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 UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Sommaire :
REMERCIEMENTS .3 
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATION 4 
AVANT PROPOS 5 
DEMARCHE METHODOLOGIQUE 7 
DISCUSSION DES NOTIONS ET CONCEPTS 9 
PROBLEMATIQUE 13 
INTRODUCTION GENERALE 16 
PREMIERE PARTIE : DES BOURGADES DE LA VALLEE DEVENUES DES
VILLES 
FONTALIERES 19 
CHAPITRE I: LES MATAM : DES TRAJECTOIRES PRESQUE DIFFERENTES
20 
I.  A la genèse des « Matams » 20 
II.  Evolution des administrations locales
déconcentrées 22 
 
CHAPITRE II : UNE GEOGRAPHIE DETERMINEE PAR LE FLEUVE SENEGAL
24 
I. Matam Réo et Matam Sénégal, deux villes
de deux pays, un seul cadre géographique 24 
II Infrastructures et services urbains de base 38 
CHAPITRE III : UN PROCESSUS D'INTEGRATION A L'EPREUVE 48 
I.  Les freins à l'intégration : 48 
II.  Les ressorts de l'intégration des deux pays 51 
 
DEUXIEME PARTIE : RAPPORTS A LA FRONTIERE ET TYPOLOGIE DES 
RELATIONS 55 
CHAPITRE I : LES ETATS, LES VILLES, LA FRONTIERE ET LES
POPULATIONS  56 
I Les rapports des populations à la frontière 56 
II Et les Etats dans tout cela ? 58 
CHAPITRE II : LES FONDEMENTS DES RELATIONS ENTRE LES DEUX VILLES 
62 
I.  Des relations assises sur un socle historique fort et
raffermies par la proximité géographique 62 
II.  Des relations entretenues et consolidées par les deux
jeunes Etats 64 
 
CHAPITRE III : TYPES ET NATURE DES RELATIONS ENTRE LES
DEUX CITES
FRONTALIERES 66 
I.  Les relations de types administratifs 66 
II.  Les relations commerciales 73 
III.  les relations socio-culturelles, religieuses, sportives et
ludiques 81 
 
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
IV. La cooperation un nouveau champ exploratoire pour les
relations senegalo 
mauritaniennes :  85 
CONCLUSION GENERALE 92 
BIBLIOGRAPHIE 94 
GLOSSAIRE 99 
ANNEXES 102 
Listes des tableaux, graphiques, cartes et photographies
110 
TABLE DES MATIERES 112 
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3 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
REMERCIEMENTS :
Je tiens à remercier vivement tous les professeurs et les
personnes qui, par leur compétence, leur générosité
ou leur amitié ont permis à ce travail de voir le jour. 
Tout d'abord, mes parents pour la confiance et les moyens
investis pour ma réussite dans les études; 
Mon directeur de recherche en l'occurrence Monsieur
Ahmadou Fadel KANE, qui a accepté de guider mes premiers pas
dans la recherche. Sa disponibilité et ses conseils ont permis à
ce travail de se dérouler dans les conditions les meilleures. Trouvez
ici Professeur l'expression de mes sentiments reconnaissants. 
La réalisation de ce modeste Travail d'étude et
de recherche, n'a été possible qu'avec l'appui tant
matériel, moral et scientifique de nombreuses personnes dont je ne
saurais taire les noms. 
> Mouhamadou Abdoul, Souleymane DIALLO, Abel NDONG,
Boubacar KANTE et à tous les agents de Enda Prospectives Dialogues
Politiques qui ont pris le temps de m'accueillir, de me guider, et de corriger
mon travail, en reconnaissance de l'appui et de l'affection qu'ils m'ont
entouré durant toute la période de mon stage. 
> Monsieur ANAS, Premier secrétaire de l'ambassade
de l'Etat de Palestine à Dakar qui a pris la peine de relire le document
et d'en apporter des corrections. 
> Monsieur Saidou Abdoul BA, pour son affection et son
soutien 
> Monsieur GUEYE, Adjoint au préfet de Matam pour sa
collaboration et ses encouragements. 
> Mes ami(e)s et frères: Méité, Barka
CISSE, Sanoune KALOGA, Habib KA ; Souleymane TABARA ; Khassim DIAGNE, Moussa
FALL, Cheikh Oumar SOW, Cheikh DJIMERA, Aliou SALL, Daouda DIA en
reconnaissance de leur amitié, de leur soutien, de leur
fidélité, et de leur franchise; à tous les
étudiants du département de Géographie. 
> A tous le corps professoral du département de
Géographie de l'UCAD, sans lequel nous n'aurions pu amasser toutes les
connaissances qui ont abouti à la rédaction de ce
mémoire. 
> A messieurs NGAIDE, THIAM, BA et tous les professeurs du
département d'Histoire de l'UCAD. 
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
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LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
ADM : Agence de Développement
Municipale 
AFD : Agence Française de
Développement 
ANSD : Agence Nationale de la Statistique et de
la Démographie 
AOF : Afrique Occidentale Française 
CEDEAO : Communauté Economique des Etats
de l'Afrique de l'Ouest 
CILSS : Comité International de Lutte
contre la Sécheresse au Sahel 
CNCAS : Caisse Nationale de Crédit
Agricole du Sénégal 
COCC : Code des Obligations Civiles et
Commerciales 
DIP : Droit International Privé 
DPAF : Direction de la Police des Airs et des
Frontières 
ENEA : Ecole Nationale d'Economie
Appliquée 
FIT : Front Intertropical 
IFAN : Institut Fondamental d'Afrique Noire 
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé 
OMVS : Organisation pour la Mise en Valeur du
fleuve Sénégal 
PF : Programme Frontière 
PRODAM : Projet de Développement Agricole
de Matam 
PTIL : Projet Transfrontalier d'Initiative
Locale 
RIM : République Islamique de la
Mauritanie 
SAED : Société Agricole
d'Exploitation du Delta 
SDE : Sénégalaise Des Eaux 
SENELEC : Société Nationale
d'électricité 
SONATEL : Société Nationale de
Télécommunication 
UA : Union Africaine 
UCAD : Université Cheikh Anta Diop De
Dakar 
UGB : Université Gaston Berger
UMA : Union du Maghreb Arabe 
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
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AVANT PROPOS
L'étude des relations transfrontalières occupe
une place fondamentale dans le processus de mondialisation et
d'intégration régionale. Les frontières des Etats actuels
constituent de véritables obstacles au développement social et
économique du continent africain. En effet, elles peuvent restreindre
les mouvements des hommes et des biens avec comme conséquence la
réduction du marché des échanges. 
En dépit de la volonté de certains Etats de
marquer leurs territoires par un strict contrôle frontalier ; les flux
des personnes et des biens augmentent entre les différents pays du
monde. C'est ainsi que le fleuve Sénégal comme la plupart des
limites administratives ne constituent pas une ligne de séparation pour
la population. Il n'arrête pas souvent le déplacement. Les
échanges entre régions ont favorisé le tissage d'intenses
relations sociales surtout en zone frontalière et la constitution
d'espaces économiques ou monétaires permettant d'une part de
transcender les espaces politiques et d'autre part débaucher une
intégration sous régionale. 
C'est ainsi qu'il nous a paru important d'étudier les
relations entre le Sénégal et la Mauritanie à travers les
villes de Matam Réo et de Matam Sénégal. Le choix du sujet
« les relations transfrontalières entre deux villes « jumelles
1» du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal »s'explique par plusieurs raisons. Notre origine
matamoise nous a donné l'opportunité d'aller plusieurs fois en
territoire mauritanien en traversant la frontière et de nous rendre
compte des relations qu'entretiennent les deux villes voisines. Elle nous a
aussi permis d'observer les flux transfrontaliers qui se font à partir
du fleuve. Le contact direct avec la population mauritanienne a permis de
constater les divergences et les similitudes entre les deux nations. Le
Sénégal et la Mauritanie, bien qu'étant des Etats
souverains sont plus ou moins semblables à divers égards. En
effet de part et d'autre nous retrouvons la même langue
héritée de la puissance coloniale. 
Un autre constat est qu'il y'a beaucoup plus de contrôle
en territoire mauritanien qu'en territoire sénégalais comme si la
Mauritanie tient plus à la frontière que le
Sénégal. Le fait que deux villes soient « jumelles »
ayant des monnaies différentes, une différente conception de 
1« jumelles » n'ont pas parce qu'elles sont
nées en mêmes temps mais par leur position géographiques.
Les deux Matam sont juxtaposées et séparées par le fleuve
Sénégal 
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
l'aménagement du territoire et des systèmes
d'administration différents rend pertinent l'étude des relations
entre les villes. 
Le désir d'apporter une modeste contribution dans
l'édification de cet espace d'autant plus que certains facteurs
très importants ont été souvent sous estimés dans
le cadre de l'intégration a favorisé le choix du sujet. Il s'agit
pour nous d'étudier les relations et la complémentarité
des deux villes, d'une part et d'autre part, le rôle des villes dans le
processus d'intégration car les espaces frontaliers constituent de
véritables chainons d'intégration socio-économique. . En
effet, le rapprochement des populations frontalières et la
coopération dans certains domaines d'activités entre ces deux
villes peuvent avoir une prise directe sur l'intégration des pays. 
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
DEMARCHE METHODOLOGIQUE
La méthodologie utilisée dans la réalisation
de ce travail d'étude et de recherche est basée sur trois axes
que sont : la recherche documentaire, les travaux de terrain, et le traitement
des données. Au préalable, nous avons consulté deux
ouvrages de méthodologie de recherches en sciences sociales dans le but
d'adopter une démarche scientifique. Il s'agit de MACE G. «
Guide d'élaboration d'un projet de recherche », De Boeck
Université, 117 p. YAPI-D-A. (2003) : « la recherche urbaine
à l'épreuve des milieux marginalisés dans la ville.
Réflexion sur les défis méthodologiques en sciences
humaines ». EDUCI, Collection 
Recherche et Méthodologique, 123 p 
La documentation a consisté à rassembler des
informations écrites et non écrites sur les deux villes, voire
les deux pays. Elle s'est déroulée tout au long de notre travail
de recherche et de collecte des données bibliographiques d'une part et
des données cartographiques et photographiques d'autre part. Ce qui nous
a permis de visiter les salles de travail des Archives Nationales du
Sénégal, de l'IFAN, de l'ENEA, de l'Agence Nationale de la
Statistique et de la Démographie (ANSD)... Nous avons aussi
consulté des ouvrages de la bibliothèque centrale de
l'université Cheikh Anta Diop, de l'Enda Diapol et de celle du
département de Géographie. Il s'en est suivi des visites aux
directions de l'Aménagement du territoire, de l'urbanisme et de
l'architecture, des collectivités locales, de l'ADM à Dakar, et
auprès des services de l'Etat présents dans la ville de Matam
(Gouvernance, Impôts et Domaines, Cadastre, Division de l'urbanisme et de
l'habitat, Mairie, SENELEC, SDE, SONATEL...) où des documents ont
été mis à notre disposition. 
Les travaux de terrain ont été
réalisés en deux phases : 
- La première phase est la reconnaissance de notre zone
d'étude par cartographie du site à étudier suivie de
l'observation des mouvements qui s'y effectuent. 
- La deuxième phase a consisté à faire des
entretiens et à établir des questionnaires. 
La dernière phase de la démarche
méthodologique a consisté à traiter toutes les
données obtenues au cours de la recherche documentaire et lors des
enquêtes. 
Lors de nos études de terrains nous avons rencontré
un certains nombres de problèmes : 
? La réticence de la population locale aux enquêtes.
Dans cette marge frontalière, l'enquêteur est souvent
considéré comme un dénonciateur ; 
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
·  Une méfiance des personnes enquêtées
vis-à-vis des questionnaires. 
·  L'absence de réponse à certaines questions
adressées aux agents de sécurité liée au droit de
réserve des hommes de tenue ; 
·  La méfiance de la population mauritanienne aux
questions liées à la frontière surtout quand
l'interlocuteur est sénégalais. 
·  L'absence d'une documentation sur la ville de Matam
Réo; 
·  L'absence de données cartographiques
récentes concernant les deux rives du fleuve sénégal; 
·  L'éloignement du site d'étude par rapport
à Dakar. 
 
