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Assia Djebar ou l'ancrage dans l'entre-deux: l'ici et tout l'ailleurs ou l'impossible retour dans "la disparition de la langue française " (2003 )

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par Arézki Bellalem
Université A Mira de Béjaia Algérie - Magister 0000
  

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Assia Djebar ou l'ancrage dans l'entre-deux : l'ici et tout l'ailleurs ou
l'impossible retour, dans La Disparition de la langue française (2003).

BELLALEM AREZKI Université de Bejaia

Quelle patrie ai-je moi ? Ma terre, à moi, où est-elle ? Où est la terre où je pourrais me coucher ? En Algérie, je suis étrangère et je rêve de la France ; en France, je suis encore plus étrangère et je rêve d'Alger. Est-ce que la patrie, c'est l'endroit où l'on n'est pas ?1. Bernard Marie Koltès, Le Retour au désert.

D'emblé nous précisons au début de cet article qu'il s'agira d'une impression de lecture de l'avant dernier roman en date d'Assia Djebar (La Disparition de la langue française2), dans lequel nous poserons l'oeil sur quelques considérations évoquées dans l'intitulé, à savoir : l'ancrage dans l'écriture (l'entre-deux), le titre du roman (quelle disparition?), l'exil et la nostalgie, et l'impossible retour (du je à l'autre).

S'intéresser à Assia Djebar, c'est partir à la découverte d'une femme écrivain méditerranéenne hors du commun, non seulement pour l'ampleur de son oeuvre aux multiples facettes mais aussi pour sa renommée internationale par de nombreuses récompenses et prix. Encore, parler de Djebar comme romancière serait réducteur, car elle l'est certes, mais elle est aussi historienne, journaliste, poétesse, essayiste, sans oublier ses réalisations théâtrales et cinématographiques, ce qui fait la richesse de son oeuvre. Par ailleurs, cette richesse réside aussi dans les thèmes obsessionnels qu'elle aborde. D'abord, la guerre d'Algérie, mais aussi l'Algérie tout court : son pays d'origine, son passé, son présent et son avenir. Son passé douloureux, présent frustrant et son avenir incertain et inquiétant, ensuite sa francophonie ou son expérience vécue de la langue française comme l'écrit Annie Gruber : «seul legs de la colonisation dont elle s'empare avec fierté pour lui donner une place essentielle dans son travail d'écrivain, écrivain en langue française, en marge de l'arabe et de la langue de souche, [...], de la langue berbère»3, ses multiples discours sur l'altérité, sa double quête d'un espace pour la langue maternelle dans l'écriture, d'une part, et d'un espace pour sa « langue marâtre » dans sa langue maternelle, d'autre part, et enfin, l'expression d'un exil douloureux et d'un impossible retour, douleur que l'écriture seule peut apaiser comme l'écrit CLERC Jeanne-Marie : «L'écriture n'est plus déni de communication, fuite loin du pays natal : elle permet la découverte d'une communication plus profonde et plus essentielle qui transcende les frontières et la mort»4. Ces thèmes récurrents et omniprésents dans son oeuvre ne sont ni neutres ni anodins mais profondément et intimement liés à sa vie et à son expérience personnelle, et au-delà, font de Djebar une irréductible qui, inlassablement, comme l'écrit A. Gruber : «dit (non) ou mieux crie (non), un (non) de refus, d'opposition, de résistance, d'affrontement, de révolte aussi à tout ce qui l'indigne : l'opposition d'un Etat au pouvoir trop lourd, ou d'une tradition religieuse qu'elle perçoit pervertie par rapport à ses origines et qu'elle dénonce comme trahie et ( plombée)»5.

1- DJEBAR Assia, op.cit, p. 181.

2- DJEBAR Assia, La Disparition de la langue française. Paris, Albin Michel, 2003.

3- GRUBER Annie, « Assia Djebar, l'irréductible », in, Amoralité de la littérature, morales de l'écrivain, acte du colloque international organisé par le centre « Michel Baude - Littérature et spiritualité » de l'Université de Metz, les 26 et 27 mars 1998. Paris, 2000, p. 114.

4- CLERC Jeanne-Marie, Assia Djebar. Ecrire, transgresser, résister. Paris : L'Harmattan, 1997, p. 30.

5- Ibid, p. 114.

La Disparition de la langue française

Fatma-Zohra Imalayène, qu'on connaissait en écrivaine des femmes, bondit de ce titre-rupture pour s'écarter de tous les précédents. La Disparition de la langue française est un roman édité en 2003 chez Albin Michel dans la collection Livre de Poche. Avec ce titre, c'est sur les méandres et les traces du destin d'un homme qu'elle nous traîne. Un homme déchiré par les réminiscences d'une enfance, d'un retour en arrière, d'un «arrêt sur image», et la nostalgie d'un temps perdu dans un exil intérieur à la proustienne. Ce texte est le récit d'un homme qui disparaît sur le chemin douloureux du retour au pays natal. A vrai dire, c'en est aussi le récit d'un non retour, d'un retour impossible, qui s'étale sur 216 pages subdivisées en trois parties, avec pour chacune, une précision chronologique : la première s'intitule « Le retour » en automne 1991. La seconde « L'amour l'écriture » un mois plus tard. La troisième « La disparition » septembre 1993.

