3. Bien-être et parcours de vie
Notre société, à travers ses perceptions
et son langage, a certainement été influencée par nos
politiques publiques. Ajoutées à nos modes d'organisation, ces
dernières ont également été marquées par
notre culture.
Il semblerait alors évident qu'un changement de notre
système de la prise en charge devrait passer par un changement à
la fois des mentalités et de nos politiques.
S'il y a une différence entre le handicap et la
dépendance d'une personne âgée, c'est une question de
durée de la vie avec un handicap. C'est pourquoi, une meilleure
harmonisation entre le monde du handicap et celui de la vieillesse ne peut
qu'être bénéfique pour les personnes
concernées.1
1Paulette GUINCHARD, Députée du
Doubs, a été secrétaire d'État aux Personnes
âgées de 2001 à 2002. Elle est coauteure du
livre Mieux vivre la vieillesse, 100 réponses aux questions des
personnes âgées et de leur entourage, paru aux
Éditions de l'Atelier, 2006.
La création d'un cinquième risque est
évoquée depuis les trois dernières campagnes
électorales, mais toujours remise à plus tard. Il s'agirait d'une
branche s'ajoutant à celles qui couvrent la maladie, la famille, les
accidents du travail et les retraites. Elle doit répondre au risque
dépendance ou à la perte d'autonomie.
De l'article 13 de la loi du 11 février 2005
émane la volonté du législateur de rapprocher les
dispositifs relatifs aux personnes âgées et handicapées.
Seulement, les associations, les institutions, les acteurs
politiques et, principalement, les financeurs bloquent à
différents niveaux l'introduction de cette réforme.
Nous pouvons dès lors nous poser la question de savoir
si celle-ci est vraiment souhaitable.
Florence WEBER, qui s'est penchée sur le sujet, avance
divers arguments.
Nous pourrions dire que la convergence des deux champs ne
serait pas pertinente si l'on considère le fait que la dépendance
n'est qu'un aspect du handicap, les personnes handicapées rencontrant
d'autres difficultés que celles des personnes âgées
dépendantes (scolarisation, emploi, revenus). S'ajoute à cela la
question de la démographie. Ces deux populations représentent
deux catégories bien distinctes en fonction de leur volume ainsi que de
la durée de leur présence dans la situation. Autrement dit, le
handicap concerne, pour citer l'auteur, « peu d'individus, mais pour
une durée très longue » alors que la dépendance
concerne « beaucoup d'individus pour un coût bien moins
important par personne », étant donné que
l'espérance de vie est moins longue.
Face à ces arguments, Florence WEBER en avance un qui,
à lui seul, fait ressortir toute l'importance qu'aurait la convergence
des deux politiques : les difficultés rencontrées par ces
deux populations dans la vie quotidienne sont les mêmes. Pour elle, leurs
difficultés doivent être reconnues et compensées en
fonction de leur existence et non de l'âge de la personne
concernée.
Dans cette optique, il s'agirait donc de partir du parcours de
vie des personnes, afin de pouvoir construire, en fonction d'eux, le dispositif
de prise en charge globale des individus. Cela supposerait de revoir toutes les
institutions existantes, les prestations, les instruments d'évaluation
et les diverses philosophies rattachées à ces prestations.
Plusieurs Conseils généraux s'accordent aussi
pour dire qu'il faut une vision plurielle, privilégiant la notion de
parcours plutôt que celle de la genèse de la perte d'autonomie.
Selon les acteurs de terrain, les Maisons De l'Autonomie (MDA)
doivent également être l'occasion de réfléchir aux
évolutions sociétales communes aux deux secteurs. Comme le
vieillissement des personnes handicapées ou le fait que de plus en plus
de personnes âgées perdent leur autonomie à cause d'une
maladie invalidante. D'où la pertinence de les rattacher au champ du
handicap.
La convergence ne signifie donc pas nécessairement de
traiter de manière uniforme les attentes mais elle doit permettre, au
contraire, une similitude dans l'approche des besoins et des personnes pour
pouvoir offrir des réponses adaptées aux situations
individuelles.
La dimension d'acculturation de la population est
également importante.
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