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
DISCUSSION DES NOTIONS ET CONCEPTS
Dans ce mémoire, nous serons emmenés à
faire recours à certains notions et concepts, qui constituent les mots
clés du sujet que nous abordons. Ils méritent qu'on y apporte
quelques éclaircissements qui nous permettront de nous familiariser avec
eux car sans doute, reviendront-ils souvent tout au long de l'analyse. 
1. La frontière: comment la définissons
nous ?
La notion de frontière au sens actuel, qui
succède à celle de confins, est associée au
développement de l'État moderne, tel qu'il s'est
développé en Europe à partir des XIIIe et
XIVe siècles. Ainsi on distingue plusieurs types de
frontière : frontière naturelle, artificielle... 
La notion de frontière naturelle est établie au
XVIIe siècle et s'appuie sur des barrières physiques
constituées par des montagnes, crêtes, fleuves... Aujourd'hui,
elle tend à perdre son sens dans les conditions actuelles de circulation
et de franchissement, mais dans certains cas, elle garde une valeur de
symbole2. 
Sur le plan territorial, la frontière est aujourd'hui
considérée comme une ligne définie, marquant la
séparation entre deux territoires relevant de juridictions
différentes. Toutefois, cette notion de frontière précise
et intangible n'a pas toujours existé. Dans de nombreuses régions
et à des époques diverses, les limites territoriales
n'étaient pas définies avec précision. Si les
frontières sont aujourd'hui garanties par le droit international, elles
n'en sont pas moins dans leur genèse et à titres divers, le
produit de rapports de force. Elles sont en grande partie le produit de
l'avancée des armées et des calculs stratégiques de la
part des puissances politiques. Dans son ouvrage Géographie des
frontière (1938), le géographe Jacques Ancel définit
la frontière « comme un `isobare politique' qui fixe, pour
un temps, l'équilibre entre deux pressions ; équilibre de masses,
équilibre de force ». 
Les géographes Pierre George et Ferdinand Verger
définissent la frontière comme « une limite d'un
territoire d'un Etat, reconnue au titre d'accords internationaux traité
entre voisins ou arbitrage d'une conférence ou d'une organisation
internationale »3. 
2 George(P) et Verger (F),2002: Dictionnaire de la
géographie édition Sirey. 
3 Ibidem 
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Dans ce mémoire nous définissons la
frontière comme la limite de souveraineté territoriale 
d'un Etat. 
2. Le territoire : « support et
propriété » :
La notion de territoire a pris une importance croissante en
géographie et notamment en géographie humaine et politique,
même si ce concept est utilisé par d'autres sciences humaines.
Dans le dictionnaire de géographie de Pierre George et Fernand Verger,
le territoire est défini comme un espace géographique
qualifié par une appartenance juridique (on parle ainsi de «
territoire national ») ; ou par une spécificité naturelle ou
culturelle : territoire montagneux, territoire linguistique. Dans ce dernier
cas, le terme d'aire (« aire linguistique ») pourrait lui être
préféré. Quelle que soit sa nature, un territoire implique
l'existence de frontière ou de limite. Ces deux derniers termes sont
utilisés en fonction du type de territoire dont ils forment le
périmètre. Un territoire politique ou une subdivision
administrative est délimitée par une frontière ; un
territoire naturel est circonscrit par une limite, terme moins juridique. Il
désigne un « agencement des ressources matérielles et
symboliques capable de structurer les conditions pratiques de l'existence d'un
individu ou d'un collectif social et d'informer en retour cet individu et ce
collectif sur sa propre identité »4. 
Au plan économique le territoire relève de
l'acquisition par la population d'une compétence économique
spécifique à partir d'avantages naturels ou humains. Le
territoire est une étendue qui dépend d'un Etat, d'une
juridiction, qu'occupe un groupe humain5. Yves Lacoste quant
à lui définit le territoire comme «... une
étendue clairement délimitée sur laquelle s'exercent son
autorité (pouvoir) et en principe sa souveraineté où il
est normalement responsable de l'ordre public et dont il prétend assurer
la défense... »6 Donc la notion de territoire est
une appropriation à la fois politique, idéologique, sociale et
économique de l'espace par un groupe. 
3. Espace frontalier, espace transfrontalier :
L'espace frontalier (région, agglomération,
zone) se trouve en situation de périphérie, de confins dans un
contexte national et fait l'objet d'une gestion spécifique de la part
des 
4 Di Méo(G),1996 . Le territoire du quotidien,
p.40 
5 Dictionnaire Larousse 2005 
6 Lacoste (Y), 2008. Géopolitique, la longue
histoire d'aujourd'hui, Larousse 335p 
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11 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
États en raison de la présence de la
frontière, de cette limite bornée de son territoire. Or cette
situation diffère selon la taille des États, l'éloignement
des lieux de pouvoirs (au sens propre et au sens figuré),
l'intérêt stratégique de cet espace pour l'État, le
degré d'ouverture des frontières. 
L'adjectif transfrontalier, quand à lui traduit la
traversée, le passage, la transgression : il s'applique à priori
à tout mouvement, toute relation à travers une limite politique
entre deux États. Cependant, la notion de transfrontalier est
profondément liée à celle de proximité, les
relations entre deux États relèvent en règle
générale du transnational. Les relations transfrontalières
s'établissent entre des unités spatiales appartenant à
deux régions contiguës, séparées par une limite
d'État. Dès lors se pose la question des distances (distance
kilométrique, distance-temps, etc.) sur lesquelles les effets de
proximité se font sentir. Or ces effets varient en fonction du
degré d'inter-relations existant entre les espaces et les lieux en
présence. Reconnaître un espace transfrontalier suppose qu'au
préalable existent des espaces frontaliers que nous désignons
comme une partie d'un territoire national bordée par une
frontière d'État7. 
Parler d'espace transfrontalier suppose que la
frontière présente un certain degré de porosité
(l'ouverture l'emporte sur la fermeture), qu'elle est reconnue par les
États (ligne stable) et que les conflits y ont disparu (frontière
apaisée). Le passage du frontalier au transfrontalier renvoie à
l'idée que le lien l'emporte sur la séparation et que des
échanges structurés, organisés et durables s'effectuent
sur de courtes distances de part et d'autre de la frontière (distincts
des échanges transnationaux). Certains échanges se
développent en raison de l'existence de différentiels (de
coûts, d'offre, de structure par âge, etc.). La porosité de
la frontière permet également la diffusion de certains
caractères d'un territoire à l'autre. Dans les deux cas, une
certaine durée est nécessaire pour identifier de
véritables échanges transfrontaliers8. 
7 
www.espaces-transfrontaliers.org 
8 
www.espaces-transfrontaliers.org 
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12 
« Les relations transfrontalières entre deux
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Sénégal » 
4. Intégration régionale : « De la
volonté exprimée à la prise en compte dans les agendas
politiques en Afrique » :
Le mot intégration vient du latin « integrare
» qui veut dire renouveler ou rendre entier. Ainsi elle désigne le
fait d'entrer dans un tout, dans un groupe, dans un pays etc. En sociologie,
l'intégration est définie comme le processus ethnologique qui
permet à une personne ou à un groupe de personnes de se
rapprocher et de devenir membres d'un groupe plus vaste par l'adoption de ses
valeurs et des normes de son système social. 
En science économique, elle désigne la
stratégie de regroupement d'activités au sein d'une même
entreprise. 
On peut admettre dans ce travail la définition de
l'intégration comme un processus résultant d'une démarche
volontaire de deux ou plusieurs ensembles de partenaires, appartenant à
des Etats différents en vue d'une mise en commun d'une partie de leurs
ressources. Aujourd'hui la notion d'intégration est de plus en plus
couplée à celles de coopération et de construction
communautaires. Ces termes constituent un complément à
l'intégration. 
. 
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13 
« Les relations transfrontalières entre deux
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PROBLEMATIQUE
La plupart des frontières des Etats de l'Afrique ne
résultent pas d'une longue histoire locale. Elles ont été
tracées par les puissances impérialistes non soucieuses des
réalités sociales, culturelles ni des rapports entre les peuples.
Ces limites imposées ne sont ni culturellement ni économiquement
logiques. Ces frontières tracées dans la majorité au
siècle dernier par les européens, ont fini par acquérir
une légitimité et une existence réelles. Ces limites
étatiques ne constituent plus simplement des barrières
artificielles issues de la colonisation. Aujourd'hui, elles séparent des
univers politiques, économiques et culturels qui peuvent s'affronter.
Cependant les délimitations frontalières furent
fréquemment transgressées par les populations depuis la
période coloniale. Pour ces populations, les limites entre les pays ne
constituent pas des barrières infranchissables. Constamment franchies
par les hommes et les marchandises et souvent clandestinement, elles ont
été réappropriées par les africains pour devenir un
des éléments de leur `'bagage» mental et identitaire. C'est
ainsi que le fait frontalier est devenu un symbolisme des pays africains
pouvant déterminer le rapport à l'autre9. 
De nos jours, l'économie du monde semble entrain de
naitre un espace global où les notions d'entreprise, d'emploi, de
marché, d'investissement, strictement nationaux, perdent leur sens
où la logique d'indépendance s'efface derrière celle
d'interdépendance10. La mondialisation et
l'intégration régionale ont eu comme effet la création de
grands blocs et l'élargissement du marché des échanges.
Dès lors, les distances sociales et même culturelles sont
réduites, voire éliminées à l'échelle
planétaire. Cependant, mêmes si les personnes traversent de plus
en plus les frontières, les flux transrégionaux de marchandises
et de capitaux sont plus importants. 
Cette globalisation de l'économie a plus
favorisé certains pays que d'autres. Les grandes puissances mondiales
ayant fini de faire leurs promotions économiques et sociales se
disputent les marchés des pays les moins avancés. Les Etats
africains balkanisés et sous développés se retrouvent
très impuissants devant cette réalité. Cette situation a
poussé les gouvernements du continent à penser
qu'isolément aucun pays ne peut faire face à cette 
9 Dubois (C), Michel (M) et Soumille(P), 1998.
Frontières plurielles frontières conflictuelles en Afrique
subsaharienne édition Harmattan 460 pages 
10 Brand(D) et Durosset(M) ,2002 : Dictionnaire
thématique histoire géographie, édition Sirey, 559p. 
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14 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
nouvelle donne. Donc la nécessité
d'intégrer les espaces régionaux est devenue une priorité
pour ces pays. 
Le contexte d'ouverture aux modèles et produits du
marché mondial, d'urbanisation, de croissance démographique et de
mutations économiques a favorisé le redéploiement et la
restructuration des relations entrainant une interconnexion des espaces
complémentaires jusque là inédits. Le développement
de petites et moyennes villes le long des frontières étatiques
participe aussi aux échanges transnationaux qui profitent à
certaines populations. L'accroissement des mouvements transfrontaliers entre le
Sénégal et la Mauritanie devait inciter les deux Etats à
refondre leur cadre institutionnel pour aboutir à une
intégration. 
Bien qu'ayant entretenu dans le passé des relations en
dents de scie les deux pays affichent aujourd'hui une volonté de
rapprochement. C'est ainsi que le fleuve Sénégal constitue une
source d'union entre les populations riveraines des différents Etats qui
le partagent comme en témoigne l'OMVS. 
Les relations transfrontalières constituent un
élément fondamental dans le processus d'intégration
régionale. Pour en faciliter l'intégration, il est évident
que les Etats jouent sur les zones frontalières. De ce fait, il est
nécessaire d'aménager ces espaces pour accélérer
les politiques afin de faire de ces zones des chainons d'intégration
socio-économique. Les deux villes de Matam Réo et de Matam
Sénégal constituent des `'couloir » qui se manifestent par
leur dynamisme commercial. A cet effet, elles doivent être fournies en
équipements de base dont le rayonnement dépasse chaque territoire
national. C'est sous ce rapport que nous trouvons pertinent d'axer notre
thème d'étude et de recherche sur les relations
transfrontalières entre deux villes jumelles du fleuve
Sénégal : Matam Réo et Matam Sénégal. Il
s'agit pour nous de montrer l'intensité des relations
transfrontalière entre les deux villes, d'étudier les fondements
de ces relations et d'analyser les atouts et limites à
l'intégration. 
Ainsi après avoir fait une présentation des deux
villes, nous essayerons de mettre en évidence le rôle du fleuve
Sénégal dans la vie de la population pour aboutir à la
typologie des relations transfrontalières. Ces deux villes de par leur
position géographique, d'une part et à travers des
différences au niveau des productions et de la monnaie d'autre part, ont
mis en place un `marché commun' dynamique et prospère. 
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Cependant les rapports entre l'Etat du Sénégal
et la République Islamique de Mauritanie (RIM) sont freinés par
plusieurs facteurs. En effet la fréquence des contrôles
frontaliers surtout en territoire mauritanien, limite les mouvements des
personnes. En outre la frontière sénégalo-mauritanienne
n'a pas simplement une dimension politique et administrative. Elle
sépare deux espaces monétaires et deux systèmes
économiques différents. Le Sénégal appartient
à l'UEMOA c'est-à-dire à la zone franc alors que la
Mauritanie a sa propre monnaie et est membre de l'UMA (Union du Maghreb Arabe).
Derrière le commerce institutionnel qu'entretiennent les deux villes, se
cache un autre type d'échanges dit commerce illicite dont les contours
restent difficiles à appréhender du fait de la
multiplicité des points de passage. Ce réseau tissé entre
commerçants sénégalais et mauritaniens ; engendre des
enjeux financiers énormes et alimente une `'économie souterraine
`' ou parallèle. 
Ces flux transfrontaliers de marchandises bien que faisant la
concurrence à certaines industries sénégalaises (CSS,
SONACOS...) ; permettent à la population locale de se ravitailler en
produits de denrées de première nécessité à
des prix moins chers comparés à ceux des autres régions du
Sénégal. Ces échanges commerciaux accompagnés de
banques informelles sont devenus une activité importante dans cet espace
frontalier. C'est ainsi que nous nous posons les questions suivantes :
Faut-il limiter les échanges transfrontaliers pour marquer
son territoire ? Faut-il dépérir la frontière afin de
faire des deux localités un véritable espace d'échange et
d'intégration de proximité ? 
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
INTRODUCTION GENERALE
Les mouvements des populations ont pendant longtemps
animé le vécu des africains. Depuis le moyen âge, l'Afrique
de l'Ouest est inscrite dans une dynamique de circulation des personnes et de
commerce transsaharien entre le Maghreb et l'Afrique noire. La colonisation
suivie de la naissance des Etats contemporains dont l'une des manifestations
est l'apparition de barrières juridiques inscrit le commerce frontalier
dans un autre contexte. La recomposition territoriale traduite par le
développement de petites et moyennes villes a aussi entrainé
l'émergence d'espaces frontaliers reconnus comme tels et animés
par des flux commerciaux organisés autour des villages ou
villes-marchés. Les populations ignorant ou tirant profit de la
frontière ont continué à commercer entre
elles11. C'est ainsi que les frontières nationales sont
perçues comme des lignes séparant plutôt deux
systèmes politiques et administratifs différents que des
barrières limitant le déplacement des hommes et de leurs
biens. 
L'exploitation du différentiel crée par
l'existence de la frontière est un facteur favorisant la naissance et le
développement de nouveaux territoires aux périphéries des
Etats. Ces échanges transfrontaliers fonctionnent autour de
réseaux d'où l'installation d'acteurs intermédiaires
constitués notamment par des transporteurs, des courtiers, des
collecteurs, des acheteurs, des revendeurs, etc. A cet effet les villes
frontalières bénéficient d'une rente due à leur
position géographique et jouent un rôle important dans
l'inscription spatiale des réseaux de marchands. 
La frontière Sénégalo-mauritanienne comme
la plupart des limites étatiques, est animé par d'intenses
dynamiques socio-économiques. En effet, ces populations que le partage
colonial a séparées ne sont pas restées inactives face
à cette nouvelle partition renforcée par la volonté des
Etats actuels à marquer leurs limites. Ainsi cette population autochtone
continue de franchir la frontière qu'elle considère comme un
élément étranger à la tradition locale. De ce fait,
ce fleuve constitue un lieu d'échanges entre les populations riveraines.
Ce réseau hydrographique bien qu'étant la limite naturelle, est
une source d'union entre les peuples qui le partagent. Les commerçants
continuent de circuler dans des limites dépassant les territoires
nationaux. En outre sur la base d'appartenance religieuse, à une
même communauté 
11 Nassa(D.D.A) : Le commerce transfrontalier et structuration
de l'espace urbain au Nord de la Cote d'Ivoire, thèse de doctorat de
3e cycle. Université Bordeaux 3, 2005. 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
17 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
marchande et à un même peuple ; les acteurs
sociaux et économiques ont mis en place d'importants réseaux. 
Les échanges entre Matam Réo et Matam
Sénégal sont organisés en couloirs permettant de faire
débarquer et transiter les marchandises à l'intérieur des
deux régions de Kaédi et de Matam. Pourtant ces relations si
elles sont bien gérées par les autorités étatiques
pouvaient transformer ces couloirs en de véritables axes de
développement économique et d'intégration. Malgré
les divergences politiques, administratives et économiques existant
entre le Sénégal et la Mauritanie, la mobilité autour de
la frontière a fini par créer un lien fort qui se traduit par des
flux financiers très importants et par un brassage socio-culturel. 
Articulé autour de deux parties dont chacune comprend
trois chapitres, ce premier travail sera l'occasion de passer une revue
littéraire sur ce thème d'étude et de recherche et
d'expliciter les interrelations entre les villes de Matam Sénégal
et de Matam Réo. 
Il s'agira donc en premier temps de faire une
présentation générale des deux villes et la question
d'intégration. En second lieu nous aborderons les rapports de la
population et l'Etat à la frontière et la typologie des relations
transfrontalières entre Matam Sénégal et Matam
Réo 
Dans ce mémoire nous étudierons les relations
transfrontalières entre les deux Matam sous plusieurs angles. En
première partie nous étudierons les villes et la question
d'intégration. Après avoir étudié l'aspect
géographique des deux villes par une analyse des caractéristiques
physiques et démographiques, des secteurs d'activités et des
infrastructures et services urbains de bases ; nous aborderons l'historique des
deux villes et les atouts et limites à l'intégration. Ces deux
villes situées dans la moyenne vallée du fleuve
Sénégal (Matam Réo sur la rive droite et Matam
Sénégal sur le coté gauche) sont
caractérisées par un climat sahélien avec des
précipitations faibles et par un relief plat. Sur le plan
démographique, comme partout en Afrique ces deux villes se
caractérisent par une forte proportion des jeunes. Dans la
répartition spatiale Matam Sénégal semble avoir une
population concentrée tandis que la ville mauritanienne constitue un
vaste espace avec des densités très faibles. L'imbrication
sociale dans cette zone fait que ses habitants affichent une volonté
d'intégration entre le Sénégal et la Mauritanie. 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
18 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Dans la deuxième partie nous étudierons les
mouvements sociaux, économiques et les formes de circulation qui
s'effectuent au-delà de la frontière. Pour se faire nous
commencerons par analyser d'abord les rapports entre la population locale et la
frontière et les fondements des relations transfrontalières, la
nature de ces échanges, ensuite et enfin nous aborderons la
coopération transfrontalière. Les flux transfrontaliers sont
fondés sur l'histoire commune de cette partie de la vallée du
fleuve Sénégal, sur la géographique et sur les relations
entretenues par les deux Etats. Les relations entre Matam Réo et Matam
Sénégal sont de nature diverse et concernent aussi bien les
représentants des gouvernements que les populations locales. Ainsi les
populations locales et les autorités administratives frontalières
de chaque coté de la ligne de démarcation utilisent diverses
pratiques pour bien gérer les liens (parenté, communautaires,
sociaux et politiques). Les rapports de bon voisinage entre les deux espaces
administratifs frontaliers se manifestent par des visites et par la
participation à la célébration locale des fêtes
d'indépendance. Le commerce transfrontalier s'est surtout
développé grâce aux liens sociaux entretenus par ces
populations. 
. 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
19 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
PREMIERE PARTIE : DES BOURGADES DE LA
VALLEE DEVENUES DES VILLES FONTALIERES
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
20 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
CHAPITRE I: LES MATAM : DES TRAJECTOIRES PRESQUE
DIFFERENTES
Erigée en commune en 1952, Matam Sénégal
fut fondée vers le XVIe siècle par un pêcheur
originaire de l'actuel département de Bakel. Pendant la période
coloniale, la ville fut une importante escale fluviale vers laquelle
aboutissaient les routes commerciales de la région. C'est ainsi que la
ville s'est étendue et ses quartiers sont rangés les uns
après les autres parallèlement au fleuve. La création de
la ville voisine est très récente par rapport à celle de
Matam Sénégal. La ville mauritanienne était,
jusqu'à une date récente une aire de jeux des ASC de Matam
Sénégal. 
I. A la genèse des « Matams » :
Selon la tradition orale la ville de Matam
Sénégal aurait été fondée au XVIe
siècle par un migrant venu de Koukani situé dans l'actuel
département de Bakel. Ce pêcheur qui voyageait par le fleuve,
portait le nom de Farba Boubou Gaye. Celui-ci serait installé dans
l'actuel quartier de Soubalo. L'arrivée de nouvelles familles va par la
suite donner naissance au village de Matam, appelé à l'origine
Sinthiou Boubou. Au cours de son évolution la ville a connu une histoire
très riche et mouvementée. Les événements qui ont
le plus marqué l'histoire de la commune sont la conquête coloniale
et la pénétration commerciale des français qui se sont
traduites au XVIIe siècle par l'arrivée de la
compagnie du Ngalam. 
La construction du fort en 1857 a permis l'extension de la
ville et le développement d'un commerce florissant. Ce commerce
développé le long du fleuve surtout entre les chefs toucouleurs
et maures, faisait de Matam un gros marché aux esclaves. Certaines
traditions situent d'ailleurs l'origine du nom de la ville en rapport avec le
marché des esclaves qui existait sur le lieu « matama » pour
dire empoigner sans doute des esclaves en fuite12. 
Par contre KANE (A.F) soutient dans sa thèse «
c'est d'ailleurs de cette activité commerciale que la ville a
tiré son nom. En effet il s'y vendait beaucoup de produits et selon la
légende ceux-ci pouvaient s'obtenir à crédit. Toutefois ce
dernier n'était pas toujours honoré. Les vendeurs
exigèrent à la fin le paiement au comptant, en toucouleur «
matama ». 
12Profil environnemental de la ville de Matam,
page11 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
21 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Il fallait avoir en main le prix de la marchandise pour
pouvoir l'acquérir. Le « matama » qui désigne l'action
de serrer quelque chose dans la main, donne à la ville son nom :
Matam13.» 
L'histoire de la ville est aussi marquée par la
cohabitation entre maures, harratins et les beïdanes ; les nombreuses
querelles pour la maitrise et le partage des terres du oualo ; la
résistance anti coloniale dès le XIXe siècle
marquée par la prise de la ville sous la direction du commandant Paul
Holle et la construction d'un tour fortin en 185714 . 
Ce fortin a permis d'établir dans le fleuve une
sécurité totale pour le commerce en même temps de
préparer l'ouverture du Soudan à la pénétration
coloniale15. L'installation des français dans la ville sera
suivie par la création des maisons de commerce européennes dont
Devès Chaumet, V.Q Petersen etc. 
Au XVIIIe siècle, l'islam est
implanté dans tout le Fouta et au XIXe siècle, le
djihad d'El hadji Oumar tentant de conquérir le Fouta se heurte aux
troupes françaises de Faidherbe en 1857 à Médine. C'est
ainsi qu'il reprend la route vers l'Est et emmenant avec lui des milliers de
foutanké pour un exode définitif appelé « fergo
oumarien » qui a créé une profonde saignée
démographique16. 
L'échec de la résistance face à la
conquête entraine un profond bouleversement de la société
toucouleur. Cette pénétration française a eu comme
conséquence l'émancipation des captifs et l'implantation d'une
administration coloniale. Ainsi les grandes familles qui traditionnellement
assuraient l'exercice du pouvoir voient leur influence s'effriter face à
l'implantation d'un nouveau système social basé sur une
économie moderne et non plus sur la division traditionnelle de la
société. 
Quant à la ville mauritanienne, sa création est
très récente par rapport à celle de Matam
Sénégal. Durant la période coloniale, elle fut une petite
située sur la route Kaédi Mbout. Matam Réo est une ville
qui, il y'a trente ans n'existait sur aucune carte géographique. Sa
création a commencé par l'implantation d'un poste de police.
Matam Réo ou Matam Mauritanie est beaucoup plus un poste qu'un village
fondé en 1969 à la suite du 
13 Kane(A.F) ; 1976-1977 : Matam et sa région,
thèse de doctorat de 3e cycle, Université de Dakar,
363pages. 
14 Yves J.S cité par Tamboura, 2007 
15 O MVS : étude socio-économique du
fleuve Sénégal, le milieu urbain et les relations villes
campagnes, page8 
16 Profil environnemental de la ville de Matam,
page11, Mars 2007 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
22 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
désir de R.I.M d'affirmer sa présence dans ses
limites territoriales en créant en face de chaque ville
sénégalaise une ville mauritanienne17. 
Avant 1977 la rive droite de Matam était occupée
par les habitants de Matam Sénégal. En effet cette marge
frontalière fut le terrain de football des associations sportives et
culturelles de Matam Sénégal. Les trois ASC (Reveil,
Inter-scolaire et Etoile d'or) disposaient chacune une aire de jeu à
Matam Réo. A partir de 1977 et 1978 la Mauritanie a commencé
à prendre possession de ces terrains et à limiter les
déplacements des jeunes venant de l'autre rive du fleuve. En 1964 la RIM
avait demandé à tous ceux qui avaient besoin de terres de
cultures de rejoindre la rive droite du fleuve Sénégal. Ainsi les
nouveaux venus se sont installés près du fleuve sur les terrains
que les jeunes sénégalais occupaient en période hivernale.
Matam Réo est créée par des sénégalais de
Matam. C'est ainsi que cette ville formée à partir de la ville
sénégalaise a gardé le nom de la ville mère. 
Les premiers habitants de Matam Réo originaires du
Sénégal ont été enrichis par les populations venus
des autres régions de la Mauritanie. Cette population s'est reconvertie
ensuite dans les activités du fleuve et de la fonction commerciale de la
ville. 
Après la construction des barrages de Diama et de
Manantali ; des harratins sont venus s'installer dans cette marge Sud de la
Mauritanie pour profiter du différentiel provoqué par la
frontière. L'implantation des villes mauritaniennes sur le long du
fleuve a souvent répondu à un souci d'adaptation au contexte
géopolitique. En effet, pour la Mauritanie devenue indépendante,
l'occupation des terrains situés sur la rive droite lui permettrait de
marquer son territoire. Ainsi elle a commencé à interdire aux
sénégalais de cultiver sur ses terres et à limiter le
mouvement du bétail venant de l'autre rive. Malgré cette
volonté de la RIM, ce voisinage a créé un fort lien entre
les villes mauritaniennes et sénégalaises. 
II. Evolution des administrations locales
déconcentrées :
Matam, à l'instar des autres villes du
Sénégal, a connu des modifications dans son découpage
administratif. A l'époque coloniale, Matam faisait partie de l'ancienne
province du Nguénar qui constituait avec le Dimar, le Tooro, le Lao, le
Irlabé-Ebiabé, le Bosséa et le 
17 Kane(A.F) ; 1976-1977 : Matam et sa région,
thèse de doctorat de 3e cycle, Université de Dakar,
363pages. 
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23 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Damga les sept provinces de la confédération du
Fouta Toro. Cette organisation était fondée sur des
principautés à base ethnique (Tamboura, 2007). 
Durant la période coloniale, Matam devient chef lieu de
cercle puis érigé en commune en 1952. Le 8 novembre 1955, la
ville prit le statut de commune en plein exercice. Après
l'indépendance du Sénégal, les nouveaux découpages
administratifs intègrent Matam dans la région du fleuve qui
englobe les anciennes escales : Saint-Louis, Dagana, Podor et Matam mais aussi
Louga. En 1964 suite à un autre découpage, l'Etat divise cette
région en deux entités administratives : la région de
Louga et celle de Saint-Louis. Ainsi le département de Matam est
né et rattaché à la région de Saint-Louis
(décret 64-282 du 03 avril 1964). Enfin la loi numéro 2002-02
du15 février 2002 érige Matam comme capitale de la onzième
région du Sénégal. 
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24 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
CHAPITRE II : UNE GEOGRAPHIE DETERMINEE PAR LE
FLEUVE
SENEGAL
I. Matam Réo et Matam Sénégal,
deux villes de deux pays, un seul cadre géographique :
Les villes de Matam Réo et Matam Sénégal,
juchées sur le bord du fleuve se situent en zone sahélienne avec
des précipitations dépassant rarement 500 mm. Les moyennes de
températures dans cette région sont respectivement de 25° en
saison froide et de 40 °en saison chaude. Cette région quasi plane
est balayée par l'harmattan pendant une très grande partie de
l'année. L'hydrographie est principalement composée des eaux de
surface du fleuve Sénégal et de ses défluents. La nappe
phréatique présente aussi une potentialité hydrique
importante. 
La population de cette marge frontalière est à
dominante jeune. Elle est aussi caractérisée par une forte
hiérarchisation sociale. Sur le plan économique, une des grandes
particularités des deux villes reste l'importance du secteur primaire
dans les activités de la population. En effet 80% de la population
vivent principalement de l'agropastoralisme. Les villes de Matam Réo et
de Matam Sénégal conservent un caractère rural qui se
manifeste par une insuffisance notoire d'infrastructures, de services et de
voiries urbaines. 
Le fleuve Sénégal reste le principal facteur
structurant le cadre territorial et juridique des Etats de la Mauritanie et du
Sénégal. Sur chacune des rives un Etat est responsable de l'ordre
public et prétend assurer la sécurité de ses citoyens. 
1.1. Situation géographique et
spécificité des sites :
1.1.1. Deux villes situées aux
périphéries de leurs pays :
Les deux villes sont localisées dans la moyenne
vallée du fleuve Sénégal sur une haute levée dont
l'altitude varie entre 13m au Nord et 16m au Sud. Elles sont situées par
15° 39 de latitude nord et
13°15 de longitude Ouest. La commune
sénégalaise est distante de Dakar de 
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25 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
700 km et de Saint-Louis de 422 km. Matam
Sénégal est excentrée par rapport à la route
nationale 2 qui traverse la région. Elle est raccordée à
celle-ci par une digue de 7 km de long la reliant de la ville de Ourossogui.
Cependant par l'axe Dakar-Linguère- Matam la distance se trouve
réduite à 525km. Du Nord au Sud, la ville s'étire sur
2.5km de long sur 500m de large environ soit une superficie communale de 375
ha. La commune est constituée de cinq quartiers qui s'étendent du
Nord au Sud parallèlement au fleuve. Il s'agit respectivement de Diamel,
Soubalo, Tantadji, Gourel Serigne et Navel. Elle est limitée au Nord par
la communauté rurale de Nabadji Civol, au Sud par la communauté
rurale de Ogo, à l'Ouest par la commune de Ourossogui et à l'Est
par le fleuve qui la sépare de la ville mauritanienne de Matam
Réo. 
La ville de Matam Réo, quant à elle, est
localisée au Sud de la Mauritanie. Elle se trouve dans la Wilaya
(région) de Gorgol et dans l'arrondissement de Toufndé Siwi.
Cette région qui a pour capitale régionale Kaédi est
limitée respectivement au Sud-Est, à l'Est et au Nord par les
régions mauritaniennes du Guidimakha, de l'Assaba et du Brakna. La
région de Matam constitue la frontière Sud de la wilaya. Matam
Réo quant à elle est limitée au Nord par la commune de
Siwi, au Sud par Maghama et à l'Ouest par la ville
sénégalaise de Matam. Elle est constituée de deux
quartiers que sont Lehmoune et le quartier Nord. C'est une zone très
enclavée qui communique peu avec son arrière pays. La commune
n'est accessible que par des pistes latéritiques. 
La ville mauritanienne la plus proche d'elle est Maghama
distante de 50 km. Ce trajet n'est praticable qu'en saison sèche car en
période hivernale la ville est ceinturée par les eaux de pluies
et du fleuve. Kaédi est la deuxième ville mauritanienne la plus
proche et est séparée de Matam Réo de 80 km. Ce trajet
dure deux à trois heures en raison de l'état
délabré de la piste. 
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maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
26 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
  
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maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
27 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
1.1.2. Une région frontalière
marquée par la présence de l'eau :
Les deux villes de Matam occupent une haute levée dont
l'altitude varie de 16 à 13m du Nord vers le Sud surplombant le lit
mineur du fleuve Sénégal .Ainsi, vue de loin, Matam
Sénégal semble être perchée. Les villes sont
installées sur des sols hydro-morphes et des cuvettes creusées
par les crues du fleuve et de ses défluents pendant l'hivernage. C'est
ainsi que tous les terrains situés au Nord, à l'Ouest et au Sud
de la ville sénégalaise sont inondables. Ils constituent le
« kollengal » Matam-Ourosogui. Pendant la période des hautes
eaux, cette vaste cuvette se transforme en zone d'épandage pour les eaux
de crues déversées par les marigots de Diamel et de Navel
transformant la ville en une véritable ile reliée au reste du
pays par une route menant vers Ourossogui. La ville est entourée dans
ses parties Nord, Sud et Ouest par une digue large de 2m et 4.2 km de long. Ce
système de digue élevée à une cote de 2 m environ,
inscrit la ville dans un vaste rectangle aux dimensions variables. 
De l'autre coté du fleuve on constate la même
chose pendant la même période. En effet, pendant l'hivernage
toutes les terres situées à l'Est, au Nord et au Sud de la
commune sont occupées par des eaux. La partie Nord de cette zone est
bâtie sur des levées post nouakchottiennes composées de
l'argile, de sable fin et de limon. Cette composition granulométrique
explique surtout le caractère sensible des berges face aux sapements
(Tamboura, 2007). 
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maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
28 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Carte n°2 : Croquis géomorphologique du tissu
urbain de Matam 
  
Source Tamboura 2007 
1.2. Caractéristiques climatiques :
La zone se caractérise par un climat de type
sahélien, chaud et sec. L'ensoleillement est quasi annuel avec des
températures élevées. Les moyennes enregistrées
varient entre 16 à 30° en saison froide
et 35 à 48° en saison
chaude18. Les mois les plus chauds vont de février à
juin et les températures les plus basses sont enregistrées entre
juillet et janvier. Ce climat local subit l'influence du désert
mauritanien qui étend ses vagues de chaleur sèche et de
poussière sur toute la zone du « Dandé Mayo ». 
18Nayorelle cité dans profil environnemental de
la ville de Matam 
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maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
29 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Figure n°1 : Températures moyennes
annuelles à Matam de 1996 à 2005 
 
2005 
Source : Météo Matam 2007 
32 
31,5 
31 
30,5 
30 
29,5 
29 
28,5 
28 
27,5 
27 
26,5 
1996 
1997 
1998 
1999 
2000 2001 
années 
2002 
2003 
2004 
Cette partie de la moyenne vallée du fleuve enregistre
une pluviométrie relativement faible et irrégulière. Les
moyennes annuelles dépassent rarement 500 mm. La saison des pluies dure
en moyenne entre trois et quatre mois, de juin à septembre et août
reste le mois le plus pluvieux. Au cours de ces dix dernières
années, la moyenne décennale enregistrée tourne autour de
398 mm. Ce déficit pluviométrique affectant toute la
région s'explique par la migration des isohyètes vers le Sud.
Cette partie de la vallée est dominée essentiellement par deux
types de vent. Il s'agit de : 
? l'alizé continental communément appelé
harmattan qui est un vent chaud et sec soufflant du Nord-est. Ce vent chaud et
particulièrement asséchant, charrie de la poussière et du
sable et favorise l'aridité de la zone. Les vitesses enregistrées
varient entre 1 et 8 m/s 
? la mousson souffle du Sud-ouest entre juillet et septembre
et se déplace avec le FIT (front intertropical). Ce vent est à
l'origine de l'essentiel des précipitations enregistrées. Sa
vitesse varie de 1 et 5 m/s. 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
30 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Figure n°2 : Précipitations moyennes
annuelles à Matam de 1996 à 2002 
 