Rompre l'exil, retrouver son pays et sa langue : un territoire, une langue, un amour. C'est sur ces axes d'ancrage que l'identité d'un homme se construit et se reconstruit tout au long du récit : « [ ...] j 'ai la sensation d'être venu jusqu-là pour déposer ces deux décennies d'exil»6. Le roman en forme de journal traversé par quelques correspondances au style poétique raconte l'histoire d'un homme de retour au bercail après vingt ans d'exil en France. Un homme dont la jeunesse est placée sous le signe de la colonisation et de la guerre d'Algérie. Toutefois, les méandres de la narration s'ouvrent sur un présent relatif aux turbulences intégristes et sanguinaires de l'Algérie des années 1990. Il raconte le retour de Berkane au pays à l'automne 1991, suite à une rupture amoureuse avec Marise, une jeune comédienne française avec laquelle il vivait en France.

Accablé par les retrouvailles irrémédiablement fissurées d'une Algérie en proie à l'agitation et à une tragédie de sang, Berkane écrit par désarroi et nostalgie des lettres à Marise qu'il n'envoie pas, comme d'une volonté de s'empêcher de retourner en arrière. Cependant, il est rendu grâce par Nadjia, l'autre femme, à ses souvenirs d'une enfance folle dans la Casbah bruyante et gaie des années 50. Berkane retrouve l'apaisement contre le flanc de celle-ci, une jeune femme se balançant entre les deux cultures, exilée de passage comme lui. Pris dans l'entre-deux des territoires, et déchiré par un seul l'amour, mais celui de deux femmes, de deux langues, Berkane s'interroge : quelle langue parler, l'arabe ou le français ? Une entreprise de réconciliation s'amorce tout au long du récit. Toutefois, la « con-fusion », le drame linguistique et le silence banni s'écrivent dans une « bilangue » transportée par les phrases chaudes dont ont accouché, d'une part ce devoir de mémoire, et d'autre part cette réalité nécessaire : « serais-je rentré pour rester, comme autrefois, à regarder : regarder et me déchirer »7. Enfin, le récit dépeint aussi une jeunesse algérienne hantée par la tragédie et les images de sang lorsque Berkane disparaît laissant derrière lui un journal écrit en français, récit de son adolescence.

La Disparition de la langue française titre du roman, se présente en une phrase déclarative à composante nominale. La majuscule pour «Disparition» nous indique qu'il s'agit là d'un élément central du titre. A cette mise en valeur s'ajoute celle de la préposition «La» qui la précède. Nous pouvons dès lors, dire que le mot «Disparition» fonctionne en prédicat nominal, choisi par l'auteur comme noyau de la signification du titre. En second lieu, suite à la lecture du texte, le titre présente deux fonctions principales : une fonction référentielle et une fonction poétique. La première consiste en ce que le titre nous offre une information, (La disparition de la langue française).Un fait fâcheux d'autant plus que la langue française est plus qu'une langue «autre» en Algérie. Une partie irréductible de la culture et de l'histoire algériennes. Il s'agit là d'un cri de détresse, un «SOS» pour empêcher un désastre et témoigner d'une déchéance. Une véritable expression de désarroi pour un Berkane qui quitte la France/Marise/ et la langue française, pour retrouver une Algérie dans le sang, une casbah sous les décombres, et enfin, une langue arabe en effervescence. Du coup, nous assistons avec le retour de Berkane au bercail à la disparition d'un espace d'expression, d'une liberté et d'une harmonie.

La fonction poétique, quant à elle, s'incarne en cette soif et cette curiosité que déclanche la lecture de ce titre, en l'occurrence chez un public (assoiffé) et impatient d'attendre, tout ce qui dans cette langue s'écrit, et dont le titre annonce même la disparition. Encore, cette disparition serait atteinte à une identité, à une mémoire.

Par ailleurs, entre les deux fonctions précédentes, le titre nous présente une troisième fonction. Fonction-rupture «d'écart» par rapport aux titres précédents de l'auteure, car le drame linguistique comme thème dominant dans son oeuvre, semble déboucher sur une disparition dans ce dernier roman. Par-delà ces fonctions de surface, le titre peut également se lire comme un élément du texte qui l'anticipe, ou encore, comme une métaphore ou un équivalent symbolique de celui-ci. Tel que nous informe la quatrième de couverture, le texte de «La Disparition» charrie une interrogation qui nous accompagne jusqu'à sa fin : Comment Berkane retrouve-t-il un

6 - DJEBAR Assia, La Disparition de la langue française. Paris, Albin Michel, 2003, p.20.

