L?impact de la coopération sino-russe sur la crise syrienne( Télécharger le fichier original )par Nixon Mbale Université de Lubumbashi - Licence 2013 |
Section 2 : Pacte sino-russeLa Russie et la Chine sont deux puissances politiques et militaires d'importance majeure, dont le rôle dans les enceintes internationales ne peut être ignoré. Elles comptent, avec l' Union européenne, parmi les seuls contre-pouvoirs opposables à la puissance américaine. Des contre-pouvoirs qui peuvent peser plus lourd dès lors que ces deux pays rassemblent leurs efforts dans un projet commun §.1. Les relations bilatérales sino-russes : entre convergence et divergenceDe prime à bord, notons que les points de divergence ont singulièrement régressé depuis 1989. Il n'y a plus de compétition idéologique, ni guère davantage de concurrence pour dominer un camp du socialisme qui n'existe plus.Il y a aussi un rééquilibrage des forces qui s'est fait à l'avantage de la Chine dont la crédibilité économique et politique s'est singulièrement renforcée. Autrement dit, les divergences qui gâchaient toutes les chances de normalisation ont aujourd'hui disparu: c'est la raison pour laquelle on se trouve entre Pékin et Moscou dans un contexte beaucoup plus fluide et créatif laissant la place à des initiatives qui peuvent être spectaculaires et dont la dernière visite de Vladimir Pauline à Pékin offre un exemple concret. Du côté des convergences, celles-ci sont de trois ordres. On notera d'abord que la reconstitution post bipolaire d'un occident élargi jusqu'aux frontières russes, incite les maitres du Kremlin à regarder vers l'Est49(*).Ils comprennent facilement que face à une alliance atlantique qui n'a pas disparu, leur seule chance de rééquilibrage se trouve du coté de l'Asie et singulièrement de la Chine. Il ne s'agit pas là de la reconstruction d'un bloc, mais d'initiative sans cesse confirmées, par exemple sous la forme de manoeuvre communes qui permettent de parler d'un effet d'attraction réciproque d'autant que de son côté, la chine a bien du mal à trouver des alliés en Asie méridionale et orientale ni le Japon, ni l'Inde ne peuvent tenir ce rôle. Quant aux Etats plus petits de l'Asie du Sud est, leur principal souci est de garder le maximum d'indépendance à l'égard de leurs grands voisins. En deuxième lieu, les convergences économiques sont de plus en plus évidentes. La chine à des besoins énergétiques forts que la Russie est déjà à même de satisfaire partiellement50(*). Non seulement Moscou livre 15 millions de tonnes de pétrole à son voisin chinois, mais la coopération est renforcée en termes de pétrochimie, mais aussi d'énergie nucléaire. La Russie participant notamment au développement de la centrale nucléaire de Tian Wan. Plus largement la Russie est de plus en plus présente dans le développement de la Chin: on en veut pour preuve l'augmentation substantielle du fonds d'investissement sino-russe. Il est évident que plus les paramètres économiques mondiaux deviennent incertains, plus chine et Russie ont intérêt à coopérer. La crise mondiale et, sur le plan plus spécifique énergétique, le désordre moyen oriental, poussent mécaniquement les deux puissances à coopérer. Peut être faut il dégager un troisième champ de convergence plus global et plus stratégique. L'évolution du système international se traduit par une marginalisation mécanique des puissances non occidentales. La Russie, qui a un passé de superpuissance, ne peut pas l'accepter et la Chine, jalouse de sa souveraineté, ne peut que s'en méfier, la mise en évidence d'un directoire occidental sur le monde est en partie à la base du processus qui a conduit à la création de l'organisation de coopération de Shanghai, l'initiative était celle de cinq puissances : la Russie, la Chine et trois républiques d'Asie centrale (Kazakhstan, Tadjikistan, Kirghizstan) dès 1966. L'organisation s'est structurée en Juin 2001 et à accueilli d'autres Etats dont certains ont obtenu le statut d'observateurs et