0. INTRODUCTION
0.1. Contexte et justification
Construire des logements bien conçus et doter l'habitat
des installations voulues est un déterminant pour l'instauration de la
santé pour tous [1]. Si l'état des logements
conditionne la santé, l'environnement extérieur joue
également un rôle, il faut notamment se préoccuper du
bruit, de la pollution ou des risques d'accident. Le milieu social ou culturel
et l'architecture constituent des aspects importants souvent
négligés de la vie [2].
Le terme « habitat » ne se limite plus au simple
concept du logement ou abri qui sert à protéger l'homme contre
les éléments extérieurs, et qui permet de garder en lieu
sûr ses biens et jouir de l'intimité nécessaire. La
conception de l'habitat s'est élargie de telle sorte que celui-ci
comprend outre cet abri le milieu dans lequel il est implanté. Tout ce
qui entoure le logement doit contribuer au bien-être social de la famille
et de l'individu. Afin de promouvoir la santé physique, mentale et
sociale de l'homme, il est essentiel que l'habitat remplisse certaines
conditions qui le rendent salubre. L'hygiène de l'habitat a pour but
d'assurer et de promouvoir la santé physique, mentale et sociale de la
population. Le rôle de la santé publique est de fournir des
circonstances par lesquelles les gens peuvent être en bonne santé
[3].
L'habitat dit «insalubre» est un habitat dangereux
pour la santé des occupants ou des voisins. Un habitat peut être
insalubre par lui-même ou
pour les conditions dans lesquelles il est occupé
[4].
Le risque pour la santé, désigne la
probabilité d'un événement sanitaire défavorable ou
un facteur qui augmente cette probabilité. Pour protéger les gens
et les aider à se protéger eux-mêmes, les gouvernements
doivent pouvoir évaluer les risques et choisir les interventions les
plus rentables et les plus abordables financièrement permettant
d'éviter leur survenue [5].
La pollution atmosphérique et la pollution de l'air
à l'intérieur des habitations, la contamination de l'eau,
l'absence de système d'assainissement, les substances toxiques, les
vecteurs de maladies , le rayonnement ultraviolet et la dégradation des
écosystèmes, sont autant de facteurs de risque environnementaux
pour les enfants et, la plupart du temps, pour les mères.
~ 2 ~
L'Organisation Mondiale de la Santé, estime que
près de 13 millions des décès sont dus annuellement
à des causes environnementales évitables. Près du tiers de
décès et des maladies qui surviennent dans les régions les
moins développées sont provoquées par l'environnement
dégradé [61.
En 2001, les diarrhées infectieuses ont entrainé
la mort de presque 2 millions d'enfants âgés de moins de 5ans, la
mort survenant principalement par déshydratation. Des nombreux autres
enfants souffrent de diarrhées non mortelles, mais qui les laissent sans
énergie [71. Des conditions d'assainissement des eaux
insuffisantes et une hygiène personnelle et communautaire
inadéquate sont à l'origine de la majorité des
diarrhées infectieuses [81.
L'OMS, a déterminé qu'au moins 1 milliard des
personnes principalement des femmes et des enfants, sont exposés
à des risques de pollution de l'air intérieur qui sont
jusqu'à 100 fois supérieurs à ceux
considérés comme acceptables [91. La même
organisation estime que la pollution de l'air intérieur des habitations
est responsable de 1,5 millions des décès chaque année
dans le monde [101.
En Europe les infections aiguës des voies respiratoires
inférieures imputables à la pollution de l'air des habitations
qui sont dues au seul brûlage de combustibles solides représentent
4,6 % de l'ensemble de décès chez les enfants âgés
de 0 à 4ans [111. En Inde, où les ménages
utilisent des biocombustibles, des estimations montrent que, presque 500 000
femmes et enfants de moins de 5ans meurent chaque année à cause
de la pollution de l'air, ces décès résultant
principalement d'infections aiguës des voies respiratoires [121.
Les chiffres concernant d'autres pays moins développés
sont similaires [81.
Près de 300 000 enfants meurent chaque année de
traumatismes physiques accidentels, qui peuvent être liés aux
dangers de l'environnement domestique ou communautaire ; 60 000 enfants meurent
de noyade, 40 000 d'un incendie, 16 000 d'une chute, 16 000 d'une intoxication,
50 000 dans un accident de la route et plus de 100 000 d'autres traumatismes
accidentels [121. On estime que 46% et 84% de tous les cas
d'intoxications chez les adultes sont imputables à l'activité
professionnelle ou environnementale et ce pourcentage est encore plus
élevé chez les enfants 60-98% [131.
-'. 3 -'.
Il est également admis aujourd'hui que certaines
conditions d'habitat peuvent aggraver les pathologies psychiatriques
préexistantes.
Ainsi, les enquêtes d'opinion françaises
démontrent que le bruit est la nuisance environnementale principale
perçue par les populations urbaines. On estime, près de 20% de la
population d'Europe occidentale (soit 80 millions de personnes) souffrant de
niveaux de bruit jugés inacceptables par les experts
[14].
En Afrique, 23% (2,4 millions) de la totalité de
décès survenus en 2002 ont été attribués
à des facteurs de risque liés à l'environnement
[10]. Pendant cette même année, 1,03 millions de
décès ont été liés à des
systèmes d'approvisionnement en eau et à un assainissement
inadéquat, à une mauvaise hygiène, sans compter 550 000
décès attribués à la mauvaise gestion des
ressources en eau et à l'insalubrité des eaux [15].
En outre dans cette même région, 40 000
décès ont été liés à la pollution de
l'air [16].
Au Burundi, les données chiffrées sur les
maladies associées à l'habitat insalubre sont rares. Quoi
qu'aucun rapport n'ait été récemment évoqué,
la réalité est que les maladies liées au manque
d'hygiène et d'assainissement représentent une cause majeure de
morbi-mortalité.
D'après le document de politique nationale
d'hygiène et d'assainissement de base du MSPLS, 84% de la
morbidité et de la mortalité chez les enfants de moins de cinq
ans sont le résultat de mauvaises conditions d'accès à
l'eau, l'hygiène et l'assainissement. 5 millions de citoyens burundais
vivent sans installations sanitaires adéquates, y compris à
Bujumbura et dans les grandes villes de l'intérieur du pays. En milieu
urbain (donc dense), l'absence de traitement des effluents et notamment des
excréta fait peser une contrainte très forte sur le milieu
naturel [17].
En effet, en l'an 2006, 359 645 cas des infections
respiratoires aiguës ont été enregistrés dans les
centres de soins soit un taux d'incidence égale à 16,96% chez les
moins de 5 ans [18].
La situation de l'insalubrité de l'habitat reste une
préoccupation considérable dans plusieurs villes du monde et en
particulier dans les pays en développement dont le Burundi. En outre, la
ville de Bujumbura ne fait pas exception en matière de l'habitat
insalubre.
-'. 4 -'.
|