. Devant la façade de cet édifice,
l'observateur a la possibilité de lire sur une enseigne blanche
fixée sur le toit, l'inscription « Institut
Français » écrite en bleu. A quelques mètres au
bas de celle-ci il aperçoit quelques affiches géantes de
spectacles passés et à venir. Puis, revenant à son angle
visuel normal, l'observateur aperçoit derrière un mini parking
situé non loin du trottoir, d'autres affiches cette fois-ci moins
géantes placardées sur des panneaux situés non loin du mur
de la bâtisse. Un ou deux vigiles, et des passants qui empruntent
continuellement la cour étroite de l'établissement finissent de
compléter ce décor somme toute ordinaire. Passé
l'aperçu de la façade de l'Institut Français, qu'en est-il
de celle du Goethe-Institut ?
I.2.2. La façade du Goethe-Institut
Le Goethe-Institut est situé tout près de la
chaussée dans une rue peu populeuse. Le lieu est signalé à
quelques mètres en y arrivant par une enseigne lumineuse portant le logo
et l'inscription « Goethe Institut ». Globalement, il
présente l'image d'une grande maison blanche161(*) entourée d'une
clôture peu élevée à l'extérieur de laquelle
sont garés quelques véhicules. En effet, la bâtisse qui
abrite l'Institut Goethe est une architecture moderne peinte de blanc et
floquée en haut, de la gauche vers la droite des inscriptions
« GOETHE-INSTITUT » et « CENTRE CULTUREL
ALLEMAND». Le portail et sa guérite donnent l'impression au
visiteur qu'il se trouve dans une demeure privée162(*).
Contrairement à l'Institut Français où vu
de l'extérieur de nombreuses affiches signalent au passant qu'il se
trouve près d'un lieu de loisir, il n'en est pas le cas pour ce qui est
du Goethe. D'ailleurs le standing du lieu qui est par ailleurs situé
dans un quartier huppé amène à penser que si lieu
théâtral le Goethe l'est, c'est uniquement par le fait qu'il
accueille des représentations de cet art. Car le manque
d'informativité qui caractérise sa façade, ainsi que le
calme apparent des locaux laisse croire volontiers qu'il ne s'agit point d'un
lieu de loisir, mais d'une structure de formation où entrent et sortent
fréquemment des étudiants inscrits en cours de langue.
I.2.3 La façade d'OTHNI
OTHNI se trouve dans un lieu assez difficile d'accès
(puisque les spectacles y ont surtout lieu de nuit) situé au quartier
Titi garage. Ce lieu théâtral est signalé dès la
chaussée par une petite enseigne qui indique le nom de la structure,
ainsi que le chemin que le visiteur doit emprunter pour s'y rendre. Une fois
à OTHNI, le lieu laisse apercevoir une grande bâtisse blanche
frappée de l'inscription et du logo OTHNI163(*). Basée dans un
quartier résidentiel, la structure ne déroge pas à la
règle. C'est en effet l'image d'une grande maison entourée d'une
immense clôture que la vue de ce lieu offre à son visiteur.
Toutefois, et bien que ce grand portail soit toujours mi-clos, sont
affichés dessus, et parfois sur un panneau de fortune, les affiches des
spectacles à venir à OTHNI. De même, l'inscription OTHNI
est toujours accompagnée de la mention « laboratoire
théâtral ». Ceci permet de faire germer dans l'esprit du
néophyte le sentiment qu'il se trouve en présence d'un lieu
théâtral.
Ainsi donc, cette description simple des différentes
façades des principaux lieux théâtraux de la ville de
Yaoundé permet de faire la constatation qu'aucun de ces lieux ne
présente à priori l'image d'un lieu théâtral, ni
même d'un lieu censé abriter des loisirs. Ceci s'illustre
notamment par la forme, les couleurs, et les éléments
linguistiques contenus sur les enseignes. Ces tares permettent ainsi de
confirmer en partie le point de vue de plusieurs praticiens et même le
nôtre, qui pensons qu'il n'existe véritablement pas de lieu
théâtraux dans la ville de Yaoundé. Mais qu'à cela
ne tienne, il ne demeure pas moins vrai que la façade ne joue
pratiquement aucun rôle dans l'expérience théâtrale
d'un spectateur ; car cette expérience commence à prendre
véritablement corps une fois que celui-ci entre dans la salle et attend
le début du spectacle dans l'espace-public.
I.3. Les espace-publics des lieux
théâtraux de Yaoundé
I.3.1. L'espace-public de l'institut
français
A priori, l'Institut Français de Yaoundé est
des trois salles de théâtre qui constituent ce corpus, celle qui a
le meilleur espace-public. Ceci se démontre par les nombreuses
possibilités que cet espace offre au spectateur ou au simple visiteur.
Ainsi, lorsque le spectateur franchit la porte principale des lieux qui sert
d'entrée et de sortie, il a le choix de contempler entre autres, les
toiles et les autres photos des différentes expositions
accrochées au mur le long du couloir d'accès à la salle de
théâtre proprement dite. Sur ce même couloir se trouve par
ailleurs un kiosque qui offre gratuitement des brochures et autres prospectus
relatifs aux spectacles organisés dans ce lieu. A la fin du couloir, se
trouve un bar-restaurant qui est à moitié recouvert d'un toit.
Là, le visiteur (potentiel spectateur) a la possibilité de se
sustenter seul ou accompagné d'amis avant ou après le
spectacle164(*).
Cependant, force est de signaler qu'il n'existe théoriquement pas de
sièges réservés aux non-clients du bar-restaurant. C'est
ce qui amène le plus souvent les spectateurs à rester à
l'extérieur, en station debout prolongée, attendant l'annonce du
début du spectacle. Certains vont d'ailleurs errer dans le centre
commercial et, soit ne reviennent plus, soit au meilleur des cas, arrivent au
spectacle avec une poignée de minutes de retard.
Pour résumer et être complet sur l'espace-public
de l'Institut Français, il est tout simplement à retenir que
celui-ci offre un éventail de loisirs qui vont de la contemplation des
toiles à la bibliothèque, en passant par le bar-restaurant et le
cybercafé ; le tout encadré par une billetterie qui n'est
véritablement opérationnelle que le soir où a lieu le
spectacle. Par contre, quant aux deux autres théâtres, ils
présentent des espaces-public relativement simples.
I.3.2. L'espace-public du Goethe-Institut
L'espace-public du Goethe-Institut est assez simpliste. Il
s'agit en fait de la cour intérieure de l'édifice. Muni d'un sol
crépi de ciment et d'un nombre assez important de chaises et de tables,
cet espace de taille moyenne offre la possibilité aux spectateurs
potentiels dans l'attente du spectacle de s'asseoir, de deviser en regardant
parfois les programmes diffusés par le biais d'un poste
téléviseur qui n'est toutefois pas toujours
présent165(*). En
ce qui concerne les inconvénients de cet espace, ce sont notamment le
manque d'option de relaxation pour le visiteur, son étroitesse qui ne
lui permet pas d'accueillir un nombre élevé de personnes, et
enfin, sa situation d'espace en plein air qui expose fréquemment le
public à des intempéries.
I.3.3. L'espace-public d'OTHNI
Durant l'avant ou l'après-spectacle, les visiteurs
d'OTHNI ont la possibilité de s'installer soit sur la pelouse verte qui
recouvre le tiers de la cour intérieure de l'édifice, soit sur
l'une des vérandas des sous-édifices qui forment ce
bâtiment. Moyennant des chaises à la demande, mais dont le nombre
ne peut cependant pas satisfaire un public nombreux, le visiteur d'OTHNI a la
possibilité de contempler voire d'admirer les graffitis peints sur le
côté intérieur du mur de clôture. Il peut
également se déplacer à travers le bâtiment qui est
assez pittoresque, ou même s'informer des spectacles à venir
auprès d'un tableau d'affichage. Pour ce qui est du reste, et de par les
représentations auxquelles nous avons eu à assister dans ce lieu,
il n'est pas aberrant d'affirmer que son espace-public n'offre rien de
captivant à un spectateur sensible à l'ennui
d'avant-spectacle166(*).
Cela est d'autant plus vrai que ce dernier peut parfois avoir l'impression de
se sentir isolé dans un lieu qui lui est totalement étranger, et
être soumis en temps d'intempéries aux affres du climat.
L'étude des espaces-public des salles de
théâtre de la ville de Yaoundé consolide donc ce qui a
été signalé plus haut à propos de la
non-conformité des façades. Les espaces-publics des
différents lieux théâtraux n'offrent aucun encadrement
spécifique au spectateur : pas de service d'accueil ; pas de
sièges en grand nombre pour s'asseoir, manque d'objet
d'évasion ; et quand même ces derniers viendraient à
exister, ils sont pratiquement tous payants. On est donc en droit de se
demander au vu de cette situation si les nombreux retards des spectateurs
observés lors des spectacles théâtraux dans ces lieux
n'auraient pas pour origine le fait que le spectateur ne veuille pas s'ennuyer
dans l'attente du spectacle. Mais qu'à cela ne tienne, il nous revient
à la suite de cette étude des espaces-public d'aborder le maillon
le plus important d'un lieu théâtral, à savoir l'espace
théâtral ou plus trivialement la salle.
I.4. Les espaces théâtraux
I.4.1. L'espace théâtral de l'Institut
Français
I.4.1.1. Description
La salle de théâtre de l'Institut Français
se présente sous la forme à l'italienne167(*) ; cela
présuppose logiquement une bifurcation entre l'espace scénique et
l'auditoire. Tout d'abord, pour ce qui est de sa scène, il s'agit d'une
grande boite carrée (cage de scène), qui laisse entrevoir un
assez large plateau ainsi que des murs de scène en fond de toile bleue.
Et bien que disposant d'un rideau d'avant scène, il faut dire que ce
dernier n'est quasiment pas fonctionnel. Quant au plateau de scène sur
lequel les comédiens incarnent leurs personnages, il s'agit d'un
plancher qui ne change jamais, car étant toujours une large plateforme
en bois de couleur noire. La sortie de cette scène pour les
comédiens se fait quant à elle via une seule entrée
située à gauche au lointain. Elle donne directement accès
aux coulisses ; ces coulisses qui comportent respectivement une petite
salle de maquillage, une salle de bain, ainsi que des toilettes. Toutes ces
facilités sont partagées entre tous les membres de
l'équipe de production sans distinction de sexe ni de statut.
Ensuite, revenant sur l'auditoire, on observe un large espace
à système d'éclairage réglable, rempli par environ
250 fauteuils qui servent de places assises. Cet espace réservé
aux spectateurs est essentiellement accessible grâce à deux portes
d'entrée : l'une centrale, située à l`entrée
de la salle, et l'autre se trouvant au fond de la salle et
réservée principalement aux retardataires. Enfin, quelque part
dans l'auditoire, on peut recenser quelques extincteurs, ainsi qu'une porte qui
mène à des toilettes réservés aux spectateurs.
Pour finir, au fond de la salle, derrière le public et
tout en haut, se trouve le bloc de régie. Celui-ci offre une bonne et
entière visibilité de l'auditoire et de la scène.
Disposant d'un lecteur de DVD, d'une console et d'un amplificateur de son, d'un
jeu d'orgue et parfois d'un projecteur vidéo, ce matériel permet
au régisseur de contrôler l'éclairage, ainsi que la
sonorisation transmise par deux haut-parleurs situés côté
cour et jardin de la scène.
I.4.1.2. Les limites
Les limites de l'espace théâtral de l'Institut
Français se situent à plusieurs niveaux. Tout d'abord, il est
important d'observer en ce qui concerne la scène qu'en dehors des
accroches qui servent à supporter les projecteurs de lumière, on
se trouve encore à des années lumières de la grande
scène à l'italienne munie de toute la machinerie qui permet la
réalisation des décors complexes, illusionnistes et
variés. Dans cette salle, toute la scénographie est
installée manuellement avant le spectacle. D'ailleurs, de
mémoire, on n'y donne pas des spectacles à entractes ni ceux
comportant des aspects visuels et sonores complexes ; ceci à cause
de l'impossibilité de varier aisément de décors. Aussi, le
fait que ces décors ainsi que les comédiens passent
généralement par l'espace-public avant le spectacle pour se
retrouver dans la salle, contribue à annihiler nettement l'illusion que
doit toujours entretenir un spectacle de théâtre. Enfin pour ce
qui est de la scène, il est à noter que sa taille réduite
ainsi que sa géométrie fixe n'offrent pas aux praticiens une
pleine liberté de création. Surtout en ces temps où la
tendance est aux scènes modulables qui répondent plus
favorablement aux exigences esthétiques sans cesse variées des
artistes de la scène.
Ensuite, il existe à l'Institut Français un
problème de visibilité et d'accessibilité à
l'auditoire. Les sièges étant disposés sur une surface
entièrement plane, nombreux sont les spectateurs qui n'ont pas toujours
une nette visibilité de la scène et par ricochet de l'action qui
s'y déroule. Cet état de fait est dû aux lignes de
visibilité qui pâtissent de la surface de l'auditorium qui n'est
pas en pente, et même de la disposition des têtes des spectateurs.
Par ailleurs, la faible distance entre les lignes de sièges ne permet
pas au spectateur assis de consommer entièrement le spectacle sans
risque d'être dérangé à un moment ou un à
autre par un ou plusieurs spectateurs retardataires ou indisposés, qui
obligent parfois un bon nombre de spectateurs à se lever afin de leur
céder une voie de passage. Enfin, beaucoup de spectateurs entrent une
fois le spectacle entamé par la porte centrale située non loin de
la scène. Ceci permet de déconcentrer et les regardants et
même les regardés, car à chaque fois que la porte s'ouvre,
une lumière différente ainsi que des bruits provenant de l'espace
public viennent modifier nettement l'acoustique et l'ambiance lumineuse de la
salle.
Mais qu'à cela ne tienne, force est de déclarer
que l'Institut Français dispose de loin du meilleur espace
théâtral de la ville de Yaoundé. C'est un cadre qui offre
malgré ses limites, tant aux spectateurs qu'aux praticiens la
possibilité de créer des spectacles d'assez bonne facture ;
ce qui contraste nettement d'avec ceux des deux autres théâtres
qui n'offrent pas les mêmes avantages.
I.4.2. L'espace théâtral du
Goethe-Institut
I.4.2.1. Description
Le Goethe-Institut de Yaoundé, pareillement à
l'Institut Français, est construit selon la vision des
théâtres à l'italienne168(*). C'est un espace en plein air qui est
constitué d'une scène qui donne sur une cour où sont
disposées les chaises accueillant le public. Cet auditoire
improvisé est lui-même complété par un petit bloc de
régie qui se trouve au fond de la cour. Beaucoup moins
élevée, moins large et moins profonde que celle de l'Institut
Français, la scène du Goethe est relativement simple. Il s'agit
d'un plancher un peu surélevé, entouré à ses trois
quart par des murs de scène qui ne sont réalité que des
rideaux noirs permettant de voiler les coulisses de la vue du public. Cette
scène est également recouverte d'un toit de taules
ondulées soutenu par une charpente métallique dont les barres
servent d'accroches aux projecteurs lumières. Tout comme à
l'Institut Français, le Goethe dispose d'un jeu d'orgue, de nombreux
projecteurs, d'une console ainsi que de deux haut-parleurs placés eux
aussi de part et d'autre devant la scène.
Pour ce qui est de l'auditoire, il est en partie
créé le soir même du spectacle en remplissant la cour de
chaises métalliques destinées à recevoir les spectateurs.
Cependant, il est complété par un petit gradin fixe en bois,
jonché au dessous d'un arbre, et destiné à recevoir le
surplus de spectateurs. Enfin, c'est aussi sur cet espace, non loin de la
scène mais à une certaine distance des spectateurs, que se
trouvent des toilettes modernes dont on ne peut reprocher que le nombre
restreint à un. Il existe aussi sur ce même espace
dédié aux spectateurs un petit coin retiré qui lui est
réservé à la dégustation d'après-spectacle.
C'est ce qui caractérise d'ailleurs le Goethe ; car à la fin
de chaque spectacle, l'espace théâtral se transforme toujours en
un vaste espace-public.
I.4.2.2. Les limites
En ce qui concerne les principales limites de l'espace
théâtral du Goethe-Institut, elles sont essentiellement les
mêmes que celles de l'Institut Français, tant au niveau de la
scène qu'au niveau de l'auditoire. Cependant, ces problèmes sont
un peu plus aigus ici. A ces problèmes, vient tout simplement s'ajouter
un premier problème qui est celui de l'implantation de la régie
lumière. Dans les normes, le plan de feu d'un spectacle pour être
exécuté et bien apprécié nécessite que l'on
puisse jouer avec la lumière en créant de temps à autre de
l'obscurité totale dans la salle. Or le Goethe étant un espace en
plein air, il faut souvent attendre la tombée de la nuit pour pouvoir
ajuster les différentes lumières. Et ceci se fait souvent sous
les yeux des spectateurs déjà assis en attente du début du
spectacle. Cela s'est ainsi illustré le 15 janvier 2014 à travers
le spectacle Sur la braise de Joël Eboueme Begnomo. Un autre
problème est celui lié à la sécurité du
spectateur ; car ce dernier ne se trouve pas toujours être à
l'abri des intempéries169(*). Toujours parce qu'en plein air et situé non
loin de la route, l'acoustique y en pâtit grandement. Dans cette
configuration, les voix des comédiens se trouvent parfois,
déformées, soit emportées par des bruits d'automobiles et
autres musiques provenant perpétuellement de la rue et des débits
de boissons situés à proximité du Goethe. Cette nuisance
sonore est ainsi capable de distraire tant le bon comédien que le
spectateur le plus concentré.
I.4.3. L'espace théâtral
d'OTHNI
I.4.3.1. Description
Il est assez difficile de circonscrire l'espace
théâtral d'OTHNI à la seule entité qui est la
salle ; car, amateurs d'un théâtre qu'ils qualifient selon
leurs propres termes d'expérimental, les promoteurs d'OTHNI transforment
le plus souvent l'ensemble des locaux en un vaste espace de jeu et de regard
pour la « communauté théâtrale »
réunie. Sont ainsi généralement investis lors de certains
spectacles en dehors de la salle : les chambres, les bureaux, les
couloirs, la cour et même la clôture. Mais nonobstant cet
éclatement quasi régulier de l'espace théâtral,
OTHNI dispose d'une salle spécialement dédiée à la
représentation des spectacles170(*). C'est une pièce à espace vide,
semblable à la salle idéale dont rêvait Gordon Craig et les
autres réformateurs du lieu théâtral ; un espace dans
lequel lors de chaque spectacle un environnement spécial peut être
créé. En outre, le jour du spectacle, la salle est remplie de
chaises qui accueillent au maximum cinquante spectateurs. Les acteurs eux ont
le choix d'entrer ou de sortir soit par une porte située sur le mur de
scène gauche, soit, et comme c'est si souvent le cas, par la porte
centrale généralement réservée aux spectateurs. Ici
les coulisses sont multiples. Elles peuvent être toute pièce de la
maison-OTHNI.
I.4.3.2. Les limites
La salle de OTHNI, ne dispose ni de jeu d'orgue, ni de
console. D'ailleurs quand il est question d'éclairer les spectacles, les
projecteurs sont accrochés de façon rudimentaire ou placés
à même le sol171(*). L'espace de jeu lui se confond carrément
avec l'espace de regard. La surface étant totalement plane, seules les
chaises-spectateur servent à le délimiter. Allant donc à
contre-pied de Vitez qui pensait que l' « on peut faire du
théâtre de tout », on peut déclarer que la salle
d'OTHNI, en son état actuel, sied beaucoup plus à la tenue des
conférences qu'à la pratique du théâtre. Bien qu'il
puisse être avéré que c'est dans ce type d'espace que le
praticien dispose de beaucoup plus de marge de manoeuvre, il n'en demeure
toutefois pas moins vrai qu'à cause de l'absence de certaines
facilités qu'offre la technologie du théâtre, il ne pourra
jamais réaliser, et même s'il le voulait, un certain type de
créations scéniques. Etant donné aussi que tous les
praticiens ne sont pas adeptes d'un théâtre dit
d'expérience.
Les espaces théâtraux des salles de
Yaoundé n'ont donc rien d'exceptionnel. Face à celles-ci, on se
trouve à l'antipode des grandes salles modernes qui disposent des
scènes et des auditoires somptueux qui allient qualités
esthétiques et prouesses technologiques. Ici, il semble qu'un plancher
(plus ou moins approprié), des lumières et de la sonorisation
soient les seuls ingrédients techniques nécessaires à la
confection d'un spectacle réussi. Force est de constater que ces lieux
qui faut-il le rappeler n'ont pas pour vocation première la diffusion du
théâtre, ne reflètent logiquement pas le cadre
infrastructurel qui se doit de prévaloir afin d'assurer
l'épanouissement de l'art dramatique au Cameroun. Et même s'il est
vrai que le théâtre puisse se pratiquer en tout temps et en tout
lieu, il reste néanmoins indispensable d'avoir des salles à
même d'impulser une véritable dynamique tant au niveau de la
création qu'à celui de la réception. D'ailleurs, il est
aisé de constater que toutes les grandes « civilisations
théâtrales » depuis l'antiquité jusqu'à
nos jours, se sont toujours appuyées sur des lieux
théâtraux forts. La situation des infrastructures
théâtrales dans ville de Yaoundé, et au Cameroun par
ricochet, ressemble plus à celle du Moyen-âge : avec ici
« trois maisons d'habitations » érigées en
autant de lieux théâtraux et dont l'accès n'est pas
toujours aisé pour les praticiens. C'est donc dans cette logique de
dénuement que la prochaine section de ce chapitre condense ainsi les
principaux problèmes d'infrastructures théâtrales auxquels
le praticien de Yaoundé fait face.
II. Les problèmes procédant de
l'état du lieu théâtral dans la ville de
Yaoundé
II.1. Le manque d'espaces de diffusion et de
création
Dans le précédent point de ce chapitre, une
étude des principaux lieux théâtraux de la ville de
Yaoundé a été effectuée. A mi-parcours de celle-ci,
d'autres salles aux « dessins » moins reluisants ont
été citées. Ainsi donc, il a été admis que
la cité capitale qu'est Yaoundé ne compte que, et ce à
juste titre, quelques salles dans lesquelles le théâtre peut
être pratiqué. Cette dure réalité, se
révèle être le premier problème auquel les
praticiens du théâtre sont confrontés au quotidien. Car le
théâtre, loin d'être cet art qui s'est au fil des
siècles profondément enraciné dans la littérature
est avant tout un art de la scène. De même qu'Artaud le pensait,
le texte peut être mis de côté, ou ne devenir qu'un simple
prétexte à la représentation. Cela revient à dire
en d'autres termes que la destination finale du fait théâtral
c'est de rencontrer un public dans une salle, sur une scène. Cependant,
si pour promouvoir leur art, les praticiens de théâtre de la ville
de Yaoundé ne peuvent que compter sur une poignée de salles qui
d'ailleurs offrent à chaque fois des facilités techniques pas
toujours adéquates, il va de soi que le théâtre ne peut que
battre de l'aile. Et ce marasme, ne procède pas uniquement du manque de
salles pour la diffusion des spectacles ; mais aussi, la pratique de l'art
dramatique dans la ville de Yaoundé pâtit énormément
du manque d'espaces de création172(*), ou à simplement parler, des salles pour
répéter des spectacles.
Ainsi, s'il est vrai que la représentation ne constitue
que l'iceberg visible du fait théâtral, il est tout aussi vrai que
la « construction » d'un spectacle implique des heures
indénombrables qui sont consacrées à sa conception,
à sa mise en forme, bref à la
répétition-création d'une vision : dans un lieu. Ce
lieu est idéalement un espace à l'abri des intempéries et
des regards curieux, un lieu paisible à même de permettre une
pleine et libre éclosion du génie des créateurs. Or
cependant, à côté du faible nombre d'espaces de diffusion
qui impacte déjà négativement les praticiens173(*), celui des espaces de
création le fait avec la même, sinon avec plus d'acuité.
À partir des témoignages, des
expériences et des observations personnelles, il convient de noter
que nombreux sont les praticiens qui répètent : dans
leurs domiciles, avec tout ce que cela comporte comme nuisances sonores pour et
par le voisinage ; dans les jardins publics ; près des rues
bruyantes ; bref partout sauf dans des espaces propices à cette
action. Il est certes vrai pour relativiser, qu'une compagnie
théâtrale comme Les ménestrels ne fera jamais face à
une telle difficulté, et ce à cause d'OTHNI ; et que
d'autres praticiens plus chanceux ou plus opportunistes se refugieront dans les
espaces création-diffusion tels que le Centre Culturel Francis
Bebey174(*), le Centre
Culturel Hell, le centre Zingui, ou encore au théâtre Bole
Butake175(*). Mais il
demeure vrai que le reste, qui constitue d'ailleurs la plus grande proportion
du groupe, se bat tant bien que mal pour dénicher des lieux où
répéter, et ceci au gré de l'humeur des journées.
Notre expérience personnelle, ainsi que celle de nombreux autres
étudiants inscrits à la section arts du spectacle et
cinématographie de l'université de Yaoundé 1 permet
d'ailleurs de se faire une idée de la situation. Lors des spectacles que
nous organisons régulièrement, il faut parfois attendre la fin
des cours pour escompter avoir une salle libre pour répéter. Une
fois la salle libérée, il faudra d'ailleurs se la disputer entre
différents groupes de répétitions. A défaut de
mener cette guéguerre, il faudra parfois parcourir le campus
universitaire tout entier afin d'espérer trouver un espace oisif et
calme en plein air.
Par ailleurs, il est notable que ce problème de manque
d'espace de création et de diffusion qui été
corroboré par tous nos interviewés, ne date pas d'aujourd'hui.
Déjà, entre les années 2003 et 2004, Guy Francis Tami Yoba
se voit confier ce même problème par une dizaine de metteurs en
scènes camerounais dont il recueille les propos176(*). Toutefois, s'il est
avéré que le manque qualitatif et quantitatif d'espaces de
diffusion et de création fait entrave à la création des
spectacles, il n'en demeure pas moins vrai que ce sont les deux tiers des
salles du corpus qui y financent le théâtre de Yaoundé.
II.2. Le financement des créations par les
salles
Il est hallucinant de voir à la fin de la
majorité des spectacles organisés à l'Institut
Français, les metteurs en scène remercier le directeur pour leur
avoir octroyé le financement pour la création177(*) ; ou alors d'entendre
les praticiens supputer quant à l'expectative d'une programmation de
leurs spectacles au Goethe, synonyme de garanti de cachet. A entendre les
praticiens de la ville de Yaoundé : « ce sont les salles
étrangères178(*) qui financent la majorité de nos
créations ». Ceci rejoint d'ailleurs ce que Tony Mefe
déclarait déjà en ce qui concerne le financement du
théâtre africain qui selon lui est redevable avant tout au bon
vouloir de l'Occident179(*). On pourrait ainsi donc se poser
prématurément la question de savoir si un théâtre
qui ne jouit d'une autonomie financière, un théâtre
« sous perfusion » comme il en est le cas pour le
théâtre à Yaoundé, si un tel théâtre
peut escompter une certaine indépendance, voire une
émergence ? Car comme l'illustre cette vérité reprise
par Pierre Makon, les contenus que diffusent les produits artistiques :
« se trouvent coïncidés avec les perspectives soit de
l'artiste, soit du secteur social qui le soutient, le paie ou consomme son
oeuvre. »180(*), et il va de soi que d'une manière ou
d'une autre le théâtre camerounais, du fait de son financement qui
est en partie assuré par les salles étrangères, doive
pâtir de cette constante. Par ailleurs, si les artistes tendent
essentiellement leurs prières vers les salles pour que ces
dernières financent la mise en oeuvre de leurs projets, la raison tient
en grande partie du fait que les salles sont en manque d'un véritable
public-contributeur.
II.3. La vacuité des salles de
théâtre
Le public est la principale raison d'existence du
théâtre. Fait pour lui et en partie par lui, plus qu'un rôle
de légitimation de cet art, il est, sinon doit être en ces temps
de marasme économique où certains Etats pauvres tels que celui du
Cameroun tournent le dos au financement de la culture, le moyen par lequel le
théâtre peut « néanmoins »
prospérer. Car grâce à l'achat d'un ticket d'entrée
qu'il effectue, le spectateur achète le produit théâtral et
permet ipso facto la fabrication d'un autre. Il en ressort aussi que cette
action-public ne se fait efficacement qu'à travers les salles de
théâtre.
A contrario de cet idéal sus-décrit,
l'environnement théâtral dans la ville de Yaoundé se
caractérise par une certaine vacuité des salles. Il existe certes
un public étudiant et parfois « contraint » qui
remplit la salle de l'Institut Français lors de toutes les Rencontres
Théâtrales Universitaires ; un public expatrié
connaisseur et amoureux d'art, et surtout solidaire de l'action occidentale au
Cameroun ; un public adepte au Goethe, attiré par la
gratuité et la communion de fin de spectacle. Mais, que ce soit le
Goethe, l'Institut Français, OTHNI et encore moins les salles mineures,
aucune salle de la ville de Yaoundé ne peut se targuer lors des
spectacles de théâtre qu'elle organise d'avoir un véritable
public-contributeur régulier181(*) ; c'est-à-dire des hommes et des femmes
qui payent régulièrement leur ticket pour assister à une
représentation. Ainsi, et comme l'avaient déjà si bien
remarqué Clément Tanda en 1993 et plus récemment Sylvie
Tami Wabette en 2006182(*), y compris maintenant nous-mêmes à
travers les spectacles auxquels nous assistons à une fréquence
assez soutenue depuis 2008, le public des salles de théâtre de la
ville de Yaoundé est majoritairement composé des artistes et de
leurs proches et amis qui accèdent le plus souvent au spectacle
gratuitement, ceci grâce à un statut d'invité183(*).
Il en résulte donc que les causes des problèmes
dus au lieu théâtral à Yaoundé, tirent
essentiellement leur origine dans le manque d'espaces de diffusion et de
création ; dans la production qui est financée en grande
partie par les salles dites étrangères, et enfin dans l'absence
d'un véritable public-contributeur dans les salles. Il est par
conséquent à noter que ces causes engendrent plusieurs
corollaires qui nuisent à la bonne santé de l'art
théâtral dans la ville.
III. Les corollaires des problèmes du lieu
théâtral
III.1. Les conséquences du manque d'espaces de
création et de diffusion, et du financement du théâtre par
les salles
III.1.1. La mise en oeuvre difficile des
projets
Dans la ville de Yaoundé nous confient la plupart des
praticiens, il est difficile de s'engager sur un projet de spectacle. Et
lorsqu'on en vient à le faire, il faut avoir la certitude que l'on
pourra représenter le spectacle dans au moins les trois salles du
corpus, en particulier dans les salles étrangères. En fait, un
doute subsiste toujours quant à l'aboutissement d'un projet qui vient
d'être entamé, parce qu'il n'y a que trois salles fiables à
Yaoundé, et qui de surcroît contrôlent la diffusion du
théâtre selon des convictions esthétiques qui sont propres
à leurs gestionnaires. Dans cet environnement morose, il est ainsi ardu
de mener à bien un projet car aussi bien le manque d'espaces de
création que de diffusion sont des freins à même de rebuter
les plus téméraires. Cette situation fait ainsi apparaître
deux cas de figures : soit le projet languit dans le tiroir des meubles et
de la pensée du praticien, soit, il est arrêté à un
certain stade de sa réalisation.
L'agonie et l'abandon des projets sont d'autant plus forts que
ce sont les salles qui diffusent les spectacles qui financent aussi
généralement leur création. Cet état de fait nous
convie donc à déclarer que la production d'un spectacle de
théâtre à Yaoundé est d'abord et avant tout une
question de triple opportunité : l'opportunité d'avoir un
espace de création, l'opportunité d'avoir un espace de diffusion,
et enfin, et pas des moindre, une opportunité d'avoir du financement.
Mais même lorsque le praticien réussit l'exploit de monter un
spectacle, une autre impasse se présente sur son chemin, celle
liée à la durée de vie de son produit.
III.1.2. La faible espérance de vie des
spectacles
Si le produit de grande consommation jouit
généralement d'un cycle de vie à quatre phases184(*), en ceci qu'il peut
être produit plusieurs fois grâce à la standardisation et
résister sur le marché tant que celui-ci bénéficie
encore de l'estime des consommateurs, cette vérité ne s'applique
que difficilement au monde du spectacle vivant, et dans le cas d'espèce
à celui du théâtre. Un spectacle théâtral est
le fruit d'une conception qui dure des mois voire des années. Une fois
créé, il se doit d'être consommé rapidement afin de
rentabiliser les efforts de ses concepteurs ; car contrairement au produit
de grande consommation, le spectacle est un produit intangible185(*) ; et sa distribution se
fait à travers des tournées, c'est-à-dire une série
de représentation qui a lieu en un nombre de jours précis, dans
plusieurs salles et/ou dans plusieurs villes.