7 - Ibid, P. 180.

pays, une langue, un amour ? Sur ces trois points d'ancrage, traversés par une mémoire en fragments d'un être en quête de soi, la construction ou la reconstruction de l'identité d'un homme est possible. Cette disparition laisse transparaître une quête d'un espace dans cette langue, mais aussi celle d'une langue dans cet espace.

Enfin, entre les décombres et la terreur d'une Algérie au bord de la guerre civile, Berkane assiste et témoigne de cette disparition tout au long du récit. D'abord celle de Marise, ensuite celle de Nadjia, enfin l'illusion de retrouver ce paradis perdu d'une enfance vécue au rythme d'un temps non retrouvé. En somme, le tout disparaît quand sur le chemin de la mémoire la douleur renaît de plus bel.

L'Ecriture d'un impossible retour, texte ou prétexte ?

Dans ce qui suit, nous essayons de revenir d'abord sur cette «ancrage dans l'entre-deux» qui se manifeste dans un double attachement aux deux «femmes/langues» qui transparaît dans le texte à la lumière d'une correspondance de Berkane à Marise d'une part, mais aussi dans cette liaison des plus ineffables avec Nadjia cette rescapée, d'autre part. Ensuite nous virons comment cet «ici» est montré et comment «tout l'ailleurs» est sublimé dans un attachement éperdu à une femme, d'où cet «impossible retour». Enfin, nous virons comment se déroule ce tissu de langue, d'amour et de solitude pour créer l'espace de l'écriture.

Avant d'écrire la première lettre à Marise, Berkane écrit : «je t'écris, c'est tout, pour converser, et me sentir le temps d'une lettre, proche de toi [...]»8. De retour au pays, Berkane se sent pris par une solitude qui, quelques jours après son arrivée, le pousse à écrire des lettres à Marise. Mais des lettres qu'il n'envoie jamais. Souvent, la problématique de la langue de l'Autre est liée à l'activité de l'écriture. Chez Djebar, cette dernière est à même, le moyen de combler un certain vide dans son existence d'exilée loin de la terre natale. Ce vide qui incarne en soi une double perte : une perte irréversible de la langue maternelle, et une quête d'une langue autre comme moyen, de compenser par la littérature certaines frustrations dans la vie réelle. Prise dans un double exil, elle se voie de ce fait, exposée à ce que Esma Azzouz considère comme : « une constante altération du Moi »9, d'où la naissance de cette altérité qui nourrit constamment son écriture, en un mal incurable. Doublement déchiré, Berkane retrouve son pays pour perdre la France, il retrouve l'Ici pour perdre l'Ailleurs, sachant que les deux dimensions sont profondément ancrées en lui. Dans sa première lettre à Marise, il s'agit de l'expression de son double exil, en France il se sentait exilé et il rêvait de la terre natale, en Algérie encore, il se sentait perdu dans une Casbah, étrange, dont il ne reconnaît plus les rues. Cette image de Berkane nous renvoie à celle citée en intertexte (épigraphe), de Mathilde dans Le Retour au désert de Bernard - Marie Koltès. Ici, l'écriture devient une tentative de réappropriation de Soi déchiré entre un Ici et un Ailleurs. L'Ailleurs est symbolisé par Marise qu'il l'a quitté, l'Ici est symbolisé par l'enfance et les beaux moments à la Casbah. L'écriture est aussi dans ce sens, l'illusion d'un retour à Soi. Berkane écrit dans cette lettre à Marise : « Cette lettre parce que, bien sûr, tu me manques, mais aussi parce que je sens un trouble en moi [...] »10. A ce propos, nous comprenons que Berkane écrit à Marise par nostalgie du passé, des années écoulées ensemble en France. Mais également pour dire le choc de son retour qui fait renaître en lui, de plus bel, une interrogation de Marise : « que t'arrivera-t-il sur cette terre ? »11.

Dans cette solitude et étrangeté, Berkane écrit en soliloque ces lettres comme pour retrouver cette complicité de tons, de langues, cet amour perdu. Le métissage des tons, des langues dans la fusion/confusion laisse Berkane en proie à un sentiment de flottement entre un passé et un présent, comme à la recherche d'un temps perdu dès qu'il s'interroge : « pourquoi s'entrecroisent en moi, chaque nuit, et le désir de toi et le plaisir de retrouver mes sons d'autrefois [...] »12.

