1.4. Revue de littérature
Tout comme l'eau, l'énergie est devenue
indispensable non seulement à l'usage domestique mais aussi pour le
développement industriel. En effet, après la maîtrise du
feu qui s'est effectuée pendant des milliers d'années, le feu est
devenu un allié indispensable à l'homme pour cuire ses aliments,
pour façonner des outils et des armes de bois (épineux dont la
pointe est durcie au feu) et pour se protéger des prédateurs. Le
feu joue un rôle très important dans la vie social.
La théorie économique a beaucoup
été sollicitée par les acteurs du secteur de
l'énergie, mais en retour les débats énergétiques
ont permis aux théoriciens de l'économie d'alimenter certaines
réflexions. C'est que le secteur de l'énergie fait appel à
des ressources épuisables(les 3/4 de l'énergie
consommée dans le monde appartiennent aux ressources dites
épuisables), qu'il est très capitalistique et souvent
organisée autour de monopole intégrés, privés ou
publiques, pour ce qui est de la distribution de certains fluides (gaz et
électricité).
C'est en outre une activité
génératrice de fortes externalités. Ces débats ne
sont pas nouveaux : on se souvient de la « question charbonnière
» soulevée par S. Jevons (1865) ou de la tarification des monopoles
énergétiques abordés par J. Dupuit (1844).
Il est donc intéressant de voir comment les
relations entre énergie et théorie économique ont
évolué au cours des dernières années et quels sont
les thèmes qui, aujourd'hui sont au centre des préoccupations des
économistes de l'énergie.
Au début des années 1950, le
problème principal auquel était confronté l'Etat en
matière énergétique, restait celui de la pénurie.
Il fallait avant tout, programmer des investissements en s'appuyant sur une
planification de long terme et l'instrument principal de cette planification
était l'existence d'un vaste secteur public en situation de
monopole.
Dans les années 1980-1990, la
préoccupation majeure dans le secteur énergétique
était devenue celle de la compétitivité internationale et
l'irruption des mécanismes du marché dans une industrie jusque
là vouée à la planification, va alors modifier
fondamentalement le rôle de la régulation. Plusieurs questions
vont tout au long de la période, préoccupées
les
économistes. Celles de la relation entre le
capital et l'énergie ; l'organisation optimale d'une industrie
énergétique ; la question de la formation des prix de
l'énergie.
Une autre question a alimenté les débats
économiques : la tarification optimale de l'énergie.
Le débat n'est pas nouveau et s'est posé
dans les années 1930 aux Etats-Unis, à une période
où les réserves de pétrole brut semblaient
s'épuiser rapidement, Hotelling (1931), avait alors apporté une
réponse à la question, comment doit évoluer en longue
période, le prix de marché d'une ressource épuisable. Pour
lui, le prix de marché de la ressource extraite doit tenir compte non
seulement du coût marginal d'extraction, mais aussi du coût
d'option que constitue cette valeur ou terre sacrifiée. Il en
déduit dès lors le sentier optimal d'évolution d'une
ressource épuisable, selon la structure du marché. En situation
de concurrence pure et parfaite, le prix net (des coûts d'extraction)
doit être suivant le taux d'actualisation. Par contre en situation de
monopole, c'est la recette marginale des coûts de transaction qui doit
croitre au rythme du taux d'actualisation. Le prix d'équilibre
diffère du prix de concurrence par la prise en compte d'une rente de
monopole qui est positive, dès lors que l'élasticité prix
de la demande en valeur absolue est supérieure à 1.
Certains auteurs tel que M. Aldeman (1980, 1986),
considèrent que l'approche en terme de ressources épuisables
n'est pas pertinente et qu'en conséquence le prix du pétrole est
tendanciellement aligné sur son coût marginal.
La demande d'énergie a fait l'objet de
plusieurs études économiques. Elle revêt un
caractère important dès lors que l'on se rend compte que les
principales sources d'énergie potentielles sont tarissables et la
nécessité d'appréhender de façon minutieuse la
demande.
La première difficulté a
été la détermination d'une unité de mesure de la
consommation d'énergie, les sources et l'utilisation étant
différentes. Deux unités de mesure jusque là sont
utilisées : le TEP et le BTU.
Ces deux unités de mesure permettent la
conversion de toute forme d'énergie et facilitent dès lors,
l'estimation de l'énergie consommée.
Tous les économistes s'accordent à
penser que la meilleure mesure de l'évolution et de l'efficacité
énergétique d'une économie, est le ratio
d'intensité énergétique défini par le rapport de la
consommation d'énergie primaire sur le PIB mesuré à prix
constants.
Les premières estimations de la fonction de
demande d'énergie des ménages, remontent aux années 1970.
Les articles fondateurs de cette littérature sont ceux de Honthaker et
Taylor(1970) et Honthaker et Kennedy(1979).