Or, dans un environnement qui n'est constitué que de
trois salles de théâtre qui peuvent être qualifiées
de fiables, et dont il faut le rappeler que le dessein n'est pas exclusivement
orienté vers la promotion du théâtre, il est difficile pour
un homme de théâtre de diffuser un spectacle sur plusieurs jours
successifs. Généralement, une fois passées les
étapes de OTHNI, de l'Institut Français et du Goethe,
aboutissement d'un rodage qui a lieu au préalable dans quelques autres
salles mineures, le spectacle s'il a plus de chance va ensuite à
l'Institut Français de Douala et éventuellement dans les quelques
alliances françaises que compte le Cameroun ; puis, il se voit
abandonnée, s'éteint, et ne ressuscite fortuitement que quelques
mois ou quelques années après, le temps d'un festival186(*).
Le manque de lieux théâtraux viables et en nombre
suffisant, a donc un impact réducteur sur la durée de vie des
spectacles. Et cette courte durée de vie, se caractérise par
ailleurs par une programmation sporadique de l'art théâtral dans
les salles.
III.1.3. La programmation sporadique du
théâtre
Dans l'interview que nous a accordée le directeur
adjoint de l'Institut Français, celui-ci se plaignait des demandes
pléthoriques adressées à son institution par les
compagnies pour la diffusion, et éventuellement le financement de leurs
spectacles. Or cela contraste avec la constatation qu'il est possible
d'effectuer au niveau de la programmation réelle du
théâtre. Le nombre de spectacles diffusés mensuellement
dans ce lieu, sauf en temps de festival, ne dépassent jamais le nombre
de deux. Il en est de même pour ce qui est du Goethe. Celui-ci qui offre
à peine un, voire deux spectacles tous les trimestres, et enfin, OTHNI
quant à lui ne propose parfois aucun spectacle pendant une longue
durée187(*).
Force est donc de récapituler en déclarant que la ville de
Yaoundé ne propose pas à une fréquence
régulière quatre spectacles de théâtre par mois,
soit un spectacle par semaine. Est ainsi responsable de cette situation, hormis
l'éternel problème de financement, celui du manque
d'espaces ; car ces salles étant toutes polyvalentes, elles ne
peuvent point faire la part belle à l'art dionysiaque qui d'autant plus
n'est pas celui qui attire le plus de public dans la ville. Étant
donné aussi que les autres arts de la scène ne sont pas les mieux
lotis en matière d'infrastructures de diffusion.
La programmation sporadique du théâtre est donc
largement à mettre au compte du manque d'infrastructures
théâtrales capables d'accueillir en permanence les compagnies, et
d'offrir à ces hommes et femmes un pécule pouvant leur permettre
de « subsister ». Cette situation dont quelques corollaires
sont le manque de visibilité, et la paupérisation voire la
stigmatisation du théâtre par le grand public, ne permet pas ainsi
une émulsion des vocations dans ce domaine de l'art.
III.1.4. Le faible développement des
métiers techniques du théâtre
La reforme de l'enseignement supérieur mise en route
en 1993 au Cameroun a stimulé la création de plusieurs
universités publiques et privées depuis lors, ainsi que la
promotion de l'art théâtral à travers son enseignement dans
la plupart de celles-ci. Or empruntant au jeune metteur en scène Landry
Nguetsa, il s'avère que toute formation quelle qu'elle soit, doit
toujours être soutenue par une pratique constante, une vision
réelle du terrain. Mais au regard de ce qui précède, il
est en effet difficile au vu de l'état du lieu théâtral au
Cameroun et plus précisément à Yaoundé,
caractérisée par leur faible nombre ainsi que leurs tares
techniques, de promouvoir efficacement certains métiers de la
scène tels que la scénographie, l'éclairage et la
sonorisation des spectacles, les machinistes de spectacle, et dans une moindre
mesure, et ce parce qu'ils se portent toujours dans un espace (sur la
scène), les métiers du maquillage et du costume.
Ainsi, sur la scène théâtrale
yaoundéene, le clan des techniciens est un cercle très restreint.
Ironiquement, on pourrait même renchérir qu'il s'agit d'une petite
secte où tout le monde se connaît et où chacun bricole un
peu de tout. Par exemple, en dehors des régisseurs permanents que
disposent les salles dites étrangères, les autres sont
ceux-là qui cumulent la plupart du temps cette fonction avec celle de
metteur en scène, de dramaturge et voire d'acteur. La principale
vérité étant simple : ces métiers ne peuvent
efficacement se développer qu'avec de nombreuses salles bien
équipées où en forgeant régulièrement, les
aspirants à ces métiers off-stage pourront acquérir une
véritable expérience et en faire de ces activités de
véritables professions stables et pleinement lucratives. D'ailleurs,
Pierre Makon une fois de plus, déplorait déjà dès
1987 cette propension des hommes de théâtre à être en
proie au chômage, ou à mener des activités autres que le
théâtre pour assurer leur survie188(*).
III.1.5. Des spectacles aux visages multiples
contraints
S'il est communément admis que chaque
représentation théâtrale est un fait unique parce que non
reproductible à l'identique, cela tient en grande partie du jeu des
acteurs. Ceux-ci en effet, ne peuvent tels des automates contrôlés
par les techniques de l'intelligence artificielle reproduire exactement les
mêmes actions au cours de deux représentations successives du
même spectacle. Toutefois, qu'à cela ne tienne, et si un metteur
en scène le désire, le substrat d'un spectacle peut demeurer le
même pendant plusieurs représentations à condition que les
salles qui l'accueillent lui offrent toutes les facilités
nécessaires. On peut ainsi effectuer toute une tournée avec en
tous points la même conduite lumière et son, les même
costumes, les mêmes effets spéciaux, bref, avec en tout point la
même scénographie.
Cependant, on peut déclarer haut et fort que les salles
de Yaoundé ne peuvent qu'offrir à un spectacle, à chaque
fois qu'il est représenté dans chacune d'elles, un visage
divergeant qui n'est pas toujours le fruit de la volonté du metteur en
scène189(*). Car
comme il a été exposé plus haut, elles présentent
toutes quelques tares qui influent d'une façon ou d'une autre sur le
rendu final du spectacle : la frontalité obligatoire au Goethe et
à l'Institut Français, l'inexistence d'un plateau technique
à OTHNI, les faibles dimensions des scènes, le manque des
facilités techniques que les grands théâtres offrent.
Ainsi, un spectacle tel que Verre Cassé de David Noundji ;
Sur la braise de Joël Eboueme Begnomo; Le Deal des
leaders de Elvis Mbvouma, pour ne citer que ces trois spectacles,
présenteront toujours un visage « étrangement
nouveau » en fonction du lieu où ils sont
représentés. Si les facilités des salles, pas toujours
propices, imposent des reflets sans cesse changeants aux spectacles, il n'en
est pas moins des salles et de leurs dirigeants, qui à travers le
financement qu'ils octroient aux praticiens ont d'une manière ou d'une
autre une emprise sur le spectacle proposé.
III.1.6. Le financement des salles et les contraintes
latentes sur les praticiens
Puisque des trois salles qui constituent notre corpus les deux
tiers sont celles qui financent majoritairement la production
théâtrale dans la ville de Yaoundé, elles y ont logiquement
droit de regard et d'imposition esthétique et même
thématique. Il s'agit là de la dure loi de l'assistanat dont il
serait plus aisé d'expliciter en prenant pour appui les relations
internationales. Puisque ce sont les lieux théâtraux de la ville
de Yaoundé qui choisissent les spectacles à diffuser et à
financer190(*), alors,
les orientations esthétiques et thématiques des spectacles se
trouvent automatiquement déviées vers des écritures dites
« contemporaines ». Cette « dictature
esthétique », tous les praticiens que nous avons eu à
rencontrer nous l'ont avouée, bien que sans crier gare. La raison
étant naturellement compréhensible. En juin 2013 à
l'Institut Français, lors de la restitution d'un atelier sur la mise en
scène organisé par La metteure en scène franco ivoirienne
Eva Doumbia dans le cadre du festival dénommé Scènes
d'Ebène, cette emprise idéologique a pu se ressentir
notamment à l'étape de la présentation des
différents projets par les participants en vue d'un éventuel
financement et diffusion. Reproches furent ainsi faits à nombre d'entre
eux par la metteure en scène qui les formait ainsi que par le directeur
de l'institut. Ces reproches étaient dus à leurs schémas
de mise en scène et leurs thèmes qui, prétendait-on, ne
pouvaient plus briller en ces jours sur le réverbère de
l'universel. Et cette contrainte douce peut aussi se vérifier en
observant les thématiques, la nature des oeuvres, et « les
images » des spectacles représentés ces derniers mois
sur les scènes de Yaoundé. On a ainsi droit soit à des
pièces d'auteurs européens, soit des pièces dont les
thèmes épousent la vision occidentale, une vision quelquefois
critique vis-à-vis de la démocratie à l'africaine, soit
enfin, des compositions scéniques toutes prêtes à
égarer le spectateur non averti.
Bien que d'aucuns puissent relativiser en y voyant là
un pur débat à controverse, il reste tout de même vrai que
d'une manière ou d'une autre, ces metteurs en scène et parfois
ces auteurs dramatiques ne deviennent plus que, consciemment ou non, des agents
au service des idéaux des salles qui ne sont elles-mêmes que le
véhicule de la culture et de la pensée occidentale en Afrique.
Aussi, il est remarquable de constater que le fait que ces salles ne
possèdent pas de véritable public théâtral,
entraînent d'autres conséquences sur la pratique
théâtrale yaoundéene.
III.2. Les conséquences de la vacuité
des salles
III.2.1. Le théâtre de cachet
A cause du manque de public-contributeur dans les salles,
tout laisse à dire au vu de la situation sur le terrain que l'on se
trouve sous le règne d'un théâtre que l'on qualifiera sans
intention aucune de « théâtre de cachet », et
dont l'appui est tout autre que l'apport financier du public. En effet, parce
que conscient qu'il est très difficile voire impossible de faire salle
comble avec un spectacle de théâtre, et par conséquent de
rentrer dans ses frais en assurant toutes les dépenses liées
à la production et en se rémunérant soi-même, la
plupart des praticiens ne montent que des spectacles de commande. Ils
créent ainsi des spectacles uniquement dans l'espoir ou parce qu'ils les
joueront contre « un cachet », au Goethe ou à
l'Institut Français. Cela a ainsi un impact au niveau des compagnies qui
ne vivent généralement que le temps d'un projet, et qui
conséquemment ne sont que des entités
éphémères, des prête-noms aux sursauts
artistico-financiers de quelques praticiens. Et du fait de ce
théâtre qui se contente de vivre de l'aumône des salles, et
dont l'objectif principal n'est pas tourné vers le public camerounais,
il s'ensuit qu'une véritable réflexion sur le plan
esthétique et même marketing ne peut être efficacement
menée par les praticiens dans l'optique de ré-attirer le
public-contributeur vers le théâtre. Cela est d'autant plus vrai
que loin de viser uniquement les salles-financeur de Yaoundé, les
praticiens créent en orientant leurs efforts vers le marché
extérieur.
III.2.2. Un théâtre
extraverti
Le théâtre camerounais, n'a pas de
véritable soutien public dans la ville de Yaoundé. A cause de ce
fait, il se trouve qu'il est logiquement obligé de se tourner hors des
frontières nationales. Non pas avec pour premier dessein de promouvoir
et de vendre l'image d'un art à la camerounaise, mais pour
« survivre », lui et son équipe. Nous employons le
mot « survivre » parce que l'environnement
théâtral n'est guère morose qu'au Cameroun. Amadou Bouna
comédien et humoriste ayant participé à plusieurs
festivals de théâtre en Afrique nous confie que même dans la
sous région Afrique centrale, ce délabrement des infrastructures
théâtrales est perceptible. Il a de ce fait réalisé
un documentaire de 26 minutes intitulé Théâtre et
Festivals en Afrique centrale. Les intervenants, praticiens de
théâtre pour la plupart, décrient le lieu de fortune dans
lequel les spectacles sont joués.
Ainsi, lorsqu'un spectacle a écumé dans la
ville capitale et dans deux ou trois autres villes du Cameroun les rares lieux
théâtraux qui y existent et plus particulièrement ceux
à même de rémunérer ses créateurs, ces
derniers se démènent pour pouvoir lui assurer une
sélection dans un festival étranger, ou dans tout autre
marché attirant de potentiels acheteurs. Puisque l'immense partie des
praticiens aspirent ainsi à vendre leurs créations à
l'étranger, cela ne peut qu'avoir un impact certain sur le type de
produit. Celui-ci, loin d'être une mise en forme des horizons d'attente
d'un éventuel public camerounais, se trouve plutôt fardé
par des artifices, fruits de l'influence des standards et des fluctuations du
marché extérieur.
Ainsi donc, le manque de public dans les salles de spectacles
tend à extravertir le théâtre camerounais. Et pour
vérifier cette affirmation, il est utile d'observer le contenu
thématique et esthétique des oeuvres dramatique produites pendant
l'âge d'or du théâtre au Cameroun. Or ces dernières
années, ces deux constantes ont connu un revirement
remarquable191(*). Le
temps y aidant certainement pour beaucoup, il reste néanmoins vrai que
les contraintes d'ordre infrastructurelles et notamment financières y
sont pour beaucoup. Mais la vacuité des salles n'inclut pas que le
marchandage de l'offre théâtrale et son extraversion ; elle a
aussi pour effet, le minimalisme des spectacles.
III.2.3. Un théâtre
parcimonieux
Sur la vingtaine de spectacles que nous avons eu à
regarder directement ou indirectement dans le cadre de cette étude, on
peut conclure au vu des principales observations faites que le
théâtre camerounais est un théâtre parcimonieux.
Parcimonieux il l'est parce que la plupart des spectacles ne font qu'un usage
très restreint des moyens de représentation : un nombre
extrêmement réduit de comédiens192(*), des accessoires parfois
quasi inexistants, bref une forte symbolisation de l'action. C'est un
théâtre dont l'image rejoint celle que Jacques Scherer peint,
lorsqu'il décrit la scène d'un conteur africain qui :
« n'a besoin de rien. Ni décor, ni musique, ni danse. Il
rend tous les acteurs inutiles. [...] il a créé la forme de
théâtre adaptée le plus parfaitement possible aux milieux
pauvres où son action a pu s'exercer... »193(*). Il s'agit donc d'un
théâtre qui faute de moyens s'empare alors de la parole. C'est
cette parole qui désormais devient à elle seule l'action, le tout
du spectacle, et n'est soutenue accessoirement que par quelques
éléments décoratifs qui suggèrent au spectateur
l'espace dramatique, le tout supporté par un acteur qui peut tout faire
et tout être, mais dont la puissance réside avant tout sur son
verbe. D'ailleurs, Estelle Moulard nous rappelle ce recours des praticiens au
verbe-action pour pallier au manque de moyens de représentation :
Dans la mesure où la parole dit tout et, d'une
certaine manière, fait tout, il est vain de chercher à tout
représenter, de tout vouloir montrer : l'enjeu de la
représentation est plutôt d'inventer la nature du rapport entre le
dit et le visible. Le jeu figural implique une certaine économie des
moyens.194(*)
Et tout commence d'ailleurs par le choix du texte qui est fait
en amont. Il s'avère que celui-ci doit toujours être à
l'image du dessin scénique esquissé plus haut. C'est ce qui
explique ainsi en partie une prépondérance des adaptations
théâtrales sur la scène camerounaise,
caractérisées par une orientation des textes romanesques vers le
théâtre, où ils sont généralement mis en voix
par un seul personnage, et dans le meilleur des cas un nombre très
restreint195(*). Il est
à déduire ainsi que cela a pour effet la raréfaction des
textes classiques du répertoire camerounais qui sont
généralement lourds à représenter. Par ailleurs,
l'édition théâtrale semble stagner ces dernières
années au Cameroun ; la plupart des metteurs en scène
étant producteur de spectacle et, soit dramaturges, soit adaptateurs de
textes qu'ils « contemporéinisent ».
La quasi-totalité des spectacles camerounais est donc
résolument tournée vers le minimalisme scénique. Comment
ne pas y voir là une autre action du lieu théâtral, due
à l'absence dans les salles d'un public-contributeur, et par ricochet le
manque de financement des productions.
En effet, l'homme de théâtre en créant un
spectacle émet logiquement le voeu vivre des fruits de cet effort
intellectuel, physique et financier. Or, dans un premier temps, le cachet qu'il
reçoit des salles il faut le dire, est tout sauf une somme d'argent
importante. Il se voit donc obliger, s'il veut rentrer dans ses frais,
d'opérer des coupes drastiques. Tout est ainsi mis en oeuvre pour que
les ingrédients du spectacle soit réduits afin de
« faire des bénéfices ».
Par ailleurs, et dans un second temps, puisqu'il s'agit d'un
théâtre essentiellement tourné vers l'extérieur, il
s'avère indispensable pour assurer la circulation du spectacle de
l'épurer afin de se débarrasser des charges liées au
transport, à l'hébergement et à la sécurité
des biens (accessoires) et des personnes (l'équipe technico-artistique).
Ceci étant donné que les festivals, les marchés et autres
salles de théâtre à l'étranger ne mettent pas
toujours à leur disposition des moyens colossaux. Ces derniers fixent
d'ailleurs généralement des clauses assez strictes en
matière de logistiques, et de nombre de personnes à prendre en
charge. Dans cette optique, ils ne sélectionnent en partie les dossiers
présentés que suivant la simplicité de leurs
exigences196(*). Les
causes de ce minimalisme qui sont donc liés à la faiblesse des
financements et à l'expectative de « faire tourner le
spectacle », et en somme à la volonté de maximiser les
gains, ont été confirmées par tous nos
interviewés.
Ainsi, même si cela n'est pas clairement ostensible, le
fait que les salles de théâtre de la ville de Yaoundé
soient désertes influence grandement la pratique théâtrale.
On viendrait même à se demander un instant, au vue de tout ce qui
vient d'être énoncé, s'il est encore admissible de parler
d'un théâtre camerounais, s'il est d'autant plus vrai que la
plupart des hommes de théâtre ne semblent plus créer pour
le pays.
Toutefois, face aux problèmes du lieu
théâtral caractérisés par leur nombre insuffisant,
leurs tares techniques et leur vacuité, certains praticiens tentent de
les contourner qui en allant vers le public à travers des lieux
inédits ; qui en conviant tout simplement le public à des
séances de visionnages des dramatiques197(*), afin de le réapprendre à aimer le
théâtre. Mais, il demeure évident qu'à cause de
toutes les difficultés ici décrites, l'homme de
théâtre camerounais en général et de la ville de
Yaoundé en particulier, est un acteur essentiellement
conditionné. C'est l'esquisse du processus de son conditionnement qui
fait ainsi l'objet du dernier grand point de ce chapitre qui se veut plus
théorique.
IV. La théorie comportementaliste
appliquée au praticien de théâtre
IV.1. A propos du comportementalisme
IV.1.1. Genèse et évolution
Le comportementalisme, plus couramment appelé
behaviorisme198(*), est
un courant de pensée en psychologie qui naît aux Etats-Unis
d'Amérique au début du XXe siècle, et de
façon latente au travers des recherches de Pavlov et Thorndike pour ne
citer que ceux-ci. Toutefois, c'est en 1913, dans un article de John Broadus
Watson intitulé La psychologie telle que le behavioriste la
voit199(*), que ce
mot apparaît officiellement pour la première fois, faisant de
Watson le père du comportementalisme.
Pour le courant comportementaliste, la psychologie ne peut
prétendre traiter objectivement des processus psychiques, qui sont
invisibles à l'observation, et difficilement malléables. Excluant
conséquemment de leur champ d'étude l'introspection et des faits
psychiques tels que la conscience, le comportementalisme se concentre sur des
comportements observables qu'il tente d'expliquer à partir des
expérimentations de conditionnement menées majoritairement sur
des animaux. De ces expériences, ses tenants les
généralisent sur les humains200(*), et parviennent à émettre le postulat
selon lequel la plupart des comportements observables sont essentiellement la
réponse à des stimuli extérieurs provenant de
l'environnement.
Aussi, le comportementalisme comme théorie a grandement
contribué à l'évolution de l'enseignement, en formulant
nombre de théories liées à l'apprentissage. Courant majeur
durant la première moitié du vingtième siècle, il
va, à cause des nombreuses critiques à lui faites201(*) par les cognitivistes, de
plus en plus se modérer et laisser place au néo-behaviorisme et
au cognitivisme. Cependant, même jusqu'à nos jours, l'oeuvre de ce
courant, et notamment les différents types de conditionnement de
l'apprentissage méritent d'être résumés, car pouvant
permettre une meilleure compréhension de certains
phénomènes, notamment celui de la pratique théâtrale
dans la ville de Yaoundé.
IV.1.2. Les principaux types de
conditionnement
IV.1.2.1. Le conditionnement classique ou pavlovien,
ou de type I
Le conditionnement classique est une technique
d'apprentissage et de contrôle d'un comportement tirée des
résultats des travaux de l'érudit russe Ivan Petrovitch Pavlov.
Il mena des expériences sur des chiens de laboratoire en vue de
comprendre le mécanisme de leur salivation. L'expérience
pavlovienne consiste à présenter à la vue d'un chien une
quantité de nourriture, ce qui provoque automatiquement chez lui le
reflexe de salivation. Puis, par la suite, Pavlov fait sonner une cloche qu'il
accompagne immédiatement de nourriture. A la vue de la nourriture, le
chien salive de nouveau. Cependant, après la répétition
pendant un certain temps de l'association de la dyade son de cloche-nourriture
qui provoque la salivation, Pavlov constate qu'au seul son de la cloche, le
chien se met immédiatement à saliver.
Cette expérience permet de conclure que le comportement
naturel du chien (la salivation), vient à être conditionné
par un stimulus neutre (le son de la cloche) qui, suite à des
associations répétées avec le repas devient conditionnel.
De l'expérience de Pavlov, les comportementalistes concluent qu'un
stimulus inconditionnel SI (la nourriture), provoque une réponse
inconditionnelle RI qui est dans le cas d'espèce est la salivation. Un
stimulus neutre SN comme le son de la cloche quant à lui ne provoque
aucune réponse. Or cependant, l'association entre un stimulus neutre et
un stimulus inconditionnel provoque aussi une réponse inconditionnelle,
qui après répétition transformera le stimulus neutre au
départ en un stimulus conditionnel SC.
Puis quelques années plus tard, Watson s'inspirera de
ce conditionnement classique pour mener son expérience sur le petit
Albert. Mais, c'est Fréderic Burrhus Skinner, qui sur la base de ces
travaux et de ceux de Thorndike sur l'associationnisme, viendra mettre sur pied
le second type de conditionnement.
IV.1.2.2. Le conditionnement opérant ou
skinnerien, ou de type II
Dans sa boîte dite « boîte de
Skinner », le célèbre psychologue américain
réalise des expériences avec des rats de laboratoire où
ces derniers apprennent à appuyer sur un levier de la boîte afin
d'accéder à de la nourriture. Skinner constate donc à
partir de cette expérience qu'une fois que le rat est parvenu à
appuyer fortuitement sur le levier, le rat nourri au fil des essais nourriciers
diminuera progressivement la fréquence avec laquelle il parvient
à actionner le levier jusqu'à la stabiliser. Il apparaît de
ce processus que la réponse positive R, provoque un stimulus S chez le
rat qui parvient à stabiliser son action sur le levier.
Suite à cette expérience et à bien
d'autres menées toujours avec des rats, mais cette fois-ci avec des
chocs électriques, Skinner théorisera qu'on peut diminuer ou
augmenter la probabilité de voir se répéter un
comportement donné, ceci à travers le renforcement (ajout d'un
stimulus) et la punition (retrait d'un stimulus). Ceci s'applique par exemple
en milieu scolaire à travers la machine à enseigner mise au point
par Skinner.
Les comportementalistes en créant des conditions
d'appropriation des comportements, ont également étudié
les phénomènes d'abolition de ces derniers. Toutefois, pour ce
qui est de la présente étude, nous allons essentiellement nous
appesantir sur le conditionnent classique qui s'adapte le mieux avec notre
démonstration. Pour ce faire, nous prendrons appui sur
l'expérience de John Watson.
IV.2. L'expérience de John B. Watson et de
Rosalie Rayner sur le petit Albert
IV.2.1. Déroulement
En 1920, John B. Watson et son assistante Rosalie Rayner
entreprennent une expérience avec le petit Albert qui n'a alors que 11
mois. Leur action vise à apprendre, mieux, à
« fabriquer » la peur chez ce dernier. Pour ce faire donc,
ils se servent de deux éléments qui sont : un rat blanc de
laboratoire, une plaque et un marteau qui sont placés tout près
de la tête de l'enfant. Ainsi, les expérimentateurs commencent par
présenter le rat blanc au petit Albert qui n'éprouve aucune
crainte pour ce dernier, mais tend plutôt les mains pour jouer avec
l'animal. Puis, dans un second temps, on frappe violemment un coup de marteau
sur la plaque de métal, l'enfant prend peur. Et enfin, avant de tendre
le rat blanc à Albert, l'expérimentateur frappe une fois de plus
sur la plaque de fer. Albert se met à s'agiter, et tremble de peur.
Watson remarque dès lors qu'après sept répétitions
de l'association bruit épouvantable présentation du rat blanc,
l'enfant est pris de peur à la simple présentation du rat blanc
et même de tout ce qui y ressemble. Un schéma
détaillé l'explique encore mieux.
IV.2.2. Schéma de l'expérience de
Watson202(*)
Etape préliminaire
A la présentation du rat blanc
l'enfant n'éprouve aucune peur
Au bruit du coup de marteau
l'enfant a peur
Bruit violent
réaction de peur
(stimulus inc.)
(réponse inc.)
Rat blanc
(stimulus neutre à conditionner)
absence de réaction de peur
Etape de conditionnement
Rat blanc bruit violent
réaction de peur
(stimulus neutre) (stimulus inc)
(réponse inc.)
Après plusieurs couplages des deux stimuli (rat blanc
et bruit violent), la présentation du rat blanc (stimuli neutre) devient
un stimulus conditionné ; elle produit une réponse
conditionnée (la peur du rat blanc)
Rat blanc
réaction de peur
(stimulus cond.)
(Réponse cond.)
Figure 4 : schéma du conditionnement de
John Watson sur le petit Albert
Ainsi donc, à partir du schéma watsonien, mais
tout en l'adaptant à notre objet d'étude qui est le lieu
théâtral, nous tenterons de comprendre le minimalisme dans les
créations des praticiens de Yaoundé, et d'en déduire sa
portée.
IV.3. Le conditionnement de la pratique
théâtrale suivant le modèle watsonien
IV.3.1. Postulat
Pour cette démonstration, nous partons du postulat
comportementaliste qui veut que la plupart des comportements observables soient
la conséquence des stimuli environnementaux. De là, on tente
d'expliquer les différentes manifestations qui tendent à
épurer les scènes théâtrales camerounaises, ceci
à travers une adaptation qui serait la résultante d'un
conditionnement de l'état des salles de théâtre de
Yaoundé. Pour mener à bien cette
illustration-démonstration, nous disposons des principales variables que
sont : l'idée de création qui est un stimulus neutre (SN),
la création minimaliste non exclusive qui est la réponse neutre
(RN) ; la salle de théâtre de Yaoundé qui est le
stimulus inconditionné (SI) ; la création minimaliste
exclusive 1 qui est la réponse inconditionnée (RI) ; et la
création minimaliste II qui représente enfin la réponse
conditionnée (RC). Aussi, l'agencement de ces variables nous donnera des
résultats qui s'illustrent à travers ce schéma.
IV.3.2. Schéma du conditionnement de la
pratique théâtrale yaoundéene
Praticien203(*) idée de
création création minimaliste non
exclusive
(SN)
(RN)
Salles de théâtre de Yaoundé (SDTY)
création minimaliste exclusive
(SI)
(RI)
Praticien idée de création
(SDTY) création minimaliste exclusive I
(SN)
(SI) (RI)
(Répétition constante de
l'association : idée de création - salle de
théâtre de Yaoundé)
Praticien idée de création
création minimaliste exclusive II
(SC)
(RC)
Figure 5 : schéma du conditionnement de la
pratique théâtrale camerounaise
IV.3.3. Interprétation et portée du
schéma
Le schéma ci-dessus, montre comment l'environnement
lié aux salles de théâtre parvient à conditionner
l'idée créatrice d'un praticien qui exercerait dans la ville de
Yaoundé. Ainsi dans la première ligne du schéma,
l'idée créatrice a pour réponse une création
minimaliste non exclusive. Cette dernière est à assimiler ici
à la « non peur » qu'éprouve Albert au
départ pour le rat blanc. En fait, loin de ne pouvoir faire que dans des
créations sobres, l'idée créatrice permet une multitude
d'autres possibilités de création.
Dans la seconde ligne, la salle de théâtre de
Yaoundé, à cause de ses différents problèmes
évoqués plus haut, ne permet à un praticien que de
créer minimalistes ; d'où le terme de création
minimaliste exclusive.
Quant à la troisième ligne, elle implique qu'un
praticien qui serait en train de créer voit sa création à
cause de l'état de la salle de théâtre et de ses
corollaires, virer vers un minimalisme exclusif. C'est-à-dire dans
l'impossibilité de pouvoir exprimer librement son désir, sa
volonté, son idée créatrice est conditionnée par la
salle.
Ainsi donc, à la suite de plusieurs créations
pendant lesquelles l'idée créatrice se heurte au handicap des
salles, le praticien finit par s'adapter à cette situation, à
telle enseigne que toute idée de création est maintenant
essentiellement tournée vers une création minimaliste. Cela
permet de postuler que dès cet instant, le praticien s'approprie de
cette nouvelle esthétique du « malgré soi »,
si elle le satisfait ou si elle est appréciée, et en fait
totalement une pure conception voulue. C'est ainsi que lors nos diverses
rencontres avec des praticiens, ceux-ci tenteront de légitimer l'image
de leurs créations par le désir de recherche d'une
esthétique singulière à eux, tout en niant totalement
d'être influencé par les tares du lieu théâtral. Or
à travers cette illustration, on comprend que si le conditionnement et
son appropriation entraînent le praticien à des créations
somme toute belles, celui-ci qui a intérêt à surfer sur
cette vague ne pourra que s'en réjouir et continuer dans ce sens, et en
louant surtout et seulement son génie-créateur et omettant
l'effet-apprentissage d'un environnement âpre.
D'ailleurs, cette question du conditionnement vient remettre
en question la validité des concepts théoriques tels que le
théâtre pauvre de Grotowski, le théâtre contemporain,
et même le théâtre expérimental dans les pays pauvres
tels que le Cameroun. Car peut-on légitimement définir et
s'approprier de ces concepts idéologiques dans un environnement
infrastructurel et financier délabré comme le nôtre ?
Lorsque Jerzy Grotowski mit en oeuvre le concept de théâtre
pauvre, c'était beaucoup plus pour que le théâtre,
étouffé qu'il l'est par le cinéma, et dont certains
metteurs en scène tentaient d'imiter le réalisme, retrouve son
essence c'est-à-dire la communion et la proximité des organismes.
L'entreprise grotowskienne contraste donc nettement avec celle de ses
continuateurs africains qui sont d'abord et avant tout des hommes
écrasés par leur environnement. Les praticiens camerounais,
à l'instar de l'expression de Junior Esseba, font, non un
théâtre contemporain ou un théâtre pauvre, mais
plutôt un « théâtre de
pauvre »
A travers le conditionnement de la pratique
théâtrale par le lieu théâtral dans la ville de
Yaoundé, on est en droit de se demander si l'apparition souhaitée
des lieux théâtraux dignes de ce nom dans des années
futures pourra abolir ces acquis esthétiques pas toujours à
l'avantage du public camerounais, tant il est vrai que la
« période d'incubation » des praticiens aura
été longue. A cette question, seul le futur du
théâtre camerounais répondra et d'autres chercheurs
retraceront ainsi la courbe évolutive de ce théâtre-courage
auquel on a droit en ces jours.
