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Relations transfrontalières entre deux villes " jumelles " du fleuve Sénégal: Matam Sénégal et Matam Réo( Télécharger le fichier original )par Barka BA Université Cheikh-Anta-Diop au Sénégal - Maitrise de géographie 2010 |
2005 Source : Météo Matam 2007 32 31,5 31 30,5 30 29,5 29 28,5 28 27,5 27 26,5 1996 1997 1998 1999 2000 2001 années 2002 2003 2004 Cette partie de la moyenne vallée du fleuve enregistre une pluviométrie relativement faible et irrégulière. Les moyennes annuelles dépassent rarement 500 mm. La saison des pluies dure en moyenne entre trois et quatre mois, de juin à septembre et août reste le mois le plus pluvieux. Au cours de ces dix dernières années, la moyenne décennale enregistrée tourne autour de 398 mm. Ce déficit pluviométrique affectant toute la région s'explique par la migration des isohyètes vers le Sud. Cette partie de la vallée est dominée essentiellement par deux types de vent. Il s'agit de : ? l'alizé continental communément appelé harmattan qui est un vent chaud et sec soufflant du Nord-est. Ce vent chaud et particulièrement asséchant, charrie de la poussière et du sable et favorise l'aridité de la zone. Les vitesses enregistrées varient entre 1 et 8 m/s ? la mousson souffle du Sud-ouest entre juillet et septembre et se déplace avec le FIT (front intertropical). Ce vent est à l'origine de l'essentiel des précipitations enregistrées. Sa vitesse varie de 1 et 5 m/s. UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 30 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » Figure n°2 : Précipitations moyennes annuelles à Matam de 1996 à 2002
2005 Source :Météo Matam 2007 Pmm800 700 600 500 400 300 200 100 0 1996 1997 1998 1999 2000 2001 Années 2002 2003 2004 Le relief est généralement plat avec une vaste plaine incisée de vallées. La zone est constituée de hautes levées dont la hauteur diminue d'amont en aval et atteint 13m à Matam. Ce système de hautes levées a favorisé la création de cuvettes de décantation multiformes et multidimensionnelles. En outre on note l'existence de microfalaises ou escarpements de plusieurs mètres de hauteur sur les berges du fleuve. La pédologie est en rapport direct avec les différentes unités géomorphologiques. Ainsi du fleuve vers le Diéri on distingue : ? les sols du falo : ils sont situés sur les pentes d'écoulement des berges du fleuve et de ses défluents. Ils sont constitués principalement d'alluvion. ? les sols de fondé : ce sont les sols de hautes levées. il s'agit de bourrelets des berges très rarement inondés. ? et les sols de hollaldé : ce sont les sols situées dans les cuvettes de décantation. La végétation est caractérisée par une forte dominance d'espèces arborées et arbustives constituées principalement par des épineux et des essences adaptés à la forte chaleur. Le fleuve Sénégal constitue la principale ressource en eau de surface et traverse la région sur 200 km. Il revêt une importance sociologique certaine qui structure globalement la vie de la population. Ainsi la ville s'est développée autour de cette ressource. Deux UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 31 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » principales sources d'eau souterraine sont recensées pour la ville : la nappe phréatique et nappe du maestrichtien. La nappe phréatique est peu profonde et captée par puits. La nappe du maestrichtien est située à moins de 90m dans la zone et assure la satisfaction des besoins en eau de la population. Cette nappe n'est accessible que par forage. Ces ressources en eau sont renouvelables et disponibles en quantité. 1.3. Population et peuplement :1. 3.1. L'évolution de la population depuis les années 1970 :La ville de Matam Sénégal se caractérise par une évolution assez lente de la population avec des rythmes de croissances irréguliers. Durant ces dernières années, le taux d'accroissement naturel est marqué par une oscillation. De 1,8 entre 1976 et 1979, le taux d'accroissement est passé à 4 pour la période 1979-1982 et à 1,99 en 2002. . Tableau n°1 : Evolution de la population de la commune entre 1976 et 2002
Sources : PDU (1982), RGPH (2002) et Monographie régionale (2004) Lors de nos recherches nous n'avons pas pu avoir des données sur l'évolution de la population de Matam Réo. Cette partie de la Mauritanie est dépourvue de service pouvant fournir des statistiques sur la population. Cependant l'accroissement de cette population urbaine est dû en grande partie à des flux migratoires venant de l'intérieur du pays UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 32 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » Graphique 1 : Histogramme de l'évolution de la population de Matam Sénégal
1976-1979 1979-1982 2002 Sources : Données de l'enquête de terrain 2010 (B.BA) Pourcentage 4 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0 Années Avec une population estimée à prés de 14620 habitants, la ville sénégalaise semble avoir une population concentrée dans la répartition spatiale. En effet les densités dans la commune sont de 39hbts à l'hectare contre 36hbts au km2 pour le département et 15hbts au km2 au niveau régional. Au sein de la commune, on dénombre 1,38 ménage par concession, 14,8 personnes par concession et 10,7 personnes par ménage.19 Dans la commune, la répartition de la population montre une forte inégalité de peuplement. Soubalo, l'ancien quartier est le plus peuplé avec une densité de 212hbts/ha et 38% de la population. Gourel Serigne, le quartier administratif, concentre 18% des habitants. Les quartiers de Tantadji, Diamel et Navel concentrent respectivement 17 ; 15,8 et 11% de la population communale. 19 Direction de la population et de la statistique(DPS) Matam 2005 UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 33 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » Tableau n° 2 : Répartition de la population par quartier.
Source : DPS Matam 2002 L'inexistence de statistiques sur la structure par âge de la commune nous fait recourir aux statistiques du département. Comme toutes les villes du Sénégal, Matam concentre une une forte proportion des jeunes. En effet 60% de la population ont moins de 20ans, ce qui augmente le problème d'accès à l'emploi et à l'éducation. La population active (20-59) représente quant à elle 33,5% dont la majorité est constituée de femmes. Enfin les plus de 60ans représentent 6,5% de la population. 1.3.2. La composition ethnique de la population :Quant à la répartition ethnique elle montre une certaine diversité malgré la forte dominance des « halpulaar » qui constituent 88% de la population. Viennent ensuite les soninké 6,7% ; les wolof avec 3,9% ; et moins de 1% pour de nombreuses autres minorités ethniques.20 La population est à 99% musulmane et les quelques catholiques de la ville de Matam Sénégal sont des fonctionnaires ou des migrants. 20 DPS Matam 2005 UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 34 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » Graphique2 : Répartition de la population de Matam Sénégal selon les groupes ethniques :
7% 4% 1% Haal Puulaar Soninké Wolofs Autres ethnies 88% Source : Enquêtes de terrain 2010 (B. BA) L'absence de données sur la ville de Matam Réo nous pousse à recourir aux statistiques de la region. La Wilaya de Gorgol couvre une superficie 13 820 km2 sur les 1 030 700 km2 qui composent le pays, soit 1,34 % du pays. Elle compte environ 238.252 habitants sur 3 075 000 soit 7,74 % de la population de la Mauritanie repartis dans 4 départements (les moughataas de Kaédi, Maghama, M'bout et Monguel). La région est la seconde du pays en terme de densité démographique (18 hbts au km2) après la région de Nouakchott21. Issue du brassage de peuples de différentes origines, le Gorgol rassemble divers groupes ethniques : les arabe-berbères (maures) et les negro-mauritaniens (soninkés, peuls...). Il faut relever que cette région a fait l'objet de multiples brassages de populations et les communautés négro-africaines des royaumes riverains (Fuuta Tooro haalpulaar, wallo wolof et Gajaaga soninké) qui s'étaient installés sur la rive droite du fleuve Sénégal au Xème siècle se sont repliées sur la rive gauche à la fin du XVIIIème siècle lors de la constitution d'émirats maures pour ensuite revenir sur ce territoire sous la colonisation22. Seuls les peuls étaient traditionnellement nomades, effectuant des migrations saisonnières avec leurs troupeaux. Ils sont désormais astreints à migrer dans les limites des territoires et se sédentarisent de plus en plus. La population de Matam Réo est estimée à prés 21 Atlas de Mauritanie. Ledra Rouen, Lerg Nouakchott, JC Arnaud.1989. Planches 4. 22 Heurtier Pierre Yves 2008. : Rapport d'enquête migration et développement état des lieux de l'émigration dans la région de Gorgol(Mauritanie) et ses impacts sur le développement. UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 35 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » de 4000 habitants répartis dans ses deux quartiers. Cette population est à dominante jeune. Les principales ethnies qui composent la population communale sont les Beïdane, Harratin et les Halpular. 1.4. Les activités économiques :La structure économique et de l'emploi de la région laisse apparaitre un taux d'évolution très lent du marché de l'emploi. Cet espace frontalier se particularise par l'importance du secteur primaire dans les activités de la population. Plus de 80% des habitants da cette partie de la vallée vivent principalement du secteur primaire. L'industrie est quasi inexistante mais toutefois le secteur connait aujourd'hui un début dû à la régionalisation de Matam Sénégal. Sur la rive gauche les principales activités économiques sont : ? L'Agriculture : Elle mobilise près de 70% de la population active. On dénombre dans la ville du Sénégal14 périmètres irrigués, soit 195,8 ha répartis entre 612 producteurs, soit une moyenne 0,31 ha par exploitant (SAED Matam 2007). Cependant cette activité souffre d'un certain nombre de problèmes dont le cout élevé des aménagements hydro-agricoles (eau, intrants...), le déficit pluviométrique et l'irrégularité des crues. A cela s'ajoute l'occupation des terres de culture de « Diéri » en période hivernale par les eaux de marigots de Diamel et de Navel. Les spéculations sont composées du mil, du riz, de la patate douce, de la pastèque, de l'oignon etc. La culture maraichère se développe de plus en plus dans la ville et elle est pratiquée sur les berges du fleuve. ? L'élevage : Le cheptel qui est constitué principalement de bovins, d'ovins (3000 têtes dénombrées dans la commune), de volaille (12000 têtes)23. Les asins et les équins sont surtout utilisés pour les travaux champêtres mais aussi pour le transport intra-urbain. Le développement de l'élevage dans la ville souffre d'un manque d'espace et des problèmes sanitaires comme la fièvre du rift valley, les maladies parasitaires. Le taux d'accroissement annuel du cheptel est de 3% dans la commune. ? La pêche : Cette activité occupe une place importante dans la ville et est pratiquée par le groupe socio-professionnel dit « soubalbé » vivants dans les quartiers de Diamel, Navel et Soubalo. Elle est faite de façon artisanale par près de 287 personnes. Les espèces capturées sont composées de tilapia, lattis niloticus, l'etropus, etc. 23 Source Inspection Générale des Services Vétérinaires de Matam, 2004 UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 36 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » Tableau n°3 : Répartition des pêcheurs et des pirogues de pêche
