1. Nous, Chefs d'État et ministres, réunis
à Paris le 5 décembre 2013 à l'occasion du Sommet de
l'Élysée pour la paix et la sécurité en Afrique,
exprimons notre plus profonde préoccupation sur l'ampleur et les ravages
causés par l'essor sans précédent des actes de braconnage
et de trafic qui affectent l'éléphant et les grandes
espèces menacées dans toute l'Afrique.
2. Avec ces pillages, ce sont en effet les bases du
développement et de la sécurité en Afrique qui sont
directement affaiblies par les conséquences de ces trafics criminels.
3. Face à des bandes lourdement armées, qui
opèrent de plus en plus de manière transfrontalière, qui
alimentent les trafics de tous genres ainsi que l'instabilité politique,
nos États sont confrontés à un véritable
défi de sécurité et de souveraineté. Drame
environnemental, avec en perspective la disparition possible de la nature,
à court terme de plusieurs grandes espèces animales
emblématiques de notre monde, le braconnage et les trafics illicites
hypothèquent les possibilités de développement
économique et social, la préservation de l'environnement de zones
toujours plus larges de nos territoires.
4. Nous nous engageons ainsi à agir sans délai,
de manière résolue, et appelons solennellement la
communauté internationale à rejoindre et soutenir cet effort.
5. Nous saluons à cet égard les projets
d'ampleur présentés par plusieurs pays au cours de notre
réunion, et notamment les initiatives de gestion concertée des
ressources naturelles transfrontières qui témoignent d'une forte
prise de conscience et d'une volonté d'agir sans tarder.
6. Nous saluons également et soutenons l'engagement
résolu des organismes de coopération régionale, de la
Banque Africaine de Développement, ainsi que des pays les plus souvent
ciblés par les produits illicites issus du braconnage.
7. Nous saluons enfin les annonces faites par la France, avec
celles faites par d'autres pays du Nord comme du Sud, tant pour renforcer sa
lutte contre les trafics que pour accompagner les pays africains qui se
mobilisent dans cet effort.
8. Ensemble nous appelons par ailleurs la communauté
internationale à apporter officiellement son plein soutien à la
déclaration de Marrakech (adoptée le 30 mai 2013), à la
décision 14/8 relative à la gestion de la biodiversité en
Afrique, de la conférence ministérielle africaine sur
l'Environnement, (Arusha, 12-14 septembre 2012) ainsi qu'aux conclusions
politiques et opérationnelles du Sommet international de Gaborone (3-4
décembre 2013).
9. Agir efficacement nécessite la combinaison de
moyens et arsenaux répressifs renforcés, associés à
des politiques de développement intégrées, qui prennent en
compte les dimensions humaines, environnementales, économiques et
sociales de la lutte contre le braconnage et les trafics.
10. Nous confirmons ainsi notre volonté de renforcer
la CITES et les initiatives qu'elle a suscitées, l'ONUDC et Interpol, et
d'intensifier notre coopération avec ces organisations,
11. Nous soutenons le projet d'une résolution qui
lancerait dans le cadre de l'ONUDC la création d'un mécanisme de
suivi effectifs des engagements dans le cadre de la Convention internationale
sur la lutte contre le crime organisé, dont le trafic des espèces
menacées est partie intégrante. Une lutte efficace
nécessite en effet une coordination mondiale et des outils juridiques
adaptés pour ce faire.
12.
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Nous apportons par ailleurs notre soutien aux conclusions de
l'évènement spécial organisé à l'initiative
de l'Allemagne et du Gabon le 26 septembre dernier à New York en marge
de l'AGNU, pour renforcer l'implication des Nations-Unies, et notamment aux
quatre propositions faites à cette occasion :
- constitution d'un « groupe des amis de la lutte contre
le trafic d'espèces menacées » à New York ;
- nomination d'un représentant ou d'un envoyé
spécial du Secrétaire général des Nations Unies ; -
vote d'une résolution à l'Assemblée générale
des Nations Unies ;
- organisation d'une conférence mondiale de haut niveau
sous l'égide de l'ONU.
13. Nous appelons également les pays de destination
des produits issus du braconnage d'espèce menacées, et notamment
de l'ivoire illicite, à renforcer la recherche des importations,
exportations et réexportations effectuées en contravention des
règles de la CITES et à appliquer des sanctions
sévères à l'encontre des personnes impliquées dans
ces trafics (commerçants, intermédiaires et consommateurs).
14. Nous appelons l'ensemble des grands bailleurs de fonds
à apporter leur soutien aux initiatives nationales et régionales
africaines. La lutte contre le braconnage ne peut en effet être efficace
que si elle est intégrée dans les politiques de
développement durable appuyées par les institutions
internationales et les grands bailleurs de fonds.
15. Nous confirmons notre volonté de continuer
à nous saisir activement de ce sujet. Sur la base de cette
déclaration nos pays participeront ainsi à haut niveau à
la conférence de Londres organisée les 12 et 13 février
2014 comme à celle que le Congo propose d'organiser à Brazzaville
au printemps 2014 et oeuvreront activement pour sa réussite.
Fait à Paris, le 05 décembre 2013.