Conclusion du chapitre
Tout au long de ce chapitre, il a été question
de tracer la courbe à travers laquelle les praticiens du
théâtre camerounais sont conditionnés dans leurs diverses
activités par le manque qualitatif et quantitatif d'infrastructures
théâtrales. Pour ce faire, quatre principaux axes d'étude
ont été parcourus. Dans un premier temps, une étude du
corpus, les trois salles constituant les principaux lieux
théâtraux de la ville, a été faite. Elle a permis de
relever et de confirmer que jusqu'au début de l'année 2014, la
pratique théâtrale camerounaise était « encore
orpheline » de lieux de création et de diffusion
théâtrales dignes de ce nom, puisque la plupart des lieux
précités présentent non seulement des défaillances
techniques, mais aussi n'ont pas toujours pour dessein premier de
développer l'activité théâtrale soit parce que
polyvalente, soit parce que servant d'abord les idéaux culturels des
pays occidentaux. Par la suite, nous avons pu dégager les principaux
problèmes qui découlent des lieux théâtraux de la
ville de Yaoundé. Sur une troisième piste, ont été
étudiés les corollaires de ces problèmes sur la pratique
théâtrale camerounaise au quotidien. Et dans un ultime
tracé d'idées, il a été question d'esquisser
théoriquement, à partir des postulats behavioristes le
schéma du conditionnement du praticien camerounais. Ainsi, à la
fin de ce chapitre, il subsiste comme une ambivalence au niveau de l'esprit du
chercheur que nous sommes. D'abord, un sentiment laudatif à
l'égard de l'abnégation, de la transcendance et de la
créativité dont font preuve les praticiens de la ville de
Yaoundé qui comme Hubert Mono Ndjana l'écrivait constituent
ce : « miracle camerounais »204(*) qui parvient toujours
à briller même dans les environnements les plus hostiles comme
celui qui vient d'être décrit. Puis d'autre part, il subsiste
néanmoins une pensée, une question relative à la
portée de ces oeuvres conditionnées, ou pour le dire clairement,
relative au « dédain » que le grand public
camerounais manifeste vis-à-vis du théâtre. Ce
théâtre qui ne semble se faire inconsciemment que pour des
collègues, des amis et des proches. Ceci nous amène donc à
introduire le troisième chapitre de cette recherche. Celui-ci
procède de l'idée selon laquelle les lieux théâtraux
de Yaoundé ne sont pas à même d'attirer un grand public
vers le théâtre, tant ceux-ci manquent d'encrage marketing
centré sur cet art de la scène. Un déficit qui est
notamment perceptible à travers la place de second rang qu'occupe le
théâtre dans leurs priorités
CHAPITRE III
LA NOTORIÉTÉ ET L'IMAGE DES LIEUX
THÉÂTRAUX DE YAOUNDÉ
Le présent chapitre est axé sur une approche
marketing. Il vise à comprendre les causes de la vacuité des
salles de théâtre de la ville de Yaoundé ; ou alors,
plus modérément, l'absence dans les salles de celui que nous
avons nommé précédemment public-contributeur205(*). Ainsi, pour
démontrer que le manque de notoriété et d'image des lieux
théâtraux est en partie à l'origine de leur vacuité
en public, il convient de structurer ce chapitre en deux parties
charnières. Tout d'abord, la première tente de situer le lieu
théâtral dans la sphère du marketing. Pour ce faire, elle
procède à un rappel de quelques concepts en marketing utiles
à la conception de la présente étude, et ensuite tente une
esquisse de l'étude du comportement du consommateur de
théâtre. Puis dans la seconde partie intitulée
notoriété et image des lieux théâtraux, il est tout
d'abord présenté une étude de l'appropriation du marketing
par les lieux théâtraux-corpus. Le dernier point, beaucoup plus
pratique est quant à lui consacré à l'étude de la
notoriété et des différents attributs de l'image des lieux
théâtraux de la ville de Yaoundé. Toutefois, il est utile
de rappeler que ce chapitre se fonde sur les concepts marketing d'image du
point de vente et de notoriété de marque. De même, il cite
abondamment l'ouvrage intitulé Marketing de l'art et de la
culture206(*),
ouvrage indispensable dans la compréhension et/ou l'élaboration
d'un marketing du théâtre.
A. Le lieu théâtral dans la sphère
du marketing
A.I. Quelques rappels de connaissances
A.I.1. Du marketing classique au marketing du
théâtre
A.I.1.1. Définitions
Le marketing encore appelé mercatique (terme peu
usité) est né selon Claude Demeure au début du
XIXème siècle dans les pays anglo-saxons, et plus
précisément aux Etats-Unis d'Amérique207(*). Loin de l'image à
laquelle le grand public tend à le confiner, notamment à la
publicité et à la vente, l'objectif du marketing se veut plus
large. C'est une discipline des sciences économiques qui a pour dessein
majeur de mettre en oeuvre l'ensemble des dispositions nécessaires afin
de garantir le succès des objectifs assignés à un produit
commercial, un service, et à un événement pour ne citer
que ces exemples208(*).
Partant de ceci, il peut trivialement se définir comme un ensemble de
mécanismes et de stratégies mis au point pour atteindre des
objectifs que s'assignent un ou plusieurs individus, ou une entreprise par
rapport à une entité précise.
Cependant, cette définition simpliste peut être
améliorée grâce à Michel Chevalier et Pierre Louis
Dubois qui dans leur ouvrage titré Les 100 mots du marketing,
lui donnent une définition plus explicite. Pour ces deux chercheurs,
« Le marketing consiste à comprendre la demande, à
définir une offre qui lui correspond en termes de produits et de prix,
organiser et assurer la communication et la distribution de cette
offre. »209(*). Il faut dire que cette définition en
plus d'être simple, a l'avantage de faire ressortir clairement la
démarche classique du marketing. Elle qui s'appuie d'abord sur
l'étude de l'environnement par l'équipe marketing, ceci afin de
cerner les comportements des consommateurs (besoins et comportements
d'achat) ; la compréhension du consommateur débouche ensuite
sur la fabrication d'un produit seyant à ses attentes, et contenant de
la valeur ajoutée par rapport aux produits concurrents existant sur le
marché. Une fois le produit fabriqué, il s'agit par la suite de
définir un prix équitable tant pour le consommateur que pour
l'entreprise ; et enfin, il faut faire connaître le produit et le
faire adopter par le consommateur à travers une grande campagne de
communication et de promotion.
De là, la bonne application de cette démarche
constitue la base l'esprit marketing, et permet d'avoir un produit efficient.
Le produit efficient est à voir ici comme ce produit qui a
été boosté par le marketing. C'est en cela que Peter
Drucker, clarifie le but du marketing en ces termes : « Le
but du marketing consiste à connaître et à comprendre le
client, à un point tel que le produit ou le service lui conviennent
parfaitement et se vendent d'eux-mêmes »210(*).
Toutefois, le marketing est une discipline aux
frontières floues dans la mesure où elle est en
réalité intégrante. Intégrante elle l'est tout
d'abord parce qu'elle fait appel à plusieurs disciplines telles que les
sciences humaines, l'économie, la conception industrielle et même
l'art211(*). Aussi, elle
s'applique à différents domaines à l'instar du monde de
l'art.
Quant au marketing culturel, il s'agit tout simplement de
l'extension, ou mieux, de l'adaptation de certaines techniques du marketing aux
activités culturelles. Dans leur ouvrage, Bourgeon Renault et Al
dénombrent neufs produits culturels que sont : les produits des
arts plastiques destinés à la vente (la sculpture et la peinture
par exemple) ; les musées et les expositions ; les spectacles
vivants (la danse, le théâtre et le concert par exemple) ; le
livre ; la musique enregistrée (les disques par exemple) ; le
cinéma ; les produits vidéo enregistrés ; les
émissions de radio ; les émissions de
télévision212(*).
Comme on peut le voir ci-dessus, parmi les produits culturels
on retrouve en bonne place les spectacles vivants ; branche à
laquelle appartient le théâtre. On pourra donc à juste
titre parler de marketing du théâtre pour corroborer Myriam Jakir
et José Charles Ewane213(*) qui tentent dans leurs différents travaux de
faire ressortir les principales nuances de cet « art de
promouvoir » qu'est le marketing214(*) une fois appliqué
à l'art dramatique. Mais cependant, il semble nécessaire de
dégager l'importance du marketing du théâtre.
A.I.1.2. L'importance du marketing du
théâtre
Le théâtre est un art multimillénaire. Il
est en effet dérisoire de rappeler qu'il est né en Grèce
au Vème siècle avant Jésus Christ, et
même avant cette date, car il est en effet possible d'affirmer que le
théâtre fait partie intégrante de l'existence de
l'humanité. D'ailleurs, Thomas Melone ne voit dans la vie africaine
qu'un immense réservoir de théâtralité215(*). Ainsi, en tant que
vétéran des arts de la scène, le théâtre a
contre vents et marées toujours tenu la dragée haute
jusqu'à la fin du XIXème siècle. Ce n'est
qu'à partir de cette époque qu'il commence à voir sa
souveraineté véritablement menacée.
Le XXème siècle voit la naissance et
le développement des grands moyens de divertissement qui viennent
concurrencer sérieusement le théâtre. Car :
« après la deuxième guerre mondiale, nous assistons
à une véritable explosion de la consommation culturelle,
provoquée par l'essor des produits industriels à usage individuel
et domestique au détriment de l'évolution d'un
théâtre
« artisanal ». »216(*). Le public traditionnel du
théâtre abandonne donc ses salles pour se rendre dans celles qui
projettent des films cinématographiques. Plus tard surviendra la
télévision qui sera capable d'offrir un large éventail de
programmes divertissants (y compris du théâtre à travers
des dramatiques) au spectateur sans qu'il lui soit même nécessaire
de bouger de son siège. La radio n'est pas en reste dans la liste de ces
premiers concurrents du théâtre. Lui qui fait face là avec
la télévision et la radio, à ce que l'on pourrait
qualifier de concurrence des loisirs du moindre effort.
De même, l'émergence à l'époque
actuelle des nouvelles technologies avec en tête de proue Internet,
relègue encore plus le théâtre loin des loisirs les plus
consommés. D'ailleurs, une simple observation de la cité
yaoundéene démontre à suffisance cette affirmation. Par
ailleurs, comme l'illustre l'enquête des étudiants de
l'Université Protestante d'Afrique Centrale reprise par Pani Malowa
Marianne Fominyen dans son mémoire, la tendance-loisir est grandement
orientée vers la consommation des boissons alcoolisées217(*).
Toutefois, s'il est vrai que cette bataille pour sa survie que
le théâtre livre avec d'autres loisirs peut être
qualifiée de concurrence externe ; il demeure tout aussi vrai qu'il
existe une concurrence interne spécifique au monde du spectacle vivant.
Le théâtre fait donc aussi face à la concurrence du cirque,
des concerts de musique et de danse, des festivals de rues. De même, les
institutions théâtrales, et même les genres
théâtraux sont soumis entre eux à une rude concurrence.
Face à cet environnement somme toute hostile à
l'épanouissement du fait théâtral, le marketing du
théâtre, tout comme le marketing classique, permet aux
institutions théâtrales et autres acteurs de ce domaine de pouvoir
se servir des techniques marketings souples afin de re-amener le public au le
théâtre. Il s'agit de comprendre le comportement du consommateur
des loisirs, afin de bien segmenter le marché ce qui revient à
diviser les potentiels consommateurs en groupes plus ou moins homogènes.
La segmentation du marché permettra ainsi de définir l'offre
appropriée à un type de public précis, c'est-à-dire
celle qui répond le mieux à ses horizons d'attente. Mais à
la suite de ces étapes, il faudra tout mettre en oeuvre efficacement en
termes de stratégie communicationnelle et de prix pour que le
consommateur vienne en effet consommer le produit théâtral en
salle, mais surtout pour qu'il puisse revenir maintes fois.
Mais qu'à cela ne tienne, notre approche du marketing
du théâtre adoptée dans cette étude, a pour point
d'encrage le lieu théâtral ; car comme le signale
Mencarelli : « Le lieu culturel reste un outil
insuffisamment exploité dans les stratégies de positionnement des
institutions culturelles. »218(*). C'est donc dans ce sens que l'exploitation des
concepts marketing que sont la « notoriété »
et l' « image », nous impose de les expliciter dans un
premier temps, avant d'en entamer leur étude proprement dite.
A.I.2. La notoriété en
marketing
A.I.2.1. Définition et importance
Le marketing tel que nous l'avons souligné
précédemment, a en quelque sorte pour principal objectif
d'attirer le public vers une entité, de la lui faire aimer, et surtout
de la lui faire choisir. Cependant, il s'avère assez difficile qu'il
puisse y avoir choix sans connaissance préalable. En d'autres termes, un
produit ne peut être potentiellement acheté que si son nom est
inscrit dans le répertoire mental du public. C'est en ce sens
qu'intervient le concept de notoriété. Utilisé en
marketing, Michel Ratier qui cite Aaker le définit comme
étant : « la capacité d'un client potentiel
à reconnaître ou à se souvenir qu'une marque existe et
appartient à une certaine catégorie de
produit. »219(*). Pour cet auteur, son importance tient en ceci
qu'elle permet de faire passer la marque de l'ensemble évoqué
d'un consommateur à son ensemble considéré, puis au choix
final. Elle crée également un sentiment favorable
vis-à-vis de la marque, et l'inscrit dans les préférences
du consommateur.
Bien que Aaker et les autres chercheurs en marketing
évoquent beaucoup plus souvent le concept de notoriété de
la marque, il est toutefois possible de l'appliquer à un lieu
théâtral, si tant il est vrai que l'on peut aisément
l'assimiler à un établissement, à une marque qui fabrique
et/ou diffuse le produit théâtral. La notoriété d'un
lieu théâtral devient donc la capacité pour le grand public
à reconnaître et à pouvoir se souvenir qu'un tel lieu
existe et surtout qu'il propose des spectacles théâtraux.
Toutefois, il demeure vrai que la notoriété est un concept
variable selon le degré de popularité d'une entreprise. C'est en
cela qu'il existe plusieurs niveaux de notoriété.
A.I.2.2. Les niveaux de notoriété en
marketing
Michel Ratier une fois de plus220(*), recense plusieurs niveaux
de notoriété tels que définis par Aaker et Faquhar. Une
marque ou un produit peut ainsi se situer dans un ou plusieurs niveaux des cinq
principaux niveaux de notoriété qui suivent :
Le degré de notoriété zéro tout
d'abord, est une notoriété nulle qui correspond à une
méconnaissance totale de la marque par le public. Ensuite intervient la
notoriété assistée. Elle correspond au fait que le public
ne puisse reconnaître la marque ou le produit que grâce une
évocation préalable de son nom. Le troisième niveau de
notoriété est la notoriété spontanée. Il
s'agit ici des marques à notoriété fortes qui sont
citées par les consommateurs sans aucune aide extérieure.
Puis, à ces trois niveaux de notoriété
que l'on peut qualifier de principaux, s'ajoutent deux niveaux de
notoriété accessoires. Tout d'abord, nous avons la
notoriété spontanée de premier rang ou « top of
mind ». Elle se dit d'une marque qui lors d'une enquête,
recueille le plus grand pourcentage de personnes l'ayant citée
spontanément. Enfin, la notoriété supérieure au
premier rang intervient lorsqu'un large nombre de consommateurs ne citent
qu'une seule marque.
De là, il devient ainsi aisé de transposer tous
ces niveaux de notoriété au lieu théâtral. C'est la
tâche que nous effectuerons plus loin dans ce travail en prenant pour
référence les lieux théâtraux de notre corpus.
Néanmoins, il va sans dire que la notoriété d'une marque
ou son absence, résulte en grande partie de l'image de cette marque
auprès des consommateurs. D'où la nécessité
d'étudier à présent la notion d'image en marketing.
A.I.3. L'image en marketing
A.I.3.1. Définition fonctionnement et
importance de l'image en marketing
La vie humaine est pleine d'images que l'environnement
transmet à l'appareil visuel de l'Homme. Ces images enregistrées
par l'organe de la vue sont ensuite stockées dans la mémoire
à court terme. Ainsi, dépendamment de l'impact ou de l'importance
qu'elles ont pour l'individu, elles sont ensuite enregistrées dans la
mémoire à long terme. De là, ces images peuvent être
rappelées à chaque fois que besoin est. Cette esquisse du
fonctionnement de l'image chez l'être humain ne conteste pas
l'appréhension que le marketing a de ce concept.
En effet, plusieurs chercheurs se sont penchés sur ce
concept important et en ont proposé des définitions diverses.
Pour la présente étude, il est plus opportun pour nous de
re-évoquer les travaux d'Aurore Ingarao et de Michael Korchia qui tous
deux épiloguent sur ce concept221(*).
Citant Decaudin, Ingarao définit l'image comme
suit : « l'image est composée de l'ensemble des
représentations affectives et rationnelles qu'un groupe d'individus
associe à un produit à une marque ou à une
entreprise »222(*). Et on pourrait compléter la
définition en ajoutant à la liste de ces objets d'association, le
lieu théâtral.
En effet, les consommateurs potentiels de théâtre
enregistrent les différentes informations relatives à une marque,
un produit ou un lieu théâtral ; ces informations sont
s'abord de sources expérientielles, mais peuvent aussi lui être
véhiculées par les grands média, par des leaders d'opinion
ou tout simplement par des connaissances (bouche-à-oreille). Il s'ensuit
alors qu'à force de répétition, ce consommateur potentiel
finit par enregistrer dans sa mémoire plusieurs paramètres
(attributs) liés au lieu théâtral. Ce sont ces
différents paramètres contenus dans sa mémoire sous formes
de noeuds associatifs qui constituent l'image qu'il a de cette
entité ; image qui comme Jallais, Orsoni et Fady le pensent en se
basant sur le point de vente, va se former progressivement. Ils
décrivent ainsi le processus de formation de l'image du point de vente
comme suit : « les consommateurs retiennent dans leur esprit
des connaissances et des croyances relatives au magasin. Celles-ci
résultent d'expériences vécues et d'impressions et forment
l'image d'un magasin. »223(*).
C'est donc dans cette même logique de la
définition de l'image en marketing que Michael Korchia recense quinze
attributs qui rentrent dans la formation de l'image de marque chez un individu.
Ce sont entre autres, l'entreprise, les autres organisations, le prix, la
communication, la distribution, les bénéfices fonctionnels,
expérientiels et symboliques. Il cite d'ailleurs Mitchell qui propose
une définition très simplifiée de l'image de marque. Pour
lui, elle est « tout ce qu'un consommateur peut associer à
une marque donnée »224(*), un produit, une entreprise ou à un lieu
théâtral.
Quant à ce qui est de l'importance de l'image en
marketing, elle agit à peu près comme la notoriété
qui permet de familiariser l'individu à la marque. Selon Aaker, l'image
d'une marque permet de différencier cette dernière des autres,
tout en générant des raisons de l'acheter, par le fait qu'elle
crée un sentiment favorable du consommateur envers celle-ci. Ingarao
pense quant à elle que l'image a cinq avantages. : elle aide le
consommateur à traiter de l'information sur la marque,
c'est-à-dire qu'elle constitue un maillon important dans son processus
décisionnel225(*); elle permet de différencier le produit et de
le positionner, afin qu'il puisse contraster des produits concurrents ceci
par le fait qu'il sera destiné à un segment bien
précis ; elle fournit des raisons au consommateur pour acheter le
produit ; elle développe un sentiment affectif à
l'égard de la marque ; enfin, elle permet l'extension de la marque
de par sa notoriété, et notamment la croissance de son capital
financier, atouts pouvant résulter à la création d'autres
marques annexes. De là, il semble aisée de déduire
l'importance de l'image en marketing : « tout » ce qui
a une bonne image en marketing, a de fortes potentialités d'attirer un
grand nombre de consommateurs et de susciter éventuellement le
comportement attendu par l'entreprise. De façon plus triviale, nous
parlerons d'une belle image qui est serait comparable au degré
d'attraction que susciterait une beauté
extérieure-intérieure féminine. Cependant, une bonne ou
mauvaise image pour un consommateur dépend avant tout des
bénéfices qu'il acquiert d'une marque, d'un produit ou d'un
lieu.
Il est également à noter que le concept d'image
en marketing reste flou quant à ses frontières. C'est d'ailleurs
ce qui justifie les travaux de Ratier et d'Ingarao en la matière. Les
seconds ont toutefois le mérite de lister les différentes images
rencontrées dans ce domaine.
A.I.3.2. Les différentes images en
marketing
Il est tout d'abord nécessaire de rappeler qu'en
marketing les images ont deux sources d'émanation voire de
construction : une image peut ainsi être bâtie volontairement
par une entreprise ; ou alors, sa construction peut échapper
à tout contrôle de l'entreprise et devenir essentiellement le
fruit des mentalisations des différents consommateurs226(*).
Aurore Ingarao dans son article recense cinq différents
types d'images en marketing. Il s'agit de l'image de marque qui est de loin la
plus connue, de l'image du produit, de l'image prix, de l'image de
l'entreprise, encore connue sous les dénominations d'image
institutionnelle ou d'image corporate, et enfin de l'image du point de vente
sur laquelle nous allons nous attarder à cause de sa primauté
dans cette recherche.
L'image du point de vente encore appelée image du
magasin naît de la volonté des magasins et des centres de
distribution de se différencier les uns des autres, de mieux se
concurrencer en offrant au consommateur des raisons de choisir l'un d'eux
plutôt qu'un autre. Ingarao révèle que les premières
recherches sur ce sujet datent de 1939 avec Greyser, mais que c'est Martineau
en 1958 qui introduit l'idée qu'un magasin puisse avoir une image, une
personnalité à laquelle le consommateur puisse s'identifier.
Cependant, d'autres études, notamment celles de Lindquist, de Berry, et
de Hadj Said et Levesque se sont appuyées sur les limites des travaux de
Martineau pour mieux développer la notion d'image de magasin. Ils jugent
ainsi les études de Martineau trop restrictives, en ceci que l'on ne
peut pas simplement associer à l'image du point de vente des
caractéristiques humaines. C'est ainsi que plusieurs définitions
de l'image du point de vente émergent de la plume de ces chercheurs.
D'Astous, Hadj Said et Levesque la définissent comme :
« une représentation mentale qui comprend toutes les
dimensions associées au magasin (variétés de produits,
l'ambiance, la qualité des services, l'emplacement...) la
personnalité d'un magasin se limite aux seules dimensions mentales qui
correspondent à des traits humains »227(*). Quant à
Coutelle, l'image du point de vente est : « une
représentation globale du point de vente dans l'esprit du consommateur
relativement à d'autres point de vente »228(*). L'image d'un point de
vente devient donc l'association de tous les facteurs qui influencent la
perception de ce dernier par les consommateurs. Plus loin dans la suite de ce
travail, l'image du lieu théâtral sera adaptée à
partir de ce concept de l'image du point de vente. Mais pour l'instant, il est
nécessaire de faire un rappel de quelques facteurs influençant le
comportement du consommateur de théâtre. Le consommateur n'est-il
pas le coeur du marketing ? La raison d'être de ce
chapitre ?
A.I.4. Le comportement du consommateur de
théâtre
A.I.4.1. Les processus décisionnels
Les processus décisionnels peuvent être compris
comme étant l'ensemble des processus mentaux cognitifs et affectifs qui
sont mis en jeu par le consommateur avant un acte d'achat. Plus explicitement,
il s'agit des différentes étapes qui mènent le
consommateur à l'achat d'un produit. En ce qui concerne le
théâtre par exemple, le processus décisionnel se conclura
dans le meilleur des cas par le choix d'un lieu théâtral et
éventuellement par l'acquisition d'un ticket d'accès au
spectacle, ou d'une carte d'abonnement devant couvrir toute la saison.
Dans leur ouvrage collectif, Michel Chevalier et Pierre Louis
Dubois consacrent un chapitre à l'étude du comportement du
consommateur. Ils illustrent ainsi à travers la
théorie de « la hiérarchisation des effets »,
comment le consommateur « passe graduellement d'une situation de
non achat à une situation d'achat »229(*). Pour ce faire, cinq
principales étapes rentrent en jeu dans ce processus
décisionnel230(*). Il s'agit respectivement de : la sensation
puis la perception du produit ou de la marque ; l'attitude (positive ou
négative) à l'égard de cette marque ; la
préférence à l'égard de cette marque ;
l'intention d'achat ; et enfin l'achat lui-même.
Au cours de la première étape (sensation et
perception), le consommateur reçoit des informations concernant le
produit. Dans le domaine du loisir en général et du
théâtre en particulier, les sources d'informations auxquelles le
consommateur aura accès seront de deux ordres : il s'agit des
sources expérientielles et des sources non expérientielles. Pour
ce qui est dans un premier temps des sources expérientielles, elles sont
basées d'une part sur les expériences du produit faites au
préalable par le consommateur. Celles-ci sont dès lors
essentiellement sensorielles (surtout visuelles et auditives). D'autre part,
ces mêmes sources sont basées sur la communication
interpersonnelle encore appelée bouche-à-oreille. Il s'agit ici
des expériences positives ou négatives vécues par les
proches du consommateur, et qui lui sont par la suite relatées. Le
rôle des leaders d'opinion ou des groupes d'influence est
généralement très efficace dans ce type de communication,
ceci à cause de l'influence qu'ils peuvent exercer sur les
consommateurs.
Une autre source d'informations procède des
informations non expérientielles ou commerciales. Il s'agit de celles
qui sont transmises au consommateur par la volonté de l'entreprise. Ce
type d'informations, est diffusé à travers la publicité
(presse, radio, télédiffusée, l'affichage, les buzz
commerciaux sur internet, les articles de la critique dans les magasines et
revues spécialisées).
Dans un second temps, une fois que le consommateur a
été inondé de flux d'informations relatives à une
marque ou à un produit, il s'ensuit chez lui la formation d'une attitude
qui peut être positive ou négative. L'attitude étant
ici : « un ensemble de prédispositions
résultant d'un apprentissage, permettant d'évaluer un
objet »231(*).
Par la suite, une attitude positive à l'égard de
la marque ou du produit, favorisera la formation d'une préférence
vis-à-vis de celle-ci. La préférence résulte de la
comparaison d'un produit x d'avec d'autres produits concurrents. Ainsi, celui
qui proposera de meilleurs avantages sera généralement
plébiscité.
Une fois que le consommateur aura développé une
attitude favorable puis une préférence envers une marque ou un
produit, il effectuera une ultime analyse des possibilités
d'acquérir ce produit. Il émet pour ce faire une intention
d'achat ; et en l'absence de tout frein à la consommation, le
processus décisionnel s'achève avec l'achat du produit.
Ainsi donc, le processus décisionnel est une
opération purement mentale qui peut être entreprise en un laps de
temps ou sur une longue durée, dépendamment de l'importance du
produit à acheter. Tout au long de ce processus, de nombreux facteurs
peuvent motiver ou freiner l'inclination du consommateur vers le produit. Ce
sont eux qui font l'objet du prochain point de ce chapitre.
A.I.4.2. Motivations et freins à la
consommation du théâtre
A.I.4.2.1. Les freins à la consommation du
théâtre
Il est possible de regrouper en deux
principaux groupes les différents facteurs qui éloignent les
individus du théâtre. Ce sont les freins monétaires et les
freins non monétaires232(*).
A.I.4.2.1.1. Les freins monétaires
Il s'agit de toutes les contraintes qui sont
liées au coût du ticket de spectacle ainsi qu'aux dépenses
annexes qui sont associées à une « sortie
théâtrale ». En effet, pour consommer du
théâtre, loin de n'acheter que son ticket de spectacle ou sa carte
d'abonnement, un spectateur potentiel se doit aussi parfois, au-delà de
cette dépense qui n'est pas toujours minime, de consentir à
d'autres efforts liés au frais de transport, de nutrition,
d'hébergement, et d'achat d'objets-souvenir dans certains cas.
Dès lors, la fréquentation d'un lieu théâtral exige
le plus souvent une certaine aisance financière de la part de
l'aspirant. En d'autres termes, il doit disposer d'une plus-value dans son
revenu pouvant lui permettre de s'offrir cette distraction.
Aussi, les bénéfices que le consommateur puise
dans le produit théâtral étant d'abord et avant tout
symboliques, il s'avère que cela ne peut qu'accentuer le poids de ce
frein à la consommation théâtrale ; surtout dans les
pays du tiers-monde où le revenu des classes majoritaires ne lui permet
pas le plus souvent de s'offrir le strict minimum de vie. Cependant, d'autres
freins tout aussi importants existent, et jouent eux aussi un grand rôle
répulsif vis-à-vis de la consommation théâtrale.
A.I.4.2.1.2. Les freins non
monétaires
Il est nécessaire d'évoquer ici deux principaux
freins non monétaires : il s'agit des contraintes temporelles et
des barrières sociologiques et culturelles.
Tout d'abord en ce qui concerne les contraintes temporelles,
il faut dire que c'est l'un des plus importants freins à la consommation
du théâtre233(*). La plupart des individus disent n'avoir pas assez
de temps pour se rendre au théâtre. Car comparativement au
cinéma, à Internet, à la musique, et à la
télévision, loisirs dont il est possible de pratiquer
aisément chez soi, une sortie théâtrale est aussi une
grande dépense de temps qui s'apparente à un investissement
monétaire.
La dépense temporelle est ainsi exacerbée par
l'éloignement géographique, et les contraintes urbaines
(embouteillage dans le trafic routier, rareté des moyens de transport).
En effet, l'individu qui se rend au théâtre dépense de son
temps pour se rendre au lieu théâtral, pour attendre le
début du spectacle, pendant la consommation du spectacle, enfin pour
retourner à son domicile.
Ainsi, le théâtre de par sa nature
chronophage empêche le consommateur d'effectuer toute autre
activité tout au long de la durée de sa consommation. Ceci est
tout le contraire chez beaucoup d'autres loisirs qui lui sont concurrents. Or
au Cameroun où une grande partie de la population citadine active est
constituée d'un ensemble d'individus qui pratiquent de
« petits métiers », activités qui les
occupent généralement au-delà des huit heures de travail
journaliers réglementaires, aller au théâtre avec la
dépense-temps que cela implique s'avère donc ardue. Cet acte
semble constituer d'ailleurs pour certains défavorisés une perte
financière dont l'accoutumance nécessite de leur part un
véritable amour pour cet art. Par ailleurs, ce frein temporel se trouve
infiniment lié à l'aspect sécuritaire. Car les spectacles
se terminent généralement dans les encablures de 22 heures, la
sécurité du spectateur devient risquée dans des lieux tels
que l'Institut Français, et OTHNI.
Puis à côté de ces contraintes
temporelles, on retrouve les barrières sociologiques et culturelles qui
se dressent sur le chemin de la consommation du théâtre. Ici, il
revient à dire que la classe sociale, le niveau intellectuel, le
vécu et l'accumulation en soi de certaines valeurs, peuvent
entraîner de la répugnance vis-à-vis de certaines formes
d'art à instar du théâtre qui est
généralement taxé d'élitiste.
Ainsi, de même que les études
révèlent que le public théâtral est dans sa
majorité essentiellement constitué des personnes issues d'une
certaine classe sociale et ayant un background scolaire assez
élevés234(*) ; cela revient à dire que la
compréhension du théâtre requiert le plus souvent un
travail intellectuel qui exige la possession d'un bon niveau de culture
générale. Cela expliquerait certainement en partie l'attrait du
grand public pour les pièces légères. Pour évoquer
cet attrait, nous pouvons également avancer le facteur de la distance
culturelle.
Car, s'il est vrai par exemple que l'introduction au Cameroun
du « théâtre classique » est l'oeuvre des
colons occidentaux, cela équivaudrait à déclarer que le
théâtre est d'abord et avant tout un produit importé. Il en
est d'ailleurs de même pour l'architecture de la salle à
l'italienne. Il serait donc logique de postuler que la distance culturelle qui
sépare le camerounais lambda de ce type de théâtre serait
peut-être à l'origine de l'abstention à sa consommation.
Car faut-il le rappeler les cérémonies spectaculaires en Afrique
ont toujours été des fêtes, des communions populaires, le
plus souvent en plein air, où acteurs et spectateurs créent de
façon libre et active le théâtre. On peut donc au vu de
tout ceci, corroborer avec Gottesdiener qui pense que : « ce
n'est pas le prix d'entrée qui constitue le principal frein à la
consommation, mais la barrière culturelle. »235(*).
Mais cependant, si plusieurs freins éloignent les
individus des salles de théâtre, il n'en demeure pas moins vrai
que ceux qui y restent puisent pour ce faire une motivation qui se
décline sous forme de désirs.
A.I.4.2.2. Les motivations à la consommation du
théâtre
Selon le marketing, les raisons qui poussent les consommateurs
à acheter un produit sont nombreuses voire indénombrables.
Cependant, si les produits classiques se caractérisent par une dimension
utilitaire qui prévaut et oblige inéluctablement les
consommateurs à les acquérir, il n'en est pas de même pour
un produit culturel tel que le théâtre. Pour clarifier cette
distinction entre les motivations liées à la consommation de ces
deux types de produits, Dominique Bourgeon-Renault pensera que :
« l'individu consomme les produits culturels non pour atteindre
uniquement des objectifs pragmatiques ou utilitaires, mais pour
l'expérience elle-même »236(*). Myriam Jakir ne renie pas
la primauté de cette fonction symbolique du produit culturel lorsqu'elle
écrit :
Lorsqu'on se réfère au produit culturel, la
fonction d'apprentissage est souvent mise en avant, mais il ne faut pas oublier
que l'activité culturelle fait partie des loisirs. Elle a donc aussi les
caractéristiques de procurer au public la possibilité de se
développer, de se délasser et d'obtenir du
divertissement.237(*)
Tout ce qui précède donc vise à montrer
que les motivations de tout consommateur procèdent d'abord des avantages
que peut lui procurer ce produit. C'est-à-dire, la
possibilité pour celui-ci de rétablir un certain
équilibre physiologique, émotionnel ou affectif chez lui à
travers les divers bénéfices (fonctionnels, symboliques et
expérientiels) que cet acte de consommation peut lui offrir.
Pour évoquer les raisons qui entraînent les
individus dans les théâtres, on dénombrera avec
Bourgeon-Renault six principales motivations. Cependant toutes ces motivations
peuvent être regroupées en quatre principaux groupes.
A.I.4.2.2.1. Les motivations ludiques
Il s'agit ici de la recherche par certains consommateurs des
plaisirs et sensations que procure l'art théâtral. Le consommateur
ici est à la recherche de ce que les marketeurs culturels nommeront la
contemplation esthétique. C'est-à-dire la recherche d'un certain
degré d'émotion que procurent l'exposition et la perception des
oeuvres artistiques. D'autre part le consommateur peut aussi vouloir sortir de
sa routine quotidienne et se débarrasser de tous les maux qui le minent,
pour se lancer à la quête de l'évasion et du
divertissement.
