Sebastian Peña Marin
RAPPORT DE STAGE
ETUDE COMPARATIVE SUR LES
PRATIQUES DE COOPERATION
DECENTRALISEE DE LA VILLE DE
PORTO-NOVO
Master 2 : Migrations internationales : conception de
projets en coopération pour le développement
Juillet - octobre 2011
Dédicace
A mon père, Pablo Omar Peña Peres
Je dédie ce travail,
S.P
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 2/101
Remerciements
Mes plus profonds remerciements à Mademoiselle
Gwenaëlle GARNIER pour son soutien et son éternelle patience, pour
les heures de corrections qu'elle a consacrées à mes
écrits et surtout, pour ses milliers de petites attentions qui ont rendu
ce travail plus plaisant et m'ont permis de m'y investir pleinement.
Des remerciements spéciaux à Monsieur Marius
DJOSSOU, mon tuteur technique et ami, qui a rendu ce stage possible et qui m'a
offert ses conseils, sa sollicitude, sa compréhension, son
professionnalisme et surtout, qui m'a soutenu dans les moments difficiles.
Mes sincères remerciements à Monsieur Serge
AHOUANVOEDO, Directeur de la Prospective, du développement et de la
coopération de la Mairie de PORTO-NOVO pour m'avoir accueilli au sein de
sa direction, pour son estime et sa confiance à mon égard.
Mes plus grands remerciements, bien sûr, à mon
Professeur tuteur Monsieur Patrick GONIN ainsi qu'à Madame Nathalie
KOTLOK pour leur grand sens de la pédagogie, leur compréhension
et leur précieux soutien.
Des remerciements également à Monsieur Kamal
TIDJANI ainsi qu'à toute l'équipe de la DPDC, en particulier
Nadia, pour leur sympathie et pour leur cordialité.
Une pensée spéciale pour tous ces béninois
qui ont toujours été extrêmement cordiaux et qui m'ont fait
aimer ce pays.
Sebastián Peña Marín
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 3/101
Description de la mission du stage
CADRAGE DU STAGE :
La ville de Porto-Novo entretient des partenariats avec le Grand
Lyon (Lyon), la Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise
(Cergy-Pontoise) et la ville de Buchelay.
A travers ces coopérations, plusieurs actions sont
menées par le biais de projets ici et là-bas. Les
démarches de mise en oeuvre des partenariats sont-ils uniformes avec les
3 partenaires ? Les axes d'intervention sont-ils les mêmes et
interpellent-ils les mêmes dispositifs avec les 3 partenaires ? Les
conditions de mise en oeuvre des projets sont-ils uniformes avec les 3
partenaires ? Quelles sont les réalisations à Porto-Novo par ces
partenaires ?
OBJECTIF DU STAGE :
Il s'agira pour le stagiaire de réaliser une
étude comparative des pratiques et des réalisations en
coopération décentralisée entre Porto-Novo,
Cergy-pontoise, Lyon et Buchelay dans la mise en oeuvre de ces partenariats.
LIEU :
Ce stage aura lieu à la Direction de la Prospective, du
Développement et de la Coopération (DPDC) de la Mairie de
Porto-Novo qui comprend quatre services : Le Service de la coopération
décentralisée, le Service d'appui aux initiatives communautaires
et au développement local, le Service de la prospective, de la
planification et du suivi évaluation et le Service de l'informatique et
des techniques de l'information et de la communication.
Son bureau sera logé au Service de la Coopération
décentralisée et le Service de la Prospective, de la
Planification et du Suivi évaluation.
DUREE :
La durée de la mission couvrira les mois de Juillet
à Septembre 2011, soit 3 mois.
MISSIONS :
Au cours de son stage, il s'agira pour le stagiaire d'effectuer
certaines activités qui se déclinent comme il suit :
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- Réalisation du diagnostic des pratiques de mise en
oeuvre des partenariats de Porto-Novo respectivement avec Cergy-pontoise, Lyon
et Buchelay
- Réaliser une étude comparative des pratiques
liées aux activités en amont des signatures d'actes de
coopération
- Réaliser une étude comparative des pratiques
liées aux activités de mise en oeuvre (phase pratique) des
projets de coopération
- Réaliser une étude comparative des pratiques
liées aux activités d'évaluation des projets mises en
oeuvre dans le cadre des projets en coopération entre Porto-Novo et ses
partenaires respectifs
- Réaliser une étude comparative sur les axes
stratégiques de mise en oeuvre des partenariats entre Porto-Novo et ses
partenaires respectifs
- Réaliser une étude comparative sur le niveau de
participation financière de Porto-Novo envers chacun de ses partenaires
respectifs et celle de leurs participations
- Réaliser une étude comparative des rapports
« temps-résultats » avec les 3 partenaires - Faire un
diagnostic comparatif sur les résultats des évaluations
réalisées
- Faire des suggestions sur les bonnes pratiques à adopter
pour améliorer les prestations du service de la coopération
décentralisée
- Préparer la première rencontre des villes
partenaires et amies de Porto-Novo en Novembre 2011
- Identifier des thèmes à aborder par les
participants à cette rencontre dans les domaines suivants :
Propreté Urbaine, Développement Urbain et Patrimoine,
Développement Economique.
A son arrivée et de concert avec les acteurs de la
coopération décentralisée et de prospective de la ville,
il élaborera un chronogramme d'activités qu'il soumettra à
son directeur de stage.
METHODOLOGIE DE DEROULEMENT :
Ce stage se déroulera au bureau, dans les centres de
documentation et d'archivage et par des rencontres. Au bureau, il s'agira de
lire les documents existants sur la culture et sur Porto- Novo. Dans les
centres de documentation, le stagiaire pourrait élargir son champ de
recherche
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 5/101
sur les thématiques qui lui semblent indispensables au
bon déroulement de sa mission. Nous disposons d'une documentation
susceptible de fournir au stagiaire les premiers éléments de
réponse. Les rencontres basées sur des entretiens qu'il aura avec
des acteurs qu'il identifiera lui permettront de se fixer sur les
hypothèses techniques qu'il se serait fait.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
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Sommaire
Dédicace 2
Remerciements 3
Description de la mission du stage 4
Sommaire 7
Introduction 9
Chapitre I : Présentation du lieu de stage
15
1. Présentation de la commune de Porto-Novo
15
2. Groupes ethniques et religions 16
3. La Mairie de Porto-Novo 16
3.1. La Mairie de Porto-Novo dans le processus de
décentralisation 16
3.2. Organisation administrative de la Mairie de Porto-Novo
17
3.3. La Direction de la Prospective, du Développement et
de la Coopération 18
Chapitre II : Le cadre formel de la
coopération décentralisée 21
1. L'encadrement institutionnel et le cadre juridique
21
2. Les acteurs 23
3. Cofinancement et bailleurs de fonds 24
4. Formes de partenariats 25
4.1. Les jumelages 25
4.2. Les échanges d'expériences de savoir faire
26
4.3. L'expertise, l'appui technique, l'assistance à
maîtrise d'ouvrage 26
4.4. Les formations 26
4.5. La fourniture de matériels ou d'ouvrages 27
4.6. Les subventions 28
5. Les domaines d'intervention 28
5.1. L'appui institutionnel et l'appui à la
décentralisation 28
5.2. Le développement urbain 28
5.3. Le développement rural 29
5.4. L'action sanitaire et sociale 29
5.5. L'éducation, la culture et la recherche 29
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 7/101
Chapitre III : La coopération
décentralisée à Porto-Novo 31
1. Le contexte de coopération avec la France : du
colonialisme à la coopération décentralisée
franco-béninoise 31
1.1. Rappel historique et évolution des relations
franco-béninoises 31
2. Introduction historique, conventions et objectifs des
partenariats de la ville de Porto-Novo 33
2.1. La Communauté d'Agglomération de
Cergy-Pontoise. 33
2.2. Le Grand Lyon 35
2.3. La ville de Buchelay 37
3. Cadre de synthèse des projets par secteur de
coopération : objectifs, parties prenantes et actions menées
39
Chapitre IV. Analyse transversale des accords de
coopération de la ville de Porto-Novo _48
1. Évaluation générale des projets
48
1.1. Approche globale sur les orientations des partenariats
48
1.2. Résultats des projets et bilan global de la
coopération 51
1.3. La stratégie de la coopération
décentralisée et le Plan de Développement Municipal de la
ville de
Porto-Novo 54
2. Analyse des problèmes 56
2.1. Le processus de pilotage et les dispositifs
opérationnels de la Mairie de Porto-Novo 56
Chapitre V : Enjeux et approche critique de la
coopération décentralisée Nord-Sud : Le cas de la ville
de Porto-Novo 61
1. La coopération décentralisée et
la solidarité internationale 61
1.1. Les ambivalences de la coopération
décentralisée 61
1.1.1. Le marché de l'aide au développement 61
1.1.2. Aide au développement ou enjeux électoral ?
68
2. La Coopération décentralisée :
rencontre de deux territoires et de deux visions 70
2.1. La dimension « interculturelle » de la
coopération décentralisée 70
2.2. La réciprocité 73
2.3. Des méthodologies de travail divergentes 75
2.4. Les rapports d'évaluation : un reflet de
l'ethnocentrisme français 77
3. Suggestions 82
Problèmes rencontrés
84
Conclusion 85
Bibliographie 88
Annexes 91
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 8/101
Introduction
Le domaine de la coopération internationale a connu des
évolutions et des changements importants ces 20 dernières
années. Les défis auxquels fait face le développement
socioéconomique à l'échelle mondiale combinés
à l'accroissement constant des liens d'interdépendance entre les
états ont sensiblement modifié le concept de coopération
internationale en lui-même. Les objectifs et la forme des
échanges, les logiques de collaboration et les façons de
procéder se sont considérablement diversifiés, de
même que les acteurs institutionnels, les acteurs privés et les
formes d'implication de la société civile.
La coopération internationale sous la forme de
coopération décentralisée s'inscrit pleinement dans ce
contexte de complexification des échanges mondiaux, elle a su
progressivement s'ouvrir une place importante sur la scène
internationale. En effet, la grande quantité d'accords et leur
développement extraordinaire ces 20 dernières années
illustre bien la volonté des acteurs locaux d'échanger leurs
expériences et d'approfondir des relations tout en oeuvrant ensemble
pour l'amélioration des conditions de vie des populations.
La mise en partenariat de collectivités permet de
travailler autour d'objectifs communs à l'échelle locale avec une
forte valorisation de la notion de proximité et de la dimension humaine
de la collaboration. Des échanges de savoir-faire dans les domaines de
l'économie, de l'industrie ou de l'aménagement du territoire, aux
échanges éducatifs, en passant par l'aide humanitaire,
l'hétérogénéité des actions menées
dans le cadre de la coopération décentralisée peut
être très vaste.
En donnant aux collectivités territoriales la
faculté d'établir des accords de coopération avec des
collectivités étrangères, le domaine de la
solidarité internationale a trouvé un nouveau socle
d'épanouissement et une véritable plate-forme pour canaliser et
renforcer les initiatives locales de solidarité. Le secteur de l'aide au
développement apparaît comme le secteur privilégié
dans les stratégies et dans les politiques de coopération mises
en place par les collectivités territoriales qui souhaitent partager
leur expérience en termes de gestion, d'aménagement, de
développement local ou d'animation culturelle et sociale.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 9/101
Grâce aux enseignements tirés des
expériences du passé, nous savons pertinemment aujourd'hui que la
réussite des projets de coopération dans le secteur de la
solidarité internationale, et plus précisément dans
l'appui au développement local, dépend fortement du degré
d'appropriation et d'implication des populations bénéficiaires
ainsi que du niveau de concertation des acteurs dans le portage des projets. La
coopération décentralisée s'oriente ainsi vers une aide au
développement concertée et définie par l'ensemble des
acteurs impliqués. Elle représente d'ailleurs une
véritable alternative au système de coopération
bilatéral ou multilatéral d'aide au développement et
à son instrumentalisation croissante de la part des acteurs
étatiques et des bailleurs de fonds internationaux, ces derniers
étant trop souvent au service d'intérêts sensiblement
éloignés de la notion de solidarité.
Les circonscriptions administratives béninoises,
entités qui précèdent la création des
collectivités, entretiennent depuis le milieu des années 1990 des
relations de coopération décentralisée
privilégiées avec différentes collectivités
françaises. En 2002, le gouvernement béninois entreprend un vaste
projet de décentralisation des pouvoirs de l'Etat qui aura des
répercussions importantes dans l'organisation économique, sociale
et politique du pays. Cette même année, les premières
élections municipales ont lieu à Porto-Novo,
générant un cadre institutionnel complètement nouveau,
plus propice au développement et à la consolidation des rapports
de coopération sous forme décentralisée. C'est le
début de ce processus de décentralisation qui a donné
à la coopération décentralisée
franco-béninoise les caractéristiques que l'on connaît
aujourd'hui. Ainsi, la logique de l'envoi ponctuel de matériel a
laissé la place à une diversification des secteurs de la
coopération et a donné lieu également à un
changement profond des objectifs, des orientations, des axes de travail et des
logiques d'intervention.
Les accords de coopération décentralisée
s'inscrivent donc dans un contexte institutionnel béninois en constante
évolution. De ce fait, la nouvelle administration n'a pas
échappé aux complications et aux difficultés
qu'entraîne un tel degré de restructuration étatique. La
jeunesse de l'expérience démocratique du Bénin
combinée à la faible expérience des autorités
publiques dans la mise en place de structures administratives de ce type ont
des conséquences sur l'efficacité de la gestion municipale et
notamment sur la gestion de projets de coopération
décentralisée.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 10/101
Or, il s'agit d'une réalité sensiblement
différente de celle des collectivités françaises qui
possèdent des dispositifs opérationnels de coopération
décentralisée largement plus consolidés avec une
gouvernance territoriale plus cimentée, des capacités techniques
et d'expertise plus performantes ainsi qu'une gestion administrative plus
adaptée et des moyens de financement plus importants. De même pour
le cadre juridique, notamment la loi dite « ATR » et la loi Oudin,
qui déterminent très clairement les compétences et les
prérogatives dont disposent les collectivités françaises
pour développer des accords de coopération avec des
collectivités étrangères.
De ce fait, la coopération décentralisée
Nord-Sud se présente avant tout comme une rencontre de territoires avec
des réalités et des problématiques extrêmement
différentes, comme c'est le cas entre la ville de Porto-Novo et les
collectivités françaises. Cela soulève d'autres
importantes interrogations notamment au niveau de l'application du principe de
réciprocité et du respect des spécificités locales.
La forte volonté de rapprochement et de collaboration entre les
partenaires de la coopération Nord-Sud se voit confrontée
à des capacités de gestion inégales ainsi qu'à des
méthodologies de travail dissymétriques et souvent divergentes ce
qui provoque des dysfonctionnements à toutes les étapes de la
gestion des projets. L'ensemble de ces dysfonctionnements peuvent mettre en
péril la crédibilité et la pérennité des
partenariats.
Sans oublier les effets positifs des actions menées et
la réussite incontestable de beaucoup de projets issus de la
coopération entre la collectivité de Porto-Novo et ses homologues
françaises, la démarche solidaire se mêle aisément
à des intérêts politiques et géostratégiques
qui mettent en question les objectifs et les principes propres de la
coopération décentralisée. Par ailleurs, nous ne devons
pas oublier que la coopération décentralisée
franco-béninoise s'inscrit dans un contexte socioéconomique,
sociopolitique et socioculturel issu de l'histoire coloniale, cela pose des
questions non seulement sur les véritables finalités de certains
partenariats et de certains projets mais également sur la
continuité des rapports de domination Nord-Sud, sur la liberté de
choix et sur l'imposition des modèles préfabriqués.
La coopération décentralisée peut ainsi
fonctionner comme un véritable Cheval de Troie au service
d'intérêts unilatéraux de la France ou des grands bailleurs
de fonds internationaux qui l'accompagnent tels que la Banque mondiale ou le
Fond monétaire international, cela jette des soupçons
légitimes sur le véritable esprit de la coopération
engagée.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 11/101
Par le biais d'une étude comparative des pratiques de
coopération décentralisée de la ville de Porto-Novo, nous
allons développer une approche critique sur les enjeux de la
coopération décentralisée Nord-Sud en nous appuyant sur le
cas spécifique de la capitale du Bénin et les accords de
coopération qu'elle entretient avec ses 3 partenaires français :
la Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise, Le Grand Lyon et
la ville de Buchelay.
Bien que certains partenariats datent de 1995, notre
étude va se centrer sur les projets et les accords de coopération
signés entre 2003 et 2010. En effet, c'est à partir de 2003 que
la ville de Porto-Novo est dotée d'une structure municipale et d'un
statut qui lui permettent d'entretenir des relations de coopération
décentralisée, et c'est également à partir de cette
date que les accords de coopération s'inscrivent dans un cadre
institutionnel stable.
En premier lieu, et après avoir présenté
la ville de Porto-Novo et le contexte dans lequel s'inscrit la
coopération décentralisée franco-béninoise, nous
allons aborder le cadre formel de la coopération
décentralisée afin de dégager les éléments
structurants et institutionnels les plus importants de ce modèle de
coopération.
En deuxième lieu, par une approche transversale nous
allons examiner les partenariats en vigueur, leur dynamique ainsi que
l'ensemble des problèmes et dysfonctionnements qui surgissent dans le
cadre de cette coopération. Pour cela, nous allons faire d'abord un
état des lieux de ces partenariats (objectifs, orientations, conventions
de coopération, etc.) suivi d'un diagnostic de la capacité de
gestion de la Mairie de Porto-Novo, de ses dispositifs de pilotage, du
processus de mise en oeuvre des projets ainsi qu'une évaluation globale
des résultats des différents projets engagés.
Par le biais de ce diagnostic nous allons interroger
également la cohérence de la stratégie de
développement par rapport aux objectifs fixés dans Plan de
Développement Municipal de la ville de Porto-Novo et aux objectifs
fixés dans les conventions de coopération
décentralisée. Il s'agira d'analyser et de comparer la politique
de développement local et la stratégie de coopération
décentralisée que les autorités publiques ont
décidé de mettre en place.
Dans la dernière partie de ce travail, nous allons
développer une approche critique de la coopération
décentralisée Nord-Sud pour examiner les enjeux qui surgissent de
l'interaction et
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 12/101
de la rencontre de territoires distincts. En effet, la
confrontation de visions, de méthodologies de travail et de
systèmes de pensée engendre des malentendus et des conflits qui
nuisent aux rapports d'altérité et au devoir de reconnaissance
mutuelle. Ceux-ci sont pourtant incontournables dans le cadre d'un partenariat
de coopération décentralisée. Cette situation a des
répercussions dans la gestion de projets et dans la dynamique des
partenariats.
Enfin, la dernière phase consistera à avancer
des propositions pour apporter des nouvelles pistes de réflexions. Ces
conclusions se feront dans l'objectif de collaborer à
l'amélioration des dispositifs opérationnels de la Mairie de
Porto-Novo et de participer au débat sur les problématiques de la
coopération Nord-Sud
Nous allons donc centrer nos problématiques autour de 3
thématiques transversales : Interroger la capacité de gestion du
Service de Coopération décentralisé de la Mairie de
Porto-Novo, Questionner la stratégie de la coopération
décentralisée selon les impératifs fixés dans le
Plan de Développement Municipal de la Mairie de Porto-Novo et enfin
Etablir une approche critique sur les enjeux de la coopération
décentralisée Nord-Sud. Les pratiques de coopération
décentralisée de la Mairie de Porto-Novo sont-elles en accord
avec une gestion durable de ces partenariats ? La multiplication des
partenariats, et en conséquence du nombre de projets à
gérer, s'accompagne-t-elle d'un accroissement cohérent de la
capacité de gestion administrative et technique des services de la Marie
de Porto-Novo ? Quel est le rôle du PDM dans la fixation de la
stratégie et de l'orientation de la politique de développement
local de la Mairie de Porto-Novo ?
Cela nous amène au questionnement principal sur lequel
je vais avancer des hypothèses : En s'appuyant sur la notion de
rencontre de territoires comme angle d'approche, le Service de
Coopération Décentralisée de la Mairie de Porto-Novo
est-il doté des dispositifs opérationnels appropriés pour
la gestion des projets de coopération décentralisée ?
Quels sont les enjeux en termes d'altérité qui se posent dans le
cadre de la coopération décentralisée Nord-Sud ?
Hypothèse :
- La Mairie de Porto-Novo a une capacité de gestion en
constante évolution par rapport aux nécessités de la
gestion locale. Toutefois, les dispositifs opérationnels destinés
à la
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 13/101
gestion de projets de coopération
décentralisée sont insuffisants car ils manquent des moyens
humains, techniques et financiers.
Sous hypothèse :
- Les dispositifs opérationnels destinés
à la gestion de projets de coopération
décentralisée de la Mairie de Porto-Novo sont insuffisants
à l'égard des standards de gestion et de méthodologie de
travail établi par les partenaires du Nord.
En termes de méthodologie, pour développer notre
étude nous allons nous servir de la notion de « rencontre de
territoires » comme grille d'analyse. Il nous semble que cette notion nous
permettra de mieux articuler nos réflexions et illustre bien ce que nous
considérons comme l'enjeu principal : la confrontation culturelle, le
véritable Talon d'Achille de la coopération
décentralisée.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 14/101
Chapitre I : Présentation du lieu de stage
1. Présentation de la commune de Porto-Novo
Porto-Novo est la deuxième ville et la capitale
administrative du Benin. La Commune de Porto-Novo est située au sud du
Benin, à 6°30 de latitude nord et 3°30 de longitude. La
superficie de la municipalité est de 110km2 et sa population
est d'environ 210.000 habitants1.
La Ville de Porto-Novo couvre une superficie de
52km2 soit 0.05%du territoire national. Le climat est typique d'un
climat humide subéquatorial.
La Ville se trouve à 32km à l'est de Cotonou,
capitale économique du Bénin, et à 650km au nord de
l'équateur. Elle se présente sous la forme d'un demi-cercle
partiellement entouré par une lagune qui rejoint l'océan
Atlantique de l'autre coté de la frontière avec le Nigeria. Elle
est construite à cheval sur la bordure extrême sud du plateau du
Sakété-Pobè légèrement incliné vers
le sud.
Administrativement, la municipalité de Porto-Novo
appartient au Département d'Ouémé. Elle regroupe cinq (5)
arrondissements et quatre vingt six (86) quartiers. Ces arrondissements sont
des subdivisions du territoire de Porto-Novo mais n'ont pas de
personnalité juridique ni d'autonomie financière.
1 Site officiel de la ville de Porto-Novo
www.villedeportonovo.com
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 15/101
2. Groupes ethniques et religions
Des enquêtes socio-urbaines révèlent que
les Fon représentent 67,8% de la population et les Yoruba
représentent 24,4%. Les Adja représentent 4,4% de la population.
Les populations d'ethnie Dendi (0,5%), Bariba (0,4%), Yom Lokpa (0,2%), Otamari
(0,2%), sont minoritaires2.
Au niveau des pratiques religieuses, on y trouve les Catholiques
(47,3%), les musulmans (24,4%), les religions traditionnelles (9,4%), les
protestants (5,6%), et les autres (13,4%).
3. La Mairie de Porto-Novo
3.1. La Mairie de Porto-Novo dans le processus de
décentralisation
Le processus de renforcement des institutions
démocratiques au Bénin, engagé depuis une dizaine
d'années, s'est accompagné d'une réforme d'organisation de
l'Etat très ambitieuse. Cette réforme a entrainé un
important projet de décentralisation, ce qui a permis, à partir
de 2003, l'organisation d'élections municipales et la création de
conseils communaux dirigés par des Maires élus. Il s'agit d'une
expérience démocratique inédite avec tous les défis
que cela représente autant pour les pouvoirs publics et les acteurs
municipaux que pour la société civile en
général.
Les communes, les seules collectivités locales
décentralisées, ont connu aussitôt un important
accroissement de leur responsabilités. Ce transfert de
compétences locales n'a pas été accompagné d'un
transfert conséquent des moyens financiers, en raison de l'emprise des
pouvoirs centraux sur les finances et la fiscalité locale et sur les
aides et financements étrangers. Pourtant, il revient aux élus
locaux d'assurer le développement local qui doit
2 DJOSSOU Mahouton Marius Elvis, 2009, «
Evaluation des projets de coopération d'eau, d'hygiène et
d'assainissement par l'intermédiation des O.N.G depuis
l'avènement de la décentralisation : cas des PADEAR GTZ dans la
Commune de Sème-Podji », MICP, sous la Direction de Kotlok
Nathalie. Laboratoire Migrinter. Université de Poitiers, p.16.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 16/101
forcément passer par la mobilisation des ressources
locales, la formation des acteurs locaux et la mise en place d'infrastructures
sociales de base.