Source : direction de pêche de Matam 2009 Il faut signaler que la pêche est en pleine régression dans la ville. Ceci est dû à la non régénération des ressources halieutiques, aux difficultés d'accès au crédit et à la vétusté du matériel. Ainsi, on assiste à la migration des pêcheurs vers les régions de Saint-Louis et de la Casamance ou même vers la Gambie. Les activités du tertiaire sont constituées principalement par le commerce et l'artisanat : ? Le commerce : il occupe 2% de la population active. Les commerçants sont répartis dans les deux marchés de la ville (marché central de Tantadji situé sur le quai et celui de Diamel) et dans les quartiers. Selon leur implantation (voire graphique), le marché central regroupe le plus grand nombre de commerçants, suivis des quartiers de Soubalo, de Tantadji et de Gourel Serigne. Ce secteur est handicapé par la fraude du fait de la proximité de la République Islamique de la Mauritanie d'où viennent des produits de première nécessité et des appareils électroniques. Le commerce est confronté à d'autres problèmes dont l'exigüité du marché central, le délabrement des ponts rendant difficile l'approvisionnement de la ville. Cette situation a rendu peu dynamique le commerce local. UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 37 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » Graphique 3 : répartition des commerçants de Matam Sénégal : 5% 5% Marché central Soubalo Tantadji Gourel Serigne Navel Diamel 24% Source : service régional du commerce 2007 10% 12% 44% ? L'artisanat : Il constitue la deuxième activité du secteur tertiaire dans la commune. Les activités artisanales sont composées, de la teinture, de la bijouterie, de la cordonnerie et de la poterie etc. Selon le recensement de la chambre de métier, la ville comptait en 2005 près de 231 artisans dont 21% de femmes regroupées en GIE et GPF s'activant autour de la teinture, de la filature, du tissage, du tricotage, de la broderie, de la coupe, de la couture et de la transformation des produits agricoles Tableau4 : Répartition des actifs du secteur artisanal
Source : Chambre des métiers de Matam (données de 2005) UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 38 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » La population de la wilaya de Gorgol est en majorité rurale (80 % des ménages sont agriculteurs). 13 % sont comptabilises au chômage (Mauritanie : 29 %) et 36 % serait analphabètes (Mauritanie : 57 %)24. La région est la deuxième du pays en surfaces cultivées. Ses activités sont essentiellement composées de : ? L'agriculture qui est donc la première activité vivrière de la région, occupe700 ha de culture dieri et 2000 ha de culture oualo ainsi que 2000 ha de périmètres irrigués font vivre la région. 40 % des familles vivent principalement de cette activité et 26 % des familles l'utilisent en activité secondaire25. ? L'élevage, seconde activité économique de la région est de type extensif et les troupeaux effectuent des migrations saisonnières à la recherche de points d'eau et de pâturages. Aucune industrie agroalimentaire ne s'y est pourtant installée26. ? Le commerce est la troisième activité économique de la région. Organisées en coopératives ou en associations, les femmes réalisent et vendent des melhafas (voiles) et des pièces de coton colorées réputées dans toutes les régions avoisinantes. Comme toutes les villes de la région, Matam Réo reste aussi dominée sur le plan économique par le secteur primaire. Plus de 80% de sa population s'activent dans l'agropastoralisme et l'industrie est quasi inexistante dans toute la région. Le commerce constitue aujourd'hui, le moteur de développement de la ville. C'est aussi une activité transfrontalière. II. Infrastructures et services urbains de base :2.1. Etat des infrastructures dans les deux localités :La commune sénégalaise se particularise des autres chefs lieux de région du pays par un manque notoire d'infrastructures. Et la répartition de ces dernières dans la commune montre un très grand déséquilibre entre les quartiers. Le quartier de Gourel Serigne polarise l'essentiel des infrastructures et services urbains alors que celui de Diamel n'en dispose pas. Matam Mauritanie est quasi dépourvue d'infrastructures et services urbains de base. 24Yves, 2008 Idem 25Yves, 2008 Idem 26 Yves, 2008 Idem UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 39 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » Tableau5 : Occupation du sol par les infrastructures
Source : Audit urbain de la ville de Matam (2005). 2.1.1. Les infrastructures scolaires et socioculturelles :Dans la ville on dénombre trois écoles préscolaires avec deux écoles maternelles et une case des tout petits. En 2007, le préscolaire enregistrait près de 940 élèves répartis dans les petites, moyennes et grandes sections. Cependant seulement trois quartiers (Gourel Serigne, Tantadji et Soubalo) sur les cinq disposent de ces écoles. En revanche les écoles élémentaires semblent être mieux distribuées dans la commune avec six établissements. Chaque quartier dispose d'une école à l'exception de Soubalo qui en compte deux. Durant l'année scolaire 2006-2007, le nombre total d'inscrits était de 258827. On compte dans la ville un Collège d'Enseignement Moyen (CEM) crée en 1966, un lycée, un centre de formation professionnelle et d'une école de formation des instituteurs (EFI). L'alphabétisation est présente dans la ville et intéresse surtout les femmes. Elle est généralement réalisée par les ONG comme TOSTAN. Au niveau de l'enseignement professionnel, Matam dispose depuis 2002, d'un centre régional d'enseignement technique féminin, d'un Centre Régional de Formation en Santé (CFRS) et d'un centre régional de formation professionnelle. Enfin l'enseignement coranique est très présent dans la ville. Matam constitue l'un des grands foyers religieux du pays hérités des anciens Almamis du Fouta. Les écoles coraniques se rencontrent un peu partout dans la commune. Les élèves (Almoudo), estimés à 27 IDEN Matam, 2007 UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 40 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » prés de 2000, habitent le plus souvent des maisons abandonnées ou en ruines et vivent de la charité donnée par la population. Le secteur de l'éducation n'est pas très développé dans cette partie de la Mauritanie. La région n'offre que 04 lycées ; 09 collèges et 290 écoles28. Matam Réo, elle dispose d'une seule école bilingue où sont enseignés le français et l'arabe. On dénombre dans cet établissement scolaire une centaine d'élèves environ. L'enseignement coranique est plus développé dans la ville. La ville dispose d'une mairie située à l'entrée de la ville dans le quartier de Tantadji, d'un CDEPS (Centre Départemental d'Education Populaire et Sportive) avec une salle de spectacle et d'un terrain de Basketball. La commune compte aussi une salle polyvalente .Il y a aussi un stade municipal avec des vestiaires dégradés et des chambres de passage de la mairie. Les équipements de cultes sont composés de 09 mosquées et d'une église. La ville mauritanienne est dotée d'une mairie, d'un stade municipal, mais est dépourvue de salle de fête. Deux mosquées constituent les équipements de culte de la ville. 2.1.2. Infrastructures sanitaires :La commune de Matam Sénégal dispose de 3 structures sanitaires dont : un district sanitaire, un poste de santé et une case de santé. Le district sanitaire situé à Tantadji couvre les quartiers de Gourel Serigne et de Soubalo. Il dispose d'un pavillon d'hospitalisation avec 11 lits, d'une maternité avec huit lits soit un lit pour 1330 habitants ce qui est loin des normes de l'OMS qui sont d'un lit pour 500 habitants. On y dénombre aussi deux salles de soins et une pharmacie. Il occupe des locaux vétustes avec un niveau de dégradation avancée. Le district polarise les localités du diéri, du Dandé Mayo et de la ville Mauritanienne (Matam Réo). Le poste de santé localisé à Diamel est composé d'une salle de pansement, d'une salle d'accouchement et d'une salle de consultation. La case de santé de Navel est destinée aux premiers soins. Sur le plan sanitaire Matam Sénégal semble être moins fournie. En effet on note une insuffisance notoire de médecins (deux pour toute la ville en 2009) un manque 28 Heurtier Pierre Yves 2008. : Rapport d'enquête migration et développement état des lieux de l'émigration dans la région de Gorgol(Mauritanie) et ses impacts sur le développement. UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 41 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » d'infirmiers, de sage-femme, mais aussi l'éloignement du centre de santé de certains quartiers. L'hôpital régional qui est en chantier limiterait les problèmes sanitaires. En territoire mauritanien on compte un district sanitaire situé au Sud de la ville. 2.1.3. Les infrastructures marchandes :Le marché central constitue le plus grand équipement marchand de Matam Sénégal. Il est situé dans le quartier de Tantadji au bord du quai. Il se caractérise par une occupation anarchique de l'espace. Cet équipement marchand est constitué de trois halles, de cantines, de boutiques et d'étales divers. La plupart des cantines et étales sont faits de bois ou de zinc. Les marchandises sont composées de produits maraichers (patates, niébé, oignon...) cultivés dans la région : du riz paddy, du bétail. Il y'a aussi des produits qui proviennent de Dakar, Saint-Louis et surtout de la ville de Matam Réo. Matam Sénégal dispose aussi d'un marché à Diamel, d'une gare routière et d'un abattoir situé sur la route de Navel. Le fait le plus marquant dans la ville mauritanienne est l'absence de marché. Cependant on note quelques petites boutiques à l'intérieur de la commune. Les plus grands équipements marchands se trouvent près du fleuve. 2.2. Les services urbains :2.2.1. Les réseaux d'électricité et de télécommunication :La consommation électrique de la commune sénégalaise est faible par rapport à certaines grandes villes du pays. Ceci est dû à l'absence de grandes unités industrielles. Cette consommation électrique tourne autour de 20 mW. La ville est alimentée par le réseau hydroélectrique de Manantali. Son réseau aérien est composé d'une ligne de 30.000 V et de deux postes de transformateurs (l'un à Tantadji et l'autre à Gourel Serigne). Les 1104 abonnés de la SENELEC sont mal répartis dans la ville. Cette répartition du nombre d'abonnés varie selon les quartiers Soubalo (32%, Tantadji 35%, Gourel Serigne 24%, Diamel 6% et Navel 3%) La plupart des abonnements sont destinés à l'usage domestique. Par ailleurs, il existe dans la ville de gros consommateurs comme la SONATEL, la SAED, le UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 42 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » PRODAM mais aussi les soudeurs métalliques, les moulins à mil et les boulangeries. Dans la commune l'éclairage public est insuffisant et mal réparti. Les quartiers de Soubalo, Tantadji et Gourel Serigne sont les mieux éclairés. Quant au réseau téléphonique, il a connu un essor dans la ville grâce au développement de l'émigration. Aujourd'hui le taux d'occupation du réseau téléphonique est de l'ordre de 95% avec une saturation pour certains quartiers (Soubalo, Gourel Serigne). C'est ainsi que la SONATEL envisage l'extension de son réseau pour mieux satisfaire la demande de la commune. Selon les sources de la SONATEL, la ville compte près de 257 abonnés résidentiels, 25 télés centres, 47 lignes officielles et 11 lignes professionnelles. Cependant on assiste de plus en plus à la fermeture des télés centres et à la régression du téléphone fixe. Cette régression du téléphone fixe est la conséquence du développement du téléphone mobile. Dans le domaine des TIC, des avancées sont notées avec la couverture de l'ADSL (Asymetric Digital Subcrib Liner) dans la commune29 .Le réseau n'est encore disposé que par quelques services de l'Etat. A l'heure actuelle Matam Réo n'est ni électrifiée et ne dispose ni d'un réseau téléphonique. Pour les appels téléphoniques, ces populations utilisent les services mobiles implantés au Sénégal. 29 Tamboura(H.D) : Extensions spatiales et enjeux fonciers dans la ville de Matam ; mémoire de maitrise UGB 2007 UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 43 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » Graphique 4: Répartition des abonnés au réseau de la Senelec.