d'autres celui de membres associés ; L'Iran est l'un de ceux qui entrent dans la première catégorie, l'Inde et l'Indonésie, notamment la seconde.C'est dire que progressivement s'est dégagé en espace très vaste couvrant non seulement les deux grandes puissances, mais l'essentiel de la partie la plus continentale de l'Asie.Ni bloc, ni alliance, cet ensemble régional s'est peu à peu institutionnalisé instaurant aussi des sommets réguliers.Son existence même crée des contraintes pour les membres présents comme un instinct de solidarité qui tend à se routiniser et à modifier la politique des grands. Une telle évolution a contribué à réorienter la politique étrangère de Pékin et de Moscou à l'égard de l'Iran, de l'Afghanistan et des anciennes républiques d'Asie centrale peut être un tel ensemble évoluera-t-il vers une réelle communauté de sécurité qui justement à force de s'afficher, produira un axe solide. Notons enfin, que cette communauté de sécurité, aux yeux des dirigeants russes et chinois a aussi une valeur interne : l'Asie centrale regorge de minorités qui peuvent défier l'autorité de Pékin et de Moscou. Plus les risques d'instabilité se trouveraient confirmé, plus les deux capitales auront intérêt à consolider cette orientation sécuritaire. On peut alors penser que les arguments de politiques intérieures viendraient renforcer la cohérence internationale de cette organisation. §.2. La chine et la Russie face aux grandes questions internationales Le rapprochement sino-russe ayant atteint son paroxysme, il n'est point important aujourd'hui de démontrer ses retombées qui sont, n'on seulement visibles, mais aussi et surtout un risque pour l'occident et son allié les Etats unis d'Amérique.La politique étrangère de ces deux puissances va jusqu'à forger peu à peu une sorte d'entente et de coopération dans la définition de leurs choix internationaux. Le cas de la défense antimissile en Europe et en Asie, la coopération dans ce domaine est rendue explicite par le soutien de la Russie à la Chine par rapport à son inquiétude concernant la coopération nippo-américaine sur l'installation de système de désarmement nucléaire. Seule crainte à terme, la possibilité que la chine revendique l'antimissile en Asie.La même convergence de vue entre les deux pays à été affirmée dans la crainte pour la Russie concernant le déploiement des défenses antimissile américaines en Europe. Les dossiers iraniens et Nord coréens, méritent également d'être soulevés. La Chine et la Russie partagent les mêmes soucis sur l'évolution de la situation militaire, politique et économique de la Corée du Nord, notamment en affichant une opposition ferme à une nucléarisation de la péninsule coréenne51(*). La coopération sino-russe-iranienne s'articule autour de l'énergie sous toutes ses formes: les hydrocarbures mais aussi l'énergie nucléaire. La rhétorique chinoise sur le dossier nucléaire est proche de la rhétorique russe; opposition aux sanctions et au recours à des moyens militaires et préférence à la voie des négociations. En ce qui concerne le Kosovo, la chine et la Russie se soutiennent mutuellement sur les enjeux du séparatisme. La Russie considère que l'ordre international serait menacé pour ce qui concerne l'inviolabilité des frontières des Etats52(*). Dans le cas du Kosovo, le respect de l'intégrité territoire des Etats et de leur souveraineté contre les séparatismes est mis en cause. §.3. Lutte contre l'hégémonisme Américain : un objectif commun La Russie et la Chine sont deux puissances politiques et militaires d'importance majeure dont le rôle dans les enceintes internationales ne peut être ignoré. Elles comptent avec l'union européenne, parmi les seuls contre pouvoirs opposables à la puissance américaine. Des contres pouvoirs qui peuvent peser plus lourd dès lors que ces deux pays rassemblent leurs efforts dans un domaine commun, qui n'est d'autre que de lutter contre l'influence américaine, d'où la mise en place de l'organisation de coopération