A.I.4.2.2.2. La distinction sociale
Il s'agit du prestige que la consommation de certains produits
confère à leurs utilisateurs. Le théâtre et certains
genres artistiques, comme il a été relevé tantôt,
sont généralement taxés d'élitiste, car
nécessitant une certaine somme de connaissances pour mieux les
appréhender. La consommation de ces produits « hors de
l'ordinaire » sera donc pour son utilisateur le synonyme d'un luxe
qui s'apparente à une certaine ascension sociale, et par ricochet
l'assimilation à « la classe idéale ».
A.I.4.2.2.3. L'interaction et l'hédonisme
social
C'est en quelque sorte le prolongement de la distinction
sociale en ceci que le consommateur cherche à s'assimiler à la
société dans laquelle il vit. Le théâtre devient
dès lors un important outil qui lui permet de se socialiser
c'est-à-dire de faire de nouvelles rencontres et connaissances,
d'apprendre de son environnement humain, de renforcer les liens (familiaux,
amicaux) de groupes lors des sorties.
A.I.4.2.2.4. L'enrichissement intellectuel
C'est somme toute la motivation la plus vantée par les
consommateurs du théâtre. Ainsi, à travers l'enquête
que nous avons réalisée auprès de deux cents individus
résidant dans la ville de Yaoundé et susceptibles de se rendre au
théâtre, il en ressort que le désir d'apprendre est le
principal motif qui les amène (ou peut les amener) à consommer du
théâtre. Parce qu'étant « miroir du
monde », le théâtre véhicule des valeurs et des
informations qui enrichissent le patrimoine cognitif d'un individu. Devons-nous
encore évoquer la portée didactique que revêtent des formes
telles que : le théâtre pour le développement et ses
dérivés tels que le théâtre pour le lobbying,
l'agit-prop ; le théâtre politique. Bref, les messages que
diffuse l'art dans un sens comme dans l'autre permettent toujours le
développement des individus.
Les quatre principales motivations du consommateur qui
viennent d'être citées sont ainsi résumées par
Debenedetti qui pense que le théâtre permet la
construction des sens, la récréation, le soutien affectif, le
prestige social et la transmission pédagogique238(*). Toutefois, il est à
noter que les motivations obéissent également à
l'influence des goûts personnels, des expériences positives
accumulées c'est-à-dire le souvenir des bons moments vécus
lors d'un ou de plusieurs spectacles ; de même que l'âge de
l'individu (maturité) le prédisposant à avoir une certaine
inclination naturelle pour le théâtre de même qu'une
aptitude à pouvoir mesurer sa portée. Ainsi, de par les
motivations qui caractérisent les consommateurs de théâtre,
il s'en dégage plusieurs catégories de spectateurs.
A.I.4.3. Typologie des publics au
théâtre
Des études sur le théâtre camerounais et
étranger révèlent que la plupart du temps c'est un certain
type d'individus qui se rend au théâtre. Il s'agit
généralement des personnes possédant une assise
intellectuelle notable : surtout des étudiants et des cadres
supérieurs de l'administration. Mais qu'à cela ne tienne, il est
possible d'établir une typologie qui comme nous l'avons
précisée en filigrane ci-haut, ne tient pas compte des facteurs
sociodémographiques, mais plutôt des préférences
pour un type de spectacle de théâtre plutôt qu'un autre. Il
s'agit ainsi : des adeptes du théâtre total, des gens du
théâtre, du public nostalgique et des spectateurs en attente du
divertissement.
A.I.4.3.1. Les adeptes du théâtre
total
Ce sont des fins connaisseurs du théâtre qui en
achetant leur ticket cherchent et s'attendent à vivre de nouvelles
sensations et expériences. Ils accordent ainsi une très grande
importance à la créativité du metteur en scène,
bref à l'originalité des mises en scène et des
interprétations.
A.I.4.3.2. Les gens du
théâtre
Ce sont des jeunes gens qui étudient les
métiers du théâtre, ou alors des artistes amateurs. Tous
désirent se former pour devenir des professionnels. L'accumulation des
expériences théâtrales à travers l'assistance
à plusieurs spectacles leur offre et/ou permet de compléter leur
formation. Ce type de spectateur vient donc d'abord au théâtre
pour acquérir de nouveaux savoirs ou de nouvelles
idées-inspiration. D'ailleurs, lors des Rencontres
Théâtrales Universitaires organisées par
l'université de Yaoundé I, on peut constater aisément la
prépondérance de ce type de public par rapport à d'autres.
A ce public-étudiant, il leur est toujours demandé à
chaque édition de rédiger des rapports relatifs aux spectacles
auxquels ils ont assisté, ceci afin de leur inculquer une culture de la
critique théâtrale. Ceci illustre d'ailleurs parfaitement le
rôle didactique que revêt le théâtre.
A.I.4.3.3. Le public nostalgique
Ce type de public est généralement
constitué de personnes ayant atteint un certain âge. Venir au
théâtre leur permet de replonger dans le passé, de revivre
les vicissitudes mais surtout les joies d'une époque qu'elles
célèbrent toujours comme étant supérieure au
présent. Ainsi, ce public viendra volontiers au théâtre
lors de la programmation de la pièce d'un auteur faisant partie des
classiques, ou celle développant un thème relatif à leur
époque.
A.I.4.3.4 Les spectateurs en attente du
divertissement
A priori, tout spectateur de théâtre est en
attente de divertissement. Mais toutefois, il existe une catégorie de
personnes qui recherche exclusivement dans le théâtre cette vertu
qui se ressent plus fortement selon eux dans des spectacles de comédie
ou d'humour. Leur préférence va donc à ces spectacles
généralement à compréhension facile et
bourrés d'effets comiques. Ici, la mise en scène et
l'interprétation n'a de valeur esthétique que si elles
prêtent suffisamment au rire. On peut ainsi déclarer, et ceci au
regard de la scène théâtrale yaoundéene et de
nombreux écrits sur le théâtre camerounais, que ce type de
public constitue la plus grande composante du public théâtral
camerounais. D'ailleurs il n'y a qu'à lancer un coup d'oeil rapide sur
quelques titres des pièces recensées par Wolfgang Zimmer dans son
répertoire théâtral camerounais pour s'en convaincre.
Au vu de tout ce qui précède, il s'avère
vrai que la nécessité sans cesse croissante pour le monde
théâtral de segmenter ses marchés, et d'aller à la
recherche des spectacles répondant aux aspirations de son public cible
est plus que légitime. Cependant, puisque le spectacle
théâtral a un contenant global qui est le lieu
théâtral, l'action d'une bonne démarche marketing en faveur
du produit théâtral se doit de s'appuyer cette entité.
C'est donc dans cette optique que le point suivant se donne pour objectif
d'effectuer une adaptation-création de l'image adéquate que doit
revêtir un lieu théâtral chez le consommateur.
C'est-à-dire de façon plus explicite, le tracé
théorique des différents attributs qui composent cette image.
A.II. De l'image du point de vente à l'image du
lieu théâtral
A.II.1. Définition du point de vente
L'Institut National de la Statistique et des Etudes
Economiques (INSEE), basé en France, définit le point de vente
tel que suit : « Le point de vente ou magasin est un
établissement de vente au détail qui a une réelle
activité de vente et qui possède donc une surface de
vente. »239(*). De façon plus simplifiée, le point de
vente est tout lieu destiné à la vente des produits et/ou des
services. Comme point de vente, on aura ainsi, selon la taille, le mode de
service, et le nombre et la variété des produits
(l'assortiment) : les boutiques, les superettes, les supermarchés
et les hypermarchés. Toutefois pour la présente étude,
l'image à retenir est celle du point de vente vu comme
supermarché ou hypermarché. Une fois défini le point de
vente, il est maintenant nécessaire si l'on veut l'assimiler au lieu
théâtral d'examiner les divergences et les convergences qui
existent entre ces deux entités.
A.II.2. Divergences et convergences entre le point de
vente et le lieu théâtral
A.II.2.1. Les divergences
Une observation attentive d'un point de vente et d'un lieu
théâtral permet de situer les divergences qui existent entre eux
à plusieurs niveaux. Ces niveaux sont : l'architecture, la nature
de la fonction, l'ambiance, la consommation, le service et
l'accessibilité.
L'architecture est naturellement le socle d'un point de vente
et d'un lieu théâtral. Toutefois, il va de soi que de par leur
fonction, les architectures de ces deux entités puissent différer
fondamentalement sur le plan intérieur. Mais toutefois sur un plan
externe, vue de la façade, la différence se révèle
être simple : un point de vente privilégiera beaucoup plus,
en raison des nombreux badauds, une construction à même de
permettre la visibilité de ses produits, et d'offrir un avant goût
de l'ambiance qui règne à l'intérieur. C'est pour cela que
les points de vente adoptent la plupart du temps une architecture qui met
l'accent sur la vitrine. Quant au lieu théâtral, il ne
présente pas de caractéristique particulière dans son
architecture. Elle se veut juste attrayante, sans laisser voir comme le point
de vente le produit. Néanmoins, il demeure vrai que dans certains lieux
théâtraux, l'espace-public et ses activités soient presque
entièrement visibles de l'extérieur240(*).
Ensuite, le lieu théâtral et le point de vente
diffèrent au niveau de la nature de la fonction. Car bien que le point
de vente tout comme le lieu théâtral aient pour fonction la vente,
la différence réside toutefois dans le fait que le point de vente
commercialise plusieurs produits de nature diverse (biens alimentaires,
vestimentaire électroménager, électronique, joaillerie,
etc..) tandis que le lieu théâtral est quant à lui
tourné vers des produits artistiques, avec en priorité le
théâtre. Il en résulte que cette différence dans la
nature de la fonction est également perceptible dans le fait que le
point de vente n'a pas un rôle producteur. Il ne fait que vendre des
produits qu'il « importe »241(*). Le lieu
théâtral par contre est un lieu de production-vente où le
spectacle vendu à des spectateurs est produit in situ.
Puis, l'ambiance ou l'atmosphère qui règne dans
un lieu et qui dans le cas présent vise à accentuer le plaisir du
consommateur pendant l'acte d'achat, est également un facteur
discriminant entre le point de vente et le lieu théâtral. A
l'intérieur du point de vente, l'ambiance n'est en aucun moment
conditionnée. Tout au long des heures d'ouverture, les gestionnaires
usent ainsi de tous les artifices visuels, sonores, et même
olfactifs242(*) pour
rendre le magasin encore plus vivant. C'est ainsi que les consommateurs peuvent
deviser librement sans que cela ne gêne le processus d'achat. Ceci est
tout le contraire du lieu théâtral. Au sein de celui-ci, il est
certes possible et même recommandable de créer une ambiance allant
dans le sens d'égayer les spectateurs ; mais toutefois, il est
à signaler que cette ambiance n'est pas continue, mieux elle est double.
En effet dans un lieu théâtral on distingue l'ambiance de
l'espace-public et celle de l'espace théâtral. Si l'ambiance de
l'espace-public peut s'apparenter légèrement à celle du
point de vente, il n'en est pas de même pour celle de l'espace
théâtral qui exige beaucoup plus un certain calme qui est
rythmé par les artifices que projette la scène.
Pour ce qui est ensuite de la consommation dans ces deux
lieux, dans le point de vente elle se fait à posteriori par rapport
à l'achat243(*).
Par contre dans le lieu théâtral, le consommateur entre et
« déguste » ce produit intangible dont il ne reste
dans sa mémoire à la sortie que des images de cet acte de
consommation.
Quant au service, il est à noter tout d'abord que dans
un point de vente, le client va seul ou accompagné, effectue son choix
et paie au guichet-caisse. Cette description du processus d'achat n'exclut pas
la présence probable d'un service d'accueil et d'un service après
vente (SAV). Pour ce qui est du lieu théâtral par contre, la
spécificité du service tient du fait qu'en plus des services
suscités, le service est administré directement au consommateur
par le biais des créateurs. En d'autres termes, cela revient à
dire que même l'équipe artistique et technique d'un spectacle
théâtral fait partie du personnel de la salle ; en ce sens
que le produit que leurs efforts créent est un service qu'ils rendent
aux spectateurs. Il va donc de soi que, selon le degré de
compétence et d'engagement de l'équipe créative, ce
service peut être de bonne ou de mauvaise facture ; soit en
d'autres termes apprécié ou déprécié par ses
destinataires.
La dernière différence que nous pouvons recenser
se situe au niveau de l'accessibilité. En effet dans le point de vente,
il est possible de rentrer en contact avec le produit, et même parfois de
l'essayer (un vêtement par exemple) sans l'acquérir. Le point de
vente (vu en tant que super ou hypermarché par exemple) peut donc
être considéré comme un espace de libre accès
où cette liberté permet à certains de s'y rendre pour le
simple plaisir de visiter et de contempler les vitrines et par ricochet les
produits244(*). Dans le
lieu théâtral cependant, bien qu'il soit possible d'accéder
librement et gratuitement à certains de ses espaces (à l'instar
de l'espace-public), l'accès à l'espace théâtral
où se met en scène le produit théâtre est quant
à lui conditionné par la possession d'un ticket de spectacle ou
la possession d'une carte d'abonné.
A.II.2.2. Des divergences qui convergent
A bien observer les différentes divergences qui
caractérisent tant la spécificité du lieu
théâtral que celle du point de vente, il est possible de conclure
que le lieu théâtral n'est en réalité qu'un point de
vente d'un autre genre. Il s'agit ici d'un point de vente de service. Il vend
un service qui se nomme le théâtre ; bien que le mot vente
puisse parfois paraître aberrant, tant il est vrai que certaines
institutions théâtrales ont des fins non lucratives. Nonobstant
ceci, Il va de soi que le lieu théâtral et le point de vente
convergent en ceci que tous deux ont pour finalité d'attirer le public
vers les offres qu'ils proposent.
Le lieu théâtral étant donc un point de
vente d'un autre genre, il est à comprendre que si l'architecture du
point de vente s'illustre par l'utilisation de la vitrine, les
différentes affiches et panneaux publicitaires plaqués devant
certains lieux théâtraux peuvent être vus comme sa vitrine.
L'assortiment du point de vente devient ici le programme des spectacles devant
couvrir la saison. De même, le lieu théâtral permet à
un consommateur de procéder à un choix parmi les spectacles, il
dispose d'une ambiance, d'un service client et même d'une offre
tarifaire.
De là, l'assimilation du lieu théâtral au
point de vente de notre part naît d'une nécessité
d'expliquer la vacuité des salles de théâtre de
Yaoundé ; mieux, de trouver des moyens d'attraction du public en se
basant sur des critères liés à l'image du point de vente.
Le lieu théâtral se voit donc transformé en un lieu qui se
doit d'user de mille techniques pour attirer des spectateurs en son sein et
leur faire acheter ses produits. Elles serviront également à
fidéliser les anciens. C'est ainsi l'importance que revêtent la
notoriété et l'image d'un lieu théâtral-point de
vente. La notoriété ayant été abordé plus
tôt, il convient à présent d'adapter l'image du lieu
théâtral en s'inspirant des divers attributs du point de vente.
Nous allons dès lors entamer par un résumé de ces
différents attributs.
A.II.3. Les attributs de l'image d'un point de
vente
Afin de recenser les différents
attributs de l'image d'un point de vente, il est nécessaire de convoquer
les résultats des études de trois auteurs (J Lindquist, Kunkel et
Berry), car comme le révèlent les différents travaux
publiés au sujet de ce concept, il semble assez difficile à
cerner. Toutefois, les études de ces chercheurs ont le mérite
qu'elles dénombrent de façon simple et explicite ces
différents attributs. Et le choix des deux auteurs plutôt que de
l'un, tient essentiellement du fait que leurs deux listings des attributs sont
complémentaires.
Tout d'abord, pour ce qui est du premier listing, celui de
Lindquist, il comporte neuf principaux éléments : la
marchandise qui est en rapport avec tout ce qui concerne les produits
disponibles dans le magasin. On peut ainsi l'assimiler au Premier P (produit)
du marketing mix. Vient ensuite la clientèle. Le consommateur
au vu du type de clients qui entrent et sortent d'un point de vente peut
étiqueter ce magasin (chic, luxueux, branché).
L'équipement physique concerne quant à lui
l'architecture du magasin ; puis viennent les facilités
qui sont les atouts que le magasin possède et qui permettent de
faciliter les achats des consommateurs. Puis le cinquième
élément des attributs de l'image du point de vente est la
promotion. Il s'agit de l'extension autour de la politique du produit,
visant à stimuler les achats des produits promus. La promotion
régulière dans un magasin affecte l'image du magasin.
L'atmosphère est l'ambiance qui règne dans le point de
vente. Ensuite, on retrouve les services et les facteurs
institutionnels. Et l'un des facteurs les plus importants qui boucle ce
listing de Lindquist est la satisfaction post-transactionnelle. Il
s'agit en fait de l'état du consommateur à la sortie du magasin,
puis une fois rentré « chez lui ». Plus clairement
la satisfaction post-transactionnelle revient à s'interroger sur le/les
bénéfice(s) que le consommateur a acquis à l'issue de son
processus d'achat.
Le second listing qui est celui de Kunkel et de Leonard L.
Berry, est quant à lui beaucoup plus étendu et plus explicite. Il
repose sur douze points. Ceux-ci sont : le prix de la
marchandise, la qualité de la marchandise,
l'assortiment (quantité et diversité de la marchandise),
l'actualité de la marchandise : qui correspond entre
autres à la nouveauté, à la notoriété et au
stade de maturité d'un produit ; le personnel de vente,
les facilités d'accès : qui sont liées
à l'emplacement du magasin au sein de la cité, et la
possibilité pour tout type de personnes à y
accéder245(*) ; les autres facteurs de
commodité c'est-à-dire les avantages qu'offre le point de
vente en termes d'infrastructures et de services pour accentuer le plaisir
d'achat ; les services. Ils sont liés à sa
diligence et à l'attention qu'il porte aux clients et
éventuellement à leurs moindre soucis ; la promotion des
ventes, la publicité : sur les marchandises et sur le
magasin ; l'atmosphère du magasin et enfin la
réputation du magasin246(*).
Cependant, il est à souligner que ces deux
modèles ont toutefois la faiblesse de ne pas tenir compte de la
concurrence, ni des attitudes des consommateurs. C'est de là que rentre
donc en jeu l'apport de Michael Korchia qui dans sa nouvelle typologie de
l'image de marque signale l'importance de ces deux facteurs.
« les autres organisations » ou pour parler
simplement la concurrence, ne peut donc être occultée par le point
de vente ; car comme le relève Coutelle dans sa définition,
l'image que le consommateur a d'un lieu se forge également à
l'issue de la comparaison qu'il fait entre ce lieu et ses principaux
concurrents. De même, l'attitude est une disposition humaine assez
complexe qui n'obéit pas à des règles rigides. On peut
parfois aimer ou répugner sans pouvoir en déterminer la cause. Il
est dès lors logique que l'orientation de l'attitude du consommateur
aura des répercussions immédiates sur l'image qu'il a d'un point
de vente.
Ainsi donc, les points de vente forgent leurs succès en
influençant l'image que les consommateurs auront d'eux. Et ceci se fait
par la stimulation de chacun des attributs à travers une
stratégie marketing coordonnée, afin qu'ils prennent tous un
ascendant positif. Les attributs de l'image d'un point de vente
recensés, il convient dès à présent de construire
le schéma de formation de l'image d'un lieu théâtral
jusqu'à sa résultante.
A.II.4. De l'image du point de vente à l'image
du lieu théâtral
A.II.4.1. Schéma de formation de l'image du
lieu théâtral
Pour adapter l'image du lieu théâtral de celle du
point de vente, nous nous sommes inspirés des différents
attributs cités plus haut. Ainsi, à l'aide des travaux de
Lindquist, Kunkel et Berry, et Korchia, et partant des points de convergence de
ces deux entités, nous avons reformulé les différents
attributs. Nous avons ensuite complété le schéma en nous
inspirant en partie du processus décisionnel du consommateur
illustré dans la section dédiée au comportement du
consommateur. Par ailleurs, ce schéma sera démystifié dans
un autre point. Le schéma des attributs de formation247(*) de l'image du lieu
théâtral se présente donc tel que suit :
Somme des attributs de formation de
l'image.
Programmation
Politique tarifaire
Publicité
Clientèle
Réputation
Lieu théâtral
Attitudes
Personnel de service
Satisfaction
Concurrence
Atmosphère
Accessibilité
Architecture
Accumulation d'expériences (vécues ou
racontées) formation progressive de l'image
Comportement (nouveaux consommateurs, et
fidélisation des anciens)248(*)
Figure 6 : schéma du processus de formation
de l'image d'un lieu théâtral
A.II.4.2. Explication du schéma
Le schéma qui précède illustre la
formation de l'image d'un lieu théâtral chez un consommateur. Il
s'agit en effet d'un processus qui se décline en quatre phases qui
sont : la somme des attributs de formation de l'image, l'accumulation des
expériences, la formation de l'image, et enfin l'apparition du
comportement.
A.II.4.2.1. Les attributs de formation de
l'image
Dans un premier temps le schéma liste la somme des
attributs de formation de l'image. Il s'agit ici de l'ensemble des signes
tangibles et intangibles émanant du lieu théâtral, que le
consommateur perçoit de l'extérieur ou de l'intérieur de
la structure et qui forment en lui une impression globale de ce lieu. Ainsi, ce
schéma dénombre douze attributs qui composent l'image du lieu
théâtral.
Il s'agit tout d'abord de la programmation qui tient
compte des différents spectacles qu'une salle projette d'organiser au
cours d'une saison. Ici, l'orientation en termes de choix esthétique,
thématique et même de casting des « acteurs »
qu'un lieu théâtral prendra s'avèrera importante dans la
formation d'une image positive et cohérente de celui-ci. Par ailleurs,
il faut dire que l'attribut programme constitue le socle même de l'image
du lieu théâtral, car de même qu'un point de vente ne peut
exister sans les différents produits qu'il commercialise, il en est de
même pour le lieu théâtral sans une disponibilité de
spectacles organisés à des intervalles très
réguliers. La programmation est ensuite soutenue par la politique
tarifaire et par la publicité. Concernant cette
dernière, il faut le rappeler en soulignant sa spécificité
dans le contexte présent. Loin de ne vanter que le produit
théâtral qu'elle cherche à vendre, son efficience repose
aussi sur le fait qu'elle idéalise un lieu, convainc le client potentiel
pour qu'il vienne à la découverte de ce lieu source de richesse
théâtrale. Ainsi, un lieu théâtral ne doit donc pas
que mettre l'accent sur la publicité des spectacles qu'il organise, mais
également sur sa propre publicité.
Ensuite, une fois listés ces trois premiers attributs
qui sont beaucoup plus liés au produit théâtral, d'autres
attributs interviennent. Ceux-ci sont quant à eux liés au lieu
théâtral. Premièrement, l'ambiance qui
règne en son sein avant pendant et même après le spectacle.
Elle est représentée ici par l'attribut atmosphère.
Ensuite, le personnel de service est également un attribut de
formation important. Sa gentillesse, l'attention qu'il porte aux clients, les
moindres renseignements qu'il leur procure concernant la salle et même la
compréhension des spectacles, sont parmi tant d'autres, des
qualités qui permettent à ces clients de se familiariser au lieu,
et par ricochet au monde théâtral. Ensuite interviennent
également l'accessibilité et l'architecture du
lieu théâtral. L'accessibilité permet au consommateur de
repérer et de se rendre facilement dans un lieu théâtral.
L'emplacement d'une salle de théâtre dans une zone urbaine
à forte affluence sera par exemple synonyme d'ouverture de ce lieu
à toutes les classes sociales. Quant à l'architecture, elle est
comme nous l'avons relevé précédemment un important
facteur d'attraction d'un lieu théâtral249(*). En outre, la
clientèle qui fréquente un lieu théâtral joue
un grand rôle dans la formation de son image. Ainsi, de par les
phénomènes de distinction et d'assimilation sociale
évoqués dans les motivations du consommateur, les personnes qui
fréquentent un théâtre peuvent influencer positivement ou
négativement l'image que d'autres consommateurs auront de ce lieu. Il en
est de même pour la réputation que le lieu
théâtral draine derrière lui.
Dans une ultime phase du listing des attributs de formation de
l'image, nous aurons d'abord les bénéfices qui sont les
différents motifs de satisfaction que le consommateur tirera de son
expérience théâtrale dans un lieu. Ensuite, on aura les
attitudes qui sont les comportements objectivement inexplicables que le
public aura tendance à développer vis-à-vis d'un lieu
théâtral. Enfin, on parlera du dernier attribut qui n'est autre
que la concurrence. Elle est un supra attribut qui est le moteur
même de la construction de l'image d'un lieu théâtral. La
concurrence ici signifie la manière dont le lieu théâtral
se démarquera, mieux, se différenciera des autres lieux
théâtraux en général et des autres lieux de loisirs
en particulier. Concrètement, il s'agit de ce que le lieu
théâtral possède de plus attrayant par rapport aux autres
lieux de loisirs. La concurrence est donc en filigrane de la programmation,
l'attribut le plus important dans la formation de l'image d'un lieu
théâtral ; car afin d'effectuer un choix, les consommateurs
comparent toujours les lieux de loisirs entre eux.
A.II.4.2.2. L'accumulation des expériences, la
formation de l'image et le comportement final
Dans le processus de formation de l'image du lieu
théâtral, les attributs naissent et ne prennent
concrètement forme que grâce à l'accumulation des
expériences. L'accumulation des expériences peut ainsi se faire
d'une part de façon directe ; c'est-à-dire à travers
l'assistance constante aux spectacles organisés dans ce lieu. D'autre
part, et ceci de façon indirecte, l'accumulation des expériences
pourra être le fruit de l'exposition à des flux publicitaires
convaincants, mais aussi et surtout à des expériences
racontées à travers le bouche-à-oreille ou le buzz. Ce
dernier cas permet ainsi d'illustrer l'image qu'une bonne frange du public
yaoundéen a des lieux théâtraux. Ceux-ci sont
généralement considérés par certains comme
étant « des lieux pour les Blancs et les
Grands » ; en d'autres termes moins triviaux comme étant
des lieux réservés à une certaine caste sociale
huppée, et plus loin, et sans hyperbole des lieux de colonisation
puisque appartenant pour les plus en vue aux anciennes puissances protectrices
et colonisatrices que sont l'Allemagne et la France. La propagation de ces
préjugés permet ainsi au public de se constituer une
pré-expérience, voire une expérience passive de ces lieux.
La formation progressive de l'image d'un lieu
théâtral dans le mental du consommateur suppose donc une assez
longue exposition aux stimuli des attributs formateurs (comme le postule la
théorie comportementaliste). Une fois formée, celle-ci se
mesurera à travers la nature des propos que les consommateurs tiendront
vis-à-vis de ce lieu théâtral. Propos qui selon la nature
de l'image formée peuvent être positifs ou négatifs.
Toutefois, il est à signaler que la formation d'une image
négative peut être le fruit d'une seule expérience
semblable, tandis que l'image positive est assez difficile à former.
De là, une fois que l'image est formée, il
s'ensuit dans le cas d'une image positive, une inclination vis-à-vis de
ce lieu théâtral. C'est de cette inclination que résultera
enfin un comportement qui peut être soit le choix du lieu
théâtral comme lieu de loisir pour ce qui concerne les nouveaux
clients, soit la consolidation de la fidélité envers le lieu
théâtral lorsqu'il s'agit d'anciens clients.
Voilà donc établie l'adaptation de l'image du
lieu théâtral, phase qui clôture la première partie
charnière de ce chapitre ; elle qui s'est beaucoup plus
évertuée à effectuer des rappels et quelquefois des
adaptations de concepts théoriques. A présent, il est question
d'entamer une seconde et ultime partie qui quant à elle reprendra
certains des concepts évoqués ici, mais en s'appuyant sur les
enquêtes faites d'interviews, d'observations et de sondages
effectués sur le terrain. Mais tout d'abord, commençons par
dresser un bref aperçu de l'appropriation du marketing par les lieux
théâtraux de la ville de Yaoundé.
B. La notoriété et l'image des lieux
théâtraux de la ville de Yaoundé
B.I. Les lieux théâtraux et leurs
approches marketing
Afin de simplifier la compréhension et l'étude
du marketing des lieux théâtraux de Yaoundé, nous partons
du postulat qui voudrait qu'une bonne démarche marketing comprenne au
minimum, et ce nécessairement, les principales articulations que
sont : l'étude du marché (comportement du consommateur et de
la concurrence), la segmentation dudit marché, le choix d'un segment
viable, la conception du produit et sa promotion selon la logique du segment
choisi qui sera pour le cas d'un lieu théâtral son public cible.
Et enfin la mise en place d'un plan de distribution, de communication et de
diffusion du produit créé.
Cependant, il est vrai que de par leur orientation non
centrée exclusivement sur l'activité théâtrale, il
paraît au premier abord dérisoire de parler de marketing du
théâtre en ce qui concerne ces lieux. Mais, comme le
confirmait en Janvier 2013 le directeur adjoint de l'Institut Français
de Yaoundé lors de la cérémonie d'ouverture du tout
premier acte des Rencontres Théâtrales Universitaires, l'institut
qu'il dirige a un grand besoin de public théâtral. Et même
si le Goethe ne prétend pas avoir pour vocation au Cameroun le
développement du théâtre, il reste toutefois vrai que ne
serait-ce que de par leurs cahiers de charge annuels, ces deux
établissements ont besoin de faire salle comble lors de leurs
activités.
Par ailleurs, il s'avère qu'aucun des trois
gestionnaires de salles rencontrés ne nie ni le recours au marketing par
son établissement, ni tout au moins l'importance de cette discipline
dans le développement de l'art dramatique au Cameroun. Sur cette base
donc, il est possible d'étudier le marketing fait par les lieux
théâtraux de Yaoundé ; et pour ce faire, nous allons
tour à tour évoquer l'étude du marché et sa
segmentation, le choix du produit théâtral, et enfin les
stratégies communicationnelles et tarifaires. Sous peine de se
répéter indéfiniment, il à signaler que la
présente partie ne sera pas largement segmentée.
B.I.1. L'étude du marché et sa
segmentation
Il est impossible d'affirmer que les lieux
théâtraux de la ville de Yaoundé aient déjà
effectué des études officielles du marché des loisirs dans
la ville. C'est-à-dire des enquêtes auprès des
consommateurs pour évaluer leurs motivations, leurs freins, et leurs
activités préférés. Cette déficience
s'impose également au niveau de l'étude de la concurrence, ne
serait-ce que celle relative au monde du spectacle (Night Club, et lieux de
concert pour ne citer que ceux-ci). En effet, aucune des interviews
réalisées avec les différents directeurs des salles n'a pu
le révéler. Tous tentent néanmoins de spéculer sur
les principaux horizons d'attente en matière de théâtre du
public yaoundéen.
Martin Ambara par exemple déclare que ce sont les
« spectacles de théâtre bouffon » qui ont
rebuté et continuent de rebuter le vrai public des salles. Ils sont en
partie d'après ses propos, à l'origine de la stigmatisation du
théâtre au Cameroun. Yves Ollivier par contre pense que les
camerounais sont prêts à payer le prix fort pour le
théâtre, dès lors qu'il est question d'assister à un
spectacle humoristique. Le spectacle dit sérieux selon lui n'attire pas
grand monde excepté quelques fois le public
« apprenant ». Par ailleurs, il pointe du doigt les rudes
conditions de vie des classes moyennes comme frein à la consommation
théâtrale. Classes moyennes qui sont celles devant renflouer les
rangs du public théâtral camerounais. Le discours d'Irène
Bark, directrice du Goethe, ne contredit point celui de son confrère
français. Selon elle aussi, le public camerounais a une grande
propension à être attiré vers les spectacles humoristiques
de Major Assé et de Valery Ndongo, vers les technologies de
l'information et de la communication, et surtout vers l'alcool.
En somme, excepté Martin Ambara, les directeurs des
Instituts Français et Goethe semblent s'accorder sur le fait que le
public camerounais est friand de spectacle de pur divertissement. Leurs propos
sont d'ailleurs corroborés par la quasi totalité des
interviewés qui ont dit choisir un spectacle théâtral
à la place d'une bière250(*) à cause de la vertu humoristique du
théâtre. Les travaux d'autres chercheurs camerounais à
l'instar de ceux de Pierre Makon, Rachel Efoua-Zengue, Hubert Mono Ndjana,
Sylvie Tami Wabette, et Jacques Raymond Fofié251(*) le démontrent
également, de même que l'observation de l'ambiance régnant
dans la plupart des lieux de loisirs de la ville (Snack Bars, Stades de sport,
Night Club). C'est à croire que le grand public est à la
recherche d'une activité soporifique de ses maux existentiels.
Cependant, même si les lieux théâtraux
semblent connaître les attentes du public camerounais, il demeure tout
aussi vrai qu'ils ne disposent pas de véritables cibles. Le responsable
de l'Institut Français prétend que le public cible de son
institution se décline de lui-même à l'observation de
l'offre proposée. Propos somme toute ambiguë. Pour le Goethe
où il n'est question que d'apporter une aide aux artistes de
théâtre camerounais, on ne pourrait pas parler de l'existence d'un
public cible dans un tel contexte d'assistanat. Pour ce qui est enfin de Martin
Ambara et d'OTHNI, ce dernier avoue à demi-mot que son offre en termes
de spectacles théâtraux est destinée à un public
élitiste. Cependant, il dit aussi vouloir attirer le plus large public
possible.