Soubalo Tantadji Gourel Serigne Navel Diamel Source : Senelec de Matam 2007 6% 3% 24% 32% 35% Dans la Wilaya de Gorgol seules les villes de M'Bout, Maghama et Kaédi disposent d'un réseau électrique et téléphonique 2.2.2. Le réseau d'adduction d'eau potable :Comme partout au Sénégal la SDE assure la distribution de l'eau potable à travers des branchements privés et publics (bornes fontaines). Le nombre de branchements individuels dans la ville est estimé à 953 avec une inégale répartition (confère tableau ci-dessous).Avec l'appui du AEPC, centre qui s'était fixé comme objectif : l'amélioration de l'approvisionnement en eau potable des villes riveraines du fleuve Sénégal, la ville a connu une hausse des branchements sociaux. Le tableau ci-dessous mesure la répartition des abonnés du réseau SDE selon les types de branchement : individuel, administratif, et les gros consommateurs .Le faible taux d'abonnés au réseau d'eau dans les quartiers de Diamel et de Navel s'explique par le fait que ces deux localités ne sont connectés à ce réseau qu'en mai 2005. On dénombre 34 bornes fontaines dans la ville. Les branchements publics assurent l'alimentation en eau des habitants n'ayant pas bénéficié de branchements privés. « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » Tableau6 : Répartition par types de branchements et par quartier.
Source :SDE Matam 2009 La ville mauritanienne a récemment bénéficié d'un projet de construction d'un forage financé par l'Agence Française de Développement(AFD) et le gouvernement de la RIM. Cependant on note l'absence d'un réseau de distribution d'eau potable. 2.2.3. Le réseau d'assainissement :Il constitue une préoccupation pour la population du fait de l'insuffisance du système d'évacuation des eaux usées et de pluie dans toute la commune mais aussi d'un système de collecte d'ordures. L'assainissement des déchets liquides dans la commune s'effectue grâce à des réseaux de latrines individuelles ou par des fosses sceptiques réalisées par l'UNICEF. La stagnation des eaux de pluie et l'absence du réseau fonctionnel dans la ville ont des conséquences sur l'environnement, la santé et le cadre de vie: - Déversement des eaux usées dans les environs immédiats des habitants. - Augmentation des risques de contamination de la nappe et des conduits d'eau potable. - Pollution des environs du fleuve. Il faut noter que la ville bénéficie d'un projet de construction d'un réseau d'évacuation des eaux de pluie. La première partie est déjà réalisée dans les quartiers de Tantadji et de Soubalo. L'accroissement de la population et l'urbanisation croissante de la ville ont conduit à l'augmentation des déchets solides. En effet durant le mois de mai 2001, 242m3 de déchets UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 44 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » ont été produits dans la commune30. Les déchets sont composés de matières organiques, de sable, de tissus, de matières métalliques, de verres ... Le système de collecte de la ville se fait de manière individuelle. Il n'existe quasiment pas de décharge fonctionnel dans la ville. Les ordures sont déposées un peu partout : sur les berges du fleuve ou dans les décharges sauvages proliférant dans les quartiers. 2.3. La voirie :Le réseau routier de la ville comprend une route nationale traversant une partie la ville sur 1.8 km jusqu'au carrefour Fadel. En 1997, des travaux de bitumage du tronçon Tantadji Gourel Sergine(SONATEL) ont été réalisés sur les abords du fleuve. La deuxième voie va de l'ancien siège du conseil régional situé à Soubalo et traverse le quartier sur 800 m. Cette voie constitue un important axe d'accès à la ville. En effet, avec la vétusté des trois ponts reliant la commune de la ville de Ourossogui, les gros porteurs pour y accéder empruntent cette voie qui débouche sur la N2. Le trajet utilisé est le tronçon Doumga Ouro Alpha- Ndoulmadj-Matam en traversant le pont de Diamel. C'est une route faite de latérite. Le reste de la voirie urbaine est composé de pistes latéritiques, réceptacles pour les eaux usées. En saison de pluies, la plupart de ces pistes se transforment en flaques d'eau boueuses rendant impraticable la voirie. Tableau7: Principales caractéristiques de la voirie revêtue et le niveau de desserte par quartier.
Source : Audit Urbain de la ville de Matam. Page 2 30 Profil environnemental de la ville page 34. UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 45 UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 46 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » La ville dispose aussi de trois ponts sur l'axe Matam Ourossogui. Ces ponts sont marqués par l'âge (1952 pour les deux pièmeremiers et 1959 pour le trois). Avec l'état du délabrement avancé de ces ponts ; ils accentuent l'enclavement de la ville avec un difficile accès des véhicules de plus de 3,5 tonnes. Un autre pont relie Diamel au centre ville. Enfin il y a aussi un pont à Navel construit récemment pour désenclaver le Dandé Mayo. Le transport inter-urbain est quasi inexistant dans la ville. Les déplacements à l'intérieur de la ville sont assurés par des charrettes attelées à des ânes ou à des chevaux et par des voitures « clandos ». Excepté le déplacement effectué par l'agence de voyage Mboup qui fait la liaison entre la commune et Dakar les dimanches et mercredis soirs ; le transport vers le reste du pays se fait généralement à partir de Ourossogui. La gare routière polarise les villages environnants qui l'utilisent pour relier le reste du pays. Le parc automobile est composé de 15 cars ,14 sept places Peugeot et de 40 petites voitures `'clandos»31. Le fleuve joue un rôle important dans le transport .En effet il constitue une passerelle entre la ville mauritanienne de Réo et les villages sénégalais du Dandé Mayo. Pendant la saison des hautes eaux, la navigation fluviale demeure le mode de transport le plus utilisé. La seule route goudronnée de la région de Gorgol partant de Nouakchott, s'arrête à la capitale régionale, Kaédi. Les autres axes routiers sont des pistes fréquemment coupées pendant la saison des pluies. Il n'existe quasiment pas route bitumée à Matam Réo et la ville ne dispose non plus de gare routière. Toutes les voies qui la relient du reste du pays ne sont pas bitumées. Si la régionalisation a fait évoluer le statut administratif de la commune de Matam sénégal ; du point de vue économique, les activités n'ont quasiment pas changé .Ainsi l'un des principaux maux de la ville est l'insuffisance notoire d'infrastructures et de voirie urbaine. Ce nouveau statut contraste avec l'apparition de nouveaux besoins .Matam Sénégal a un défi à relever notamment en matière d'équipements, en santé, en éducation, en route ,en assainissement, en eau, en électricité, en logement, en gestion des déchets, en services divers ..Et qu'elle n'arrive pas à satisfaire. Par ailleurs, avec le déclin de la navigation sur le fleuve, l'enclavement de la ville dû à la vétusté des ponts qui la relient à Ourossogui et la construction de la N2, Matam est entrée 31 (Profil environnemental de la ville de Matam 2004 page 22). « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » dans une phase de dépérissement au profit de nouveaux centres localisés essentiellement le long de la N2.On assiste alors à une délocalisation progressive de certaines activités et services qui étaient exclusivement concentrés à Matam, il y a seulement quelques années. Sur le plan socio-économique, on note un déséquilibre au détriment de Matam. La ville voisine à savoir Ourossogui, favorisée par sa situation sur la route nationale2 polarise l'essentiel des activités économiques et services, notamment les services de financement. La commune de Matam reste contrainte par l'absence d'outils de planification et de gestion, d'établissements financiers, de station services...Mais toutefois on note la présence d'institution de financement comme la CNCAS, le PAMECAS et la CMS. Matam, autrefois principal centre de la région devient de moins en moins importante. Hormis sa fonction administrative, aujourd'hui seul le double statut actuel de chef lieu de région et du département lui confère une prépondérance dans l'armature urbaine de la région. Pour jouer son rôle de capitale régionale polarisant son territoire, Matam compte sur des projets visant l'amélioration de la voirie et le désenclavement des zones situées aux abords du fleuve. Selon les autorités municipales, ces projets qui sont en cours d'études, concernent la reconstruction des trois ponts pour 4 milliards, la construction de la route Matam-Linguère-Dakar, de la route Matam Waoundé (actuellement faite mais en piste latérite). Ces projets, une fois réalisés, donneront un avenir prometteur à Matam. Et elle aura un rayonnement considérable sur son hinterland. La Wilaya de Gorgol se caractérise elle aussi par une carence en infrastructures et services urbains de base. UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 47 UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 48 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » CHAPITRE III : UN PROCESSUS D'INTEGRATION A L'EPREUVEAprès plus de cinquante ans d'indépendance, l'Afrique de l'Ouest, à l'instar des autres régions du continent, demeure fortement divisée. Seuls quelques pays des seize Etats qui composent cette région ont une population supérieure à dix millions d'habitants. Ce qui fait que les marchés nationaux de ces Etats restent très étroits pour accueillir de gros investissements. Ce découpage de la région par les puissances coloniales est aujourd'hui renforcé par les barrières culturelles, linguistiques, administratives, commerciales et économiques. Cependant, « Le besoin de surmonter ces obstacles est évident, dans un monde de plus en plus interdépendant et on constate chez les penseurs et les responsables du développement dans la région, un engouement sincère pour l'intégration régionale et la coopération régionale ».32Mais la première étape qui doit servir de socle aux organisations régionales et à l'Union Africaine(UA) passe nécessairement par une parfaite intégration régionale entre pays voisins immédiats33. C'est dans ce contexte que les Etats du Sénégal et de la Mauritanie doivent concrétiser de manière officielle une « intégration » que vivent les peuples I. Les freins à l'intégration :1.1. Des velléités souverainistes encore vivaces :Malgré les souhaits des populations et des Etats, l'intégration entre le Sénégal et la Mauritanie bute sur plusieurs obstacles. La souveraineté des Etats dans les espaces frontaliers, se traduit par les contrôles des mouvements frontaliers. Ainsi les candidats à l'émigration sont soumis aux contraintes et aux exigences des Etats. Pour les partisans du contrôle territorial, la libre circulation au niveau des frontières a comme conséquence une baisse des recettes douanières et le développement de la contrebande. 32 CRDI, 1995, l'intégration régionale en Afrique de L'Ouest. 