L'écriture, enfin, devient au coeur de la confusion entre l'expression de cette nostalgie et de cet attachement à son dialecte, elle devient aussi l'espace même de rencontre et lieu d'harmonie, par l'évocation de cette complicité, tant regrettée, dans l'amour avec Marise. Il écrit ainsi : «La nostalgie de ta voix, de nos propos, de nos dialogues, de la nuit, de ton corps que je ne caressai pas seulement de mes mains, te souviens-tu, mais avec mes mots aussi, avec mes lèvres et d'autres mots, brisés, proférés entre nos baisers [...]»13. Ainsi soit-il, ce soliloque en écriture devient pour Berkane cette activité pat laquelle il trouve le chemin vers Soi.

8- DJEBAR Assia, La Disparition de la langue française. Paris, Albin Michel, 2003, p.19.

9- AZZOUZ Esma, « Plurilingue et multi - identités chez les écrivaines algériennes d'expression françaises », article en ligne. URL [ http://www.chass.utoronto.ca/french/SESDEF/entredeux /esmaazouz.htm]

10- DJEBAR Assia, op.cit, p. 20.

11- Ibid, p. 22.

12- Ibid, p. 25.

13- Ibid, p. 24-25.

La langue comme lieu érotique

Dans La Disparition..., la langue devient un lieu érotique : dans sa première lettre à Marise, Berkane, en plus de la nostalgie qu'il exprime en l'absence de celle-ci, nous parle de leur passion qui, jusque dans les conversations créait l'érotique linguistique. Encore, au-delà de son désir d'elle, c'est son dialecte à lui qui désirait le sien. Dans cette première partie du roman, c'est l'arabe de Berkane qui désirait la langue française de Marise, ce qui fait que cet érotisme des langues, exprime l'attachement de Soi à l'Autre. D'abord, le nom de Marise, se voit altéré dans sa prononciation par l'accent tendre de Berkane ce qui lui donnait une certaine résonance du dialecte maternel de celui-ci (Marlyse).

Ton pseudonyme pour le public (mar-ly-se !), qui devenait sur mes lèvres, le (chérie) que je ne sais pas

prononcer spontanément, à la place, fusaient, deux, trois vocables arabes de mon enfance, étrangement ceux de
l'amitié, presque de la consanguinité, qui, s'accouplant à ton nom de théâtre, exprimait mon attendrissement [...] 14.

Cependant, cette tentative de fusion échoue du fait de l'impossibilité de communiquer l'amour dans l'altérité des deux dialectes : « Les mots de notre intimité, et leurs sons dispersés, tu les entendait comme une musique seulement »15. Ici encore, l'adverbe « seulement » exprime la non totalité de la communication et son interruption. D'où cet attristement que Berkane évoque plus loin : « Te souviens-tu qu'il m'arrivait de m'attrister que tu ne puisses, à l'instant où nos sens s'embrassaient, me parler en ma première langue [...] »16. Ainsi, plus loin que l'érotique des deux langues, celui de Berkane prend un élan sauvage avec une rage vorace « aspirant à avaler celui de Marise ». L'amour et le désir deviennent dans l'incommunicable, agression de l'Autre, de sa langue. De ce fait, l'incommunicabilité de l'amour à l'Autre devient visible, d'abord dans le dialogue verbal, ensuite dans l'écriture, puisque Berkane n'envoie pas les lettres à Marise.

Dans toute la première partie du roman, l'érotique langagier investit le texte dans les deux lettres de Berkane, sous couvert de la nostalgie et du regret de l'Autre. Il crée au-delà de cette nostalgie ce que Marc Gontard appelle : « espace fusionnel de la passion »17. Mais cette fusion, s'est-elle opérée ? En effet, l'échec de la fusion explique en partie le retour de Berkane, néanmoins, ce rapport entre Soi et l'Autre devient « con-fusion ». A la fois amour, bonheur mais aussi, affrontement des deux corps, (amour et désamour) des deux dialectes. Ces derniers deviennent, dans les souvenirs et l'écriture au présent de Berkane, les « ennemis intimes ».

Par ailleurs, dans la seconde partie du roman, nous assistons à une autre scène érotique, où les deux dialectes légèrement différents, celui de Berkane et de Nadjia, investissent le dialogue dans l'amour. Dans cette partie, après avoir rencontré Nadjia et après une nuit d'amour, Berkane écarte le souvenir de Marise (la Française), jusque dans l'écriture, car cette fois, il décide d'écrire pour lui : « Ecrire enfin, mais pour moi seul ! »18. Ainsi, avoir retrouvé Nadjia symbolise les retrouvailles du dialecte maternel pour Berkane : « les mots arabes et les soupirs de Nadjia la veille effacèrent le reste »19. A cette rencontre et dans l'amour, la langue française semble céder au dialecte maternel l'arabe. Désormais, les mots arabes et les râles de Nadjia, sont comme des caresses chargées d'amour et de douceur pour Berkane.

[...] je reviens aussitôt ! Avait-elle promis, en français cette fois- elle m'a tendu ses lèvres dans le vestibule, elle s'est collée contre moi, debout à moitié habillée ou avant de se rhabiller tout à fait, elle a promis, doucement, en mots arabes presque de caresses (ya habibi) ! [...]