C'est pour cette raison que les circonscriptions
administratives précédant l'avènement des communes ont
fait appel à la solidarité des collectivités
étrangères, plus expérimentées en matière de
gestion des affaires publiques locales. Les autorités locales d'alors
n'ont donc pas hésité à engager leur circonscription
administrative dans des relations de coopération
décentralisée, sans avoir un réel cadre juridique,
législatif ou réglementaire.
Aujourd'hui, les communes, cette nouvelle figure de
l'autorité publique locale, sont dotées d'un statut juridique
propre et représentent le seul niveau de décentralisation de la
République du Bénin. Les communautés de communes, les
arrondissements ou autre instance décisionnelle publique telle que les
collectivités territoriales, ne disposent d'aucun statut juridique
propre.
3.2. Organisation administrative de la Mairie de
Porto-Novo
Le pouvoir exécutif de la Mairie se structure autour de
cinq directions principales : la Direction des Affaires Financières, la
Direction de la Prospective, du Développement et de la
Coopération, la Direction de services Techniques, la Direction de
Communication et des TIC et, enfin, la Direction d'Affaires
Générales.
Cette organisation doit permettre de répondre aux
exigences de l'arreté municipal à deux niveaux : les services
municipaux et les services infra municipaux3.
Les services municipaux se composent comme suit :
· Le Maire de la ville de Porto-Novo
· Les adjoints au Maire
· Le Cabinet du Maire comprenant :
- Le Secrétariat Particulier (S.P.)
3 Arrêté municipal portant organisation,
attributions et fonctionnement des services de la Mairie de Porto-Novo, N°
010/SG-SRH, République du Bénin, Département de
l'Ouémé, ville de Porto-Novo, 2009.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 17/101
- Le Secrétariat des Adjoints du Maire (S.A.M.)
- Le poste d'Inspecteur Général (I.G.)
- Le poste de Directeur de Cabinet (D.C.)
- Le poste de Cellule de Communication
- Le poste de Secrétariat de la Cellule de Passation des
Marchés Publics - Les postes de Coordination des Projets
- Le poste de Chef de Protocole (C.P.)
- Les postes de Conseillers Techniques (C.T.)
- Les postes de Chargés de missions (C.D.M.)
· Le Secrétariat Général comprenant
:
- Le poste de Secrétaire général (SG)
- Le poste de Secrétaire Général Adjoint
(SGA) - Le Secrétariat Administratif Central (SAC)
- Le Service des Ressources Humain (SRH)
- Le Service des Affaires Juridiques et des Contentieux
(SAJC)
- Le Service des Transmissions de Radio (STR)
- Le Service de la Documentation et des Archives (SDA)
· Les Directions Techniques comprenant :
- La Direction des Affaires Financières et Economiques
(DAFE)
- La Direction de la Prospective, du Développement et de
la Coopération (DPDC)
- La Direction des Services Techniques (DST)
- La Direction des Services à la Population (DSP)
Les services infra municipaux se composent comme suit :
- Le poste de Secrétaire Administratif (SA)
- Le Bureau de l'Etat
- Le Bureau des Affaires Sociales, Culturelles et Sportives
(BASCS) - Le Bureau de la Voirie et de l'Assainissement
3.3. La Direction de la Prospective, du
Développement et de la Coopération
La DPDC est l'animateur de projet de la stratégie de la
ville dans sa conception, sa mise à jour, son évolution et sa
promotion. Elle a essentiellement pour attributions :
· L'animation et la coordination des activités
prospectives d'analyse de l'évolution
sociale, économique et spéciale du territoire et
d'évaluation des enjeux à moyens et long terme
· L'organisation de la mise en cohérence des projets
et interventions
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 18/101
· L'élaboration des stratégies et
propositions des politiques sectorielles et outils de développement dans
leurs dimensions spatiales et économiques (plans de
développement, plan d'aménagement urbain, schémas
directeur, chartes diverses) et veille à la mise en oeuvre par le biais
des tableaux de bord
· La programmation pluriannuelle des investissements
· L'animation, la coordination et le suivi des actions de
coopération intercommunale et internationale, bilatérale et
multilatérale.
· L'animation des relations avec la société
civile et l'émergence des attentes des populations
· La promotion de la citoyenneté
· L'accompagnement des communautés dans les
quartiers
· La coordination des initiatives communautaires
La DPDC comprend un secrétariat et quatre services :
· Le Service de la Prospective, de la Planification et du
Suivi-évaluation
· Le Service la Coopération
Décentralisée
· Le Service d'appui aux initiatives communautaires et du
développement local
· Le Service de l'informatique et des Technologies de
l'information et de la Communication
Le Service de la Prospective, de la Planification et du
suivi-évaluation s'occupe de :
· L'animation, la coordination des activités de
prospective, de planification et de programmation
· L'animation et la coordination des activités
d'élaboration des politiques et stratégies sectorielles
· La coordination des activités d'élaboration
des plans d'aménagement de territoire et veille à leur mise en
oeuvre
· La coordination des activités d'élaboration
d'outils de planification urbaine
· Suivi-évaluation du plan de Développement
Communal et du Plan Annuel d'Investissement.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 19/101
Le Service de Coopération Décentralisée
est chargé :
· De mettre en oeuvre et d'assurer le suivi des projets de
coopération décentralisée
· D'établir et de suivre les relations avec les
réseaux internationaux existants
· D'assurer les relations avec les villes partenaires et la
maitrise d'ouvrage des projets définis dans le cadre des relations avec
ces villes
· D'assurer la veille informative dans le domaine de la
coopération décentralisée
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 20/101
Chapitre II : Le cadre formel de la coopération
décentralisée
1. L'encadrement institutionnel et le cadre
juridique
La mise en place d'une politique de coopération
décentralisée nécessite un encadrement étatique
ainsi qu'un cadre juridique adapté. La création d'institutions et
d'organismes parallèles font partie également du dispositif
opérationnel de coopération dont dispose une collectivité
territoriale, ils sont destinés à renforcer et à appuyer
leurs actions décentralisées.
Dans le cas de la France et du Bénin, leurs lois
respectives offrent l'opportunité aux collectivités
décentralisées de mener des actions et de signer des accords avec
d`autres collectivités ou autorités locales
étrangères afin de poursuivre leur développement local et
de répondre à des besoins précis dans différents
domaines.
En France, le cadre juridique repose essentiellement sur la
loi du 6 février 1992 et ses différentes modifications
apportées au fil des années par des circulaires
ministérielles et par des lois complémentaires. Il s'agit d'un
cadre juridique souple pour que les collectivités territoriales puissent
établir des accords de coopération décentralisée de
façon autonome avec des homologues étrangers. Néanmoins la
loi pose certaines limites, c'est le cas par exemple de la loi Oudin de 2006
relative aux interventions dans le domaine de l'assainissement d'eau.
La loi française autorise « les
collectivités territoriales et leurs groupement »,
c'est-à-dire les communes, les départements, les régions,
les collectivités territoriales des départements d'outre-mer, les
établissements publics de coopération intercommunale
(communautés urbaines, syndicats de communes, communautés de
communes, syndicats mixtes, communautés d'agglomération ainsi que
les ententes départementales ou régionales dotées de
personnalité juridique) à conclure des conventions de
coopération décentralisée. La loi prévoit ainsi la
« capacité de contracter » une convention avec des
« collectivités étrangères et leur
groupement » en ajoutant que « la loi ne crée pas
d'obligation pour que la collectivité étrangère soit du
même niveau (administratif) que la collectivité
française ». En effet, considérant la grande
variété de formes d'organisation administrative dans le monde
avec
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 21/101
leurs spécificités respectives, les
collectivités sont amenées à entrer en relation avec des
entités dont le statut et le degré d'autonomie sont très
variés. Dans une coopération entre collectivités
étrangères le partenaire peut être une structure
fédérale, une circonscription administrative
dérivée d'un pouvoir centralisé, ou encore une
autorité publique dépourvue de personnalité morale. Leur
degré d'autonomie financière et exécutive peut
s'avérer très variable, cela va conditionner sensiblement le
niveau de coordination et la dynamique générale du
partenariat.
La pratique impose également une différentiation
juridique selon le niveau et le type de coopération :
coopérations pour le développement Nord-Sud, jumelages,
coopérations transfrontalières (dans le cas de l'Europe),
échanges Nord-Nord ou actions humanitaires d'urgence.
En ce qui concerne les compétences des
collectivités territoriales françaises en coopération
décentralisée, l'article L.1115-I précise que les
collectivités ne peuvent agir que « dans les limites de leurs
compétences et dans le respect des engagements internationaux de la
France ». En effet, les collectivités territoriales ne sont
pas sujettes au droit international public qui concerne uniquement les Etats et
les organisations internationales. Les collectivités et leurs
groupements n'ont pas d'attribution pour intervenir dans les domaines relevant
de la compétence de l'Etat (diplomatie, défense nationale,
justice, etc.) et ne sont pas autorisées non plus à conclure un
accord avec un autre Etat ou à faire partie d'un accord international.
En revanche, il est possible pour une collectivité de signer une
convention en tant qu'operateur ou maitre d'oeuvre avec une organisation
communautaire (commission européenne) ou internationale (Banque
mondiale) pour l'exécution de projets précis.
La loi au Bénin date de 2003, suite au début du
processus de décentralisation et aux premières élections
municipales. Il s'agit d'une adaptation et d'une simplification du
modèle de la loi française. Par le biais de cette loi, les
autorités béninoises ont avant tout cherché à
répondre aux impératifs d'harmonisation institutionnelle et
juridique réclamée par les partenaires du Nord afin de pouvoir
élargir les secteurs concernés par la coopération, les
termes de cette dernière et fluidifier ainsi la mise en oeuvre des
projets.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 22/101
Le contexte juridique et institutionnel est donc un des
aspects centraux de tout partenariat de coopération
décentralisée, il détermine la compatibilité et
articule l'organisation de la gestion d'un coté et de l'autre
coté du partenariat. Le manque d'harmonisation entre les cadres
juridiques et institutionnels respectifs peut signifier un véritable
frein à la volonté et à la possibilité d'agir sur
un domaine déterminé.
2. Les acteurs
« La coopération décentralisée a
pour objet non seulement de répondre à des besoins
matériels, mais en même temps de renforcer le potentiel d'action
et la maîtrise d'initiatives locales. Appuyer les acteurs, c'est aider
à les faire naitre, à s'organiser, à se former, à
se constituer en réseau et à construire des partenariats entre
eux et avec les acteurs public »4.
Les organismes et institutions liés à la
coopération décentralisée sont extrêmement nombreux,
variés, et leurs imbrications sont complexes. L'objectif de ce chapitre
n'est pas d'en faire une liste exhaustive, mais de dresser un tableau
schématique des principales organisations impliquées, et des
relations qui les lient, en se centrant sur les principaux acteurs
institutionnels de la coopération décentralisée que sont
les collectivités territoriales.
Pour remplir au mieux leur mission, ces collectivités
territoriales ont constitué de nombreux regroupements,
fédérations ou réseaux nationaux, qui permettent :
- d'échanger entre collectivités locales, de
mutualiser les expériences et les compétences, de fournir des
services d'appui technique (conseil, formation,...) : c'est le cas par exemple
de Cité Unies de France (CUF), qui rassemble les villes
jumelées.
- d'organiser une représentation commune de ces
collectivités dans les instances nationales de concertation et de
coordination comme le Haut Conseil de la coopération internationale, ou
la Commission Nationale de coopération
4 Note d'orientation sur la coopération
décentralisée de la Commission européenne du 23
décembre 2007
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 23/101
décentralisée : on peut citer entre autres
l'Association des Maires de France (AMF) ou l'Association des Régions de
France (ARF).
Ces instances nationales peuvent elles-mêmes se regrouper
en associations internationales ayant pour but :
- d'harmoniser les actions des acteurs locaux comme la
Fédération Mondiale des Cités Unies (FMCU) dont CUF
constitue la section française,
- ou de développer des réseaux plus ciblés
sur une thématique commune, comme l'Association Internationale des
Maires Francophones (AIMF).
Au-delà de ces instances qui rassemblent les
collectivités locales entre elles, des organisations comme l'Union
nationale des acteurs et des structures de développement (UNADEL)
fédèrent en un réseau d'expertise des structures et des
personnes qui travaillent sur cette thématique : des
collectivités territoriales bien sûr, mais aussi des ONG, qui
jouent un rôle majeur dans la coopération
décentralisée, et également des bureaux d'études,
des associations de quartier, des techniciens des administrations,...
Enfin, il existe également des réseaux
régionaux, qui permettent de créer des liens entre ces
collectivités et les autres acteurs de la coopération
internationale que sont les universités, les ONG, les associations
locales ou les associations caritatives, les organismes consulaires, les
associations religieuses, etc...
3. Cofinancement et baileurs de fonds
Pour mener leurs actions, les collectivités
territoriales peuvent bénéficier du soutien financier de
co-financeurs et de bailleurs de fonds à des échelles
variées. Sous réserve d'être en cohérence avec les
axes prioritaires définis par chacun des bailleurs, et de respecter les
modalités techniques et administratives définies pour leur
attribution, ces financements peuvent être attribués soit
directement à la collectivité territoriale française, soit
à la collectivité partenaire, permettant ainsi un effet de
levier.
Parmi les principaux bailleurs, on peut citer :
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 24/101
- au niveau international : l'ONU et ses organismes «
satellites » : UNESCO, PNUD, UNICEF..., la Banque Mondiale, l'Union
Européenne, les ONG, les fondations privées.
- au niveau français : l'état et le
Ministère des Affaires Etrangères, via des mécanismes
comme les contrats de plan état-région ou des crédits
déconcentrés au niveau des ambassades, par exemple, l'Agence
Française de Développement, les autres Ministères.
4. Formes de partenariats
Les formes d'intervention des collectivités territoriales
en matière de coopération décentralisée sont
multiples et touchent des domaines très variés.
4.1. Les jumelages
Il s'agit de la forme la plus ancienne de coopération
entre villes fondée sur des valeurs de paix et d'amitié. Les
expériences recueillies, les apprentissages et les résultats
obtenus ont servi pour modeler le concept de coopération
décentralisée d'aujourd'hui. Ils se sont développés
à la fin de la deuxième guerre mondiale, et ont forgé des
relations durables et fécondes entre villes du monde entier.
Les domaines de coopération dans le cadre de jumelages
sont le plus souvent des échanges éducatifs dans le cadre
scolaire. Ils comportent presque systématiquement un volet culturel ou
artistique, et en fonction des régions du monde, un volet
linguistique.
Le principe de réciprocité est pratiqué
sur des champs analogues. Cette forme de coopération est
également plus centrée sur la notion de fraternité, le
rôle des acteurs qui participent aux projets est moins « technique
» par rapport à d'autres types de partenariat, comme c'est le cas
de la coopération décentralisée pour le
développement, ce qui facilite une participation plus active de la
société civile.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 25/101
4.2. Les échanges d'expériences de savoir
faire
L'échange est le principe de base de la
coopération décentralisée. Le type d'échange
dépendra de « ce qu'on a à échanger », les
contenus varient donc en fonction de la réalité de chaque
territoire et du standard de développement. Les échanges
Nord-Nord ou transfrontaliers se font plus sur un pied d'égalité
en comparaison avec la coopération Nord-Sud.
La mise en place de services publics locaux est un secteur
dans lequel les collectivités territoriales françaises ont un
vrai savoir-faire. Les services d'eau, l'assainissement, de gestion, des
déchets, mais également des équipements scolaires,
sanitaires et sociaux, des installations sportives et culturelle, sont
très présents dans la coopération pour le
développement.
4.3. L'expertise, l'appui technique, l'assistance à
maîtrise d'ouvrage
Cette forme de coopération consiste à apporter
ou à échanger des savoir-faire dans le domaine de l'action locale
entre collectivités. Le type d'échange va dépendre
principalement du niveau de spécialisation technique
développé par une ville dans un secteur en particulier (ou
plusieurs secteurs) comme par exemple les énergies renouvelables. Les
collectivités peuvent ainsi engager des processus de transfert de
technologie et de savoir-faire avec une autre collectivité. Cela peut se
faire de façon spontanée ou sur demande, comme c'est le cas des
villes chinoises.
Dans le cadre d'une coopération Nord-Sud, les
collectivités du Nord ont des niveaux de technicité plus accrus
sur la mise en place de structures et des dispositifs d'action locale, il
s'agit d'un atout qui peut être mis à disposition d'une autre
collectivité dans le cadre d'une convention de coopération
décentralisée.
4.4. Les formations
La formation apparait comme l'un des facteurs
déterminants pour la réussite de la coopération pour le
développement. Ainsi, des programmes de formation pour cadres
administratifs, techniques ou pour des élus figurent de plus en plus
souvent comme des volets
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 26/101
incontournables des partenariats, spécialement quand il
s'agit d'une coopération Nord-Sud. Dans le cas de la France et en
fonction du caractère des formations, ces programmes peuvent être
menés en France par l'accueil de stagiaires ou même à
l'étranger dans le cadre d'une mission d'expertise. Des formations
spécifiques destinées aux autorités locales comprennent le
plus souvent la formation d'un formateur sur place pour qu'il perpétue
la dynamique de formation.
Les cas de transfert de technologies ou de matériaux
techniques ou d'équipements de haute technologie, nécessitent
également d'être accompagnés d'un programme de formation
conséquent.
4.5. La fourniture de matériels ou d'ouvrages
La fourniture d'équipement matériel est une
pratique très répondue dans la solidarité internationale,
spécialement dans les relations Nord-Sud. Toutefois, cette pratique pose
énormément de problèmes. Les matériels
acheminés vers le Sud sont, le plus souvent, en très bon
état de marche et ils trouvent un rallongement de leur durée de
vie dans un contexte de nécessité, comme par exemple, les
véhicules destinées aux services médicaux, les ordinateurs
ou les matériels agricoles. Cependant, des éléments
très importants sont à prendre en considération dans ce
type de coopération. Dans le cas de l'appui matériel, les
coûts de l'entretien ou le niveau de technologie des équipements
fournis peuvent s'avérer tellement élevés que la
démarche devient stérile, contre-productive voire même
fortement nuisible pour les équilibres et les réalités
locales. De même pour l'envoi d'ouvrages, une pratique largement
répandue. La concurrence avec les équipements fabriqués
sur place peut anéantir des filières de production locales qui
sont parfois déjà trop faibles pour supporter une telle
concurrence ou qui viennent tout juste de se mettre en place. Étant
donné que ce type de coopération se limite le plus souvent
à des envois ponctuels, elle produit des situations de dépendance
à l'aide externe, une aide qui n'est pas reconduite ou conçue
pour le long terme et pour une même zone géographique.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 27/101
Il est pertinent de vérifier qu'il existe une bonne
articulation entre les filières de production locales et les
matériels à envoyer pour éviter de reproduire ces effets
tellement néfastes et indésirables.
4.6. Les subventions
Cette forme de partenariat consiste à verser des
subventions à des collectivités étrangères, aux
associations, aux ONG et autres intervenants. Dans le cas de la France, les
entités bénéficiaires ne peuvent recevoir des subventions
que si elles oeuvrent en qualité d'opérateur et que la convention
et le programme de coopération remplissent les conditions légales
car, en général, une collectivité n'a pas la
faculté de verser des subventions pour des actions situées en
dehors de son territoire.
Cette situation juridique pose des problèmes pour les
collectivités notamment en matière d'aide humanitaire et
d'urgence. Des modifications dans la loi sont prévues afin
d'élargir le champ d'action international des collectivités dans
ce domaine.
5. Les domaines d'intervention
5.1. L'appui institutionnel et l'appui à la
décentralisation
Il s'agit, pour les collectivités locales
françaises, de partager leur expérience en matière
d'organisation et de décentralisation avec des institutions plus «
jeunes », dans des pays qui se tournent vers la décentralisation
afin d'améliorer les services aux populations, ou de soutenir le
développement local. Cet appui, qui fait partie des thématiques
fortement soutenues par l'ONU et le PNUD, est d'autant plus efficace dans des
pays où l'organisation institutionnelle est inspirée de
l'organisation française, comme les pays d'Afrique francophone.
5.2. Le développement urbain
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 28/101
Les enjeux du développement urbain sont multiples,
puisqu'ils intègrent aussi bien des questions d'ordre logistique, comme
la gestion de la voirie, de l'assainissement d'eau, ou des déchets, que
des thématiques plus politiques et organisationnelles comme le dialogue
entre les autorités de la ville et la société civile
(citoyens, associations...), ou encore des notions culturelles, telles que la
préservation du patrimoine architectural. Pour concilier ces
différents enjeux, des outils complexes doivent être
utilisés : schéma de cohérence territorial,
procédures de consultation publiques, etc... Les collectivités
locales françaises, à qui la gestion de ces outils a
été confiée depuis des années, peuvent faire
bénéficier les mairies partenaires de leur expérience.
5.3. Le développement rural
La coopération en matière de
développement rural est avant tout basée sur l'appui au
développement agricole. Les actions dans ce domaine, souvent conduites
en partenariat avec des ONGs, ont pour objectif de favoriser la mise en place
de filières agricoles efficaces, bien valorisées, et
gérées de façon durable (en limitant la consommation de
ressources non renouvelables, et en privilégiant les modes de production
dont l'impact sur l'environnement est le plus faible). Au-delà de
l'agriculture, le développement rural peut permettre de protéger
et de valoriser des ressources naturelles, notamment grâce au tourisme et
la création de parcs.
5.4. L'action sanitaire et sociale
Il s'agit d'accompagner les états dans la gestion des
populations les plus fragiles : personnes malades, âgées,
handicapées, etc., grâce à la construction de centres de
soin, à la formation de personnel soignant, ou à la fourniture de
matériel médical.
5.5. L'éducation, la culture et la recherche
Ces thématiques sont très souvent
intégrées dans les accords de partenariats, et
permettent, grâce à des échanges directs entre les
populations, de renforcer la connaissance réciproque, et les liens
d'amitié qui sont indispensables pour des partenariats de longue
durée. Les
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 29/101
populations jeunes sont particulièrement
concernées, à travers des actions d'échanges linguistiques
ou scolaires de durée variable. L'implication des universités et
des entreprises présentes sur les territoires des collectivités
engagées dans le partenariat peut permettre d'élargir le champ
des actions possibles.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 30/101
Chapitre III : La coopération
décentralisée à Porto-Novo
1. Le contexte de coopération avec la France :
du colonialisme à la coopération décentralisée
franco-béninoise
1.1. Rappel historique et évolution des relations
franco-béninoises
Au XVIIème siècle, les populations du sud du
Bénin sont organisées en plusieurs royaumes centrés autour
des cités les plus importantes : Allada, Oiudah, Adjatché (qui
sera rebaptisée Porto-Novo par les Portugais) et Abomey. C'est le
royaume du Dahomey, dont la capitale est Abomey, qui connait l'essor le plus
important, en partie grâce au commerce des esclaves, alimenté
notamment par les guerres avec le royaume Yoruba d'Oyo voisin (situé au
niveau de l'actuel Nigeria).
En 1851, le roi Ghezo d'Abomey signe un traité de
commerce et d'amitié avec la France. Progressivement, la France renforce
son influence dans la zone sous le règne du roi Glélé, en
installant des garnisons militaires et des droits de douane. Les
frontières du royaume sont fixées entre 1885 et 1898 par des
accords avec l'Allemagne (pour la frontière avec le Togo) et
l'Angleterre (pour le Nigeria). Malgré la résistance de
Béhanzin, fils de Glélé, vaincu en 1892, le royaume du
Dahomey, auquel on adjoint les protectorats de Porto-Novo et d'Allada, devient
un protectorat français, puis une colonie intégrée en 1904
à l'Afrique Equatoriale Française (AOF).
Durant la période coloniale, l'important taux de
scolarisation permet au Dahomey de former des élites politiques
africaines, qui participent à l'administration de l'AOF, mais qui
créent également des partis politiques et des médias
d'opposition. Les abus et les erreurs de l'administration coloniale y sont
contestés et pas moins de 26 gouverneurs se succèdent entre le
début du siècle et la seconde guerre mondiale, durant laquelle le
Dahomey se rallie à la France Libre.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 31/101
L'indépendance du Dahomey est proclamée en 1960,
et le premier président est Hubert Maga. Commence alors une
période perturbée, au cours de laquelle les coups d'états
se succèdent, jusqu'à la prise de pouvoir en 1972 du commandant
Mathieu Kérékou. Celui-ci abandonne le nom de Dahomey, qui
rappelle trop le passé colonial, et le pays est rebaptisé
Bénin. Il instaure un régime marxiste-léniniste,
dirigé par un parti unique : le Parti de la Révolution Populaire
du Bénin (PRPB), qui s'inspire de la voie Chinoise. Le nouveau
régime est bien accueilli par la population, mais la situation
économique et financière du pays se dégrade dans les
années 1980, et la contestation grandit.
