Introduction
Au 21e siècle, les changements climatiques
demeurent l'une des menaces les plus graves qui pèsent sur le
développement durable de l'humanité. Le climat a connu des
variations naturelles occasionnant de ce fait des bouleversements au niveau
mondial à savoir l'accroissement des concentrations dans
l'atmosphère des rejets de gaz à effets de serre. En effet, ces
variations se traduisent par des effets touchant directement les ressources
naturelles et l'ensemble des secteurs de la vie, notamment la
sécurité alimentaire, la santé humaine et animale et
surtout l'activité économique.
En Afrique de l'ouest, ces manifestations se caractérisent
par la sécheresse qui aujourd'hui, accélère le
déboisement, mettant ainsi en péril les forets tropicaux et les
surfaces cultivables. En plus, elles entraînent de nombreuses
transformations défavorables au maintien de la biodiversité des
espèces. Toutefois, cette forte dépendance par rapport aux
ressources naturelles et la précarité des conditions de vie de la
population fait de cette zone la région la plus vulnérable en
terme d'insécurité alimentaire.
Au Niger, les changements climatiques se sont
caractérisés par une faible production agricole en
général et des ressources animales en particulier. En effet, en
1974, 1983 et 2005 les productions agricoles ont connu une baisse
considérable engendrant du coup des déficits
céréaliers dans les zones rurales.
Le Niger est un pays dont l'économie repose
essentiellement sur l'exportation de l'uranium et des produits agropastoraux.
En 1998, l'élevage occupait 80% de la population et se composait
essentiellement des bovins, des ovins, des caprins, de la volaille,....) et
représente 24 % du PIB selon les données du ministère des
ressources animales. Certes, l'élevage est extensif mais il se
caractérise surtout par une faible productivité et est
pratiqué par des petits exploitants (échelle de la famille) et
des éleveurs nomades avec des moyens rudimentaires. C'est justement pour
relancer le secteur de l'élevage que les pouvoirs publics ont mis en
oeuvre des projets de développement pour accroître la production
nationale.
1
Présentation de l'étude 1.
Problématique
Depuis son ascension à l'indépendance en 1960, le
Niger a initié de multiples projets d'élevage en vue de renforcer
sa politique globale de développement économique.
Pays sahélien de l'Afrique de l'Ouest, le Niger exporte
ses produits d'élevage vers les pays africains notamment la Cote
d'Ivoire, le Ghana, la Libye et l'Algérie.
L'élevage est surtout extensif et se compose
essentiellement des bovins, des ovins, des caprins et de volaille.
Malgré l'importance de ce secteur, le rendement des
espèces reste faible du fait des contraintes climatiques et du
caractère traditionnel des activités. Ces difficultés se
ressentent avec acquitté au niveau de la filière avicole. Ainsi,
la production nationale des produits avicoles demeure encore insuffisante. En
2003, elle est estimée à 4420650 oeufs de consommation, 32711
poulets de chair et 1522560 poules et pintades alors que la demande d'oeufs est
estimée à 153045811. Cette filière avicole
n'est pas développée pour répondre à la demande du
marché global malgré les potentialités de la zone. C'est
pourquoi, le Niger a initié depuis 1980 l'élevage intensif de la
volaille comme un moyen de lutte contre l'insécurité alimentaire
et au delà la pauvreté.
En effet, trois (3) périodes caractérisent la
politique de développement de l'aviculture au Niger :
- la période de lancement : 1960 à 1980 avec
l'élaboration des premières politiques de développement de
l'aviculture (mise en place des centres avicoles de l'Etat).
- la période d'expansion : 1980 à 1990 au cours de
laquelle fut exécutée le projet « filière avicole
moderne » et également marquée par une redynamisation des
structures étatiques existantes (usine d'aliment de bétail,
centres avicoles) et un soutien aux élevages privés ; - la
période de léthargie à partir de 1990 marquée par
le désengagement de l'Etat, la fermeture des élevages
privés et le développement des circuits parallèles
(importations).
Le marché avicole au Niger est ravitaillé
essentiellement par deux (2) secteurs :
- le secteur traditionnel : son apport dans la production
nationale est estimée à 95%.2 Selon une étude
de l'ONUDI (Organisation des Nations Unies pour le Développement
1 MAIZAMA Dambagi Gilbert, SANAKO Fatokoma,
BEIDOU Adamou, GANAHI Abdou ; Repères pour un
développement de la filière avicole moderne au Niger ;
Ministère des Ressources Animales ; Niger ; 2003
2 Dare : 1977
2
Industriel) réalisée en 1989, le secteur
traditionnel fournit un tonnage annuel de 8700 de viande de volaille et 17
millions d'oeufs représentant une valeur de 11 milliards de
Fcfa3 ; - le secteur moderne ne fournit que 132 tonnes de viande de
volaille et 18 millions d'oeufs pour une valeur globale de 1,5 milliards de
Fcfa.