33 Sy (S.H), 2002.Les relations entre le Sénégal et la Mauritanie à travers le poste frontalier de Rosso Sénégal de 1960à 2002, mémoire de maitrise . UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 49 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » En outre, la réserve de certains Etats vis-à-vis de la libre circulation est fondée dans l'absence de soubassement historique des entités politiques et sur le manque de la culture démocratique qui exclut toute participation des migrants au débat politique34. L'intégration en Afrique reste très souvent une affaire des gouvernants, les avis des populations frontalières ne sont jamais recueillis lors des dialogues visant à rapprocher ces peuples. A cet effet, les populations ne se sentent presque pas concernés par les accords bilatéraux signés entre les deux pays, tant sur le plan économique que sur le plan social. L'orientation du débat vers la dimension économique de l'intégration a relégué au second plan la libre circulation des personnes. L'intégration entre le Sénégal et la Mauritanie sera difficile à réaliser tant que la Mauritanie ne rejoindra pas l'UEMOA et continuera à lorgner du coté de la Ligue Arabe. Sans une réelle liberté de circulation des personnes et des biens, l'intégration entre les deux pays ne sera qu'un voeu pieux35. . 1.2. Le souvenir des événements de 1989 est encore présent :Dès le lendemain des indépendances les relations entre les communautés négro-africaines de la Mauritanie et les Beïdanes furent secouées par plusieurs tensions. En effet, cette population noire demande une plus grande responsabilité au sein des instances dirigeantes. L'application de la nouvelle loi sur le domaine national en Mauritanie visait à redistribuer les terres fertiles de la vallée en faveur des Beïdane au détriment de la population noire. L'Etat mauritanien procède ensuite à des répressions et des expulsions de la population noires. En Mars 1988 les tensions latentes entre sénégalais et mauritaniens s'accélèrent dans la vallée du fleuve Sénégal. C'est ainsi qu'a commencé ce qui allait mener quelques mois plus tard à la plus grave crise dans les relations entre le Sénégal et la Mauritanie. Le barrage de Manantali venait d'être réceptionné alors que celui de Diama était mis en service deux ans auparavant. Des expulsions d'agro-pasteurs de part et d'autre des deux pays débouchèrent très vite sur l'exhumation d'un vieux litige relatif au tracé de la frontière entre les deux pays. La tension éclata en Avril 1989 à la suite des incidents survenus à 34 Fall(P.D) : Etat-nation et migrations en Afrique de l'Ouest : le défi de la mondialisation, UNESCO 2004 35 Sy(S.H),2002 idem UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 50 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » Diawara dans le département de Bakel entre pasteurs peuls et garde frontière de la Mauritanie. Après des tueries et prises d'otages localisées, la tension ne tarda pas à gagner tout le long du fleuve et les principales villes des deux pays. Entre le 10 et le 15 Avril quelques boutiques mauritaniennes furent pillées à Bakel. A Matam la crise dégénéra quand un cultivateur matamois revenant de son champ fut battu à mort par des mauritaniens. La révolte s'avéra violente. Les populations matamoises, elles aussi tuèrent un mauritanien qui tentait de regagner son pays et elles procèdent au saccage des boutiques maures. A Dakar, on enregistre des pillages des boutiques tenues par les Beïdane, les 22 et 23 Avril. Ces nouvelles, arrivées à Nouakchott, passablement exagérées, produisent le 24 Avril, une riposte très violente au marché de la capitale et dans les quartiers des 5éme et 6ème arrondissements36. Les chiffres sont contestés mais le bilan du conflit est lourd. Outre des centaines de morts, près de 75.000 sénégalais et 150.000 mauritaniens durent être rapatriés au courant du premier semestre de 1989 (Magistro, 1993 ; Horowitz, 1989 ; Parker, 1989). Des milliers de noirs se réclamant de la nationalité mauritanienne furent déportés au Sénégal. On a même noté des échanges de tirs d'artillerie lourde entre les armées des deux pays déployées de part et d'autre du fleuve (Magistro, 1993, Parker, 1989). Après le rapatriement des mauritaniens et des sénégalais, le président de la République Islamique de la Mauritanie, MAOUYA OULD SID'AHMED TAYA lance un appel à `' l'unité nationale et à la concorde». «... dans son discours (énoncé pour la première fois en français puis traduit en arabe), il rejette `'la responsabilité pour l'histoire» des événements sur le Sénégal et affirme que `' désormais, toute tentative de trouble sera considérée comme une haute trahison à la Patrie et traitée comme telle» »37. Ainsi commence des rapatriements vers le Sénégal c'est-à-dire l'expulsion des mauritaniens qui pour le gouvernement sont d'origine sénégalaise. En juillet le président sénégalais ABDOU DIOUF réagit à Paris où il se trouvait en affirmant que `' la déportation de citoyens mauritaniens d'origine négro-africaine est un scandale.»(Libération du 16 juillet 1989 citée par SY, 2002). Le 27 juillet 1989, Nouakchott accuse Dakar de préparer une offensive militaire38 après avoir annoncé que `'l'unité nationale 36 Sy(S.H),2002 idem 37 Sy(S.H),2002 idem. 38 Le Monde du 28 Juillet 1989. UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 51 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » et l'intégrité de la Mauritanie ne sont pas négociables''39. Une période d'instabilité généralisée gagne la frontière avec des accrochages militaires périodiques entre les armées et les civils des deux pays. Ces Etats rompirent leurs relations diplomatiques d'Août 1989 jusqu'en Avril 1992 à la suite d'une annonce de réconciliation. Malgré le rétablissement en 1992 des relations diplomatiques entre les deux pays, rompues trois ans auparavant les blessures occasionnées par la crise prennent encore du temps pour se cicatriser. Depuis lors, « l'épaississement de la frontière» persiste et a radicalement changé le statut et le rôle du fleuve aux yeux des milliers d'agriculteurs transfrontaliers vivant de part et d'autre du fleuve. Les Sénégalais qui cultivaient en territoire mauritanien se replient sur la rive gauche. L'intégration entre les populations de Matam Réo et de Matam Sénégal est limitée par un facteur naturel constitué par le fleuve. En saison des pluies, le fleuve se remplit d'eaux et son débit augmente. Cette situation restreint les déplacements car la liaison entre les deux localités est principalement assurée par des pirogues à pagaie. Pendant cette période, les transporteurs éprouvent d'énormes difficultés pour relier les deux rives II. Les ressorts de l'intégration des deux pays :2.1. Les mouvements transfrontaliers :L'importance qualitative et quantitative des déplacements des personnes et des flux économiques dans cette partie de la Mauritanie et du Sénégal constitue une source d'union entre ces peuples. Le rapprochement des populations frontalières, est facilité par les discontinuités territoriales liées à l'existence de familles « multinationales ». Les migrations avant et pendant la colonisation sont à l'origine de la segmentation territoriale d'un bon nombre de familles entre les deux rives du fleuve. Une même famille peut réunir des sénégalais et des mauritaniens. Cela développe à coté du sentiment d'appartenance au pays de résidence ; un réseau de solidarité transnationale. Ce réseau de solidarité peut créer des éléments de contiguïté, de proximité ou de continuité avec des membres de la famille établis dans un autre pays. Ces échanges qui dépassent les territoires nationaux, entretiennent un sentiment d'appartenance « régionale ». 39 Le Chaab du 21Juillet 1989. UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 52 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » Le réseau social tissé entre commerçants sénégalais et mauritaniens, joue aussi un rôle important dans le processus d'intégration. Les membres de ce réseau unis par une préoccupation commune et appartenant à un même milieu socio-économique, nouent des liens solides. Ces acteurs se situent, donc dans une double appartenance : celle du citoyen et celle d'un membre d'une famille s'inscrivant dans un réseau transnational en fonction de sa position sociale. 2.2 Le fleuve: un cadre de concertation autour d'une organisation supranationale :La création de l'OMVS en 1972 par La Guinée Conakry, le Mali, le Sénégal et la Mauritanie s'est accompagnée d'une autre convention déclarant le fleuve Sénégal et ses affluents comme « cours d'eau international » sur les territoires des Etats membres. L'une des conséquences de ce nouveau statut est que toute intervention pouvant altérer de façon significative le régime du fleuve et les conditions de sa navigabilité, les formes d'exploitation agro-industrielles des eaux du fleuve ou ses caractéristiques écologiques, nécessitent l'approbation préalable des Etats membres de l'OMVS. La convention de 1978 sur le statut des ouvrages communs, déclare les infrastructures hydrauliques et électriques (barrages, lignes de transmissions, infrastructures portuaires, etc.) à réaliser dans le cadre de l'OMVS comme propriétés communes et indivisibles des Etats membres. A cet effet, la mission assignée à l'organisation est de promouvoir la coopération entre ses Etats membres, la coordination des études techniques et les activités de mise en valeur du fleuve, et la régularisation du débit du fleuve pour répondre aux besoins de l'irrigation, de production d'électricité et de la navigation. (OMVS, 2OO9). C'est ainsi qu'elle a réalisé les barrages de Diama et de Manantali. Plus récemment, ses Etats membres ont adopté une charte qui fixe les principes et modalités de la répartition des eaux du fleuve entre les différents secteurs d'utilisation, y compris l'environnement. Ce dynamisme est fondé en partie sur la concordance des intérêts des Etats membres et à l'impératif de coopération que dicte la nécessité de gérer la ressource commune qui se trouve être le fleuve. Cette organisation autour du bassin du fleuve joue un rôle important dans la coopération entre les différents membres et notamment dans l'apaisement des tensions. Tout au long de la crise entre le Sénégal et la Mauritanie et lors de la période de rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, l'OMVS continuait à fonctionner et avait servi de cadre de dialogue entre les deux Etats. Ce qui a peut être aidé à faire baisser UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 53 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » progressivement la tension. De même, cette structure a servi de cadre d'arbitrage lors de la crise récente sur la ré-inondation des vallées fossiles du Sénégal. 