2005 
Source :Météo Matam 2007 
Pmm800 
700 
600 
500 
400 
300 
200 
100 
0 
1996 
1997 
1998 
1999 
2000 2001 
Années 
2002 
2003 
2004 
Le relief est généralement plat avec une vaste
plaine incisée de vallées. La zone est 
constituée de hautes levées dont la hauteur diminue
d'amont en aval et atteint 13m à Matam. 
Ce système de hautes levées a favorisé la
création de cuvettes de décantation multiformes et 
multidimensionnelles. En outre on note l'existence de
microfalaises ou escarpements de 
plusieurs mètres de hauteur sur les berges du fleuve. 
La pédologie est en rapport direct avec les
différentes unités géomorphologiques. 
Ainsi du fleuve vers le Diéri on distingue : 
? les sols du falo : ils sont situés sur les pentes
d'écoulement des berges du fleuve et 
de ses défluents. Ils sont constitués
principalement d'alluvion. 
? les sols de fondé : ce sont les sols de hautes 
levées. il s'agit de bourrelets
des 
berges très rarement inondés. 
? et les sols de hollaldé : ce sont les sols
situées dans les cuvettes de décantation. 
La végétation est caractérisée par
une forte dominance d'espèces arborées et 
arbustives constituées principalement par des
épineux et des essences adaptés à la forte 
chaleur. Le fleuve Sénégal constitue la principale
ressource en eau de surface et traverse la 
région sur 200 km. Il revêt une importance
sociologique certaine qui structure globalement la 
vie de la population. Ainsi la ville s'est
développée autour de cette ressource. Deux 
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maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
31 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
principales sources d'eau souterraine sont recensées
pour la ville : la nappe phréatique et nappe du maestrichtien. La nappe
phréatique est peu profonde et captée par puits. La nappe du
maestrichtien est située à moins de 90m dans la zone et assure la
satisfaction des besoins en eau de la population. Cette nappe n'est accessible
que par forage. Ces ressources en eau sont renouvelables et disponibles en
quantité. 
1.3. Population et peuplement :
1. 3.1. L'évolution de la population depuis les
années 1970 :
La ville de Matam Sénégal se caractérise
par une évolution assez lente de la population avec des rythmes de
croissances irréguliers. Durant ces dernières années, le
taux d'accroissement naturel est marqué par une oscillation. De 1,8
entre 1976 et 1979, le taux d'accroissement est passé à 4 pour la
période 1979-1982 et à 1,99 en 2002. 
. 
Tableau n°1 :
Evolution de la population de la commune entre 1976 et
2002 
| 
 Années 
 | 
 Population 
 | 
 Années 
 | 
 Population 
 | 
 
| 
 1976 
 | 
 9849 
 | 
 1985 
 | 
 12862 
 | 
 
| 
 1979 
 | 
 10400 
 | 
 1988 
 | 
 10732 
 | 
 
| 
 1981 
 | 
 11467 
 | 
 1999 
 | 
 11655 
 | 
 
| 
 1982 
 | 
 11734 
 | 
 2000 
 | 
 11671 
 | 
 
| 
 1983 
 | 
 12004 
 | 
 2001 
 | 
 11676 
 | 
 
| 
 1984 
 | 
 12427 
 | 
 2002 
 | 
 14620 
 | 
 
  
Sources : PDU (1982), RGPH (2002) et Monographie
régionale (2004) 
Lors de nos recherches nous n'avons pas pu avoir des
données sur l'évolution de la population de Matam Réo.
Cette partie de la Mauritanie est dépourvue de service pouvant fournir
des statistiques sur la population. Cependant l'accroissement de cette
population urbaine est dû en grande partie à des flux migratoires
venant de l'intérieur du pays 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
32 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Graphique 1 : Histogramme de
l'évolution de la population de Matam Sénégal 
 
1976-1979 1979-1982
2002 
Sources : Données de l'enquête de terrain 2010
(B.BA) 
Pourcentage 
4 
3,5 
3 
2,5 
2 
1,5 
1 
0,5 
0 
Années 
Avec une population estimée à prés de 14620
habitants, la ville sénégalaise semble 
avoir une population concentrée dans la répartition
spatiale. En effet les densités dans la 
commune sont de 39hbts à l'hectare contre 36hbts au
km2 pour le département et 15hbts au 
km2 au niveau régional. Au sein de la commune,
on dénombre 1,38 ménage par concession, 
14,8 personnes par concession et 10,7 personnes par
ménage.19 Dans la commune, la 
répartition de la population montre une forte
inégalité de peuplement. Soubalo, l'ancien 
quartier est le plus peuplé avec une densité de
212hbts/ha et 38% de la population. Gourel 
Serigne, le quartier administratif, concentre 18% des habitants.
Les quartiers de Tantadji, 
Diamel et Navel concentrent respectivement 17 ; 15,8 et 11% de la
population communale. 
19 Direction de la population et de la
statistique(DPS) Matam 2005 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
33 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Tableau n° 2 :
Répartition de la population par quartier. 
| 
 QUARTIERS 
 | 
 Nombre de 
concessions 
 | 
 Nombre de 
ménages 
 | 
 POPULATION 
 | 
 
   | 
 
| 
 Masculi n 
 | 
 Féminin 
 | 
 Total 
 | 
 
   | 
 
| 
 Soubalo 
 | 
 300 
 | 
 458 
 | 
 2843 
 | 
 2684 
 | 
 5 527 
 | 
 
| 
 Gourel Serigne 
 | 
 234 
 | 
 180 
 | 
 1340 
 | 
 1321 
 | 
 2 661 
 | 
 
| 
 Tantadji 
 | 
 204 
 | 
 284 
 | 
 1269 
 | 
 1237 
 | 
 2 506 
 | 
 
| 
 Diamel 
 | 
 180 
 | 
 213 
 | 
 1055 
 | 
 1226 
 | 
 2 281 
 | 
 
| 
 Navel 
 | 
 68 
 | 
 126 
 | 
 793 
 | 
 852 
 | 
 1 645 
 | 
 
| 
 TOTAL 
 | 
 986 
 | 
 1261 
 | 
 7 300 
 | 
 7 320 
 | 
 14 620 
 | 
 
  
Source : DPS Matam 2002 
L'inexistence de statistiques sur la structure par âge
de la commune nous fait recourir aux statistiques du département. Comme
toutes les villes du Sénégal, Matam concentre une une forte
proportion des jeunes. En effet 60% de la population ont moins de 20ans, ce qui
augmente le problème d'accès à l'emploi et à
l'éducation. La population active (20-59) représente quant
à elle 33,5% dont la majorité est constituée de femmes. 
Enfin les plus de 60ans représentent 6,5% de la
population. 
1.3.2. La composition ethnique de la population :
Quant à la répartition ethnique elle montre une
certaine diversité malgré la forte dominance des « halpulaar
» qui constituent 88% de la population. Viennent ensuite les
soninké 6,7% ; les wolof avec 3,9% ; et moins de 1% pour de nombreuses
autres minorités ethniques.20 La population est à 99%
musulmane et les quelques catholiques de la ville de Matam
Sénégal sont des fonctionnaires ou des migrants. 
20 DPS Matam 2005 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
34 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Graphique2 :
Répartition de la population de Matam
Sénégal selon les groupes ethniques : 
 
7% 4% 1% 
Haal Puulaar 
Soninké 
Wolofs 
Autres ethnies 
88% 
Source : Enquêtes de terrain 2010 (B. BA) 
L'absence de données sur la ville de Matam Réo
nous pousse à recourir aux statistiques de la region. La Wilaya de
Gorgol couvre une superficie 13 820 km2 sur les 1 030 700
km2 qui composent le pays, soit 1,34 % du pays. Elle compte environ
238.252 habitants sur 3 075 000 soit 7,74 % de la population de la Mauritanie
repartis dans 4 départements (les moughataas de Kaédi,
Maghama, M'bout et Monguel). La région est la seconde du pays en terme
de densité démographique (18 hbts au km2) après
la région de Nouakchott21. Issue du brassage de peuples de
différentes origines, le Gorgol rassemble divers groupes ethniques : les
arabe-berbères (maures) et les negro-mauritaniens (soninkés,
peuls...). Il faut relever que cette région a fait l'objet de multiples
brassages de populations et les communautés négro-africaines des
royaumes riverains (Fuuta Tooro haalpulaar, wallo wolof et
Gajaaga soninké) qui s'étaient installés sur la
rive droite du fleuve Sénégal au Xème siècle se
sont repliées sur la rive gauche à la fin du XVIIIème
siècle lors de la constitution d'émirats maures pour ensuite
revenir sur ce territoire sous la colonisation22. 
Seuls les peuls étaient traditionnellement nomades,
effectuant des migrations saisonnières avec leurs troupeaux. Ils sont
désormais astreints à migrer dans les limites des territoires et
se sédentarisent de plus en plus. La population de Matam Réo est
estimée à prés 
21 Atlas de Mauritanie. Ledra Rouen, Lerg Nouakchott,
JC Arnaud.1989. Planches 4. 
22 Heurtier Pierre Yves 2008. : Rapport
d'enquête migration et développement état des lieux de
l'émigration dans la région de Gorgol(Mauritanie) et ses impacts
sur le développement. 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
35 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
de 4000 habitants répartis dans ses deux quartiers.
Cette population est à dominante jeune. Les principales ethnies qui
composent la population communale sont les Beïdane, Harratin et les
Halpular. 
1.4. Les activités économiques :
La structure économique et de l'emploi de la
région laisse apparaitre un taux d'évolution très lent du
marché de l'emploi. Cet espace frontalier se particularise par
l'importance du secteur primaire dans les activités de la population.
Plus de 80% des habitants da cette partie de la vallée vivent
principalement du secteur primaire. L'industrie est quasi inexistante mais
toutefois le secteur connait aujourd'hui un début dû à la
régionalisation de Matam Sénégal. Sur la rive gauche les
principales activités économiques sont : 
? L'Agriculture : Elle mobilise près
de 70% de la population active. On dénombre dans la ville du
Sénégal14 périmètres irrigués, soit 195,8 ha
répartis entre 612 producteurs, soit une moyenne 0,31 ha par exploitant
(SAED Matam 2007). Cependant cette activité souffre d'un certain nombre
de problèmes dont le cout élevé des aménagements
hydro-agricoles (eau, intrants...), le déficit pluviométrique et
l'irrégularité des crues. A cela s'ajoute l'occupation des terres
de culture de « Diéri » en période hivernale par les
eaux de marigots de Diamel et de Navel. Les spéculations sont
composées du mil, du riz, de la patate douce, de la pastèque, de
l'oignon etc. La culture maraichère se développe de plus en plus
dans la ville et elle est pratiquée sur les berges du fleuve. 
? L'élevage : Le cheptel qui est
constitué principalement de bovins, d'ovins (3000 têtes
dénombrées dans la commune), de volaille (12000
têtes)23. Les asins et les équins sont surtout
utilisés pour les travaux champêtres mais aussi pour le transport
intra-urbain. Le développement de l'élevage dans la ville souffre
d'un manque d'espace et des problèmes sanitaires comme la fièvre
du rift valley, les maladies parasitaires. Le taux d'accroissement annuel du
cheptel est de 3% dans la commune. 
? La pêche : Cette activité
occupe une place importante dans la ville et est pratiquée par le groupe
socio-professionnel dit « soubalbé » vivants dans les
quartiers de Diamel, Navel et Soubalo. Elle est faite de façon
artisanale par près de 287 personnes. Les espèces
capturées sont composées de tilapia, lattis niloticus, l'etropus,
etc. 
23 Source Inspection Générale des
Services Vétérinaires de Matam, 2004 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
36 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Tableau n°3 :
Répartition des pêcheurs et des pirogues de pêche 
| 
 Secteurs 
 | 
 Nombre de 
pêcheurs 
 | 
 Pirogues 
 | 
 
| 
 Soubalo 
 | 
 63 
 | 
 34 
 | 
 
| 
 Navel 
 | 
 84 
 | 
 35 
 | 
 
| 
 Diamel 
 | 
 140 
 | 
 52 
 | 
 
| 
 Total 
 | 
 287 
 | 
 121 
 | 
 
  
Source : direction de pêche de Matam 2009 
Il faut signaler que la pêche est en pleine
régression dans la ville. Ceci est dû à la non
régénération des ressources halieutiques, aux
difficultés d'accès au crédit et à la
vétusté du matériel. Ainsi, on assiste à la
migration des pêcheurs vers les régions de Saint-Louis et de la
Casamance ou même vers la Gambie. 
Les activités du tertiaire sont constituées
principalement par le commerce et l'artisanat : ? Le commerce :
il occupe 2% de la population active. Les commerçants sont
répartis dans les deux marchés de la ville (marché central
de Tantadji situé sur le quai et celui de Diamel) et dans les quartiers.
Selon leur implantation (voire graphique), le marché central regroupe le
plus grand nombre de commerçants, suivis des quartiers de Soubalo, de
Tantadji et de Gourel Serigne. Ce secteur est handicapé par la fraude du
fait de la proximité de la République Islamique de la Mauritanie
d'où viennent des produits de première nécessité et
des appareils électroniques. Le commerce est confronté à
d'autres problèmes dont l'exigüité du marché central,
le délabrement des ponts rendant difficile l'approvisionnement de la
ville. Cette situation a rendu peu dynamique le commerce local. 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
37 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Graphique 3 :
répartition des commerçants de Matam
Sénégal : 
5% 5% 
Marché central 
Soubalo 
Tantadji 
Gourel Serigne 
Navel 
Diamel 
24% 
Source : service régional du commerce 2007 
10% 
12% 
44% 
? L'artisanat : Il constitue la
deuxième activité du secteur tertiaire dans la commune. Les
activités artisanales sont composées, de la teinture, de la
bijouterie, de la cordonnerie et de la poterie etc. Selon le recensement de la
chambre de métier, la ville comptait en 2005 près de 231 artisans
dont 21% de femmes regroupées en GIE et GPF s'activant autour de la
teinture, de la filature, du tissage, du tricotage, de la broderie, de la
coupe, de la couture et de la transformation des produits agricoles 
Tableau4 :
Répartition des actifs du secteur artisanal 
 
| 
 Grades 
 | 
 Artisanat de 
Production 
 | 
 Artisanat d'Art 
 | 
 Artisanat de Service 
 | 
 
| 
 Hommes 
 | 
 Femmes 
 | 
 Hommes 
 | 
 Femmes 
 | 
 Hommes 
 | 
 Femmes 
 | 
 
| 
 Maîtres artisans 
 | 
 55 
 | 
 00 
 | 
 25 
 | 
 35 
 | 
 26 
 | 
 00 
 | 
 
| 
 Artisans 
 | 
 35 
 | 
 00 
 | 
 00 
 | 
 15 
 | 
 10 
 | 
 00 
 | 
 
| 
 Compagnons 
 | 
 25 
 | 
 00 
 | 
 00 
 | 
 00 
 | 
 02 
 | 
 00 
 | 
 
| 
 Chefs 
d'entreprises 
 | 
 03 
 | 
 00 
 | 
 00 
 | 
 00 
 | 
 00 
 | 
 00 
 | 
 
| 
 TOTAL 
 | 
 118 
 | 
 00 
 | 
 25 
 | 
 50 
 | 
 38 
 | 
 00 
 | 
 
  
Source : Chambre des métiers de Matam (données
de 2005) 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
38 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
La population de la wilaya de Gorgol est en majorité
rurale (80 % des ménages sont agriculteurs). 13 % sont comptabilises au
chômage (Mauritanie : 29 %) et 36 % serait analphabètes
(Mauritanie : 57 %)24. La région est la deuxième du
pays en surfaces cultivées. Ses activités sont essentiellement
composées de : 
? L'agriculture qui est donc la première
activité vivrière de la région, occupe700 ha de culture
dieri et 2000 ha de culture oualo ainsi que 2000 ha de
périmètres irrigués font vivre la région. 40 % des
familles vivent principalement de cette activité et 26 % des familles
l'utilisent en activité secondaire25. 
? L'élevage, seconde activité économique
de la région est de type extensif et les troupeaux effectuent des
migrations saisonnières à la recherche de points d'eau et de
pâturages. Aucune industrie agroalimentaire ne s'y est pourtant
installée26. 
? Le commerce est la troisième activité
économique de la région. Organisées en coopératives
ou en associations, les femmes réalisent et vendent des melhafas
(voiles) et des pièces de coton colorées
réputées dans toutes les régions avoisinantes. Comme
toutes les villes de la région, Matam Réo reste aussi
dominée sur le plan économique par le secteur primaire. Plus de
80% de sa population s'activent dans l'agropastoralisme et l'industrie est
quasi inexistante dans toute la région. Le commerce constitue
aujourd'hui, le moteur de développement de la ville. C'est aussi une
activité transfrontalière. 
II. Infrastructures et services urbains de base :
2.1. Etat des infrastructures dans les deux
localités :
La commune sénégalaise se particularise des
autres chefs lieux de région du pays par un manque notoire
d'infrastructures. Et la répartition de ces dernières dans la
commune montre un très grand déséquilibre entre les
quartiers. Le quartier de Gourel Serigne polarise l'essentiel des
infrastructures et services urbains alors que celui de Diamel n'en dispose pas.
Matam Mauritanie est quasi dépourvue d'infrastructures et services
urbains de base. 
24Yves, 2008 Idem 25Yves, 2008 Idem 26
Yves, 2008 Idem 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
39 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Tableau5  : Occupation du
sol par les infrastructures 
| 
 Superficies Grands 
équipements 
 | 
 m2 
m2 
 | 
 Total 
80 450 
 | 
 Diamel 
 | 
 Soubalo 
8 750 
 | 
 Tantadji 
25 750 
 | 
 Gourel Serigne 
45 950 
 | 
 Navel 
 | 
 
| 
 Activités 
 | 
 m2 
 | 
 30 950 
 | 
   | 
 23 750 
 | 
   | 
 7 200 
 | 
   | 
 
| 
 Espaces verts 
 | 
 m2 
 | 
   | 
   | 
   | 
   | 
   | 
   | 
 
| 
 Voirie, 
espaces libres 
 | 
 m2 
 | 
 140 400 
 | 
   | 
 33 240 
 | 
 43 080 
 | 
 55 680 
 | 
 8 400 
 | 
 
| 
 Total 
occupation 
 | 
 m2 
 | 
 251 800 
 | 
   | 
 65 740 
 | 
 68 830 
 | 
 108 830 
 | 
 8 400 
 | 
 
  
Source : Audit urbain de la ville de Matam (2005). 
2.1.1. Les infrastructures scolaires et socioculturelles
:
Dans la ville on dénombre trois écoles
préscolaires avec deux écoles maternelles et une case des tout
petits. En 2007, le préscolaire enregistrait près de 940
élèves répartis dans les petites, moyennes et grandes
sections. Cependant seulement trois quartiers (Gourel Serigne, Tantadji et
Soubalo) sur les cinq disposent de ces écoles. En revanche les
écoles élémentaires semblent être mieux
distribuées dans la commune avec six établissements. Chaque
quartier dispose d'une école à l'exception de Soubalo qui en
compte deux. Durant l'année scolaire 2006-2007, le nombre total
d'inscrits était de 258827. On compte dans la ville un
Collège d'Enseignement Moyen (CEM) crée en 1966, un lycée,
un centre de formation professionnelle et d'une école de formation des
instituteurs (EFI). L'alphabétisation est présente dans la ville
et intéresse surtout les femmes. Elle est généralement
réalisée par les ONG comme TOSTAN. Au niveau de l'enseignement
professionnel, Matam dispose depuis 2002, d'un centre régional
d'enseignement technique féminin, d'un Centre Régional de
Formation en Santé (CFRS) et d'un centre régional de formation
professionnelle. 
Enfin l'enseignement coranique est très présent
dans la ville. Matam constitue l'un des grands foyers religieux du pays
hérités des anciens Almamis du Fouta. Les écoles
coraniques se rencontrent un peu partout dans la commune. Les
élèves (Almoudo), estimés à 
27 IDEN Matam, 2007 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
40 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
prés de 2000, habitent le plus souvent des maisons
abandonnées ou en ruines et vivent de la charité donnée
par la population. 
Le secteur de l'éducation n'est pas très
développé dans cette partie de la Mauritanie. La région
n'offre que 04 lycées ; 09 collèges et 290
écoles28. Matam Réo, elle dispose d'une seule
école bilingue où sont enseignés le français et
l'arabe. On dénombre dans cet établissement scolaire une centaine
d'élèves environ. L'enseignement coranique est plus
développé dans la ville. 
La ville dispose d'une mairie située à
l'entrée de la ville dans le quartier de Tantadji, d'un CDEPS (Centre
Départemental d'Education Populaire et Sportive) avec une salle de
spectacle et d'un terrain de Basketball. La commune compte aussi une salle
polyvalente .Il y a aussi un stade municipal avec des vestiaires
dégradés et des chambres de passage de la mairie. Les
équipements de cultes sont composés de 09 mosquées et
d'une église. La ville mauritanienne est dotée d'une mairie, d'un
stade municipal, mais est dépourvue de salle de fête. Deux
mosquées constituent les équipements de culte de la ville. 
2.1.2. Infrastructures sanitaires :
La commune de Matam Sénégal dispose de 3
structures sanitaires dont : un district sanitaire, un poste de santé et
une case de santé. Le district sanitaire situé à Tantadji
couvre les quartiers de Gourel Serigne et de Soubalo. Il dispose d'un pavillon
d'hospitalisation avec 11 lits, d'une maternité avec huit lits soit un
lit pour 1330 habitants ce qui est loin des normes de l'OMS qui sont d'un lit
pour 500 habitants. On y dénombre aussi deux salles de soins et une
pharmacie. Il occupe des locaux vétustes avec un niveau de
dégradation avancée. Le district polarise les localités du
diéri, du Dandé Mayo et de la ville Mauritanienne (Matam
Réo). 
Le poste de santé localisé à Diamel est
composé d'une salle de pansement, d'une salle d'accouchement et d'une
salle de consultation. La case de santé de Navel est destinée aux
premiers soins. Sur le plan sanitaire Matam Sénégal semble
être moins fournie. En effet on note une insuffisance notoire de
médecins (deux pour toute la ville en 2009) un manque 
28 Heurtier Pierre Yves 2008. : Rapport
d'enquête migration et développement état des lieux de
l'émigration dans la région de Gorgol(Mauritanie) et ses impacts
sur le développement. 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
41 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
d'infirmiers, de sage-femme, mais aussi l'éloignement
du centre de santé de certains quartiers. L'hôpital
régional qui est en chantier limiterait les problèmes
sanitaires. 
En territoire mauritanien on compte un district sanitaire
situé au Sud de la ville. 
2.1.3. Les infrastructures marchandes :
Le marché central constitue le plus grand
équipement marchand de Matam Sénégal. Il est situé
dans le quartier de Tantadji au bord du quai. Il se caractérise par une
occupation anarchique de l'espace. Cet équipement marchand est
constitué de trois halles, de cantines, de boutiques et d'étales
divers. La plupart des cantines et étales sont faits de bois ou de zinc.
Les marchandises sont composées de produits maraichers (patates,
niébé, oignon...) cultivés dans la région : du riz
paddy, du bétail. Il y'a aussi des produits qui proviennent de Dakar,
Saint-Louis et surtout de la ville de Matam Réo. Matam
Sénégal dispose aussi d'un marché à Diamel, d'une
gare routière et d'un abattoir situé sur la route de Navel. Le
fait le plus marquant dans la ville mauritanienne est l'absence de
marché. Cependant on note quelques petites boutiques à
l'intérieur de la commune. Les plus grands équipements marchands
se trouvent près du fleuve. 
2.2. Les services urbains :
2.2.1. Les réseaux d'électricité
et de télécommunication :
La consommation électrique de la commune
sénégalaise est faible par rapport à certaines grandes
villes du pays. Ceci est dû à l'absence de grandes unités
industrielles. Cette consommation électrique tourne autour de 20 mW. La
ville est alimentée par le réseau hydroélectrique de
Manantali. Son réseau aérien est composé d'une ligne de
30.000 V et de deux postes de transformateurs (l'un à Tantadji et
l'autre à Gourel Serigne). Les 1104 abonnés de la SENELEC sont
mal répartis dans la ville. Cette répartition du nombre
d'abonnés varie selon les quartiers Soubalo (32%, Tantadji 35%, Gourel
Serigne 24%, Diamel 6% et Navel 3%) La plupart des abonnements sont
destinés à l'usage domestique. Par ailleurs, il existe dans la
ville de gros consommateurs comme la SONATEL, la SAED, le 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
42 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
PRODAM mais aussi les soudeurs métalliques, les moulins
à mil et les boulangeries. Dans la commune l'éclairage public est
insuffisant et mal réparti. Les quartiers de Soubalo, Tantadji et Gourel
Serigne sont les mieux éclairés. 
Quant au réseau téléphonique, il a connu
un essor dans la ville grâce au développement de
l'émigration. Aujourd'hui le taux d'occupation du réseau
téléphonique est de l'ordre de 95% avec une saturation pour
certains quartiers (Soubalo, Gourel Serigne). C'est ainsi que la SONATEL
envisage l'extension de son réseau pour mieux satisfaire la demande de
la commune. Selon les sources de la SONATEL, la ville compte près de 257
abonnés résidentiels, 25 télés centres, 47 lignes
officielles et 11 lignes professionnelles. Cependant on assiste de plus en plus
à la fermeture des télés centres et à la
régression du téléphone fixe. Cette régression du
téléphone fixe est la conséquence du développement
du téléphone mobile. Dans le domaine des TIC, des avancées
sont notées avec la couverture de l'ADSL (Asymetric Digital Subcrib
Liner) dans la commune29 .Le réseau n'est encore
disposé que par quelques services de l'Etat. 
A l'heure actuelle Matam Réo n'est ni
électrifiée et ne dispose ni d'un réseau
téléphonique. Pour les appels téléphoniques, ces
populations utilisent les services mobiles implantés au
Sénégal. 
29 Tamboura(H.D) : Extensions spatiales et enjeux
fonciers dans la ville de Matam ; mémoire de maitrise UGB 2007 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
43 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Graphique 4:
Répartition des abonnés au réseau de la Senelec. 
 