L'aviculture traditionnelle est surtout l'apanage des
populations rurales qui approvisionnent le marché local en produits
avicoles. Ce commerce de volaille représente surtout une source de
revenus pour ces populations. En plus, ces produits garantissent une bonne
nutrition aux consommateurs.
Selon la FAO, la production de la viande de volaille en 2004
représente un peu plus de 30% de la production mondiale de viande (soit
78 millions de tonnes) et gagne progressivement des parts du marché
mondial des viandes, occupant la seconde place derrière le porc (100,4
millions de tonnes en 2004) et devançant largement la viande bovine
(58,7 millions de tonnes Malgré l'importance de l'aviculture, plusieurs
contraintes se posent au développement de la production traditionnelle
des volailles. Il s'agit des contraintes liées à :
- la présence des maladies de Newcastle (peste aviaire),
la variole aviaire, la spirochétose et les parasites internes
(coccidies) qui sont des pathologies pouvant décimer la
totalité
du cheptel aviaire ;
- le faible potentiel génétique de production
d'oeufs et de chair ;
- le mauvais environnement des élevages : des poulaillers
inappropriés qui favorisent la propagation de maladies infectieuses et
parasitaires et les prédateurs (présence des éperviers,
serpents) responsables des pertes importantes ;
- l'alimentation insuffisante et souvent mal
équilibrée contribue à limiter la performance de
l'aviculture traditionnelle.
Face aux risques et aux faiblesses liés au secteur
traditionnel, l'Etat nigérien a encouragé la création de
fermes avicoles modernes privées en vue :
- d'accroître la production locale de produits avicoles
;
- de réduire autant que possible les coûts de
production de ces produits ;
- d'améliorer la qualité des produits livrés
à la consommation.
Ainsi, ces fermes sont appelées à jouer un
rôle important dans le développement du cheptel aviaire local.
3 Creunet, 1997
3
En revanche, elles rencontrent de nombreux problèmes
liés à :
- la mortalité enregistrée dans les élevages
due à une pathologie aviaire (la conduite de l'élevage hors des
normes, absence de programme de prophylaxie et de calcul économique)
;
- l'absence ou l'insuffisance de l'encadrement des services de
l'élevage ;
- l'environnement économique défavorable
(difficulté d'approvisionnement en intrants, fluctuation de la
production agricole) ;
- la prolifération des circuits de commercialisation
informels ;
- l'insuffisance et l'inadaptation des moyens de financements
pour l'exploitation des fermes (surface financière faible).
Aujourd'hui, l'apparition des épizooties de grippe
aviaire en Asie, Europe puis en Afrique de l'Ouest depuis 2005 a permis
d'attirer l'attention des consommateurs de la viande de volaille sur le
caractère professionnel de l'aviculture.
Certains consommateurs ont dès lors cessé de
consommer cette viande. Du coup, la demande de la volaille a connu une baisse
considérable provoquant ainsi le ralentissement des activités des
fermes.
Parmi les facteurs explicatifs des problèmes de la
filière avicole nigérienne, il convient de citer :
- le manque de compétences technico-commercial des
exploitants de ferme ;
- l'inorganisation de la filière avicole (absence de
coopérative des aviculteurs) ; - la concurrence des produits avicoles
importés ;
- l'insuffisance du fonds de roulement pour le démarrage
des activités des fermes avicoles ;
- le manque de suivi des services techniques de l'élevage
;
- la baisse des rendements des productions agricoles influant sur
le prix des aliments de la volaille.
Traditionnellement, la conception des projets avicoles est plus
orientée vers les aspects techniques au détriment des
critères liés à la rentabilité. Ce qui pour toutes
ses raisons ne favorise pas souvent la pérennité du projet ou de
l'affaire.
Au regard de toutes ces causes, les pistes de réflexions
suivantes ont été dégagées : - le renforcement des
compétences des propriétaires des fermes avicoles ;
- l'installation d'une nouvelle ferme avicole moderne avec toutes
les compétences requises ;
4
Ainsi, le choix est porté sur la conception d'un projet
d'installation de ferme avicole moderne. La question fondamentale est alors de
savoir :
Quelle est la rentabilité d'un projet de ferme avicole
dans un environnement dominé par des exploitants ruraux et des
importateurs?
De façon précise, il s'agit de vérifier
l'attractivité du marché de volaille pour les promoteurs
désireux de créer un projet dans ce secteur et la
rentabilité.
2. Objet de l'étude L'objet de
l'étude porte sur l'installation d'une ferme avicole moderne
susceptible
d'approvisionner régulièrement le marché
intérieur du Niger en produits avicoles dans les meilleures conditions
de prix et de qualité.
3. Objectifs de l'étude
3.1 Objectif général
De façon générale, l'objectif de
l'étude est l'installation d'une ferme avicole moderne dans la
localité de Niamey.
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