Un processus de transition démocratique pacifique est
instauré en 1990 lors de la "conférence nationale des forces
vives de la nation" (CNFVN), qui organise de nouvelles institutions, et la
tenue d'élections présidentielles en 1991 qui portent au pouvoir
Nicéphore Soglo, notamment grâce aux voies des électeurs du
sud du Pays. Après un mandat, il est battu aux élections
présidentielles de 1996 par Mathieu Kérékou qui revient au
pouvoir, et sera réélu à nouveau en 2001. Il poursuivra le
travail de réforme des institutions béninoises, et de
décentralisation, instauré par son prédécesseur, et
qui est toujours en cours aujourd'hui.
Depuis 2006, c'est Boni Yayi, ancien président de la
Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), qui préside le
Bénin.
Le nouveau processus démocratique de la
République du Bénin a donc une histoire relativement
récente. En 1990, les processus politiques et sociaux du Benin
combinés à un changement de situation géopolitique
mondial, notamment l'effondrement du bloc soviétique, ont
débouché sur une transformation profonde du système
d'organisation sociopolitique du pays.
Le cadre juridique qui permet en France aux
collectivités d'entretenir des liens de coopération
décentralisée, notamment la loi Oudin qui élargit les
prérogatives fixées dans la loi « ATR » de 1992 en
autorisant les collectivités territoriales françaises à
conclure librement des conventions de coopération
décentralisée avec des collectivités
étrangères, a été mis en place justement dans cette
période de transition des institutions béninoises.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 32/101
Les premières formes de coopération
décentralisée, qui concernaient des actions simples comme des
dons de matériels ou la formation du personnel, par exemple, se sont
donc nouées avant même que les instances municipales
béninoises ne soient complètement opérationnelles, et donc
dans un cadre juridique relativement flou. C'est le cas des premiers accords
avec la Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise, mis en
place dès 1995 ou avec le Grand Lyon dès 1999.
Aujourd'hui, la constitution réelle des communes, mais
aussi d'instances nationales de concertation de ces communes comme la
commission nationale de la coopération décentralisée, le
réseau de collectivités locales, ou les associations nationales
de collectivités locales, a permis de donner un cadre juridique et
opérationnel plus clair aux actions de coopération
décentralisée, de renforcer ainsi leur efficacité et leur
crédibilité, et d'élargir les domaines d'action.
La longue histoire commune de la France et du Bénin,
ainsi que le fait que des partenariats aient été mis en place
avec des communes françaises alors même que les instances
municipales béninoises étaient en cours de constitution
expliquent sans doute en partie le fait que l'emprise de la France est
aujourd'hui perceptible sur presque tous les domaines de la vie en
société : modèle d'organisation de la fonction publique,
aspirations à une forme de modernité incarnée par le
modèle français, projets d'urbanisation.
2. Introduction historique, conventions et objectifs
des partenariats de la vile de Porto-Novo
2.1. La Communauté d'Agglomération de
Cergy-Pontoise.
La coopération entre la Communauté
d'Agglomération de Cergy-Pontoise et la ville de Porto-Novo remonte
à 1995. Suite aux changements institutionnels au Bénin, les deux
partenaires de cette coopération ont décidé de la
reconduire et de la revaloriser avec une nouvelle convention
générale signée en 2004 qui définit les objectifs
du programme, la méthodologie d'intervention ainsi que les grandes
orientations.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 33/101
Au départ, la nouvelle convention cadre était
prévue pour une durée de 3 ans, c'est-à-dire
jusqu'à 2007, mais elle a été prolongée à
trois reprises afin de pouvoir continuer sur des projets déjà
initiés. La coopération entre Cergy-Pontoise et Porto-Novo entre
2004 et 2010 s'est construite autour des objectifs généraux
suivants, poursuivis par chacun des deux territoires :
- « Renforcer les dynamiques locales par la
mobilisation des acteurs dans la mise en oeuvre des projets de
coopération et par la mise en place d'une instance de concertation
permettant une meilleure articulation entre les initiatives locales
»
- « Ouvrir les acteurs sur le monde par le
développement d'échanges d'expériences, de connaissances
et de savoir-faire et la confrontation de pratiques »
- « Contribuer au rayonnement international des
territoires par la valorisation de leurs compétences et de leurs
spécificités 5».
Les projets doivent s'inscrire dans trois axes structurants :
- « l'accompagnement de la ville de Porto Novo dans
l'élaboration et la mise en oeuvre de son projet urbain et de ses
stratégies de développement et de promotion du territoire
»
- « le renforcement des capacités de gestion et
de mise en oeuvre des politiques publiques »
- « l'amélioration du cadre et des conditions de
vie en recherchant prioritairement la mobilisation des populations et acteurs
locaux :
o par la mise en place de dispositifs d'insertion sociale et
professionnelle,
d'accompagnement à la création
d'activités génératrices de revenus
o en favorisant les échanges afin de permettre un
meilleur accès des populations
aux soins, aux activités socio-éducatives et
à la culture ».
La convention générale a été
déclinée en 12 conventions spécifiques qui ont
été constituées au fur et à mesure que les
projets se définissaient. La signature de ces 12 conventions
spécifiques
5 Rapport provisoire du CIEDEL Centre international
d'études pour le développement local « Evaluation de la
coopération décentralisée entre la Communauté
d'Agglomération de Cergy-Pontoise et la ville de Porto-Novo »,
Janvier 2011.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 34/101
s'est déroulée entre 2005 et 2009 concernant
plusieurs projets dans des domaines très variés allant de
l'organisation des Ateliers internationaux de maîtrise d'oeuvre urbaine
à la création d'un chantier école dans le secteur de la
menuiserie, en passant par un programme sur le renforcement des
capacités de gestion de la Mairie en matière de
développement urbain, de développement agricole, d'adduction
d'eau potable, de santé et de développement numérique.
La dernière convention générale a
introduit une amélioration par rapport à la convention
précédente en laissant une place plus importante à la
coopération entre les acteurs non institutionnels des deux territoires
de façon parallèle à la coopération entre
collectivités proprement dites.
Une autre convention parallèle, en dehors de la
convention générale et des conventions spécifiques, a
été signée en 2007 par les deux collectivités avec
d'autres collectivités territoriales françaises et
béninoises pour créer un nouveau partenariat avec Cité
Unies France (CUF) et l'Association Nationale des Communes du Bénin
(ANCB) pour développer un programme de renforcement institutionnel.
Cergy-Pontoise figure donc comme le partenaire le plus ancien
de Porto-Novo, très apprécié par les cadres de la Mairie
de Porto-Novo ainsi que par l'ensemble des acteurs locaux, les retombées
positives de ce partenariat sur les bénéficiaires et sur les
conditions de vie en général de la population sont très
encourageants.
2.2. Le Grand Lyon
La coopération sous forme décentralisée
entre la Communauté de communes du Grand Lyon et la ville de Porto-Novo
commence en 1997. C'est à cette date qu'a eu lieu la signature d'une
déclaration d'intention de coopération lors de la visite d'un
Vice Président du Grand Lyon à Porto Novo. Cette rencontre a
été un véritable coup d'envoi pour une coopération
fructueuse entre ces deux territoires qui va s'étendre pendant plus de
15 ans.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 35/101
Cette coopération a été engagée
suite à une demande de la ville de Porto-Novo pour un appui technique
dans la mise en oeuvre de son Programme de développement urbain. Au
début, les échanges entre le Grand Lyon et Porto-Novo
étaient limités à l'appui technique dans certains domaines
précis. Les orientations majeures de la coopération à
cette période consistaient à « favoriser les
échanges en coopération autour de la thématique des
services urbains, via des appuis techniques et l'aide à
l'équipement » et à « renforcer la
notoriété du Grand Lyon et de la ville de Lyon, en
développant des liens avec des capitales francophones
ouest-africaines6 ». C'est pour cette raison d'ailleurs
que la coopération avec la Grand Lyon suit la même logique
d'intervention déjà déployée dans d'autres
capitales de l'Afrique de l'Ouest (Ouagadougou, Bamako, Lomé).
Ce partenariat prendra une autre dimension fin 1999 lors de la
signature de la 1ère convention de coopération pour la
période 2000 - 2002 qui sera suivie d'une seconde convention
signée en 2004 pour la période 2005-2007 en plus d'une convention
spécifique. La coopération entre le Grand Lyon et Porto-Novo a
donc fait l'objet de trois conventions triennales au total.
Parmi les objectifs généraux nous avons :
- favoriser des échanges en coopération autour de
la thématique des services urbains, via des appuis techniques et l'aide
à l'équipement,
- un accent mis sur la thématique des services urbains, en
particulier la propreté et la voirie,
- un mode opératoire privilégiant les
échanges et le croisement d'expertise en services techniques du Nord et
du Sud et la mise à disposition d'équipements sous forme de
dons.
Les activités démarrent en 2001 avec la
réalisation d'une étude sur la réhabilitation du
patrimoine historique de Porto-Novo par l'EPA (Ecole du patrimoine africain) et
l'EAMAU (Ecole africaine des métiers de l'architecture et de
l'urbanisme) cela a servi de base pour lancer la coopération dans le
domaine du patrimoine.
6 « Etude d'évaluation portant sur le partenariat de
coopération Porto-Novo/Grand Lyon ». Rapport général
du f3e. Novembre 2009
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 36/101
La première convention a été
signée par le Grand Lyon avec les autorités de la circonscription
administrative de Porto-Novo, entité qui précède la
commune décentralisée. La deuxième convention sera
signée avec la première équipe municipale élue
suite aux changements institutionnels survenus au Bénin en 2003
(décentralisation). Depuis, des véritables programmes de
coopération ont alors pu être mis en oeuvre. La coopération
entre ces deux partenaires s'est élargie à la thématique
du patrimoine en plus de celles des enjeux de la planification urbaine, de
l'intercommunalité, du développement économique local et
du tourisme, de la gestion des ordures ménagères et de la mise
à disposition d'équipements sous forme de dons.
La troisième convention est une convention
spécifique tripartite signée en Juin 2007 avec l'association
Villes unies contre la pauvreté (VUCP), le Grand Lyon et la
communauté de communes de l'Ouémé, elle met l'accent sur
le patrimoine et le tourisme.
La coopération entre Porto-Novo et le Grand Lyon a
déjà fait ses preuves et le bilan reste très positif.
Depuis 2007 la coopération se poursuit mais elle n'a pas
été formalisée par la signature d'une nouvelle
convention.
2.3. La ville de Buchelay
La coopération décentralisée avec la
ville de Buchelay est très récente, elle date seulement de 2009.
Une première convention générale tripartie a
été signée entre la Communauté
d'Agglomération de Mantes-en-Yvelines (CAMY), la ville de Buchelay et la
ville de Porto-Novo. Toutefois, le Conseil de la Communauté
d'Agglomération de Mantes-en-Yvelines du 29 Mars 2011 spécifie
que « La CAMY participe si le projet paraît intéressant,
mais elle ne s'implique pas dans l'animation et le suivi des projets qui
demeurent à la charge des communes, tout comme leur montage. La CAMY est
alors financeur ou prestataire 7». Nous pouvons donc dire
que le véritable interlocuteur et partenaire direct de la ville de
Porto-Novo dans le cadre de cet accord est principalement la ville de
Buchelay.
7 Compte rendu du 29 Mars 2011du Conseil de la
Communauté d'Agglomération de Mantes-en-Yvelines
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 37/101
Les activités sont établies dans un programme
pluriannuel 2011-2013 qui définit la méthode d'intervention, les
modalités de mise en oeuvre, de suivi et d'évaluation du
partenariat ainsi que ses modalités de financement. Ce programme cadre a
déjà été signé et ratifié par les
trois parties concernées.
Le partenariat doit permettre de répondre aux objectifs
suivants :
- « contribuer au renforcement des dynamiques locales,
de part et d'autre, par la mobilisation des acteurs locaux » ;
- « ouvrir, de part et d'autre, les acteurs sur le monde
par le développement des échanges d'expériences, de
connaissances et de savoir-faire et la confrontation de leurs pratiques
» ;
- « contribuer au rayonnement international des deux
territoires par la valorisation de leurs compétences et de leurs
spécificités 8».
En ce qui concerne les grandes orientations de ce partenariat,
la coopération entre ces territoires doit mettre l'accent sur
l'accompagnement de la Ville de Porto Novo dans l'élaboration et la mise
en oeuvre de ses stratégies de développement et de promotion de
son territoire et le renforcement des capacités de gestion et de mise en
oeuvre des politiques publiques.
Au niveau des domaines concernés, la priorité
des actions se centrera sur la propreté, la collecte et le traitement
des déchets, le développement culturel, l'enseignement
supérieur, les espaces verts ainsi que la francophonie, la jeunesse et
les sports. Il est important de remarquer que l'initiative d'intégrer
clairement le volet culture comme domaine d'intervention est une
nouveauté et un complément important dans les pratiques de
coopération décentralisée que la Mairie de Porto-Novo
entretient ces dernières années avec l'ensemble de ses homologues
étrangers.
8 Document de Convention Générale de
coopération Communauté d'Agglomération de
Mantes-en-Yvelines, la ville de Porto-Novo et la ville de Buchelay
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 38/101
3. Cadre de synthèse des projets par secteur de
coopération : objectifs, parties prenantes et actions menées
Communauté d'Agglomération de
Cergy-Pontoise
|
SECTEUR
|
OBJECTIFS
|
PARTIES PRENANTES EN FRANCE
|
PARTIES PRENANTES AU BENIN
|
ACTIONS ET PROJET
|
Développement urbain
|
- Renforcer les services de la ville sur les questions du
développement urbain, accompagner PN pour définition et mise en
oeuvre de son projet urbain et de son projet de conservation du patrimoine
architectural et naturel.
- Contribuer à l'amélioration des
pratiques professionnelles.
|
- Les Ateliers Internationaux de Maîtrise d'oeuvre
Urbaine
|
- La faculté de Géographie et l'Ecole du patrimoine
Africain
|
- 2005 Organisation de la 1ère session africaine des
Ateliers de maîtrise d'oeuvre urbaine à Porto-Novo.
- 2007-2009 Mise en place d'une équipe
constituée d'un urbaniste béninois et d'une volontaire
française chargée de créer un Service «
développement urbain » à la mairie de Porto-Novo.
Définition d'une nouvelle démarche d'instruction du permis de
construire, référencement et signalement les réserves
foncières municipales, diagnostic concernant les espaces verts,
identification des zones inondables, plan de sauvetage du patrimoine bâti
le plus menacé.
- 2009 Accueil à Cergy-Pontoise de l'urbaniste
béninois.
- 2009 Organisation d'une 2ème session des Ateliers
Internationaux de maîtrise d'oeuvre urbaine à Porto-Novo sur
l'aménagement des Berges de la lagune de Porto-Novo.
- 2010 Organisation d'une 3ème session des Ateliers
Internationaux de maîtrise d'oeuvre urbaine à Porto-Novo sur
l'aménagement du quartier de Lokpodji en bordure de lagune.
|
Développement agricole
|
- Doter la Ville de Porto-Novo d'un programme
intégré de développement de l'agriculture urbaine
- Mobiliser des jeunes professionnels de Cergy-Pontoise et de
Porto-Novo autour d'un projet qui leur permettra de partager des
compétences techniques et un savoir- faire en vue de leur future
insertion
|
-ISTOM (Ecole d'ingénieurs
agro- développement international)
|
- Département de géographie et d'agronomie de
l'Université d'Abomey-Calavi
-Centre Songhaï
|
- 2007 Réalisation de deux études par deux
binômes d'étudiants provenant de l'ISTOM et de la faculté
de géographie et d'agronomie de l'Université d'Abomey-Calavi : la
première sur la valorisation des bas-fonds de PortoNovo et la
deuxième sur la filière tomate
- 2008-2009 Définition d'un programme de
développement agricole intégré ; travail confié
à une jeune diplômée de l'ISTOM qui avait fait partie des
binômes de stagiaires en 2007.
- 2010 Création par la mairie de PN d'une cellule agricole
et recrutement
|
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 39/101
|
professionnelle,
- Permettre à l'ISTOM de s'inscrire dans un projet de
territoire de l'agglomération de Cergy-Pontoise.
|
|
|
de deux cadres béninois qui animeront une plate-forme
multi-acteurs composée des acteurs étatiques (services
déconcentrés de l'Etat), institutionnels et associatifs -
chargée d'opérationnaliser le projet agricole.
|
Appui
institutionnel et
des politiques
publiques
|
- Renforcement de capacité technique et humaine des
collectivités béninoises en contribuant à la formation des
élus et agents sous forme d'échanges.
|
- CACP
- Cité Unies France
- 4 villes françaises
|
- Mairie de Porto- Novo
- L'ANCB
|
-2007 Voyage d'étude à CP d'élus et
cadres administratifs de PN sur les thèmes de l'intercommunalité,
des finances locales et de la planification urbaine.
-2007 « Programme concerté d'appui à la
décentralisation »
avec Cité Unies France et l'ANCB, quatre villes
françaises et leur collectivité partenaire au Bénin.
-2008 Voyage d'échanges entre cadres et élus
-2010 Organisation d'Assises franco béninoises à
Cotonou
|
Amélioration de conditions de vie à
Porto-Novo
|
- Projet d'assainissement d'eau :
- Renforcer la capacité d'implication de la ville de
Porto-Novo dans le domaine de l'eau et de l'assainissement,
- Favoriser la mise en place d'une
dynamique de concertation entre les
différents acteurs impliqués dans la gestion de
l'eau et de l'assainissement à Porto-Novo.
- Contribuer à l'amélioration de la
desserte en eau potable et de l'assainissement de la ville de
Porto- Novo.
- Favoriser une meilleure compréhension des enjeux
mondiaux de l'eau à Cergy- Pontoise.
|
- CACP - AIMF
|
- Mairie de PN - SONEB
|
- 2006 Première mission exploratoire des services de la
Communauté d'agglomération de Cergy-Pontoise afin de comprendre
le contexte de l'eau à Porto-Novo.
- 2006 2ème mission des services de la
Communauté d'agglomération de Cergy-Pontoise, nombreux RDV
conjoints pour analyse des composantes à prendre en compte : juridique,
technique, politique, socio économique. Choix du quartier de Dowa.
- 2007 Discussions élargies sur le montage financier
possible, hypothèses avec l'AIMF, Lyon/Grand Lyon et l'Agence de l'Eau
Seine-Normandie. Juillet : signature convention CACP - VPN - AIMF
- 2008 Novembre : convention ville de PN - SONEB
- 2009 Réalisation de l'étude socio
économique ; réceptionnée en sept 2009, elle ne
répond pas à toutes les questions des termes de
références. Réalisation de l'étude technique par la
SONEB, remise à la mairie de VPN en nov. 2009 avec le dossier d'appel
d'offres, l'étude confidentielle et la liste des maitres d'oeuvre
habilités.
- 2010 Mai : introduction par la VPN d'un pré-dossier
à l'AIMF, pour avis. L'AIMF demande des compléments technico
économiques et des précisions sur le volet assainissement
|
Insertion
|
- Mobiliser des jeunes de Cergy-Pontoise et de Porto-Novo
autour d'un projet de solidarité qui leur permettra de dépasser
les représentations qu'ils ont les uns des autres, de gagner de
l'assurance et d'acquérir des compétences techniques
|
-Le Plan Local pour l'insertion et l'Emploi (PLIE).
- La mission locale.
|
-Conseil des Activités
Educatives du
Bénin (CAEB), le centre Songhai, le Jardin des
Plantes
|
- 2006 Organisation d'un chantier d'insertion en menuiserie
à Porto-Novo dans le cadre d'un partenariat entre le CAEB, le
lycée technique de PortoNovo, le PLIE, le GRETA et l'association
Crysalis de Cergy Pontoise.
10 bénéficiaires du PLIE ont été
formés par le Greta aux techniques de menuiserie pendant deux mois puis
sont partis à Porto-Novo afin réaliser du mobilier scolaire pour
une classe de Porto-Novo. Le projet a également
|
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 40/101
|
en vue de leur future insertion
professionnelle.
- Améliorer les conditions de vie des populations de
Porto-Novo par la création et l'aménagement d'un espace public
|
- 3 organismes de formation,
Crysalys Formation, le GRETA 95 Ouest et INCITE
|
et de la Nature de PN, un Lycée technique.
|
obtenu le soutien de la Région Ile-de-France et de la
ville de Cergy. - 2007-2009 Organisation d'un chantier espace vert.
Sept bénéficiaires du PLIE ont été
formés par l'association Crysalis aux techniques d'entretien d'espaces
verts pendant 2 mois puis sont partis à Porto-Novo pour aménager,
avec 7 jeunes portonoviens, un espace vert au sein du CEMAAC, centre de
formation artistique (sur des groupes initialement prévus de 12 et 20
apprenants).
|
Développement numérique
|
- Mobiliser des étudiants de Cergy-
Pontoise et de Porto-Novo pour la mise en place d'applications
informatiques au profit de la Ville de Porto-Novo afin de leur permettre
d'acquérir des compétences techniques et un savoir- faire.
- Développer l'esprit d'entreprise chez les
étudiants cergypontains et portonoviens.
- Initier un partenariat entre la ville de Porto-Novo, l'USAM,
le Centre Songhaï et le ONG 2i autour des nouvelles technologies de
l'information et de la communication.
- Mobiliser des jeunes de Cergy-Pontoise et de Porto-Novo
autour d'un projet de solidarité qui leur permettra de dépasser
les représentations qu'ils ont les uns des autres, de gagner de
l'assurance et d'acquérir des compétences techniques en vue de
leur future insertion professionnelle,
- Initier un partenariat entre la Ville de Porto-Novo, l'ONG 2i,
la Société Equipement et Maintenance, le CAEB
autour des nouvelles technologies de l'information et de la
communication,
- Contribuer à la mise en place d'un partenariat entre
Incite-formation et
|
-l'INTIN
|
- l'USAM - l'UATM
- l'ONG Initiatives informatiques,
- La Société d'Équipement et Maintenance
- Songhai - CAEB.
|
- 2007 Février : travail conjoint de 2 semaines
à Porto-Novo entre 3 étudiants et 1 enseignant ITIN et 3
informaticiens et 1 statisticien de PN. Recueil d'informations et diagnostic
sur les besoins pour la création de logiciels dans 3 domaines :
Interconnexion entre les centres de santé et
l'hôpital pour améliorer le
suivi des patients/patientes
Système d'information urbain de proximité
Formation continue et diffusion de l'information scientifique,
technique et culturelle
Mars à juin : travail à distance associant 21
étudiants de l'ITIN et 4
étudiants de l'USAM sur le développement des
applications
Echec du partenariat ITIN - USAM.
- 2009 Juin : voyage de l'ITIN à PN (décalé
d'un an) associant 19
étudiants et 2 encadrants
livraison des produits (1) et (2) : non fonctionnels
proposition de schéma directeur informatique pour la
mairie
identification d'une nouvelle école partenaire, l'UATM
Juillet - août : participation de 2 informaticiens de PN
au séminaire d'été de l'entrepreneuriat à l'ITIN ;
les deux informaticiens élaborent une plan d'affaires qu'ils
déposent au Fond National pour l'Emploi des Jeunes qui restera sans
suite.
Novembre à juin 2009 : suite du travail sur le
Schéma directeur
informatique de la ville dans le cadre du partenariat ITIN -
UATM avec une implication du Directeur du Pôle Systèmes
d'informations de la CACP. - 2008 Mission exploratoire d'INCITE Formation
(directeur et responsable du multimédia)
- 2009 Séjour du directeur de la société
Equipement et Maintenance à Cergy Pontoise : calage technique et mise au
point d'un prototype d'ordinateur avec INCITE Formation
Lancement de la formation des jeunes portonoviens au CAEB avec
des
|
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 41/101
|
l'ONG 2i qui pourrait se concrétiser par la
mutualisation de cours et des échanges de formateurs,
- Améliorer la qualité des soins à Porto-
Novo par l'équipement des centres de santé de la ville de
Porto-Novo en matériel informatique.
|
|
|
formateurs des trois structures CAEB, EM et ONG 2i
Chantier pratique associant les 12 jeunes portonoviens et 6
jeunes de Cergy Pontoise en contrat d'insertion chez INCITE Formation (3
semaines) : montage de 15 ordinateurs
- 2010 Remise des ordinateurs aux centres de santé de
PN et initiation à l'informatique pour les utilisateurs par les jeunes
portonoviens et leur formateur principal (EM)
|
Santé
|
- Améliorer le fonctionnement des
structures sanitaires de la ville de Porto- Novo et articulation
entre elles
- Favoriser l'amélioration des pratiques professionnelles
de part et d'autre
- Développer la connaissance mutuelle des
réalités socio sanitaires de chacun des pays
|
-Centre
Hospitalier René Dubos de
Pontoise
-Fondation René Dubos
-l'IFSI Pontoise.
|
-Centre Hospitalier de l'Ouémé et du Plateau
-15 centres de santé
-La Direction Départementale de la Santé.
|
- 2004 Février : mission exploratoire d'un
représentant du Centre
Hospitalier René Dubos de Pontoise à Porto-Novo :
prise de connaissance du système de santé et des acteurs et
identification d'actions possibles Octobre : séjour de 2
représentants du Centre Hospitalier René Dubos de Pontoise
à Porto-Novo : échanges entre professionnels sur leurs
systèmes de santé respectifs, les modalités de prises en
charge des patients, leurs responsabilités, l'organisation de
l'accueil.