Ainsi donc, dans cet environnement du théâtre,
mieux dans cet environnement du loisir où la concurrence se veut atroce,
peut-on en efficacement en tant que lieu théâtral vouloir attirer
toutes les franges de la population yaoundéene ? Assurément
non. Les lieux théâtraux s'ils tiennent à avoir du public,
ne peuvent que bêcher dans des strates sociales précises afin de
recueillir un « public théâtral » selon la
logique de la typologie des publics théâtraux qui a
été présentée à la première partie de
ce chapitre. Une étude de marché visant à recenser une
catégorie précise de public à laquelle l'offre
théâtrale et l'offre tarifaire seront orientées serait par
exemple salutaire.
Dès lors, une étude du marché par le lieu
théâtral à l'issue de laquelle débouche un public
cible doit entraîner logiquement la conception ou le choix du produit.
B.I.2. Le produit
Idéalement, la conception ou le choix
d'un produit devrait toujours être régie par les critères
dictés par le segment choisi. En d'autres termes, si une salle de
théâtre choisit par exemple de ne s'intéresser qu'au public
nostalgique, elle se doit d'exceller essentiellement dans les pièces du
répertoire et vice-versa. Cependant, étude faite auprès
des trois lieux théâtraux-corpus il en ressort que seul OTHNI peut
se targuer d'être fidèle à un type de produit correspondant
à un certain segment. Car comme nous l'avons déclaré dans
le second chapitre, cette structure est essentiellement tournée vers le
théâtre expérimental.
Pour ce qui est des deux autres salles, on assiste à un
mélange total de types de spectacles : des pièces comiques,
des drames, des spectacles humoristiques, des spectacles des compagnies
européennes en passant par des spectacles expérimentaux, bref des
spectacles dits « contemporains » dans le sens
esthétique du terme. Ainsi, il est impossible de tracer une
« ligne droite » correspondant à la politique
produit de ces institutions. La faute indubitablement et une fois de plus
à leur simple statut de simples soutiens du théâtre
camerounais, de simples containeurs de tous « ces
spectacles » en mal de lieux de diffusion. Or dans cette logique
où l'on retrouve une diversité non harmonisée de produits
théâtraux, il devient ardu pour un lieu théâtral de
se constituer une véritable carte de visite de spectateurs ;
c'est-à-dire de fidéliser le public. Car le risque
d'insatisfaction qui est l'une des grandes faiblesses du spectacle vivant ne
peut que s'accroître dans le cas d'espèce, en ceci qu'il n'existe
aucune garantie que le même spectateur sera toujours satisfait du
spectacle qui lui est proposé.
Mais cependant, s'il est vrai que les lieux
théâtraux de la ville de Yaoundé ne flirtent pas assez avec
les études de marchés, les choix de segments viables et autres
conformations du produit, on peut tout au moins affirmer que marketing ici rime
plus ou moins exclusivement avec communication autour du produit, et politique
prix.
B.I.3. La communication autour du produit et du
lieu
Lorsqu'on parle de communiquer en marketing, s'agit du fait
qu'une entreprise émette un message destiné à un
récepteur qui est généralement son public cible252(*). La communication marketing
se fait ainsi principalement à travers la publicité. Cette
dernière qui est définie par Claude Demeure comme « une
communication de masse partisane »253(*), peut avoir pour véhicules de
diffusion les six grands média que sont la presse, la
télévision, l'affichage, la radio, Internet et le
cinéma ; ou alors être hors média et se concentrer sur
le sponsoring, le mécénat, les relations publiques et la
promotion. Mais de tous ces moyens dont dispose une entreprise pour
communiquer, les lieux théâtraux de la ville de Yaoundé
n'usent abondamment que de quelques uns254(*). Il s'agit de l'affichage et d'Internet ; et
accessoirement de quelques supports de communication directe tels que les
brochures de programmes, les prospectus, les cartons d'invitation et autres
newsletters.
B.I.3.1. L'affichage
L'affichage peut être défini comme
l'émission sur l'espace public des messages publicitaires. Claude
Demeure pour mieux illustrer cette caractéristique, le nomme
« publicité extérieure ». Mais loin de se
limiter aux seuls panneaux publicitaires sur lesquels sont collés des
supports imprimés faisant de la publicité, l'affichage
aujourd'hui devient électronique, mobile, occupant par exemple les
parties des véhicules, des immeubles pour ne citer que ceux-ci.
Média avantageux de par sa capacité à être vu par la
majorité des publics se trouvant dans son environnement, l'affichage est
largement utilisé par les lieux théâtraux-corpus, mais de
façon plus modeste. Faute de moyens financiers et par désir de ne
pas trop exposer le produit théâtral255(*). Les affiches ici sont
généralement conçues sur des papiers de format A3, parfois
A4, et exceptionnellement dans des formats supérieurs. Quant à
leur mouture, excepté OTHNI qui faute de moyens réalise presque
toujours des affiches minimalistes256(*), « les institutions françaises et
allemandes » mettent généralement un accent sur le
graphisme, de même qu'elles les impriment toujours en couleur. Aussi,
pendant que le Goethe et OTHNI essaient de standardiser leurs affiches
grâce à une touche graphique toujours identique, celles de
l'Institut Français ont la faiblesse de se démarquer uniquement
de par le logo de cette institution qui y est toujours présent.
Par ailleurs, en ce qui concerne la répartition
géographique de ces supports, donnée très importante dans
la réussite d'une campagne de communication par affichage, il faut dire
que l'on retrouve essentiellement les affiches d'un lieu théâtral
de Yaoundé placardées sur ses murs intérieurs et
extérieurs, ainsi que dans quelques autres institutions culturelles
partenaires. Il est ainsi difficile voire impossible de rencontrer ces affiches
dans les milieux populeux. Toutefois, OTHNI et le Goethe affichent
sporadiquement une affiche concernant leurs spectacles théâtraux
dans l'enceinte du département des arts et archéologie, et
parfois ailleurs dans le campus de l'Université de Yaoundé I.
Mais il demeure vrai que pour s'informer véritablement de la tenue des
spectacles théâtraux à Yaoundé, il faut être
un habitué fréquentant constamment ces centres culturels. Loin de
ces zones, la réception de l'information théâtrale est
quasi impossible.
Ainsi donc, si l'affichage effectué par les lieux
théâtraux présente des limites notamment à cause de
son mauvais ciblage, et d'un manque de visibilité de la part du grand
public, qu'en est-il en ce qui concerne l'utilisation des sites web en
particulier et de l'outil Internet en général ?
B.I.3.2. L'utilisation de l'outil Internet
L'utilisation de l'outil Internet par les lieux
théâtraux de la ville de Yaoundé se fait principalement
à travers une présence sur leurs sites Internet ou leurs blogs,
et sur quelques uns dédiés à la culture et aux
loisirs257(*) ;
ainsi que la création des pages sur les principaux réseaux
sociaux que sont Facebook et Tweeter. On note aussi accessoirement
l'utilisation du mailing.
En ce qui concerne tout d'abord les sites web et les blogs, il
faut dire que chacun des lieux théâtraux-corpus dispose d'au moins
l'un de ces outils258(*). Mais les problèmes qui se posent concernent
principalement l'actualisation de ces sites web d'une part, et surtout la
visibilité des annonces relatives au théâtre. D'autre part
et enfin, leur taux d'audience est assez négligeable. Ainsi, le
problème d'audience est commun à tous les sites web des lieux
théâtraux de Yaoundé. Peu de personnes s'y rendent en
effet. Lors de l'analyse des réponses données par le panel de
consommateurs que nous avons interrogé259(*), il en ressort que la majorité de ce public
théâtral n'a jamais visité ces sites web. Les rares
à l'avoir fait disent ne l'avoir pas prémédité.
Aussi, pour ce qui est de la visibilité des spectacles
théâtraux dans ces sites, loin d'avoir affaire à des
grandes bannières web annonçant clairement et abondamment le
spectacle, ici, on a généralement droit à une simple photo
de spectacle suivi d'un court synopsis ainsi que des informations pratiques sur
le spectacles (date, heure, prix, équipe de création). Mais
au-delà, on reste dans le simple minimalisme où la volonté
d'informer surpasse celle de convaincre. Car à cause de l'abondance des
activités qu'il faut inscrire dans une page, il faut faire dans du
simple quitte à mettre à mal la visibilité d'une
activité. Enfin, il faut dire qu'un blog tel que celui d'OTHNI ne voit
que rarement son actualisation.
D'autre part, les lieux théâtraux de la ville de
Yaoundé se servent également de la voix des réseaux
sociaux pour véhiculer leurs messages, et se faire un capital client, ou
pour rester dans ce jargon, un capital d'amis. Le réseau social par
excellence ici est Facebook. Ainsi, il suffit depuis son compte Facebook
personnel d'effectuer un clic sur « j'aime », ou sur
« ajouter» 260(*) sur les pages officielles de ces lieux261(*) pour être
abonné à l'actualité que ces institutions publient sur ce
réseau social. Mais, il demeure vrai que si d'une part ces pages ne
disposent pas d'assez de fans262(*), il faut également signaler d'autre part que
les responsables chargés de la communication dans ces
établissements ne croient pas suffisamment en ce support
communicationnel. Car on note au fil du temps une baisse drastique de
l'activité sur ces pages263(*). Tout ceci peut également être dû
à la fracture numérique.
Enfin, il y a le mailing qui est cette pratique qui consiste
à promouvoir des produits à travers l'envoi de mails (newsletter)
à une liste d'abonnées ou à des personnes inconnues. Cette
technique est notamment utilisée par l'Institut Français qui sur
son site web permet aux usagers de s'inscrire à sa newsletter afin
d'être informé en temps réel de la tenue des spectacles.
Mais à cause du faible taux d'audience de son site web, il faut dire que
cette pratique ne peut avoir qu'une portée limitée. OTHNI utilise
également cette technique, mais à une échelle moindre.
Mais, au-delà de l'affichage et de l'utilisation de l'outil Internet,
les lieux théâtraux de Yaoundé usent également des
brochures-programme, des prospectus, et même des cartes d'invitation pour
informer le public au sujet de leurs événements
théâtraux.
B.I.3.3. Les supports-programme
Il s'agit du concept selon lequel au
début de chaque période de programmation, chaque lieu
théâtral de la ville publie un catalogue regroupant les
informations concernant les divers événements qu'il organise au
cours de cette fréquence. Ils mettent ainsi gratuitement à la
disposition de leurs abonnés et même du grand public ces supports
communicationnels. Il s'agit d'un dépliant pour ce qui est du Goethe,
d'une brochure en couleur pour l'Institut Français, et le plus souvent
de l'affiche du programme pour ce qui est d'OTHNI264(*). Si ces supports
d'information sont tirés à un nombre d'exemplaires assez
important pour ce qui concerne le Goethe et l'Institut
français265(*),
il est cependant à signaler que le sort qui est réservé
à leur diffusion n'est pas des plus reluisants. Pour obtenir l'un de ces
programmes, il faut nécessairement être infiltré dans
les milieux culturels de la ville, ou alors se rendre obligatoirement dans ces
lieux. C'est ainsi que même lorsque la période de programmation se
trouve déjà dépassé, il subsiste toujours de
nombreux exemplaires de ces programmes qui n'ont pas été
dispatchés, et qui languissent dans ces lieux, réduisant ainsi
considérablement l'étendue du public touché par la
communication de ces lieux théâtraux. Le même sort se trouve
réservé aux prospectus et autres cartons d'invitation
tirés pour communiquer autour d'un spectacle266(*).
Aussi, comme nous l'avons souligné plus haut, on peut
qualifier la communication des lieux théâtraux de Yaoundé
de communication information, plutôt qu'une communication attraction et
persuasion du public. Ici, l'heure demeure à la conception des
publicités classiques de théâtre : une photo du
spectacle, et parfois en complément de cette dernière, un
synopsis de la pièce. Or, il s'avère nécessaire que dans
un contexte caractérisé par le faible intérêt du
grand public pour le théâtre, l'heure soit propice à des
publicités qui captent l'attention de celui-ci et le trompent en quelque
sorte. Cela requiert une certaine audace créative, une rupture d'avec
les conventions publicitaires.
On note en outre une inutilisation par les lieux
théâtraux des autres supports de communication, faute à la
faiblesse des ressources et à une publicité qui n'arrive pas
toujours à bon port ; disparition que Eric Vernette qualifie de
« grand taux de mortalité des messages
publicitaires ». En somme, il est à retenir que la
communication des lieux théâtraux de Yaoundé est
relativement faible et mal ciblée dans la mesure où la grande
partie des personnes que nous avons rencontrées disent n'avoir
accès que très rarement aux flux publicitaires concernant le
théâtre267(*). Cependant, il reste toutefois vrai que les lieux
théâtraux-corpus usent d'autres stratégies marketing. Il
s'agit des politiques prix adoptées par le Goethe et l'Institut
français.
B.I.3.4. Les politiques prix
Il s'agit des tarifs
préférentiels adoptés par l'Institut Français, et
de la gratuité des spectacles au Goethe-Institut.
En ce qui concerne tout d'abord l'Institut Français, il
faut dire que l'acquisition d'une carte d'abonné de cette
institution268(*) permet
à un client : soit d'accéder gratuitement à tous les
spectacles lorsqu'il jouit du statut de membre dit VIP ; soit de payer la
moitié ou les deux tiers du tarif plein pour le reste des
abonnés. Si aucune étude ne nous est encore parvenue concernant
la portée de cette démarche, il faut toutefois dire que ce plan
tarifaire présente un net avantage pour certaines catégories de
spectateurs ; notamment la catégorie des artistes qui se forment
à l'art dramatique ou encore celle des étudiants.
C'est dans cette même lancée qui est celle
d'alléger le coût du spectacle pour le rendre à la
portée de tous les Camerounais que l'Institut Goethe a
démocratisé le théâtre. Comme le scande un spot
publicitaire annonçant le spectacle de la compagnie de
théâtre Noctiluk269(*), « c'est le contribuable allemand qui paye
la note » du spectateur local. Cette politique de gratuité
sied ainsi parfaitement à cet environnement où certaines couches
de la population éprouvent des difficultés pour vivre dans des
conditions de vie normales. Elle devient un instrument de fidélisation
et d'accoutumance (voire même d'éducation) du public au fait
théâtral. Par expérience personnelle, il s'avère
ainsi facile d'attirer un proche dans un spectacle organisé au Goethe,
d'autant plus qu'à cette gratuité s'ajoute un cocktail qui
enrichit l'ambiance et crée un sentiment de familiarité entre les
spectateurs et les artistes du jour, et donne au spectateur l'impression d'un
déplacement largement bénéfique. C'est ainsi que loin
d'atteindre des taux satisfaisants, on peut remarquer que les spectacles au
Goethe sont assez courus par un public non artiste. Mais cependant, cette
gratuité, bien que bénéfique, devrait dans l'idéal
s'acheminer à la conquête une somme de spectateurs à
même de payer des tickets de spectacle.
En somme, le marketing des lieux théâtraux de
Yaoundé est assez minimaliste. S'ils n'ont pour la plupart aucune
politique efficace qui tourne autour du produit, ils fournissent cependant
assez d'efforts au niveau de la politique prix ; et même si cela n'a
pas suffisamment d'impact, à cause des raisons que nous avons
évoquées, ils ne ménagent pas également ces efforts
en ce qui concerne la publicité autour des spectacles. Mais qu'à
cela ne tienne, ils se doivent de mettre un accent sur l'étendue du
spectre d'action de cette stratégies publicitaires, ainsi que sur le
quatrième élément du marketing mix qui est le
« P : place »270(*). C'est ainsi que, loin de ne communiquer qu'autour
des spectacles, la réussite de ces derniers passe aussi par une
communication qui met en avant les qualités de « la
maison », et qui de ce fait renforcent sa notoriété et
par ricochet l'image que les consommateurs et les non consommateurs ont d'elle.
Pour le démontrer, il est nécessaire d'introduire l'ultime point
de ce chapitre qui aborde la notoriété et l'image des salles de
théâtre de Yaoundé.
B.II. Résultats des études sur la
notoriété et l'image des lieux théâtraux de
Yaoundé
B.II.1. Méthodologie
Afin de mesurer la notoriété des lieux
théâtraux de Yaoundé, ainsi que d'évaluer les
différents attributs devant constituer leur image, nous avons eu recours
à des questionnaires de deux catégories.
Tout d'abord, la première catégorie de
questionnaires était celui qui visait à mesurer la
notoriété des lieux théâtraux de Yaoundé. Les
questions posées ici abordaient entre autres la notoriété
spontanée, la notoriété assistée des salles, et la
réception des flux publicitaires émanant des activités
théâtrales dans la ville. Pour mesurer la notoriété
spontanée, il était demandé à
l'enquêté après lui avoir demandé de citer quelques
lieux de loisir, de citer un lieu dans la ville où l'on diffuse des
spectacles de théâtre. Pour ce qui est de la
notoriété assistée, chaque lieu
théâtral-corpus est cité, et il est demandé à
l'enquêté de lier chacune des salles à une pratique. Le
choix de ces deux tests plutôt que d'un seul a été fait
dans le but de mieux conforter le résultat obtenu, d'où
l'insertion d'une question concernant la fréquence de réception
des publicités liées au théâtre.
Ainsi donc, deux cents exemplaires de ce questionnaire ont
été imprimés sur du papier format A4, et distribués
à autant de personnes provenant de toutes les couches sociales et tous
les quartiers de la ville de Yaoundé. Après collecte, 196
exemplaires nous sont parvenus parmi lesquels seuls 192 ont pu être
exploités ; les quatre autres ayant été mis de
côté à cause des erreurs graves qu'ils recelaient.
Dans la même lancée, nous avons eu recours
à une seconde catégorie de questionnaires271(*), il s'agissait d'un
questionnaire de cinquante questions environ qui a été
adressé à un modeste panel de vingt fidèles consommateurs
de théâtre de Yaoundé, c'est-à-dire ceux ayant une
bonne connaissance des trois salles du corpus et même du
théâtre. L'ensemble des questions tournait essentiellement autour
du jugement que chacun d'eux porte sur les différents attributs du lieu
théâtral qui ont été établis plus haut,
relativement à chaque lieu théâtral-corpus. L'analyse de
ces deux catégories de questionnaires nous a permis ainsi de
présenter de façon explicative les résultats contenus dans
les lignes qui suivent.
B.II.2. Résultats
B.II.2.1. De la notoriété des
salles
La présente étude
révèle que les lieux théâtraux de Yaoundé
dans leur ensemble ont une faible notoriété. Peu de personnes ont
une réelle connaissance de leur existence ainsi que de leurs
activités théâtrales. L'ignorance de leur fonction de lieu
théâtral est dû au fait que les autres activités de
ces lieux (bibliothèque, cours de langue, et autres arts) tendent
à supplanter voire à annihiler la visibilité de
l'activité théâtrale.
Ainsi, sur le plan de la notoriété
spontanée tout d'abord, 47.91% (soit 92 personnes) des
enquêtés ont pu nommer spontanément un lieu
théâtral dans la ville de Yaoundé. Cependant, si l'on
pourrait se satisfaire de ce premier résultat en postulant que les lieux
théâtraux de Yaoundé sont connus par environ 50% de la
population, les contrastes au niveau des détails de ce taux de
notoriété spontanée viennent infirmer cette assertion.
Ainsi, découlant de cette étude, le top of mind revient à
l'Institut Français avec 93.45 % (soit 86/92) de personnes qui l'ont
cité comme lieu théâtral. Puis suivent par ordre
décroissant les amphithéâtres théâtre de
l'Université de Yaoundé I avec 4.34 % (soit 4 personnes), le
Centre Culturel Camerounais avec 2.17 % (soit 2 personnes). Les deux autres
lieux théâtraux corpus que sont le Goethe-Institut et OTHNI,
présentent à ce niveau un degré de notoriété
zéro.
Toutefois, si l'Institut Français au vu de ces
résultats est le seul lieu théâtral qui présente un
fort taux de notoriété, cela reste une fois de plus à
relativiser. La plupart des enquêtés ont en effet cité
l'ancien Centre Culturel Français devenu tout récemment Institut
Français. 52 personnes ont cité le Centre Culturel
Français, contre 34 seulement pour l'Institut Français,
renversant ainsi les résultats pour hisser le Centre Culturel
Français au top of mind. La fusion des deux résultats naît
uniquement du fait que le passage du Centre Culturel Français à
l'Institut Français n'est en réalité que
l'évolution au niveau de la dénomination d'une même
structure272(*). Quant
à ce degré de notoriété élevé de la
part du CCF273(*), il
s'explique tout simplement par le fait que cette « défunte
structure » qui était présente sur le sol camerounais
depuis 1952, a su asseoir sa notoriété à travers sa
durée cinquantenaire, aidée dans cet exploit par un environnement
infrastructurel dégarnie. Ces résultats démontrent sur un
autre plan la tâche immense qui est celle de l'IFC pour se faire
identifier du public camerounais par son nouveau statut et non par
l'ancien274(*). Quant
aux autres salles du corpus, elles sont très peu connues et les
résultats du test de notoriété assistée ne font que
le confirmer.
Pour ce qui est du test de notoriété
assistée, sur 192 enquêtées, 41 % (soit 80) ont pu se
souvenir que l'Institut Français est un lieu
théâtral ; 9% l'ont fait pour le Goethe (18 personnes) et
seulement 1% (2 personnes) l'a fait pour OTHNI ; 21% (soit 42 personnes)
n'a aucune idée des activités menés dans ces lieux.
Le constat qui se dégage donc de cette étude
montre que la notoriété des lieux théâtraux de
Yaoundé pâtit de leur caractère multiculturel. Ceci a pour
conséquence de créer une notoriété
déplacée, voire émiettée qui s'appuie sur les cours
de langue et les offres de bibliothèques, et même des lieux de
préparation à l'émigration en Occident275(*). Il est alors à se
demander si la « multiculturalité » d'une
institution peut servir équitablement tous les arts qu'elle porte en son
sein. De même, si les lieux théâtraux de Yaoundé ont
une faible notoriété tant spontanée qu'assistée, et
comme nous l'avons déjà relevé plus haut, c'est en grande
partie à cause du faible nombre de publicités relatives au
théâtre, mais surtout de la non efficacité des quelques
unes qui sont mises sur pied. Elles qui ne parviennent que très rarement
au grand public.
S'il s'avère donc fondé que les lieux
théâtraux de Yaoundé présentent vus d'ensemble une
faible notoriété. Cela va ainsi de soi que leurs images
auprès du public non consommateur et du public consommateur seront soit
absentes, soit erronées. Loin d'effectuer une mesure des images de ces
salles, nous examinons ci-dessous la raison de l'impossibilité de la
construction dans l'imaginaire du public, d'une ou plusieurs images positives
des lieux théâtraux-corpus.
B.II.2.2. De l'image des lieux théâtraux
De par l'étude des lieux théâtraux corpus
qui a été menée à travers ce chapitre et le
précédant, on peut déclarer que les lieux
théâtraux de Yaoundé ne peuvent pas procurer à leurs
consommateurs et aux non-consommateurs, une image satisfaisante. Celle-ci tend
même à ne pas exister si l'on tient compte de la faible
notoriété de ces structures ; tant il est vrai qu'ici, on ne
peut véritablement évaluer avec satisfaction aucun des douze
attributs de formation de l'image. Si des efforts sont certes faits
çà et là, il en ressort toutefois au vu de la
majorité des réponses de notre panel que la perception de ces
différents attributs est dans son ensemble mitigée.
Conclusion du chapitre
Le présent chapitre visait à comprendre le
rôle joué par les lieux théâtraux de la ville de
Yaoundé dans l'absence en public-contributeur qui caractérise la
consommation du théâtre au Cameroun. Pour ce faire, il reposait
sur l'hypothèse selon laquelle les faibles notoriétés et
images des lieux théâtraux de Yaoundé étaient en
grande partie responsables de l'absence de public-contributeur dans ces lieux.
Le marketing a ainsi permis de développer ce point de vue à
travers l'exploitation des théories sur le consommateur, ainsi que celle
des concepts de notoriété et d'image du point de vente.
Après avoir démontré tour à tour l'importance du
marketing et partant celle du marketing du théâtre, celle du
concept d'image et de notoriété dans le développement d'un
lieu théâtral, et ensuite, après avoir
développé une étude sur le comportement et la typologie
des spectateurs de théâtre, le présent chapitre s'est
essentiellement attelé à concevoir une adaptation-création
du processus de formation de l'image d'un lieu théâtral chez le
consommateur. Une fois ces postulats établis, les études de
terrains ont fini de compléter le chapitre en démontrant que les
stratégies publicitaires des salles de théâtre de
Yaoundé, leurs notoriétés, et leurs images étaient
déficientes. La conséquence logique étant que cette
déficiente ne pouvait en aucun cas permettre au grand public d'abonder
dans ces lieux et par ricochet permettre le développement du
théâtre dans la ville. Les raisons de cette déficience sont
enfin à chercher dans le caractère multiculturel de ces lieux,
dans le manque de ressources humaines et financières (surtout OTHNI), et
parce qu'étant dans les deux tiers de leur ensemble, des cordons
diplomatiques dont le premier dessein n'est nullement d'attirer le public local
vers le produit théâtral, mais d'être un
réverbère de « la
générosité » des anciennes puissances
dominatrices du Cameroun vis-à-vis de cet Etat du Tiers-Monde.
CONCLUSION GENERALE
Rendus à l'épilogue de cette recherche dont
l'objet d'étude était le lieu théâtral camerounais
et plus précisément yaoundéen, il convient à
présent, avant que de la clore définitivement, de passer en revue
les principaux axes qui ont guidé sa rédaction jusqu'à
cette ultime phase. Passée cette étape, il sera logiquement
indispensable de procéder à une vérification des
principales hypothèses mises sur pied à l'entame de ce travail.
Ensuite, seront exposés les principales conclusions ainsi que les
probables développements que peuvent connaître cette recherche
dans le futur, dans le cadre d'un approfondissement voire d'un perfectionnement
des sujets qui y ont été abordés. Enfin, quelques modestes
idées seront émises ; idées qui pourront servir dans
le cadre d'un processus d'édification d'un lieu théâtral
viable au Cameroun et ailleurs.
I. Rappel des points essentiels
La présente recherche s'intitule : L'impact de
l'état du lieu théâtral sur la pratique et la consommation
du théâtre au Cameroun : le cas de Yaoundé. Elle
a été motivée par notre désir de mener une
réflexion profonde sur le théâtre camerounais en partant du
lieu théâtral, objet d'étude qui représente le coeur
de la pratique théâtrale, mais qui n'est le plus souvent que
partiellement abordé dans les travaux de plusieurs chercheurs tant
nationaux et qu'internationaux. Pour traiter de la question, nous avons dans un
premier temps mis sur pied une problématique qui était
bâtie à travers les points suivants :
Tout d'abord, le problème de cette recherche
était la léthargie du théâtre camerounais ;
léthargie observable en partie à travers le dénuement du
pays en termes d'infrastructures théâtrales. De plus, les moindres
salles de théâtre existantes n'arrivent pas pour ainsi dire
à séduire le grand public. Pour développer ce
problème, trois questions de recherche ont émergé d'une
question principale posée en amont. Cette dernière consistait
à comprendre quelle était l'influence de l'état du lieu
théâtral sur la pratique et la consommation du
théâtre au Cameroun. De là, la première question
secondaire, visait à faire le point sur l'état des principales
salles de théâtre de la ville de Yaoundé. La seconde
questionnait les répercussions de cet état du lieu
théâtral sur les différents maillons contribuant à
l'existence du théâtre au Cameroun. Enfin, la dernière
visait à savoir quelles étaient les voies pour sortir de cette
impasse si cela était avéré.
Afin de répondre à ces questions, nous sommes
partis du postulat principal selon lequel l'état du lieu
théâtral avait un grand impact négatif sur la pratique et
la consommation du théâtre au Cameroun. Les hypothèses
secondaires quant à elles postulaient l'une après l'autre que les
lieux théâtraux de Yaoundé présentaient des tares
multiples sur les plans esthétique, fonctionnel et marketing ; que
les lieux théâtraux de Yaoundé conditionnaient les
praticiens, conditionnement qui serait perceptible à travers le
minimalisme observé dans la majorité des oeuvres scéniques
produites. La dernière hypothèse quant à elle
prétendait que les salles de théâtres de Yaoundé ne
favorisaient pas l'afflux des spectateurs, ainsi que la bonne réception
des produits théâtraux.
Afin de résoudre cette problématique, le cadre
géographique a été restreint à la ville de
Yaoundé. Ici, les trois principales salles qui y rythment la vie
théâtrale ont été choisies. Il s'agit du
Goethe-Institut Kamerun, de l'Institut Français de Yaoundé et
enfin OTHNI-Laboratoire de théâtre de Yaoundé.
Quant au cadre théorique qui a présidé
cette recherche, il était interdisciplinaire ; c'est-à-dire
un assemblage d'idées provenant de trois domaines de connaissances
à savoir : la psychologie, la mise en scène
théâtrale et le marketing. Aussi, ces trois champs de
connaissances ont apporté comme base théorique à cette
recherche les théories béhavioristes constamment nommées
tout au long de ce travail « comportementalisme »,
la théorie du théâtre dépouillé de Jerzy
Grotowski, et les concepts d'image du point de vente et de
notoriété de marque.
Par ailleurs, la méthodologie s'est appuyée
principalement sur l'observation directe, les entretiens, les sondages, le
visionnage-analyse des spectacles théâtraux et enfin de nombreuses
ressources documentaires provenant des bibliothèques, des librairies,
ainsi que d'Internet. Toute la « mise en voie »
développée ci-dessus a donc donné corps à trois
principaux chapitres qui ont constitué la quintessence de ce travail.
Dans le premier chapitre intitulé Le lieu
théâtral dans l'art et dans la cité, nous avons
à travers les quatre principaux points qui l'ont constitué,
abordé le lieu théâtral de façon panoramique, mais
sans toutefois avoir été exhaustif. La salle de
théâtre a été examinée de fond en comble tant
sur le plan conceptuel, diachronique, organisationnel que sur le plan de son
apport à l'édification de l'art et de la cité. La lecture
de ce chapitre qui ne prétend pas avoir valeur d'encyclopédie,
apporte néanmoins un supplément intellectuel non
négligeable sur le lieu théâtral, sa place dans l'art
théâtral, et la place de choix qu'un tel édifice
viabilisé peut occuper dans la société camerounaise en
particulier, et dans la société des nations en
général. Toutefois, il est utile de souligner que ce premier
chapitre posait simplement les jalons nécessaires à la pleine
compréhension des chapitres suivants.
Le second chapitre a quant à lui été
baptisé : Lieu théâtral, praticien et
création, il était question de comprendre l'influence de
l'état des lieux théâtraux de Yaoundé sur la
pratique théâtrale. Quatre points ont permis d'épiloguer
sur cet objectif ; soit d'entrée de jeu une étude des
principaux lieux théâtraux du corpus qui a permis de
démontrer que tous ces lieux présentaient des tares diverses.
Ensuite, s'en est suivi le listing des différents problèmes
découlant du lieu théâtral à Yaoundé. Ce
point a débouché sur un autre, qui a égrainé un
chapelet de conséquences de l'état des lieux
théâtraux de Yaoundé sur la pratique
théâtrale. Enfin, dans un ultime point, nous avons à
travers une adaptation de l'expérience behavioriste de John B. Watson
sur le petit Albert, fait une esquisse du conditionnement du praticien de
Yaoundé, plus précisément celui du metteur en
scène. En clair, nous avons démontré ici comment la
création d'un praticien de la ville de Yaoundé pouvait être
déviée vers une certaine image à cause l'état des
salles de théâtre. Ont été également
relevés les corollaires possibles de ce conditionnement. Ce sont
principalement l'idéologisation et la légitimation de cette
« esthétique du malgré soi », la remise en
question de la légitimité de l'utilisation de certains concepts
théoriques tels que le théâtre pauvre, le
théâtre expérimental, le théâtre contemporain,
ou encore les nouvelles écritures dans un tel contexte de
dénuement. Enfin, le virage définitif du théâtre
camerounais vers ces esthétiques minimalistes sous l'effet de
l'accoutumance était envisageable. Au sortir de ce chapitre, le lecteur
est nourri, bien que tristement, de quelques réalités moroses qui
bercent la démarche des praticiens de théâtre de
Yaoundé dans leur désir de transposer sur scène les fruits
de leurs inspirations, fruits qu'ils dédient à un public qui
lorsqu'il n'est pas absent, ne contribue que très peu à la survie
économique du « théâtre vert, rouge et
jaune ». Ce public là a d'ailleurs été
passé au creuset du troisième et ultime chapitre.