Soubalo 
Tantadji 
Gourel Serigne 
Navel 
Diamel 
Source : Senelec de Matam 2007 
6% 
3% 
24% 
32% 
35% 
Dans la Wilaya de Gorgol seules les villes de M'Bout, Maghama et
Kaédi disposent 
d'un réseau électrique et
téléphonique 
2.2.2. Le réseau d'adduction d'eau potable :
Comme partout au Sénégal la SDE assure la
distribution de l'eau potable à travers des branchements privés
et publics (bornes fontaines). Le nombre de branchements individuels dans la
ville est estimé à 953 avec une inégale répartition
(confère tableau ci-dessous).Avec l'appui du AEPC, centre qui
s'était fixé comme objectif : l'amélioration de
l'approvisionnement en eau potable des villes riveraines du fleuve
Sénégal, la ville a connu une hausse des branchements sociaux. Le
tableau ci-dessous mesure la répartition des abonnés du
réseau SDE selon les types de branchement : individuel, administratif,
et les gros consommateurs .Le faible taux d'abonnés au réseau
d'eau dans les quartiers de Diamel et de Navel s'explique par le fait que ces
deux localités ne sont connectés à ce réseau qu'en
mai 2005. On dénombre 34 bornes fontaines dans la ville. Les
branchements publics assurent l'alimentation en eau des habitants n'ayant pas
bénéficié de branchements privés. 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Tableau6  :
Répartition par types de branchements et par
quartier. 
 
| 
 Quartiers 
 | 
 Branchements individuels 
 | 
 Branchements administratifs 
 | 
 Gros 
consommateurs 
 | 
 Total 
 | 
 
| 
 Soubalo 
 | 
 309 
 | 
 04 
 | 
 19 
 | 
   | 
 
| 
 Tantadji 
 | 
 260 
 | 
 26 
 | 
 03 
 | 
 289 
 | 
 
| 
 Gourel Serigne 
 | 
 255 
 | 
 13 
 | 
 08 
 | 
 276 
 | 
 
| 
 Diamel 
 | 
 74 
 | 
 - 
 | 
 - 
 | 
 74 
 | 
 
| 
 Navel 
 | 
 55 
 | 
 - 
 | 
 - 
 | 
 55 
 | 
 
| 
 Total 
 | 
 953 
 | 
 43 
 | 
 30 
 | 
 1026 
 | 
 
  
Source :SDE Matam 2009 
La ville mauritanienne a récemment
bénéficié d'un projet de construction d'un forage
financé par l'Agence Française de Développement(AFD) et le
gouvernement de la RIM. Cependant on note l'absence d'un réseau de
distribution d'eau potable. 
2.2.3. Le réseau d'assainissement :
Il constitue une préoccupation pour la population du
fait de l'insuffisance du système d'évacuation des eaux
usées et de pluie dans toute la commune mais aussi d'un système
de collecte d'ordures. L'assainissement des déchets liquides dans la
commune s'effectue grâce à des réseaux de latrines
individuelles ou par des fosses sceptiques réalisées par
l'UNICEF. La stagnation des eaux de pluie et l'absence du réseau
fonctionnel dans la ville ont des conséquences sur l'environnement, la
santé et le cadre de vie: 
- Déversement des eaux usées dans les environs
immédiats des habitants. 
- Augmentation des risques de contamination de la nappe et des
conduits d'eau potable. 
- Pollution des environs du fleuve. 
Il faut noter que la ville bénéficie d'un projet
de construction d'un réseau d'évacuation des eaux de pluie. La
première partie est déjà réalisée dans les
quartiers de Tantadji et de Soubalo. L'accroissement de la population et
l'urbanisation croissante de la ville ont conduit à l'augmentation des
déchets solides. En effet durant le mois de mai 2001, 242m3
de déchets 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
44 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
ont été produits dans la commune30.
Les déchets sont composés de matières organiques, de
sable, de tissus, de matières métalliques, de verres ... Le
système de collecte de la ville se fait de manière individuelle.
Il n'existe quasiment pas de décharge fonctionnel dans la ville. Les
ordures sont déposées un peu partout : sur les berges du fleuve
ou dans les décharges sauvages proliférant dans les quartiers. 
2.3. La voirie :
Le réseau routier de la ville comprend une route
nationale traversant une partie la ville sur 1.8 km jusqu'au carrefour Fadel.
En 1997, des travaux de bitumage du tronçon Tantadji Gourel
Sergine(SONATEL) ont été réalisés sur les abords du
fleuve. La deuxième voie va de l'ancien siège du conseil
régional situé à Soubalo et traverse le quartier sur 800
m. Cette voie constitue un important axe d'accès à la ville. En
effet, avec la vétusté des trois ponts reliant la commune de la
ville de Ourossogui, les gros porteurs pour y accéder empruntent cette
voie qui débouche sur la N2. Le trajet utilisé est le
tronçon Doumga Ouro Alpha- Ndoulmadj-Matam en traversant le pont de
Diamel. C'est une route faite de latérite. Le reste de la voirie urbaine
est composé de pistes latéritiques, réceptacles pour les
eaux usées. En saison de pluies, la plupart de ces pistes se
transforment en flaques d'eau boueuses rendant impraticable la voirie. 
Tableau7: Principales
caractéristiques de la voirie revêtue et le niveau de desserte par
quartier. 
| 
 Quartiers 
 | 
 Total revêtu 
ml 
 | 
 Revêtu en 
bon état 
 | 
 Revêtu en 
mauvais état 
 | 
 Indicateurs en ml 
 | 
 Scores 
qualificatifs 
 | 
 