- 2005 Janvier : Mise en place d'un programme pluriannuel de
coopération sanitaire, en 2004, entre le Centre Hospitalier René
Dubos de Pontoise et le centre hospitalier départemental de
l'Ouémé et les centres de santé de la ville de
Porto-Novo
Décembre : signature de la convention multi acteurs de
coopération sanitaire, avec 8 volets.
- 2006 Mai : 1er séjour d'acteurs de la
santé de Porto-Novo à Cergy Pontoise pour : étudier
l'organisation de l'hôpital et de son service gynécologie -
obstétrique : échanges professionnels, visite exhaustive des
services de l'hôpital de Pontoise, pratique en commun, préparation
de la session de formation pour les sages femmes et les aides soignantes
programmée à PN.
Août : 3ème mission du CHRDP à
PN pour la formation des sages-femmes et aides soignantes par le responsable de
la maternité et une sage-femme du CHRD et leurs homologues de
Porto-Novo.
- 2007 Février : 4ème séjour
CHRDP à PN : état des lieux des centres de santé et
recensement des besoins liés aux soins de gynécologie -
obstétrique. Recadrage du programme
Décembre : 5ème séjour CHRDP
à PN pour le suivi des actions et de la mise en oeuvre des
protocoles.
- 2008 Mai : 2ème séjour CHD-OP à
CP = échanges professionnels, décisions / organisation accueil et
mise en place d'un comité de suivi
Juin : 3ème séjour CHD-OP à CP =
échanges prof ; décisions sur prise en
|
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 42/101
|
|
|
|
charge des patientes, passation équipes, hygiène
Le directeur de l'hôpital réalise des
investissements pour l'amélioration des conditions d'accouchement dans
les salles de travail.
Stage de 2 élèves infirmiers à
l'hôpital de Porto-Novo
- 2010 Stage de 3 élèves infirmiers au sein du
Réseau Santé Familles Communautés de la ville de
Porto-Novo sur la problématique de l'automédication.
|
Socio-éducatif
|
- Educatif : faire s'exprimer des enfants sur des
problématiques liées à leur environnement, leur quartier,
leur vie quotidienne à travers différents supports tels que la
photographie, la vidéo, le théâtre, le jeu
- Culturel : créer des passerelles entre des enfants de
la ville de Porto-Novo et de l'agglomération de Cergy-Pontoise pour les
ouvrir à d'autres réalités culturelles.
|
- Collège des Toupets à Vauréal
- Association Enjoy
- Ecole des Bourseaux
-
|
- Association étudiante FOTONOVO
- Association béninoise
« Femmes action développement » de
Porto-Novo
- Ecole Takpota
- Collèges Nicolas Flamel et GBokou
- CEG Agbokou
|
- 2004-2006 Echange entre le collège des Toupets
à Vauréal et le complexe scolaire de la Rosette à
Porto-Novo via l'association étudiante FOTONOVO : réalisation
d'une exposition de photos sur le patrimoine du Vieux Porto-Novo, un film qui
croise les regards de collégiens cergypontains et portonoviens sur le
thème de l'eau, l'utilisation du théâtreforum pour
travailler sur des thèmes comme l'environnement, l'eau, les
discriminations.... L'échange s'est arrêté en raison
d'intérêts divergents. - 2007 L'association étudiante
initie un projet entre deux associations d'éducation populaire : Enjoy
de Cergy et l'association béninoise « Femmes action
développement » de Porto-Novo. La fabrication de jeux sur leur deux
pays a amené les enfants à se questionner sur leur environnement,
leur mode de vie...
- 2008 FOTONOVO développe des échanges autour du
thème de l'alimentation entre l'école des Bourseaux de Cergy et
l'école Takpota et travaille avec les collèges Nicolas Flamel et
GBokou qui souhaitent développer un projet en commun.
- 2009 Appui de l'association dans le développement des
échanges entre le CEG Agbokou et le collège Nicolas Flamel
|
Patrimoine, Culture et Tourisme
|
- Doter la Ville de Porto-Novo d'outils lui permettant de
mettre en place un dispositif de collecte, de conservation et de promotion de
son patrimoine immatériel ;
- Mobiliser des étudiants de l'Université de
Cergy-Pontoise et de l'injeps autour d'un projet de coopération
décentralisée qui lui permettra d'acquérir des
compétences techniques et un savoir- faire en vue de leur insertion
professionnelle ;
|
-L'Université de Cergy-Pontoise
|
-L'Institut National de la Jeunesse, de l'Education
Physique et du
Sport (INJEPS)
-CEMAAC (Centre d'études musicales, artisanales et
d'animation
culturel)
|
- 2007 Voyage d'étude à Cergy-Pontoise du directeur
du Centre d'Etudes Musicales Artisanales et d'Animation Culturelle
Réalisation d'un travail de collecte de données
des éléments culturels et cultuels de la région de
Porto-Novo (répertoire musicale, contes, légendes, danses...) par
un binôme constitué d'un étudiant de l'Université de
CergyPontoise et d'un étudiant de l'INJEPS (Porto-Novo) afin de
créer une banque d'images et une audiothèque au sein de la
médiathèque du CEMAAC.
Accueil d'un musicien Béninois pour travailler avec des
jeunes
cergypontains qui participent à un atelier
théâtre organisé par le conservatoire et qui
débouche sur la réalisation d'un spectacle pour le lancement de
la semaine de la solidarité internationale
|
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 43/101
|
- Permettre à l'Université de Cergy-
|
|
|
- Depuis 2008 Echanges, accueil d'artistes et lancement d'une
réflexion
|
|
Pontoise de s'inscrire dans un projet de
|
|
|
pour construire un projet culturel avec le Théâtre
95, le Conservatoire et
|
|
territoire de l'agglomération de Cergy-
|
|
|
l'Espace Césame, le CEMAAC et d'autres partenaires
portonoviens à
|
|
Pontoise.
|
|
|
identifier.
|
La ville de Buchelay (Cadre de projets destinés
à être mis en place)
|
SECTEUR
|
OBJECTIFS
|
PARTIES PRENANTES EN FRANCE
|
PARTIES PRENANTES AU BENIN
|
ACTIONS ET PROJET
|
Développement urbain
|
(Volet espaces verts)
|
(A déterminer)
|
(A déterminer)
|
- Mission d'experts de la Ville de Buchelay à
Porto-Novo
- Réalisation du projet : la Place de Buchelay,
- Création d'une pépinière,
- Séjour en immersion d'agents municipaux de Porto-Novo
à Buchelay - Mise en place d'outils et de protocoles de gestion
- Création et développement de deux à trois
massifs à Porto-Novo, - Diagnostic paysager de la commune de
Porto-Novo,
- Création d'une Cellule des espaces verts à
Porto-Novo,
|
Développement agricole
|
(Pas de projets dans ce secteur)
|
|
|
(Pas de projets dans ce secteur)
|
Appui institutionnel et des politiques
publiques
|
(Pas de projets dans ce secteur)
|
|
|
(Pas de projets dans ce secteur)
|
Amélioration de conditions de vie à
Porto-Novo
|
- Renforcement des capacités de la Cellule des
déchets de Porto-Novo
- Définition d'un projet pilote de gestion des
déchets
|
(A déterminer)
|
(A déterminer)
|
- Mis en oeuvre du projet pilote,
- Sensibilisation des populations à la question du
traitement des déchets à partir des solutions trouvées par
le projet pilote.
- Séjour en immersion d'agents municipaux de Porto-Novo
à Buchelay
- Mission d'experts de la Ville de Buchelay et de la
Communauté d'Agglomération de Mantes-en-Yvelines
- Création de nouveaux postes et recrutement de
personnel,
formation du personnel,
|
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 44/101
|
|
|
|
- Equipement de la Cellule
- Choix d'un quartier pilote
- Etudes monographiques du quartier - Elaboration d'un dossier de
projet.
|
Insertion
|
(Pas de projets dans ce secteur)
|
|
|
(Pas de projets dans ce secteur)
|
Développement numérique
|
(Pas de projets dans ce secteur)
|
|
|
(Pas de projets dans ce secteur)
|
Santé
|
(Pas de projets dans ce secteur)
|
|
|
(Pas de projets dans ce secteur)
|
Socio éducatif
|
(Volet enseignement supérieur)
|
|
|
- Accueil de deux étudiants boursiers à Buchelay
- Accueil d'étudiant de l'IUT de Mantes à
Porto-Novo pour des stages intégrés à leur projet de
formation
- Création de bourses d'excellence pour deux à
trois bacheliers les plus méritants de Porto-Novo
- Rapprochement entre un établissement d'enseignement
supérieur de Porto-Novo et l'IUT de Mantes à travers des projets
partagés
|
Patrimoine, Culture et Tourisme
|
- Renforcement de capacité du Service culturel de
Porto-Novo.
- Définition d'une politique municipale pour la
culture.
- Participation aux évènements artistiques et
culturels sur les différents territoires
- Renforcement de capacités du service jeunesse et sports
de Porto-Novo,
- Définition d'une politique municipale pour la jeunesse
et les sports.
|
(A déterminer)
|
(A déterminer)
|
- Rapprochement entre le Centre d'Etudes Musicales, Artisanales
et
d'Animation Culturelles (CEMAAC), le Centre des Arts et des
Loisirs de Buchelay
création d'une bibliothèque au Cemaac
- Création et développement d'une résidence
d'artiste sur les deux territoires. - Création d'une année du
Bénin à Buchelay
- Mission d'experts de la Ville de Buchelay.
- Organisation de chantier de solidarité avec les jeunes
des deux territoires. - Création d'une base de loisirs nautique à
Porto-Novo,
|
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 45/101
Communauté d'Agglomération du Grand Lyon et
la ville de Lyon
|
SECTEUR
|
OBJECTIFS
|
PARTIES PRENANTES EN FRANCE
|
PARTIES PRENANTES AU BENIN
|
ACTIONS ET PROJETS
|
Développement urbain
|
- Amélioration des services urbains de la Mairie de
Porto-Novo
|
- Direction de relations internationales.
- Agence d'urbanisme du Grand Lyon.
- Direction de la Voirie
|
-Mairie de Porto- Novo (DST)
|
-Missions de techniciens pour réalisation d'expertises
en
urbanisme (2 par an sur 3 ans)
-Envoi du matériel : 5 feux tricolores.
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Développement agricole
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(Pas de projets dans ce secteur)
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(Pas de projets dans ce secteur)
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Appui institutionnel et des politiques
publiques
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-Prioriser les échanges de compétences entre
techniciens afin d'assurer le suivi et l'évaluation des
différents volets de la
coopération sur le terrain et d'accompagner la mise en
oeuvre des différents projets.
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- L'appui à la mise en place d'une structure
intercommunale à l'échelle du Département de
l'Ouémé (création de la
Communauté de communes de l'Ouémé (CCO),
regroupe 9 communes du Département.
- 4 stages de formation d'une durée de 15 jours de
techniciens de la ville de Porto-Novo à Lyon, ce qui fait un total de 12
stages sur la durée de la convention, soit sur 3 années.
|
Amélioration de conditions de vie à
Porto-Novo
|
- Obtenir une gestion des déchets (collecte-
traitement), compatible avec les finances communales de Porto Novo tout en
respectant l'environnement
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- Direction de la propreté de Lyon
- PGUD2 (Projet de Gestion Urbaine Décentralisée)
de la Banque mondiale,
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- Mairie de Porto- Novo
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- Appui technique pour l'amélioration de la gestion de
déchets - Envoi de matériel, camions BOM pour ramassage d'ordures
ménagères
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Insertion
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(Pas de projets dans ce secteur)
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(Pas de projets dans ce secteur)
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Développement numérique
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(Pas de projets dans ce secteur)
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(Pas de projets dans ce secteur)
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Santé
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(Pas de projets dans ce secteur)
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(Pas de projets dans ce secteur)
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Socio éducatif
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(Pas de projets dans ce secteur)
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(Pas de projets dans ce secteur)
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Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 46/101
Patrimoine, Culture et Tourisme
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- Amélioration de l'offre touristique de la ville de
Porto-Novo.
- Participer à la sauvegarde du patrimoine culturel et
architectural de la ville de Porto-Novo.
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- Mission patrimoine de la ville de Lyon.
- Agence d'urbanisme du Grand Lyon.
- Partenariat pour le Développement Municipal (PDM).
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- ONG VUCP (Villes Unies Contre la Pauvreté) - CCO
(Communauté de communes de l'Ouemé).
- l'Ecole du
|
- L'appui à la réalisation d'un diagnostic
touristique du département de l'Ouémé.
- L'organisation d'un atelier sur les réalités
touristiques de la région en novembre 2005.
- L'appui à l'installation officielle de la mission
développement touristique.
- Organisation de rencontres internationales sur ce sujet.
- Mission de techniciens pour réalisation d'expertises (2
missions
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Patrimoine Africain
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par année) : le dossier de candidature Unesco,
réhabilitation du
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- Culture 2000 (programme d'UE).
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(EPA),
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patrimoine des sites historiques de Porto Novo.
- 2007 création de la « Maison du patrimoine et du
tourisme » de la ville.
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- 2005 appui à la réalisation d'un diagnostic
touristique du département de l'Ouémé.
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- 2005 organisation d'un atelier de réflexion sur les
réalités touristiques de la région.
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- L'appui à l'installation officielle de la mission
développement touristique.
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- 2007 organisation d'un nouveau temps de
rencontre « rendezvous partenarial du tourisme ».
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Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 47/101
Chapitre IV. Analyse transversale des accords de coopération de la
ville de Porto-Novo
|
1. Évaluation générale des
projets
1.1. Approche globale sur les orientations des
partenariats
Nous allons maintenant examiner globalement les orientations
des partenariats qu'entretient la ville de Porto-Novo avec ses homologues, la
Communauté d'Agglomération de CergyPontoise, le Grand Lyon et la
ville de Buchelay.
Les orientations d'une convention de coopération
s'établissent lors de discussions conjointes entre les éventuels
partenaires. Ces réunions préliminaires permettent
d'évaluer les attentes de chacun d'eux, les spécificités
de chaque territoire et de déterminer ainsi la logique
d'intervention.
L'ensemble des partenariats de coopération
décentralisée s'inscrivent dans le domaine de la
solidarité internationale et de l'aide au développement,
l'objectif de quasiment tous les projets est d'apporter des solutions aux
enjeux de développement que connaît la capitale du Bénin.
Il n'est donc pas étonnant de constater que la coopération
s'articule à sens unique, c'est-à-dire, une aide apportée
du Nord vers le Sud : le bénéficiaire principal des actions est
systématiquement la ville de Porto-Novo.
La dynamique de la coopération avec la ville de
Buchelay est encore trop récente pour pouvoir effectuer une approche
évaluative, dans le cadre de notre séjour au Bénin, nous
n'avons pas eu accès à suffisamment de documents pour effectuer
un tel travail. Néanmoins, nous avons pu nous procurer la convention
générale ainsi que le programme pluriannuel 2011-2013. Cela nous
a permis d'intégrer tout de même ce partenariat à notre
analyse générale.
En ce qui concerne les conventions contractualisées,
chaque partenaire du Nord en concertation avec Porto-Novo et sa politique de
développement, a prévu de déployer une aide en fonction
du secteur où il pourrait le mieux faire valoir son niveau d'expertise.
Ainsi, par
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 48/101
exemple la ville de Lyon a décidé de soutenir
techniquement le dossier de candidature de la ville de Porto-Novo au Patrimoine
mondial de l'Unesco, car elle a elle-même plusieurs sites inscrits dans
ce programme de l'Unesco.
Cependant, il arrive que plusieurs conventions et les actions
qui en découlent convergent dans un même domaine, c'est le cas de
la gestion des déchets. En effet, une convention spécifique
très récente vient d'être signée entre Porto-Novo et
la Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise concernant la
gestion des déchets, alors que le Grand Lyon travaille
déjà dans ce secteur. Nous avons donc, avec la ville de Buchelay,
trois partenaires oeuvrant dans le même domaine, ce qui pose des
questions sur le niveau de coordination entre les acteurs. Toutefois, les
besoins sont grands et il peut être nécessaire de faire converger
plusieurs acteurs sur un domaine qui pour l'instant dépasse largement la
capacité exécutive, technique et financière de
Porto-Novo.
Cette situation se répète dans d'autres secteurs
comme le développement urbain, mais avec une approche différente,
car même s'il s'agit du même secteur, les possibilités
d'intervention sont très diverses. Ainsi, les trois conventions
générales, c'est-à-dire, la convention
générale de la Communauté d'Agglomération de
Cergy-Pontoise, celle du Grand Lyon et celle de la ville de Buchelay,
comprennent un volet « gestion des déchets ». Toutefois, le
Grand Lyon possède une grande longueur d'avance par rapport à ses
homologues car il a orienté sa politique de coopération vers ce
secteur depuis la première convention contractualisée avec
Porto-Novo. Le Grand Lyon dispose d'une bonne capacité d'expertise sur
les services urbains ainsi que d'une longue expérience de
coopération décentralisée dans ce domaine. La
coopération entre le Grand Lyon et Porto-Novo suit la même logique
d'intervention déjà déployée dans d'autres
capitales de l'Afrique de l'Ouest (Ouagadougou, Bamako, Lomé), elle est
centrée sur les enjeux du développement urbain, des services de
la ville, en particulier celui de la propreté et de la voirie, de la
gestion des ordures ménagères et de la mise à disposition
des équipements sous forme de dons. Le Grand Lyon a fait de la
coopération technique en urbanisme, en service de la ville et en
politique patrimoniale et touristique sa marque de fabrique en termes de
politique de coopération.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 49/101
En ce qui concerne le développement urbain, le Grand
Lyon et la Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise, se
côtoient. Cependant, Cergy-Pontoise a choisi de développer
plutôt les Ateliers internationaux de maîtrise d'oeuvre urbaine.
Dans le domaine de l'appui institutionnel Cergy-Pontoise et le
Grand Lyon se côtoient à nouveau. En revanche, dans ce secteur les
deux collectivités ont décidé de se coordonner sur
certains domaines. Le Grand Lyon ainsi que la Communauté
d'Agglomération de CergyPontoise, ont accordé leur
stratégie sur la formation de techniciens et d'élus sous forme
d'échanges. Il s'agit d'améliorer les capacités techniques
et humaines de la capitale en se centrant sur l'intercommunalité,
l'appui à la décentralisation et sur la gestion des finances
locales.
Au niveau du secteur socio-éducatif, la
Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise et la ville de
Buchelay partagent également ce même domaine mais les actions
engagées sont sensiblement différentes et une recherche de
mutualisation des efforts ne se justifierait pas.
Pour la Communauté d'Agglomération de
Cergy-Pontoise, nous pouvons rassembler ses différentes conventions
spécifiques (12 au total) en deux catégories selon les parties
prenantes et les actions engagées. D'un coté nous avons celles
qui concernent exclusivement les deux collectivités avec des projets de
renforcement institutionnel (voyages d'étude d'élus), le
développement urbain et le projet d'assainissement d'eau. Et de l'autre
coté, celles qui associent les acteurs des deux territoires de
façon parallèle aux conventions signées par les deux
collectivités avec des projets concernant l'agriculture, la
santé, l'insertion, le numérique et la culture.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 50/101
1.2. Résultats des projets et bilan global de la
coopération
Dans cette partie, nous allons tenter de répondre
à la question suivante : Les accords de coopération
décentralisée qu'entretient la ville de Porto-Novo avec ses
partenaires les collectivités françaises, répondent-ils
vraiment aux besoins de développement de cette capitale ?
De façon générale, les conventions de
coopération couvrent une gamme très large de domaines
d'intervention pour le développement dont Porto-Novo a incontestablement
besoin, surtout au niveau de services basiques. Cependant, l'écart
existant entre les expectatives créées, les intentions
affichées, les objectifs fixés et les résultats obtenus
reste très vaste. Mais cela ne veux pas forcement dire que le bilan
global est négatif, bien au contraire, tout dépend de quelle
partie du verre nous voulons considérer comme la plus importante : la
moitié pleine ou la moitié vide. Selon les perceptions
recueillies, les acteurs de la coopération française ont une
tendance a considérer plutôt la moitié vide du verre, leurs
homologues béninois la moitié pleine. La question reste de savoir
sur quels critères nous allons nous appuyer pour établir ce bilan
: Sur le niveau d'atteinte des objectifs ? Sur la perception des
bénéficiaires ? Sur les axes structurants ? Sur les
dépenses réalisées ? Ou sur la pérennité des
projets ? Un peu de tout cela.
Si l'on s'appuie sur l'atteinte des objectifs, les
résultats des projets sont très inégaux et cela
dépend moins des partenariats (Cergy-Pontoise et Porto-Novo par exemple)
que des projets et des acteurs impliqués (gestion des déchets par
exemple). Dans certains domaines les résultats sont très
satisfaisants, comme c'est le cas dans de l'insertion numérique pour
Cergy-Pontoise, ou dans l'intercommunalité pour le Grand Lyon. Dans
d'autres domaines les résultats sont moins prometteurs comme par exemple
l'assainissement d'eau.
Par ailleurs, les objectifs s'avèrent, assez souvent,
trop ambitieux à l'égard des efforts financiers et des
capacités de gestion de la Mairie de Porto-Novo. Regardons le cas de
la convention pluriannuelle de la ville de Buchelay. L'article N°6 de
la convention, relative aux
engagements de l'une et l'autre des parties du partenariat, dit
que « La Communautéd'Agglomération de
Mantes-en-Yvelines [communauté d'agglomération à
laquelle la ville de Buchelay est rattachée], sous réserve de
l'approbation de son assemblée délibérante,
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo
Page 51/101
s'engage à verser sur trois (03) ans, sous forme de
contrepartie, une subvention équivalente à celle versée
par la Ville de Buchelay au profit des projets retenus par les trois parties
», « La Ville de Porto-Novo, sous réserve de l'approbation de
son Conseil municipal, [... ] s'engage à verser sur trois (03)
ans, une contrepartie équivalente à deux (02) fois les
subventions versées par la Ville de Buchelay et la Communauté
d'Agglomération de Mantes-en-Yvelines au profit des projets retenus par
les trois parties ».
L'assemblée délibérante de la
Communauté d'Agglomération de Mantes-en-Yvelines a voté
dans le Conseil du 23 Mars 2011 un budget de 7500€ pour le financement des
projets figurant dans la convention. A cela il faut rajouter les apports de la
ville de Buchelay et de Porto-Novo, ce qui fait au total, selon les
modalités de calcul citées ci-dessus, un budget alloué par
les trois partenaires de 30.000€. Trente mille euros pour financer : le
renforcement des capacités de gestion des déchets, la
création d'une base de loisir nautique à Porto-Novo, le
recrutement de personnel, une bibliothèque, une résidence
d'artistes, une mission d'experts, les études et les expertises, un
travail de communication, deux bourses d'excellence, la création
d'espace verts, la création d'une pépinière, et ainsi de
suite... Il est vrai que le coût de la vie au Bénin est
très bas mais pas à ce point tout de même. Nous ignorons si
d'autres bailleurs de fonds sont prévus mais il parait assez
évident, toutefois, que cela signifierait une démultiplication
d'acteurs et, en conséquence, une augmentation directe des facteurs qui
échappent à la maîtrise du projet, et cela sans prendre en
considération la complexification de la gestion. Il n'est donc pas
étonnant de constater des écarts entre les objectifs et les
résultats.
Cependant, certains des objectifs qui pouvaient paraitre
ambitieux ont été finalement atteints. La politique
d'accompagnement du Grand Lyon en termes de tourisme et de patrimoine a
donné des résultats remarquables malgré les énormes
difficultés rencontrées et exprimés par tous les
partenaires, c'est le cas de la Maison du Patrimoine et du Tourisme. Porto-Novo
ne disposait d'aucune structure destinée à la valorisation du
patrimoine, pourtant très riche et très menacé. Ce projet
a signifié également un pas en avant au niveau de la prise de
conscience sur l'importance du patrimoine culturel et architectural au sein des
institutions politiques. Ce projet est devenu un véritable symbole du
partenariat.