Ainsi, Berkane écarte le souvenir et les lettres non envoyées pour Marise afin de reprendre l'écriture. La langue française dont il écrit, cette fois-ci, est altérée par la voix et les râles de Nadjia, d'où l'interpénétration des deux langues, à savoir l'arabe et le français. Dès lors, l'écriture devient l'espace même où se déploie l'érotique et la fusion/confusion des deux langues. Plus loin, dans les scènes d'amour charnel presque sauvage, la tentative de fusion des corps/langues, se fait dans la torture, le mal, l'extase, la volupté ainsi que la volonté de s'entre pénétrer, de se tatouer, de se labourer, en somme, de fusionner avec l'Autre. Tant de mots et d'expressions qui, au-delà de l'érotique, traduisent une volonté de s'unir avec l'Autre pour réaliser enfin l'unité du « Je », comme

14- Ibid, p. 20-21.

15- Ibid, p. 21.

16- Ibid, p. 21.

17- GONTARD Marc, cité in, VON Erstellt, A la rencontre de l'Autre : L'écriture de l'altérité dans Les nuits de Strasbourg d'Assia Djebar, mémoire de master 2, réalisé en collaboration (Université Lumière - Lyon 2) et (Université Leipzig), dirigé par : Prof. Charles Bonn, Prof : Alfonso de Toro et Wolfgang Fink, 2005/2006.

18- DJEBAR Assia, op. cit, p. 103.

19- Ibid, p. 102.

en témoigne la narratrice : « de tels mots arabes ne sont pas de dureté, mais d'amour fléchissant, mais violent, appelant la complicité déchirante, brûlante »20

.

Enfin, dans le texte de La Disparition..., principalement dans la première partie, Djebar évoque la guerre fratricide entre l'Algérie et la France, mais celle-ci n'est que prétexte pour effectuer un ancrage dans la réalité de la guerre civile en Algérie durant les années noires. Ainsi, la disparition est doublement symbolique et significative, d'une part la disparition d'une époque prétexte pour écrire cet impossible retour à la terre natale, d'une enfance écoulée dans le vielle Alger (la Casbah), et d'autre part cette perte et meurtrissure de toute une liste d'écrivains et de journalistes francophones, auxquelles elle assiste amère, à l'image de Berkane qui disparaît.

L'amour et l'écriture, entre Soi et l'Autre

Dans l'article précédent, nous avons parlé de l'espace dans le texte comme lieu d'interactions verbales, où les mots tendent à se caresser, à s'affronter, à prendre corps, et où des séries verbales s'opposent dans une mise en scène érotique, entre le dialecte maternel et la langue de l'Autre. Ecrivant en langue française, Berkane nous confie dans sa première lettre à Marise comme dans un journal intime, son attachement à celle-ci ainsi que la nostalgie de l'avoir perdue. Ecrire la perte pour retrouver son absence. Son attachement à Marise est aussi son attachement à la langue française dont il n'a pas perdu le ton, lui, de retour au pays. Cependant, dans la seconde partie du roman, Berkane entretient un journal dans l'illusion de saisir les moments passionnés et charnels avec Nadjia : « Je n'écris que pour entendre ta voix : ton accent, ta respiration, tes râles »21. Le temps d'un soliloque en écriture de l'amour, Berkane nous offre à lire un récit mettant en scène une tentative, dans l'amour, d'une fusion qui se faisait dans la confusion de leurs deux dialectes mais aussi de l'arabe et du français. Ce tumulte et confusion linguistiques, deviennent dans l'espace du texte, de véritables agents d'une scène érotique.

De fait, il s'agira dans ce titre d'aborder l'amour et l'écriture comme « espaces du texte », pour revenir à Henri Mitterrand qui, dans son ouvrage Le discours du roman, opère une distinction entre : « l'espace du texte » et « l'espace dans le texte ». D'abord l'espace de l'amour. Nous le retrouvons dans l'expression de l'attachement à Marise, dans les souvenirs de la Casbah et de la camaraderie à l'école française, ainsi que dans la nostalgie. L'amour devient un espace central entre Soi et l'Autre, l'espace qui les unit, qui les sépare, et parfois paradoxalement, espace de confusion mais qui demeure, malgré la séparation et ce retour douloureux au pays.

Par ailleurs, c'est grâce à l'amour et la chaleur de Nadjia que Berkane retrouve son enracinement, son dialecte, l'intimité du souvenir et les chemins tortueux d'autrefois. En somme, Soi.