| 
 Soubalo 
 | 
 100 
 | 
 00 
 | 
 100 
 | 
 0,02 
 | 
 Médiocre 
 | 
 
| 
 Tantadji 
 | 
 1880 
 | 
 1680 
 | 
 200 
 | 
 0,82 
 | 
 Correcte 
 | 
 
| 
 Gourel Serigne 
 | 
 880 
 | 
 880 
 | 
 00 
 | 
 0,65 
 | 
 Correcte 
 | 
 
| 
 Diamel 
 | 
 00 
 | 
 00 
 | 
 00 
 | 
 00 
 | 
 Nul 
 | 
 
| 
 Navel 
 | 
 00 
 | 
 00 
 | 
 00 
 | 
 00 
 | 
 Nul 
 | 
 
| 
 Total voirie 
 | 
 2 860 
 | 
 2 560 
 | 
 300 
 | 
 0,23 
 | 
 Médiocre 
 | 
 
  
Source : Audit Urbain de la ville de Matam. Page 2 
30 Profil environnemental de la ville page 34. 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
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UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
46 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
La ville dispose aussi de trois ponts sur l'axe Matam
Ourossogui. Ces ponts sont marqués par l'âge (1952 pour les deux
pièmeremiers et 1959 pour le trois). Avec l'état du
délabrement avancé de ces ponts ; ils accentuent l'enclavement de
la ville avec un difficile accès des véhicules de plus de 3,5
tonnes. Un autre pont relie Diamel au centre ville. Enfin il y a aussi un pont
à Navel construit récemment pour désenclaver le
Dandé Mayo. Le transport inter-urbain est quasi inexistant dans la
ville. Les déplacements à l'intérieur de la ville sont
assurés par des charrettes attelées à des ânes ou
à des chevaux et par des voitures « clandos ». Excepté
le déplacement effectué par l'agence de voyage Mboup qui fait la
liaison entre la commune et Dakar les dimanches et mercredis soirs ; le
transport vers le reste du pays se fait généralement à
partir de Ourossogui. La gare routière polarise les villages
environnants qui l'utilisent pour relier le reste du pays. Le parc automobile
est composé de 15 cars ,14 sept places Peugeot et de 40 petites voitures
`'clandos»31. 
Le fleuve joue un rôle important dans le transport .En
effet il constitue une passerelle entre la ville mauritanienne de Réo et
les villages sénégalais du Dandé Mayo. Pendant la saison
des hautes eaux, la navigation fluviale demeure le mode de transport le plus
utilisé. 
La seule route goudronnée de la région de Gorgol
partant de Nouakchott, s'arrête à la capitale régionale,
Kaédi. Les autres axes routiers sont des pistes fréquemment
coupées pendant la saison des pluies. Il n'existe quasiment pas route
bitumée à Matam Réo et la ville ne dispose non plus de
gare routière. Toutes les voies qui la relient du reste du pays ne sont
pas bitumées. 
Si la régionalisation a fait évoluer le statut
administratif de la commune de Matam sénégal ; du point de vue
économique, les activités n'ont quasiment pas changé
.Ainsi l'un des principaux maux de la ville est l'insuffisance notoire
d'infrastructures et de voirie urbaine. Ce nouveau statut contraste avec
l'apparition de nouveaux besoins .Matam Sénégal a un défi
à relever notamment en matière d'équipements, en
santé, en éducation, en route ,en assainissement, en eau, en
électricité, en logement, en gestion des déchets, en
services divers ..Et qu'elle n'arrive pas à satisfaire. 
Par ailleurs, avec le déclin de la navigation sur le
fleuve, l'enclavement de la ville dû à la vétusté
des ponts qui la relient à Ourossogui et la construction de la N2, Matam
est entrée 
31 (Profil environnemental de la ville de Matam 2004 page 22). 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
dans une phase de dépérissement au profit de
nouveaux centres localisés essentiellement le long de la N2.On assiste
alors à une délocalisation progressive de certaines
activités et services qui étaient exclusivement concentrés
à Matam, il y a seulement quelques années. 
Sur le plan socio-économique, on note un
déséquilibre au détriment de Matam. La ville voisine
à savoir Ourossogui, favorisée par sa situation sur la route
nationale2 polarise l'essentiel des activités économiques et
services, notamment les services de financement. La commune de Matam reste
contrainte par l'absence d'outils de planification et de gestion,
d'établissements financiers, de station services...Mais toutefois on
note la présence d'institution de financement comme la CNCAS, le PAMECAS
et la CMS. 
Matam, autrefois principal centre de la région devient
de moins en moins importante. Hormis sa fonction administrative, aujourd'hui
seul le double statut actuel de chef lieu de région et du
département lui confère une prépondérance dans
l'armature urbaine de la région. Pour jouer son rôle de capitale
régionale polarisant son territoire, Matam compte sur des projets visant
l'amélioration de la voirie et le désenclavement des zones
situées aux abords du fleuve. Selon les autorités municipales,
ces projets qui sont en cours d'études, concernent la reconstruction des
trois ponts pour 4 milliards, la construction de la route
Matam-Linguère-Dakar, de la route Matam Waoundé (actuellement
faite mais en piste latérite). Ces projets, une fois
réalisés, donneront un avenir prometteur à Matam. Et elle
aura un rayonnement considérable sur son hinterland. 
La Wilaya de Gorgol se caractérise elle aussi par une
carence en infrastructures et services urbains de base. 
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47 
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48 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
CHAPITRE III : UN PROCESSUS D'INTEGRATION A
L'EPREUVE
Après plus de cinquante ans d'indépendance,
l'Afrique de l'Ouest, à l'instar des autres régions du continent,
demeure fortement divisée. Seuls quelques pays des seize Etats qui
composent cette région ont une population supérieure à dix
millions d'habitants. Ce qui fait que les marchés nationaux de ces Etats
restent très étroits pour accueillir de gros investissements. Ce
découpage de la région par les puissances coloniales est
aujourd'hui renforcé par les barrières culturelles,
linguistiques, administratives, commerciales et économiques. 
Cependant, « Le besoin de surmonter ces obstacles est
évident, dans un monde de plus en plus interdépendant et on
constate chez les penseurs et les responsables du développement dans la
région, un engouement sincère pour l'intégration
régionale et la coopération régionale
».32Mais la première étape qui doit servir
de socle aux organisations régionales et à l'Union Africaine(UA)
passe nécessairement par une parfaite intégration
régionale entre pays voisins immédiats33. C'est dans
ce contexte que les Etats du Sénégal et de la Mauritanie doivent
concrétiser de manière officielle une « intégration
» que vivent les peuples 
I. Les freins à l'intégration :
1.1. Des velléités souverainistes encore
vivaces :
Malgré les souhaits des populations et des Etats,
l'intégration entre le Sénégal et la Mauritanie bute sur
plusieurs obstacles. La souveraineté des Etats dans les espaces
frontaliers, se traduit par les contrôles des mouvements frontaliers.
Ainsi les candidats à l'émigration sont soumis aux contraintes et
aux exigences des Etats. Pour les partisans du contrôle territorial, la
libre circulation au niveau des frontières a comme conséquence
une baisse des recettes douanières et le développement de la
contrebande. 
32 CRDI, 1995, l'intégration régionale
en Afrique de L'Ouest. 
33 Sy (S.H), 2002.Les relations entre le
Sénégal et la Mauritanie à travers le poste frontalier de
Rosso Sénégal de 
1960à 2002, mémoire de maitrise . 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
49 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
En outre, la réserve de certains Etats vis-à-vis
de la libre circulation est fondée dans l'absence de soubassement
historique des entités politiques et sur le manque de la culture
démocratique qui exclut toute participation des migrants au débat
politique34. L'intégration en Afrique reste très
souvent une affaire des gouvernants, les avis des populations
frontalières ne sont jamais recueillis lors des dialogues visant
à rapprocher ces peuples. A cet effet, les populations ne se sentent
presque pas concernés par les accords bilatéraux signés
entre les deux pays, tant sur le plan économique que sur le plan social.
L'orientation du débat vers la dimension économique de
l'intégration a relégué au second plan la libre
circulation des personnes. 
L'intégration entre le Sénégal et la
Mauritanie sera difficile à réaliser tant que la Mauritanie ne
rejoindra pas l'UEMOA et continuera à lorgner du coté de la Ligue
Arabe. Sans une réelle liberté de circulation des personnes et
des biens, l'intégration entre les deux pays ne sera qu'un voeu
pieux35. 
. 
1.2. Le souvenir des événements de 1989 est
encore présent :
Dès le lendemain des indépendances les relations
entre les communautés négro-africaines de la Mauritanie et les
Beïdanes furent secouées par plusieurs tensions. En effet, cette
population noire demande une plus grande responsabilité au sein des
instances dirigeantes. L'application de la nouvelle loi sur le domaine national
en Mauritanie visait à redistribuer les terres fertiles de la
vallée en faveur des Beïdane au détriment de la population
noire. L'Etat mauritanien procède ensuite à des
répressions et des expulsions de la population noires. En Mars 1988 les
tensions latentes entre sénégalais et mauritaniens
s'accélèrent dans la vallée du fleuve
Sénégal. C'est ainsi qu'a commencé ce qui allait mener
quelques mois plus tard à la plus grave crise dans les relations entre
le Sénégal et la Mauritanie. 
Le barrage de Manantali venait d'être
réceptionné alors que celui de Diama était mis en service
deux ans auparavant. Des expulsions d'agro-pasteurs de part et d'autre des deux
pays débouchèrent très vite sur l'exhumation d'un vieux
litige relatif au tracé de la frontière entre les deux pays. La
tension éclata en Avril 1989 à la suite des incidents survenus
à 
34 Fall(P.D) : Etat-nation et migrations en Afrique de l'Ouest :
le défi de la mondialisation, UNESCO 2004 
35 Sy(S.H),2002 idem 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
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50 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Diawara dans le département de Bakel entre pasteurs
peuls et garde frontière de la Mauritanie. Après des tueries et
prises d'otages localisées, la tension ne tarda pas à gagner tout
le long du fleuve et les principales villes des deux pays. Entre le 10 et le 15
Avril quelques boutiques mauritaniennes furent pillées à Bakel. A
Matam la crise dégénéra quand un cultivateur matamois
revenant de son champ fut battu à mort par des mauritaniens. La
révolte s'avéra violente. Les populations matamoises, elles aussi
tuèrent un mauritanien qui tentait de regagner son pays et elles
procèdent au saccage des boutiques maures. A Dakar, on enregistre des
pillages des boutiques tenues par les Beïdane, les 22 et 23 Avril. Ces
nouvelles, arrivées à Nouakchott, passablement
exagérées, produisent le 24 Avril, une riposte très
violente au marché de la capitale et dans les quartiers des
5éme et 6ème
arrondissements36. 
Les chiffres sont contestés mais le bilan du conflit
est lourd. Outre des centaines de morts, près de 75.000
sénégalais et 150.000 mauritaniens durent être
rapatriés au courant du premier semestre de 1989 (Magistro, 1993 ;
Horowitz, 1989 ; Parker, 1989). Des milliers de noirs se réclamant de la
nationalité mauritanienne furent déportés au
Sénégal. On a même noté des échanges de tirs
d'artillerie lourde entre les armées des deux pays
déployées de part et d'autre du fleuve (Magistro, 1993, Parker,
1989). Après le rapatriement des mauritaniens et des
sénégalais, le président de la République Islamique
de la Mauritanie, MAOUYA OULD SID'AHMED TAYA lance un appel à `'
l'unité nationale et à la concorde». «... dans son
discours (énoncé pour la première fois en français
puis traduit en arabe), il rejette `'la responsabilité pour
l'histoire» des événements sur le Sénégal et
affirme que `' désormais, toute tentative de trouble sera
considérée comme une haute trahison à la Patrie et
traitée comme telle» »37. Ainsi commence des
rapatriements vers le Sénégal c'est-à-dire l'expulsion des
mauritaniens qui pour le gouvernement sont d'origine
sénégalaise. 
En juillet le président sénégalais ABDOU
DIOUF réagit à Paris où il se trouvait en affirmant que `'
la déportation de citoyens mauritaniens d'origine
négro-africaine est un scandale.»(Libération du 16
juillet 1989 citée par SY, 2002). Le 27 juillet 1989, Nouakchott accuse
Dakar de préparer une offensive militaire38 après
avoir annoncé que `'l'unité nationale 
36 Sy(S.H),2002 idem 
37 Sy(S.H),2002 idem. 
38 Le Monde du 28 Juillet 1989. 
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51 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
et l'intégrité de la Mauritanie ne sont pas
négociables''39. Une période d'instabilité
généralisée gagne la frontière avec des accrochages
militaires périodiques entre les armées et les civils des deux
pays. Ces Etats rompirent leurs relations diplomatiques d'Août 1989
jusqu'en Avril 1992 à la suite d'une annonce de réconciliation.
Malgré le rétablissement en 1992 des relations diplomatiques
entre les deux pays, rompues trois ans auparavant les blessures
occasionnées par la crise prennent encore du temps pour se cicatriser.
Depuis lors, « l'épaississement de la frontière»
persiste et a radicalement changé le statut et le rôle du fleuve
aux yeux des milliers d'agriculteurs transfrontaliers vivant de part et d'autre
du fleuve. Les Sénégalais qui cultivaient en territoire
mauritanien se replient sur la rive gauche. 
L'intégration entre les populations de Matam Réo
et de Matam Sénégal est limitée par un facteur naturel
constitué par le fleuve. En saison des pluies, le fleuve se remplit
d'eaux et son débit augmente. Cette situation restreint les
déplacements car la liaison entre les deux localités est
principalement assurée par des pirogues à pagaie. Pendant cette
période, les transporteurs éprouvent d'énormes
difficultés pour relier les deux rives 
II. Les ressorts de l'intégration des deux pays
:
2.1. Les mouvements transfrontaliers :
L'importance qualitative et quantitative des
déplacements des personnes et des flux économiques dans cette
partie de la Mauritanie et du Sénégal constitue une source
d'union entre ces peuples. Le rapprochement des populations
frontalières, est facilité par les discontinuités
territoriales liées à l'existence de familles «
multinationales ». Les migrations avant et pendant la colonisation sont
à l'origine de la segmentation territoriale d'un bon nombre de familles
entre les deux rives du fleuve. Une même famille peut réunir des
sénégalais et des mauritaniens. Cela développe à
coté du sentiment d'appartenance au pays de résidence ; un
réseau de solidarité transnationale. Ce réseau de
solidarité peut créer des éléments de
contiguïté, de proximité ou de continuité avec des
membres de la famille établis dans un autre pays. Ces échanges
qui dépassent les territoires nationaux, entretiennent un sentiment
d'appartenance « régionale ». 
39 Le Chaab du 21Juillet 1989. 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
52 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Le réseau social tissé entre commerçants
sénégalais et mauritaniens, joue aussi un rôle important
dans le processus d'intégration. Les membres de ce réseau unis
par une préoccupation commune et appartenant à un même
milieu socio-économique, nouent des liens solides. Ces acteurs se
situent, donc dans une double appartenance : celle du citoyen et celle d'un
membre d'une famille s'inscrivant dans un réseau transnational en
fonction de sa position sociale. 
2.2 Le fleuve: un cadre de concertation autour d'une
organisation supranationale :
La création de l'OMVS en 1972 par La Guinée
Conakry, le Mali, le Sénégal et la Mauritanie s'est
accompagnée d'une autre convention déclarant le fleuve
Sénégal et ses affluents comme « cours d'eau international
» sur les territoires des Etats membres. L'une des conséquences de
ce nouveau statut est que toute intervention pouvant altérer de
façon significative le régime du fleuve et les conditions de sa
navigabilité, les formes d'exploitation agro-industrielles des eaux du
fleuve ou ses caractéristiques écologiques, nécessitent
l'approbation préalable des Etats membres de l'OMVS. La convention de
1978 sur le statut des ouvrages communs, déclare les infrastructures
hydrauliques et électriques (barrages, lignes de transmissions,
infrastructures portuaires, etc.) à réaliser dans le cadre de
l'OMVS comme propriétés communes et indivisibles des Etats
membres. A cet effet, la mission assignée à l'organisation est de
promouvoir la coopération entre ses Etats membres, la coordination des
études techniques et les activités de mise en valeur du fleuve,
et la régularisation du débit du fleuve pour répondre aux
besoins de l'irrigation, de production d'électricité et de la
navigation. (OMVS, 2OO9). C'est ainsi qu'elle a réalisé les
barrages de Diama et de Manantali. Plus récemment, ses Etats membres ont
adopté une charte qui fixe les principes et modalités de la
répartition des eaux du fleuve entre les différents secteurs
d'utilisation, y compris l'environnement. Ce dynamisme est fondé en
partie sur la concordance des intérêts des Etats membres et
à l'impératif de coopération que dicte la
nécessité de gérer la ressource commune qui se trouve
être le fleuve. Cette organisation autour du bassin du fleuve joue un
rôle important dans la coopération entre les différents
membres et notamment dans l'apaisement des tensions. Tout au long de la crise
entre le Sénégal et la Mauritanie et lors de la période de
rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, l'OMVS continuait
à fonctionner et avait servi de cadre de dialogue entre les deux Etats.
Ce qui a peut être aidé à faire baisser 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
53 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
progressivement la tension. De même, cette structure a
servi de cadre d'arbitrage lors de la crise récente sur la
ré-inondation des vallées fossiles du Sénégal. 
2.3 La décentralisation un stimulant à la
coopération entre collectivités frontalières :
L'intégration régionale est en interaction avec
le local. Celui-ci n'a de sens sans celui là. Le local constitue une
scène des relations internationales africaine notamment parce qu'il est
le point d'appui des acteurs infra-étatiques ; un cadre d'enjeu
important40. Même si l'intégration régionale
concerne fondamentalement les Etats, expression de la souveraineté
nationale, le processus qui y conduit n'est pas du seul ressort des
gouvernements et de leurs administrations. Les acteurs locaux en fonction des
transversalités qui établissent des passerelles, des raccourcis,
des contournements fondés sur les systèmes complexes
d'appartenance, peuvent avoir une prise directe sur le rapprochement entre les
Etats. 
La décentralisation entamée au début des
années 90 dans la plupart des pays ouest africains est suivie d'un
transfert de certains domaines de compétences aux autorités des
collectivités locales (région, commune et communauté
rurale). Ces nouvelles responsabilités et compétences permettent
aux collectivités locales de jouer un rôle important dans
l'intégration. Ainsi elles deviennent donc une source de
coopération car l'Etat a donné à ces collectivités
locales les moyens juridiques permettant de nouer des relations avec d'autres
localités. De ce fait, la décentralisation favorise une bonne
concertation et une bonne coopération entre les dirigeants locaux des
différentes collectivités et entre les Etats du
Sénégal et de la Mauritanie mais aussi avec les acteurs ayant une
influence sur la vie locale de leur région. Mais cette
coopération doit s'organiser sur des règles de gouvernance
explicites et partagées par tous les acteurs, il faut définir des
espaces collectifs dans lesquels se réalise concrètement cette
coopération. Cela est nécessaire non seulement pour la
réussite de la décentralisation au plan local, mais aussi pour
que l'Etat parvienne à se positionner dans cette nouvelle architecture
des instances de gouvernance. Au Sénégal, des systèmes
dits « cadre de concertation » ont été mis en place et
constituent effectivement des lieux de synergie entre acteurs. A cet effet,
chaque acteur, en fonction de ces spécificités, a sa pierre
à 
40 Sindjou(L) : Les relations internationales
africaines : entre Etats en crise et flux transnationaux. CODESRIA, document de
travail N°1,2002 
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maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
apporter à la résolution d'un problème
spécifique à certaine échelle et dans l'élaboration
d'un plan d'action. Dans la plupart des espaces frontaliers du
Sénégal, des coopérations transfrontalières ont
fait l'objet d'une initiative locale. 
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
DEUXIEME PARTIE : RAPPORTS A LA FRONTIERE
ET TYPOLOGIE DES RELATIONS
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maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
CHAPITRE I : LES ETATS, LES VILLES, LA FRONTIERE ET
LES
POPULATIONS
La quasi-totalité des frontières des Etats
actuels de l'Afrique sont issues du partage colonial. Ainsi les limites de
chacune de ces colonies sont négociées avec les puissances
coloniales voisines par des conventions ou définies par des
décisions administratives en cas de voisinage franco-français.
Ces frontières furent institutionnalisées par la
conférence de Berlin (1884-1885) et minutieusement
révisées et corrigées tout au long de la période
coloniale. De ces territoires, les Etats modernes sont issues les nations
correspondants ont émergé à leur tour : car ces lignes de
partage furent reconnues, voire renforcées par les Etats devenus
indépendants dans la charte fondatrice de l'OUA en 196341.
Après les indépendances la plupart des Etats ont
décidé de garder les frontières héritées de
la colonisation. C'est ainsi que la frontière entre le
Sénégal et la Mauritanie résulte du découpage
colonial. 
I Les rapports des populations à la
frontière :
1.1 Le fleuve un obstacle géographique plus qu'une
frontière
administrative ?
En dépit de limite qu'est censé jouer, le
fleuve, les populations accordent peu d'importance à la
frontière. Pour ces populations, le fleuve n'est pas une limite
infranchissable ; ce qui se traduit ainsi par des déplacements
fréquents entre le Sénégal et la RIM depuis la
période coloniale. Les riverains traversent cette limite étatique
sans tenir compte des formalités administratives (elles ne sont jamais
enregistrées par la police sauf en cas de différend frontalier
entre les deux Etats ou si elles partent vers la capitale mauritanienne).
Certaines personnes qui traversent le fleuve ne se rendent même pas
compte du moment où elles transgressent la frontière. On peut
entrer en Mauritanie et en ressortir sans une fois se sentir à
l'étranger. 
41 UNESCO, 2005 : Des frontières en Afrique du
XII au XXe siècle. 
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maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
L'existence d'une multitude de points de passage à
travers le fleuve rend difficile tout contrôle strict. En outre
l'histoire de la vallée fait que ses populations sont tellement
imbriquées qu'on ne pourrait même pas distinguer le
sénégalais du mauritanien si ce n'est, dans quelques cas, par la
langue et la couleur de la peau (la peau blanche des beïdanes renvoie
à la Mauritanie). Ces populations ont partagé la même
histoire depuis le temps des royaumes (Walo et Fouta Toro) jusqu'aux
indépendances et parlent presque les mêmes langues. 
L'autre facteur qui fait que la frontière est peu
perçue résulte du fait que « les populations
éprouvent des sentiments d'appartenance commune nourris par la religion
musulmane, les liens matrimoniaux et coutumiers (les mariages et les
funérailles se font souvent entre familles de plusieurs pays) ; les
activités économiques et les échanges leur donnent
l'opportunité de se connaitre, de s'apprécier, de partager des
valeurs semblables qui s'incarnent dans des identités propres
»42. 
Un autre phénomène favorisant les
déplacements transfrontaliers est l'existence des marchés
hebdomadaires « louma » en territoire sénégalais. Ces
marchés drainent toute la région frontalière et
constituent des lieux d'échanges. Ces lieux de commerce constituent un
facteur de franchissement permanent de la frontière. 
1.2 Le fleuve une ressources dont il faut tirer des profits
:
Le fleuve joue un rôle important dans la vie des
populations. Il permet aux riverains d'accéder à l'eau pour leurs
besoins domestiques tels que la lessive ; le bain, le linge, etc. Autour de
cette ressource s'est développée une activité de
blanchisserie pratiquée surtout par des migrants venus du Mali.
L'accès gratuit à l'eau fait que ce service est accessible
à un cout moins élevé par rapport aux autres
localités du pays. 
Dans la vallée, la production agricole dépend
largement du fleuve. En effet en saison des pluies le fleuve se remplit et
déverse ses eaux sur des terrains bas et cultivables appelés
« kollengal »qui, en saison sèche après le retrait des
eaux accueillent les cultures de sorgho, du maïs, du petit mil, etc. En
plus sur les berges du fleuve est pratiquée la culture
maraichère. 
42Enda Diapol, 2007, Les dynamiques
transfrontalières en Afrique de l'Ouest. Éd Karthala, 219p 
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maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Dans les zones de « falo » sont cultivés le
maïs, la patate douce, le niébé...En outre il a
favorisé le développement de la culture irriguée
basée sur les aménagements hydro-agricoles. En outre le fleuve
permet au bétail d'accéder à l'eau et aux pâturages.
En saison sèche il devient un refuge pour les pasteurs à la
recherche de l'eau et de la nourriture pour leur troupeau. 
Aujourd'hui avec le déclin de la pêche
continentale, la plupart des pratiquants lui ont tourné le dos pour
s'activer dans le transport fluvial. Néanmoins la pêche continue
d'être pratiquée dans la région. 
Le fleuve constitue aussi une voie de communication aussi bien
pour les localités de la rive gauche que pour celles de la rive droite.
C'est aussi une passerelle entre les villes sénégalaises et
mauritaniennes. Durant la période coloniale, le développement du
transport a permis l'implantation des comptoirs européens le long du
fleuve. Les compagnies maliennes, mauritaniennes de navigation, les messageries
du Sénégal et les armements Alézard ont marqué les
beaux jours de la navigation fluviale. Cependant cette navigation a subi un
arrêt en 1982 avec l'installation du bouchon de kheune43.
Avec l'enclavement de la zone du « Dandé Mayo » pendant
la période des eaux ; la desserte des localités situées le
long du fleuve est exclusivement assurée par des pirogues
motorisées de capacités différentes. Ainsi un nombre
important de personnes et des quantités appréciables de
marchandises sont transportées quotidiennement d'une localité
à une autre. En zone mauritanienne, les localités situées
sur la rive sont ravitaillées par Kaédi via le fleuve, surtout en
saison des pluies du fait de l'impraticabilité de la voie
routière. Dans la ville de Matam Sénégal par exemple, le
développement d'activités autour du fleuve a permis aux acteurs
intervenant dans le transport de se regrouper dans un GTE 
II Et les Etats dans tout cela ?
Les Etats disposent de différents services pour la
surveillance de leurs frontières et de la restriction des mouvements
frontaliers. Cette surveillance peut se faire par un contrôle très
strict dans ce cas on parle de frontière fermée ou par un
contrôle moins strict ; on parle de frontière ouverte. Le
contrôle et l'administration de la frontière sont assurés
par les 
43 ANSD.2009 
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
représentants locaux de l'Etat (la police, la
gendarmerie et la douane) avec à leurs têtes l'autorité
administrative. Leur présence marque une différenciation des
territoires et un contraste politique et économique. Elle montre aussi
la volonté de chaque pouvoir de marquer son autorité. 
2.1 La Police des frontières et la gendarmerie pour
la sûreté et la sécurité :
Elles ont pour mission d'assurer la sécurité
tant dans les localités situées a l'intérieur de
territoire que dans les marges frontalières. La présence de la
Direction de la Police des Airs et des frontières(DPAF) se manifeste
à Matam par l'installation d'un poste au centre ville et près du
fleuve. La mission d'élaboration de document d'orientation au profit des
services de contrôle des frontières est dévolue à la
DPAF. Dans l'exécution de sa tâche la police filtre
l'entrée du territoire national en veillant sur l'entrée et le
séjour des étrangers. Elle est censée centraliser et
exploiter toutes les informations relatives à la circulation
transfrontalière. Elle a aussi la prérogative de contrôler
la politique d'immigration et d'émigration du pays et de délivrer
des documents de voyage et des titres de séjours. Ce travail participe
à garantir la sécurité dans les espaces frontaliers. 
Dans cette partie du Sénégal, il n'existe qu'un
petit poste. Le constat que nous avons fait est la présence d'un seul
agent de la police pour le contrôle de la frontière et des
mouvements qui s'y opèrent. Les personnes faisant le déplacement
entre les deux Matam sont peu contraintes par les tracasseries
policières ; elles ne sont même pas enregistrées. Les
quelques interpellations de la police concernent les passagers qui semblent
être suspects et sont arrêtés le temps que les agents de
sécurité procèdent à la vérification des
formalités. La police est dotée aussi d'une pirogue
motorisée qui lui permet d'effectuer si nécessaire une patrouille
fluviale et cela très rarement. En territoire mauritanien l'agent de
sécurité frontalier fait presque le même travail que la
police sénégalaise mais il arrive souvent que son contrôle
soit plus strict. En plus de cette tâche, il procède à la
vérification des pièces administratives et de la devise (35.000f
CFA) que doit posséder le candidat au voyage vers Nouadhibou ou
Nouakchott. 
La gendarmerie, quant à elle est beaucoup plus
présente en campagne et est chargée de la police rurale où
elle assure la sécurité. Elle a pratiquement la même
mission que la 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
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60 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
police dont elle fait le travail en l'absence de celle-ci.
Elle assure également le contrôle de l'immigration et la
surveillance des étrangers. Dans notre zone d'étude, il existe un
poste à Matam Sénégal et une brigade récemment
transférée à Ourossogui. Les éléments du
poste de Matam Sénégal ont pour mission principale de transmettre
des informations aux autorités supérieures. Ils viennent souvent
épauler la police dans son travail. 
Des patrouilles consistant à longer la frontière
sont faites par les agents de la brigade de Ourossogui en vue de marquer une
présence et de dissuader certains malfaiteurs agissant près de la
frontière. Aujourd'hui on note une présence de plus en plus
permanente de la gendarmerie dans les espaces frontaliers. Elle joue aussi le
rôle de la douane par le contrôle des marchandises venant de la
Mauritanie. 
2.2 La Douane pour le prélèvement des rentes
:
Contrairement à la police et à la gendarmerie
qui ont pour mission essentielle la sécurité des personnes, la
mission principale de la douane est d'assurer le contrôle des biens et
marchandises. Elle a une mission fiscale qui consiste à la liquidation
et à la perception des droits de taxes sur tous les produits
importés comme exportés. En effet tout produit entrant ou sortant
du territoire national doit faire l'objet d'une déclaration au service
de la douane. Elle a aussi un rôle de protection des entreprises
nationales contre les produits concurrents provenant de l'extérieur.
Dans les zones où elle est la seule présente, la douane apporte
son soutien à la police et à la gendarmerie. 
Dans la moyenne vallée il n'existe que des bureaux
frontaliers. C'est à dire des bureaux à compétence
limitée. Ainsi se pose le problème de déclaration de
marchandises. La déclaration de certaines marchandises se fait à
Rosso ou à Kidira. Le bureau de Matam est une subdivision de service de
la douane. Il dépend de l'antenne du Rosso. Cette douane fonctionne avec
un manque notoire d'agents et avec un matériel dérisoire.
Malgré les difficultés qu'elle rencontre pour bien mener sa
mission, la douane de Matam Sénégal arrive, chaque année
à déposer dans le trésor public plusieurs millions de
franc CFA. Elle est épaulée dans sa lutte contre la fraude par la
police, la gendarmerie et les services des eaux et forêts. 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
61 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
La commune et la préfecture interviennent dans les
activités frontalières mais de manière indirecte. La
mairie délivre le laissez-passer et le carnet de vaccination aux
voyageurs. Les agents de la préfecture, quant à eux remplissent
et délivrent l'autorisation de voyage. Ils disposent aussi d'un registre
pour répertorier les voyageurs. 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
62 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
CHAPITRE II : LES FONDEMENTS DES RELATIONS ENTRE
LES DEUX VILLES
Par sa position géographique, le département de
Matam est une zone tampon entre le Sénégal et la Mauritanie.
Cette configuration fait que cette partie du Fouta est tournée sur le
plan économique et social vers la région de Gorgol. Les relations
qui unissent les villes sénégalaises de la vallée et leurs
voisines mauritaniennes sont fondées sur l'histoire et la
géographie des deux pays et sur la diplomatie entamée par les
Etats. 
I. Des relations assises sur un socle historique fort
et raffermies par la proximité géographique :
1.1. Le ciment de l'histoire :
La vallée du fleuve Sénégal a toujours
constitué un lieu d'échanges entre les populations riveraines et
cela depuis l'époque des royaumes (Walo et Fouta Toro). Avant la
colonisation ces deux marges frontalières aujourd'hui
séparées, ont appartenu aux mêmes royaumes. Les royaumes du
Walo et du Fouta Toro ont tous regroupé les deux rives du fleuve. Pour
résister aux agressions étrangères les populations de la
vallée ont crée des royaumes et confédération de
royaumes qui ont assuré la protection dans cet espace. A cet effet la
population Wolof et Toucouleur du Fouta Toro ont pendant longtemps vécu
ensemble avec les Maures du Trarza et du Brakna auxqu'elles ont payé des
tributs pour assurer leur protection. La dynastie des `' Laam Taaga» qui
régna sur le fleuve Sénégal est d'origine mixte, Peul et
Berbère. Et son pouvoir était basé sur la vallée du
Gorgol. Les Peul `'Dénianké» ont aussi régné
trois siècles sur le Fouta englobant les deux rives. Ces rois du Fouta
« les Satiguis » sont installés à Goumel sur le
Gorgol44. 
En outre les transhumances entre les deux rives du fleuve
étaient très fréquentes. En saison sèche, les Peul
de la rive gauche conduisaient leurs troupeaux sur la rive droite. Mais aussi
les éleveurs de l'actuelle Mauritanie traversaient le fleuve pour faire
«naygal» (vaines pâtures) sur les champs de décrue
récoltés de l'autre coté du fleuve. Ces deux rives
étaient 
44 Santoir (C) : Le conflit
mauritano-sénégalais : la genèse, le cas des Peul de la
haute vallée du Sénégal. Centre OSTROM, cahier science
humaine 26-4-1990. Pages 553-576. 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
63 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
complémentaires : la rive droite moins peuplée
était favorable à l'élevage en période humide et la
rive gauche disposant d'un plus vaste arrière pays plus humide
conservait toujours des pâturages en période de sécheresse.
Des migrations de travail conduisaient les Peul de la Mauritanie vers le
Sénégal. La rive gauche constituait, avec la population plus
importante et surtout l'existence de l'axe Matam-Linguère-Dakar ; un
débouché important pour le commerce du bétail. Ainsi les
mauritaniens fréquentaient régulièrement la piste à
bétail menant à Dakar45. 
La vallée du fleuve Sénégal, dans son
ensemble a toujours été intégrée dans un commerce
régional de proximité. On y notait un échange de produits
agricoles contre des produits de l'élevage, de pèche et
d'artisanat. Cette complémentarité entre agriculteurs, pasteurs,
pêcheurs et artisans est un fait qui a réglementé les flux
commerciaux autour du bassin du fleuve. Ainsi « le commerce des grains est
particulièrement important entre les populations sédentaires de
la vallée du fleuve Sénégal et les populations
berbères de la Mauritanie actuelle »46. 
Pendant la colonisation les deux Etats actuels ont
été sous la domination de la même métropole. Le
Sénégal et la Mauritanie ont été administrés
ensemble à partir de Saint Louis. Ainsi des fonctionnaires
sénégalais sont envoyés en Mauritanie pour servir
l'administration coloniale. Les circonscriptions de Kaédi, Sivé
et de Maghama, à forte population Halpular, étaient
administrées de la même façon que la rive gauche, avec
à leur tête des fonctionnaires noirs. L'intégration
horizontale permettait une libre circulation des hommes et des biens dans les
colonies sous-tutelle de l'AOF. 
1.2. Le « diktat » de la géographie
La proximité géographique a favorisé les
échanges entre les deux villes. Cette zone présente les
mêmes caractéristiques physiques et reste éloignée
des centres urbains du Sénégal et de la Mauritanie. En effet la
ville mauritanienne la plus proche de Matam Réo est à 80 km et
est difficilement accessible. Matam Sénégal elle aussi est
très excentrée par rapport aux 
45 Santoir (C) : Le conflit
mauritano-sénégalais : la genèse, le cas des Peul de la
haute vallée du Sénégal. Centre OSTROM, cahier science
humaine 26-4-1990. Pages 553-576. 
46 Barry (B).1988 : la Sénégambie du
15e au 19e siècle : traite négrière,
islam et conquête coloniale, édition harmattan 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
autres villes du Sénégal. En plus la courte
distance qui relie les deux villes favorise le contact direct entre les deux
populations. 
L'installation des boutiques mauritaniennes le long du fleuve
Sénégal constitue un fondement de la vie des relations entre les
villes. Cette situation favorise une accessibilité facile aux
marchandises mauritaniennes. 
II. Des relations entretenues et consolidées par
les deux jeunes Etats :
2.1 Une coopération bilatérale dynamique
:
Les rapports entre autorités administratives
frontalières dépendent très souvent des relations
qu'entretiennent les deux pays au sommet. Ces rapports sont entretenus par les
autorités étatiques qui en définissent les axes de
coopération et de concertation. C'est ainsi que l'Etat du
Sénégal conscient du fait que le développement
socio-économique ne peut passer que par la stabilité du pays et
de ses voisins directs, s'est investit dans une dynamique de diplomatie de
proximité et de rapport de bon voisinage. 
L'Etat du Sénégal et la République
Islamique de la Mauritanie disposent de plusieurs cadres de concertation. Au
sommet les deux chefs d'Etats se rencontrent souvent pour discuter sur des
questions concernant les deux entités. 
2.2 Une concertation permanente sur les questions
économiques et
sécuritaires :
Cette concertation se fait pendant la grande commission mixte
de coopération sénégalo-mauritanienne qui se réunit
tous les cinq ans. La 9ème session de la grande commission
mixte de coopération sénégalo-mauritanienne s'était
tenue les 24 et 25 Avril 2005 à Nouakchott. Durant la commission les
deux parties font une liste de tous les secteurs de coopération. Dans
chaque secteur, elles négocient sur la forme qu'elles veulent lui
donner. C'est l'accord cadre. Après chaque ministère, selon ses
compétences, négocie avec son homologue pour trouver un accord
bilatéral. Ce qui en est de même pour les autorités
administratives des régions 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
65 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
limitrophes. Lors de la 10ème session
qui a eu lieu à Dakar, les 4 et 5 Aout 2010 , · la pêche,
la sécurité et la transhumance ont été au menu des
discussions. Ces assises permettent aux experts mauritaniens et
sénégalais des secteurs concernés d'échanger et de
réfléchir sur les stratégies à adopter pour le
renforcement de la coopération. Organisée en trois
sous-commissions : affaires économiques et commerciales , ·
affaires sécuritaires, judicaires et administratives , ·
affaires culturelles, éducatives, sociales et scientifiques, cette
rencontre doit constituer une nouvelle ère qui permettra de raffermir
les résultats positifs obtenus depuis la 8ème commission mise
à ce jour et de retourner vers de nouveaux domaines de
coopération47. Les Etats du Sénégal et la
Mauritanie par le biais de la commission mixte de coopération se sont
engagés à mutualiser leurs efforts et leurs moyens afin de mieux
lutter contre la criminalité transfrontalière, les trafics
illicites de drogue, la prolifération des armes et le vol de
bétail. Les deux Etats disposent d'un accord de transhumance de
bétail. Cet accord signé en 2006 permet aux éleveurs
sénégalais et mauritaniens de se déplacer d'un pays
à l'autre. 
47 Le soleil du 5Aout 2010. Page 3 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
66 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
CHAPITRE III : TYPES ET NATURE DES RELATIONS ENTRE
LES DEUX CITES FRONTALIERES
I. Les relations de types administratifs :
La situation géographique de la région de Matam
fait que ses autorités restent confrontées à un
délicat problème d'administration autre que celui auquel sont
confrontées les autres régions de l'intérieur. En effet,
aux problèmes de gestions internes de la région ; s'ajoutent
d'autres difficultés. Celles-ci peuvent être liées aux
conséquences de la situation limitrophe de la région. Nous
constatons, avec les nouvelles techniques de management qu'aucune
administration (centrale, territoriale ou autre) ne peut se nourrir de textes
et ignorer les réalités du milieu dans toutes ses
caractéristiques. Ainsi les autorités administratives de la
région de Matam ont la charge d'user de leur esprit d'initiative pour
sauvegarder la paix sociale avec leurs voisins immédiats de la
République Islamique de la Mauritanie. Dès lors ces responsables
effectuent des rencontres périodiques de concertation et assurent une
conciliation si des problèmes opposent les populations
frontalières. 
1.1 Les rapports administratifs :
1.1.1 Visites et rencontres d'échange entres
autorités administratives déconcentrées :
Les rapports entre les autorités administratives
frontalières d'une part et entre les services frontaliers d'autre part,
paraissent très importants dans le processus d'intégration. Il en
résulte pour les autorités administratives départementales
un supplément de travail que ni les lois, ni les textes ne semblent
prévenir48. 
La constitution sénégalaise dans ses articles 16
et 25 du décret 72-636 du 29 Mai 1972 stipule que : « le
préfet est le délégué du Président de la
République dans le Département. Il y est le représentant
de chacun des ministres... » Ici les prérogatives qui lui sont
accordées 
48 Diouf (G.S).Les implications économiques
sociales et administratives de la situation frontalière d'un
département sénégalais : le cas de Nioro du Rip,
ENAM.1989 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
67 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
trouvent des limites à la frontière avec Matam
Réo. L'accomplissement de la loi et du règlement s'assouplit et
s'adapte aux circonstances de la situation frontalière même si la
primauté de ceux-ci est à respecter. Ceci expliquera
peut-être l'ouverture des autorités administratives
départementales sur des règles non écrites pour
sauvegarder et le bon voisinage et une collaboration opportune dans
l'intérêt général49. Les visites entre
autorités frontalières se font souvent et différemment. 
a)- Visites de courtoisie et prise de contact :
A chaque fois qu'une autorité administrative de Matam
Sénégal ou de Matam Réo s'installe dans ses nouvelles
fonctions, elle se rend chez son homologue pour une prise de contact. Il n'est
pas aussi rare de voir une autorité administrative départementale
rendre visite à son homologue mauritanien, par simple courtoisie. 
Ces visites sont de coutume dans cet espace frontalier et
traduisent la volonté de cohabitation paisible entre les deux
entités. 
b)-Visites sur invitation : Dans la tradition
de cette partie de la vallée du fleuve Sénégal, à
chaque fois que le Sénégal célèbre son
indépendance, le gouverneur de la région de Matam invite
l'autorité administrative de Matam Réo. La
réciprocité est aussi de rigueur. En effet si la Mauritanie aussi
fête son accession à la souveraineté les responsables
administratifs du Wilaya de Gorgol invitent leurs homologues
sénégalais. Ces visites sont très importantes dans la vie
des relations ; d'autant plus que la délégation qui s'y rend
qu'elle soit du coté mauritanien ou sénégalais, se compose
de personnalités administratives et coutumières. 
Les commissaires de police et les commandants de gendarmerie
ou même des inspecteurs de l'éducation des deux villes se rendent
visite fréquemment. 
Au delà du caractère officiel de ces visites,
elles permettent aux populations des deux Matam de se rapprocher. C'est aussi
un signe de ce qu'on pourrait appeler « l'intégration par la base
». 
c)- Visites de concertation : Les
autorités administratives de la Wilaya de Gorgol et de la région
de Matam se rencontrent tous les six mois. A la fin du premier semestre de
l'année, les retrouvailles se font en territoire
sénégalais et le semestre suivant en Mauritanie. Lors de ces
« yendou », les responsables administratives frontalières se
concertent sur les 
49 49 Diouf (G.S).Les implications économiques sociales et
administratives de la situation frontalière d'un département
sénégalais : le cas de Nioro du Rip, ENAM.1989 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
68 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
affaires relevant de leurs compétences. Ainsi les
questions de sécurité, de lutte contre les criquets
dévastateurs, les vols de bétail..., sont
évoquées. 
1.1.2. Le règlement des problèmes entre
populations frontalières :
Toutefois, si dans les départements de
l'intérieur, une solution s'applique facilement pour trancher les
contentieux, elle est plus impérieuse dans un département
limitrophe où l'antagonisme relève non seulement de
circonscriptions administratives différentes mais aussi d'Etats
différents50. 
Parmi ces différends, nous relevons d'abord la
problématique et la solution aux divagations des champs ensuite, le
règlement de certaines affaires civiles et pénales survenant
très souvent entre populations frontalières. 
. 
a) Règlement de litiges entre agriculteurs et
éleveurs : 
La divagation, le problème le plus récurrent
dans cet espace transfrontalier, a pour acteurs les cultivateurs
sénégalais et les éleveurs mauritaniens. Ceci
découle du fait que certaines populations de Matam Sénégal
continuent de cultiver des terres situées sur la rive droite du fleuve
Sénégal. Ce problème peut survenir aussi lors des
déplacements des pasteurs mauritaniens vers le Sénégal.
Durant leurs passages, il arrive que les troupeaux venus de Matam Réo
dévastent des champs sénégalais. 
La solution à ce problème aurait
été plus facile si les différends opposaient deux
compatriotes. Si tel n'est pas le cas, la solution qui s'impose à
l'autorité administrative est dès lors difficile eu égard
aux textes en vigueur. Si les problèmes sont résolus par la
dépossession des cultivateurs sénégalais de leurs terres
ou par une interdiction aux éleveurs mauritaniens de traverser le
fleuve, cet arbitrage pourrait compromettre l'intégration des deux
peuples. Le dédommagement appelle aussi d'autres solutions non soumises
aux textes nationaux. Ceci n'est possible que dans l'application du droit
international qui n'entre pas dans les attributions des autorités
administratives. Le souci de sauvegarder le bon voisinage entre les deux
espaces 
50 Diouf (G.S).Les implications économiques
sociales et administratives de la situation frontalière d'un
département sénégalais : le cas de Nioro du Rip,
ENAM.1989 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
frontaliers, empêche les autorités
administratives à recourir au droit international. La pratique de la
conciliation et de la concertation apparait comme la seule solution. De ce
fait, à chaque fois qu'un problème de ce genre survient le
préfet du département de Matam le soumet à son homologue
mauritanien pour qu'ils trouvent ensemble une solution. Ainsi ces
autorités apportent des solutions à des problèmes
d'essence diplomatique dans l'absence de textes et de chartes. Cette pratique
de résolution de problèmes par conciliation et concertation est
de coutume dans cette région. Les problèmes entre mauritaniens et
sénégalais ne se limitent pas aux différends entre
agriculteurs et éleveurs, ils s'étendent aussi aux affaires
civiles et pénales. 
b) Solution apportée aux affaires civiles et
pénales : 
Les relations transfrontalières sont très
intenses dans ces marges frontalières au point que les populations des
deux rives croient évoluer dans `' une aire géographique
territorialement et administrativement homogène» (Diouf, 1989).
Ces relations et enchevêtrement des intérêts ont des
conséquences. Ainsi, il en résulte des différends
liés aux affaires civiles et pénales. 
La résolution des affaires civiles et pénales
opposant les populations frontalières incombent aux autorités
administratives à qui elles sont portées souvent en premier
ressort. 
Cependant il faut souligner une certaine différence
dans le mode d'administration des deux Etats. En effet, dans cette partie de la
Mauritanie l'autorité administrative est confondue à
l'autorité judiciaire. Ce qui n'est pas le cas dans le
département de Matam Sénégal. Cette différence est
souvent source de malentendus entre les autorités
transfrontalières. Néanmoins, dans l'intérêt de la
sauvegarde de la cohésion sociale, les autorités administratives
se transforment en arbitres voire en diplomates qui ont pour but de rapprocher
des positions opposées plutôt d'être des défenseurs
farouches de l'ordre public. 
Ceci s'applique au règlement de certains litiges
concernant le commerce les vols et les mariages etc. 
o Les litiges liés au commerce : Les
flux commerciaux entre Matam Sénégal et Matam Réo ont
entrainé l'établissement des relations très
poussées entre commerçants maures et petits revendeurs du
département de Matam. Les grossistes mauritaniens fournissent de la
marchandise aux détaillants sénégalais qui revendent dans
le marché local. De cette situation apparaissent un créancier qui
est le grossiste mauritanien et un débiteur, le petit revendeur
sénégalais. Dès fois, on peut constater un non respect des
engagements pris par le débiteur. Alors le créancier
décide de porter l'affaire devant le 
UCAD - Département de géographie,
Mémoire de maîtrise de Géographie présenté
par M. Barka BA 2010 70 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
préfet qui, s'il ne trouve pas un compromis renvoie le
créancier à la gendarmerie pour déposer une plainte. 
Au Sénégal, un différend opposant un
commerçant et un revendeur trouve sa solution dans l'application du code
des obligations civiles et commerciales (COCC). Dans un cas de différend
opposant deux personnes de nationalités différentes, le juge fait
recours au Droit International Privé (DIP). Mais dans la plupart des cas
elles choisissent la conciliation à la place de l'arbitrage. 
Pour garder un climat sain de cohabitation l'autorité
somme au débiteur de payer la somme due et dans les meilleurs
délais. 
Un problème d'argent peut aussi lier un ouvrier
sénégalais à un mauritanien. En effet, l'ouvrier
après avoir travaillé pour un habitant de Matam Réo reste
souvent longtemps sans recevoir son dû. Ainsi il décide de porter
l'affaire devant les autorités. Si l'autorité administrative
mauritanienne saisit la question, elle use de ses compétences juridiques
pour convoquer l'employeur et le somme de rembourser l'argent dû. 
o  solution apportée aux vols : Les
litiges transfrontaliers liés aux vols ne sont pas très
fréquents dans cette zone. Mais il arrive souvent qu'un
sénégalais opère un vol en Mauritanie ou qu'un mauritanien
en fasse de meme au Sénégal. Un voleur qui traverse la
frontière pour accomplir son forfait est généralement
extradé par un agent de sécurité. Dans tous les cas le
butin est récupéré et remis au propriétaire.
Cependant il n'est pas surprenant de rencontrer des sénégalais
dans les prisons mauritaniennes ou des mauritaniens arrêtés par
les services de sécurité sénégalais. 
o  les règlements des litiges matrimoniaux :
Le brassage existant entre les populations frontalières
résulte des liens de parenté entretenus par des unions
conjugales. De ce fait les mariages entre mauritaniens et
sénégalais sont très fréquents. Ces mariages se
font le plus souvent religieusement. Ils sont très rarement
déclarés auprès des officiers de l'état civil. Mais
quand un problème surgisse entre époux, ils saisissent
l'autorité administrative du domicile conjugal. L'autorité
administrative consciente que légalement ses compétences sont
limitées en matière d'état civil mais soucieuse d'un
règlement pacifique des conflits matrimoniaux, recourt à la
pratique de la conciliation. C'est ainsi que dans la plupart des cas, le
plaignant ou la plaignante, est renvoyé(e) 
 