Dans le domaine du tourisme les résultats sont plus
mitigés mais des progrès importants ont été
accomplis.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 52/101
Nous pouvons également observer les résultats en
fonction des axes structurants. A quelques mots près, les axes
structurants de tous les partenariats sont plus au moins les mêmes. Il
s'agit d' « accompagner la ville de Porto-Novo dans l'élaboration
et la mise en oeuvre de son projet urbain et de ses stratégies de
développement et d'amélioration des conditions de vie de la
population ». Nous avons pu constater des résultats remarquables
notamment dans le domaine du développement urbain, cela est certainement
dû au fait que l'ensemble des partenariats ont mis l'accent sur l'appui
technique et institutionnel. En effet, tous les accords prévoient un
appui technique ce qui permet à la Mairie de professionnaliser son
personnel, de développer ses capacités techniques, de renforcer
son fonctionnement et de gagner en autonomie et en efficacité.
Un autre aspect important à souligner sur cette
politique d'appui technique est le fait que le personnel
bénéficiaire des formations est issu du Sud. Leur condition de
béninois leur permet de mieux adapter ces apprentissages à la
réalité et aux contraintes locales.
Enfin, un paradoxe demeure. Les partenaires du Sud expriment
les mêmes inquiétudes que leur homologues du Nord concernant : le
manque de concertation sur les dispositifs de pilotage, les retards dans
l'application des calendriers, le manque d'information, la frustration pour les
projets non aboutis. Toutefois, ils manifestent une satisfaction unanime au
moment d'évaluer le résultat global des projets. Les partenaires
du Nord, quand à eux, manifestent des signes de désenchantement
et de scepticisme à l'égard du partenariat à force de
cumuler les dysfonctionnements, surtout au niveau du suivi et de
l'évaluation des projets. Au Bénin, les autorités peuvent
vérifier sur place l'état d'avancement ou les résultats
d'un projet mais ce n'est pas le cas pour les partenaires du Nord, cela
entraîne des gènes graves dans le fonctionnement administratif
interne des collectivités françaises (justification des
dépenses et des démarches). Les services de la Mairie de
Porto-Novo devraient être plus attentifs aux besoins des
collectivités du Nord car après tout, sans le soutien de ces
collectivités, beaucoup de projets ne verraient jamais le jour.
Or, divers aspects de la coopération sont très
valorisés et appréciés par tous les partenaires :
la dimension humaine de la coopération, l'enrichissement mutuel, la
satisfaction pour les projets accomplis, l'apprentissage professionnel,
l'ouverture d'esprit, etc. Car malgré tout, la
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 53/101
coopération décentralisée rend possible
de mener des projets en commun, de partager un but, de relier des forces, de
s'investir pour une cause commune, de mettre en pratique des savoir-faire, de
partager une expérience, en plus de l'envie de chacun de voir des
résultats de la concertation des efforts, c'est là qui
réside la véritable force de la coopération
décentralisée.
1.3. La stratégie de la coopération
décentralisée et le Plan de Développement Municipal de
la ville de Porto-Novo
En 2005 la Mairie de Porto-Novo, en présence de
conseillers, de personnes ressources, de représentants de diverses
classes sociales, de responsables à divers niveaux des services
déconcentrés de l'Etat et d'autres acteurs du
développement du territoire de l'Ouémé, a
élaboré un document stratégique de développement
local extrêmement complet et précis : le Plan de
Développement Municipal (PDM). Ce document aborde toutes les
filières de production du département de l'Ouémé
ainsi que quasiment tous les domaines d'intervention du secteur public. Quoique
légèrement ambitieux et parfois irréaliste, il a au moins
la vertu de servir de véritable cahier des charges pour les actions du
conseil municipal et des autorités publiques en place.
Ce plan comporte au total 14 programmes et 51 projets pour un
budget de 26,6 milliards dont 7,6 de fonds propres. Le PDM constitue un outil
de gestion et de négociation et aussi une référence pour
l'évaluation des actions. Il définit les méthodologies de
travail, les axes et les objectifs, la programmation et le schéma de
financement par secteur d'activité, le plan d'investissement, les
infrastructures nécessaires, les priorités de projet par secteur,
etc. pour un horizon temporel de 20 ans.
Pour ce faire, « la Municipalité de Porto-Novo
s'est appuyée sur les éléments des
orientations globales de développement définies au niveau
national et au niveau départemental, les instruments juridiques (loi
cadre sur l'environnement, conventions internationales, schéma
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 54/101
directeur d'aménagement du territoire, le document
stratégique de réduction de la pauvreté, etc.), les
aspirations des populations, les potentialités et les contraintes de la
municipalité »9.
Vu de l'extérieur nous pourrions nous attendre à
ce que ce très bon document de travail serve de référence
à toutes les initiatives qui visent le développement local, en
particulier à la coopération décentralisée.
Cependant, il est ignoré pour presque tous les cadres de la Mairie de
Porto-Novo. Certes, le document est arrivé à
échéance en 2009, mais il est toujours d'actualité,
d'autant plus que la plupart des activités fixées n'ont pas
été réalisées.
Il est fort surprenant de constater que lorsque l'on pose la
question du rôle du Plan de Développement Municipal dans la
l'élaboration des stratégies aux différents services de la
Mairie, personne ne le prend vraiment en compte dans le cadre de l'exercice de
ses fonctions. Il est même très difficile de se procurer un seul
exemplaire au sein des administrations ou des directions municipales, où
il n'y en a pas ni en format papier ni en format numérique.
Nous avons donc conclu que le PDM n'est pas un document de
référence pour le développement local, et qu'il n'existe
aucun lien entre la stratégie de coopération
décentralisée et le PDM. Alors, si le PDM ne sert pas à
établir la stratégie de coopération, avec quel document et
de quelle façon la stratégie de coopération
décentralisée est-elle fixée par les autorités
portonoviennes ? En fait, il n'y a pas de stratégie formelle, et comme
nous l'a dit le Directeur de la Direction de la Prospective, du
développement et de la coopération de la Mairie de Porto-Novo
avec un pragmatisme accablant « ici on n'a pas de stratégie, on
fait les choses en fonction de comment elles se présentent, on
improvise ». Les fréquents retournements de situation dans les
champs de la politique et de l'économie, la fragilité des
systèmes mis en place ainsi que la pertinence discutable de la
planification à long terme dans un tel contexte sont des facteurs
explicatifs de cette approche relativiste de la notion de stratégie.
Le processus de prise de décision sur la direction
à suivre en termes de coopération décentralisée
se fait dans les instances de concertation directement avec les
partenaires signataires de la convention. Dans la phase de
préparation chaque partenaire exprime ses
9 Le Plan de Développement Municipale de la
ville de Porto-Novo 2005-2009. République du Bénin.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 55/101
besoins et ses attentes et en fonction de cela le Service de
coopération décentralisée de la Mairie de Porto-Novo prend
ses décisions et ses dispositions.
Nous pouvons donc parler d'une « stratégie de
l'absence de stratégie », cette méthodologie de travail
présente ses avantages et ses inconvénients. En effet, d'un
côté, le système est moins rigide et il peut s'adapter plus
facilement aux changements de situation, de l'autre côté, il y a
un manque de vision intégrée ce qui provoque un entrecroisement
de projets sur les mêmes domaines entraînant un manque de
convergence et des pertes de moyens.
2. Analyse des problèmes
2.1. Le processus de pilotage et les dispositifs
opérationnels de la Mairie de Porto-Novo
Au Bénin, nous l'avons vu dans le chapitre III, les
véritables accords de coopération décentralisée ont
pu être concrétisés à partir de 2003, date à
laquelle la décentralisation prend place créant ainsi un
environnement politique, institutionnel et juridique plus propice au
développement de la coopération sous forme
décentralisée.
Les dispositifs opérationnels ou de pilotage sont des
mécanismes qui permettent de gérer un projet dans toutes ses
étapes du début à la fin. Pour ce faire, la
coopération décentralisée nécessite certains
dispositifs précis non seulement pour gérer ces projets mais
aussi pour coordonner l'action collective et faciliter la compatibilité
entre les méthodologies de gestion d'un côté comme de
l'autre du partenariat. Ils doivent servir à assurer l'application des
engagements figurants dans les convention, la mobilisation des moyens humains
et matériels, le suivi et la coordination des actions menées et
le maintien des liens entre les services et les partenaires concernés. A
propos de la notion de gestion, Jacques GIRIN nous dit que « des
situations de gestion existent dès lors que des participants sont
réunis et doivent accomplir, dans un temps déterminé, une
action collective conduisant à un résultat soumis à un
jugement externe ».
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 56/101
Cependant, la jeunesse de l'expérience de la gestion
municipale à Porto-Novo a fait que les dispositifs opérationnels
se mettent en place progressivement et au fur et à mesure que les
besoins de gestion le requièrent et que l'accroissement des
capacités d'investissement de la Mairie le permet. Par ailleurs, la
coopération décentralisée a eu un rôle fondamental
dans le renforcement des capacités de gestion de la Mairie grâce
à l'appui institutionnel, volet pratiquement omniprésent dans les
projets de coopération.
Ainsi, un Service de coopération
décentralisée avec un chef de service placé sous
l'autorité de la Direction de la Prospectives, du Développement
et de la Coopération a été créé. Ce service
à pour mission :
- de mettre en oeuvre et d'assurer le suivi des projets de
coopération décentralisée, - d'établir et de suivre
les relations avec les réseaux internationaux existants,
- d'assurer les relations avec les villes partenaires et la
maitrise d'ouvrage des projets définis dans le cadre des relations avec
ces villes,
- d'assurer la veille informative dans le domaine de la
coopération décentralisée.
Malgré les améliorations constantes qu'a connu
la gestion municipale à Porto-Novo, des dysfonctionnements persistent,
ayant de répercutions non seulement au niveau de la gestion de projets
mais également au niveau de la dynamique de la coopération,
nuisant parfois aux rapports de confiance entre les acteurs du partenariat.
Cela s'explique en partie par le fait que les cadres de la
Mairie doivent faire face constamment à de contraintes techniques et
financières considérables qui limitent les capacités de
gestion des services de la Mairie. En effet, les locaux de la Mairie de
Porto-Novo où se trouve la Direction de la prospective, du
développement et de la coopération et le Service de
coopération décentralisée, ne disposent pas de lignes
téléphoniques ni d'une connexion Internet suffisamment stable
pour être un réel outil de travail. De plus, des coupures
d'électricité régulières portent atteinte
également au rythme de travail des organismes de la Mairie.
L'absence de téléphone fixe oblige les
fonctionnaires de la Mairie à assumer les frais de communication
liés à leur travail avec leurs propres téléphones
portables, sans disposer d'aucun dispositif de remboursement.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 57/101
Les réticences à utiliser le
téléphone comme moyen de communication ainsi que le
caractère aléatoire des pannes électriques et de
l'accès à une connexion Internet ralentissent
énormément les démarches et les processus de gestion des
projets. En raison de ces inconvénients techniques il paraît
d'autant plus important qu'au Bénin la mécanique de la gestion
repose d'avantage sur le facteur humain, d'où l'importance de multiplier
les instances de concertation des acteurs.
Les accords de coopération de Porto-Novo en partenariat
avec la France qui concentrent la plus grande quantité de projets sont
ceux de la Communauté d'Agglomération de CergyPontoise et du
Grand Lyon. Les deux partenariats connaissent les mêmes
difficultés. En effet, l'un de problèmes les plus persistants
dans l'accompagnement des projets est l'absence de cadre formel de pilotage
pour renforcer la participation et la concertation des acteurs et favoriser
ainsi les échanges, les réflexions, l'intermédiation, la
régulation et le suivi. Egalement, le manque de dispositifs de diffusion
pour faire circuler et mettre au courant tous les acteurs et parties prenante
sur l'état d'avancement des dossiers est un autre handicap important
pour le bon fonctionnement des projets.
Cela a pour conséquence un défaut
d'appropriation des acteurs concernés, notamment des équipes
techniques de la Mairie. Il faudrait donc redéfinir leur implication
dans l'élaboration et le montage des programmes afin de mieux converger
sur une idée de démarche commune. Dans le cadre de ces
partenariats il y a des précédents très édifiants
qui montrent que les projets fonctionnent mieux quand il y a eu plus de temps
de concertation pour laisser surgir la complicité personnelle et la
convergence professionnelle. Cela montre que le rapport humain est quasiment
plus important que l'approche technocratique dans cette partie de l'Afrique.
La Mairie de Porto-Novo a mis en place un dispositif
parallèle d'accompagnement et d'appui à la coopération
décentralisée. L'organisme s'appelle Commission pour le
développement et la coopération. Sa présidente est une
élue municipale. Il est composé de 6 personnes et dispose d'un
budget propre. Son rôle est de conseiller Monsieur le Maire de Porto-Novo
sur des questions liées à la stratégie de
développement local et à la stratégie de
coopération décentralisée. Toutefois, ses membres ne
connaissent ni les orientations, ni les axes de travail, ni les acteurs, ni les
problèmes qui rencontre la coopération
décentralisée à Porto-Novo. La
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 58/101
commission n'intervient ni dans la conception ni dans le
pilotage politique des projets de coopération. Il s'agit,
malheureusement, d'un organisme complètement inopérationnel mais
qui pourtant pourrait jouer un rôle substantiel dans la création
d'instances de concertation des acteurs du développement et de la
coopération.
En ce qui concerne l'utilisation de méthode de travail,
aucun modèle de gestion de projet n'est appliqué, comme par
exemple la GCP (gestion de cycle de projet) ce qui paraît déranger
plus les partenaires du Nord que ceux du Sud.
Enfin, nous avons pu constater un volume important de projets
en cours de réalisation, une situation qui pose des questions sur la
capacité du Service de coopération décentralisée
à les gérer. En effet, au premier abord il paraît assez
flagrant que la quantité de personnel assignée à la
gestion de ces projets ainsi que les moyens techniques et financiers ne sont
pas proportionnels au nombre de projets. D'autant plus que Porto-Novo
n'entretient pas uniquement des accords avec des collectivités
françaises mais aussi avec d'autres villes d'Afrique, d'Europe et des
Etats-Unis.
Au niveau de la dernière convention
générale signée avec la ville de Buchelay par exemple, le
contenu général du programme porte sur la gestion de
déchets, l'enseignement supérieur, les espaces verts, la
promotion de la jeunesse et du sport. Cette nouvelle convention rajoute une
couche supplémentaire aux difficultés de gestion et aux flux
d'activités que ce service peut gérer. De plus, la Mairie de
Porto-Novo compte signer bientôt un nouvel accord de coopération
décentralisée avec la ville de Lisse.
Toutefois, il est moins simple qu'on pourrait le croire
d'évaluer ou de se prononcer sur la capacité de gestion de la
Mairie de Porto-Novo. L'approche technocratique ou comparative comme grille
d'analyse ne suffit pas et la réflexion nous invite à la prudence
et à la relativisation des certitudes. Il ne faut pas oublier qu'il
s'agit d'un territoire où les besoins urgents sont très
présents et que les défis concernant l'amélioration des
conditions de vie des populations locales sont également très
importants. Pour cette raison, les autorités de Porto-Novo ne refuseront
probablement jamais une proposition de partenariat avec une collectivité
du Nord même si la performance de leur gestion ne suit pas les standards
internationaux. L'autorité municipale ne gaspillera probablement jamais
l'opportunité d'établir un nouveau
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 59/101
contrat de coopération afin de l'intégrer, bien
ou mal, aux importants efforts conjoints de la communauté portonovienne
pour résoudre et améliorer la situation de la ville. Et si un
projet n'aboutit pas convenablement ou si ses objectifs ne sont pas accomplis
pleinement, les effets positifs se laissent toujours sentir directement ou
indirectement. Ainsi, ce sera toujours mieux que de ne pas tenter de le mener
à bien.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 60/101
Chapitre V : Enjeux et approche critique de la
coopération décentralisée Nord-Sud : Le cas de la ville de
Porto-Novo
1. La coopération décentralisée et
la solidarité internationale
1.1. Les ambivalences de la coopération
décentralisée
1.1.1. Le marché de l'aide au
développement
Au premier abord et de façon générale, il
parait toujours inapproprié de parler d'« intérêts
économiques » dans la sphère publique, et d'autant plus
quand il s'agit du domaine de la solidarité, car l'intérêt
économique et l'action solidaire ne sont pas censés cohabiter
dans ce cadre de travail. De plus, dans la culture ou plutôt dans la
tradition intellectuelle francophone, l'intérêt économique
relève d'avantage du tabou ou du « non dit », la notion
d'intérêt économique est associée au «
politiquement incorrect ». La situation est sensiblement différente
dans la culture anglo-saxonne qui utilise l'approche entrepreneuriale avec
moins de réserve. Quoi qu'il en soit, l'idée de « profit
» mêlée à la solidarité projette des
légitimes suspicions sur l'éthique des stratégies
engagées.
Dans le domaine de la solidarité internationale, la
notion d'intérêt économique n'est pas uniquement
réelle et très présente mais elle s'associe
également aux intérêts politiques et
géostratégiques formant un trio qui suscite la controverse et qui
a d'ailleurs déjà fait couler beaucoup d'encre dans la
réflexion sur l'aide au développement. Cette
réalité mérite ainsi d'être interrogée dans
le cadre de ce travail afin de dégager les enjeux qui interagissent dans
ce volet « moins noble » de l'aide au développement et de la
solidarité internationale.
Dans cette partie, nous verrons que « coopération
décentralisée » ne rime pas forcement avec «
coopération désintéressée ». Toutefois, il ne
s'agit nullement de faire ici un procès d'intention ou de
développer une approche moraliste pour pointer du doigt les acteurs
mobilisés par cette notion. Nous partons de la prémisse que la
coopération décentralisée pour le développement est
bien une action à vocation solidaire. Nous pensons que la motivation
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 61/101
principale pour engager des accords de coopération
décentralisée entre collectivités territoriales d'un bout
à l'autre du monde est avant tout le rapprochement entre territoires, le
besoin de créer de liens d'amitié et d'intérêt
réciproque, la mise en partage de savoir-faire et la recherche de
solutions à des problématiques propres de chaque territoire.
Cependant, l'implication des différents facteurs tout au long du
processus de mise en oeuvre des projets se traduit par l'inclusion d'une
logique économique portée par des acteurs qui gravitent autour
des fonds considérables alloués chaque année aux projets
de coopération décentralisée.
Pour débuter notre analyse, il est important de comprendre
le contexte et les modes de fonctionnement de l'Aide publique au
développement.
Le Bénin est classé parmi les « pays
pauvres très endettés10 », ce classement est
lié à un programme international de réduction de la
pauvreté impulsé par le Fond monétaire international et
par la Banque mondiale en 1996.
Suite aux résultats désastreux de la politique
de réajustement structurel préconisée par ces deux
organismes dans les années 1980, l'Organisation de Nations Unies
décide en 2000 de changer de stratégie et de créer les OMD
(Objectifs du millénaire pour le développement) qui se traduisent
par huit objectifs adoptés par 193 États et 23 organismes et qui
devraient être atteints en 2015. Ces objectifs sont : réduire
l'extrême pauvreté et la faim, assurer l'éducation primaire
pour tous, promouvoir l'égalité de sexes et l'autonomisation des
femmes, réduire la mortalité infantile, améliorer la
santé maternelle, combattre le VIH, le paludisme et d'autres maladies,
préserver l'environnement et mettre en place un partenariat mondial pour
le développement.
Pour l'application de ces objectifs, le Fond monétaire
international et la Banque mondiale ont mis en place le DSRP (Document
stratégique de réduction de la pauvreté) qui est une sorte
de feuille de route ou de cahier des charges qui définit les
réformes que doit entreprendre un État s'il veut gagner la
bienveillance des grandes puissances économiques. Ainsi, tous les pays
qui souhaitent bénéficier d'un allègement de leurs dettes
extérieures sont appelés à élaborer et à
mettre en oeuvre la stratégie globale de réduction de la
pauvreté fixée par le DSRP. Le DSPR
10 Classement international PPTE (Pays pauvre très
endetté).
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 62/101
est donc un document unique de politique économique et
macroéconomique, un instrument qui sert de référence pour
l'attribution d'une grande part de l'aide internationale au
développement.
Dans le DSRP, la décentralisation figure comme une
reforme incontournable dans la stratégie de lutte contre la
pauvreté afin de favoriser la concertation des acteurs locaux. En
adoptant le DSPR, le Bénin s'est donc engagé à entamer un
processus de décentralisation, processus qui a été bien
évidement fortement déterminé par la perspective de voir
un allègement important de la dette extérieure qui pesait
lourdement sur les finances internes.
Dans le cadre de ce même dispositif d'aide au
développement, les pays industrialisés membres du CAD
(Comité d'aide au développement) de l'OCDE (Organisation pour la
coopération et le développement économique) sont
contraints, dans le cadre de leurs engagements internationaux, à
débourser 0,7% de leur Revenu national brut (RNB) sous forme d'Aide
publique au développement. Depuis, tous les fonds ou financements de
projets qui relèvent de l'aide au développement et qui sont
destinés aux pays ayant adopté le DSPR peuvent être
déduits de ce 0,7% du RNB que les pays les plus riches doivent mettre
à contribution. Les subventions allouées à la
coopération décentralisée rentrent également dans
ce calcul.
Dans la pratique les choses sont un peu différentes car
très peu des pays riches ont véritablement honoré ces
engagements. Dans le cas de la France, son Aide publique au
développement de 2009 représente 0,46% de son
RNB11.
Depuis leur mise en place dans les années 1950 les
différentes politiques d'Aide publique au développement (APD) ont
été la cible de fortes critiques et ont suscité de vifs
débats. La mise en place des OMD (Objectifs du millénaire pour le
développement) n'a pas apaisé les esprits. Mais qu'est-ce qu'on
reproche exactement au système d'Aide publique au développement ?
On lui reproche de servir avant tout comme un instrument de domination des pays
industrialisés, de fonctionner comme une véritable plate-forme
d'investissement pour les operateurs économiques et les entreprises
transnationales des pays donateurs ainsi que de servir comme un outil de
chantage pour influencer ou contraindre certains états à
effectuer des
11
www.insee.fr
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 63/101
modifications économiques et politiques. Ce
mécanisme contribue également à maintenir les pays pauvres
dans une relation de dépendance.
Les enjeux économiques de l'Aide publique au
développement se reflètent par ailleurs dans un paradoxe assez
révélateur : le financement des structures et des dispositifs
d'aide sociale destinés aux populations défavorisées en
France est à la baisse alors qu'en même temps le financement de
l'Aide publique au développement de ce pays est une constante hausse
depuis 4 ans12. S'agit-il d'un acte d'altruisme cosmopolitique du
gouvernement français ? Certainement pas.
En conséquence, la supposée vocation solidaire
de l'Aide publique au développement est remplacée par une logique
mercantile pour promouvoir les intérêts économiques et
politiques des pays donateurs. « L'aide s'inscrit alors dans une
relation intéressée par laquelle les donateurs consentent un
effort financier pour conquérir des marchés, maintenir et
accroître leurs aires d'influence et promouvoir les intérêts
de leur classe dirigeante 13».
Il y a également un autre problème qui se pose.
En effet, les pays membres du Comité d'aide au développement
(CAD) de l'OCDE incluent dans le calcul du budget de l'Aide publique au
développement des dépenses qui ne contribuent en rien à la
lutte contre la pauvreté. « Pour ActionAid International
(2005), deux tiers des flux d'APD fournis en 2003 représentent une
« aide fantôme » : 20 % de l'aide sont investis dans des
projets de coopération technique inefficaces dont les prix surfaits
profitent essentiellement aux consultants des pays donateurs ; 14 % de l'APD
sont enregistrés au titre de mesures de désendettement qui ne
correspondent qu'à des jeux d'écriture comptable ; de plus, l'APD
se trouve gonflée par des coûts de transaction excessifs
liés aux frais administratifs et de coordination de l'aide ; et pour
finir, une part croissante de l'APD enregistre les frais d'accueil des
requérants d'asile dans les pays industrialisés durant les douze
premiers mois de leur séjour 14», mais dans le cas
de la France la situation est encore pire car par exemple les frais
d'éducation des étudiants
12
http://stats.oecd.org
13 Gilles Carbonnier, « L'aide
au développement une fois de plus sous le feu de la critique »,
Revue internationale de politique de développement [En ligne],
1 | 2010, mis en ligne le 11 mars 2010. URL :
http://poldev.revues.org/122
; DOI : 10.4000/poldev.122
14 Gilles Carbonnier, « L'aide
au développement une fois de plus sous le feu de la critique »,
Revue internationale de politique de développement [En ligne],
1 | 2010, mis en ligne le 11 mars 2010. URL :
http://poldev.revues.org/122
; DOI : 10.4000/poldev.122
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 64/101
étrangers inscrits dans les universités
publiques françaises ainsi que les frais de reconduite aux pays des
immigrants irréguliers servent aussi à gonfler les chiffres de
l'Aide publique au développement.