2.3 La décentralisation un stimulant à la coopération entre collectivités frontalières :L'intégration régionale est en interaction avec le local. Celui-ci n'a de sens sans celui là. Le local constitue une scène des relations internationales africaine notamment parce qu'il est le point d'appui des acteurs infra-étatiques ; un cadre d'enjeu important40. Même si l'intégration régionale concerne fondamentalement les Etats, expression de la souveraineté nationale, le processus qui y conduit n'est pas du seul ressort des gouvernements et de leurs administrations. Les acteurs locaux en fonction des transversalités qui établissent des passerelles, des raccourcis, des contournements fondés sur les systèmes complexes d'appartenance, peuvent avoir une prise directe sur le rapprochement entre les Etats. La décentralisation entamée au début des années 90 dans la plupart des pays ouest africains est suivie d'un transfert de certains domaines de compétences aux autorités des collectivités locales (région, commune et communauté rurale). Ces nouvelles responsabilités et compétences permettent aux collectivités locales de jouer un rôle important dans l'intégration. Ainsi elles deviennent donc une source de coopération car l'Etat a donné à ces collectivités locales les moyens juridiques permettant de nouer des relations avec d'autres localités. De ce fait, la décentralisation favorise une bonne concertation et une bonne coopération entre les dirigeants locaux des différentes collectivités et entre les Etats du Sénégal et de la Mauritanie mais aussi avec les acteurs ayant une influence sur la vie locale de leur région. Mais cette coopération doit s'organiser sur des règles de gouvernance explicites et partagées par tous les acteurs, il faut définir des espaces collectifs dans lesquels se réalise concrètement cette coopération. Cela est nécessaire non seulement pour la réussite de la décentralisation au plan local, mais aussi pour que l'Etat parvienne à se positionner dans cette nouvelle architecture des instances de gouvernance. Au Sénégal, des systèmes dits « cadre de concertation » ont été mis en place et constituent effectivement des lieux de synergie entre acteurs. A cet effet, chaque acteur, en fonction de ces spécificités, a sa pierre à 40 Sindjou(L) : Les relations internationales africaines : entre Etats en crise et flux transnationaux. CODESRIA, document de travail N°1,2002 UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 54 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » apporter à la résolution d'un problème spécifique à certaine échelle et dans l'élaboration d'un plan d'action. Dans la plupart des espaces frontaliers du Sénégal, des coopérations transfrontalières ont fait l'objet d'une initiative locale. UCAD - Département de géographie, Mémoire de maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010 55 « Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal » DEUXIEME PARTIE : RAPPORTS A LA FRONTIERE
ET
|
Produits |
Prix à Matam Réo en francs Cfa |
Prix à Matam Sénégal en francs Cfa |
1kg de sucre |
450 |
750 |
1litre d'huile |
650 |
1100 |
Pot de tomate (2kg) |
1800 |
2200 |
1kg de poivre |
2200 |
2800 |
1kg de lait |
2000 |
2300 |
1kg de farine |
350 |
500 |
Savon (500g) |
250 |
400 |
1 paquet de cahiers |
1300 |
2400 |
Source enquête de terrain 2010 B. BA
Dans la région de Matam, on note l'existence de deux formes de contrebande. Il s'agit de la fraude de subsistance et de la fraude commerciale. Le développement des échanges transfrontaliers et non formels a des avantages et des inconvénients. Les localités frontalières jouissent de la contrebande. Cette dernière a permis l'épanouissement de ces populations qu'elle alimente malgré le faible revenu de certaines familles. Donc le commerce non formel qui s'effectue sur le fleuve contribue à améliorer la condition de vie de ces peuples.
Pour les populations matamoises, il est plus économique de se ravitailler à Kaédi ou à Matam Réo que de le faire à Ourossogui, à Richard Toll ou à Saint Louis.
Le commerce illicite participe à l'enrichissement de certains commerçants. Un bon nombre de vendeurs font entrer illégalement des marchandises venant de la Mauritanie. Le faible prix de revient de celles-ci, leur permet de concurrencer les produits importés et dédouanés. De ce fait elles coutent moins chères et sont plus faciles à écouler. Ainsi ces
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« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »
commerçants qui ne sont pas conformes à la loi gagnent des sommes colossales qui leurs permettent d'investir dans d'autres secteurs. La fonction principale de la ville de Matam Réo est commerciale. La réexportation des produits importés vers la région de Matam rapporte beaucoup de devises à la ville. C'est ainsi qu'on note une augmentation accrue de boutiques mauritaniennes le long du fleuve faisant face à la ville de Matam Sénégal.
Le commerce non formel qui s'opère entre le Sénégal et la Mauritanie porte essentiellement sur des matériels électroniques, des denrées de consommation, des produits textiles, des cigarettes, etc. Les produits qui quittent Matam Réo pour Matam Sénégal sont de loin supérieurs à ceux qui rentrent illégalement en territoire mauritanien. Les marchandises provenant du Sénégal sont essentiellement composées du riz, du gaz butane, du matériel de construction, des légumes, des poissons...
Selon le bureau de la douane de Matam Sénégal, les produits dont le commerce illicite fait l'objet, sont divers et alimentent les grands centres de consommation de la région. Ces produits alimentent tous les marchés des localités du « Dandé Mayo » et du diéri surtout les marchés hebdomadaires (louma). La quantité et la valeur des saisies sont importantes et varient selon la fréquence, le prix des marchandises en Mauritanie et de l'activité des fraudeurs. Chaque mois, la douane arrive à faire rentrer dans les caisses de L'Etat une somme variant entre deux et huit millions francs CFA.54
54 Entretien avec le responsable du service de la douane de Matam
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« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »
Tableau n°9 : principaux produits importés de Matam Réo :
Types de produits |
Composantes |
Matériels électroniques |
Portables ; lecteurs vidéo, DVD, VCD, DVX ; antennes paraboliques ; téléviseurs ; magnétophones ; réfrigérateurs |
Mobiliers de maison |
Fauteuils, chaises, tables, salons, tapis, moquettes... |
Produits pharmaceutiques et de soins |
Médicaments ; produits vétérinaires, laits de beauté, parfums, déodorants ; savons... |
Produits d'élevage |
Bétail, cuir, lait caillé... |
Fourniture scolaire |
Livres, cahiers, stylos, matériels géométriques... |
Produits de consommation |
Sucre ; huile ; farine, tomate ; lait ; bonbon, biscuits ; thé ; cigarette ; canette... |
Produits pétroliers |
Gasoil, essence et pétrole... |
Produits textiles |
Tissu ; prêt à porter |
Source : enquête de terrain 2010 B. BA
Les commerçants matamois exportent aussi vers la ville voisine du matériel de construction composé essentiellement de ciment, du fer, de fils électriques, de plâtre, de la peinture... En plus la localité est ravitaillée en pain par les boulangeries de Matam Sénégal.
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« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »
Tableau n°10 : Les produits sénégalais s'exportant à Matam Réo :
Types de produits |
Composantes |
Produits agricoles |
-Riz (paddy ou décortiquée), -Patate douce, -Tomates fraîches, -Produits fruitiers (Mangues) |
Matériaux de construction |
-Ciment, -Fer, -Bois d'oeuvre, |
Produits énergétiques |
-Gaz butane, |
Matières plastique |
-Chaises, -Ustensiles de maisons, -Divers récipients en plastique |
Source : enquête de terrain 2010 B. BA
Les principaux mouvements qui alimentent la vie des relations transfrontalières dans cette zone sont les migrations à but commercial, les migrations de cérémonie et les migrations sanitaires.
Ces migrations s'effectuent quotidiennement. Chaque matin les femmes mauritaniennes se déplacent pour s'approvisionner en produits maraichers au marché de Matam Sénégal. Ces mouvements de femmes sont liés au fait que la ville de Matam Réo est dépourvue de marché. Ils se font le plus souvent à travers le poste de police frontalier.
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« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »
De l'autre coté du fleuve, les sénégalais traversent la frontière pour pouvoir se ravitailler en produits de consommation courante ou en biens d'équipement.
Ces mouvements s'effectuent de plus de Matam Sénégal vers Matam Réo.
Les liens amicaux et de parenté font que les populations se déplacent de part et d'autre de la frontière pour assister à des cérémonies. Ces mouvements, le plus souvent journaliers, s'effectuent à l'occasion d'un mariage, d'un baptême ou lors des funérailles et fêtes religieuses (Tabaski, Korité, Maouloud ; Ziarra...). Ces migrations traditionnelles entretenues par les liens sociaux se manifestent le plus lors de la fête de Tabaski et de Korité. Ce qui fait que ces populations frontalières célèbrent deux fois les fêtes religieuses et dans deux territoires différents. La plupart du temps la Mauritanie célèbre les fêtes religieuses un jour avant le Sénégal. Quand la ville de Matam Réo célébre la Tabaski ou la Korité, les populations de l'autre rive y viennent pour fêter ensemble avec leurs parents et amis mauritaniens. Le lendemain coïncidant avec la célébration de la fête au Sénégal, les mauritaniens passent la journée à Matam Sénégal.
Les migrations de cérémonie se font de plus de Matam Réo vers Matam Sénégal.
C'est le principal déplacement lié à l'accès aux services administratifs sociaux.
La vallée du fleuve Sénégal, sur ses deux rives, se caractérise par un manque notoire d'infrastructures sanitaires et de personnels qualifiés. Les liens sociaux entre les populations et les rapports entretenus par les autorités administratives frontalières font que les districts sanitaires de Matam Réo et de Matam Sénégal jouent très souvent un rôle de complémentarité.
Les populations de la région pour la plupart démunies rencontrent des difficultés à accéder aux soins médicales du fait de l'élévation du coût de ce service. Certaines populations de Matam Sénégal préfèrent aller se faire soigner à Matam Réo où les coûts de consultation et des médicaments sont plus favorables.
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« Les relations transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal »
Ces déplacements vers le district sanitaire de Matam Réo sont liés aussi au fait que ce dernier est réputé être en bon centre en soins pédiatriques. C'est pourquoi il attire un nombre important d'enfants malades venus de toutes les localités de cette marge frontalière.
Mais quand il s'agit d'hospitalisation, le centre de santé de Matam accueille plus de patients des deux villes car il dispose plus de lits que celui de la ville maurita
La traversée du fleuve dans cette zone est assurée par des pirogues à moteur et par des pirogues à pagaie.
Une seule pirogue motorisée assure la liaison entre les deux postes de police frontaliers. Elle fonctionne de huit heures à dix huit heures. Elle effectue un aller et retour entre les deux rives pendant presque tous les quarts d'heure. En saison de basses eaux, le trajet dure une à deux minutes et le prix du transport est de cent francs CFA ou cinquante Ouguiya. En période de hautes eaux, les prix atteignent cent cinquante francs CFA ou soixante Ouguiya.