Le dernier chapitre enfin s'intitulait La
notoriété et l'image des lieux théâtraux de
Yaoundé. Il visait à donner quelques raisons de l'absence
d'un véritable public-contributeur dans les rares lieux
théâtraux de Yaoundé ; entendu par là comme la
présence lors des spectacles théâtraux d'un grand nombre de
spectateurs réguliers, payant normalement leurs tickets ou leurs cartes
d'abonné. Pour expliquer cette déficience en public-contributeur,
le chapitre, tout au long de son développement, s'est attelé
d'une part à mettre en lumière la force du marketing et de ses
théories, et d'autre part à démontrer la faiblesse, voire
le manque d'application de ces outils dans les lieux théâtraux de
Yaoundé. Le développement de ce chapitre à travers quatre
points répartis en deux grandes parties a permis prioritairement de
construire un schéma du processus de formation de l'image d'un lieu
théâtral ; image qui comme nous l'avons
démontré est un facteur important dans la construction du
comportement du consommateur, comportement que le lieu
théâtral-entreprise se devait de façonner en le rendant
positif. Le chapitre a en outre permis d'étudier le marketing des salles
de théâtre de Yaoundé, de mesurer leur
notoriété, et d'aborder la faiblesse voire l'inexistence de cette
image. A l'issue du parcours des idées qu'il recèle, le lecteur
est édifié sur des notions de marketing classique et culturel
(notamment la notoriété, les images en marketing et le
comportement du consommateur de théâtre), et sur l'application de
ces notions au lieu théâtral. Aussi, ce chapitre lui permet
également de mesurer la visibilité des lieux
théâtraux de Yaoundé, et d'en déceler les tares sur
le plan de leur marketing.
Ainsi, si le corps de la recherche a su aborder tout au long
de son développement toutes les missions dont le sujet s'est
assigné dès son introduction, il convient à présent
de voir le sort que connaissent les différentes hypothèses
à l'issue de cette recherche.
II. Vérification des
hypothèses
Procéder à la vérification des
hypothèses d'une recherche, revient à démontrer que les
différentes suppositions de réponses aux questions de recherche
formulées à l'entame du travail, ont été soit
confirmées, soit infirmées par les résultats finaux qui en
ont découlé, et que par ricochet les objectifs de la recherche
ont été atteints. Pour aller dans le sens de ce qui vient
d'être dit, nous allons examiner tour à tour les résultats
qui découlent de nos trois hypothèses secondaires dont
l'hypothèse centrale n'en est que le résumé.
Tout d'abord, la première hypothèse stipulait
que la plupart des lieux théâtraux de Yaoundé
présentait des tares sur le plan esthétique, technique et
marketing. Sur le plan esthétique qui concernait beaucoup plus
l'apparence architecturale, la recherche a permis de démontrer que tous
les lieux théâtraux du corpus ne reflètent aucunement
l'image des lieux théâtraux, et plus modérément
l'image de lieux de loisirs. En fait, il a été
démontré à travers l'étude des façades que
la plupart de ces lieux s'assimilent plutôt soit à des maisons
d'habitation, soit à des points de vente. Sur le plan technique, les
défaillances et les insuffisances constatées au niveau des
espaces-public, ainsi qu'au niveau des espaces théâtraux pour ce
qui est de chacune des salles, démontrent que les lieux
théâtraux de Yaoundé sont loin de représenter des
modèles idéals à l'épanouissement des praticiens et
des spectateurs. Enfin, sur le plan marketing, la faiblesse sémantique
des différentes enseignes qui ne laisse pas clairement
transparaître leur qualité de lieux théâtraux ou de
lieux de loisirs représente tout d'abord un premier handicap. A cela
s'ajoutent les faibles démarches marketing de ces lieux qui entre autres
ne procèdent pas à de véritables études de
marché, ne segmentent ni le public ni l'offre, et dont les
stratégies publicitaires sont soit inefficaces, soit mal ciblées,
soit tout simplement insuffisantes. Aussi, ce que nous avons appelé
multiculturalité et qui est le fait que ces salles promeuvent une
multitude de produits culturels à la fois, s'est avérée
être un frein à l'épanouissement serein de l'art
théâtral. Tous ces résultats mettent ainsi en
évidence la faiblesse marketing des lieux théâtraux de
Yaoundé, et permettent par ricochet de conclure en affirmant que la
première hypothèse secondaire a été
vérifiée.
La seconde hypothèse de ce travail postulait que
l'absence de lieux théâtraux conventionnels commandait les
praticiens de Yaoundé, et que cette situation était perceptible
en partie dans le minimalisme des oeuvres produites par eux.
Déjà, la première hypothèse permet de le confirmer
en partie, puisqu'elle a permis de relever que les infrastructures
théâtrales de Yaoundé présentent toutes des tares
sur le plan esthétique et fonctionnel notamment. Aussi, pour ce qui
est des véritables résultats qui découlent de cette
seconde hypothèse, il a été découvert que les
principaux problèmes procédant des salles de théâtre
de Yaoundé sont la non existence de salles de création et de
diffusion viables pouvant satisfaire les nombreux élans créatifs
de tous de artistes dramatiques, le financement de la grande partie de la
production théâtrale assuré par les salles dites
étrangères, et la vacuité de ces salles en
véritable public. Il a en outre été démontré
que ces trois facteurs affectent négativement le dynamisme de la
création des spectacles dans la ville de Yaoundé. Ils favorisent
également une dictature esthétique latente sur les productions.
Ils ne permettent pas un véritable développement des
métiers techniques du théâtre. Ils donnent lieu à un
théâtre qui ne doit son existence qu'aux promesses de financement,
et l'expectative d'une participation à des festivals nationaux et
internationaux. Puis, il a également été
démontré que cet état de fait engendre entre autres ce que
l'on a nommé un théâtre parcimonieux. Le
théâtre parcimonieux se définissant ici comme ces
créations théâtrales dans lesquelles à cause d'un
environnement âpre, l'équipe de production, ainsi que les
éléments scéniques de représentation sont
réduits au strict minimum. Enfin, nous avons illustré le
conditionnement du praticien de la ville de Yaoundé qui dans un
état infrastructurel morose se trouve obligé de réaliser
exclusivement des créations minimalistes. Toute cette illustration
démontre donc à suffisance que la seconde hypothèse a elle
aussi été vérifiée, tant son développement a
prouvé que l'enivrement infrastructurel morose dans le domaine du
théâtre nuit largement à la pratique de cet art.
Enfin, la troisième hypothèse qui stipulait que
les lieux théâtraux de Yaoundé ne permettaient pas l'afflux
du public ainsi qu'une bonne réception des spectacles en leur sein
mérite d'être vérifiée. Tout d'abord, les faiblesses
générales observées quant à la visibilité du
spectacle pour les spectateurs dans tous les lieux théâtraux
étudiés, ainsi que les faiblesses acoustiques dans certaines, et
même la qualité des spectacles fortement symbolisés et
élitistes comme c'est le cas le plus souvent à OTHNI, permettent
d'affirmer que les salles de théâtre de Yaoundé ne
permettent pas une bonne réception des spectacles. Aussi, les
résultats insatisfaisants obtenus à l'issue des études sur
l'appropriation du marketing par les salles de théâtre de
Yaoundé, leur faible notoriété, ainsi que les manques
observés dans les attributs de formation de leurs images, permettent de
confirmer que les lieux théâtraux de Yaoundé ne
présentent pas les prédispositions nécessaires pour
attirer un immense public ; surtout dans un contexte environnemental
caractérisé par la multiplicité, et l'amélioration
de l'offre de loisirs en termes de qualité et d'accessibilité.
Nous pouvons donc par là confirmer la dernière
hypothèse.
Au vu de tout ce qui précède, nous avons
à présent la latitude de corroborer la phase de départ qui
déclarait que l'état du lieu théâtral aurait un
grand impact négatif considérable sur la pratique et la
consommation du théâtre au Cameroun. Oui, L'état du lieu
théâtral a en effet un impact négatif sur la pratique et la
consommation du théâtre au Cameroun, car il faut le dire, la
situation de l'ensemble des villes du Cameroun en termes d'équipements
de théâtre n'est guère plus reluisante. L'exemple de
Yaoundé permet donc de pouvoir généraliser aisément
cette affirmation à l'ensemble du pays. Mais qu'à cela ne tienne,
même si on peut déclarer à présent que les objectifs
de cette recherche ont été atteints, et ce au vu des
hypothèses qui viennent d'être confirmées, il n'en demeure
pas moins vrai qu'elle présente des faiblesses qui sont en
réalité autant de pistes de réflexion qui pourront
intéresser de nombreux scientifiques.
III. Bilan de la recherche et perspectives
La présente recherche a donc été une
étude du lieu théâtral de la ville de Yaoundé sur un
double plan : sur un plan pratique tout d'abord, et ensuite sur un plan
marketing. A la fin de la récolte, les résultats palpables sont
entre autres l'élaboration d'un schéma du conditionnement d'un
praticien par le lieu théâtral et les conséquences qui
peuvent en découler, l'esquisse d'illustration de la démarche
marketing des lieux théâtraux de Yaoundé, la mesure du
degré de notoriété de ces différents lieux
théâtraux, et enfin l'élaboration d'un schéma du
processus de formation de l'image du lieu théâtral dans le mental
du consommateur et du consommateur potentiel ainsi que les corollaires de cette
image formée. Mais de là, toutes les imperfections de cette
recherche pourront être dégagées progressivement par
d'autres chercheurs, et permettront d'améliorer l'apport de ce sujet
à l'évolution de l'activité théâtrale tant
sur le plan scientifique que pratique. Néanmoins, nous pouvons en
énumérer quelques unes.
Le schéma du conditionnement du praticien qui a
été mis sur pied à travers l'expérience
watsonienne, pourrait donner lieu à des études en psychologie.
Elles s'intéresseraient une fois de plus à la création
artistique, ceci à travers des études véritablement
expérimentales et empiriques, qui seront menées sur un ou
plusieurs échantillons de praticiens. Ces études
amélioreront ainsi cette théorie du conditionnement
esquissée dans cette recherche, ceci avec des résultats plus
explicites. Ils permettront ainsi de mieux comprendre la naissance de certains
courants artistiques. Cela est de même pour le schéma du processus
de formation de l'image d'un lieu théâtral qui mérite
d'être concrètement mesuré à travers des recherches
en marketing culturel qui disposeraient de suffisamment de ressources
temporelles et financières. De même, une application comme
stratégie marketing des salles de théâtre d'une
démarche véritablement basée sur les onze points (moins
les attitudes) de la somme des attributs de l'image d'un lieu
théâtral serait largement envisageable. Les résultats de
cette expérimentation pourront apporter de nouveaux moyens de gestions
efficientes des entreprises culturelles. Enfin, continuant sur cette
lancée, il est tout de même nécessaire de signaler que ces
résultats ne sauraient être totalement efficients sans que ne
soient effectuées au préalable des études approfondies sur
le comportement du public africain face aux produits culturels. Cela permettra
de mieux le comprendre, sans se voir toujours dans l'obligation de
généraliser sur lui des comportements observés chez son
homologue occidental.
Enfin, au vu la spécificité des
différents peuples qui constituent la somme humaine du continent
africain, des études pouvant aboutir à la proposition d'un lieu
théâtral propice au plein épanouissement, et de là
à l'attraction des publics dans les villes africaines seraient à
encourager et vivement nécessaires. Mais, nous pouvons
déjà tenter, et ce à l'aide des résultats de cette
étude, la proposition d'un lieu théâtral viable.
IV. Vers des lieux théâtraux
viables
En fin de compte, la seule solution que ce sujet propose n'est
pas totalement inédite. Afin de redynamiser le théâtre
camerounais, il faudrait procéder à la construction dans
l'ensemble du territoire, de véritables salles de théâtre
camerounaises à desseins commerciaux, et dédiées
prioritairement à l'art théâtral. Elles reboosteront ainsi
quantitativement et la qualitativement l'offre, et se dévoueront
à la recherche d'un public à même de consommer ces
produits.
Pour atteindre cet idéal, si le rôle de l'Etat et
des collectivités territoriales décentralisées est plus
qu'important, y revenir reviendrait simplement à faire écho des
pleurs et des sonnettes d'alarmes actionnés par nombre d'artistes
camerounais. Il reste néanmoins vrai que les investisseurs, et les
artistes fortunés se doivent de croire au potentiel économique,
culturel, et même éducatif qu'un lieu théâtral bien
viabilisé peut apporter tant à ses propriétaires
qu'à la société camerounaise toute entière.
Investir dans le théâtre, si cela est mené
professionnellement, serait donc aussi rentable que bien d'autres
activités lucratives.
Ainsi, parler de salle de théâtre viable revient
à rêver d'une salle qui disposerait d'un triple atour :
architectural (esthétique), fonctionnel et marketing. L'architecture
devra être attirante, c'est-à-dire agréable à la
vue, et illuminée de jour comme de nuit. Car le constat fait sur le
terrain démontre que la ville de Yaoundé, une fois la nuit
tombée, est en grande partie une « ville
morte » : morte de par le nombre important de ses
bâtiments qui ne sont pas éclairés de nuit.
Toutefois, parler d'architecture théâtrale comme
atout pour des futurs lieux théâtraux viables, ne revient pas
à dire qu'il faille copier entièrement le modèle
occidental avec ses grandes et somptueuses salles construites sur le style
antique, baroque ou moderne. Ici, il faudra plutôt procéder
à une sorte d'hybridation où dès les façades de ces
édifices, on observera des sculptures, des formes et autres motifs
reflétant « les identités
culturelles camerounaises ».
De même sur le plan fonctionnel, les salles devront
être pleinement équipées de manière à
favoriser la pleine et libre éclosion du génie des
créateurs. L'idéal serait comme plusieurs praticiens et
théoriciens l'ont déjà préconisé des salles
modulables et disposant de toutes les facilités tant pour les praticiens
que pour le public. Tout ceci devra s'harmoniser, et n'être en
réalité que la mise en pratique d'un plan marketing efficient.
Enfin, le marketing des salles devra entre autres chercher
à renforcer leur notoriété, et à appliquer
rigoureusement, mais tout en tenant compte de l'environnement opérant,
les différents attributs de l'image du lieu théâtral. De
là, on peut tracer brièvement le schéma de satisfaction
d'un nouveau consommateur de théâtre. Celui-ci dans un premier
temps, se devra d'être attiré par la qualité architecturale
du lieu ; laquelle sera stimulée par la publicité du lieu
à travers les média et à travers des techniques de
marketing sensoriels pouvant être par exemple la diffusion sur des
panneaux électroniques situés devant ce bâtiment, des
extraits des spectacles passés et à venir. Cette technique pourra
ainsi se substituer à l'affiche dont l'impact positif n'est pas toujours
garanti. Une fois que l'effet extérieur aura conquis le nouveau
potentiel spectateur, les dispositions pratiques mises en branle dès son
entrée dans le lieu jusqu'à sa sortie, se doivent de lui offrir
une expérience théâtrale agréable et surtout
inoubliable. Ceci aura pour effet de créer un nouveau spectateur. Un
spectateur satisfait. Et surtout un spectateur fidélisé qui
pourra entraîner lors de ses futures expériences
théâtrales plusieurs autres nouveaux consommateurs.
Mais qu'à cela ne tienne, ceci ne revient point
à affirmer que la mise sur pied de ces « lieux
théâtraux idéals » changera comme par un coup de
baguette magique le visage du théâtre au Cameroun. Non !
Cela, comme la fondation de tout édifice qui se veut solide,
nécessitera un certain temps pour que les jalons posés puissent
se consolider. L'éducation des jeunes apprenants du cycle primaire au
cycle supérieur, afin de leur inculquer une culture artistique solide,
est plus que jamais souhaitable pour soutenir cette action. Car on pourrait
postuler aisément que ce sont eux qui constituent le véritable
public que ces lieux théâtraux se devront de conquérir et
de fidéliser, et non pas la plupart de ces masses qui peuplent
majoritairement les débits de boisson et autres Night Clubs. Comme
François Colbert l'affirme, passé l'âge de 20 ans, il
devient très difficile d'accoutumer un individu à certaines
formes d'arts si le processus n'a pas débuté dès
l'enfance276(*).
Mais, tous ces défis en valent la chandelle à
cause des bénéfices que de lieux théâtraux viables
pourraient procurer au Cameroun, et contribuer ainsi immensément au
processus d'émergence dans lequel le pays s'est engagé pour
l'horizon 2035277(*).
Aussi, il est clair que toutes ces propositions ne sont pas que
destinées au Cameroun. Si le Cameroun est certes le cadre de
référence de cette recherche, il n'en demeure pas moins vrai que
plusieurs autres pays vivent également la situation
théâtrale du Cameroun. Cette recherche, faute de temps et de
moyens suffisants, ne pouvait aucunement étendre son spectre
d'enquête à ces pays. Ils demeurent néanmoins l'une des
motivations de ce travail. Sans prétention aucune donc, toutes ces
pages, ces paragraphes, ces phrases et ces mots qui meublent ce travail
constituent des mois de réflexion et de recherche d'un passionné
de théâtre dont le rêve le plus cher est de voir
naître un firmament doré qui illuminerait indéfiniment le
théâtre universel.
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Yaoundé, Nos 1 et 2, Janvier-Juillet 1990, p.71-87.
OMGBA, Richard Laurent. « Les
nouveaux défis de la culture camerounaise », in Annales de
FALSH, UYI, Vol.1, No 13, Nouvelle série, 2011, Deuxième
semestre, p.3-15.
OUELLET, J.-F., COLBERT, F., SAVARD, M.-A.
«La personnalité des salles de spectacles : Développement
d'une échelle et applications », in International Journal of arts
management, Volume 10, no 3, 2008.
RATIER, Michel. « L'image de marque
à la frontière de nombreux concepts », in Cahier de
recherche no. 2003-158.
WATSON John. « Psychology as a
behaviorist views it. », in Psychological Review, No 20, 1913,
p.158-177. Traduction de L. Ferrand, disponible sur :
www.univ-metz.fr/ufr/sha/psychologie/licence/MAT6_Watson.docý
XINMU, Zhang. « Approche
sémiologique de l'architecture », in Synergies Chine
No 4-2009, p.205-214.
MEMOIRES
BELL YEMBEL, Jacques Merlin. Étude
comparative de la réception des films publicitaires par les enfants, les
adolescents et les adultes des zones urbaines du Cameroun : le cas de
Yaoundé. Mémoire de Master II, Université de
Yaoundé I, 2012.
BONONO, Angeline Solange. La
réception des spectacles au Cameroun : le cas de
Yaoundé. Mémoire de Maîtrise, Université de
Yaoundé, 1991.
CHELIOTOU, Iris. La place du public dans
les grandes institutions culturelles Les stratégies communicationnelles
des établissements : la façon dont le public est
considéré conditionne-t-elle la communication qu'on lui
resserve ? Mémoire de DESS, Université Lumière
Lyon II/Arsec, 2003.
CORNUAU, Sylvain. Le théâtre
populaire a-t-il un sens aujourd'hui ? Mémoire de Master II,
Arsec/Université Lyon 2, 2005.
EWANE, José Charles. Le marketing
des spectacles au Cameroun : de la conception du produit aux options
stratégiques de diffusion. Mémoire de DEA, Université
de Yaoundé I, 2006.
FOTSO, Henri. Problématique de la
production théâtrale à Douala. Mémoire de
Maîtrise professionnelle en études théâtrales,
Université de Yaoundé I, 1993.
JAKIR, Myriam. Comment vendre du
théâtre : l'art de promouvoir a-t-il ses limites ?
Mémoire de Licence, Université de Genève, 2005.
MOULARD, Estelle. Le jeu d'acteur dans le
théâtre contemporain : entre créations de textes
dramatiques et écritures scéniques. Université
Stendhal Grenoble 3/ UFR Lettres et Arts, 2012.
ONDOBO, Luc Bertrand.
Les problèmes des musées du Cameroun : le cas
des musées de Yaoundé. Mémoire de Master II,
Université de Yaoundé I, 2011.
PANI MALOWA Marianne FOMINYEN. The demise
of cinema halls in Cameroon: the case of Yaoundé. Mémoire de
Master II, Université de Yaoundé I, 2010.
PASQUIER, Sabrina, La circulation des
productions théâtrales entre les institutions culturelles
françaises et européennes : Une relation réciproque
ou unilatérale. Mémoire de Master II, Université de
Bretagne occidentale, 2006.
TAMI WABETTE, Sylvie. Le public du
théâtre camerounais : cas de la ville de Yaoundé.
Mémoire de Maîtrise, Université de Yaoundé I,
2007.
TAMI YOBA, Francis Guy.
a) Problématique de la mise en scène au
Cameroun : le cas de Yaoundé. Mémoire de
Maîtrise, Université de Yaoundé I, 2004.
b) Etude comparée des techniques des metteurs en
scène camerounais. Mémoire de DEA, Université de
Yaoundé I, 2006.
TANDA, Clément. Vers un statut du
récepteur de théâtre au Cameroun : le cas de
Yaoundé au début des années 90. Maîtrise
professionnelle en études théâtrales, Université de
Yaoundé I 1993.
TIWA NGOUDGUI, David. La
problématique de la mise en scène au Cameroun : le cas
de Yaoundé. Maîtrise professionnelle en études
théâtrales, Université de Yaoundé, 1992.
THESES
DOHO, Gilbert.
a) L'espace dans le théâtre
négro-africain : les rites cérémoniels du
Cameroun. Thèse de doctorat 3ème cycle,
Université Lumière de Lyon 1983.
b) La vie théâtrale au Cameroun de 1940
à nos jours. Thèse de doctorat, Université Paris III,
1992.
FILMER, R. Andrew. Backstage Space: The
place of the Performer. PhD Thesis, Department of performance studies,
University of Sydney, 2006.
MEGNENG-MBA-ZUE, Geneviève. La
société dans le théâtre d'Afrique centrale :
les cas du Cameroun, du Congo et du Gabon. Pour une sémiotique de
l'énonciation théâtrale. Thèse de Doctorat
nouveau régime, Université de Cergy-Pontoise, 2008.
WEBOGRAPHIE
Encyclopédie en ligne Larousse.
http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/histoire_du_th%C3%A9%C3%A2tre/96913
consultée le 1er février 2013 à 02h 52.
http://www.shubertorganization.com/organization/history.asp
Consultée le 8 Août 2013 à 12h 36
http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/th%C3%A9%C3%A2tre/186018
Consultée le 11 août 2013 à 22h 19.
http://jfbradu.free.fr/GRECEANTIQUE/themes/theatregrec.htm
Consulté le 11 août 2013 à 23h 12.
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000023332301
Consulté le 1er novembre 2013.
http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/point-de-vente.html
Consulté le 15 Décembre 2013 à 23h 30.
http://www.culturecommunication.gouv.fr/content/download/25381/212888/file/MINI-chiffres%20cles-FR-2013-site.pdf
consulté lé 20 décembre 2013.
http://www.comedie-francaise.fr/la-comedie-francaise-aujourdhui.php?id=547
Consulté le 4 janvier 2014 à 12h 30.
http://www.journalduxameroun.com/article.php?aid=10321
Consulté le 2 janvier 2014.
http://lesdefinitions.fr/methodologie#ixzz2qED9SiW8
Consulté le 13 janvier 2014 à 00h 11.
www.google.fr
www.recherche.aol.fr
www.wikipedia.org
www.africultures.com
www.persee.fr
www.erudit.org
ANNEXES
ANNEXE I
REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF
CAMEROON
Paix - Travail - Patrie Peace - Work -
Fatherland
UNIVERSITE DE YAOUNDE I THE UNIVERSITY OF YAOUNDE
I
FACULTE DES ARTS, LETTRES FACULTY OF ARTS,
LETTERS
ET SCIENCES HUMAINES
AND SOCIAL SCIENCES
DÉPARTEMENT DES ARTS ET ARCHEOLOGIE DEPARTMENT OF
ARTS AND ARCHAEOLOGY
SECTION DES ARTS DU SPECTACLE PERFORMING ARTS AND
ET CINEMATOGRAPHIE CINEMATOGRAPHY SECTION
Préambule
Monsieur/Madame, dans le cadre de mes recherches portant sur
le thème : « L'impact de l'état du lieu
théâtral sur la pratique et la consommation du
théâtre au Cameroun : le cas de
Yaoundé », je souhaite réaliser une interview avec
les responsables des principales structures de représentation
théâtrale de la ville. L'intention ici est d'une part de
compléter l'étude de ces salles qui constitue un pan majeur de
mon travail, afin que de proposer dans un second temps des viatiques pour
l'épanouissement des lieux théâtraux Cameroun, et du
théâtre en général.
L'entretien consiste pour le responsable à
répondre à quatre volets de questions concernant le lieu
théâtral qu'il dirige : la présentation
générale de sa salle, la présentation des aspects
techniques, le marketing et le public, et enfin les problèmes
rencontrés.
De prime à bord, je vous remercie de m'accorder de
votre précieux temps ainsi que l'honneur de souscrire à
l'interview. Je souhaite recevoir de votre part une invitation à vous
rencontrer personnellement afin de la réaliser. Dans le cas
échéant, je me contenterai des réponses écrites
et/ou des documents que vous m'enverrez. Monsieur/Madame, votre promptitude
m'est indispensable dans la réalisation de ce travail ; sur ce, je
vous compte sur votre bonne compréhension.
Mes contacts : ASSOMO CYRIL JUVENIL
Tél. : 74 16 41 60 /
96 62 39 40
E-mail :
cyriljuvenil@gmail.com
Interview
Premier volet : sur la présentation
générale de la structure
1) Pouvez-vous nous présenter brièvement votre
structure ?
2) Quels sont les objectifs poursuivis vis-à-vis du
théâtre au Cameroun ?
3) Quelles sont les conditions d'accès à votre
salle pour les troupes théâtrales ?
4) Comment, et sur quels critères
établissez-vous votre programmation théâtrale ?
Deuxième volet : sur la structure,
l'organisation et le fonctionnement de la salle
1) Pouvez-vous nous présenter votre salle de spectacle
sur le plan technique, ainsi que les différentes facilités
destinées au public ?
2) Pensez-vous que l'esthétique architecturale d'un
théâtre peut influencer son taux de fréquentation ?
3) Comment est composé le personnel chargé
d'administrer votre salle de théâtre ?
4) Quel est le fonctionnement de votre structure ?
Troisième volet : sur le marketing de la
salle
1) Votre structure dispose-t-elle d'un public cible
particulier en matière de théâtre ?
2) Quelles sont les conditions d'accès aux
spectacles ? existe-t-il une politique prix ?
3) Votre structure dispose-t-elle d'une stratégie
marketing particulière ? Si oui pouvez-vous nous la
décrire ?
4) Quels sont les différents supports de communication
que Vous mettez en place autour de vos spectacles ?
5) Qui se charge de la communication autour des
spectacles (la troupe de théâtre, votre institution, ou
alors les deux) ?
6) Quelle place occupe la troupe au sein de la salle ?
7) Disposez-vous des informations quant aux différents
types de publics que votre salle accueille lors des spectacles
théâtraux ?
8) Quels sont les différents types de spectacles
théâtraux proposés dans votre salle ?
9) Etes-vous conscients, et tenez-vous compte des horizons
d'attentes du public dans l'établissement de votre
programmation ?
10) Quels est les nombre de spectacles et de spectateurs que
votre structure accueille en moyenne par an ? y a-t-il une
évolution ou non ? à quoi est-elle due ?
Quatrième volet : Sur les
difficultés des salles
1) Quelles sont les difficultés auxquelles votre
structure fait face dans la promotion du théâtre au quotidien (sur
le plan des infrastructures, du personnel, du marketing, et du
public) ?
2) A votre avis, qu'est-ce qui explique la désertion
des salles de « théâtre » au Cameroun
contrairement aux autres loisirs populeux qui attirent des foules ?
3) Quelles sont les mesures qui peuvent-elles être
prises pour rendre le théâtre camerounais plus attractif ?
4) Quelles sont vos actions en tant que salle de
théâtre ?
5) D'après vous, la construction des lieux
théâtraux conventionnels et la redynamisation de ceux existant
peuvent-elles contribuer à l'évolution du théâtre au
Cameroun ?
Je vous remercie énormément pour votre
contribution à l'élaboration de mes travaux de recherche.
Je vous présente tous mes sentiments les plus
distingués.
ASSOMO CYRIL, étudiant en Arts du
Spectacle et Cinématographie Master II.
ANNEXE II
QUESTIONS POSEES AU METTEURS EN SCENE278(*)
I. Présentation du metteur en
scène.
1. Qui est-il ?
2. Comment est-il rentré en contact avec l'art
théâtral ?
3. Un résumé de son parcours académique
et professionnel
4. Officie-t-il au sein d'une troupe ? Si oui
laquelle ?
5. Exerce-t-il une activité autre que le
théâtre ?
II. Ses impressions sur le théâtre au
Cameroun.
1. Ses impressions sur l'activité
théâtrale au Cameroun ?
2. Peut-il énumérer quelques problèmes
qui minent ce théâtre ?
3. Y a -t-il une solution à ces
problèmes ?
III. A propos de son activité
1. Les différentes étapes suivies lors du
montage d'une pièce ?
2. A-t-il déjà entendu parler du
théâtre pauvre de Jerzy Grotowski ?
3. Est-il légitime selon lui de parler de
théâtre pauvre et même de théâtre contemporain
(au sens esthétique du terme) au vu de l'environnement
théâtral camerounais ?
4. Dans lequel de ces courants de mise en scène peut-il
situer ses mises en scène: symbolisme ou naturalisme, autres ?
5. Pourquoi a-t-il opté pour ce courant de mise en
scène ?
6. Y a-t-il eu au fil des années une évolution
notable dans l'apparence scénique de vos productions ? Si oui
pourquoi ?
IV. Sur les lieux théâtraux.
1. Les principaux lieux théâtraux de la ville
qu'il a eu à fréquenter dans le cadre de son travail ?
2. Comment y accède-t-il ?
3. Quels sont les problèmes de ces salles ?
4. Comment ces problèmes impactent-ils sur son travail
et sur ses oeuvres ?
5. Conçoit-il sa mise en scène en tenant compte
des l'offre qualitative des salles de théâtre de Yaoundé,
ou alors le fait-il en toute conviction sans tenir compte des contraintes qui
émaneront du terrain ?
6. A quoi due la prépondérance ces derniers sur
la scène théâtrale camerounaise des adaptations de romans
et autres nouvelles ? Peut-il y avoir un lien avec les problèmes
des salles de théâtre et tous ses corollaires ?
7. Les lieux théâtraux de Yaoundé
permettent-il une bonne réception des spectacles ainsi qu'une affluence
du grand public ?
8. Solutions pour la création de lieux
théâtraux viables dans la ville de Yaoundé et au Cameroun
en général ?
ANNEXE III
REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF
CAMEROON
Paix - Travail - Patrie Peace - Work -
Fatherland
UNIVERSITE DE YAOUNDE I THE UNIVERSITY OF YAOUNDE
I
FACULTE DES ARTS, LETTRES FACULTY OF ARTS,
LETTERS
ET SCIENCES HUMAINES
AND SOCIAL SCIENCES
DÉPARTEMENT DES ARTS ET ARCHEOLOGIE DEPARTMENT OF
ARTS AND ARCHAEOLOGY
SECTION DES ARTS DU SPECTACLE PERFORMING ARTS AND
ET CINEMATOGRAPHIE CINEMATOGRAPHY SECTION
Préambule
QUESTIONNAIRE No 2
Madame/ Monsieur,
Ceci est un questionnaire élaboré dans le cadre
d'une recherche académique qui s'intitule : L'impact de
l'état du lieu théâtral sur la pratique et la consommation
du théâtre au Cameroun : le cas de Yaoundé. En
répondant aux questions ci-dessous, vous contribuez non seulement
à l'avancée de la présente recherche, mais aussi, apportez
votre quote-part au développement du fait théâtral au
Cameroun. Nous vous prions donc de vouloir répondre en toute
sincérité et en toute liberté au questionnaire suivant.
NB : Vous pouvez cochez plusieurs cases lorsque
besoin est.
1) Sexe et âge
Sexe masculin
Sexe féminin
7-14 ans
7-12 ans
14-20 ans
12-18 ans
20 ans et plus
18 ans et plus
2) Dans quel quartier résidez-vous ?
3) Quel métier exercez-vous dans la vie ?
4) Quels sont vos loisirs
préférés ?
Danse Musique
Cinéma Télévision
Musique
Théâtre Lecture
Ballade Sport Aucun
Prendre un pot avec des amis
Autres
5) Dans quel lieu pratiquez-vous ce loisir ?
6) Avez-vous un lieu particulier où vous aimez y passer
du bon temps ? Oui Non
7) Qu'est-ce qui vous attire particulièrement dans ce
lieu ?
8) Pouvez-vous dans la ville de Yaoundé, nous
nommer :
- Un stade de football Oui Non
Lequel ?
- Une boite de nuit Oui Non
Laquelle ?
- Un bar célèbre Oui
Non Lequel ?
- Un lieu où on donne des spectacles de
théâtre Oui Non
Lequel ?
- Un lieu où l'on donne des concerts de musique
Oui Non
Lequel ?
- Un restaurant Oui Non
Lequel ?
8) Connaissez-vous le théâtre ?
Oui Non
9) Si oui, donnez-nous le nom d'un comédien de
théâtre camerounais ?
10) Allez-vous souvent regarder des spectacles de
théâtre ? Oui
Non
11) Si oui, où ?
12) Si non, pour quelle raison ?
Vous ne savez pas où et quand ça
se passe Vous n'avez pas le temps
Vous n'avez pas d'argent
Vous n'aimez pas
13) un(e) ami(e) de passage à Yaoundé voudrait
que vous l'ameniez voir du théâtre où l'amènerez
-vous ?