Les controverses que suscite la politique mondiale d'Aide
publique au développement mériteraient certainement un examen
plus approfondi et quelque centaines de milliers de pages de plus, toutefois,
cela risquerait de nous éloigner de notre objet principal qui est la
coopération décentralisée.
Comment la coopération décentralisée
s'inscrit-elle dans les enjeux de ce contexte international ?
Tout d'abord, il faut bien garder à l'esprit que la
coopération décentralisée et l'Aide publique au
développement sont deux niveaux d'intervention avec des modes de
fonctionnement complètement différents l'un de l'autre,
cependant, et en fonction de l'échelle des projets, les deux
systèmes s'entrecroisent. C'est le cas notamment pour les projets qui
nécessitent des moyens importants : des agences étatiques peuvent
figurer comme bailleurs de fond (Agence française de
développement par exemple), tout comme d'autre organismes internationaux
(Banque mondial, FMI) ainsi que des operateurs économique tels que des
entreprises soustraitantes dans l'exécution de projets (transport,
développement urbain, énergies, etc.). Le rôle des grands
bailleurs de fonds ne se résume pas au déboursement d'argent,
leur aide financière est souvent conditionnée à des «
adaptations » du projet en question.
Ensuite, le budget que les collectivités territoriales
françaises consacrent à leurs dispositifs de coopération
décentralisée ainsi qu'à la mise en oeuvre des projets
sont déductibles de l'Aide publique au développement. En effet,
chaque collectivité territoriale doit déclarer ses
dépenses et les résultats sont pris en compte par le
ministère de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi et par l'OCDE.
Pour faciliter cette tache, le Ministère a mis en place un
système de télédéclaration, « La
télédéclaration concerne d'une part les montants que les
collectivités territoriales ont alloués dans le cadre de projets
menés dans des pays en développement ou versés à
des associations locales ou des ONG en France ou dans le pays partenaire
afin
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 65/101
qu'elles gèrent pour leur compte des projets de
développement. Elle concerne, d'autre part, les dépenses de
service [et] charges de suivi des actions...15»
Le fait que le budget consacré par une
collectivité territoriale à la coopération
décentralisée pour le développement soit
considéré comme composante du budget total de l'Etat en termes
d'Aide publique au développement n'a, au premier abord, rien
d'étonnant. Toutefois, l'implication de l'Etat dans la
coopération décentralisée ne se limite pas à des
enjeux comptables ou budgétaires. En effet, les organismes d'Etat
susceptibles d'accompagner, techniquement ou financièrement, les
collectivités territoriales dans la mise en oeuvre de leur programme de
coopération, vont prioriser d'avantage les projets qui s'inscrivent dans
la politique étatique, soit au niveau du secteur de coopération,
soit au niveau de la zone géographique. L'Etat va donc « jouer
», au sens stratégique, avec l'assignation de subventions. Par
exemple, la nouvelle politique de coopération pour le
développement instaurée par la France consiste, entre autre,
à établir des zones géographiques prioritaires, notamment,
des zones d'où proviennent certains flux migratoires.
Aussi ignoble et stupide que soit cette politique d'aide au
développement (les études en la matière ont
déjà prouvé le caractère contre-productif de ces
mesures), si les objectifs d'un projet ne s'accordent pas à ceux de
l'état et des organismes publics de cofinancement en matière de
politique extérieure, la collectivité territoriale devra compter
sur ses propres moyens.
Or, les collectivités restent libres de choisir, dans
le respect de la loi, les orientations de leur coopération en fonction
des spécificités de leurs territoires et de leurs
priorités. Cependant, dans la course aux subventions pratiquée
par la presque totalité des organismes susceptibles de recevoir des
subventions, il est difficile d'établir quelle est la part de la
stratégie de coopération d'une collectivité qui se trouve
conditionnée ou influencée par cette politique
gouvernementale.
Pour revenir à l'idée principale qui nous occupe,
nous devons concevoir la coopération décentralisée
comme une grande machine qui met en relation les acteurs les plus divers
pour
15
http://cncd.diplomatie.gouv.fr
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 66/101
accomplir les tâches les plus diverses. Nous avons vu
dans le deuxième et troisième chapitre de ce travail la
quantité de secteurs et d'activités qui pouvaient être
concernés par un projet de coopération
décentralisée : chantiers écoles, santé, culture,
appui institutionnel, patrimoine, développement numérique,
transport public, développement durable, urbain, territorial,
économique, etc.... Or, les collectivités territoriales ne
disposent pas obligatoirement des capacités techniques, logistiques ou
de gestion pour gérer à 100% leurs projets de coopération,
ce n'est d'ailleurs pas le but. Le rôle d'une collectivité est de
faire, entre autre, un travail de fédérateur, de coordination, de
contrôle, d'intermédiaire, de gestionnaire des projets, de socle
institutionnel, de bailleur de fonds, de créateur de liens, de
dynamisation, etc..., en fonction du domaine la collectivité devra faire
appel à d'autres acteurs pour déléguer des taches
spécifiques et c'est par ce biais-là que la coopération
décentralisée offre des débouchés importants pour
un nombre croissant d'operateurs. « Si leur engagement en
coopération décentralisée n'est pas exempt d'une certaine
solidarité avec les pays en développement notamment dans le cadre
de jumelages franco-africains, c'est beaucoup moins simple pour la
coopération urbaine et économique. Si les villes
françaises se lancent dans la coopération avec les
métropoles du tiers monde c'est parce qu'il s'est constitué un
véritable marché international de l'expertise en
ingénierie urbaine »... « la chose est apparue encore plus
évidente dans le champ de la coopération économique et
financière »16.
Ainsi, les offices de consultants, les bureaux d'étude,
les maitres d'ouvrage externes, les operateurs économiques, les ONG,
etc... sont tous des acteurs, en majorité privés, qui se trouvent
au sein de ce qu'on peut appeler « le marché de la
solidarité internationale ». De plus, dans la plupart de cas, les
conclusions des expertises et des études restent sans suite et ne sont
exploitées par personne.
Dans le cadre de la coopération avec Porto-Novo, les
collectivités françaises pratiquent une sorte d'«
économie circulaire ». Pour imprimer l'idée dans une figure
imagée ou sous forme d'analogie plus éclairante cela
équivaut à « sortir de l'argent d'une poche, pour le mettre
dans l'autre ». En effet, la plupart des budgets et des subventions
alloués aux collectivités françaises servent à
payer les activités d'operateurs locaux ainsi qu'à alimenter et
à stimuler
16 Franck Petiteville, « La coopération
décentralisée. Les collectivités locales dans la
coopération Nord-Sud ». Collection Logiques politiques. Ed
L'Harmattan, 1995.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 67/101
les compétences des sphères professionnelles
locales. Elles servent donc à dynamiser d'avantage leur propre
territoire car, par ailleurs, le choix des prestataires et des fournisseurs de
services se fait rarement par un système ouvert d'appel d'offre.
Pour les idéalistes, l'aide au développement est
un système à vocation solidaire stimulé par des
préoccupations d'ordre humanitaire et démocratique, une
espèce d'altruisme au service de la paix et de la justice sociale
mondiale. Pour d'autres, elle répond à une culpabilité et
participe à la réparation historique des pays riches. Quoi qu'il
en soit, une reformulation du système d'Aide publique au
développement s'impose, l'enjeu est urgent et le mécanisme actuel
a déjà montré des résultats mitigés dans la
réduction de la pauvreté. Mais sans une implication et une
pression plus importante de la société civile et de l'opinion
publique mondiale la logique du système continuera certainement dans la
même direction.
1.1.2. Aide au développement ou enjeux
électoral ?
L'enjeu électoral est quasiment indissociable de toute
démarche provenant des autorités publiques ou locales, la
coopération décentralisée n'est pas l'exception.
Au Nord, les actions de solidarité internationale ont
plutôt un bon accueil au sein de l'opinion publique. Par le biais des
médias, une certaine empathie et une réelle préoccupation
envers les conditions de vie à l`échelle de la planète
sont présentes au sein de la société civile. De plus en
plus d'étudiants et de professionnels désirent acquérir
une expérience à l'étranger. Les élus locaux
également qui souhaitent faire rayonner leur territoire au-delà
des frontières en favorisant le déploiement international des
équipes techniques municipales ou des acteurs privés sont autant
de facteurs qui incitent les autorités à développer des
partenariats. Cela leur permet d'afficher auprès de leur
électorat une certaine performance administrative et logistique,
d'affirmer un engagement de la commune envers les enjeux mondiaux et de
proposer un volet international dans leur programme.
Pour les autorités de la Mairie de Porto-Novo, la
coopération décentralisée donne
accès principalement à des financements externes. Les montants
alloués destinés au financement des projets leur permettent
d'accroitre leur capacité exécutive et d'investissement dans
des
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 68/101
secteurs clefs pour l'électorat comme les
équipements publics, l'aménagement du territoire ou
l'assainissement d'eau. Cela leur permet aussi d'afficher une certaine
performance administrative et logistique auprès de leur
électorat.
De façon générale, cette instrumentalisation
de la coopération décentralisée a des conséquences
directes sur trois niveaux :
- La composante électorale peut altérer ou
modifier les priorités, pourtant déjà fixée, au
niveau de la stratégie de développement local, laissant la place
à des projets avec une « visibilité » plus importante
mais moins pertinente à l'égard d'un développement local
équilibré. De façon générale, les
autorités portonoviennes ne vont probablement jamais refuser une
proposition de convention avec une collectivité du Nord, peu importe si
leurs capacités de gestion leur permettront de gérer les projets
convenablement ou si les domaines d'intervention proposés par les
collectivités françaises sont plus ou moins en accord avec les
axes ou les orientations de la politique de développement.
- Le calendrier d'activités des projets doit
s'articuler selon les impératifs du cycle électoral. Cela peut
entrainer des précipitations aveugles afin d'exécuter les projets
pour les exploiter politiquement et les faire apparaître dans le bilan
général des mandats.
- Dans les cas plus graves, l'enjeu électoral peut
entraîner un clientélisme politique dangereux ou donner lieu
à des détournements de fonds qui finissent par nuire gravement au
fonctionnement et à la crédibilité des institutions, sans
compter la perte de moyens qui auraient pu être utilisés dans des
contextes de véritable besoin.
Les considérations électoralistes sont donc des
aspects inhérents à la coopération
décentralisée. Par ailleurs, les objectifs et les orientations
fixés dans les conventions sont ainsi souvent tributaires des
considérations et des convenances politiques.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 69/101
2. La Coopération décentralisée :
rencontre de deux territoires et de deux visions
2.1. La dimension « interculturelle » de la
coopération décentralisée
Il est étonnant de constater que les ouvrages et les
« guides » publiés par des organismes publics et
destinés à l'usage des élus, des collectivités
territoriales, des partenaires ainsi qu'à l'ensemble des intervenants de
la coopération décentralisée ne font nullement
référence à sa dimension interculturelle. Le « guide
de la coopération décentralisée : échanges,
partenariats internationaux des collectivités territoriales »
publié sous commande du Ministère des affaires
étrangères avec la participation de la Commission nationale de la
coopération décentralisée et de la Direction
générale de la coopération internationale et du
développement, dit en 4ème de couverture de l'ouvrage
: « Ce guide pratique à l'usage des collectivités
territoriales et de leurs partenaires, des préfectures et des postes
diplomatiques, contient une description de l'environnement institutionnel,
juridique, technique et financier s'appliquant à la coopération
décentralisée selon la conception française
17». Dans le traitement de la question de la coopération
à l'international, il ne fait aucune allusion aux enjeux relatifs
à la rencontre de deux territoires en termes de relations
interculturelles. Il est certain que nous ne sommes plus à
l'époque de Christophe Colomb mais tout se fait comme si confronter les
clivages culturels relevait du sens commun et de la capacité de «
débrouille » de chacun, et que la dimension interculturelle ne
jouait aucun rôle dans le succès, l'échec ou le bon
déroulement d'un partenariat. Il en va de même pour tous les
autres ouvrages de ce type que nous avons pu consulter dans le cadre de cette
étude.
Ces ouvrages se veulent « techniques », «
pratiques » et sont des « outils » pour développer des
partenariats en coopération décentralisée. Il s'agit d'un
véritable fondamentalisme de l'approche technocratique avec la bonne
maîtrise des outils de pilotage, la bonne planification, les bons
objectifs, le bon cadrage, les bonnes méthodes, la bonne logique
d'intervention, les bons partenaires, etc.... comme si tout cela était
suffisant pour garantir la
17 « Guide de la coopération
décentralisée, échanges et partenariats internationaux des
collectivités territoriales », La documentation Française,
2ème édition, 2006.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 70/101
réussite d'un projet à portée
internationale. Ces « guides » oublient presque le fait que la
coopération décentralisée met en relation des territoires
d'un bout à l'autre du monde et que la différence culturelle ne
se résume pas à une façon de s'habiller plus ou moins
colorée.
Il s'agit probablement d'une sorte de peur plutôt, peur
d'aborder le sujet de la différence culturelle, peur de s'inscrire dans
un discours idéologique mal placé sans le vouloir, peur de dire
« ce qu'il ne fallait pas », peur de rentrer dans ce terrain
glissant, on préfère donc éviter la question.
Chercher à comprendre le mode de fonctionnement de
l'Autre en termes culturels ne relève pas non plus d'un « guide
», il n'y a pas de modèle préfabriqué que l'on croit
applicable à n'importe quel contexte, comme c'est le cas des
modèles de gestion et d'organisation utilisés dans la gestion de
projets. Mais ces ouvrages pourraient au moins avertir sur la complexité
du questionnement, donner les grandes lignes de réflexion ou donner
quelques éléments d'interprétation pour préparer ce
terrain. On se réfugie systématiquement dans un discours
technocratique pour expliquer les dysfonctionnements d'un partenariat, on
préfère parler de « problème d'harmonisation des
cadres juridiques » plutôt que de « problème
d'harmonisation des ethnocentrismes ».
Des instances de rencontres comme les voyages des
délégations sont toujours prévus dans le cadre d'une
coopération. Toutefois, ils sont en général très
brefs et se font dans un contexte protocolaire. Ces déplacements
s'inscrivent toujours dans un « objectif » précis et
considérant que l'interculturalité n'est pas « quantifiable
», qu'elle ne peut pas être « accomplie » ou «
objectivement vérifiable » dans le programme d'activités. Le
résultat est qu'on ne parle pas de interculturalité, on parle de
« séances de cadrage » et ce n'est pas même chose.
Pourtant, ce sont ces échanges, ces visites officielles
des délégations d'élus et de fonctionnaires locaux, dans
un sens ou dans l'autre du partenariat, qui déterminent sensiblement le
bon fonctionnement d'un partenariat. C'est dans les moments de rencontre et de
partage que les rapports de confiance et de complicité se tissent entre
les acteurs de la coopération. La mise en oeuvre de projets
élaborés de façon conjointe produit une complicité
et une sensibilisation affective et culturelle aux enjeux de
développement de la commune en question. Les stages de formation
professionnelle, les échanges éducatifs, les « chantiers
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 71/101
populations », les instances de concertation, etc., sont
des facteurs de communication interculturelle dans le cadre de la
coopération décentralisée. C'est dans ces moments
privilégiés que la volonté et la disposition à
apprendre et à appréhender la réalité de l'Autre
sont plus présentes. Pourquoi donc ne pas donner une place plus
conséquente à ces instances ?
Par ailleurs, nous pensons que pour mieux garantir le
succès d'un projet dans le cadre de la coopération
décentralisée le niveau d'altérité du porteur du
projet est quasiment plus important que son degré de qualification
technique.
De façon générale, le discours humaniste
sur la rencontre culturelle est fortement rattaché à une
conception du politiquement correct et fait l'objet d'une approche
humaniste-idéaliste, parfois naïve. Les conflits qui sont survenus
lors de la rencontre entre sociétés de cultures
différentes, les rapports de domination issus de l'histoire coloniale et
des guerres, la persévérance des ethnocentrismes et de la
xénophobie, le caractère extrêmement controversé des
mouvements migratoires Sud-Nord, le mépris ainsi que la violence
symbolique, économique et politique exercés par le Nord, font
partie de la toile de fond de la coopération décentralisée
Nord-Sud.
La persistance des représentations sociales et
historiques est réciproque et cela se manifeste dans les contextes de
confrontation culturelle dû à l'ignorance mutuelle. En effet, dans
le cadre de la coopération franco-africaine notamment les
représentations léguées par la colonisation et celles
construites par les médias sont très présentes d'un
côté comme de l'autre: modernité, facilité
financière, abondance de ressources pour les français; de la
chaleur humaine, le bonheur de la simplicité pour les africains.
Dans le cas du Bénin et de la France, les
béninois se montrent en général assez enthousiastes face
à l'intérêt que portent les français aux
problématiques locales. Ils voient une démarche altruiste et des
signes d'amitié dans la volonté française d'aider et de
participer à améliorer les conditions de vie sur place.
L'ouverture et l'intérêt sincère que manifestent les
français pour la culture et le mode de vie des béninois sont
également très bien perçus spécialement chez les
populations qui se sentent délaissées et ignorées par les
pouvoir publics centraux ou locaux.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 72/101
Ils attendent également des flux financiers
conséquents, l'envoi de matériel et éventuellement la
possibilité, même lointaine, de quitter le Bénin pour la
France.
De leur côté, les français attendent de
voir chez les africains le bonheur de la simplicité d'une
société dépourvue des ennuis des sociétés
industrialisées, la générosité et
l'hospitalité spontanée propres aux pauvres qui n'ont rien, de
retrouver les valeurs disparues en France comme l'engagement citoyen dans la
lutte pour la justice sociale, l'auto-organisation, le respect des anciens, la
joie de vivre, etc.
Suite à la confrontation culturelle, ces
premières images idéalisées laissent rapidement la place
à la déception et au désenchantement. En effet, pour les
français les africains deviennent soudainement des gens qui manquent de
rigueur dans la gestion des projets, insouciants, qui n'ont aucun sens de la
ponctualité et qu'il faut « booster » en permanence. A leur
tour, les africains trouverons que finalement les partenaires du Nord ne
déboursent pas autant d'argent que l'on s'y attendait, qu'ils sont moins
attentifs à leurs besoins et qu'ils sont plus soucieux des papiers que
des aspects pratiques.
Cette dynamique des représentations collectives sur
l'Autre opère fortement dans les rapports sociaux. Les
stéréotypes positifs et négatifs fonctionnent comme grille
d'interprétation dans les rencontres interculturelles, en particulier
dans le cas Nord-Sud. C'est à ces instants-là que se
révèle la complexité des décalages culturels et de
la rencontre interculturelle. Les acteurs de la coopération
décentralisée qui deviennent de véritables « ponts
» culturels sont censés appréhender ces enjeux et les
considérer dans toutes les étapes de la mise en oeuvre des
projets.
2.2. La réciprocité
Selon le dictionnaire « réciproque » est ce
« qui implique entre deux personnes, deux groupes, deux choses, un
échange de même nature 18». Or, dans les
accords de coopération
18 Le Robert, « Dictionnaire de la langue
française », Ed Club France loisirs, 1994.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 73/101
décentralisée entre la ville de Porto-Novo et
ses homologues les collectivités françaises, il est surprenant de
constater qu'aucune des actions prévues dans les conventions n'est
destinée à s'inscrire dans une logique de
réciprocité. Dans le chapitre II de ce travail, au niveau de la
citation des objectifs et des orientations des partenariats, nous pouvons
constater que les objectifs sont formulés dans une logique de
réciprocité mais, par la suite, absolument aucune des actions
programmées ne constitue un agissement susceptible d'apporter une
quelconque réciprocité. Dans les actions engagées ne
figure nullement des activités dont le bénéficiaire direct
serait l'une des collectivités du Nord.
Une forte dissociation apparaît dans les objectifs
fixés et structurés autour du principe de
réciprocité et le contenu des projets à mettre en oeuvre.
Le principe de réciprocité se traduit dans les documents par des
phrases du type « enrichissement mutuel », « comparaison des
pratiques professionnelles », « connaître une autre
réalité », etc.
Nous pouvons également soulever un autre paradoxe assez
étonnant. La méthodologie de travail des partenaires du Nord se
caractérise par une omniprésence de l'approche technocratique :
toutes les étapes, tous les objectifs doivent pouvoir, au moins,
être vérifiés, suivis ou évalués. Pourquoi ce
défaut soudain de rationalisation des procédés et de
technocratisation du principe de réciprocité ? Les
collectivités du Nord trouvent-elles leur compte juste dans la mise en
oeuvre des projets ?
Dans le tableau de la partie trois du chapitre III concernant
la synthèse de projets engagés par Cergy-Pontoise, le Grand Lyon
et la ville de Buchelay, nous pouvons voir que la totalité des
activités ont pour seul bénéficiaire direct la ville de
Porto-Novo. Où les partenaires du Nord trouvent-ils alors leur compte ?
Une fois que tous les projets sont menés à bien, quel a
été le bénéfice par exemple pour la
communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise?
Résoudre le mystère parait moins pertinent
qu'analyser les conséquences que cela entraine dans la dynamique du
partenariat. En effet, l'une des premières conséquences est le
fait que les rapports se trouvent déséquilibrés. Dans un
contexte d'aide humanitaire par exemple, le principe de
réciprocité s'articule différemment, mais dans le cas de
la coopération décentralisée la balance est censée
être plus équilibrée.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 74/101
Les partenaires de Porto-Novo s'octroient une
réciprocité dans le processus global de mise en oeuvre des
projets, les bénéfices de la coopération ne
découlent pas d'un projet ou d'un autre. En conséquence, cela
donne l'impression à Porto-Novo que la coopération est
menée par les partenaires du Nord, et que ce serait donc à eux de
la porter. De plus, ce partenaire dispose d'un appareillage impressionnant de
dispositifs de coopération décentralisée et d'une
équipe technique mieux payée et plus performante.
2.3. Des méthodologies de travail divergentes
La rencontre de deux territoires dans le cadre d'une
coopération décentralisée Nord-Sud implique une
confrontation entre deux systèmes de pensée et en
conséquence de deux façons différentes de concevoir
l'exercice de la gestion. Chaque territoire a développé des
pratiques gestionnaires propres aux exigences et aux particularités de
chaque réalité locale avec plus au moins d'efficacité.
Le cas de Porto-Novo avec les collectivités de
Cergy-Pontoise, du Grand Lyon et de Buchelay ne fait pas exception. En effet,
les nombreuses différences dans la gestion de projets communs ne se
résument pas aux clivages économiques ou institutionnels. Les
équipes municipales des collectivités françaises ont des
dispositifs de gestion plus techniques que leurs homologues béninois
mais également plus rigides et plus procéduriers. Cela
entraîne des dysfonctionnements dans la gestion de projets ainsi qu'au
niveau de l'harmonisation des façons de travailler.
L'omniprésence de l'approche technocratique et
rationnalisante, centrée sur la planification par objectifs et par
résultats, qui s'opère à travers les outils de gestion de
cycle de projet est une logique empruntée au monde des entreprises et
des investissements, reconvertie depuis les années 1970 en outil de
gestion publique pour le développement. De Sardan remarque que
« tout instrument d'action publique est porteur de significations plus
au moins explicites ou latentes, en termes de vision politique, d'une part, et
de modèles cognitifs, d'autre part. Autrement dit, il incorpore,
au-delà de sa structure technique, une certaine configuration
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 75/101
idéologique et une certaine configuration
épistémologique ». Et il continue, « c'est une
technique de rationalisation [...] Elle privilégie une perspective
purement gestionnaire centrée sur les facteurs quantifiables, la
légitimation de l'intervention et une vision linéaire et
mécanique de la causalité...19 »
Cette sorte de fondamentalisme de la vision technocratique
envahit toutes les instances et les dispositifs de la coopération et
s'avère relativement inadaptée à être
intégrée par les homologues béninois car les
méthodologies de gestion sont un reflet d'un système de
pensée. En effet, les facteurs humains par exemple sont largement
ignorés dans cette méthodologie de travail alors que la culture
béninoise laisse une place beaucoup plus importante à la
qualité des rapports sociaux. Pour les béninois, les rapports et
le contact humain sont aussi importants que les compétences techniques
en elles-mêmes. L'extrême sociabilité du caractère
béninois doit trouver sa place dans les logiques de pilotage. De
même pour la notion de long ou de court terme : ces notions ne sont pas
figées, elles varient et sont conditionnées par l'environnement
social ainsi que par les mécanismes et les logiques internes d'une
société. La pertinence d'une démarche à long ou
court terme doit être examinée en accord avec le contexte
culturel.