Photo n°1 : Transport par pirogue motorisée B. BA 2010
Le nombre de pirogues à pagaie faisant la navette entre les deux villes est très difficile à appréhender à cause de la multiplicité des points de passage et du nombre pléthore de
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transporteurs. En effet, avec le déclin de la pêche continentale, la plupart de ses acteurs se sont reconvertis en transporteurs. Les deux principaux points de passage sont tous localisés dans le quartier de Soubalo : l'un à Thiaydé et l'autre à Gandé. La durée de trajet est plus longue en pirogue en pagaie et peut durer dix minutes. Le prix du transport en saison sèche est de cinquante francs CFA ou vingt Ouguiya. En saison des pluies, avec la crue du fleuve les prix augmentent considérablement et atteignent cent cinquante francs CFA ou soixante Ouguiya.
Photo n°2 : Transport par pirogue à pagaie B. BA 2010
Un constat clair est que les sénégalais empruntent plus ce moyen de communication. Ceci peut être expliqué par deux faits. D'une part, ces pirogues à pagaie appartiennent aux voyageurs ou à des personnes avec qui ils nouent des liens de parenté ou d'amitié. D'autre part, ce fait peut être expliqué par le souhait des voyageurs de contourner les tracasseries douanières et policières.
Les populations des deux rives de la vallée du fleuve Sénégal se sont rapprochées parce qu'appartenant à la même culture et aux mêmes ethnies. De plus, elles sont soudées par le truchement de fréquents mariages qui ont contribué à tisser des liens de parenté. Ainsi les unions conjugales entre les populations de Matam Sénégal et de Matam Réo sont des
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exemples pertinents de mariages transfrontaliers. Dans cette région, on constate des mariages fréquents entre Halpular de la Mauritanie et du Sénégal et entre Beïdane et Halpular. Ces liens entre populations frontalières ont abouti au métissage du peuplement de cette zone. En plus les populations qui ont la double nationalité sont nombreuses dans ces marges frontalières de la Mauritanie et du Sénégal.
L'islam, la principale religion de la vallée du fleuve Sénégal promeut la « Ummah » c'est-à-dire la communauté des croyants par delà des Etats. Tous les flux religieux sont transnationaux par destinations en ce sens qu'ils mobilisent les valeurs de croyances et les représentations échappant au contrôle de l'Etat (Sindjou, 2002). Ce qui fait que les déplacements transfrontaliers à but religieux sont fréquents dans cette région du fleuve. Lors du Maouloud par exemple, un nombre important de mauritaniens viennent à Matam pour y célébrer la fête religieuse. Ces déplacements de Matam Réo vers Matam Sénégal se font plus remarquer lors des « Ziarra ». Les relations à caractère religieux existant entre les deux villes frontalières se manifestent aussi par des visites fréquentes des `' chérifs» (descendants du prophète) chez la population sénégalaise.
Les écoles coraniques mauritaniennes sont fréquentées par un bon nombre de sénégalais de même que certains mauritaniens viennent dans la région de Matam pour y étudier.
Ces relations sont principalement dominées par le sport. Très souvent, lors de la Fête de Tabaski, la commune de Matam Réo organise un tournoi de football auquel participent les jeunes de Matam Sénégal.
Les mauritaniens sont aussi associés aux cérémonies traditionnelles qui se font à Matam pendant les fêtes de l'indépendance. Ainsi la troupe traditionnelle maure participe à la fête par la démonstration de sa richesse folklorique.
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L'avenir des Etats africains, notamment des petits dépend pour une large part de leur aptitude à apprécier les avantages que présente la conjugaison de leurs efforts par le moyen d'une coopération régional, faisant intervenir non pas tout le continent mais un certain nombre de pays d'une région de celui-ci.55 L'évolution des relations entre Sénégal et la Mauritanie, les nombreuses complémentarités, ainsi que la continuité, culturelle, historique, géographique et écologique qui lient les deux Matam, sont révélateurs de potentiels nombreux d'une coopération plus étroite entre les Etats.
Nous allons d'abord revenir sur le concept de coopération transfrontalière, notamment dans sa signification, ses origines, ses objectifs et son évolution dans l'agenda politiques des institutions intergouvernementales en Afrique de l'Ouest (CEDEAO, UEMOA, UA).
La coopération transfrontalière qui se définit comme la mise en oeuvre à l'échelle du territoire transfrontalier des compétences et prérogatives détenues par les collectivités locales ou leurs groupements, constitue un moteur de l'intégration. Elle permet de mettre en synergie toutes les compétences à l'exception de l'exercice des prérogatives des puissances publiques (pouvoir de police, fiscalité ...) et permet aux collectivités de coordonner et d'harmoniser leurs décisions en vue de réaliser des projets et investissements communs.
La coopération transfrontalière est avant tout une initiative et une démarche de proximité entre des entités publiques locales contiguës relevant d'ordres juridiques nationaux différents autour de problématiques communes comme l'environnement, les activités culturelles, les équipements et les migrations...Ces problématiques se distinguent par les interdépendances de nature géographique, urbaine, environnementale et économique qui les lient malgré l'existence d'une frontière nationale. Ainsi se positionne-t-elle comme un moyen de promouvoir le développement régional intégré entre des régions frontalières voisines56.
55 Umbricht (V), La coopération en Afrique. Annuaire français du droit international XXXIII. Edition du CNRS, Paris 1987
56 Diallo(S) : Dynamiques frontalières et développement local urbain dans le contexte de la décentralisation : le cas de la commune de Rosso Sénégal mémoire de DEA UGB 2004-2005.
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Il est à noter que la coopération transfrontalière ne peut être considérée comme une compétence transférée. Elle peut tout au plus être envisagée comme un moyen institutionnel mis en place pour permettre aux collectivités locales d'exercer la batterie de compétences qui leur est déjà dévolue dans le cadre de la coopération décentralisée. Elle est ainsi un outil pour atténuer « l'effet barrière » au niveau des frontières et amoindrir les risques de conflits entre pays limitrophes.
La coopération transfrontalière, en tant que concept opératoire, est née en Europe au lendemain de la seconde guerre mondiale, lors de la reconstruction. Elle accompagne une volonté, des dirigeants du vieux continent, à créer, les conditions d'un développement qui s'appuie sur les complémentarités et les continuités, économiques, sociales, culturelles, écologiques, géographiques dans le cadre de politiques de coopération. Ces derniers sont perçus comme des moyens pertinents qui peuvent contribuer à effacer les « stigmates » que sont les frontières et de modeler les régions périphériques en des espaces catalyseurs des conditions « d'une paix et d'une prospérité durable en Europe ». La coopération transfrontalière qui peut se concevoir comme un moyen de mettre en marche un processus de concertation et d'échanges entre acteurs territoriaux a beaucoup évolué avec le processus de constructions de l'Union Européenne. Elle est donc « un concept qui s'enracine dans une histoire de construction européenne qui d'emblée vise le dépassement des souverainetés nationales57» au profit d'une « souveraineté partagée ». Celle-ci passe nécessairement d'abord par une mutualisation des compétences sectorielles et ensuite, par une définition de politiques et d'objectifs communs et une mise en oeuvre optimale de ceux-ci.
L'exemple européen montre que la Coopération transfrontalière a été, dans un premier temps, le fait des Etats à travers les instruments communautaires et dans un second, une affaire des collectivités locales et territoriales. Celles-ci à la faveur des politiques de décentralisation passent du statut d'objet à celui de sujet de la politique régionale dont elles ont désormais la charge de la définition et de la mise en oeuvre. Selon, DAHOU, « la coopération transfrontalière dans le contexte européen provient d'activités ponctuelles,
57 Karim DAHOU, 2004 : Coopération transfrontalière : vers un dialogue Euro-Africain, in la revue Chroniques transfrontalières. 57pages. www.afriquefrontieres.org
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d'initiatives de particuliers et de la création de réseaux.»58 Une caractéristique qui ne contraste guère avec ce qui se passe en Afrique de l'ouest avec laquelle elle partage plusieurs points similaires.
La coopération transfrontalière a pour objectif principal de promouvoir le développement économique et social transfrontalier par la promotion, la mise sur pied et l'encouragement de stratégies communes et de programmes de développement concertés entre acteurs et collectivités transfrontalières59. Cette collaboration entre voisins vise donc l'amélioration du libre accès aux services publics, le renforcement de la qualité des services fournis et l'intégration des ressources. Cependant l'approche transfrontalière de la coopération dans le cadre du développement ne vise pas à faire disparaitre la frontière mais à l'aborder comme une ressource et non comme un handicap. De ce fait grâce à cette coopération, le territoire transfrontalier devient un lieu positif, un support de projet associant des hommes, des savoir-faire, des dynamiques et des moyens. Néanmoins cette approche doit prendre compte de la diversité que recouvre la notion même de « frontière ».
La Coopération transfrontalière bénéficie d'un intérêt croisant des institutions sous régionales et des Etats en Afrique de l'Ouest. On peut y lire une certaine continuité des progrès importants qui sont réalisés dans le processus d'intégration des économies de la région. Ces avancées se matérialisent avec les échanges économiques au sein de la CEDEAO et l'UEMOA avec notamment l'instauration d'un tarif extérieur commun, la libéralisation du commerce, la promotion de la libre circulation des personnes et des biens, l'harmonisation des politiques publiques dans les domaines de l'éducation par exemples, l'harmonisation du droit des affaires, entre autres.
La coopération transfrontalière est une dimension, stratégique et opérationnelle de la nouvelle vision de l'intégration de la CEDEAO. En effet, en 2007, l'institution régional, à publié un document « Plan stratégique de la CEDEAO, Vision de la CEDEAO Horizon 2020 » inscrite dans le cadre de la mise en oeuvre et de l'atteinte des objectifs de
58 Karim DAHOU, 2004 : idem.
59 Diallo(s) Idem
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développement local et d'intégration régionale. Pour rappel, en 2004, en rapport avec ses partenaires stratégiques comme le Club du Sahel Afrique de l'Ouest (CSAO),Enda Prospectives Dialogues Politiques, la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l' Ouest (CEDEAO) a conçu et mis en oeuvre le Programme d'Initiative Transfrontalières (PIT) adopté par la Conférence des Ministres des Affaires Etrangères des Etats membres avec la signature du mémorandum produit à cet effet, en janvier 2005, à Accra (Ghana). Beaucoup d'avancées ont été notées dans ce domaine avec un processus d'institutionnalisation en cours et une meilleure implication des Etats60.