UCAD - Département de géographie,
Mémoire de maîtrise de Géographie présenté
par M. Barka BA 2010 71 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
chez les détenteurs de coutumes qui avaient
célébré l'union. Les liens de parenté favorisent le
règlement des litiges matrimoniaux de façon pacifique. 
Si l'affaire contentieuse est assortie de la
responsabilité de garder les enfants entre divorcés, il est
devenu admis dans cet espace que `'Si les enfants n'ont pas encore atteint
l'âge d'aller à l'école, la garde incombe à la
mère. Au dessus de cet âge la garde revient au père».
Cette solution s'apparente certes à celle donnée par le code de
la famille du Sénégal, mais se conçoit de façon
tacite le long de la frontière sénégalo-mauritanienne. 
1.2 La coordination entre les services techniques et
administratifs :
Les services administratifs frontaliers
sénégalais ont noué des rapports étroits avec leurs
homologues de la Mauritanie. Ces relations se manifestent dans la coordination
des activités des secteurs de l'agriculture, de l'élevage, de la
sécurité et de la santé. 
1.2.1. La concertation entre les services techniques
d'agriculture et d'élevage :
La présence du fleuve fait des régions de Matam
et de Gorgol, une zone agricole. Ainsi on y retrouve plusieurs
variétés culturales. Pour sauvegarder une production agricole
riche et variée, des services techniques d'encadrement et de supervision
sont implantés dans la zone. Chaque année, avant l'invasion des
criquets pèlerins, le service technique du CILSS (Comité
Inter-Etat de Lutte contre la Sécheresse au Sahel) implanté
à Ourossogui, étudie les différents prédateurs qui
sévissent dans cette partie de la vallée du fleuve
Sénégal et informe les responsables de l'agriculture des deux
régions frontalières. Ces responsables conscients que les
criquets et les oiseaux dévastateurs ignorent les frontières, se
concertent afin de mener ensemble une lutte contre ces agents néfastes
à l'agriculture. Cette intervention ponctuelle et conjointe entre les
agents de l'agriculture de la région de Matam et de la wilaya de Gorgol
est très souvent efficace. 
Quand à l'élevage elle occupe une place
très importante dans la vie active de ces populations
frontalières. La Mauritanie est un pays de pastoralisme et le
Sénégal reste essentiellement agricole et l'élevage y
constitue un apport précieux pour l'agriculture 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
72 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
(fumure, culture attelée ...). Donc presque tous les
paysans associent l'agriculture et l'élevage. Comme en Mauritanie, on
rencontre dans la région de Matam des éleveurs peulhs qui ne
s'adonnent qu'à cette activité. 
Dans la vallée du fleuve, on rencontre des affections
animales comme le charbon animal, les parasitoses gastro-intestinales... Ainsi
la situation pathologique de la zone implique une lutte commune car tout ce qui
touche Matam Sénégal, touche inévitablement Matam
Réo. Pour que la lutte soit efficace, l'activité clinique doit se
faire par des vaccinations généralisées qui ne tiennent
pas compte de l'appartenance territoriale du bétail. 
A chaque fois que le Sénégal organise des
campagnes de vaccinations des troupeaux, la direction régionale de
l'élevage de Matam essaie autant que possible de se concerter avec les
responsables des services de l'élevage de la Mauritanie pour une
coordination des opérations de vaccination contre les maladies. Quand
une épidémie affecte le troupeau mauritanien, les responsables de
ce service avertissent leurs homologues sénégalais pour qu'ils
prennent des dispositions nécessaires afin de faire face à la
menace. Cette concertation se fait dans la réciprocité. 
1.2.2 La coordination des actions dans le secteur de la
santé et de la
Sécurité :
Les médecins des districts sanitaires de Matam
Sénégal et de Matam Réo échangent très
souvent des données sanitaires. Quand une maladie affecte une partie, le
médecin du district concerné fait tout pour avertir son homologue
afin que ce dernier prenne toutes les dispositions nécessaires. Les deux
districts se concertent aussi pour une meilleure coordination des campagnes de
vaccination et de prévention des populations. 
Le contact entre les populations transfrontalières peut
favoriser des relations dans le bon sens mais également dans le mauvais
sens. La prévention contre les effets non désirés de la
situation frontalière, passe nécessairement par le contrôle
des mouvements des personnes qui est du ressort des agents de la
sécurité. Pour un contrôle efficace des flux frontaliers,
les Etats du Sénégal et de la Mauritanie coordonnent leurs
activités en matière de lutte contre la criminalité
transfrontalière. Ainsi, les services de sécurité des deux
pays collaborent de façon 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
73 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
déterminée et résolue pour asseoir des
bases solides à partir desquelles se poursuivent les objectifs de
stabilité au niveau de la frontière. 
Il nous parait très important de rappeler que le bassin
du fleuve Sénégal est une zone où le risque de
criminalité est très élevé du fait de la
porosité de la frontière. En effet, la longueur du fleuve rend
difficile tout contrôle strict et sur toute cette étendue, il
n'existe que quelques postes de sécurité. Ce qui fait que
beaucoup de malfaiteurs sénégalais après leurs forfaits se
replient en Mauritanie. De même, certains mauritaniens recherchés
par les forces de sécurité trouvent refuge au
Sénégal. Cette situation a poussé les autorités des
deux Etats à se concerter dans le but de mettre en place un accord de
sécurité favorisant une collaboration dans la lutte contre le
repli des repris de la justice de part et d'autre de la frontière. 
Cet accord de sécurité entre ces deux pays
voisins, donne aux forces de sécurité mauritaniennes le droit de
traverser le fleuve à partir d'un point où les agents de
sécurité sénégalais sont absents pour patrouiller.
Et les sénégalais aussi font la même chose que la police et
la gendarmerie mauritaniennes. Les autorités militaires se concertent
surtout en période d'étiage pour effectuer des opérations
de patrouilles mixtes le long du fleuve. Les deux polices se concertent
très souvent pour examiner les problèmes liés à la
poursuite des délinquants et criminels par delà du fleuve
à chaque fois que l'occasion se présente. La police
frontalière procède aussi à l'arrestation et /ou à
la communication des agissements et activités des personnes suspectes et
informe sans délai au service approprié qui si nécessaire
reçoit de l'assistance afin de faire face à la situation de
manière efficace. Les polices frontalières demandent à
l'Etat sénégalais et l'Etat de la Mauritanie de mettre à
leurs dispositions des moyens leur permettant de communiquer rapidement et
discrètement dans le cadre de la coopération entre les deux
services. 
II. Les relations commerciales :
Le Sénégal dépend largement de
l'extérieur dans ses production et consommation. Ses échanges
avec le reste du monde se sont déroulés durant les trois
dernières années dans un contexte marqué par une hausse
généralisée des prix. En 2008 les exportations
sénégalaises se sont hissées à huit cent quatre
vingt treize milliards francs CFA dépassant largement celles de 2007
estimées à sept cent deux milliards. Cette situation structurelle
se traduit aussi par une 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
74 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
hausse constante des importations du Sénégal qui
sont passées à deux mille cinq cent trente quatre milliards en
2008 contre deux milles cent vingt trois en 200751. 
La grande différence entre les importations et les
exportations sénégalaises donne une idée sur le taux de
couverture et de la balance commerciale. 
De manière générale, le commerce entre
les Etats de l'Afrique est encore faible. En effet, la plupart des
échanges des Etats africains est orientée vers les pays de
l'Europe de l'Ouest, de l'Amérique du Nord et de l'Asie. En dépit
de cette faiblesse, on assiste, aujourd'hui à une augmentation des flux
commerciaux entre les Etats africains. 
Le cadre géographique et politique permet au
Sénégal et à la Mauritanie de garder une
originalité dans leurs échanges. La forte circulation des biens
entre les deux pays est favorisée non seulement par le voisinage mais
aussi par le partenariat bilatéral. La ville de Matam
Sénégal comme les autres localités frontalières
entretient avec les villes Mauritaniennes des relations commerciales intenses.
Ces flux commerciaux prépondérants se manifestent dans diverses
formes. L'importance de ses échanges transnationaux peut être
perçue à travers une analyse des importations et des exportations
et le type de commerce. 
2.1 Le commerce légal ou formel :
Le commerce formel se définit comme l'ensemble des flux
transfrontaliers qui s'effectuent entre deux Etats dans le respect des lois et
règlements. 
En 2008, les échanges sénégalais avec les
pays africains ont considérablement augmenté. Ainsi les
importations en provenance de l'Afrique sont passées de trois cent
quatre vingt deux milliards 2007 à cinq cent soixante onze de francs CFA
en 2008. Ce qui en est de même pour les exportations vers ce continent
qui ont fortement progressées enregistrant une hausse de 20% avec un
niveau de quatre cent trente six milliards cinq millions de francs Cfa contre
trois cent soixante trois milliards cinq cent millions en 200752. 
51 Agence Nationale de la Démographie et de la
statistique(ANDS), 2009, commerce extérieur du Sénégal 
52 ANDS, 2009 Idem 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
75 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Durant l'année 2009, les exportations
sénégalaises vers la Mauritanie étaient estimées
171.641.918.180 francs Cfa pour une quantité de 145364179kg. La
quantité des importations était évaluée à 1
011 946kg pour une valeur de 911 613 298 de francs Cfa53. 
Dans cet espace frontalier, plusieurs acteurs interviennent
dans cette activité en conformité avec les normes établies
par les deux pays. Elle est l'oeuvre de grands commerçants qui
s'activent surtout dans l'exportation du riz, des matériaux de
construction (ciment, fer, ..), vers le territoire mauritanien. C'est un
commerce qui se particularise aussi selon la destination ou le lieu de
consommation de ses produits. Ces marchandises venues du Sénégal
légalement transitent par la ville mauritanienne de Matam Réo
pour être consomme à l'intérieur du pays. 
Ce type de commerce n'est pas très
développé dans cette partie frontalière du fait de
l'inexistence de poste pouvant dédouaner des valeurs supérieures
à plus de 500.000 f Cfa. Ainsi la majorité des commerçants
qui s'activent dans ce secteur préfèrent faire transiter leurs
marchandises à partir de Rosso grâce au service offert par son
bureau de douane. 
Les conséquences économiques de cette relation
commerciale entre les deux espaces frontaliers est le développement d'un
circuit parallèle aux échanges légaux. 
2.2 Le commerce non formel ou illégal :
La frontière est un lieu privilégié pour
le trafic et la contrebande. Elle est aussi un lieu de commerce illicite et non
formel. Cet échange non formel connu sous le nom de la fraude est
défini dans le code de la douane dans son article 310 alinéa1
comme « toute violence des dispositions légales et
réglementaires relatives à la détention et au transport
des marchandises à l'intérieur du territoire nationale ».
C'est le type de commerce transfrontalier le plus développé
dans la région de Matam Sénégal. Il se caractérise
par l'importance des flux qui s'effectuent sur le fleuve, par la
diversité des produits ; par la multiplicité des pistes qu'il
emprunte et par les personnes qui le pratiquent. Du point de vue spatial, la
fraude couvre l'ensemble de la région et alimente tous les
marchés. 
53ANDS, 2009 Idem 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
76 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Le développement de ce type de commerce est lié
à plusieurs facteurs : 
> La proximité géographique des lieux de
ravitaillement fait que les `'fraudeurs» accèdent facilement aux
produits mauritaniens. 
> Le différentiel des prix favorise les
échanges. Il semble que les prix de Matam Réo sont moins
élevés, donc il est plus économique de se ravitailler en
Mauritanie que de le faire dans les autres villes
sénégalaises. 
> Le développement de la fraude est aussi lié
aux relations sociales qui existent entre les populations des deux villes
frontalières. Les liens sociaux poussent chaque habitant des deux rives
du fleuve à développer un esprit de solidarité qui se
manifeste par un entre-aide dans toutes les situations. 
> Le besoin de trouver une monnaie convertible pousse les
grossistes mauritaniens à faire écouler leurs marchandises en
territoire sénégalais. En effet, contrairement au franc CFA,
l'Ouguiya, la monnaie mauritanienne n'est pas facile à convertir. Pour
mener des opérations financières ou acheter des devises
étrangères, les commerçants maures sont obligés de
se rabattre à la monnaie sénégalaise. Ainsi la contrebande
constitue pour eux une activité commerciale leur permettant d'avoir une
monnaie convertible. 
> Les causes de la fraude sont aussi à chercher dans
l'impraticabilité des voies de communication. Certaines localités
de la région de Matam restent coupées de leur capitale
régionale. Les pistes qui mènent vers ces zones sont très
périlleuses. Cette situation n'encourage pas ses habitants à se
rendre dans les centres urbains afin de se ravitailler en produits
sénégalais. Ils préfèrent aller dans les
localités voisines situées de l'autre coté du fleuve pour
se ravitailler. 
> Sur le plan économique la Mauritanie est un pays
très libéral. Ainsi sa politique de développement est
fondée en grande partie sur le commerce extérieur dominé
par la réexportation. Ce libéralisme économique favorise
l'importation de produits et leur écoulement vers les pays limitrophes
tels que le Sénégal. 
Derrière ce commerce illégal s'est
développée entre la ville mauritanienne et la région de
Matam une autre activité non formelle liée à la
frontière. Il s'agit du change de monnaie. La plupart du temps, les
achats de marchandises mauritaniennes dans la ville de Matam Réo se font
avec le franc Cfa. Et la Mauritanie pour se ravitailler en marchandises
étrangères a besoin de la monnaie sénégalaise et/ou
de l'Euro. La région de Matam Sénégal avec ses nombreux
émigrés qui résident dans les pays européens
constitue un lieu propice au troc entre le franc CFA et l'Euro. Le plus
souvent, les envois des expatriés en Europe à leurs familles
établies 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
77 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
dans cette partie du Fouta, se font en Euro. Ainsi le fait que
les mauritaniens aient besoin de l'Euro et les habitants de Matam, du franc
CFA, favorise le développement du système de change entre le
franc Cfa et l'Euro. Aujourd'hui, cette activité occupe un bon nombre de
la population matamoise. 
Tableau n°8 : comparaison des prix de
certains produits entre les deux villes. 
| 
 Produits 
 | 
 Prix à Matam Réo en francs Cfa 
 | 
 Prix à Matam Sénégal en francs
Cfa 
 | 
 