Toutefois, les facteurs explicatifs des dysfonctionnements que
connaît la gestion de projets entre Porto-Novo et ses partenaires
français sont autant liés aux méthodologies de travail
divergentes qu'à la prétention de croire, de la part du Nord, que
ces méthodes ont une validité universelle et que la technique est
capable de dépasser les clivages culturels.
Nous avons pu constater que les délégations
françaises, au moment de se rendre à Porto-Novo amènent
avec elles une idée déjà fixe de « ce qu'il faut
faire et comment il faut le faire » car elles ont la conviction qu'elles
savent le faire mieux que le béninois. Cette attitude n'est pas
uniquement fâcheuse mais en plus fausse, ou en tous les cas relative.
Fweley Diangitukwa remarque dans son ouvrage que pour que les actions de la
coopération décentralisée aboutissent sans trop de
difficultés « les collectivité territoriales du Nord
ne
19 Giovalucchi Français et Olivier de Sardan
Jean-Pierre, « Planification, gestion et politique dans l'aide au
développement : Le cadre logique, outil et miroir des
développeurs », Revue Tiers Monde, 2009/2 n°198, p.383-406.DOI
: 10.3917/rtm.198.0383
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 76/101
doivent pas imposer leur méthodes de travail en
prétextant qu'elles ont une longue expérience en matière
de coopération décentralisée20 »
Ensuite, un autre clivage mérite d'être
soulevé concernant les expertises. En effet, du côté
béninois, les acteurs du développement ont le sentiment que les
partenaires français « aiment bien » cumuler les
études retardant le passage à l'exécution des actions.
Egalement, il y a le sentiment que les moyens destinés à ces
expertises, qui ne sont pas négligeables, pourraient être
destinés à des besoins plus urgents.
Pendant la réalisation de ce travail au Bénin,
nous avons eu non seulement la chance mais aussi le plaisir d'accompagner
l'arrivée d'une délégation brésilienne dans le but
de concrétiser un projet dans le secteur du patrimoine en partenariat
avec le Grand Lyon. Les différents cadres administratifs de Porto-Novo
ainsi que d'autres acteurs du développement local ont exprimé
leur quasi-fascination pour la méthodologie de travail
brésilienne jugée peu bureaucratique et plus dynamique, avec une
notion plus pratique que technique de la gestion ainsi que plus ouverte et
disposée à intégrer au projet la vision
béninoise.
Nous venons donc d'aborder quelques éléments qui
interagissent dans l'exercice de la gestion de projet entre les deux
territoires. L'extrême rationalisation des procédés et
l'approche technocratique ainsi que la transposition de modèles
préfabriqués d'organisation et de gestion est à prendre
avec précaution.
2.4. Les rapports d'évaluation : un reflet de
l'ethnocentrisme français
Des trois partenariats qu'entretient la ville de Porto-Novo,
deux, celui de la Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise et
celui du Grand Lyon ont déjà fait l'objet de rapports
d'évaluation. L'accord signé entre Porto-Novo et la ville de
Buchelay est trop récent pour justifier un rapport.
20 Fweley Diangitukwa « Migration internationales,
codéveloppement et coopération décentralisée
», Ed L'Harmattan, 2008, pag. 105-106
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 77/101
Sur les deux rapports d'évaluation qui font l'objet de
notre examen, le premier a été réalisé par le
CIEDEL de Lyon (Centre international d'étude pour le
développement local), il s'agit d'une évaluation provisoire sur
la dynamique de la coopération décentralisée entre
Porto-Novo et la Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise. Le
deuxième rapport concerne la coopération entre Porto-Novo et le
Grand Lyon et a été fait par l'ONG consultant en
développement F3E (Fonds pour la promotion des Etudes préalables,
des Etudes transversales et des Evaluations) basé à Paris.
Tout d'abord, ces deux rapports sont très complets au
niveau de la qualité et de la quantité d'information
collectée. En effet, ils représentent une source d'information
très riche et dressent un portrait général de la
coopération en abordant son contexte historique et institutionnel, ses
orientations, ses facteurs explicatifs, ses acteurs, etc.
En revanche, nous avons pu constater des erreurs
épistémologiques graves avec une démarche ethnocentrique
omniprésente. En effet, des formulations figurant dans ce rapport se
veulent factuelles avec un ton politiquement correct qui n'arrive pas à
cacher son contenu eurocentré voire méprisant à
l'égard de la réalité béninoise. C'est d'autant
plus étonnant sachant qu'il s'agit de deux rapports d'évaluation
produits par des organismes qui oeuvrent dans le secteur du
développement, et qui sont censés maîtriser les principes
de base de l'approche interculturelle, mais apparemment ils n'ont pas su faire
preuve d'altérité.
Or, selon Gervais, l'ethnocentrisme est « la tendance
à juger les autre en fonction de [sa culture] érigée en
modèle de référence 21». Ces rapports
sont un véritable défilé de propos ethnocentriques et qui
finissent par démontrer à quel point les autorités et les
cadres de la Mairie de Porto-Novo ne savent pas faire les choses aussi bien que
leurs chers homologues français.
21 Gervais dans Auraux 1990, citation extraite de :
Françoise Dufour, "Des rhétoriques coloniales à celles du
développement : archéologie discursive d'une dominance", Recueil
Alexandries, Collections Etudes, avril 2007, Thèse de Doctorat,
Université Paul Valéry - Montpellier III, Paul Siblot (Dir.) url
de référence:
http://www.reseau-terra.eu/article728.html.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 78/101
Au niveau des facteurs explicatifs et des raisons des
dysfonctionnements des dispositifs de gestion des projets, sur les deux
rapports qui font en tout plus de cent pages, toutes les raisons de ces
dysfonctionnements sont imputés systématiquement à la
gestion béninoise : il n'y a absolument aucun facteur explicatif
qui relève de la responsabilité des partenaires du Nord. En
effet, nous avons pu recenser dix huit facteurs explicatifs des
dysfonctionnements figurant dans le rapport dont dix huit sont imputés
à la gestion de la Mairie de Porto-Novo, c'est-à-dire la
totalité. Les rapports d'évaluation sur la gestion de projets de
coopération décentralisée soulèvent des
problèmes de gestion, de qualification du personnel, de réponse
aux engagements financiers, de délais excessifs dans la mise en place
des activités, etc... ces rapports parlent de « maux », de
« problèmes », d'« anomalies » liés au fait
qu'« il n'y a pas assez de réunions organisées »,
« absence de mobilisation et suivi des processus », «
information sur les projets non diffusée », « lenteur dans le
traitement de dossier », « faible appropriation des acteurs »,
« excès de centralisation dans la prise de décision »,
« léthargie dans l'exécution du programme », «
position hégémonique de la Direction de coopération
signifie un frein à la coopération », « mauvaise
circulation de l'information », « mauvais fonctionnement de
l'intercommunalité », « blocages politiques », «
faiblesse de moyens d'intervention », « faiblesse de moyens humains,
techniques et financiers », « dimension opérationnelle
chaotique », « circuits financiers confus », « peu
d'instance de concertation entre les deux partenaire », etc.
Nous avons choisi un extrait assez représentatif afin
de mieux illustrer nos propos et appuyer notre réflexion. « La
coopération décentralisée a souffert au Bénin de
plusieurs maux qui ont empêché son épanouissement.
L'absence d'un cadre institutionnel qui fédère les acteurs de la
coopération décentralisée autour d'une politique nationale
en la matière, le manque de personnel qualifié pour gérer
le partenariat au niveau des circonscriptions administratives et surtout la
très forte mobilité des acteurs ont longtemps constitué un
frein à ce type de partenariat 22».
22 « Etude d'évaluation portant sur le partenariat de
coopération Porto-Novo/Grand Lyon ». Rapport général
du f3e. Novembre 2009. Pag. N° 8.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 79/101
Il est flagrant de constater que dans ces rapports il y a une
absence totale d'autocritique ou de clarté d'esprit pour établir
une approche critique sur les facteurs qui affectent le bon déroulement
de la gestion de projets et qui sont liés aux méthodologies de
travail du Nord.
Cette situation frôle véritablement la
dérision quand il s'agit de citer les dysfonctionnements susceptibles
d'être imputés à la gestion du Nord,
systématiquement les erreurs commises au Nord sont nécessairement
forcées ou induites par une action du Sud. Voici un extrait qui illustre
bien ce cheminement dialectique : « Au Nord, si les acteurs
mobilisés sont globalement au courant de la dynamique de
coopération (information par la DRI), ils sont très souvent
handicapés par l'absence de feed-back sur ce qui se passe sur le terrain
et ont donc parfois du mal à suivre l'évolution des actions
engagées ». Nous avons trouvé quatre argumentations de
ce type et avec la même logique.
En dehors de ces deux rapports, nous avons pu constater que
cette démarche n'est pas une exclusivité de ces deux
évaluations. Nous avons trouvé la même rhétorique
ethnocentrique dans d'autres documents relatifs à l'aide au
développement, des documents destinés à servir d'appui
pour contribuer à la réflexion sur l'aide au développement
dans les zones rurales en Afrique notamment. L'extrait suivant est assez
édifiant et reflète bien cette problématique «
Les villes africaines ont des capacités réduites pour assurer les
nouvelles compétences liées à la décentralisation.
Elles manquent de moyens humains (personnel compétent), matériels
et financiers (capacité d'investissement et de fonctionnement). Les
structures municipales manquent de personnel (cadre technique) et d'élus
suffisamment formés et expérimentés pour mettre en oeuvre
de véritables politiques de la ville » 23
Ce texte aurait pu être écrit au milieu du XIX
siècle, il est imprégné d'une prétention de
vérité sur le développement et se place dans la
déplaisante position de « donneur de leçons ». Ce
discours méprisant dont les auteurs ne sauraient peut-être
même pas dire en quoi il est méprisant, alors qu'il s'agit des
acteurs de la coopération pour le développement, a
été extrait d'une publication dont le coordinateur d'ouvrage est
chef du Service de la coopération décentralisée du Grand
Lyon, partenaire privilégié de Porto-Novo.
23 Serge Allou, Philipe Di Loreto (coordinateurs) «
Coopération décentralisée au développement local
urbain en Afrique. Pratique en débat », Volume 1. Ed Gret
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 80/101
En marge de toutes ces affirmations débordantes de
complexe ethnocentrique, nous voudrions soulever une autre incohérence.
Les conclusions des évaluations sur les causes des dysfonctionnements et
des problèmes que rencontre la coopération
décentralisée à Porto-Novo reflètent le paradigme
peut-être le plus extraordinaire de la coopération
francobéninoise. Car si la ville de Porto-Novo disposait des dispositifs
opérationnels à la hauteur des besoins, de personnel
qualifié, d'un équipe municipale suffisamment nombreuse, d'un
respect infaillible des délais, des moyens économiques,
techniques et logistiques conséquents, alors Porto-Novo n'aurait pas
besoin d'aide au développement, ni d'appui institutionnel et nous ne
serions pas en train de parler de formation pour les élus ni
d'assainissement d'eau, nous serions probablement en train de parler de
coopération dans le domaine du nucléaire, et en ce cas, le
partenaire ne serait pas l'AFD mais AREVA. A titre d'analogie, les conclusions
de ces rapports équivalent à dire que le problème de
l'aide au développement c'est que les pays ne sont pas
développés, ou que le problème de la lutte contre la
pauvreté c'est que le gens pauvres n'ont pas d'argent.
Par ailleurs, le rapport d'évaluation de la
coopération entre Cergy-Pontoise et Porto-Novo a été
réalisé de la façon suivante : une première phase
de cadrage en Octobre, une phase d'entretiens en France du 8 au 24 novembre
(soit 16 jours) et une phase d'entretiens au Bénin du 29 au 11
décembre (soit 11jours). Autrement-dit, les évaluateurs en 11
jours ont réussi à appréhender suffisamment bien tous les
enjeux et la réalité du terrain pour parler avec autant de
certitude sur « ce qui ne va pas à Porto-Novo ».
Nous avons pu soulever un autre élément qui
jette un voile de soupçons sur l'honnêteté intellectuelle
des ces rapport. Ils entretiennent une relation bilatérale avec ses
commanditaires : les collectivités françaises. En effet, le choix
de ces deux évaluateurs a été fait au Nord, par le Nord et
apparemment pour le Nord aussi.
L'un des objectifs ultime de tout rapport d'évaluation
est d'éclaircir les sources et les raisons des problèmes au
niveau systémique, mais si un rapport travestit l'origine d'un
problème alors le rapport en question ne devient pas uniquement
stérile mais en plus contreproductif. Le discours contenu dans les
rapports d'évaluation et que nous avons dégagé ne fait que
contribuer à la persistance de stéréotypes sur le peuple
africain et à l'idée que le Nord est
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 81/101
bienveillant et sans faille, que les sommes allouées
sont bien investies et que s'il y a des problèmes c'est à cause
des béninois. Ils s'inscrivent dans un discours dépassé,
odieux et même dangereux, ils pérennisent l'idée d'une
sorte d'inefficacité inhérente aux africains. De plus, cela
participe, entre autre, à renforcer le sentiment chez les africains
qu'« ils ne savent pas faire bien les choses ».
Nous sommes conscients que les rédacteurs de ces
rapports n'ont eu nullement l'intention d'afficher une démarche
ethnocentrique, ni de s'inscrire dans un discours dégradant, cependant,
venant de la part de professionnels du développement cela paraît,
pour le moins, inadmissible.
3. Suggestions
Nous allons maintenant exposer quelques suggestions dans la
perspective d'avancer des possibles solutions ou d'apporter des pistes de
réflexion sur des dispositifs qui pourraient être mis en place
afin d'améliorer la complémentarité des
méthodologies de travail de deux territoires et d'harmoniser les visions
sur les attentes de la gestion d'un côté comme de l'autre du
partenariat.
Nous avons vu dans les chapitres IV et V le contexte, les
défis et les difficultés que rencontre la coopération
décentralisée à Porto-Novo. En s'appuyant sur ces constats
nous allons avancer des suggestions principalement sur l'organisation de la
gestion.
- Structurer l'organisation de la gestion à Porto-Novo
en fonction du domaine ou de groupes de domaines d'intervention (eau,
développement urbain, gestion déchets, etc.). En effet, il
s'agirait de regrouper les projets sous la responsabilité de
chefs/coordinateurs selon les secteurs quel que soit le partenariat à
l'origine de ces projets. Ils seraient sous tutelle du Service de
coopération décentralisée de la Mairie de Porto-Novo. Afin
de limiter la charge salariale de la Mairie et de rester réaliste sur sa
capacité d'investissement, le financement de ces postes pourrait
être tiré du budget global des programmes de
coopération.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 82/101
- Ces chefs/coordinateurs doivent maîtriser non
uniquement les systèmes de gestion de projet mais ils doivent disposer
d'éléments et des clefs d'interprétation afin de mieux
appréhender les enjeux de la coopération
décentralisée en termes d'altérité et de
multiculturalité. Il paraît important également que les
chefs/coordinateurs de projets soient capables de comprendre les enjeux d'un
territoire comme de l'autre afin d'éviter les incohérences
liées aux problèmes d'ethnocentrisme et d'approche
interculturelle.
Ce dispositif comporte plusieurs avantages. D'abord, il
permettrait une professionnalisation des gestionnaires avec une meilleure
connaissance des enjeux locaux liés à leurs secteurs de
développement. Egalement, ils développeraient une connaissance
plus accrue des acteurs institutionnels, privés ou de la
société civile liés aux domaines de coopération
dont ils ont la charge, ce qui entraînerait une concertation plus
importante entre les acteurs et une amélioration de la
transversalité des dossiers. Le contrôle, le suivi et
l'évaluation des projets dans un domaine précis reposerait sur la
même personne donnant une meilleure performance à cette
démarche.
En conclusion, nous pensons que ce dispositif permettrait
d'accroître la capacité de gestion de la Mairie ce qui permettrait
également de démultiplier les partenariats pour que Porto-Novo
puisse mieux canaliser en sa faveur les flux importants d'initiatives de
solidarité internationale, d'aide au développement et de
coopération internationale dont la population de Porto-Novo a tant
besoin.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 83/101
Problèmes rencontrés
Les problèmes que nous avons pu rencontrer tout au long de
la réalisation de ce travail ne sont pas nombreux.
Au niveau personnel :
- l'interruption de mon séjour au Bénin pour des
raisons de force majeure,
- les difficultés propres du processus d'accoutumance
à un environnement nouveau tels que l'adaptation aux habitudes
alimentaires,
- Des aspects liés à l'organisation quotidienne
dans un contexte dépaysant.
Au niveau professionnel :
- la perte accidentelle de données informatiques,
- le manque d'ouvrages et de ressources académique au
Bénin pour construire ce mémoire,
- le manque de disponibilité des documents relatifs
à la coopération décentralisée - le manque de
connexion internet.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 84/101
Conclusion
Au début de ce travail, nous avons parlé de la
notion de « rencontre de territoires » comme grille d'analyse qui
nous permettrait de mieux illustrer l'idée de confrontation culturelle
qui s'articule dans le cadre de tout accord de coopération
décentralisée. Nous avons articulé nos réflexions
sur ce que nous paraît être le Talon d'Achille de la
coopération décentralisée. Nous l'avons gardé comme
angle d'approche pour aborder les éléments essentiels et pour
traiter les pratiques et les difficultés que rencontre la
coopération décentralisée à Porto-Novo.
Notre questionnement principal, sur lequel nous avons
développé ce travail, était le suivant : En s'appuyant sur
la notion de rencontre de territoires comme angle d'approche, le Service de
coopération décentralisée de la Mairie de Porto-Novo
est-il doté des dispositifs opérationnels appropriés pour
la gestion des projets de coopération décentralisée ?
Quels sont les enjeux en termes d'altérité qui se posent dans le
cadre de la coopération décentralisée Nord-Sud ?
Notre hypothèse était la suivante : La Mairie de
Porto-Novo a une capacité de gestion en constante évolution par
rapport aux nécessités de la gestion locale. Toutefois, les
dispositifs opérationnels destinés à la gestion de projets
de coopération décentralisée sont insuffisants car ils
manquent des moyens humains, techniques et financiers. Cette première
hypothèse comporte une sous hypothèse : les dispositifs
opérationnels destinés à la gestion de projets de
coopération décentralisée de la Mairie de Porto-Novo sont
insuffisants à l'égard des standards de gestion et des
méthodologies de travail établis par les partenaires du Nord.
Cette hypothèse et cette sous-hypothèse ont pu
être confirmées, cependant nos conclusions ne sont pas
catégoriques, elles sont au contraire très nuancées.
En commerçant par la sous-hypothèse, la question
est de savoir selon quel critère et sur quelle référence
nous basons-nous pour estimer la capacité de gestion de la Mairie de
Porto-Novo ? D'un côté, selon les standards et les
méthodologies de travail du Nord, et en se servant de ces
critères, la conclusion serait qu'en effet les dispositifs de gestion de
la Mairie de Porto-Novo se trouvent en-dessous de leurs besoins de gestion pour
gérer simultanément l'ensemble de projets dans le cadre de ces
partenariats.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 85/101
Au niveau des moyens humains, il nous apparaît que la
capacité de travail du Service de coopération
décentralisée n'est pas suffisante pour gérer le volume de
projets, d'autant plus que ses cadres ne disposent pas de ligne
téléphonique ou d'Internet dans leur lieu de travail.
Au niveau technique, nous avons vu que les outils de gestion,
tel que la GCP, ne sont pas employés. La ville de Porto-Novo n'a pas
aménagé de stratégie de coopération
décentralisée et ne dispose pas de techniciens pour
déployer une capacité d'expertise sur des domaines tels que la
santé, l'aménagement du territoire, l'environnement, etc. La
Mairie ne dispose pas non plus d'un système d'accompagnement des
collectivités aussi complet que celui de la France.
Nous avons vu dans la partie 2 du chapitre V que les
dispositifs d'évaluation répondent à un système
d'organisation basé sur la rationalisation des procédés,
sur l'approche technocratique et sur la planification par objectifs, en
privilégiant une approche gestionnaire ajustée à des
facteurs quantifiables. Il s'agit d'une projection d'un système de
pensée et d'une certaine configuration idéologique dont la
pertinence n'est pas universelle.
Enfin, les enjeux en termes d'altérité qui se
posent dans le cadre de la coopération décentralisée
Nord-Sud ne sont pas dissociables des éléments que nous venons de
citer. Ils sont liés à la prédominance de l'ethnocentrisme
qui se situe quasiment sur tous les aspects d'un partenariat Nord-Sud.
Toutefois, tous ces éléments que nous venons de voir
obéissent à un constat et s'inscrivent dans la tendance
idéologique civilisationnelle qui a marqué l'époque
contemporaine et qui veut que le développement socio-économique
des sociétés humaines obéit à une logique de chemin
d'évolution unilinéaire qui positionne le partenaire du Sud dans
une étape en dessous de celle du Nord et qu'en conséquence
celui-ci possède la clef et la recette à portée
universelle du développement économique ; il ne resterait plus
qu'à appliquer cette recette avec une approche et une démarche
technocratique. Cette idéologie est prédominante tant dans le Sud
que dans le Nord.
Nous sommes profondément convaincus que le défi
ultime de la coopération décentralisée est de s'affranchir
de ce modèle. L'hégémonie de ce système de
pensée est devenue un véritable filtre cognitif conditionnant
notre rapport au monde ainsi que nos relations interculturelles.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 86/101
« La coopération décentralisée
ne doit pas être un nouvel outil d'affaiblissement de pays du Sud, ils ne
doivent pas devenir des écoutant dociles de la politique des
collectivités territoriales du Nord, car il existe un risque de
neo-colonislisme, elle doit être à l' origine de
l'émergence d'un projet global de société internationale
qui privilégiera les identités et les cultures des peuples en
construisant des solidarités nationales transversales
»24... « ...et nouvelles »,
rajouterions-nous.
24 Fweley Diangitukwa « Migration
internationales, codéveloppement et coopération
décentralisée », Ed L'Harmattan, 2008, Pag. 114
Bibliographie
La bibliographie suivante a été organisée en
fonction des thématiques abordées.
Sur Porto -Novo :
- Rapport provisoire du CIEDEL Centre international
d'études pour le développement local « Evaluation de la
coopération décentralisée entre la Communauté
d'Agglomération de Cergy-Pontoise et la ville de
Porto-Novo », Janvier 2011.
- Mamadou Sembene et Ousmane Orou-Toko, « Etude
d'évaluation portant sur le partenariat de coopération
Porto-Novo/Grand Lyon et Lyon », F3E, Novembre 2009.
- DJOSSOU Mahouton Marius Elvis, 2009, « Evaluation des
projets de coopération d'eau, d'hygiène et d'assainissement par
l'intermédiation des O.N.G depuis
l'avènement de la décentralisation : cas des PADEAR
GTZ dans la Commune de Sème-Podji », MICP, sous la Direction de
Kotlok Nathalie. Laboratoire Migrinter. Université de Poitiers, p.16.
- Document de Convention Générale de
coopération Communauté d'Agglomération de
Mantes-en-Yvelines, la ville de Porto-Novo et la ville de Buchelay.
Programme-cadre pluriannuel 2011-2013. [document incomplet non daté]
- Document de Convention Générale de
coopération Communauté d'Agglomération de
Mantes-en-Yvelines, la ville de Porto-Novo et la ville de
Buchelay. [document incomplet non daté]
- Document de convention spécifique : renforcement des
capacités de gestion de la ville de Porto Novo en matière de
développement urbain, signée entre la Ville de Porto-Novo,
l'Association Française des Volontaires du Progrès et la
Communauté d'agglomération de Cergy-Pontoise. [document incomplet
non daté]
- Alpha et Oméga environnement, «
Résumé - Plan de Développement Municipal 2005- 2009 de la
ville de Porto-Novo, République du Bénin », mars 2005.
- Arrête municipal portant organisation, attributions et
fonctionnement des services de la Mairie de Porto-Novo, N° 010/SG-SRH,
République du Bénin, Département de l'Ouémé,
ville de Porto-Novo, 2009.