Les données utilisées sont en
général, des séries chronologiques et les méthodes
économétriques consistent le plus souvent à l'utilisation
des moindres carrées ordinaires(MCO). D'autres études telles que
celles de Kasanen et al (1989) et de Vaage (2000) utilisent des données
en coupe transversales à une approche à choix discret pour
analyser la demande résidentielle d'énergie et l'énergie
de chauffage. Il est admis en France, d'après les travaux de
Vallet(1974), se basant sur le modèle de Honthaker et Taylor, que
l'élasticité-revenu de long terme est positive et
supérieure à 1, mais que l'élasticité-prix de la
demande n'est pas significativement différente de 0.
Un consensus semble se dégager entre les
économistes, en ce qui concerne les variables qui doivent entrer comme
explicatives de la demande d'énergie des ménages : le prix
réel, Pernille H. et F. Joutz (2000) ou le prix relatif, Vallet(1974),
le revenu et plus souvent les valeurs retardées de la variable
explicative, pour prendre en compte les effets de long terme. Il faut remarquer
que ces études n'ont concerné que les pays
développés et que les réalités
socio-économiques diffèrent sensiblement de ceux de l'Afrique
subsaharienne où 80% des ménages utilisent le bois comme
combustible essentiel.
Boukary Ouedrago (2004) utilise un modèle logis
multinomial pour analyser le choix d'énergie de cuisson des
ménages en milieu urbain au Burkina-Faso. Il démontre que la
probabilité pour un ménage d'adopter le bois comme principale
source d'énergie de cuisson, est de 92,20% contre moins de 6,20% pour le
gaz butane. La demande du gaz butane des ménages subsahariens, n'a donc
pas fait l'objet de beaucoup d'études. Cependant l'analyse de ses
déterminants demeure nécessaire pour la mise en place d'une
politique énergétique efficace.
L'énergie est devenue nécessaire
à toute activité humaine et indispensable au développement
économique, notamment industriel. Pour l'Afrique, la
problématique énergétique se situe dans un contexte qui
relève des multiples exigences auxquelles le continent est
confronté : croissance économique, ajustement structurel,
libéralisation, dynamique démographique et la lutte contre la
pauvreté en général .L'accès aux sources modernes
d'énergie constitue un impératif pour assurer le
développement du continent. Certains pays africains comme le
Bénin sont caractérisés par une grande «
pauvreté
énergétique ». Seule
l'énergie primaire continue d'être fortement utilisée. Pour
une population africaine estimée à 760 millions d'habitants en
1998 (13% de la population mondiale), la consommation d'énergie primaire
de l'Afrique s'établissait à 480M Tep, soit 4,6% de la
consommation mondiale. Cette situation s'explique par :
- une forte dépendance aux combustibles ligneux
: la consommation des combustibles ligneux représentent jusqu'à
80% à 90% de la consommation totale d'énergie des ménages
dans la plus part des pays africains. La demande d'énergie répond
aux besoins de cuisson et de chauffage de quelques 575 millions d'individus et
est estimée à 254Mtoe en 2000 (world energy
année).
- un faible niveau de consommation par tête des
énergies conventionnelles : le niveau énergétique d'un
pays reflète son niveau de développement. En Afrique la
consommation énergétique reste la plus faible du monde. En effet,
celle-ci est 500Kwh/an contre une moyenne mondiale de 2500 Kwh/an (dont 900 Kwh
pour les pays en développement et 9000 Kwh/an pour les pays
industrialisés).
- un faible taux d'accès à
l'électricité : le taux d'accès à
l'électricité en Afrique est encore faible. Pour une population
de 795 millions en 2000 seulement quelques 272,7 millions de personnes ont
accès à l'électricité soit environ 34,3%. Les
populations africaines sans accès à l'électricité
représentent 32% des individus vivant dans l'obscurité à
travers le monde.
Le sud-Bénin, jadis pourvoyeur du bois d'oeuvre
et de service aux populations et à l'exportation, se trouve de nos jours
importateur du bois pour la satisfaction de ses besoins. La pénurie du
bois de feu et du charbon est due non seulement à la pression
démographique mais aussi aux manques de terre ou de jachère. Les
deux causes se rejoignent étant donner que le manque de terre ou de
jachère, est une conséquence directe de la pression
démographique.
La vente trop importante du bois dans les centres
urbains est aussi une cause de la pénurie, à cela s'ajoute la
commercialisation du bois sans reboisement, qui est la principale cause de la
dégradation de l'environnement dans la commune de Porto-Novo. Le circuit
de bois de feu jusqu'ici unidirectionnel et va des zones excédentaires
de collecte vers les zones déficitaires qui ne sont pas à priori
des centres urbains.