| 
 1kg de sucre 
 | 
 450 
 | 
 750 
 | 
 
| 
 1litre d'huile 
 | 
 650 
 | 
 1100 
 | 
 
| 
 Pot de tomate (2kg) 
 | 
 1800 
 | 
 2200 
 | 
 
| 
 1kg de poivre 
 | 
 2200 
 | 
 2800 
 | 
 
| 
 1kg de lait 
 | 
 2000 
 | 
 2300 
 | 
 
| 
 1kg de farine 
 | 
 350 
 | 
 500 
 | 
 
| 
 Savon (500g) 
 | 
 250 
 | 
 400 
 | 
 
| 
 1 paquet de cahiers 
 | 
 1300 
 | 
 2400 
 | 
 
  
Source enquête de terrain 2010 B. BA 
Dans la région de Matam, on note l'existence de deux
formes de contrebande. Il s'agit de la fraude de subsistance et de la fraude
commerciale. Le développement des échanges transfrontaliers et
non formels a des avantages et des inconvénients. Les localités
frontalières jouissent de la contrebande. Cette dernière a permis
l'épanouissement de ces populations qu'elle alimente malgré le
faible revenu de certaines familles. Donc le commerce non formel qui s'effectue
sur le fleuve contribue à améliorer la condition de vie de ces
peuples. 
Pour les populations matamoises, il est plus économique
de se ravitailler à Kaédi ou à Matam Réo que de le
faire à Ourossogui, à Richard Toll ou à Saint Louis. 
Le commerce illicite participe à l'enrichissement de
certains commerçants. Un bon nombre de vendeurs font entrer
illégalement des marchandises venant de la Mauritanie. Le faible prix de
revient de celles-ci, leur permet de concurrencer les produits importés
et dédouanés. De ce fait elles coutent moins chères et
sont plus faciles à écouler. Ainsi ces 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
78 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
commerçants qui ne sont pas conformes à la loi
gagnent des sommes colossales qui leurs permettent d'investir dans d'autres
secteurs. La fonction principale de la ville de Matam Réo est
commerciale. La réexportation des produits importés vers la
région de Matam rapporte beaucoup de devises à la ville. C'est
ainsi qu'on note une augmentation accrue de boutiques mauritaniennes le long du
fleuve faisant face à la ville de Matam Sénégal. 
Le commerce non formel qui s'opère entre le
Sénégal et la Mauritanie porte essentiellement sur des
matériels électroniques, des denrées de consommation, des
produits textiles, des cigarettes, etc. Les produits qui quittent Matam
Réo pour Matam Sénégal sont de loin supérieurs
à ceux qui rentrent illégalement en territoire mauritanien. Les
marchandises provenant du Sénégal sont essentiellement
composées du riz, du gaz butane, du matériel de construction, des
légumes, des poissons... 
Selon le bureau de la douane de Matam Sénégal,
les produits dont le commerce illicite fait l'objet, sont divers et alimentent
les grands centres de consommation de la région. Ces produits alimentent
tous les marchés des localités du « Dandé Mayo »
et du diéri surtout les marchés hebdomadaires (louma). La
quantité et la valeur des saisies sont importantes et varient selon la
fréquence, le prix des marchandises en Mauritanie et de
l'activité des fraudeurs. Chaque mois, la douane arrive à faire
rentrer dans les caisses de L'Etat une somme variant entre deux et huit
millions francs CFA.54 
54 Entretien avec le responsable du service de la
douane de Matam 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
79 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Tableau n°9 : principaux produits
importés de Matam Réo : 
| 
 Types de produits 
 | 
 Composantes 
 | 
 
| 
 Matériels électroniques 
 | 
 Portables ; lecteurs vidéo, DVD, VCD, 
DVX ; antennes paraboliques ; téléviseurs ;
magnétophones ; réfrigérateurs 
 | 
 
| 
 Mobiliers de maison 
 | 
 Fauteuils, chaises, tables, salons, tapis, 
moquettes... 
 | 
 
| 
 Produits pharmaceutiques et de soins 
 | 
 Médicaments ; produits vétérinaires,
laits de beauté, parfums, déodorants ; savons... 
 | 
 
| 
 Produits d'élevage 
 | 
 Bétail, cuir, lait caillé... 
 | 
 
| 
 Fourniture scolaire 
 | 
 Livres, cahiers, stylos, matériels 
géométriques... 
 | 
 
| 
 Produits de consommation 
 | 
 Sucre ; huile ; farine, tomate ; lait ; bonbon, biscuits ;
thé ; cigarette ; canette... 
 | 
 
| 
 Produits pétroliers 
 | 
 Gasoil, essence et pétrole... 
 | 
 
| 
 Produits textiles 
 | 
 Tissu ; prêt à porter 
 | 
 
  
Source : enquête de terrain 2010 B. BA 
Les commerçants matamois exportent aussi vers la ville
voisine du matériel de construction composé essentiellement de
ciment, du fer, de fils électriques, de plâtre, de la peinture...
En plus la localité est ravitaillée en pain par les boulangeries
de Matam Sénégal. 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
80 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Tableau n°10  : Les produits
sénégalais s'exportant à Matam Réo : 
| 
 Types de produits 
 | 
 Composantes 
 | 
 
| 
 Produits agricoles 
 | 
 -Riz (paddy ou décortiquée), -Patate douce, 
-Tomates fraîches, 
-Produits fruitiers (Mangues) 
 | 
 
| 
 Matériaux de construction 
 | 
 -Ciment, 
-Fer, -Bois d'oeuvre, 
 | 
 
| 
 Produits énergétiques 
 | 
 -Gaz butane, 
 | 
 
| 
 Matières plastique 
 | 
 -Chaises, 
-Ustensiles de maisons, -Divers récipients en plastique 
 | 
 
  
Source : enquête de terrain 2010 B. BA 
III. Les relations socio-culturelles, religieuses,
sportives et ludiques :
3.1 Les migrations :
Les principaux mouvements qui alimentent la vie des relations
transfrontalières dans cette zone sont les migrations à but
commercial, les migrations de cérémonie et les migrations
sanitaires. 
a) Les migrations à but commercial :
Ces migrations s'effectuent quotidiennement. Chaque matin les
femmes mauritaniennes se déplacent pour s'approvisionner en produits
maraichers au marché de Matam Sénégal. Ces mouvements de
femmes sont liés au fait que la ville de Matam Réo est
dépourvue de marché. Ils se font le plus souvent à travers
le poste de police frontalier. 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
81 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
De l'autre coté du fleuve, les sénégalais
traversent la frontière pour pouvoir se ravitailler en produits de
consommation courante ou en biens d'équipement. 
Ces mouvements s'effectuent de plus de Matam
Sénégal vers Matam Réo. 
B) Les migrations de cérémonies :
Les liens amicaux et de parenté font que les
populations se déplacent de part et d'autre de la frontière pour
assister à des cérémonies. Ces mouvements, le plus souvent
journaliers, s'effectuent à l'occasion d'un mariage, d'un baptême
ou lors des funérailles et fêtes religieuses (Tabaski,
Korité, Maouloud ; Ziarra...). Ces migrations traditionnelles
entretenues par les liens sociaux se manifestent le plus lors de la fête
de Tabaski et de Korité. Ce qui fait que ces populations
frontalières célèbrent deux fois les fêtes
religieuses et dans deux territoires différents. La plupart du temps la
Mauritanie célèbre les fêtes religieuses un jour avant le
Sénégal. Quand la ville de Matam Réo célébre
la Tabaski ou la Korité, les populations de l'autre rive y viennent pour
fêter ensemble avec leurs parents et amis mauritaniens. Le lendemain
coïncidant avec la célébration de la fête au
Sénégal, les mauritaniens passent la journée à
Matam Sénégal. 
Les migrations de cérémonie se font de plus de
Matam Réo vers Matam Sénégal. 
C) Les migrations pour accès aux services de
santé :
C'est le principal déplacement lié à
l'accès aux services administratifs sociaux. 
La vallée du fleuve Sénégal, sur ses deux
rives, se caractérise par un manque notoire d'infrastructures sanitaires
et de personnels qualifiés. Les liens sociaux entre les populations et
les rapports entretenus par les autorités administratives
frontalières font que les districts sanitaires de Matam Réo et de
Matam Sénégal jouent très souvent un rôle de
complémentarité. 
Les populations de la région pour la plupart
démunies rencontrent des difficultés à accéder aux
soins médicales du fait de l'élévation du coût de ce
service. Certaines populations de Matam Sénégal
préfèrent aller se faire soigner à Matam Réo
où les coûts de consultation et des médicaments sont plus
favorables. 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
82 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Ces déplacements vers le district sanitaire de Matam
Réo sont liés aussi au fait que ce dernier est
réputé être en bon centre en soins pédiatriques.
C'est pourquoi il attire un nombre important d'enfants malades venus de toutes
les localités de cette marge frontalière. 
Mais quand il s'agit d'hospitalisation, le centre de
santé de Matam accueille plus de patients des deux villes car il dispose
plus de lits que celui de la ville maurita 
3.2 Le système de transport :
La traversée du fleuve dans cette zone est
assurée par des pirogues à moteur et par des pirogues à
pagaie. 
Une seule pirogue motorisée assure la liaison entre les
deux postes de police frontaliers. Elle fonctionne de huit heures à dix
huit heures. Elle effectue un aller et retour entre les deux rives pendant
presque tous les quarts d'heure. En saison de basses eaux, le trajet dure une
à deux minutes et le prix du transport est de cent francs CFA ou
cinquante Ouguiya. En période de hautes eaux, les prix atteignent cent
cinquante francs CFA ou soixante Ouguiya. 
  
Photo n°1 : Transport par pirogue motorisée B. BA
2010 
Le nombre de pirogues à pagaie faisant la navette entre
les deux villes est très difficile à appréhender à
cause de la multiplicité des points de passage et du nombre
pléthore de 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
83 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
transporteurs. En effet, avec le déclin de la
pêche continentale, la plupart de ses acteurs se sont reconvertis en
transporteurs. Les deux principaux points de passage sont tous localisés
dans le quartier de Soubalo : l'un à Thiaydé et l'autre à
Gandé. La durée de trajet est plus longue en pirogue en pagaie et
peut durer dix minutes. Le prix du transport en saison sèche est de
cinquante francs CFA ou vingt Ouguiya. En saison des pluies, avec la crue du
fleuve les prix augmentent considérablement et atteignent cent cinquante
francs CFA ou soixante Ouguiya. 
  
Photo n°2 : Transport par pirogue à pagaie B. BA
2010 
Un constat clair est que les sénégalais
empruntent plus ce moyen de communication. Ceci peut être expliqué
par deux faits. D'une part, ces pirogues à pagaie appartiennent aux
voyageurs ou à des personnes avec qui ils nouent des liens de
parenté ou d'amitié. D'autre part, ce fait peut être
expliqué par le souhait des voyageurs de contourner les tracasseries
douanières et policières. 
3.3 Les rapports sociaux et religieux :
Les populations des deux rives de la vallée du fleuve
Sénégal se sont rapprochées parce qu'appartenant à
la même culture et aux mêmes ethnies. De plus, elles sont
soudées par le truchement de fréquents mariages qui ont
contribué à tisser des liens de parenté. Ainsi les unions
conjugales entre les populations de Matam Sénégal et de Matam
Réo sont des 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
84 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
exemples pertinents de mariages transfrontaliers. Dans cette
région, on constate des mariages fréquents entre Halpular de la
Mauritanie et du Sénégal et entre Beïdane et Halpular. Ces
liens entre populations frontalières ont abouti au métissage du
peuplement de cette zone. En plus les populations qui ont la double
nationalité sont nombreuses dans ces marges frontalières de la
Mauritanie et du Sénégal. 
L'islam, la principale religion de la vallée du fleuve
Sénégal promeut la « Ummah » c'est-à-dire la
communauté des croyants par delà des Etats. Tous les flux
religieux sont transnationaux par destinations en ce sens qu'ils mobilisent les
valeurs de croyances et les représentations échappant au
contrôle de l'Etat (Sindjou, 2002). Ce qui fait que les
déplacements transfrontaliers à but religieux sont
fréquents dans cette région du fleuve. Lors du Maouloud par
exemple, un nombre important de mauritaniens viennent à Matam pour y
célébrer la fête religieuse. Ces déplacements de
Matam Réo vers Matam Sénégal se font plus remarquer lors
des « Ziarra ». Les relations à caractère religieux
existant entre les deux villes frontalières se manifestent aussi par des
visites fréquentes des `' chérifs» (descendants du
prophète) chez la population sénégalaise. 
Les écoles coraniques mauritaniennes sont
fréquentées par un bon nombre de sénégalais de
même que certains mauritaniens viennent dans la région de Matam
pour y étudier. 
3.4 Les relations culturelles et sportives :
Ces relations sont principalement dominées par le
sport. Très souvent, lors de la Fête de Tabaski, la commune de
Matam Réo organise un tournoi de football auquel participent les jeunes
de Matam Sénégal. 
Les mauritaniens sont aussi associés aux
cérémonies traditionnelles qui se font à Matam pendant les
fêtes de l'indépendance. Ainsi la troupe traditionnelle maure
participe à la fête par la démonstration de sa richesse
folklorique. 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
85 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
IV. La coopération un nouveau champ
d'exploration pour les relations sénégalo mauritaniennes :
L'avenir des Etats africains, notamment des petits
dépend pour une large part de leur aptitude à apprécier
les avantages que présente la conjugaison de leurs efforts par le moyen
d'une coopération régional, faisant intervenir non pas tout le
continent mais un certain nombre de pays d'une région de
celui-ci.55 L'évolution des relations entre
Sénégal et la Mauritanie, les nombreuses
complémentarités, ainsi que la continuité, culturelle,
historique, géographique et écologique qui lient les deux Matam,
sont révélateurs de potentiels nombreux d'une coopération
plus étroite entre les Etats. 
Nous allons d'abord revenir sur le concept de
coopération transfrontalière, notamment dans sa signification,
ses origines, ses objectifs et son évolution dans l'agenda politiques
des institutions intergouvernementales en Afrique de l'Ouest (CEDEAO, UEMOA,
UA). 
4.1 Qu'est ce que la coopération
transfrontalière?
La coopération transfrontalière qui se
définit comme la mise en oeuvre à l'échelle du territoire
transfrontalier des compétences et prérogatives détenues
par les collectivités locales ou leurs groupements, constitue un moteur
de l'intégration. Elle permet de mettre en synergie toutes les
compétences à l'exception de l'exercice des prérogatives
des puissances publiques (pouvoir de police, fiscalité ...) et permet
aux collectivités de coordonner et d'harmoniser leurs décisions
en vue de réaliser des projets et investissements communs. 
La coopération transfrontalière est avant tout
une initiative et une démarche de proximité entre des
entités publiques locales contiguës relevant d'ordres juridiques
nationaux différents autour de problématiques communes comme
l'environnement, les activités culturelles, les équipements et
les migrations...Ces problématiques se distinguent par les
interdépendances de nature géographique, urbaine,
environnementale et économique qui les lient malgré l'existence
d'une frontière nationale. Ainsi se positionne-t-elle comme un moyen de
promouvoir le développement régional intégré entre
des régions frontalières voisines56. 
55 Umbricht (V), La coopération en Afrique.
Annuaire français du droit international XXXIII. Edition du CNRS, Paris
1987 
56 Diallo(S) : Dynamiques frontalières et
développement local urbain dans le contexte de la
décentralisation : le cas de la commune de Rosso Sénégal
mémoire de DEA UGB 2004-2005. 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
86 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Il est à noter que la coopération
transfrontalière ne peut être considérée comme une
compétence transférée. Elle peut tout au plus être
envisagée comme un moyen institutionnel mis en place pour permettre aux
collectivités locales d'exercer la batterie de compétences qui
leur est déjà dévolue dans le cadre de la
coopération décentralisée. Elle est ainsi un outil pour
atténuer « l'effet barrière » au niveau des
frontières et amoindrir les risques de conflits entre pays
limitrophes. 
4.1.1 La coopération transfrontalière, un
concept né en Europe :
La coopération transfrontalière, en tant que
concept opératoire, est née en Europe au lendemain de la seconde
guerre mondiale, lors de la reconstruction. Elle accompagne une volonté,
des dirigeants du vieux continent, à créer, les conditions d'un
développement qui s'appuie sur les complémentarités et les
continuités, économiques, sociales, culturelles,
écologiques, géographiques dans le cadre de politiques de
coopération. Ces derniers sont perçus comme des moyens pertinents
qui peuvent contribuer à effacer les « stigmates » que sont
les frontières et de modeler les régions
périphériques en des espaces catalyseurs des conditions «
d'une paix et d'une prospérité durable en Europe ». La
coopération transfrontalière qui peut se concevoir comme un moyen
de mettre en marche un processus de concertation et d'échanges entre
acteurs territoriaux a beaucoup évolué avec le processus de
constructions de l'Union Européenne. Elle est donc « un concept
qui s'enracine dans une histoire de construction européenne qui
d'emblée vise le dépassement des souverainetés
nationales57» au profit d'une « souveraineté
partagée ». Celle-ci passe nécessairement d'abord par une
mutualisation des compétences sectorielles et ensuite, par une
définition de politiques et d'objectifs communs et une mise en oeuvre
optimale de ceux-ci. 
L'exemple européen montre que la Coopération
transfrontalière a été, dans un premier temps, le fait des
Etats à travers les instruments communautaires et dans un second, une
affaire des collectivités locales et territoriales. Celles-ci à
la faveur des politiques de décentralisation passent du statut d'objet
à celui de sujet de la politique régionale dont elles ont
désormais la charge de la définition et de la mise en oeuvre.
Selon, DAHOU, « la coopération transfrontalière dans le
contexte européen provient d'activités ponctuelles, 
57 Karim DAHOU, 2004 : Coopération
transfrontalière : vers un dialogue Euro-Africain, in la revue
Chroniques 
transfrontalières.
57pages. www.afriquefrontieres.org 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
87 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
d'initiatives de particuliers et de la création de
réseaux.»58 Une caractéristique qui ne
contraste guère avec ce qui se passe en Afrique de l'ouest avec laquelle
elle partage plusieurs points similaires. 
La coopération transfrontalière a pour objectif
principal de promouvoir le développement économique et social
transfrontalier par la promotion, la mise sur pied et l'encouragement de
stratégies communes et de programmes de développement
concertés entre acteurs et collectivités
transfrontalières59. Cette collaboration entre voisins vise
donc l'amélioration du libre accès aux services publics, le
renforcement de la qualité des services fournis et l'intégration
des ressources. Cependant l'approche transfrontalière de la
coopération dans le cadre du développement ne vise pas à
faire disparaitre la frontière mais à l'aborder comme une
ressource et non comme un handicap. De ce fait grâce à cette
coopération, le territoire transfrontalier devient un lieu positif, un
support de projet associant des hommes, des savoir-faire, des dynamiques et des
moyens. Néanmoins cette approche doit prendre compte de la
diversité que recouvre la notion même de « frontière
». 
4.1.2 La Coopération transfrontalière un
instrument pour accompagner la nouvelle vision de l'intégration en
Afrique :
La Coopération transfrontalière
bénéficie d'un intérêt croisant des institutions
sous régionales et des Etats en Afrique de l'Ouest. On peut y lire une
certaine continuité des progrès importants qui sont
réalisés dans le processus d'intégration des
économies de la région. Ces avancées se
matérialisent avec les échanges économiques au sein de la
CEDEAO et l'UEMOA avec notamment l'instauration d'un tarif extérieur
commun, la libéralisation du commerce, la promotion de la libre
circulation des personnes et des biens, l'harmonisation des politiques
publiques dans les domaines de l'éducation par exemples, l'harmonisation
du droit des affaires, entre autres. 
La coopération transfrontalière est une
dimension, stratégique et opérationnelle de la nouvelle vision de
l'intégration de la CEDEAO. En effet, en 2007, l'institution
régional, à publié un document « Plan
stratégique de la CEDEAO, Vision de la CEDEAO Horizon 2020 »
inscrite dans le cadre de la mise en oeuvre et de l'atteinte des objectifs
de 
58 Karim DAHOU, 2004 : idem. 
59 Diallo(s) Idem 
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maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
88 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
développement local et d'intégration
régionale. Pour rappel, en 2004, en rapport avec ses partenaires
stratégiques comme le Club du Sahel Afrique de l'Ouest (CSAO),Enda
Prospectives Dialogues Politiques, la Communauté Economique des Etats de
l'Afrique de l' Ouest (CEDEAO) a conçu et mis en oeuvre le Programme
d'Initiative Transfrontalières (PIT) adopté par la
Conférence des Ministres des Affaires Etrangères des Etats
membres avec la signature du mémorandum produit à cet effet, en
janvier 2005, à Accra (Ghana). Beaucoup d'avancées ont
été notées dans ce domaine avec un processus
d'institutionnalisation en cours et une meilleure implication des
Etats60. 
Cependant, la Coopération transfrontalière reste
affaiblie par l'inexistence d'un cadre Juridique achevé,
harmonisé, uniforme qui peut l'organiser, l'encadrer, élargir la
marge de manoeuvre des acteurs locaux et des collectivités
territoriales/locales et faciliter la mobilisation des ressources pour les
projets. Toutefois, depuis ces dernières années, des efforts
conséquents ont été notés et , aujourd'hui la
CEDEAO, a mis a décliné une feuille de route et un plan d'action
sur la période 2010-2013, pour réaliser le « bond en avant
» tant souhaité par l'ensemble des parties prenantes qui
reconnaissent de plus en plus l'intérêt d'une politique de
Coopération transfrontalière. 
Cet intérêt de la Coopération
transfrontalière commence à se faire sentir au niveau continental
et dans d'autres organisations intergouvernementales de la sous région.
L'Union africaine, a adopté le 25 mars 2010, une déclaration sur
la mise en oeuvre du « Programme Frontière ». A travers cette
déclaration, l'Union Africaine reconnait la portée politique de
la Coopération transfrontalière et les opportunités
qu'elle donne au programme frontière de contribuer au renforcement des
conditions d'une paix et d'une sécurité durable dans les espaces
frontaliers en Afrique61. 
Quand à l' UEMOA, elle vient , de sortir d' une
conférence sous régionale, le 18 juin 2010 qui a permis entre
autre thématiques, d'examiner la question relative à la
coopération inter - collectivité en Afrique de l'Ouest et la
pertinence d'une approche transfrontalière au moment où la
majeure partie des Etats membres sont entrain de mettre en oeuvre une politique
de décentralisation. Les actes des cette conférence qui a
réuni décideurs étatiques, responsables des
collectivités et l'institution, ont approuvé la pertinence d'une
approche transfrontalière 
60 Commission de la CEDEAO, 2007 : Plan
Stratégique, volume I, Vision 2020, 21p 
61 Déclaration sur le programme frontière de
l'union africaine et les modalités de poursuite et
d'accélération de sa mise en oeuvre 
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
des questions de développement local, régional
et de gouvernance territoriale et s'engage à mettre en place des
mécanismes pour lui donner une ancrage institutionnelle. 
4.2 Coopération transfrontalière axe de la
coopération alternative, pour dynamiser les relations entre les deux
communes :
4.2.1 La coopération transfrontalière une
voie de plus en plus explorée en Afrique de l'ouest :
La maitrise de nombreux paramètres et flux
économiques suppose une coopération avec les autorités
compétentes de l'autre coté de la frontière. En effet
comme dans toutes les régions transfrontalières ouest africaines,
les discontinuités administratives qui traversent un espace fonctionnel
font obstacle à une gestion efficace et coordonnée des
problématiques économiques et sociales. Les difficultés
peuvent être dues aux différences institutionnelles,
réglementaires et politiques, mais aussi à la frontière
qui s'avère plus tenace dans les mentalités que dans la vie
quotidienne. Il s'agit donc d'inventer une nouvelle façon de penser la
région transfrontalière pour le bien être des populations
qui y vivent62. 
Comme il apparaît dans la première partie du
travail, les deux communes ont beaucoup de similitudes tant dans la composition
ethno-linguistiques, dans les activités agro-économiques et dans
la culture traditionnelle. Ceci trouve son fondement dans leur
évolution. Et parler d'une histoire partagée ou unique n'est pas
exagéré. Le Sénégal et la Mauritanie sont deux
Etats souverains mais liés depuis leur accession à
l'indépendance en 1960, par un partenariat fécond dans la cadre
d'accord bilatéral mais aussi des rapports qui sont heurtés par
moment (Crise de 1989, les problèmes des pêcheurs, la
problématique des vallées fossiles, la question de la
transhumance, mais aussi la problématique de la délimitation de
la frontière actuelle contestée par certaines communautés
sénégalaises, notamment dans cette région). 
Du fait des relations de bon voisinage et de la diplomatie de
proximité, le Sénégal et la Mauritanie disposent de
plusieurs cadres de concertation. Ce partenariat a permis aux deux 
62 Umbricht (V), La coopération en Afrique.
Annuaire français du droit international XXXIII. Edition du CNRS, Paris
1987. 
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90 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Etats de mettre en place la grande commission mixte de
coopération sénégalo-mauritanienne et de plusieurs accords
bilatéraux (accord de pêche, accord de transhumance de
bétail). 
En outre la participation commune des Etas du
Sénégal et de la Mauritanie à des organisations
continentales et sous régionales (UA, OMVS, CILSS) favorise la
coopération entre les différentes nations. L'OMVS, par exemple a
impulsé une approche transfrontalière dans la lutte
engagée contre les maladies hydriques pour maximiser les chances de
réussite. Du fait de la dimension transfrontalière des deux
endémies qui sévissent dans le bassin du fleuve
Sénégal, à savoir la bilharziose et le paludisme, l'OMVS
offre une plateforme unique pour mener une lutte contre ces maladies par une
offensive commune coordonnée et synchronisée sur les deux rives
du fleuve Sénégal63. Ainsi le dialogue politique
institutionnalisé par cette organisation supranationale pourrait
participer largement à la coopération transfrontalière
entre ces trois pays. 
4.2.2 Un cadre pour renforcer les initiatives locales
de coopération :
Du fait des relations de bon voisinage, il existe entre les
espaces frontaliers de Matam Réo et de Matam Sénégal une
affinité historique et traditionnelle. Les deux villes sont physiquement
proches ce qui facilite les communications et les transports. Il est aussi plus
simple de travailler entre voisins car ceux-ci connaissent les
difficultés économiques de chacun d'entre eux. Les
autorités politiques et administratives de la wilaya de Gorgol et de la
région de Matam sont familiarisées avec leurs situations
réciproques, elles sont mêmes à mesure de choisir ceux des
domaines qui se présentent tout particulièrement à une
coopération entre leurs différentes régions et à
une gestion dans ce cadre. 
La géographie, l'histoire et les liens sociaux ont
enraciné jusqu'à un certain point dans les deux pays, l'habitude
d'une coopération transfrontalière ainsi la question qui se pose
est de savoir non pas si les villes doivent coopérer dans le futur, mais
comment et dans quelle mesure elles doivent le faire. A cet effet le
développement des projets transfrontaliers constitue donc une
réponse concrète aux besoins des habitants de ces régions
frontalières, aussi bien en ce qui concerne l'environnement, les
transports, la santé ou l'économie... Ces projets
transfrontaliers deviendront ainsi progressivement des espaces de dialogue 
63 
http://www.omvs.org/fr/actualités/santé-pigre-omvs 
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maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
91 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
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multiculturel entre acteurs socio-économiques et
autorités locales, qui seront autant de creusets de citoyenneté
africaine constituant des vecteurs puissants d'intégration. 
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
CONCLUSION GENERALE
La vallée du fleuve Sénégal, dans son
ensemble se caractérise par une carence en infrastructures et services
urbains de base. L'enclavement partiel et ponctuel ou total auquel sont
soumises la majorité des communes de la région est une
difficulté supplémentaire à laquelle les populations de
cette zone sont confrontées. 
La frontière sépare souvent deux entités
avec des niveaux de développement économiques différents.
Dès lors, certains acteurs économiques peuvent tirer profit de
l'existence de ces contrastes. Ceci est sans doute un des facteurs du
développement des villes voisines situées de part et d'autre du
fleuve Sénégal. Le rôle fiscal de la frontière est
lié aux possibilités d'échanges internationaux qu'elle
offre en tant que point de rupture et ligne de discontinuité spatiale.
C'est là que les importations et les exportations sont
comptabilisées, que s'installe la douane et que les taxes sont
perçues. C'est pourquoi les frontières ont un rôle majeur
dans la détermination des politiques économiques des Etats. De ce
fait la plupart des échanges entre Etats sont régis par des
conventions tarifaires douanières64. 
Le fleuve Sénégal constitue un système
complexe de ressource à partir duquel les populations voisines
communiquent par des flux de diverses natures. En effet, la différence
notée dans les législations du Sénégal et de la
Mauritanie dans les domaines économiques et la différence de
monnaie font des villes de Matam Réo et de Matam Sénégal,
une frontière de zone monétaire. Ces différences rendent
possible et entretiennent des économies locales complémentaires
de part et d'autre du fleuve. 
Les frontières étatiques perçues souvent
comme des barrières infranchissables n'ont pas pour autant inscrit les
populations dans des territoires fermés. Ces limites
matérialisant la souveraineté des Etats actuels
institutionnalisées pour la plupart lors de la conférence de
Berlin, sont minutieusement révisées et corrigées tout au
long de la période coloniale. Aujourd'hui, ces frontières sont
reconnues, voire renforcées par les Etats devenus indépendants
dans la charte fondatrice de l'Organisation de l'Unité
Africaine(OUA)65 . 
64 Nassa(D.D.A) : Le commerce transfrontalier et
structuration de l'espace urbain au Nord de la Cote d'Ivoire, thèse de
doctorat de 3e cycle. Université Bordeaux 3, 2005. 
65 Unesco 2005, Des frontières en Afrique du
XII au XXe siecle. 
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93 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Le renforcement de ces lignes de démarcation par le
biais d'une réglementation (qui produit des modes d'exclusion et
d'inclusion), a toujours été défié par les
populations. Les candidats à l'émigration soumis à des
contrôles et contraintes se jouent des frontières. De nouvelles
pratiques émergent comme le commerce transfrontalier ou les flux des
personnes. La circulation migratoire induite par ces mobilités,
participe à la construction d'un espace transnational, espace qui est
autant de carrefour, de ponts jetés entre les territoires
étatiques66. On se trouve alors face à deux visions
apparemment contradictoires. D'une part, il y'a le pouvoir d'Etat, pour lequel
la frontière est une limite à contrôler et à
protéger, d'autre part les communautés locales considèrent
la frontière comme un espace utile qui les fait vivre par son existence
même. En effet,» le déploiement des réseaux
commerciaux « informels » est l'expression d'une négation ou
d'une contestation des cadres spatiaux hérités. (...) la
recrudescence de va et vient plus ou moins contrôlés aux
frontières, ne peut satisfaire un Etat-nation moderne qui prétend
à l'encadrement et au contrôle de son espace» (BENNAFLA,
1999). 
L'espace frontalier entre le Sénégal et la
Mauritanie que la frontière a tenté de diviser par la
création de deux entités politiques à part entière,
est assez homogène. Des relations basées sur les liens sociaux et
sur la religion se sont établies. Les discontinuités
créées par la frontière
sénégalo-mauritanienne offrent des avantages comparatifs
qu'utilisent les agents économiques dans leurs choix de localisation.
Ainsi s'est développé un commerce transfrontalier actif et
entretenu par la population. A travers leurs groupes de parenté, leurs
obédiences religieuses et leurs appartenances ethniques ; les acteurs
sociaux ont inscrit un cadre relationnel dépassant les territoires
étatiques. Sous un autre registre les autorités administratives
frontalières usent de leurs compétences pour préserver le
rapport de bon voisinage afin d'instaurer une cohésion sociale entre les
différentes entités. 
L'économie urbaine de Matam Réo est
essentiellement orientée sur les relations économiques entre le
Sénégal et la Mauritanie. Dans la ville sénégalaise
le développement d'une économie souterraine ou parallèle
apparait comme un `' système compensatoire» au manque d'emploi et
au déficit de ravitaillement auxquels est confrontée la
commune. 
66 Seck , 2003 Idem 
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94 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Pour ces villes séparées par le fleuve, celui-ci
a toujours constitué un lien autant qu'une barrière, et l'enjeu
est désormais d'assurer entre eux une continuité territoriale
ouest africaine qui dépasse la seule perspective nationale, et ce,
à l'initiative des collectivités locales qui sont les moteurs de
cette coopération. La mise en place et le développement des
projets transfrontaliers pourraient constituer donc une réponse
concrète aux besoins des habitants de cette région
frontalière, aussi bien en ce qui concerne l'environnement, les
transports, la santé, l'éducation ou l'économie... 
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
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BIBLIOGRAPHIE
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« Les relations transfrontalières entre deux
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Sénégal » 
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: le défi de la mondialisation, UNESCO 2004. 
11.  George(P) et Verger (F),2002: Dictionnaire de la
géographie 6e édition Sirey. 
12.  Heurtier Pierre Yves 2008 : Rapport d'enquête
migration et développement état des lieux de l'émigration
dans la région de Gorgol(Mauritanie) et ses impacts sur le
développement. 
13.  Karim DAHOU, 2004 : Coopération
transfrontalière : vers un dialogue Euro-Africain, in la revue
Chroniques 
transfrontalières.
57pages. www.afriquefrontieres.org 
14.  Lacoste (Y), 2008 : Géopolitique, la longue histoire
d'aujourd'hui, Larousse 335p 
15.  Lereshe(J.P) et Saez (G) : Identités territoriales et
régimes politiques de la frontière, Pole Sud N° 7 Novembre,
p 27à 47. 
16.  MACE G. « Guide d'élaboration
d'un projet de recherche », De Boeck Université, 117 p. 
17.  Madiodio Niasse, « Prévenir les conflits et
promouvoir la coopération dans la gestion des fleuves transfrontaliers
en Afrique de l'Ouest », Vertigo - la revue électronique en 
 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
97 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
sciences de l'environnement, Volume 5 Numéro 1 | mai
2004, [En ligne], mis en ligne le 01 mai 2004. URL : 
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18.  Nicolas (L.M) : L'étude des frontières : un
état des lieux à travers la production doctorale
française. Annuaire Géo., n°635, 2004, pages 74-86, Armand
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19.  OMVS : étude socio-économique du fleuve
Sénégal, le milieu urbain et les relations villes campagnes 
20.  Profil environnemental de la ville de Matam, Mars
2007. 
21.  Sall (E), 1992 ; Sénégambie, territoire,
frontières espaces et réseaux sociaux, CEQN-Travaux et document
n° 36 pp1-28. 
22.  Santoir (C), Le conflit mauritano-
sénégalais : la genèse, le cas des Peul de la haute
vallée du Sénégal, centre OSTROM : cahier sciences
humaines 26 Avril 1990. 
23.  Schmitz (J) ; 1990 : Le fleuve Sénégal :
ligne de front ou voie de passage. Afrique contemporaine n° 154 ;2/90. 
24.  Simmel (G), 1999 ; Sociologie, Etudes sur les formes de
socialisation, paris, PUF. 
25.  Sindjou(L) : Les relations internationales africaines :
entre Etats en crise et flux transnationaux. CODESRIA, document de travail
N°1,2002 
26.  Umbricht (V), La coopération en Afrique. Annuaire
français du droit international XXXIII. Edition du CNRS, Paris 1987. 
27.  YAPI-D-A. (2003) : « la recherche urbaine à
l'épreuve des milieux marginalisés dans la ville.
Réflexion sur les défis méthodologiques en sciences
humaines ». EDUCI, Collection Recherche et Méthodologique, 123 p 
28.  ZIDOUEMBA D. H., « Les frontières du
Sénégal. Sources archivistiques et bibliographiques » (:
215-250), in : M.-C. Diop, Le Sénégal et ses
voisins. Dakar : Sociétés-Espaces-Temps, 1994. 
 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
98 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Mémoires et thèses : 
1.  Diallo(S) : Dynamiques frontalières et
développement local urbain dans le contexte de la
décentralisation : le cas de la commune de Rosso Sénégal
mémoire de DEA UGB 2004-2005. 
2.  Diouf (G.S), ENAM 1989 : les implications économiques,
sociales et administratives de la situation frontalière d'un
département sénégalais : le cas de Nioro du Rip. 
3.  Guillot(F) : Les frontières chaudes : essai typologie
sur les relations inter frontalières, mémoire de DEA ;
Université de Caen 2000. 
4.  Kane(A.F) ; 1976-1977 : Matam et sa région,
thèse de doctorat de 3e cycle, Université de Dakar,
363pages. 
5.  Mouhamadou Abdoul : Impact de la colonisation sur la moyenne
vallée du fleuve Sénégal (1920-1960) : Essai d'histoire
régionale, thèse de doctorat du 3e cycle UCAD
1993-1994. 
6.  Nassa(D.D.A) : Le commerce transfrontalier et structuration
de l'espace urbain au Nord de la Cote d'Ivoire, thèse de doctorat de
3e cycle. Université Bordeaux 3, 2005. 
7.  Sy (S.H), 2002, mémoire de maitrise ; Les relations
entre le Sénégal et la Mauritanie à travers le poste
frontalier de Rosso Sénégal de 1960à 2002. 
8.  Tamboura(H.D) : Extensions spatiales et enjeux fonciers dans
la ville de Matam ; mémoire de maitrise UGB 2007. 
 