Plus loin, des lettres pour Marise, des écrits sur Nadjia (stances pour Nadjia), l'espace de l'amour s'étend d'avantage pour constituer le lieu propice, choisi par Djebar, où la rencontre de Soi et de l'Autre, est possible. Nous remarquons ainsi que cet espace est créé par l'écriture, la seule activité qui permet à Berkane de fuir la solitude et de retrouver l'absence et caresser cette perte de Nadjia. Par conséquent, écrire l'amour de l'Autre, c'est aussi tenter de retrouver le bonheur à la Casbah des années 50, de retrouver l'harmonie des deux langues, en somme la place de l'Autre en Soi. Berkane se sert de l'écriture pour tenter, dans une certaine réminiscence et plongée rétrospectives, de retrouver cette complicité perdue et de compenser par là, un vide laissé par Marise et tout l'Ailleurs. Ici, l'illusion dans l'écriture est également création d'un tiers espace. A ce propos, Lucien Goldmann écrit : « on écrit des romans par compensation et pour assouvir au plan de l'imaginaire des frustrations de la vie réelle »22.

Dans la première partie divisée en trois sous parties titrées et datées, Berkane écrit deux lettres à Marise dans lesquelles il explique son retour de l'exil. Plus loin, il évoque les souvenirs de celle-ci, dans un attachement terrible mais également un regret et une nostalgie de l'avoir perdue. Une façon pour lui, dès son arrivé, de partir comme à la recherche d'un temps perdu, à la recherche de l'absence, de l'absente. Dans la seconde partie, Berkane reprend l'écriture d'un journal sur Nadjia comme pour l'empêcher de partir, et par là, se purger de la solitude et da la mélancolie. L'écriture devient ainsi une lutte contre la solitude. Dans ce sens, Maurice Blanchot écrit : « le recours au journal indique que celui qui écrit ne veut pas rompre avec le bonheur, la convenance [...] »23.

20- Ibid, p. 108-109.

21- Ibid, p. 127.

22- GOLDMANN Lucien, cité in, SIBLOT Paul, op. cit, p. 74.

23- BLANCHOT Maurice, L'espace littéraire. Paris : Gallimard, 1955, p. 25.

Force est de constater qu'Assia Djebar tente, dans La Disparition..., de donner corps au sentiment de la double appartenance et au flottement dans l'entre-deux des cultures, auteure algérienne de langue française qu'elle est. Elle transcrit donc, ce double amour paradoxal, dans la fiction pour échapper à la solitude et l'angoisse de vivre dans cet Ailleurs qu'elle situe nulle part, où plutôt, dans le tiers exclu de la fiction. Pour ce, M. Blanchot écrit : « Le journal - ce livre appartenant tout à fait au solitaire - est souvent écrit par peur et angoisse de la solitude qui arrive à l'écrivain [...] »24. Pour situer ce nulle part, Djebar cite en intertexte, des propos de Mathilde dans Le Retour au désert de Bernard Marie Koltès : « En Algérie, je suis une étrangère et je rêve de la France ; en France, je suis encore plus étrangère et je rêve d'Alger. Est-ce que la patrie, c'est l'endroit où l'on n'est pas ? [...] »25. Nous assistons sous la plume de Djebar, à la naissance de l'espace de l'écriture, un espace où les rencontres : de Soi et de l'Autre, de la langue maternelle et de la langue française, du Je avec le Nous, de l'histoire et de la réalité, sont possibles. Dans l'illusion qui génère cette prolifération des fictions chez Djebar, l'utopie d'une réconciliation avec l'Autre, est à l'horizon du texte comme projet idéologique, pour une ouverture, qui demeure possible dans l'écriture, malgré le divorce, l'échec de l'amour et la disparition de Berkane. Ainsi, ce retour n'est-il pas l'illusion, pour Djebar, d'un retour douloureux, voire impossible au pays natal ? L'illusion de Djebar est, ici, vouloir dépasser son être pour accoucher d'un personnage qui serait dans l'écriture, ce qu'elle ne peut être dans la réalité. A ce propos, Jean-Paul Sartre écrit : l'homme n'est pas ce qu'il est, il est ce qu'il n'est pas26 . De fait, Djebar tente une transcendance, dans l'entreprise romanesque, par l'illusion d'un retour tragique qui finit par la disparition de Berkane. Dans cette suite, Blanchot écrit :

Nous n'écrivons pas selon ce que nous sommes ; nous sommes selon ce que nous écrivons. Mais d'où vient ce qui est écrit ? De nous encore ? D'une possibilité de nous-mêmes qui se découvrirait et s'affirmerait par le seul travail littéraire ? Tout travail nous transforme, toute action, accomplie par nous, est action sur nous : l'acte qui consiste à faire un livre nous modifierait-il plus profondément ? 27

Enfin, dans cette fiction, Djebar exprime à l'instar de toute son oeuvre, son déchirement entre les deux langues, les deux cultures, qui ne sont en dernier ressort, que composantes irréductibles de Soi. Ainsi, l'Autre n'est-il qu'une partie, encore une fois, irréductible de Soi ?