Dans le cadre de cette enquête de terrain, un
questionnaire a été élaboré et adressé
à 200 ménages répartis entre les différents
arrondissements comme suit :
Les zones rurales jadis excédentaires en bois
de feu, sont aujourd'hui confrontées à une situation de
rareté. Le bois et le charbon de bois constituent la principale source
d'énergie de cuisson au niveau des ménages du Bénin. Avec
la croissance de la population, la demande du bois énergie devient de
plus en plus importante. Pour accroitre un temps soit peu leurs demandes en
énergie, les autorités publiques ont mené une politique
qui consiste à l'importation d'une alternative d'énergie pour
leurs besoins de consommation. Il s'agit de l'utilisation du pétrole, du
gaz et de l'énergie électrique.
Le taux de croissance démographique du pays qui
tourne autour de 3,25% ce qui fait croître les besoins en énergie
plus que proportionnellement. La principale source d'énergie reste les
combustibles ligneux ; d'où la nécessité de rechercher les
autres sources d'énergie pour la préservation du couvert
végétal déjà maigre.
Le bois n'arrive plus à couvrir les besoins des
ménages, les populations ont recours aux autres sources alternatives
pour combler leurs déficits en énergie. L'épuisement
progressif de la forêt et l'utilisation généralisée
du bois de feu et du charbon de bois compromettent la vie sociale et le
système agricole dans cette zone. L'utilisation des divers types de
combustibles pour les besoins de la cuisine qui tendent à se
généraliser, montrent que la crise des combustibles ligneux se
vivra davantage si des mesures ne sont pas prises.
Qu'en est-il de la méthodologie de recherche
?
1.5. Méthodologie de recherche
1.5.1. Sources des données
Les principaux outils de collecte de données
dans cette étude sont la recherche documentaire et une enquête de
terrain qui s'est déroulée dans la commune de
Porto-Novo.
La commune de Porto-Novo compte environ 46000
ménages, répartie en 5 arrondissements. Le premier arrondissement
compte 8282 ménages soit 18%, le deuxième arrondissement, 8807
ménages soit 19,15%, le troisième arrondissement, 6854
ménages soit 14,9%, le quatrième arrondissement 11387
ménages, soit 24,75% et enfin le cinquième qui compte 10670
ménages, soit un pourcentage de 23,2%.
Tableau 1 : répartition des
enquêtés par commune
Arrondissements
|
Poids démographique (%)
|
Nombre d'enquêtés
|
1
|
18
|
36
|
2
|
19,15
|
38
|
3
|
14,9
|
30
|
4
|
24,75
|
50
|
5
|
23,2
|
46
|
Total
|
100
|
200
|
Source : Données de l'enquête,
2011.
Dans cette partie seront abordées l'estimation
et l'analyse des résultats économétriques. Mais ceci ne
peut être fait sans que l`on ne revient un peu en détail sur la
méthodologie énoncée dans l'introduction surtout sur la
partie économétrique.
En effet la méthodologie peut être
perçue comme ce mécanisme permettant de résoudre des
problèmes .Elle ne se substitue pas à la technique dans la mesure
où il manque à une méthodologie la précision de la
technique. Une méthodologie va inclure à la fois des
éléments du quoi et du comment.
1.5.2. Modèle d'estimation
Cadre théorique
La modélisation des préférences
des ménages est induite par fondements de la théorie du
consommateur. En effet l'objet de la théorie du consommateur est
d'expliquer comment un consommateur rationnel choisit ce qu'il va consommer
quand il est confronté à une variété de prix et un
budget limité. L'estimation de la sensibilité du consommateur par
rapport à la variation de certains paramètres notamment le revenu
et les prix peuvent être réalisés à partir des
méthodes partielles. La formule de Working qui régresse la part
consommée sur le logarithme des dépenses totales est l'une des
approches préconisées pour le cas des
élasticités-revenu sur la base de la courbe d'Engel. La
formulation est la suivante :
Les élasticités-prix sont souvent
estimées à partir de ces modèles simples en ajoutant
simplement les variables exogènes à droite. En voici une formule
possible (cas du modèle Working).
Par ailleurs, ce modèle a été
retenu pour ses applications nombreuses et satisfaisantes dans l'étude
des préférences du consommateur car il est conforme avec les
restrictions de la théorie économique qui sont nécessaires
afin d'assurer une maximisation de l'utilité du consommateur (Savadogo
et Brandt, 1988 et Savadogo, 1990, Ravelosoa, 1999, Tossou et al,
2002).
Le modèle théorique choisi pour
l'analyse de la demande des énergies de cuisson dans la ville de Cotonou
est le Système de Demande Presque Idéal SDPI (en anglais AIDS
Almost Ideal Demand System) de Deaton et Muelbauer (1980). Elle est
dérivée de la minimisation du coût, dont la fonction est de
la forme :
En appliquant le lemme de Shephard à (3), la
fonction de demande hicksienne ou conditionnelle qi peut être
déduite de la fonction de dépense pour tout bien i par la
relation :
En injectant (12) dans (14) on trouve que
L'on peut quantifier l'impact probable des changements
en revenus sur le niveau de consommation des ménages à travers
une connaissance des élasticités-revenus (ou dépenses
totales).
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