Wébographie: 
www.espaces-transfrontaliers.org
 
wwww.sip.sn/matam
monographie de la ville de matam et de ourossogui 
www.iagu.org:
profil environnemental de la ville de matam 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
99 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
SOUCRCES ARCHIVISTIQUES (ARCHIVES NATIONALES DU
SENEGAL) : 
18G 151 versement 108 : L'état des textes administratifs
fixant les limites territoriales du Sénégal (1895-1935). 
18G 146 versement 108 : la liste des arrêtés
généraux et locaux modifiant l'organisation administrative des
différentes colonies de la fédération de l'AOF. 
18G 146versement 108 : La liste des superficies et populations
des territoires de l'AOF (1933-1935). 
18G 151 versement 108 : Reformes administratives et
réorganisation territoriales (19321940). 
18G 53 versement 17 : Délimitation de frontières :
limite entre Sénégal et la Mauritanie (1932-1934) cartes des
cercles de Dagana et de Guidimakha au 1 :125000e et croquis 1933. 
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maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
100 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
GLOSSAIRES :
Beïdane : arabo-berbère de la
Mauritanie caractérisé par la couleur blanche de la peau ; 
Dandé Mayo : bande de terre
située prés du fleuve ; 
Diéri : partie de la vallée non
inondable par les crues du fleuve ; 
Falo (palé au pluriel) : sols
alluvionnaires situés sur les pentes d'écoulement des berges
du 
fleuve et servant des lieux de cultures des
céréales, de tubercules et de féculents ; 
Harantin : mauritanien descendant d'esclave
ou de captif ; 
Kollongal : cuvette de décantation
servant de lieu de culture ; 
Louma : marché hebdomadaire 
Naygal : vaine pâture ; 
Oualo : plaine alluviale ; 
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maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
ANNEXES
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maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
102 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
ANNEXE 1 : Guide d'entretien pour le
voyageur 
Date 
Sexe H . F 
Quelle est votre nationalité ? 
Mauritanienne, Sénégalaise, Autres 
Quelle profession exercez-vous ? 
Agriculteur, Commerçant, Ouvrier, Cordonnier, Bijoutier,
Autres 
Quelle est votre lieu de résidence ? 
Sénégal, Mauritanie, Autres 
Quelle est votre destination ? 
Quelle est la durée de votre séjour au
Sénégal ? Heure, Jour, Semaine, Mois, An 
Pourquoi voyagez-vous ? Raisons? Si c'est économique 
Est-ce pour vendre ? , pour acheter ?  
Familiale, Sociale, Culturelle, Religieuse, Sportive, Ludique, 
Autres 
Avez-vous des activités ou des biens ? Au
Sénégal : Oui, Non 
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
En Mauritanie : Oui, Non 
En jouissez-vous librement ? OUI, Non Sinon pourquoi ? 
Par quel moyen de transport voyagez-vous ? Pirogue à
pagaie, Pirogue motorisée 
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
ANNEXE : Questionnaire adressé au Bureau de
Douane 
1)  Nombre d'agents ? 
2)  Combien de véhicules disposez-vous ? 
3)  Disposez-vous d'un moyen de transport fluvial ? Combien ? 
4)  Quelle est la nature des marchandises saisies ? 
5)  Quelle est la quantité des marchandises saisies ? 
 ..... 
6)  Subtilités des contrebandiers pour camoufler les
marchandises frauduleuses ? 
 ..... 
7)  Quels sont les moyens utilisés pour : V'
Déjouer votre surveillance ? V' S'opposer à votre
poursuite ? V' Se défendre contre vous ? 
8)  Y a-t-il eu mort(s) d'homme(s) ? V' Quand 
 
V' Combien 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
9) Comment la fraude se fait-elle ? 
y' De manière personnelle ? 
y' De groupes d'individus ? 
y' De mouvements associatifs ? 
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
ANNEXE 3 : Questionnaire adressé aux
commerçants
1. Où vous fournissez-vous en marchandises ? Si c'est en
Mauritanie 
a)  Payez-vous des taxes à l'importation ? 
b)  Passez-vous par le poste de douane ? 
c)  Avez-vous des relations autres que professionnelles avec les
agents de la douane ? 
d)  Avec quelle monnaie achetez-vous vos marchandises ? 
e)  Quels produits vendez-vous ? 
f)  Vos prix sont-ils ceux pratiqués à Matam
Réo ? 
g)  Que faites-vous de vos bénéfices au
Sénégal ? V' Réinvestissez-vous dans le commerce ? 
 
V' Réinvestissez-vous dans un autre secteur ? lequel ? 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
V' Combien en épargnez-vous ? 
h)  Avez-vous été verbalisé par les services
de la douane, de la police des frontières, des contrôleurs
économiques ? 
 V' Si oui combien de fois ? 
 V' Pourquoi ? 
i)  Quel est le montant de vos transactions Avez-vous tout
payé ou une partie ? 
 
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Annexe 4: Questionnaire adressé aux
acheteurs
y' De quelle localité venez-vous ? 
y' Les produits achetés sont-ils destinés à
la consommation ou à la revente ? 
y' Généralement où les revendez-vous ? 
y' Quelles sont les quantités achetées ? 
... 
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
ANNEXE 5 : Questionnaire aux autorités
administratives : 
1.  Depuis quand occupez vous cette fonction ? 
2.  D'une manière générale quel type de
relation entretiennent les circonscriptions administratives de Matam Réo
et de Matam Sénégal ? 
3.  Y'a t-il des différends opposant les populations
frontalières ? 
4.  Quels les litiges les plus récurrents opposant ces
populations frontalière ? 
 
6. Comment réglez-vous les problèmes entre les
populations frontalières ? 
7.  Ya t-il coordination des activités entre les services
administratifs frontaliers ? 
8.  Comment la coordination des activités se fait- elle
? 
 
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maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
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« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
LISTES DES TABLEAUX, GRAPHIQUES, CARTES
ET PHOTOGRAPHIES :
LISTE DES TABLEAUX : 
Tableau n°1 : Evolution de la population
de la commune entre 1976 et 2002 page 31 
Tableau n° 2 : Répartition de la
population par quartier page31. 
Tableau n°3 Répartition des
pêcheurs et des engins de pêches page 36 
Tableau n°4 : Répartition des
actifs du secteur artisanal page 37 
Tableau n°5 : Occupation du sol par les
infrastructures page 39 
Tableau n°6 : Répartition par
types de branchements et par quartier page 44. 
Tableau n°7: Principales
caractéristiques de la voirie revêtue et le niveau de desserte
par 
quartier page 45. 
Tableau n°8 : comparaison des prix de
certains produits entre les deux villes page 77 
Tableau n°9  : Les produits
sénégalais s'exportant à Matam Réo page
79 
Tableau n°10 : principaux produits
importés de Matam Réo page 80 
LISTE DES GRAPHIQUES : 
Graphique 1 : histogramme de l'évolution de
la population de Matam Sénégal page32 
Graphique2 : Répartition de la population
de Matam Sénégal selon les groupes 
ethniques page 34 
Graphioque3 : répartition des
commerçants de Matam Sénégal page 37 
Graphique 4: Répartition des
abonnés au réseau de la Senelec page 43. 
Liste des cartes : 
Carte n°1 : situation de la ville de Matam
Sénégal page 26 Carte n°2 : Croquis
Géomorphologiques du Tissu urbain de Matam page 28 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
111 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
Liste des figures : 
Figure n°1 : Températures moyennes
annuelles à Matam de 1996 à 2005 page 29 
Figure n°2 : Précipitations
moyennes annuelles à Matam de 1996 à 2002 page
30 
Liste des photographies : 
Photo n°1 : Transport par pirogue motorisée
page 82 Photo n°2 : Transport par pirogue à pagaie page
83 
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Mémoire de maîtrise de Géographie présenté
par M. Barka BA 2010 112 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
TABLE DES MATIERES :
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATION 4 
AVANT PROPOS 5 
DEMARCHE METHODOLOGIQUE 7 
DISCUSSION DES NOTIONS ET CONCEPTS 9 
PROBLEMATIQUE 13 
INTRODUCTION GENERALE 16 
PREMIERE PARTIE : DES BOURGADES DE LA VALLEE DEVENUES DES
VILLES 
FONTALIERES 19 
CHAPITRE I: LES MATAM : DES TRAJECTOIRES PRESQUE IDENTIQUES 20 
I.  A la genèse des « Matams » 20 
II.  Evolution des administrations locales
déconcentrées 22 
 
CHAPITRE II : UNE GEOGRAPHIE DETERMINEE PAR LE FLEUVE SENEGAL
24 
I. Matam Réo et Matam Sénégal, deux villes
de deux pays, un seul cadre géographique 24 
1.1. Situation géographique et spécificité
des sites  24 
1.2. Caractéristiques climatiques 28 
1.3. Population et peuplement 31 
1.4. Les activités économiques 35 
II Infrastructures et services urbains de base 38 
2.1. Etat des infrastructures dans les deux localités 
38 
2.2. Les services urbains 41 
2.3. La voirie 45 
CHAPITRE III : UN PROCESSUS D'INTEGRATION A L'EPREUVE 48 
I.  Les freins à l'intégration : 48 
II.  Les ressorts de l'intégration des deux pays
51 DEUXIEME PARTIE : RAPPORTS A LA FRONTIERE ET TYPOLOGIE DES 
 
RELATIONS 55 
CHAPITRE I : LES ETATS, LES VILLES, LA FRONTIERE ET LES
POPULATIONS  56 
I Les rapports des populations à la frontière 56 
1.1 Le fleuve un obstacle géographique plus qu'une
frontière administrative ? 56 
UCAD - Département de géographie,
Mémoire de maîtrise de Géographie présenté
par M. Barka BA 2010 113 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
1.2 Le fleuve une ressources dont il faut tirer des profits 57 
II Et les Etats dans tout cela ? 58 
2.1 La Police des frontières et la gendarmerie pour la
sûreté et la sécurité.  59 
2.2 La Douane pour le prélèvement des rentes :
60 
CHAPITRE II : LES FONDEMENTS DES RELATIONS ENTRE LES DEUX VILLES 
62 
I.  Des relations assises sur un socle historique fort et
raffermies par la proximité géographique 62 
 1.1. Le ciment de l'histoire :  62 
 1.2. Le « diktat » de la géographie 63 
II.  Des relations entretenues et consolidées par les deux
jeunes Etats 64 
 
2.1 Une coopération bilatérale dynamique : 64 
2.2 Une concertation permanente sur les questions
économiques et sécuritaires 64 
CHAPITRE III : TYPES ET NATURES DES RELATIONS ENTRE
LES DEUX CITES
FRONTALIERES 66 
I.  Les relations de types administratives 66 
 1.1 Les rapports administratifs : 66 
 1.1.1 Visites et rencontres d'échange entres
autorités administratives déconcentrées : 66 
1.1.2. Le règlement des problèmes entre populations
frontalières : 68 
 1.2 La coordination entre les services techniques et
administratifs 71 
 1.2.1. La concertation entre les services techniques
d'agriculture et d'élevage 71 
1.2.2 La coordination des actions dans le secteur de la
santé et de la Sécurité 72 
II.  Les relations commerciales 73 
 2.1 Le commerce légal ou formel 74 
 2.2 Le commerce non formel ou illégal 75 
III.  les relations socio-culturelles, religieuses, sportives et
ludiques  81 
IV.  La cooperation un nouveau champ d'exploration pour les
relations senegalo 
 
mauritaniennes : 85 
4.1 Qu'est ce que la coopération transfrontalière?
85 
4.1.1 La coopération transfrontalière, un concept
né en Europe :  86 
4.1.2 La Coopération transfrontalière un
instrument pour accompagner la nouvelle vision de
l'intégration en Afrique de l'Ouest 87 
4.2 Coopération transfrontalière axe de la
coopération alternative, pour dynamiser les relations
entre les deux communes 89 
4.2.1 La coopération transfrontalière une voie de
plus en plus explorée en Afrique de l'ouest  89 
4.2.2 Un cadre pour renforcer les initiatives locales de
coopération 90 
CONCLUSION GENERALE 92 
UCAD - Département de géographie, Mémoire de
maîtrise de Géographie présenté par M. Barka BA 2010
114 
« Les relations transfrontalières entre deux
villes jumelles du fleuve Sénégal : Matam Réo et Matam
Sénégal » 
BIBLIOGRAPHIE 94 
GLOSSAIRE 99 
ANNEXES 102 
Listes des tableaux, graphiques, cartes et photographie 110 
TABLE DES MATIERES 112 
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