Contribution des ONG de développement dans la promotion socio- économique des populations démunies de Côte d'Ivoire. Cas de la commune d'Abobo( Télécharger le fichier original )par Drissa KONATE Université de Cocody- Abidjan - Licence en socioanthropologie 2005 |
3- ProblématiqueC'est à juste titre que la pauvreté est considérée comme un fléau réel et aberrant. De l'Asie à l'Afrique toute entière en passant par l'Amérique Latine, le constat demeure le même. Sur la planète, 840 millions de personnes croupissent dans la misère, surtout dans les 50 pays les moins avancés (dont 34 sont d'Afrique) ; derrière ces chiffres, il y a des visages. La lutte contre ce phénomène occupe une place très importante dans les programmes des organismes internationaux de développement tels que le PNUD, la FAO, le FENU, ... Elle constitue également depuis plusieurs années une préoccupation permanente pour les gouvernements des pays en développement en général et ceux d'Afrique subsaharienne en particulier, eu égard au nombre sans cesse croissant de pauvres dans cette région pour des raisons diverses. En effet 52% des habitants d'Afrique subsaharienne vivent en dessous du seuil de pauvreté2(*). Cette proportion est bien plus importante par rapport aux autres régions du monde. On observe que cette pauvreté s'accentue au fil des années ; ainsi en Afrique au sud du Sahara, le revenu par habitant est actuellement plus bas qu'en 1970, il a même plongé par rapport à celui des pays européens. En 1960 par exemple, il était neuf fois inférieur à celui des européens, en 1980 cette infériorité c'est doublé à 183(*). Ainsi la pauvreté touche également un nombre de plus en plus croissant de personne en Afrique. La Côte d'Ivoire pays d'Afrique subsaharienne n'échappe pas à cette triste réalité déjà relevée. En effet, l'Indicateur de Pauvreté Humain (IPH) montrait qu'en 2000, les diverses formes de pauvretés dans ce pays touchaient près de 42,3% de la population4(*). La proportion de la population totale vivant avec un revenu inférieur au seuil national de pauvreté5(*) était de 32,3% en 1993, 36,8% en 1995 et 36,6% en 1998. Cette proportion est passée à 38,04% en 20026(*). L'on assiste donc sans cesse à une croissance de la pauvreté au sein d'une bonne partie de la population ivoirienne. Cette croissance constante du nombre de pauvre est liée en Côte d'Ivoire à la crise économique des années 80 consécutive à la chute du prix des matières premières sur le marché international, elle-même due à la détérioration des termes de l'échange. Cette situation a eu pour conséquence, la baisse des revenus de l'Etat et donc par ricochet celui des habitants. Les effets de cette crise vont d'avantage se ressentir à partir de 1999 suite au coup d'état militaire et la crise sociopolitique qui s'en est suivie. Ainsi dans un pays plongé dans une crise sociopolitique sans précédent comme la Côte d'Ivoire, la pauvreté s'aggrave de phénomènes comme la prostitution, le banditisme, la mendicité, la déscolarisation et donc la délinquance juvénile qui ne sont que les inconvénients les plus inévitables de la pauvreté. En raison de la démographie galopante (3,8% d'accroissement), la pauvreté est surtout accentuée par la croissance rapide de la population. De ce fait, la Côte d'Ivoire se voit rongée progressivement par ce fléau de l'est à l'ouest, du nord au sud. A la suite du pays entier, Abidjan, la grande métropole, capital politique ne reste pas en marge de ce triste ballet. En effet avec l'éclatement de la crise sociopolitique, entraînant le surpeuplement de la ville d'Abidjan, les conditions de vie des populations n'ont fait que se détériorer. Les entreprises fermant boutique pour certaines d'entre elles. Abobo cité dortoir par excellence, abrite dans la majorité de sa population, cette tranche de la population démunie à la recherche d'un équilibre social et économique. Interpellé par cette situation de pauvreté généralisée, l'Etat de Côte d'Ivoire a commencé à réfléchir sur des stratégies à mettre en place afin de juguler ce fléau qui prend progressivement de l'ampleur. Ainsi, l'Etat commence par soutenir la promotion et le renforcement du rôle de la société civile en vue de permettre aux démunies d'accéder aux ressources nécessaires. Le principal ressort de son programme d'éradication de la pauvreté est d'impliquer la population de sorte qu'elle l'améliore, exprime ses propres convictions et projets, de même qu'elle s'engage dans ses réalisation, financement et évaluation. L'implication de la société civile et les rassemblements des populations pauvres recommandés par les pouvoirs publics semblent correspondre au profil des ONG qui seraient les mieux aptes à remplir les objectifs de l'Etat. Dès lors au cours des 20 dernières années, un nouveau type d'acteur a connu un essor spectaculaire : les ONG. Celles-ci se présentent comme humanitaire et apolitique, ont pour objectifs de promouvoir des actions décentralisées, adaptées aux conditions locales et appelant à la participation active des intéressés. Dans la mesure où elles entretiennent des relations étroites avec les populations cibles et en raison du caractère social plus que technique de leur préoccupation, les ONG occupent une position particulièrement favorable pour aborder les problèmes socioéconomiques des familles dans toute leur complexité. Ainsi, plusieurs actions (financement de projet, assistance médicale et éducative, appui technique aux petits entrepreneurs, etc.) vont-ils voir le jour pour aider les populations économiquement faibles afin de réduire la pauvreté. Cependant, force est de reconnaître l'échec de certains de ces programmes. La réduction de la pauvreté au sein de la population passe aussi par une amélioration du niveau de vie de cette dernière. En effet, l'ONG DAC par exemple située à Abobo-sogephia, s'appuie sur la solidarité et l'entraide sociale pour garantir selon sa faculté contributive, à la réduction des soucis quotidiens des populations en matière de bien-être socioéconomique et contribuer efficacement à l'éradication de la pauvreté en côte d'Ivoire. Ceci à travers le financement d'initiatives privées, la protection maternelle et infantile, la lute contre le VIH-SIDA, l'assistance humanitaire aux enfants orphelins et vulnérables, etc. Fort de ces constats, nous ne pouvons poursuivre notre étude sans nous interroger sur les points suivants : - Da sa mission de lutte contre la pauvreté, quel est l'ampleur de l'apport des ONG de développement dans la commune d'Abobo ? - Quel type de rapport existe-t-il entre celles-ci et les populations démunies ? - Comment se traduit dans les faits cette régression de la pauvreté au sein des populations cibles ? * 2 Ablassé Ouedraogo, DGA de l'OMC, 25e session ordinaire de la commission du travail et des affaires sociales de l'UA, Ouagadougou, 20 avril 2002 * 3 Ibid. * 4 Classement des pays par rapport à l'IPH, PNUD, 2002 * 5 Le seuil national de pauvreté, constant en termes réels, de 7 000 Fcfa en 1998 et 183450 Fcfa en 2002. Ce seuil est évalué sur la base des dépenses de consommation des ménages. * 6 Gouvernement de Côte d'Ivoire et système des Nations Unies en Côte d'Ivoire : Rapport national sur les objectifs du millénaire pour le développement, décembre 2003, p13. |
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