Vous n'avez aucune idée
Vous allez vous renseigner
14) selon vous, que fait-on dans chacun des lieux
ci-dessous :
Institut français de Yaoundé
Institut Goethe
Othni
Vous n'avez aucune idée
15) êtes vous déjà entré dans l'un
de ces lieux ? Oui
Non
16) Lequel ?
17) Si oui, pour quoi y faire ?
18) Comment l'avez-vous trouvé
19) Avez vous déjà vu une publicité sur
le théâtre (affiches, annonces, sur internet, a la radio à
la télévision, information d'un proche)
Oui tout le temps
très rarement Jamais
20) seriez-vous prêt à aller au voir un spectacle
si vous tombez sur une publicité intéressante (par exemple une
affiche) l'annonçant ? Oui
Non
21) Que choisirez-vous : Une bière
de 500FCFA Un spectacle théâtral à
500 FCFA
21) Justifiez votre choix
Nos sincères remerciements pour votre aimable
participation.
ANNEXE IV
REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF
CAMEROON
Paix - Travail - Patrie Peace - Work -
Fatherland
UNIVERSITE DE YAOUNDE I THE UNIVERSITY OF YAOUNDE
I
FACULTE DES ARTS, LETTRES FACULTY OF ARTS,
LETTERS
ET SCIENCES HUMAINES
AND SOCIAL SCIENCES
DÉPARTEMENT DES ARTS ET ARCHEOLOGIE DEPARTMENT OF
ARTS AND ARCHAEOLOGY
SECTION DES ARTS DU SPECTACLE PERFORMING ARTS AND
ET CINEMATOGRAPHIE CINEMATOGRAPHY SECTION
QUESTIONNAIRE No 1
Préambule
Madame/ Monsieur,
Ceci est un questionnaire élaboré dans le cadre
d'une recherche académique qui s'intitule : L'impact de
l'état du lieu théâtral sur la pratique et la consommation
du théâtre au Cameroun : le cas de Yaoundé. En
répondant aux questions ci-dessous, vous contribuez non seulement
à l'avancée de la présente recherche, mais aussi, apportez
votre quote-part au développement du fait théâtral au
Cameroun.
L'objectif de ce questionnaire est de mener une étude
sur les images des salles de théâtre de la ville de
Yaoundé.
Nous vous prions donc de vouloir répondre en toute
sincérité et en toute liberté au questionnaire suivant.
NB : Vous pouvez cochez plusieurs cases lorsque
besoin est.
1) Des trois lieux théâtraux ci-après,
lequel/lesquels avez-vous déjà eu à visiter ?
Institut Français de Yaoundé
Institut Goethe Othni
2) Dans lequel/lesquels de ces lieux théâtraux
avez-vous déjà eu l'occasion d'assister à un spectacle
théâtral ?
Institut Français De Yaoundé
Institut Goethe Othni
3) Quels sont les éléments qui vous
intéressent dans un spectacle théâtral ?
4) Des trois salles suscitées, classez par ordre, selon
celles qui proposent les meilleurs spectacles.
1 2
3
5) Le prix d'entrée influence-t-il votre choix
d'assister à un spectacle ? Oui
Non
- Si Oui, dites comment
6) Pensez-vous que les prix des spectacles
théâtraux au Cameroun sont à la portée de tous les
camerounais ? Oui
Non
7) Par ordre décroissant, quelles sont les salles qui
selon vous pratiquent les meilleurs prix ?
1 2
3
8) Par quel(s) moyen(s) êtes-vous informés de la
tenue des spectacles théâtraux dans la ville de
Yaoundé ?
L'affichage publicitaire Les
réseaux sociaux Les sites web
La radio
La télévision La presse écrite
Les magazines spécialisés
Vos amis Les artistes du spectacle
Les brochures de programmes
Les caravanes Publicitaires
9) Avez-vous déjà visité un site web des
trois lieux théâtraux cités plus haut ?
· Oui
Non
10) Si oui, lequel/lesquels ? quelle était la
raison ?
11) Selon vous, la communication des salles de
théâtre autour des spectacles est :
· · · · Sporadique
Insuffisante Mal ciblée
Excellente
12) Quelle est selon vous, la salle de théâtre
qui communique le mieux ? Justifiez votre réponse.
13) · · Pouvez-vous rester insensible devant une
belle bâtisse (maison) ? Oui
Non
14) Si oui que ressentez-vous/faites-vous à ce moment
précis ?
15) Quelle place tient la salle de spectacle pendant
votre expérience théâtrale :
· Aucune (je peux aller regarder un
spectacle n'importe où pourvu qu'il me plaise)
· Peu de place (ce que je demande
à une salle c'est le strict minimum de confort)
· Une grande place (car aller regarder
un spectacle, c'est aussi vivre un peu le spectacle du lieu (couleurs,
ambiances visuelles et sonore, extras))
16) Dans laquelle des salles de théâtre fait-il
le plus bon vivre ?
17) Vu de l'extérieur, laquelle des trois salles
ressemble le plus à un lieu de loisir (de
· par l'architecture et le contenu de l'enseigne) ?
Aucune
18) · · Avez-vous déjà fait une
rencontre dans un lieu théâtral à Yaoundé ?
Oui Non
19) · · Si non, l'opportunité d'y faire des
probable rencontre vous motive-t-elle souvent à vous rendre dans un lieu
théâtral ? Oui Non
20) Vous aimerez bien fréquenter un lieu parce
que :
·
· Vos amis s'y rendent
Des personnes comme vous s'y rendent
· · Des personnes
célèbres s'y rendent Des personnes chics s'y
rendent
21) Comment trouvez-vous chacun de ces lieux
théâtraux :
· · · Institut
Français : Vous détestez Votre sentiment
est mitigé Vous aimez
· · · Institut Goethe :
Vous détestez Votre sentiment est mitigé Vous
aimez
· · · Othni :
Vous détestez Votre sentiment est mitigé
Vous aimez
22) Quel(s) bénéfice(s) tirez-vous/
espérez-vous tirer en assistant à un spectacle
théâtral ?
23) Dans quelle salle de spectacle de Yaoundé vous
sentez-vous le plus satisfait à l'issue
· d'une expérience
théâtrale ?
Dans aucune
24) Pourquoi ?
25) · · La notoriété d'un lieu peut-il
vous pousser à aller le découvrir ? Oui
Non
26) Pouvez-vous facilement vous rendre dans un lieu de loisir
presque inconnu ?
· · Oui
Non
27) Selon vous, les lieux théâtraux de
Yaoundé sont :
· · · Mal connus
Peu connus Tout le monde les
connait
28) Classez-les par ordre de popularité :
1er
2è 3è
29) · · Pensez-vous que chaque habitant de
Yaoundé soit à même de citer deux lieux
théâtraux ? Oui
Non
30) Quels sont vos autres loisirs en dehors du
théâtre ?
31) Quels sont les autres lieux de loisirs que vous visitez en
dehors des salles de théâtre ?
32) Pouvez-vous citer quelques noms ?
33) Qu'est-ce qui vous attire surtout dans ces lieux ?
34) Pensez-vous que vos lieux de loisirs attirent plus de public
que les lieux théâtraux
· · Oui
Non
35) Selon vous, quelle est la force de ces lieux de
loisirs ?
36) Les salles de théâtre de la ville de
Yaoundé disposent-elles d'un service d'accueil ?
· · · Oui toutes
Certaines Aucune
37) Si oui, répondent-ils à toutes vos
exigences ?
· · Oui
Non
38) La qualité du personnel d'un lieu de loisir
influence-t-elle votre perception de ce lieu ?
· · Oui
Non
39) Parmi les trois lieux théâtraux
sus-cités, lequel selon vous a le meilleur personnel
· d'accueil ?
Aucune
40) Comment jugez-vous l'accès aux lieux
théâtraux de Yaoundé ?
· · · Très
éloignés Lieux insécurisés
Accessibles à tous
41) Comment jugez-vous l'accessibilité à
l'intérieur des lieux théâtraux de Yaoundé
(toilettes, circulation à l'intérieur de la salle)
· · · Mauvaise
Passable Bonne
42) Pouvez-vous classez les salles par ordre
d'accessibilité
1er
2è 2è
3è 3è
43) Décrivez en quelques lignes votre salle de
théâtre idéale
44) Selon vous, que faut-il faire pour attirer un public nombreux
lors des spectacles théâtraux ?
45) Les salles de théâtre pour leur part ont-elles
un rôle à jouer ?
46) Selon vous, qui doit construire les salles de
théâtre au Cameroun ?
Nos sincères remerciements pour votre aimable
participation.
Nous vous remercions pour votre aimable
participation.
ANNEXE V
Photos 1 ; 2 : Le lieu
théâtral grec
Source photos :
http://jfbradu.free.fr/GRECEANTIQUE/themes/theatregrec.htm
Photos 3 ; 4 : Le lieu
théâtral romain
Source photos: Frank SEAR (in: Roman
theatres)
Photo 5 : Lieu théâtral
médiéval
Source photo :
www.google.cm
Photo 6 : esquisse d'un lieu
théâtral élisabéthain (Le Gl
Photos 7 ; 8 ; 9 ; 10 : Le
lieu théâtral à l'italienne
Source photos : Judith Strong (Ed) (in:
Theatre Buildings)
ANNEXE VI
Photo 11 : Façade de
Goethe-Institut Kamerun
Source photo : Cyril ASSOMO
(capturée le 14 novembre 2013 à 14h 20 min)
Photo 12 ; 13 : Espace public du
Goethe-Institut Kamerun
Source photos : Narcisse WANDJI
(capturée le 12 novembre 2013 à 17h 15 min)
Photo 14; 15: Espace théâtral du
Goethe-Institut Kamerun
Source photos : Narcisse WANDJI,
capturées lors du spectacle Tant que durera l'homme de Jacobin
YARRO, le 18 septembre 2013 entre 19 et 21 heures).
Photo 16 : Façade de l'Institut
Français de Yaoundé
Source photo : Cyril ASSOMO
(capturée le 17 décembre 2013 à 15 h 10 min )
Photo 17 : Espace-public de l'Institut
Français de Yaoundé
Source photo : Cyril ASSOMO
(capturée le 17 décembre 2013 à 15 h 02 min)
Photo 18 : Espace théâtral
de l'Institut Français de Yaoundé
Source photo : Cyril ASSOMO
(capturée le 17 décembre 2013 à 14 h 30 min)
Photo 19 ; 20 : Façade de
OTHNI-Laboratoire de Théâtre de Yaoundé
Source photos : Cyril ASSOMO
(capturées le 10 janvier 2014 à 11 h 42 min)
Photo 21 ; 22 : Espace-public
OTHNI-Laboratoire de Théâtre de Yaoundé
Source photos : Cyril ASSOMO
(capturées le 10 janvier 2014 à 11 h 25 min)
Photo 23 : Espace théâtral
d'OTHNI-Laboratoire de Théâtre de Yaoundé
Source photo : Cyril ASSOMO
(capturée le 10 janvier 2014 à 11 h 25 min)
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS i
RESUME ii
ABSTRACT iii
LISTE DES FIGURES ET DES PHOTOGRAPHIES iv
SIGLES ET ABBREVIATIONS v
SOMMAIRE vi
INTRODUCTION GENERALE 1
I. Présentation et justification du sujet 1
II. Objectifs de recherche 4
III. Définition des concepts 5
III.1. Lieu théâtral 5
III.2. Espace théâtral 7
III.3. Impact 8
III.4. Pratique théâtrale 8
III.5. Consommation théâtrale 9
IV. Revue de la littérature 9
V. Problématique 17
V.1. Problème de recherche 17
V.2. Questions de recherche 18
V.3. Hypothèses de recherche 19
V.3.1. Hypothèse principale 19
V.3.2. Hypothèses secondaires 19
VI. Cadre théorique 20
VII. Méthodologie de recherche 23
VIII. Délimitation du sujet et corpus 24
VIII.1. Délimitation spatiale 25
VIII.2. Corpus 25
IX. Importance du sujet 26
X. Intérêt du sujet 26
XI. Difficultés et limites de la recherche 28
XII. Plan de travail 28
CHAPITRE I 31
LE LIEU THEATRAL DANS L'ART ET DANS LA CITE
31
I. Le théâtre et ses espaces 31
I.1. Les principaux espaces du théâtre 31
I.2. Des définitions complexes 32
I.3. Vers un dogme définitoire des concepts 34
II. Genèse et évolution du lieu
théâtral 34
II.1. Genèse du lieu théâtral 34
II.2. Evolution du lieu théâtral 36
II.2.1 Le lieu théâtral romain 36
II.2.2. Le lieu théâtral médiéval
37
II.2.3. Le lieu théâtral
élisabéthain 38
II.2.4 Le lieu théâtral à l'italienne
39
II.3. La fin du XIXe siècle et le début de la
révolution 41
II.4. Esquisse d'une typologie des lieux
théâtraux 42
II.5. Le lieu théâtral africain 43
II.6. Les lieux de représentation
théâtrale au Cameroun depuis 1960 45
III. Généralités sur la salle de
théâtre 46
III.1. Les parties essentielles d'une salle de
théâtre 46
III.1.1. L'espace-public 46
III.1.2. L'espace théâtral 47
III.1.3. Les coulisses 48
III.1.4. Le bloc administratif 49
III.1.5. Schéma de la structure d'un lieu
théâtral 49
III.2. Les qualités d'une bonne salle de
théâtre 51
III.2.1. La visibilité physique et communicationnelle
51
III.2.2. L'esthétique architecturale 51
III.2.3. Des conditions propices à la pratique et la
réception adéquates du théâtre 52
III.3. Les différents métiers inhérents
à la salle de théâtre 54
III.3.1. Le personnel administratif 54
III.3.2. Le personnel artistico-technique 55
III.3.3. Le petit personnel 55
IV. Les fonctions d'un édifice théâtral
56
IV.1. La fonction pratique 56
IV.2. Les fonctions sociales 56
IV.3. Le renforcement de l'esthétique urbaine et de la
renommée de la ville 58
IV.4. Les fonctions économiques 58
Conclusion du chapitre 60
CHAPITRE II 61
LIEU THEATRAL, PRATICIEN ET CREATION 61
I. Etude descriptive du corpus 61
I.1. Présentation générale des lieux
62
I.1.1. L'Institut Français de Yaoundé 62
I.1.2. Le Goethe-Institut Kamerun 63
I.1.3. OTHNI 65
I.2. Les frontispices des lieux théâtraux 66
I.2.1. La façade de l'Institut Français 66
I.2.2. La façade du Goethe-Institut 67
I.2.3. La façade d'OTHNI 67
I.3. Les espace-publics des lieux théâtraux de
Yaoundé 68
I.3.1. L'espace-public de l'institut français 68
I.3.2. L'espace-public du Goethe-Institut 69
I.3.3. L'espace-public d'OTHNI 69
I.4. Les espaces théâtraux 70
I.4.1. L'espace théâtral de l'Institut
Français 70
I.4.1.1. Description 70
I.4.1.2. Les limites 71
I.4.2. L'espace théâtral du Goethe-Institut 72
I.4.2.1. Description 72
I.4.2.2. Les limites 73
I.4.3. L'espace théâtral d'OTHNI 73
I.4.3.1. Description 73
I.4.3.2. Les limites 74
II. Les problèmes procédant de l'état du
lieu théâtral dans la ville de Yaoundé 75
II.1. Le manque d'espaces de diffusion et de création
75
II.2. Le financement de création par les salles 76
II.3. La vacuité des salles de théâtre
77
III. Les corollaires des problèmes du lieu
théâtral 78
III.1. Les conséquences du manque d'espaces de
création et de diffusion, et du financement du théâtre par
les salles 78
III.1.1. La mise en oeuvre difficile des projets 78
III.1.2. La faible espérance de vie des spectacles
79
III.1.3. La programmation sporadique du théâtre
80
III.1.4. Le faible développement des métiers
techniques du théâtre 81
III.1.5. Des spectacles aux visages multiples contraints
81
III.1.6. Le financement des salles et les contraintes latentes
sur les praticiens 82
III.2. Les conséquences de la vacuité des salles
83
III.2.1. Le théâtre de cachet 83
III.2.2. Un théâtre extraverti 84
III.2.3. Un théâtre parcimonieux 85
IV. La théorie comportementaliste appliquée au
praticien de théâtre 87
IV.1. A propos du comportementalisme 87
IV.1.1.Genèse et évolution 87
IV.1.2. Les principaux types de conditionnement 88
IV.1.2.1. Le conditionnement classique ou pavlovien, ou de
type I 88
IV.1.2.2. Le conditionnement opérant ou skinnerien, ou
de type II 89
IV.2. L'expérience de John B. Watson et de Rosalie
Rayner sur le petit Albert 89
IV.2.1. Déroulement 89
IV.2.2. Schéma de l'expérience de Watson 90
IV.3. Le conditionnement de la pratique théâtrale
suivant le modèle watsonien 91
IV.3.1. Postulat 91
IV.3.2. Schéma du conditionnement de la pratique
théâtrale yaoundéene 91
IV.3.3. Interprétation et portée du
schéma 92
Conclusion du chapitre 94
CHAPITRE III 95
LA NOTORIÉTÉ ET L'IMAGE DES LIEUX
THÉÂTRAUX DE YAOUNDÉ 95
A. Le lieu théâtral dans la sphère du
marketing 95
A.I. Quelques rappels de connaissances 95
A.I.1. Du marketing classique au marketing du
théâtre 95
A.I.1.1. Définitions 95
A.I.1.2. L'importance du marketing du théâtre
97
A.I.2. La notoriété en marketing 99
A.I.2.1. Définition et importance 99
A.I.2.2. Les niveaux de notoriété en marketing
100
A.I.3. L'image en marketing 100
A.I.3.1. Définition fonctionnement et importance de
l'image en marketing 100
A.I.3.2. Les différentes images en marketing 102
A.I.4. Le comportement du consommateur de théâtre
103
A.I.4.1. Les processus décisionnels 103
A.I.4.2. Motivations et freins à la consommation du
théâtre 105
A.I.4.2.1. Les freins à la consommation du
théâtre 105
A.I.4.2.1.1. Les freins monétaires 105
A.I.4.2.1.2. Les freins non monétaires 106
A.I.4.2.2. Les motivations à la consommation du
théâtre 108
A.I.4.2.2.1. Les motivations ludiques 108
A.I.4.2.2.2. La distinction sociale 109
A.I.4.2.2.3. L'interaction et l'hédonisme sociale
109
A.I.4.2.2.4. L'enrichissement intellectuel 109
A.I.4.3. Typologie des publics au théâtre 110
A.I.4.3.1. Les adeptes du théâtre total 110
A.I.4.3.2. Les gens du théâtre 110
A.I.4.3.3. Le public nostalgique 111
A.I.4.3.4 Les spectateurs en attente du divertissement 111
A.II. De l'image du point de vente à l'image du lieu
théâtral 111
A.II.1. Définition du point de vente 111
A.II.2. Divergences et convergences entre le point de vente et
le lieu théâtral 112
A.II.2.1. Les divergences 112
A.II.2.2. Des divergences qui convergent 114
A.II.3. Les attributs de l'image d'un point de vente 115
A.II.4. De l'image du point de vente à l'image du lieu
théâtral 116
A.II.4.1. Schéma de formation de l'image du lieu
théâtral 116
A.II.4.2. Explication du schéma 118
A.II.4.2.1. Les attributs de formation de l'image 118
A.II.4.2.2. L'accumulation des expériences, la
formation de l'image et le comportement final 119
B. La notoriété et l'image des lieux
théâtraux de la ville de Yaoundé 120
B.I. Les lieux théâtraux et leurs approches
marketing 120
B.I.1. L'étude du marché et sa segmentation
121
B.I.2. Le produit 123
B.I.3. La communication autour du produit et du lieu 124
B.I.3.1. L'affichage 124
B.I.3.2. L'utilisation de l'outil Internet 125
B.I.3.3. les supports-programme 127
B.I.3.4. Les politiques prix 128
B.II. Résultats des études sur la
notoriété et l'image des lieux théâtraux de
Yaoundé 129
B.II.1. Méthodologie 129
B.II.2. Résultats 130
B.II.2.1. De la notoriété des salles 130
B.II.2.2. De l'image des lieux théâtraux 132
Conclusion du chapitre 133
CONCLUSION GENERALE 134
I. Rappel des points essentiels 134
II. Vérification des hypothèses 137
III. Bilan de la recherche et perspectives 139
IV. Vers des lieux théâtraux viables 140
BIBLIOGRAPHIE 143
Corpus 143
Spectacles 143
Sources Orales 143
Dictionnaires 144
Ouvrages méthodologiques 144
Ouvrages sur le lieu théâtral 144
Ouvrages Sur Le théâtre camerounais et africain
145
Ouvrages généraux Sur le théâtre
146
Ouvrages généraux 147
Articles 148
Mémoires 149
Thèses 150
Webographie 151
ANNEXES 152
Annexe I 152
Annexe II 155
Annexe III 157
Annexe IV 160
Annexe V 166
Annexe VI 171
Tables de matières 179
* 1 Peter
BROOK, The empty space, New-York, touchstone, 1996, p.7.
* 2 Nous pourrons citer
Diderot qui écrit son paradoxe sur le comédien au
18ème siècle. Mais pour le reste, le
théâtre rentre véritablement dans son ère moderne
à partir de la seconde moitié du 19ème
siècle. Iain Mackintosh par exemple signale que 1875 et 1876 sont des
dates charnières dans l'évolution de l'architecture
théâtrale, avec les ouvertures respectives de l'opéra
Garnier à Paris et du Festspielhaus à Bayreuth. Ceci n'est que le
prélude d'un siècle prochain (20ème)
particulièrement riche en écrits théoriques tant sur
l'acteur que sur le spectateur.
* 3 Iain
MACKINTOSH, Architecture, actor and audience.
Routledge, 1993, p.2.
* 4
Jack LANG, L'Etat et le théâtre. Cité par
Jacques Raymond FOFIE in Regards historiques et critiques
sur le théâtre camerounais, Paris, L'Harmattan, 2011,
p.53.
* 5 Jacques Raymond
FOFIE, Ibid.
* 6 Nous entendons par lieu
théâtral conventionnel ici, un édifice architecturalement
et techniquement propice à la pratique du théâtre, et
surtout à sa rentabilité sur le plan économique.
* 7 Il est néanmoins
possible de citer la thèse de Gilbert DOHO
intitulée : L'espace dans le théâtre
négro-africain : les rites cérémoniels du
Cameroun, thèse de doctorat 3ème cycle,
université Lumière de Lyon, 1983.
* 8 Branche du marketing qui
essaie d'adapter et d'appliquer certaines théories du marketing au
domaine culturel, tout en tenant compte des spécificités de ces
produits d'un autre type.
* 9 Il est possible de citer
entre autres François COLBERT et Yves
EVRARD.
* 10 Il est d'ailleurs
indéniable que le beau pour ne citer que cet aspect lié à
l'architecture théâtrale, fait toujours plaisir, en
émouvant les sens. Combien de personnes ne s'arrêtent-elles pas
devant un joyau architectural pour l'admirer, et y émettre ne serait-ce
qu'un vague désir de le visiter ?
* 11 Dans un futur sujet de
recherche.
* 12 Respectivement dans les
ouvrages de Denis BABLET et Jean JACQUOT
(Ed.), Le lieu théâtral dans la société
moderne, Paris, Editions du CNRS, 1969 ; et de Pierre
LARTHOMAS, Technique du théâtre, Paris, Puf,
Coll. Que sais-je ?, 1992.
* 13 Anne
UBERSFELD, Lire le théâtre II L'école du
spectateur, Ed. Belin, 1996, p.50.
* 14 Patrice
PAVIS, L'analyse des spectacles, Paris, Armand Colin, 2005,
p.140.
* 15 Denis
BABLET, « La remise en question du lieu
théâtral au 20è siècle », in
Le lieu théâtral dans la société moderne,
Paris, Editions du CNRS, 1969, p.13.
* 16 PAVIS,
op. cit.
* 17
UBERSFELD, Lire le théâtre II, p.51.
* 18 Jean
JACQUOT, in Le lieu théâtral dans la
société moderne, p.7.
* 19 Claire Marie
Michelle MUKARUTESI, Impact of foreign aid on Rwanda's
socio-economic development as guided by millennium development goal (MDG). The
eradication of extreme poverty and hunger: a case of Gasabo District,
Master of sciences in development studies degree, Women's university in Africa,
2011.
* 20 Wolfgang
ZIMMER, Répertoire du théâtre
camerounais. Paris, L'Harmattan, 1986.
* 21 Qui deviendra au
début des années 1990 Université de Yaoundé 1.
* 22
Richard et Helen LEACROFT, Theatre and
Playhouse: an Illustrated Survey of Theatre Buildings from ancient Greece to
the present day, Ed. Methuen, 1984.
* 23 Richard Laurent
OMGBA, « Les nouveaux défis de la culture
camerounaise », in Annales de FALSH, UYI, Vol.1, No 13, Nouvelle
série, 2011, Deuxième semestre, p.3-15.
* 24 David Tiwa
NGOUDGUI, La problématique de la mise en scène au
Cameroun : le cas de Yaoundé. Maîtrise professionnelle
en études théâtrales, Université de Yaoundé,
1992.
* 25 Henri
FOTSO, Problématique de la production
théâtrale à Douala. Mémoire de maîtrise
professionnelle en études théâtrales, Université de
Yaoundé I, 1993.
* 26 Sylvie TAMI
WABETTE, Le public du théâtre camerounais : cas
de la ville de Yaoundé. Mémoire de maîtrise,
Université de Yaoundé I, 2007.
* 27 Guy Francis
TAMI YOBA, Etude comparée des techniques des metteurs en
scène camerounais. Mémoire de DEA, Université de
Yaoundé I, 2006.
* 28 Angeline
Solange BONONO, La réception des spectacles au
Cameroun : le cas de Yaoundé. Mémoire de
Maîtrise, Université de Yaoundé, 1991.
* 29 PANI MALOWA
Marianne FOMINYEN. The demise of cinema halls in Cameroon: the
case of Yaoundé. Mémoire de master II, Université de
Yaoundé I, 2010.
* 30 Luc Bertrand
ONDOBO, Les problèmes des musées du Cameroun :
le cas des musées de Yaoundé, Mémoire de Master II,
Université de Yaoundé I, 2011.
* 31 L'espace dans le
théâtre négro-africain : les rites
cérémoniels du Cameroun, thèse de doctorat
3ème cycle, Université Lumière de Lyon
1983 ; et La vie théâtrale au Cameroun de 1940
à nos jours, thèse de doctorat, Université Paris III,
1992.
* 32 Andrew R.
FILMER, Backstage Space: The place of the performer, PhD
Thesis, Department of performance studies, University of Sydney, 2006.
* 33
Dominique BOURGEON-RENAULT, et Al,
Marketing de l'art et de la culture, Paris, Dunod, 2009.
* 34 Myriam JAKIR,
Comment vendre du théâtre : l'art de promouvoir
a-t-il ses limites ? Mémoire de licence, Université de
Genève, 2005.
* 35 José
Charles EWANE, Le marketing des spectacles au Cameroun : de
la conception du produit aux options stratégiques de diffusion,
Mémoire de DEA, Université de Yaoundé I, 2006.
* 36 Michel
BEAUD, L'art de la thèse : comment préparer et
rédiger une thèse de doctorat, un mémoire de DEA ou de
maîtrise ou tout autre travail universitaire, Paris, Ed. La
découverte, 2003, p.38.
* 37 Le colloque s'est tenue
du 11 au 13 novembre 1987, et était intitulé :
« théâtre camerounais, bilan et
perspectives ». Les actes sont contenus dans l'ouvrage
Théâtre camerounais cameroonian theatre.
* 38
Théâtre camerounais/cameroonian theatre, p. XVII
* 39 Festival de
théâtre devenu depuis l'édition de 1997, Rencontres
Théâtrales Internationales du Cameroun (RETIC)
* 40 Bole
BUTAKE, The necessity of technology in the enhancement of
aesthetics in Cameroon drama and theatre, in Théâtre
africain: de l'écriture dramatique au jeu scénique (Actes du
colloque organisé dans le cadre des rencontres théâtrales
internationales de Yaoundé (6ème édition/ 27-31
mai 1997).
* 41 Laurence
BARDIN, Analyse de contenus, Paris, Presses universitaires de
France, coll. Le psychologue, 1980, cité par Jacques Merlin
BELL YEMBEL, Étude comparative de la réception des
films publicitaires par les enfants, les adolescents et les adultes des zones
urbaines du Cameroun : le cas de Yaoundé. Mémoire de
master II, Université de Yaoundé I, 2012, p.27.
* 42 L'édifice
théâtral conventionnel, il faut le rappeler, doit
d'être appréhendé ici comme, un lieu théâtral
architecturalement et techniquement propice à la pratique du
théâtre, et surtout à sa rentabilité sur le plan
économique.
* 43 Benjamin
Alexandre NKOUM, Initiation à la recherche : une
nécessité professionnelle, Yaoundé, Presses de
l'UCAC, 2012. p. 79.
* 44 Aurèle
ST-YVES, Psychologie de l'apprentissage-enseignement, une approche
individuelle ou de groupe, Montréal, Presses de
l'Université du Québec, 1986, p.15.
* 45 On retient le plus
souvent le nom d'André Antoine comme étant celui du premier
metteur en scène moderne.
* 46 Jerzy,
GROTOWSKI, Vers un théâtre pauvre, Lausanne, La
Cité : Ed. L'Age d'homme, 1975. C'est le texte fondateur du
théâtre pauvre.
* 47 Marie-Claude,
HUBERT, Les grandes théories du théâtre,
Paris, Armand Colin, 2005, p.237.
* 48 Ce dernier concept a
été mis sur pied par Pierre MARTINEAU en
1958.
* 49 Source :
http://lesdefinitions.fr/methodologie#ixzz2qED9SiW8.
Consulté le 13 janvier 2014.
* 50 Ils s'élevaient
à 220 exemplaires.
* 51 cf.
références bibliographiques.
* 52 D'après
Michel CHEVALIER et Pierre Louis DUBOIS, il
s'agit d'une enquête marketing qui est menée auprès d'une
cible constituée de consommateurs avertis.
* 53 Bien que, du fait de la
non disponibilité de certains documents, et certains aléas,
le chercheur que nous sommes confesse n'avoir pas parcouru l'ensemble des
sources bibliographiques voulues.
* 54 Il s'agit de deux
célèbres moteurs de recherche américains.
* 55 Mathias
BALLA, in Théatre camerounais/cameroonian theatre,
p.255. La SOCADRA dont il est question ici, a aujourd'hui
éclaté en plusieurs organismes de gestion des droits d'auteurs,
chacun couvrant un domaine artistique précis.
* 56 Les Centres Culturels
Français à travers le monde ont adopté depuis le
1er janvier 2012, la dénomination d'Institut
Français
* 57 Entendez par OTHNI,
l'abréviation de « Objet Théâtral Non
Identifié. » Il s'agit d'un établissement culturel
situé au quartier TITI Garage sis à Yaoundé. Il est
à noter par ailleurs que l'étude de ce corpus s'étend
d'août 2013 à janvier 2014.
* 58 Depuis 1993 avec
l'ouverture de la section arts du spectacle et cinématographie à
l'Université de Yaoundé I, suivie depuis quelques années
de la multiplication des établissements de ce type dans la quasi
totalité du territoire, l'Etat du Cameroun s'est résolument
engagé dans la vulgarisation et la formation de la jeunesse aux
métiers de l'art en général et à ceux du
théâtre en particulier.
* 59 Dans un article
publié en 2010 et que l'on peut consulter sur le site web :
www.camerlive.com, Tony
MEFE, un des principaux promoteurs de festivals au Cameroun
(Scènes d'Ebène), déclare que le théâtre
africain est financé à 90% par la France à travers ses
organes de coopération culturelle.
* 60 Jean
JACQUOT, « Présentation », in Le lieu
théâtral dans la société moderne, p.8.
* 61 Car les idées
formulées dans le troisième chapitre de ce travail pourront
être bénéfiques aux recherches sur le tourisme. Tant il est
vrai que l'on pourrait envisager la possibilité de les adapter aux
structures hôtelières et de restauration pour ne citer que
celles-ci.
* 62 Allusion est faite ici
à deux ministères camerounais : celui en charge des arts et
de la culture et celui en charge du tourisme.
* 63 C'est par exemple le
cas avec les notions de « lieu théâtral » et
« espace théâtral ».
* 64 Anne
BEDARD, « Le discours de l'espace
théâtral : du monologisme au dialogisme », in
l'annuaire théâtral : revue québécoise
d'études théâtrales, no 7, 1990, p.83.
* 65 Frank
SEAR, Roman Theatres An architectural study, Oxford
University Press, 2006, p.1.
* 66 Etienne CALAIS
et Anne-Marie BONNABEL, Théâtre, texte et
représentation Français 1e toutes séries -
Lectures analytique, Paris, Ed. Ellipses Marketing, 2012, p.11.
* 67 Patrice
PAVIS, L'analyse des spectacles, Paris, Armand Colin, 2005,
p.140-144 ; L'auteur cite ainsi : l'espace liminaire, l'espace
gestuel, l'espace intérieur, l'espace ergonomique, l'espace de
l'installation, l'espace textuel.
