DISCUSSION
En matière de position sociale dans les ménages
soumis à nos investigations, il s'est dégage qu'environ 73%
étaient constitués des membres de familles nucléaires (32%
de parents et 41% d'enfants). Les 27% restants représentaient les
membres de familles étendues ou les visiteurs. Ce dernier aspect a mis
en évidence le fait qu'un ménage en Afrique n'est pas une
exclusivité de la famille nucléaire. Ici l'hospitalité est
encore une valeur de premier plan.
Les résultats rassemblés dans le tableau 2 sont
intéressants dans la mesure où ils permettent de constater que
presque 60% de la population enquêtée a fréquenté
l'école secondaire et 13% ont atteint le niveau universitaire. Ces
données indiquent à la fois le chemin parcouru et celui qui reste
à parcourir dans le domaine de l'éducation de la population.
Le tableau 3 a montré que l'ancienneté des
habitants de la commune Kamalondo oscille entre 1 et 69 ans et que la
durée moyenne s'élève à 10#177;11 ans. Nous avons
justifié cet attrait vers Kamalondo, en dépit de ses conditions
urbanistiques inadéquates pour la vie, en évoquant principalement
la situation géographique de l'entité administrative
concernée, c'est-à-dire son rapprochement de la commune de
Lubumbashi. En effet, cette dernière constitue jusqu'à ce jour le
lieu où sont implantés les principaux centres
d'intérêt de la ville de Lubumbashi.
Au sujet la taille du ménage à Kamalondo, nos
résultats ont indiqué qu'elle varie généralement
entre 2 et 17 personnes ; avec un nombre moyen de membres s'élevant
à 8#177;3. Comparativement aux résultats de l'enquête MICS2
effectuée par l'Unicef en 2001 sur toute l'étendue de la RD
Congo, les ménages congolais comptaient en moyenne 6 personnes et
près de la moitié étaient composés de 7 personnes
ou plus ; ce qui laisse entrevoir une nette augmentation quantitative par
rapport à 1984 (année du dernier recensement de la population)
où le nombre moyen des membres de ménage était de 5.
Ainsi, nous avons observé une croissance assez nette de la taille du
ménage congolais.
Comme repris par la figure 2, nous avons constaté que
les ménages de Kamalondo sont majoritairement sous la
responsabilité masculine (75%), ce qui représente 3
ménages sur 4 ; et un ménage sur quatre (25%) est
dirigé par une personne de sexe féminin. Ce dernier taux reste
tout de même supérieur à ceux concernant la ville de
Kinshasa. En effet Ngondo8 a observé une
tendance à l'accroissement de femmes comme chef de ménage dans la
ville de Kinshasa : 8% en 1974, 14% en 1984 et à 16% en 1995. De
même, les résultats de l'enquête MICS2,
réalisée en 2001 par l'Unicef dans notre pays ont conduit
à 14,3% comme proportion des ménages dirigés par une
personne de sexe féminin, soit un ménage sur sept. Par ailleurs
nous adhérons à l'argumentation de Ngondo quand il justifie la
progression du nombre de femmes dans la direction des ménages par
l'annulation d'un ménage antérieur, le divorce ou le
décès du conjoint.
Par rapport à la variable statut matrimonial du chef de
ménage, nous avons noté qu'un peu plus de 6 chefs de
ménages sur 10 sont mariés (62,3%) et 37,7% des ménages
sont sous la direction des personnes avec statut matrimonial autre que
marié et ne vivant pas en couple. L'importance de la proportion des
ménages avec responsable non marié nous poussera à penser
qu'il existe à Kamalondo un grand nombre de familles monoparentales. Ce
facteur peut être attribué notamment au divorce, au
décès du conjoint et aux naissances en dehors de mariage.
Selon la figure 3, de tous les chefs de ménage habitant
la commune, environ un seul sur deux (54,9%) exerce une profession quelconque.
Les 45,1% des responsables restants sont sans profession spécifique ou
sans emploi. Ceci n'est pas étonnant car le chômage dans les pays
en développement est l'un des principaux paramètres. Les
conséquences socio-économiques qui en découlent sont
remarquables. Par manque d'un emploi décent, un chef de ménage
est censé se battre et développer des mécanismes de survie
pour la subsistance du ménage. Cette situation assez critique
n'échappe pas à ONU-Habitat qui, dans son rapport de la
troisième session du forum urbain mondial, déclare qu'il est
rentable de corriger ces inégalités intra-urbaines et qu'il
n'est pas surprenant dans ces conditions de constater que dans bien des villes
africaines les entreprises et les ménages ne subsistent que grâce
à leur propre acharnement et d'observer la quasi inexistence des
services publics en dehors des quartiers
favorisés9.
Par ailleurs, le même motif permet d'interpréter
le fait qu'un peu plus de 6 ménages sur 10 (62%) vivent sous le statut
de locataire dans la commune de Kamalondo.
En matière de connaissance des risques sanitaires
(tableau 6), sept personnes sur dix (70%) ont répondu par l'affirmatif,
joignant certains comportements et pratiques à quelques pathologies
susceptibles de sévir au sein du ménage. Et près de trois
répondants sur dix (30%) n'estiment aucun risque pour la santé
tant au sein de l'habitat qu'au sein du quartier. Les plaintes formulées
dans 70% des cas sont à rapporter de celles évoquées par
Norman King et Jo Anne Simard sur l'ampleur du problème des logements
insalubres dans la région Montréalaise en 1998. Ici les plaintes
concernaient principalement la présence de vermine, les problèmes
de chauffage et d'infiltration d'eau, d'humidité et de contamination par
les moisissures10.
A la question relative au type de risque sanitaire dans la
commune Kamalondo, environ un habitant sur deux (49%) redoute les maladies
diarrhéiques résultant probablement à la gestion
incorrecte des excrétas et de celle des autres déchets. Part
contre 35% de la population pointent la malaria comme conséquence
majeure de l'insalubrité qu'ils endurent; au moment où 6%
déplorent des maladies respiratoires et 1,5% d'habitants pensent aux
accidents susceptibles de se produire au sein du logement. Les réponses
ainsi recueillies sont semblables à celles enregistrées par
Alassane Amadou Djigo au Sénégal et où les facteurs les
plus cités sont la dysenterie amibienne, la diarrhée, le
paludisme et l'infection respiratoire aigue11. Il
est aussi intéressant de relever que les mêmes constats ont
été relevés par Jean-Marie Leboutte dans son étude
en 1994, vis-à-vis de leur logement, plus des trois quarts des
français ne pensent pas que leur santé est aujourd'hui
menacée dans leur foyer, même après avoir été
soumis à toute une liste de menaces potentielles pour la santé
dans leur logement12.
De tous les répondants à notre questionnaire sur
la menace estimée dans le logement (tab 7), 55.4% des habitants pensent
être menacés par les insectes et animaux nuisibles pour la
santé. L'encombrement, dans lequel vivent la plupart des ménages
de cette commune favorise une pullulation des insectes. Cela peut s'expliquer
par la non application des mesures d'hygiène de base et aussi par
l'inexistence d'un service spécialisé dans l'assainissement du
milieu.
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