L'exil et /ou la nostalgie

Comme nous pouvons le lire dans sa biographie, Assia Djebar est une femme écrivain à la croisée des deux, culture et histoire d'un occident et d'un orient ; ayant beaucoup voyagé en aller et retour, et en quête interminable qui la conduit jusqu'aux Etats-Unis. Elle devient cette femme écrivain de langue française et cinéaste arabe qui, d'exil en exil, finit par trouver son ancrage assumé, dans l'errance. Ainsi, la nostalgie devient pour elle un sentiment nécessaire s'inscrivant en thème permanant dans son oeuvre.

Elle est également femme écrivain militante dans la culture occidentale qui lui appartient, désormais, non moins que sa culture d'origine. Mais ses écrits concernent presque toujours l'Algérie, celle d'hier et d'aujourd'hui, lieu d'amour, de l'enfance et des ancêtres. Le fait de vivre entre deux cultures, deux mémoires et deux langues, a fait jaillir en elle un métissage imparfait surgissant dans son oeuvre en constant sentiment d'exil et de nostalgie. Double fidélité ou double trahison ? Entre les deux cultures, ou en marge des deux ?

Dans l'ensemble de son oeuvre, elle donne à lire comme en témoigne Laura Restuccia : «L'image d'une identité morcelée [...] dans laquelle les différentes composantes donnaient lieu à un rapport de solidarité, mais une solidarité pleine de conflits »28. Au- delà de son sentiment de double étrangeté exprimé dans La Disparition de la langue française, Djebar se sent exilée partout et sa patrie devient territoire où elle n'est pas, pour revenir au passage cité en exergue de Bernard Marie Koltès : « [...] est-ce que la patrie, c'est l'endroit où l'on n'est pas ? »29.

Il s'agit dans ce passage de discuter les deux thèmes à savoir, celui de l'exil et de la nostalgie qui, pour très présents qu'ils soient dans le récit, s'imposent en laissant transparaître les rapports entre Soi et l'Autre.

Avant de quitter la France, Berkane vivait en compagnie de Marise auprès de laquelle il a connu l'amour et la
tendresse. Quand celle-ci lui déclare le quitter, malgré qu'elle l'aimait, Berkane est pris par une sorte de

24- BLANCHOT Maurice, op. cit, p. 25.

25- KOLTES Bernard Marie, cité in, DJEBAR Assia, op.cit, p. 181.

26- formule propre à Sartre Jean-Paul, explicitée dans son ouvrage intitulé : L'existentialisme est un humanisme.

27- BLANCHOT Maurice, op. cit, p.109.

28- RESTUCCIA Laura, « Assia Djebar ou l'orient seuil de la mémoire ».

29- DJEBAR Assia, La Disparition de la langue française. Paris, Albin Michel, 2003, p.181.

nostalgie du pays natal et en même temps, un mal de l'autre pays, la France, qui le saisirent dans la tourmente et la déception. Une semaine après, Berkane comme en témoigne la narratrice : « [...] eut des veillées à la fois de tendresse et de nostalgie »30, et décide deux mois plus tard de quitter la France et de rentrer au pays, en faisant comprendre à ses collègues de travail : « Je vais me remettre à écrire ! J'aurais besoin alors de tout mon temps »31. A cet événement Berkane était saisi par un malaise et un sentiment d'étrangeté comme d'un « répudié ». Dans son demi-sommeil, la patrie, « l'autre patrie », sa ville natale le réclamait. Ici, l'Autre par la figure de Marise, assurait à Berkane l'ancrage dans cet ailleurs, et à la perte de celle-ci, la nostalgie et le sentiment d'être exilé se réveillent en lui comme un mal, un désarroi le taraudant dans la solitude.

De retour au bercail, il s'installe face à la mer, à proximité d'Alger. Lui l'enfant de la Casbah ne reconnaît plus sa terre natale, elle n'a rien à voir avec celle de sa mémoire, celle d'il y'a vingt ans, encore ses proches ont presque tous disparu. Il observe le présent et égrène les souvenirs d'autrefois : son enfance, l'école française, les événements, la torture, et dans cette longue réminiscence, Berkane est à nouveau pris aux lacets de l'étrangeté. Est-il exilé en terre natale ?