* 68 Ibid.,
p.140.
* 69 Anne UBERSFLED,
Lire le théâtre I, Paris, Belin, 1996, p.151.
* 70 Il peut aussi
être un lieu banalisé. Mais c'est le lieu théâtral en
tant qu'édifice qui sied le mieux aux objectifs de cette recherche.
* 71 M.
FREYDEFONT, in Dictionnaire encyclopédique du
théâtre vol L-Z, Paris, Bordas, 1991, p.984.
* 72 Espace à ne pas
confondre avec l'espace textuel de PAVIS.
* 73 Rush
REHM, Greek tragic theatre, London-New-York, Routledge,
1994.
* 74 Rush
REHM, Ibid., p.33.
* 75 On peut toutefois
émettre des réserves pour ce qui est du théâtre
asiatique.
* 76 Derrière la
Skéné peut jaillir l'ékkykléma machine roulante
servant à montrer les scènes qui se déroulent à
l'intérieur du palais. Et au dessus, la deus ex machina permet
d'élever un acteur pour symboliser l'apparition d'un dieu.
* 77 Cf. Annexe V, photos1
et 2, p.163.
* 78 M.
FREYDEFONT, in Dictionnaire encyclopédique du
théâtre vol L-Z, Paris, Bordas, 1991, p.1479.
* 79 Cf. Annexe V, photos 3
et 4, p.162.
* 80 Il est à
signaler que quelques nuances peuvent cependant exister. Toutefois, les parties
mentionnées ici sont les caractéristiques principales d'un
théâtre romain.
* 81 Contrairement au
théâtre grec où le choeur y évolue, la place du
choeur diminue ostensiblement chez les Romains qui comme l'écrit
Vitruve, le font jouer sur la scène, aux cotés
des comédiens. Source :
http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/th%C3%A9%C3%A2tre/186018.
Consulté le 11 août 2013.
* 82 Frank
SEAR, p.12.
* 83 On peut toutefois
trouver à l'annexe V, photo 5, p.164, l'illustration d'un
théâtre au Moyen-âge.
* 84 Jele
KOOPMANS, « Le théâtre dans
l'église : mythes et réalité ». In Le
théâtre de l'église (XIIe-XVIe
siècles), Paris : LAMOP, 2011.
* 85 Il s'agit des
spectacles se déroulant sur plusieurs jours, et conviant la cité
à représenter des mythes religieux tels que la vie de
Jésus Christ ou celle d'un tout autre saint.
* 86 Source: Histoire du
théâtre, tirée de L'Encyclopédie Larousse 2013,
disponible sur :
http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/histoire_du_th%C3%A9%C3%A2tre/96913.
Consulté le 1er février 2013. Toutefois le dispositif
peut être tout simplement composé de deux mansions (Enfer et
Paradis). C'est ce que Robert PIGNARRE illustre dans
Histoire du théâtre, Paris, Puf, coll. Que
sais-je ?, 16ème édition, 1999, p.46.
* 87 C'est le cas de
Tertullien qui dans son traité sur les spectacles
évoque l'origine diabolique du théâtre, tout en condamnant
vivement le métier de comédien dont il pense qu'il est contraire
aux idéaux du créateur.
* 88 Ce second terme est
définit par B FAIVRE comme : une
« Forme dramatique médiévale où le
personnage placé devant une situation critique est sauvé par
l'intercession d'un saint ou le plus souvent, de La Vierge
Marie. » in, Dictionnaire encyclopédique du
théâtre, p.1112.
* 89 Terme qui sert à
désigner le théâtre anglais couvrant la période
allant de 1572 à 1642 ; c'est-à-dire sous les règnes
d'Elisabeth I (1558-1603), de Jacques I (1603-1625) et de Charles I
(1625-1649).
* 90 James
Burbage semble avoir construit en 1576 le premier théâtre
permanent de Londres, dénommé « Theatre »
(selon Ian MACKINTOSH). Cependant Martin
WHITE affirme dans The Cambridge Histoiry of British Theatre,
que ce fut le « Red Lion » construit en 1567
par John Brayne.
* 91 Le Red Lion,
le Swan, le Theatre, le Curtain, le Rose et
le Globe peuvent entres autres être cités.
Voir par ailleurs un schéma du Globe à l'annexe
V, photo 6, p.164.
*
92 Martin WHITE, « London
professional playhouses and performances », in Jane MILING et
Peter THOMSON (Ed). The Cambridge History of British Theatre
Volume I Origins to 1660. Cambridge University Press, 2004, p.299-300.
* 93 Voir des photographies
y relatives à la page 165.
* 94 En 1580,
l'académie olympique de Vicence commande à Andrea Palladio la
construction d'un théâtre permanent. Il s'agit du Teatro
Olimpico.
* 95 Bien qu'on puisse
aussi rencontrer de petites salle construites à l'italienne.
* 96 Il ne s'agit dans les
lignes qui suivent que d'une esquisse, déduite de l'ouvrage Technique du
théâtre de Pierre LARTHOMAS.
* 97 Et inversement si l'on
se trouve dans l'auditorium.
* 98
UBERSFELD, Lire le théâtre II, p.57.
* 99 Expression tirée
de la typologie des scènes selon le Dictionnaire
encyclopédique du théâtre.
* 100 Le quatrième
mur selon les propos de Diderot.
* 101 Denis
BABLET, « La remise en question du lieu
théâtral au 20e siècle », in Le
lieu théâtral dans la société moderne.
* 102 Cependant,
Robert LEACH pense que c'est Wagner qui fut probablement le
premier à introduire cet effet au théâtre.
LEACH, Theatre studies, p.149
* 103
BABLET, op. cit., p.18.
* 104 Tous ces praticiens
ont d'une manière ou d'une autre influencé l'architecture
théâtrale.
* 105 Max
Reinhardt, cité par Denis BABLET, p.22.
* 106 Entre autres :
Anne UBERSFELD, Michel CORVIN et John
HOLLOWAY.
* 107 Sans toutefois nier
que cette classification n'est pas entièrement inédite et peut
emprunter inconsciemment les idées d'un auteur.
* 108
Avignon pour designer son festival.
* 109 Si l'on
appréhende le fait théâtral selon dans sa conception
occidentale.
* 110 Jacques
SCHERER, Le théâtre en Afrique noire
francophone, Paris, Presses universitaires de France, 1992
* 111 Thomas MELONE,
cité par Jacques SCHERER, Ibid.,
p.42-43.
* 112 Peter D.
ARNOTT, Public and Performance in the Greek Theatre, London,
New-York, Routledge, 2003, p. 133.
* 113 Olenka
DAARKOWSKA-NIDZGORSKI et Denis NIDZGORSKI, Marionnettes et masque
au coeur du théâtre africain, Sépia, 1998, p.129.
* 114
Clément MBOM, « Le théâtre
camerounais en question », in : Les annales de la faculté
des lettres et sciences humaines de l'Université de Yaoundé,
Nos 1 et 2, Janvier-Juillet 1990, p.76.
* 115 Il s'agit d'une lutte
sénégalaise et de la clôture du deuil à la chefferie
Bandjoun à l'ouest du Cameroun.
*
116 Jacques SCHERER, Le
théâtre en Afrique noire francophone, p.31.
* 117
SHERER, Ibid.
* 118 Il s'agit du
théâtre camerounais durant l'occupation occidentale du pays.
* 119 Jacques
Raymond FOFIE dans Regards historiques et critiques sur le
théâtre camerounais, p.35 et p.43-44 cite abondamment ces
lieux théâtraux.
* 120 Il est
nécessaire de signaler de prime à bord que le mot
« espace-public » est un néologisme dans ce
mémoire. Il servira à désigner l'ensemble spatial qui dans
un lieu théâtral est réservé au public en dehors des
moments de représentation.
* 121 Il s'agit ici de la
salle spécifique où se déroule la
représentation.
* 122 Judith,
STRONG (Ed), Theatre Buildings A Design Guide. London,
New-York, Routledge, 2010, p.45.
* 123 Ibid.,
p.26
* 124 Les techniciens du
théâtre et de l'architecture.
* 125
Et Anne UBERSFELD de penser qu'il existe deux
principales formes d'espaces théâtraux : le boulevard qui est
similaire à la salle à l'italienne, et le tréteau
où le public entoure plus ou moins la scène. Ainsi d'après
la conception ubersfelienne, toutes les autres formes possibles d'espaces
théâtraux ne découleront que ces deux formes primaires.
Lire le théâtre II, p.55.
* 126 Qui est parfois une
petite salle de théâtre annexe de la grande salle, appelée
couramment « studio ».
* 127 Pour les accessoires,
les costumes, les décors, le matériel d'éclairage et de
sonorisation.
* 128 Judith
STRRONG (Ed), p.167.
* 129 Il convient de
signaler que d'autres espaces peuvent leur être rajoutés, tant les
théâtres modernes présentent des structures
variées.
* 130 Adapté du
schéma de relation entre les parties clées d'un
théâtre, in Judith STRONG, Ibid.
p.30.
* 131 Le propos est
nuancé par le fait que le théâtre de par son histoire et
son évolution tend souvent à être taxé d'art
élitiste.
* 132 D'ailleurs, une
enseigne indiquant clairement le nom et la nature du lieu participe
déjà à cette action.
* 133 Le mot
esthétique pris dans le sens du beau.
* 134 Nous nous appuierons
sur l'organisation d'un théâtre d'après Pierre Larthomas,
ainsi que les métiers inventoriés par l'Association of British
Theatre Technicians dont nous ferons la synthèse afin d'en
déduire les différents métiers inhérents à
un lieu théâtral. In: STRONG (Ed.) Theatre
Buildings, p.162-166; et LARTHOMAS, Technique du
théâtre.p.43-44.
* 135
STRONG, Ibid., p.162.
* 136 Zhang, XINMU,
« Approche sémiologique de
l'architecture », in Synergies Chine No 4-2009,
p.205-214.
* 137 Vito, AHTIK,
« L'architecture, métaphore culturelle d'une
société », in Joseph
MELANÇON (Dir.), Les métaphores de la culture,
Presses de l'université de Laval, 1992, p.135-155.
* 138 Toutefois, partant de
l'histoire du théâtre et plus précisément celle des
prémisses du théâtre grec, et du théâtre
médiéval (spectacles à l'intérieur et sur les
parvis de l'église), il est possible de déclarer que la
première fonction pratique du lieu théâtral fut la
célébration d'une divinité.
* 139 Myriam
JAKIR, Comment vendre du théâtre : l'art de
promouvoir a-t-il ses limites ? Mémoire de maîtrise,
Université de Genève, 2005, p.40-41.
* 140 Même dans les
théâtres à l'italienne des XVIIème aux XIXème
siècles où le public est strictement reparti dans la salle
suivant la stratification sociale, il existera néanmoins un brassage
entre les différentes classes.
* 141 Zhang
XINMU, « Approche sémiologique de
l'architecture ».
* 142 Vito,
AHTIK, « L'architecture, métaphore
culturelle d'une société », p.139.
* 143 Cet objectif est
d'ailleurs le plus souvent à l'origine de l'érection par les
collectivités territoriales des lieux culturels dans leurs villes.
STRONG, p.6.
* 144 Erika
FISCHER-LICHTE, History of European drama and theatre,
Routledge, 2002, p.50 : La période élisabéthaine voit
en effet le développement des troupes professionnelles, ainsi que la
construction des salles à but clairement lucratif.
* 145 Mini chiffres
clés Stratégique de la culture. Document édité par
le ministère français de la culture et de la communication,
disponible sur :
http://www.culturecommunication.gouv.fr/content/download/25381/212888/file/MINI-chiffres%20cles-FR-2013-site.pdf.
Consulté lé 20 décembre 2013.
* 146 La Shubert
organization est un groupe financier possédant dix-sept salles de
théâtre à Broadway, ainsi que une à Off-Broadway.
Source :
http://www.shubertorganization.com/organization/history.asp.
Consulté le 8 Août 2013.
* 147 Les photos relatives
à ladite étude descriptive sont contenues en annexe VI.
* 148 Cette apocope sera
utilisée pour désigner OTHNI-Laboratoire de Théâtre
de Yaoundé.
* 149 Décret
no 2010-1695 du 30 décembre 2010 relatif à l'Institut
Français. Disponible sur :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000023332301
* 150 Yves
OLLIVIER, lors de l'interview qu'il nous a accordée le 26
Août 2013.
* 151 Il s'agit d'un
régisseur général, un régisseur lumière et
un régisseur plateau.
* 152 Source :
www.goethe.de
* 153 Puisque par lieu
théâtral dans cette recherche, nous entendons tous les lieux qui
accueillent assez régulièrement des spectacles
théâtraux.
* 154 Nous utiliserons
régulièrement cette « abréviation »
pour désigner le Goethe-Institut Kamerun.
* 155 Martin Ambara
déclare avoir acquis ce lieu suite à une mésentente avec
les responsables de l'ex Centre Culturel Français au sujet de la
représentation de sa pièce Osiriade S.G 21
* 156 C'est la raison pour
laquelle la salle est dénommée Objet
THéâtral Non
Identifié (OTHNI), en ceci que le spectateur ne doit
jamais pouvoir deviner se qui lui sera proposé; l'objet de chaque
spectacle étant toujours à découvrir.
* 157 La plupart des
informations ont été recueillies lors de deux entretiens à
nous accordés par Martin AMBARA et
Junior ESSEBA, respectivement promoteur et responsable
d'OTHNI.
* 158
FIIAA n'est pas une abréviation, mais une expression
issue d'une langue de l'ouest-Cameroun, langue maternelle de son promoteur.
* 159 Toutefois, à
frontispice, nous préférons l'usage du mot
« façade », qui est beaucoup plus usuel. Il
désignera toujours dans cette recherche la façade principale.
* 160 Annexe VI, photo 16,
p.170.
* 161 Annexe VI, photo 11,
p.167.
* 162 Cela se confirme par
le fait qu'un vigile demandera le plus souvent au visiteur, même en
temps de spectacle quel est l'objet de sa visite et même de laisser
à la guérite ses pièces d'identité.
* 163 Annexe VI, photos 19
et 20, p.172.
* 164 Annexe VI, photo 17,
p.170.
* 165 Annexe VI, photos 12
et 13, p.168.
* 166 Annexe VI, photos 21
et 22, p.173.
* 167 Annexe VI, photo 18,
p.171.
* 168 Annexe VI, photos 14
et 15, p.169.
* 169 Ce fut ainsi le cas
le 16 octobre 2013 au cours du spectacle Couple ouvert à deux
à battants. Durant ce spectacle, la tente dressée ne
protégeait que partiellement certains spectateurs du froid et de la
pluie s'abattit ce jour là.
* 170 Annexe VI, photo 23,
p.174.
* 171 Bien que le
système d'éclairage et de sonorisation ait connu quelques
améliorations en janvier 2014 lors du spectacle FIN DE
MACHINE/EXIT.HAMLET, coproduit avec la compagnie artistique allemande
nommée Kainkollektiv grâce à l'important matériel
sophistiqué que ces partenaires avaient déplacé pour la
circonstance.
* 172 Bien qu'il soit vrai
qu'un lieu théâtral digne de ce nom disposera toujours en son sein
d'un espace dédié à ces activités.
* 173 Nous aurions pu
parler des compagnies théâtrales, mais nous leur
préférons le terme de « praticien ». Car, le
contexte théâtral camerounais du fait de sa faible structuration
ne permet pas de parler aisément des compagnies théâtrales
dans la mesure où quelques fois, elles ne sont constituées que
d'un seul membre, et n'officient qu'en temps
d' « opportunité ».
* 174 Qui a malheureusement
clos ses portes il y a peu de temps.
* 175 Le centre culturel
Hell est une salle accueillant toutes sortes d'événements, dont
la plupart sont festifs. Quant au Centre Zingui, c'est un espace
dédié à la culture, fruit de l'initiative du
comédien camerounais David Noundji. Il est situé au quartier
Ekoumdoum à Yaoundé. Enfin, pour ce qui est du
théâtre Bolé Butake, il s'agit là d'un espace de
création mis sur pied par un ancien étudiant de
l'université de Yaoundé I, le metteur en scène
Stéphane Tchonang. Ce dernier espace est situé au quartier
Biyem-Assi au lieu dit Montée Jouvence.
* 176 G.F
TAMI, Problématique de la mise en scène au
Cameroun : le cas de Yaoundé.
* 177 On n'en
dénombre pas moins de quatre cas pour la seule période allant
d'octobre 2012 à décembre 2013 : Jazz me Down
d'Hermine Yollo, La chute de Jacobin
Yarro, Le deal des Leaders d'Elvis Mbvouma,
et Lettre d'une Inconnue de Landry Nguetsa. Les
propos dudit directeur viennent confirmer toutes ces illustrations.
* 178 L'expression salle
étrangère sera essentiellement usitée dans ce travail pour
désigner la plupart du temps l'Institut Français et le
Goethe-Institut Kamerun, deux salles qui appartiennent aux deux Etats
étrangers que sont la France et l'Allemagne.
* 179 Cf. note de bas de
page 59 à l'introduction générale.
* 180 Pierre
MAKON, « Le théâtre camerounais et son
public : quelle relation créatrice ? », in
Théâtre camerounais/Cameroonian theatre, p.267.
* 181 Ces propos sont
toutefois à nuancer car contrairement aux spectacles de
théâtre sérieux, l'humour draine des foules dans les salles
de Yaoundé. Par exemple, à l'Institut français et parfois
au palais des congrès, de nombreuses personnes issues de toutes les
couches de la société se bousculent et paient volontiers 5125
francs CFA chacune pour assister au concept stand up night show organisé
par les humoristes Valery NDONGO et Major
ASSE.
* 182 S. TAMI
WABETTE, 2006, p.30.
* 183 Lors de Le deal
des leaders, par exemple, une représentation donnée par le
Zouria Théâtre le 18 octobre 2013, à l'institut
français, un spectateur s'offusquait de la très longue liste
d'invités qui se trouvait à la billetterie, déplorant le
la paupérisation croissante des artistes par ce système.
* 184 Il s'agit en
marketing des phases : de lancement, de croissance, de maturité, et
enfin de déclin.
* 185 C'est d'ailleurs la
un principe fondamental du marketing du spectacle vivant.
* 186 Les scènes
d'Ebène, et les RETIC avant son extinction.
* 187 Ceci étant en
partie dû au fait que la plupart des praticiens se ruent beaucoup plus
vers les deux autres salles.
* 188 Pierre
MAKON, « Le théâtre camerounais et son
public : quelle relation créatrice ? », p.264.
* 189 Nous y reviendrons
d'ailleurs sur ce point avec plus de détails.
* 190 D'ailleurs,
même les responsables d'OTHNI disent ne diffuser que des spectacles
similaires aux leurs.
* 191 C'est d'ailleurs
l'objet d'un mémoire de Master de Paulin ESSAKO
intitulé Esthétique de la création
théâtrale camerounaise de 1990 à 2010
(Inédit).
* 192 On peut en dire de
même pour ce qui est de l'équipe de production dans son ensemble.
En dehors du comédien, la seule figure que l'on retrouvera
inéluctablement ici c'est celle du metteur en scène.
*
193 J. SCHERER, 1992, p.53.
* 194 Estelle
MOULARD, Le jeu d'acteur dans le théâtre
contemporain : entre créations de textes dramatiques et
écritures scéniques, Université Stendhal Grenoble 3/
UFR Lettres et Arts, 2012, p.15.
* 195 On peut entre autres
citer dans la période allant de octobre 2012 à décembre
2013, des spectacles issus des adaptations tels que : Verre
cassé, issu du roman éponyme d'Alain MABANCKOU ;
Jazz me Down de Hermine YOLLO, issu d'un roman éponyme d'Emmanuelle
URIEN, La chute de Jacobin YARRO, issu d'un roman éponyme
d'Albert CAMUS, La vengeance noire de Junior ESSEBA issue d'une nouvelle
éponyme de Etienne GOYEMIDE. Tant que durera L'homme issu du
roman D'eaux douces de Fabienne KANOR. Et Lettre d'une
inconnue de Landry Nguetsa, d'après une nouvelle de Stefan ZWEIG
et Sur la braise de Joël EBOUEME BEGNOMO, issu du roman Sur
la braise d'Henri DJOMBO.
* 196 C'est le cas de
l'appel à candidature lancée dans le cadre du MASA
2014 (Marché des arts du spectacle africains) où il est
précisé aux compagnies désireuses de postuler, que les
spectacles théâtraux qu'elles soumettront ne devront comporter ni
de décors ni des accessoires trop lourds ou très encombrants.
* 197 Il s'agit du concept
de « Théâtre sous le manguier » d'une part, et
d'autre part de celui de
« Ciné-théâtre » qui sont tous
initiés par la compagnie Trait-D'union.
* 198 De l'anglais
américain behavior qui signifie comportement.
* 199 John WATSON,
« Psychology as a behaviorist views it. », in
Psychological Review, No 20, 1913, p.158-177.
Traduction de L. Ferrand, disponible sur :
www.univ-metz.fr/ufr/sha/psychologie/licence/MAT6_Watson.doc
ý
* 200 Car d'après
WATSON, le behaviorisme ne conçoit pas de
frontière être l'animal et l'être humain.
* 201 Ses critiques
argueront entre autres qu'on ne peut ni nier que les caractéristiques
propres à chaque individu rentrent dans l'acquisition et
l'évolution des comportements, et encore moins généraliser
des expériences menées sur des animaux aux humains.
* 202 Schéma
illustré par Aurèle ST-YVES dans Psychologie
de l'apprentissage-enseignement, p.19-20.
* 203 Nous
considérons comme praticien ici, principalement le metteur en
scène ou l'auteur dramatique
* 204 Hubert MONO
NDJANA, Le théâtre camerounais est-il en crise ?, in
La littérature camerounaise depuis l'époque coloniale.
Figures, esthétiques et thématiques, Marcelin
MVOUNDA ETOUA (Ed. sc), Yaoundé, Presses Universitaires de
Yaoundé, 2004, p.87.
* 205 L'expression
« public-contributeur » sera utilisée abondamment
dans ce chapitre afin de désigner un public qui paie
régulièrement pour assister aux spectacles
théâtraux.
* 206
Dominique BOURGEON-RENAULT et Al,
Marketing de l'art et de la culture. Paris, Dunod, 2009.
* 207 Claude
DEMEUIRE, Le marketing, Paris, Dunod, 2008,
6ème édition, p.4.
* 208 Philip
KOTLER, Kevin et Lane KELLER, Marketing
Management 14, Pearson Education Inc., 2012, p.5-6 ; pensent qu'on
peut marketer : les produits de consommation, les services, les
événements, les expériences, les lieux, les
propriétés, les célébrités, l'information
les entreprises et les idées.
* 209 Michel
CHEVALIER et Pierre Louis DUBOIS, Les 100 mots du
marketing, Paris, Presses universitaires de France, 2009, Coll. Que
sais-je ?, p.7.
* 210 Peter
DRUCKER, cité par Philip KOTLER et
DUBOIS, Marketing mangement 13, Pearson Education Inc., 2009,
p.5
* 211 Eric
VERNETTE, L'essentiel du marketing, Paris, Eyrolles Edition
d'Organisation, 2008, 3ème édition, p.3.
* 212
BOURGEON-RENAULT et Al, Marketing de l'art et de la
culture, p.11.
*
213 José Charles
EWANE, Le marketing des spectacles au Cameroun.
* 214 Myriam
JAKIR, Comment vendre du théâtre : l'art de
promouvoir a-t-il ses limites ?
* 215 Thomas
MELONE, cité par Clément MBOM,
« Le théâtre camerounais, ou les reflets d'une
société en pleine mutation » in Thétre
Camerounais/Cameroonian Theatre, p.190-192.
*
216 COULANGEON, cité par
BOURDEON-RENAULT, p.141.
*
217 PANI MALOWA Marianne FOMINYEN,
The demise of cinema halls in Cameroon: the case of
Yaoundé, p.8.
* 218
MENCARELLI, 2008, cité par
BOURGEON-RENAULT, p.91.
* 219 Michel
RATIER, « L'image de marque à la frontière de
plusieurs concepts » in cahier de recherche No 2003-158, p.2-3.
* 220 RATIER,
Ibid., p.3.
* 221
Aurore INGARAO, « L'image en
marketing : revue de littérature d'un concept
multidimensionnel ». In : Cahier de recherche No 2004-113,
p.44-67 ; et Michael, KORCHIA,
« Une nouvelle typologie de l'image de marque ».
in : Actes du 16ème congrès international de
l'Association Française du Marketing, Montréal, 2000,
p.489-503.
* 222
Aurore INGARAO, « L'image en
marketing : revue de littérature d'un concept
multidimensionnel ». In : Cahier de recherche No 2004-113,
p.46.
* 223
JALLAIS, ORSONI et FADY,
cités par Aurore INGARAO,
Ibid., p.51.
* 224
MITCHEL, cité par Michael KORCHIA,
« Une nouvelle typologie de l'image de marque », p.481.
* 225 Nous le verrons plus
en détails dans les pages qui suivent.
* 226 Il est
néanmoins préférable qu'une entreprise puisse être
maîtresse de l'image qu'elle véhicule
* 227
INGARAO, p.50.
* 228 Ibid.,
p.52.
* 229 Michel
CHEVALIER et Pierre Louis DUBOIS, Les 100 mots du
marketing, p.15.
* 230 Il précise
néanmoins que cette approche ne tient pas compte des achats impulsifs ou
hasardeux.
* 231 M. CHEVALIER
et Pierre Louis DUBOIS, p.22.
* 232 Expressions
empruntées à BOURGEON-RENAULT.
* 233 D'après les
résultats recueillis à l'issue de l'exploitation des
questionnaires, il s'agit du troisième frein pour le public de
Yaoundé, soit 14.58% (28/192) des
enquêtés.
* 234 BOURGEON
RENAULT et Al Marketing de l'art et de la culture, p.79.
* 235 Ibid., p.76.
* 236 Ibid.,
p.73.
* 237 Myriam JAKIR,
Comment vendre du théâtre, p.40.
* 238
DEBENEDETTI, cité par
BOURGEON-RENAULT, p.75.
* 239 Source :
http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/point-de-vente.html
* 240 C'est notamment le
cas du théâtre du Vieux Colombier à Paris. Source :
http://www.comedie-francaise.fr/la-comedie-francaise-aujourdhui.php?id=547
consulté le 4 janvier 2014.
* 241 Même les
produits des Marques de distributeur (MDD) ne sont
nécessairement pas fabriqués ni par le point de vente, ni en son
sein.
* 242 Artifices qui
tiennent du marketing sensoriel.
* 243 Certains produits (la
plupart du temps alimentaires) peuvent toutefois être consommés
sur place.
* 244 C'est le cas de
certains férus de la mode ou de ce que l'on nomme les
lèche-vitrines. Ces derniers aiment à contempler les magasins
dans l'espoir de s'offrir un jour l'objet rêvé.
* 245 Y compris celles
atteintes de déficience physique.
* 246 Ces deux listes des
principaux attributs de l'image du point de vente de LINDQUIST et BERRY sont
contenues dans l'article d'Aurore INGARAO, p.51.
* 247 De façon
complète : schéma du processus de formation de l'image d'un
lieu théâtral.
* 248 Lorsque l'image se
révèle positive.
* 249 Cf. chapitre premier,
point III.2.2.
* 250 Question-piège
qui a été posée comme conclusion du questionnaire.
* 251 Pierre
MAKON, Rachel EFOUA-ZENGUE et Hubert MONO
NDJANA dans leurs différents articles contenus dans l'ouvrage
Théâtre camerounais/Cameroonian Theatre ; et
Jacques Raymond FOFIE, La création linguistique
dramatique au Cameroun. Yaoundé, Presses universitaires de
Yaoundé, 2007.
* 252 Eric
VERNETTE, L'essentiel du marketing, Paris,
Eyrolles Editions d'Organisation, 2008, 3ème édition,
p.396.
* 253 Claude
DEMEURE, Le marketing, p.294.
* 254 Si l'on exclut les
publicités sporadiques faites dans d'autres medias par les partenaires
extérieurs que sont les compagnies théâtrales.
* 255 Parce que les hommes
de théâtre ne veulent généralement pas
dénaturer l'art en l'exposant trop au marketing.
* 256 Ce propos est
toutefois légèrement nuancé ; car la campagne
communicationnelle lancée en janvier 2014 pour le spectacle FIN DE
MACHINE/EXIT.HAMLET coproduit avec la compagnie artistique allemande
nommée Kainkollektiv a donné à voir des superbes affiches
et autres supports imprimés de communication.
* 257 On peut notamment
citer les sites web www.africultures.com et www. mboa.com.
* 258 L'Institut
Français et Goethe possèdent des sites web dont les adresses sont
respectivement : www. goethe.de/kamerun ; et
www.ifcameroun.com.
OTHNI-Laboratoire de Théâtre de Yaoundé quant à lui
ne possède qu'un modeste blog dont l'adresse est :
http://othni.blogspot.com et
même
http:///othni.blogspot.de.
* 259 Ces résultats
issus du panel auraient pu être renforcés par les résultats
provenant d'un moteur d'analyse des sites web tel que Alexa (
www.alexa.com) Cependant, celui-ci
du fait de la faible audience des trois sites web pré-cités n'a
pas pu fournir des statistiques exploitables.
* 260
« J'aime » et
« ajouter » sont deux expressions du jargon
Facebook, qui permettent de s'affilier à une page et d'être tenu
informé en temps réel sur Internet ou sur téléphone
mobile de toutes les activités qui s'y déroulent.
* 261 Il suffit ainsi de
posséder un compte Facebook et d'entrer dans la case de
recherches : OTNI-Laboratoire de Théâtre de
Yaoundé, Goethe-Institut Kamerun, et Ifc
Yaoundé pour consulter les pages officielles de OTHNI, du Goethe et
de l'Institut Français.
* 262 À la date du
31 décembre 2013, la page Facebook de OTHNI disposait de
297 Fans, celle du Goethe 2404 fans (issus en
grande partie des apprenants de la langue allemande ») et l'Institut
Français de Yaoundé comptait quant à lui
5 353 fans.
* 263 Consommateur
fidèle de Facebook et affilié à toutes ces pages, nos
visites journalières et répétées de ce media ne
laissent que très rarement apercevoir des activités provenant de
ces trois pages.
* 264 Ici, les programmes
relatifs au théâtre se mêlent logiquement à divers
autres.
* 265 Nous savons par
exemple que les brochures-programme de l'Institut Français sont
tirées à 10.000 et parfois
12.000 exemplaires.
* 266 C'est le cas du
spectacle Le deal des Leaders de la compagnie le Zouria Théatre
qui a lieu le 18 octobre 2013. Toutefois, au début du mois de novembre,
un grand nombre de prospectus conçus à cette occasion et non
distribués se trouvait encore au sein de l'Institut Français.
* 267
56.25% des personnes interviewées l'ont
confirmé. A ce pourcentage doivent s'ajouter les 6.25% qui ne sont
jamais exposées aux publicités relatives au
théâtre.
* 268 La carte
d'abonné a une période de validité annuelle. Son prix
d'acquisition varie selon qu'on est un artiste (2000fcfa), un enfant
(5000fcfa), un étudiant (7000fcfa), un adulte (10.000fcfa) et 50.000fcfa
lorsqu'il s'agit de la CARTE PASS qui donne droit à un accès
gratuit à tous les spectacles.
* 269 Dans le cadre du
spectacle intitulé Le Njangui du Ngomna qui a lieu le 20
novembre 2013 à 19h à l'Institut Goethe.
* 270 Les quatre P du
marketing mix étant : Product, Price, Promotion, et Place.
* 271 Les résultats
de ce second questionnaire ne seront pas affichés à cause du
nombre élevé de questions à caractère qualitatif
qu'il recèle.
* 272 Comme le relevait
d'ailleurs Yves OLLIVIER lors d'une interview accordée le 29 novembre
2011 au site d'informations en ligne Journal du cameroun.com.
Disponible à l'adresse :
http://www.journalduxameroun.com/article.php?aid=10321.
* 273 Abréviation de
Centre Culturel Français.
* 274 Pratiquant d'art
dramatique, nous avons à maintes fois eu l'occasion de faire cette
remarque lorsqu'il était question d'inviter une connaissance à
l'Institut Français. Celle-ci le plus souvent ne se retrouvait pas dans
nos indications concernant ce lieu du spectacle, jusqu'au moment où l'on
substituait le nom Institut Français par : « l'ex
CCF.
* 275 D'après les
propos de certains enquêtés.
* 276 Francois
COLBERT, « Entrepreneurship and leadership in marketing the
arts », in International journal of arts management, automne 2003.
* 277 C'est d'ailleurs
l'idée de Richard Laurent OMGBA qui pense que si la culture camerounaise
est reformée sur un triple plan (idéologique, institutionnel et
technologique), elle sera l'un des moteurs de ce processus d'émergence.
Richard Laurent OMGBA, « Les nouveaux défis
de la culture camerounaise », in Annales de FALSH, UYI, Vol.1, No 13,
Nouvelle série, 2011, Deuxième semestre, p.3.
* 278 Il est à
signaler que la plupart des metteurs en scène camerounais sont
polyvalents, en ceci qu'ils mènent également entre autres des
carrières de comédien et même de dramaturge.
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