Cependant, la Coopération transfrontalière reste affaiblie par l'inexistence d'un cadre Juridique achevé, harmonisé, uniforme qui peut l'organiser, l'encadrer, élargir la marge de manoeuvre des acteurs locaux et des collectivités territoriales/locales et faciliter la mobilisation des ressources pour les projets. Toutefois, depuis ces dernières années, des efforts conséquents ont été notés et , aujourd'hui la CEDEAO, a mis a décliné une feuille de route et un plan d'action sur la période 2010-2013, pour réaliser le « bond en avant » tant souhaité par l'ensemble des parties prenantes qui reconnaissent de plus en plus l'intérêt d'une politique de Coopération transfrontalière.
Cet intérêt de la Coopération transfrontalière commence à se faire sentir au niveau continental et dans d'autres organisations intergouvernementales de la sous région. L'Union africaine, a adopté le 25 mars 2010, une déclaration sur la mise en oeuvre du « Programme Frontière ». A travers cette déclaration, l'Union Africaine reconnait la portée politique de la Coopération transfrontalière et les opportunités qu'elle donne au programme frontière de contribuer au renforcement des conditions d'une paix et d'une sécurité durable dans les espaces frontaliers en Afrique61.
Quand à l' UEMOA, elle vient , de sortir d' une conférence sous régionale, le 18 juin 2010 qui a permis entre autre thématiques, d'examiner la question relative à la coopération inter - collectivité en Afrique de l'Ouest et la pertinence d'une approche transfrontalière au moment où la majeure partie des Etats membres sont entrain de mettre en oeuvre une politique de décentralisation. Les actes des cette conférence qui a réuni décideurs étatiques, responsables des collectivités et l'institution, ont approuvé la pertinence d'une approche transfrontalière
60 Commission de la CEDEAO, 2007 : Plan Stratégique, volume I, Vision 2020, 21p
61 Déclaration sur le programme frontière de l'union africaine et les modalités de poursuite et d'accélération de sa mise en oeuvre
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des questions de développement local, régional et de gouvernance territoriale et s'engage à mettre en place des mécanismes pour lui donner une ancrage institutionnelle.
La maitrise de nombreux paramètres et flux économiques suppose une coopération avec les autorités compétentes de l'autre coté de la frontière. En effet comme dans toutes les régions transfrontalières ouest africaines, les discontinuités administratives qui traversent un espace fonctionnel font obstacle à une gestion efficace et coordonnée des problématiques économiques et sociales. Les difficultés peuvent être dues aux différences institutionnelles, réglementaires et politiques, mais aussi à la frontière qui s'avère plus tenace dans les mentalités que dans la vie quotidienne. Il s'agit donc d'inventer une nouvelle façon de penser la région transfrontalière pour le bien être des populations qui y vivent62.
Comme il apparaît dans la première partie du travail, les deux communes ont beaucoup de similitudes tant dans la composition ethno-linguistiques, dans les activités agro-économiques et dans la culture traditionnelle. Ceci trouve son fondement dans leur évolution. Et parler d'une histoire partagée ou unique n'est pas exagéré. Le Sénégal et la Mauritanie sont deux Etats souverains mais liés depuis leur accession à l'indépendance en 1960, par un partenariat fécond dans la cadre d'accord bilatéral mais aussi des rapports qui sont heurtés par moment (Crise de 1989, les problèmes des pêcheurs, la problématique des vallées fossiles, la question de la transhumance, mais aussi la problématique de la délimitation de la frontière actuelle contestée par certaines communautés sénégalaises, notamment dans cette région).
Du fait des relations de bon voisinage et de la diplomatie de proximité, le Sénégal et la Mauritanie disposent de plusieurs cadres de concertation. Ce partenariat a permis aux deux
62 Umbricht (V), La coopération en Afrique. Annuaire français du droit international XXXIII. Edition du CNRS, Paris 1987.
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Etats de mettre en place la grande commission mixte de coopération sénégalo-mauritanienne et de plusieurs accords bilatéraux (accord de pêche, accord de transhumance de bétail).
En outre la participation commune des Etas du Sénégal et de la Mauritanie à des organisations continentales et sous régionales (UA, OMVS, CILSS) favorise la coopération entre les différentes nations. L'OMVS, par exemple a impulsé une approche transfrontalière dans la lutte engagée contre les maladies hydriques pour maximiser les chances de réussite. Du fait de la dimension transfrontalière des deux endémies qui sévissent dans le bassin du fleuve Sénégal, à savoir la bilharziose et le paludisme, l'OMVS offre une plateforme unique pour mener une lutte contre ces maladies par une offensive commune coordonnée et synchronisée sur les deux rives du fleuve Sénégal63. Ainsi le dialogue politique institutionnalisé par cette organisation supranationale pourrait participer largement à la coopération transfrontalière entre ces trois pays.
Du fait des relations de bon voisinage, il existe entre les espaces frontaliers de Matam Réo et de Matam Sénégal une affinité historique et traditionnelle. Les deux villes sont physiquement proches ce qui facilite les communications et les transports. Il est aussi plus simple de travailler entre voisins car ceux-ci connaissent les difficultés économiques de chacun d'entre eux. Les autorités politiques et administratives de la wilaya de Gorgol et de la région de Matam sont familiarisées avec leurs situations réciproques, elles sont mêmes à mesure de choisir ceux des domaines qui se présentent tout particulièrement à une coopération entre leurs différentes régions et à une gestion dans ce cadre.
La géographie, l'histoire et les liens sociaux ont enraciné jusqu'à un certain point dans les deux pays, l'habitude d'une coopération transfrontalière ainsi la question qui se pose est de savoir non pas si les villes doivent coopérer dans le futur, mais comment et dans quelle mesure elles doivent le faire. A cet effet le développement des projets transfrontaliers constitue donc une réponse concrète aux besoins des habitants de ces régions frontalières, aussi bien en ce qui concerne l'environnement, les transports, la santé ou l'économie... Ces projets transfrontaliers deviendront ainsi progressivement des espaces de dialogue
63 http://www.omvs.org/fr/actualités/santé-pigre-omvs
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multiculturel entre acteurs socio-économiques et autorités locales, qui seront autant de creusets de citoyenneté africaine constituant des vecteurs puissants d'intégration.
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La vallée du fleuve Sénégal, dans son ensemble se caractérise par une carence en infrastructures et services urbains de base. L'enclavement partiel et ponctuel ou total auquel sont soumises la majorité des communes de la région est une difficulté supplémentaire à laquelle les populations de cette zone sont confrontées.
La frontière sépare souvent deux entités avec des niveaux de développement économiques différents. Dès lors, certains acteurs économiques peuvent tirer profit de l'existence de ces contrastes. Ceci est sans doute un des facteurs du développement des villes voisines situées de part et d'autre du fleuve Sénégal. Le rôle fiscal de la frontière est lié aux possibilités d'échanges internationaux qu'elle offre en tant que point de rupture et ligne de discontinuité spatiale. C'est là que les importations et les exportations sont comptabilisées, que s'installe la douane et que les taxes sont perçues. C'est pourquoi les frontières ont un rôle majeur dans la détermination des politiques économiques des Etats. De ce fait la plupart des échanges entre Etats sont régis par des conventions tarifaires douanières64.
Le fleuve Sénégal constitue un système complexe de ressource à partir duquel les populations voisines communiquent par des flux de diverses natures. En effet, la différence notée dans les législations du Sénégal et de la Mauritanie dans les domaines économiques et la différence de monnaie font des villes de Matam Réo et de Matam Sénégal, une frontière de zone monétaire. Ces différences rendent possible et entretiennent des économies locales complémentaires de part et d'autre du fleuve.
Les frontières étatiques perçues souvent comme des barrières infranchissables n'ont pas pour autant inscrit les populations dans des territoires fermés. Ces limites matérialisant la souveraineté des Etats actuels institutionnalisées pour la plupart lors de la conférence de Berlin, sont minutieusement révisées et corrigées tout au long de la période coloniale. Aujourd'hui, ces frontières sont reconnues, voire renforcées par les Etats devenus indépendants dans la charte fondatrice de l'Organisation de l'Unité Africaine(OUA)65 .
64 Nassa(D.D.A) : Le commerce transfrontalier et structuration de l'espace urbain au Nord de la Cote d'Ivoire, thèse de doctorat de 3e cycle. Université Bordeaux 3, 2005.
65 Unesco 2005, Des frontières en Afrique du XII au XXe siecle.
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Le renforcement de ces lignes de démarcation par le biais d'une réglementation (qui produit des modes d'exclusion et d'inclusion), a toujours été défié par les populations. Les candidats à l'émigration soumis à des contrôles et contraintes se jouent des frontières. De nouvelles pratiques émergent comme le commerce transfrontalier ou les flux des personnes. La circulation migratoire induite par ces mobilités, participe à la construction d'un espace transnational, espace qui est autant de carrefour, de ponts jetés entre les territoires étatiques66. On se trouve alors face à deux visions apparemment contradictoires. D'une part, il y'a le pouvoir d'Etat, pour lequel la frontière est une limite à contrôler et à protéger, d'autre part les communautés locales considèrent la frontière comme un espace utile qui les fait vivre par son existence même. En effet,» le déploiement des réseaux commerciaux « informels » est l'expression d'une négation ou d'une contestation des cadres spatiaux hérités. (...) la recrudescence de va et vient plus ou moins contrôlés aux frontières, ne peut satisfaire un Etat-nation moderne qui prétend à l'encadrement et au contrôle de son espace» (BENNAFLA, 1999).
L'espace frontalier entre le Sénégal et la Mauritanie que la frontière a tenté de diviser par la création de deux entités politiques à part entière, est assez homogène. Des relations basées sur les liens sociaux et sur la religion se sont établies. Les discontinuités créées par la frontière sénégalo-mauritanienne offrent des avantages comparatifs qu'utilisent les agents économiques dans leurs choix de localisation. Ainsi s'est développé un commerce transfrontalier actif et entretenu par la population. A travers leurs groupes de parenté, leurs obédiences religieuses et leurs appartenances ethniques ; les acteurs sociaux ont inscrit un cadre relationnel dépassant les territoires étatiques. Sous un autre registre les autorités administratives frontalières usent de leurs compétences pour préserver le rapport de bon voisinage afin d'instaurer une cohésion sociale entre les différentes entités.
L'économie urbaine de Matam Réo est essentiellement orientée sur les relations économiques entre le Sénégal et la Mauritanie. Dans la ville sénégalaise le développement d'une économie souterraine ou parallèle apparait comme un `' système compensatoire» au manque d'emploi et au déficit de ravitaillement auxquels est confrontée la commune.
66 Seck , 2003 Idem
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Pour ces villes séparées par le fleuve, celui-ci a toujours constitué un lien autant qu'une barrière, et l'enjeu est désormais d'assurer entre eux une continuité territoriale ouest africaine qui dépasse la seule perspective nationale, et ce, à l'initiative des collectivités locales qui sont les moteurs de cette coopération. La mise en place et le développement des projets transfrontaliers pourraient constituer donc une réponse concrète aux besoins des habitants de cette région frontalière, aussi bien en ce qui concerne l'environnement, les transports, la santé, l'éducation ou l'économie...