A ce double sentiment d'étrangeté et d'exilé en terre natale, Berkane entreprend d'écrire à Marise deux lettres qu'il n'envoie pas, et dans lesquelles il lui avoue son attachement éperdu à elle et aux moments qu'ils ont passé ensemble : « Chère Marise, je décide de t'écrire [...] pour converser et me sentir le temps d'une lettre, proche de toi [...] »32, et il ajoute plus loin : « Je t'avoue ces deux ou trois réveils, où tout, inextricablement, se mélange : le choc de mon retour et la tristesse de t'avoir quittée, [...] »33, il ajoute encore : « Marise-Marlyse, te dire que mon amour se gonfle à présent par la séparation, [...]. En même temps, mon désir de toi devient marée haute dans cette absence voulue et pourtant si lourde [...] »34. Cette suite de passages illustre amplement le sentiment de nostalgie que Berkane éprouve en l'absence de Marise. Son attachement à celle-ci et son amour malgré la séparation structurent toute la première partie du roman. Ainsi, l'absence et la perte de l'Autre provoquent en Soi une frustration et un manque, d'où ce sentiment d'étrangeté de Berkane. Or, l'Autre devient indispensable, voire une partie irréductible de Soi.

Plus loin, Berkane raconte dans ces deux lettres sa désolation du délabrement de la Casbah de son enfance :

Je tente de relater, pour toi, mon délaissement par rapport à mes lieux d'origines, [...], il faisait nuit presque nuit quand, épuisé au-delà de la morne constatation de retrouver ces lieux de vie dégradés, délabrés, disons même avilis...je n'ai pas retrouvé ces lieux d'une vie autrefois foisonnante, grouillante, je les ai cherché, je ne les ai pas encore trouvé alors que je t'écris ! [...]. Mon royaume d'autrefois, je l'ai cherché dans les moindres rues, les artères, les placettes, [...]. Mais je le constatais, ils se sont mués quasiment en non-lieux de vie, [...], marqués par une dégradation funeste ! 35.

Plus loin dans le récit, Berkane fait la connaissance de Nadjia dont il tombe amoureux, celle-ci l'arrache par la chaleur de son dialecte à sa solitude et lui permet un ancrage momentané. Nadjia fuyant l'Algérie depuis longtemps, le quitte et de plus belle, comme une peine, une maladie incurable renaissent en lui les sentiments de l'étrangeté et de nostalgie, dans la solitude qui devient un fait.

Séparé de Marise et de Nadjia, de l'Algérie et de la France, en somme des deux versants de son être, Berkane tente dans l'écriture et la réminiscence de retrouver un équilibre entre un Ici et un ailleurs, un passé et un présent. Se retrouver enfin Soi, dans l'espace de l'écriture où il n'est réellement pas. Ainsi, quant il disparaît c'est en fait pour exister dans l'éternité de l'écriture. De fait, l'exil est recherche de Soi et la nostalgie n'est que l'expression de l'écartèlement entre les deux cultures.

30- Ibid, p. 18.

31- Ibid, p. 19.

32- Ibid, p. 19.

33- Ibid, p. 22.

34- Ibid, p. 21.

35- Ibid, p. 66.

Nous sommes tentés de dire que, par ce récit, Djebar ajoute à sa longue liste un roman à forte composante autobiographique, dans lequel elle montre son ancrage dans l'entre-deux, double attachement à la langue française et la langue maternelle. Aussi, un roman où il s'agit de s'ouvrir sur l'Autre (tout l'ailleurs) et de dépasser cette altérité. Enfin, de rendre considération à la langue française dans une introspection sur le chemin de la mémoire qui la conduit sur les lieux d'une enfance folle dans l'Alger des année 50, et dans une Algérie, réduite à un monolinguisme plus qu'appauvrissant, où l'écriture en langue française est le prix pour qui veut mourir, d'où l'expression d'un impossible retour.

Bibliographie:

DJEBAR ASSIA, La Disparition de la langue française. Paris, Albin Michel, 2003.

AZZOUZ ESMA, « Plurilingue et multi - identités chez les écrivaines algériennes d'expression françaises », article en ligne. URL [ http://www.chass.utoronto.ca/french/SESDEF/entredeux /esmaazouz.htm]

RESTUCCIA LAURA, « Assia Djebar ou l'orient seuil de la mémoire ».

GOLDMANN LUCIEN, cité in, SIBLOT Paul, « Les français et leurs langues » in Cahier de praxématique, PUP, Aix-Marseille, 1991 BLANCHOT MAURICE, L'espace littéraire. Paris : Gallimard, 1955.

GONTARD MARC, cité in, VON Erstellt, A la rencontre de l'Autre : L'écriture de l'altérité dans Les nuits de Strasbourg d'Assia Djebar, mémoire de master 2, réalisé en collaboration (Université Lumière - Lyon 2) et (Université Leipzig), dirigé par : Prof. Charles Bonn, Prof : Alfonso de Toro et Wolfgang Fink, 2005/2006.

GRUBER ANNIE, « Assia Djebar, l'irréductible », in, Amoralité de la littérature, morales de l'écrivain, acte du colloque international organisé par le centre « Michel Baude - Littérature et spiritualité » de l'Université de Metz, les 26 et 27 mars 1998. Paris, 2000. CLERC JEANNE-MARIE, Assia Djebar. Ecrire, transgresser, résister. Paris : L'Harmattan, 1997.






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