de Shanghai53(*). Cette organisation, s'efforce de promouvoir une attitude commune sur le triple plan sécuritaire, économique et politique elle vise à renforcer la sécurité et la stabilité régionale ainsi que l'aide aux processus économiques et aux processus d'intégration tout en maintenant l'identité nationale et culturelle de chaque Etat. Le forum des cinq a vu le jour à un moment où la tension montait entre Moscou et Washington à propos de l'élargissement de l'OTAN, tandis que la chine et les Etats Unis connaissaient une crise importante à propos du détroit de Taïwan. A l'évidence, cette organisation a servi de moyen politique pour exprimer l'opposition sino-russe à la vision américaine d'un ordre international unipolaire.Il s'agit bien de proposer une alternative telle que le monde multipolaire, comme le soulignait le vice ministre russe des affaires étrangers A IAKO VENKO en 2005 : « l'organisation de coopération de Shanghai occupé clairement une place particulière parmi les structures régionales formées pour incarner dans des formes réelles et viables l'idée de multipolarité54(*) ». Pour mémoire, l'organisation de coopération de Shanghai est une des rares structures internationales asiatiques sans participation américaine. En 2005, on note un regain significatif des relations sino-russes lié à la présence américaine sur le long terme en Asie centrale. Celle-ci est considérée par les deux parties comme une menace qu'il faut neutraliser, d'autant que « la stratégie d'influence » américaine commençait à porter ses fruits. On a noté en effet, un accueil très favorable de la part des ouzbèks, des Kirghizes, des Tadjiks et des Kazakhs, car les Etats Unis ont versé les indemnités financières substantielles55(*). En même temps, du fait de leur présence militaire, ils participaient au renfort de la sécurité intérieure. Inévitablement la Russie et la Chine ont agi pour contrer cette influence grandissante des américains dans cette région, et via l'organisation de coopération de Shanghai, ils ont exigé qu'ils élaborent un calendrier de retrait de leur présence militaire des territoires des membres de l'organisation56(*), d'autant que la nervosité de la Russie et de la chine face aux avancées américaines dans son pré carré traditionnel s'était accrue depuis la révolution démocratique survenue en mars 2005 au Kirghizstan. Ces régions représentent des intérêts d'une importance stratégique pour chacun de ces deux pays, comme en témoigne l'intérêt russe porté au Kirghizstan où la Russie a souhaité installer une base aérienne permanente en 200357(*). Finalement, nombreux sont les sujets de discorde avec les Etats Unis.Officiellement, Moscou et Pékin convergent en de nombreux points et ils souhaitent s'opposer fermement à la stratégie d'influence américaine. Mais en bilan, les résultats obtenus ne sont pas très convaincants. Il semble que les actions réellement menées soient en décalage avec le discours officiels. Constat étonnant pourrait paradoxalement bien s'expliquer par les intérêts que Moscou et Pékin partagent respectivement aves les américains. * 49 Bertrand Badié, op cit. * 50 Idem * 51 Jean Pierre Cabestan, op. Cit. * 52 Karim Emile Bitar, op cit. * 53 Source : « Organisation de coopération de Shanghai » in www.diploweb.com consulté le 18 Mars 2013. * 54 Alexandre Jakovenko : «l'Avenir de l'organisation de coopération de Shanghai » aout 2005 www.diploweb.com consulté le 18 Mars 2013. * 55 Annie Jafaliam : « Equilibres géopolitiques en Asie centrale : la montée en puissance de la chine » in annuaire stratégique et militaire 2005, p. 135 à 149. * 56 Source : « les relations stratégiques chine - Russe en 2005 : la réactivation d'une amitié pragmatique » Isabelle Facon, in www.diploweb.com consulté le 18 Mars 2013. * 57 Source : « Russes, chinois et Américains convoitent ce petit pays, carrefour stratégique » Marie Jégo, in www.lemonde.fr consulté le 18 Février 2013. |
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