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18G 151 versement 108 : L'état des textes administratifs fixant les limites territoriales du Sénégal (1895-1935).
18G 146 versement 108 : la liste des arrêtés généraux et locaux modifiant l'organisation administrative des différentes colonies de la fédération de l'AOF.
18G 146versement 108 : La liste des superficies et populations des territoires de l'AOF (1933-1935).
18G 151 versement 108 : Reformes administratives et réorganisation territoriales (19321940).
18G 53 versement 17 : Délimitation de frontières : limite entre Sénégal et la Mauritanie (1932-1934) cartes des cercles de Dagana et de Guidimakha au 1 :125000e et croquis 1933.
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Beïdane : arabo-berbère de la Mauritanie caractérisé par la couleur blanche de la peau ;
Dandé Mayo : bande de terre située prés du fleuve ;
Diéri : partie de la vallée non inondable par les crues du fleuve ;
Falo (palé au pluriel) : sols alluvionnaires situés sur les pentes d'écoulement des berges du
fleuve et servant des lieux de cultures des céréales, de tubercules et de féculents ;
Harantin : mauritanien descendant d'esclave ou de captif ;
Kollongal : cuvette de décantation servant de lieu de culture ;
Louma : marché hebdomadaire
Naygal : vaine pâture ;
Oualo : plaine alluviale ;
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ANNEXE 1 : Guide d'entretien pour le voyageur
Date
Sexe H . F
Quelle est votre nationalité ?
Mauritanienne, Sénégalaise, Autres
Quelle profession exercez-vous ?
Agriculteur, Commerçant, Ouvrier, Cordonnier, Bijoutier, Autres
Quelle est votre lieu de résidence ?
Sénégal, Mauritanie, Autres
Quelle est votre destination ?
Quelle est la durée de votre séjour au Sénégal ? Heure, Jour, Semaine, Mois, An
Pourquoi voyagez-vous ? Raisons? Si c'est économique
Est-ce pour vendre ? , pour acheter ?
Familiale, Sociale, Culturelle, Religieuse, Sportive, Ludique,
Autres
Avez-vous des activités ou des biens ? Au Sénégal : Oui, Non
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En Mauritanie : Oui, Non
En jouissez-vous librement ? OUI, Non Sinon pourquoi ?
Par quel moyen de transport voyagez-vous ? Pirogue à pagaie, Pirogue motorisée
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ANNEXE : Questionnaire adressé au Bureau de Douane
1) Nombre d'agents ?
2) Combien de véhicules disposez-vous ?
3) Disposez-vous d'un moyen de transport fluvial ? Combien ?
4) Quelle est la nature des marchandises saisies ?
5) Quelle est la quantité des marchandises saisies ?
.....
6) Subtilités des contrebandiers pour camoufler les marchandises frauduleuses ?
.....
7) Quels sont les moyens utilisés pour : V' Déjouer votre surveillance ? V' S'opposer à votre poursuite ? V' Se défendre contre vous ?
8) Y a-t-il eu mort(s) d'homme(s) ? V' Quand
V' Combien
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9) Comment la fraude se fait-elle ?
y' De manière personnelle ?
y' De groupes d'individus ?
y' De mouvements associatifs ?
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1. Où vous fournissez-vous en marchandises ? Si c'est en Mauritanie
a) Payez-vous des taxes à l'importation ?
b) Passez-vous par le poste de douane ?
c) Avez-vous des relations autres que professionnelles avec les agents de la douane ?
d) Avec quelle monnaie achetez-vous vos marchandises ?
e) Quels produits vendez-vous ?
f) Vos prix sont-ils ceux pratiqués à Matam Réo ?
g) Que faites-vous de vos bénéfices au Sénégal ? V' Réinvestissez-vous dans le commerce ?
V' Réinvestissez-vous dans un autre secteur ? lequel ?
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V' Combien en épargnez-vous ?
h) Avez-vous été verbalisé par les services de la douane, de la police des frontières, des contrôleurs économiques ?
V' Si oui combien de fois ?
V' Pourquoi ?
i) Quel est le montant de vos transactions Avez-vous tout payé ou une partie ?
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y' De quelle localité venez-vous ?
y' Les produits achetés sont-ils destinés à la consommation ou à la revente ?
y' Généralement où les revendez-vous ?
y' Quelles sont les quantités achetées ?
...
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ANNEXE 5 : Questionnaire aux autorités administratives :
1. Depuis quand occupez vous cette fonction ?
2. D'une manière générale quel type de relation entretiennent les circonscriptions administratives de Matam Réo et de Matam Sénégal ?
3. Y'a t-il des différends opposant les populations frontalières ?
4. Quels les litiges les plus récurrents opposant ces populations frontalière ?
6. Comment réglez-vous les problèmes entre les populations frontalières ?
7. Ya t-il coordination des activités entre les services administratifs frontaliers ?
8. Comment la coordination des activités se fait- elle ?
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LISTE DES TABLEAUX :
Tableau n°1 : Evolution de la population de la commune entre 1976 et 2002 page 31
Tableau n° 2 : Répartition de la population par quartier page31.
Tableau n°3 Répartition des pêcheurs et des engins de pêches page 36
Tableau n°4 : Répartition des actifs du secteur artisanal page 37
Tableau n°5 : Occupation du sol par les infrastructures page 39
Tableau n°6 : Répartition par types de branchements et par quartier page 44.
Tableau n°7: Principales caractéristiques de la voirie revêtue et le niveau de desserte par
quartier page 45.
Tableau n°8 : comparaison des prix de certains produits entre les deux villes page 77
Tableau n°9 : Les produits sénégalais s'exportant à Matam Réo page 79
Tableau n°10 : principaux produits importés de Matam Réo page 80
LISTE DES GRAPHIQUES :
Graphique 1 : histogramme de l'évolution de la population de Matam Sénégal page32
Graphique2 : Répartition de la population de Matam Sénégal selon les groupes
ethniques page 34
Graphioque3 : répartition des commerçants de Matam Sénégal page 37
Graphique 4: Répartition des abonnés au réseau de la Senelec page 43.
Liste des cartes :
Carte n°1 : situation de la ville de Matam
Sénégal page 26
Carte n°2 : Croquis
Géomorphologiques du Tissu urbain de Matam page 28
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Liste des figures :
Figure n°1 : Températures moyennes annuelles à Matam de 1996 à 2005 page 29
Figure n°2 : Précipitations moyennes annuelles à Matam de 1996 à 2002 page 30
Liste des photographies :
Photo n°1 : Transport par pirogue motorisée page 82 Photo n°2 : Transport par pirogue à pagaie page 83
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LISTE DES SIGLES ET ABREVIATION 4
AVANT PROPOS 5
DEMARCHE METHODOLOGIQUE 7
DISCUSSION DES NOTIONS ET CONCEPTS 9
PROBLEMATIQUE 13
INTRODUCTION GENERALE 16
PREMIERE PARTIE : DES BOURGADES DE LA VALLEE DEVENUES DES VILLES
FONTALIERES 19
CHAPITRE I: LES MATAM : DES TRAJECTOIRES PRESQUE IDENTIQUES 20
I. A la genèse des « Matams » 20
II. Evolution des administrations locales déconcentrées 22
CHAPITRE II : UNE GEOGRAPHIE DETERMINEE PAR LE FLEUVE SENEGAL 24
I. Matam Réo et Matam Sénégal, deux villes de deux pays, un seul cadre géographique 24
1.1. Situation géographique et spécificité des sites 24
1.2. Caractéristiques climatiques 28
1.3. Population et peuplement 31
1.4. Les activités économiques 35
II Infrastructures et services urbains de base 38
2.1. Etat des infrastructures dans les deux localités 38
2.2. Les services urbains 41
2.3. La voirie 45
CHAPITRE III : UN PROCESSUS D'INTEGRATION A L'EPREUVE 48
I. Les freins à l'intégration : 48
II. Les ressorts de l'intégration des deux pays 51
DEUXIEME PARTIE : RAPPORTS A LA FRONTIERE ET TYPOLOGIE DES
RELATIONS 55
CHAPITRE I : LES ETATS, LES VILLES, LA FRONTIERE ET LES POPULATIONS 56
I Les rapports des populations à la frontière 56
1.1 Le fleuve un obstacle géographique plus qu'une frontière administrative ? 56
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1.2 Le fleuve une ressources dont il faut tirer des profits 57
II Et les Etats dans tout cela ? 58
2.1 La Police des frontières et la gendarmerie pour la sûreté et la sécurité. 59
2.2 La Douane pour le prélèvement des rentes : 60
CHAPITRE II : LES FONDEMENTS DES RELATIONS ENTRE LES DEUX VILLES 62
I. Des relations assises sur un socle historique fort et raffermies par la proximité géographique 62
1.1. Le ciment de l'histoire : 62
1.2. Le « diktat » de la géographie 63
II. Des relations entretenues et consolidées par les deux jeunes Etats 64
2.1 Une coopération bilatérale dynamique : 64
2.2 Une concertation permanente sur les questions économiques et sécuritaires 64
FRONTALIERES 66
I. Les relations de types administratives 66
1.1 Les rapports administratifs : 66
1.1.1 Visites et rencontres d'échange entres autorités administratives déconcentrées : 66
1.1.2. Le règlement des problèmes entre populations frontalières : 68
1.2 La coordination entre les services techniques et administratifs 71
1.2.1. La concertation entre les services techniques d'agriculture et d'élevage 71
1.2.2 La coordination des actions dans le secteur de la santé et de la Sécurité 72
II. Les relations commerciales 73
2.1 Le commerce légal ou formel 74
2.2 Le commerce non formel ou illégal 75
III. les relations socio-culturelles, religieuses, sportives et ludiques 81
IV. La cooperation un nouveau champ d'exploration pour les relations senegalo
mauritaniennes : 85
4.1 Qu'est ce que la coopération transfrontalière? 85
4.1.1 La coopération transfrontalière, un concept né en Europe : 86
l'intégration en Afrique de l'Ouest 87
entre les deux communes 89
4.2.1 La coopération transfrontalière une voie de plus en plus explorée en Afrique de l'ouest 89
4.2.2 Un cadre pour renforcer les initiatives locales de coopération 90
CONCLUSION GENERALE 92
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BIBLIOGRAPHIE 94
GLOSSAIRE 99
ANNEXES 102
Listes des tableaux, graphiques, cartes et photographie 110
TABLE DES MATIERES 112