- Ambassade de France au Bénin :
http://www.ambafrance-bj.org/spip.php?article276
- Association des Béninois de Québec :
http://www.abq-qc.com/benin/histoire.php
- Site officiel de la ville de Porto-Novo
www.villedeportonovo.com
- Site
www.ocde.org
- Site
www.imf.org
- Site de Nations Unies
www.un.org
- Site du Ministère des affaires étrangères
www.diplomatie.gouv.fr et
http://cncd.diplomatie.gouv.fr
- Site de l'Institut national de la statistique et des
études économiques
www.insee.fr
Sur la coopération décentralisée et
l'aide au développement:
- Marie-José Tulard « La coopération
décentralisée »
- Franck Petiteville, « La coopération
décentralisée. Les collectivités locales dans la
coopération Nord-Sud ». Collection Logiques
politiques. Ed L'Harmattan, 1995.
- « Coopération décentralisée :
acteurs, pratiques, procédures. Guide d'information d'appui aux
initiatives des collectivités territoriales », Ministère des
affaires étrangères, édition du Gret.
- « Guide de la coopération
décentralisée, échanges et partenariats internationaux des
collectivités territoriales », La documentation Française,
2ème édition, 2006.
- César Noizet ; sous la dir. de Jean-Claude
Némery « Coopération décentralisée et
développement local [Texte imprimé] : les institutions et les
structures juridiques au service des politiques de développement local
». / [S.l.] : [s.n.] 2002.
- Giovalucchi Français et Olivier de Sardan Jean-Pierre,
« Planification, gestion et
politique dans l'aide au développement : Le cadre
logique, outil et miroir des
développeurs », Revue Tiers Monde, 2009/2
n°198, p.383-406.DOI :
10.3917/rtm.198.0383
- Alain Marie, « La coopération
décentralisée et ses paradoxes », Ed Karthalia, 2009.
- Gilles Carbonnier, « L'aide au développement une
fois de plus sous le feu de la critique », Revue internationale de
politique de développement [En ligne], 1 | 2010, mis en ligne le 11
mars 2010. URL :
http://poldev.revues.org/122
; DOI : 10.4000/poldev.122
- Françoise Dufour, "Des rhétoriques coloniales
à celles du développement : archéologie discursive d'une
dominance", Recueil Alexandries, Collections Etudes,
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 89/101
avril 2007, Thèse de Doctorat, Université Paul
Valéry - Montpellier III, Paul Siblot (Dir.) url de
référence:
http://www.reseau-terra.eu/article728.html.
- « Premières Assises de la Coopération
Décentralisée entre l France et le Bénin », Cotonou
Octobre 2010. Publié par le Ministère de la
Décentralisation, de la Gouvernance Locale, de l'Administration et de
l'Aménagement du Territoire.
- Fweley Diangitukwa « Migration internationales,
codéveloppement et coopération décentralisée
», Ed L'Harmattan, 2008.
- Giovalucchi Français et Olivier de Sardan
Jean-Pierre, « Planification, gestion et politique dans l'aide au
développement : Le cadre logique, outil et miroir des
développeurs », Revue Tiers Monde, 2009/2 n°198, p.383-406.DOI
: 10.3917/rtm.198.0383
Autres :
- Sebastian Peña Marin, « L'identité
cosmopolitique », MICP, sous la Direction de Mme Marie-Antoinette Hily et
M. Yann Scioldo-Zürcher Laboratoire Migrinter. Université de
Poitiers.
- Compte rendu du 29 Mars 2011 du Conseil de la Communauté
d'Agglomération de Mantes-en-Yvelines.
- Le Robert, « Dictionnaire de la langue française
», Ed Club France loisirs, 1994.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 90/101
Annexes
Grille d'entretien étude
I. Destinées aux représentants de la Mairie
de PN
Identification
Nom : Prénom :
1- Quel est votre poste au sein de la Mairie ?
2- Depuis combien de temps travaillez-vous à la Marie ?
a) Entre 1 et 3 ans
b) Entre 3 et 6 ans
c) Entre 6 et 10 ans
d) Plus de 10 ans
3- Quel poste ou niveau de responsabilité qu'occupez-vous
dans le cadre de la coopération décentralisée entre la
Mairie de Porto-Novo et nos quatre partenaires du Nord (CACP, GL, CAMY et
Buchelais) ?
4- Depuis combien de temps qu'occupez-vous ce poste ?
a) Entre 1 et 3 ans
b) Entre 3 et 6 ans
c) Entre 6 et 10 ans
d) Plus de 10 ans
5- Ce poste que vous occupez existe-il depuis combien de temps
?
a) Entre 1 et 3 ans
b) Entre 3 et 6 ans
c) Entre 6 et 10 ans
d) Plus de 10 ans
6- Quel est votre niveau d'étude ?
a) Niveau Bac
b) Bac+2
c) Bac+3
d) Bac+5
e) Autre :
7- Qu'est-ce que vous faisiez avant ? Au sein de quel organisme
ou entreprise travailliez-vous avant d'intégrer la Mairie de PN ?
8- Votre niveau de connaissance de la France de façon
générale est dû à : votre cadre professionnel,
possession d'une double nationalité, long séjours en tant
qu'étudiant ou travailleur, participation à des programme
d'échanges, visite touristique, etc ?
9- Comment avez-vous acquis votre niveau de connaissance de
l'organisation administrative française ? (par les rapports historiques,
par expérience personnels, par expérience professionnelles, par
connaissance académiques, grâce aux échanges, etc)
10- Quel est le moyen de communication le plus utilisé
pour maintenir le contact avec les partenaires du nord? (internet, emails,
appels téléphoniques, etc)
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 91/101
11- Avec quelle fréquence ou régularité
communiquez-vous avec vos partenaires ou les responsables municipaux du Nord
?
12- Les problèmes techniques qui persistent dans les
locaux de la Mairie tels que le manque de téléphone, les coupures
d'électricité fréquentes et les problèmes connexion
internet, ralentissent-ils votre travail ?
13- Les rapports d'évaluation soulèvent
plusieurs anomalies dans la gestion de projets (par exemple, dans mise en place
de la mission de tourisme, coopdec GL). Dans quelle mesure la politique de
votre service cherche à résoudre ces disfonctionnements ?
14- Quels sont pour vous les risques que comporte la
persistance de ces disfonctionnements ? Pensez-vous que la persistance de ces
disfonctionnements pourrait à long terme mettre en péril la
pérennité de ces partenariats ou l'incorporation des nouveau
bailleurs? (exemple de bailleur AFD pour développement touristique pas
mis en place car bcp de défaillances avec la Mission tourisme, la VUCP a
du payé/ non participation au salon du tourisme de Lyon /
difficulté à attirer des operateurs de tourisme)
15- Quel est le modèle de gestion de cycle de projets
que vous avez mis en place ? (modèle selon la norme par exemple ?
Programmation, Identification, Instruction, Financement, Mise en oeuvre,
Evaluation)
16- Quel est le choix stratégique en termes de coopdec
pour la ville de PN?
17- En regardant les différents documents et rapport
d'évaluation des accords de coopération j'ai pu constater que la
plupart des projets mis en oeuvre se centrent sur le développement
urbain. Pour quoi ce choix ? Pour quelle raison pensez-vous que les projets de
coopération priorisent certains domaines plus que d'autres ? (Par
exemple prioriser le développement urbain sur l'appui institutionnel)
18- En quelle mesure cette stratégie répond-elle
aux impératifs fixés par le Plan de développement
municipal de la ville de Porto-Novo ? (au niveau de la phase de programmation
de projets par exemple)
19- Quelles sont les principales difficultés que vous
rencontrez dans les différentes étapes de la gestion des projets
?
20- Les projets issus des accords de coopération sont
très nombreux. Pensez-vous que le nombre de salariés et de
personnel désigné pour la Mairie est suffisant pour gérer
l'ensemble de projets de coopération ?
21- On m'a communiqué que la Mairie de PN comptait
signer des nouveaux accords de coopdec avec la ville de Lise. Dans quelle
mesure la multiplication des accords de coopération
décentralisée est-elle suivie d'un accroissement du nombre de
salariés affectés à leur gestion ?
22- Pensez-vous que les projets issus des accords de
coopération décentralisée sont bénéfiques
pour la communauté portonovienne ?
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 92/101
Questionnaire
Note : plusieurs réponses par question sont possibles.
1. Quel est votre poste au sein de votre Mairie ou CA ?
a) Directeur de service
b) Responsable/chef de service
c) Assistant
d) Autre :
2. Depuis combien de temps travaillez-vous à la Marie ?
a) Entre 1 et 3 ans
b) Entre 4 et 6 ans
c) Entre 7 et 10 ans
d) Plus de 10 ans
3. Quel poste ou niveau de responsabilité qu'occupez-vous
dans le cadre de la coopération décentralisée entre votre
CA et la Mairie de Porto-Novo ?
R :
4. Depuis combien de temps occupez-vous ce poste ?
a) Entre 1 et 3 ans
b) Entre 4 et 6 ans
c) Entre 7 et 10 ans
d) Plus de 10 ans
5. Qu'est-ce que vous faisiez avant de travailler pour la
Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise ? Au sein de quel
organisme ou entreprise travailliez-vous ?
R:
6. Quel est votre niveau d'étude ?
a) Bac
b) Bac +2
c) Bac +3
d) Bac+5
e) Autre :
7. Quel est l'intitulé de votre diplôme ? R :
8. Votre rapport avec le Bénin est-il issu de l'une des
situations suivantes?
a) Vous êtes franco-béninois
b) Vous avez effectué un ou plusieurs longs
séjours au Bénin
c) Vous avez effectué un ou plusieurs courts
séjours au Bénin
d) Vous n'avez jamais été au Bénin
8b. Dans quel contexte s'inscrit votre lien avec le Bénin?
(répondre uniquement si vous êtes dans le cas « b » ou
« c » de la question N°8)
a) En tant qu'étudiant
b) Dans le cadre d'un stage
c) Cadre professionnel
d) Participation à des programmes d'échange
e) Autre :
9. Quel est votre niveau général de connaissance du
Bénin ?
a) Une connaissance large et approfondie sur la
réalité socioéconomique, socioculturelle et sociopolitique
du Bénin.
b) Une connaissance qui relève plutôt de la culture
générale mais qui s'approfondit avec les années
grâce aux liens crées par la coopération
décentralisée.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 93/101
c)
Une connaissance issue de votre expérience professionnelle
et qui s'approfondit avec les années grâce aux liens crées
par la coopération décentralisée.
d) Une connaissance plutôt superficielle
e) Autre :
10. Combien de personnes au sein de votre Mairie ou de la
Communauté d'Agglomération de Cergy-Pontoise sont
affectées directement ou indirectement à la gestion des projets
de coopération décentralisée avec la ville de
Porto-Novo?
a) Entre 1 et 2
b) Entre 3 et 5
c) Plus de 6
d) Autre :
11. Pour quelle raison la CACP a-elle choisi Porto-Novo comme
partenaire pour la coopération décentralisée ?
a) Par une ordonnance venant d'une instance institutionnelle
supérieure (ministère, ordonnance préfectorale,
gouvernement, etc)
b) Pour répondre à une volonté ou
nécessité exprimée par la société civile de
votre circonscription (une association 1901, la diaspora béninoise, ONG,
etc)
c) Suite à une expérience professionnelle ou
personnelle au Bénin d'un fonctionnaire de votre institution
d) En réponse à une demande venant directement des
autorités de la ville de PN
e) Autre :
12. Dans le cadre des accords de coopération
décentralisée entre la CACP et la Mairie de Porto-Novo il existe
plusieurs projets qui agissent sur des domaines très différents
(assainissement d'eaux, aménagement urbain, formation, etc). Comment
avezvous établi ces orientations et ces priorités pour les
projets de coopération décentralisée avec la ville de
Porto-Novo ?
a) Selon le document stratégique de la CACP
b) Selon des impératifs fixés par la Mairie de PN
(Ex. Plan de Développement Municipal)
c) Suite à des discutions menées en commun avec
des représentants de la Mairie de PN
d) Selon les objectifs de développement et de lutte
contre la pauvreté fixés par un organisme international
e) Autre :
13. Dans ce partenariat, parvenez-vous à atteindre les
objectifs fixés dans le cahier des charges de la coopération
décentralisée de votre Mairie ou de la CACP?
a) Oui, pleinement
b) Oui, mais avec beaucoup de difficultés
c) Non, ce partenariat est devenu gênant pour votre
gestion
d) Pas pour l'instant mais vous restez confiant pour l'avenir
e) Autre :
14. La Mairie de PN connait parfois des retards dans
l'application des calendriers des projets et dans l'exécution des
engagements financiers, ces retards entrainent-ils des complications
vis-à-vis de votre propre calendrier ?
a) Non ou rarement
b) Oui, ca arrive
c) Oui, très fréquemment
d) Non car chaque partenaire gère son propre
calendrier
e) Oui, mais ces retards concernent les deux parties du
partenariat et ils s'inscrivent dans la dynamique propre de ce type de
coopération.
15. Les rapports d'évaluation soulèvent
plusieurs anomalies dans la gestion de projets tels que les problèmes de
suivi-évaluation et de coordination. Dans quelle mesure la politique de
votre institution ou organisme cherche-t-elle à résoudre ces
disfonctionnements ?
R :
16. Pensez-vous que la persistance de ces disfonctionnement
pourrait à long terme mettre en péril la pérennité
de ce partenariat ?
a) Oui
b) Non
c) C'est une possibilité assez probable et
dépendra de l'évolution du partenariat
d) C'est une possibilité peu probable mais
dépendra de l'évolution du partenariat
17. Quelle est la principale difficulté que vous
rencontrez dans les la gestion des projets de coopération ? R :
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 94/101
Entretien étude comparatif coopération
décentralisée à PN
II. Destinées aux représentants
institutionnels de la Mairie de PN :
Identification
Nom : Houenoude
Prénom : Didier
Organisme/établissement : Maison du patrimoine et du
territoire
Destinées aux parties prenantes de la
société civile à PN :
Quel est votre poste au sein de la Maison du patrimoine ?
Coordinateur
Depuis combien de temps occupez-vous ce poste ?
Depuis la création de la maison du patrimoine, en 2009.
a)Entre 1 et 3 ans
Qu'est-ce c'est la mission de la Maison du patrimoine
?
C'est un outil qui a été mis en place
à la Mairie de Porto Novo, en partenariat avec le Grand Lyon «
Villes unies contre la pauvreté » : le bâtiment a
été restauré avec leur soutien, et avec le soutien de
l'école du Patrimoine. Ses trois missions sont : la sauvegarde et la
protection du patrimoine, la gestion du patrimoine, et la mise en valeur de ce
patrimoine.
Il y a également un pôle tourisme, dont la
mission est de concevoir des produits touristiques à la destination des
personnes qui viennent à Porto-Novo, et de définir des
stratégies pour dynamiser le tourisme de Porto-Novo. Une salle au
1er étage du bâtiment a été mise en
concession : c'est un privé, mais elle peut être
libérée pour des expositions temporaires, avec des artistes de
Porto-Novo ou avec d'autres partenaires : peinture, art contemporain,
photographie, etc... Par exemple on a organisé au mois de février
une exposition photographique en partenariat avec l'ambassade du Brésil,
sur les échanges épistolaires des familles
afro-brésiliennes ici au Bénin, au Nigeria, Ghana et au
Brésil. L'office du tourisme doit permettre de pouvoir mieux
connaître et de mieux « vendre » la destination. On
s'aperçoit par exemple que les Nigérians, qui sont juste à
côté, ne connaissent pas Porto-Novo : ils traversent seulement la
ville pour aller à Cotonou ou à Grapopo. On voudrait pouvoir au
moins capter ce flux, attirer la clientèle Nigériane qui est
juste à côté. On voudrait également capter la
clientèle Béninoise : les gens de Cotonou ne connaissent pas
Porto-Novo, qui est pourtant la capitale du Bénin. Il faut donc
développer le tourisme des béninois, puis le tourisme
international.
Ca fonctionne donc comme une sorte de centre culturel
?
Oui, parce qu'on s'est dit que les gens souvent le
patrimoine. Nous on ne voulait pas de ça. On voulait que le centre vive.
C'est pour ça qu'on associe des plasticiens contemporains, avec qui on
travaille beaucoup. On a également organisé avec l'ambassade du
Brésil des cours de Portugais, qui sont donnés tous les mercredis
à partir de 17h. Il sont ouverts à tout le monde. Tous les 1ers
mercredi du mois il y a également des projections de films
brésiliens, suivis par des débats.
Et tout ça fonctionne en coopération
avec une mairie brésilienne ou le ministère de la culture
brésilienne? Non, c'est né d'une discussion avec le
chargé de la culture à l'ambassade brésilienne. Il en a
manifesté le désir, d'abord pour les familles
afro-brésiliennes qui voulaient apprendre la langue portugaise. On a
donc initié cette redécouverte de la culture brésilienne,
avec le professeur qui nous avait été envoyé. C'est
destiné aux PortoNoviens, mais également à tous ceux qui
vivent à Porto-Novo. Mais on agit dans une optique de
développement avec une autre ville brésilienne.
Présentement, on est en train de nouer des contacts avec la ville de
Fortalesa, dont une délégation arrive lundi prochain à
Porto-Novo. Au départ, c'est une démarche de la Maison du
Patrimoine, mais la Mairie s'est impliquée, parce que la ville de
Fortalesa est en coopération avec le Grand Lyon, et il se trouve que
Porto-Novo est en coopération avec le Grand Lyon également. Donc
on a décidé de monter une coopération tri-partite.
C'était l'objet de ma mission et de mon voyage dernièrement avec
le Maire et le DPDC à Lyon. On a rencontré un émissaire de
Fortalesa là-bas, pour essayer d'asseoir un peu plus la
coopération. Et c'est en retour qu'une délégation de
Fortalesa va venir à Porto Novo pour qu'on puisse mieux définir
le partenariat. Mais également surtout parce qu'on est en train de
travailler sur un projet tripartite Porto-Novo-Fortalesa-Lyon.
Combien de personnes travaillent actuellement à la
Maison du Patrimoine ?
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 95/101
Il y a 5 agents, mais on reçoit également
régulièrement des stagiaires : présentement on en a 3 qui
nous sont envoyés par les écoles, les universités de la
place. On reçoit également des stagiaires qui viennent d'europe.
En début d'année on eu pendant un mois un étudiant qui
venait de Lyon, et l'année dernière on a reçu pendant 2
mois une étudiante de l'école du Louvres à Paris. Avec les
écoles d'ici ce sont des stages qui durent parfois 2 à 3
mois.
Quel est votre lien avec la Mairie de Porto-Novo ou dans
quel cadre travaillez-vous avec la Maire ?
On dépend de la mairie de Porto-Novo : toute la
gestion passe par la Mairie. On dépend directement du Cabinet du Maire,
car la Maison du Patrimoine était un projet de la Mairie. Et très
bientôt, avant le début de l'année prochaine, la Maison du
Patrimoine va se retrouver dans l'organigramme de la Mairie : elle va devenir
la Direction de la Culture, du Patrimoine et du Toursime.
Qu'est-ce qui a déclenché cette
évolution du statut de la Maison du Patrimoine ?
C'est dû à l'état des lieux de la
Culture à Porto-Novo. Parce qu'au départ la Maison du Patrimoine
devait se consacrer exclusivement au Patrimoine et au Tourisme, et on s'est
rendu compte que ce n'était pas suffisant. Les partenaires avec qui on
travaille se sont mis à nous proposer des projets culturels. La Maison
du Patrimoine s'est peu à peu ouverte à ces questions, et c'est
devenu pratiquement un organisme qui travaille plus sur la Culture. Bien
sûr il existe un département Culture (... ) des services de la
population. Mais on s'est rendu compte que c'est la Maison du Patrimoine, en
partenariat avec le CEMAC, qui s'occupait le plus de la Culture dans la ville
de Porto-Novo. Donc il y a eu des discussions avec des partenaires qui ont
trouvé qu'il fallait absolument que la question de la culture soit
traitée. Donc au cours d'une discussion avec les différents
directeurs de la Mairie, il a été décidé que le
« bâton »(... ) de la culture allait revenir à la Maison
du Patrimoine.
Et cette évolution se fait-elle aussi dans le
cadre de la coopération avec d'autres villes? Bucheley ? Cergy Pontoise
?
Cergy Pontoise surtout : un nouvel axe de coopération
a été défini avec Cergy Pointoise : la culture, le
patrimoine et le tourisme. Ils souhaitaient donc que la Maison du Patrimoine
soit confortée dans ce rôle.
Quel a été votre rôle dans la mise en
fonctionnement de la Maison du patrimoine et du tourisme ?
J'avais travaillé depuis 2001-2002 avec
l'école du Patrimoine sur un projet de réhabilitation de la ville
de Porto-Novo. Dans ce projet, on avait suggéré la
création d'une Maison du Patrimoine. Ensuite, je suis parti quelques
années, et à mon retour la Maison avait été
restaurée. Elle n'était pas encore fonctionnelle, et on m'a
proposé de la diriger.
La Maison appartient à une famille, qui a donné
un bail à la Mairie, je pense sur 15 ans. Au terme de ces 15
années, la famille pourra récupérer la Maison.
Quelles difficultés rencontrez-vous actuellement
au niveau de la gestion de la Maison du patrimoine ?
Les difficultés majeures qu'on rencontre sont
liées aux subventions : la Mairie devrait subventionner la Maison du
Patrimoine, mais c'est difficile de les obtenir. On n'est pas assez
présents dans le budget, parce que les gens ne comprennent pas vraiment
les enjeux culturels et patrimoniaux de la ville de Porto-Novo. Pour eux,
même quand on envoie un budget, les personnes qui devraient l'inscrire ne
le font pas, on donne juste quelques miettes, car ils considèrent que la
culture, ce n'est pas important. Ce qui est dommage. Les priorités c'est
surtout les constructions de bois... C'est le plus gros problème qu'on
a. Même l'année passée, lorsqu'il s'est agi de fêter
le cinquantenaire de la création du Bénin, on a axé plus
les travaux sur des aménagements de voie et tout ça. On s'est
rendu compte après qu'il n'y avait pas de manifestations culturelles. Ca
c'est le problème majeure : beaucoup de gens, surtout au niveau des
finances, ne comprennent pas les enjeux culturels de la ville, pensent que la
Maison du Patrimoine n'a pas besoin d'être financée.
Vous rencontrez ces problèmes même si vous
êtes directement rattaché au Cabinet du Maire ? Oui,
obtenir des financements c'est très difficile. C'est un parcours du
combattant.
Le budget de la Maison du Patrimoine est-il stable ou
est-ce qu'il varie ?
Il y a une ligne budgétaire fixe qui avait
été votée, et qui devait permettre de faire des mesures de
sauvegarde pour certaines maisons. Mais il y a aussi des lignes qui ne sont pas
du tout stables. Il existe des lignes sur lesquelles on peut essayer de
piocher.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 96/101
Avez-vous un contact régulier avec les
autorités municipales ? Si tel est le cas, avec quelle direction ou
service de la Mairie ? Comment qualifierez-vous la participation de la Mairie
dans le processus de mise en oeuvre ou gestion du projet ? (satisfaisante,
à améliorer, ...)
Avec l'AIMF, il y a un contact qu'on est en train
d'essayer de développer. Ils sont très intéressés
par le travail que la Maison du Patrimoine peut faire. Ils ont lancé un
projet qui s'appelle « Patrimoine culturel et développement local
», et plusieurs fois ils ont invité le maire à venir les
rencontrer, les rencontres ce situaient dans différents pays, et le
Maire ne s'est jamais présenté.
Ca signifie qu'il y a un problème de
défaillance d'implication de la Mairie en général
?
Oui, on ne sent pas une implication forte de la Mairie.
Les autorités municipales disent qu'elles s'occupent du patrimoine, mais
on ne les voit pas là où il faut. Par exemple dans le cadre
l'AIMF, une formation devait être organisée au Bénin, et au
départ à Porto-Novo. Il se trouve qu'avant cela il y avait une
rencontre à Prai... au Cap Vert, et le Maire de Porto-Novo n'y est pas
allé. C'est le Maire de Aboméy qui y est allé. Et la
formation s'est finalement organisée en retour à Abomey. Il y a
une autre formation qui doit maintenant se dérouler à Grabasam en
Côté d'Ivoire, et le Maire de Porto-Novo a été
invité personnellement par le Maire de Grabasam, mais il n'a toujours
pas envoyé de dossier de candidature. Moi j'en ai envoyé un, mais
pas lui. Il n'a pas répondu au mail, et le dossier de Porto-Novo n'a pas
été accepté. Donc les gens de l'AIMF sont un peu
déçus de ne pas sentir vraiment un appui au niveau de la
Mairie.
Est-ce que vous dépendez d'une direction de la
Mairie en particulier ?
Non, on dépend directement du Maire, puisque la Maison
du Patrimoine est considérée comme une Direction.
Le changement de statut annoncé va-t-il vous
permettre d'être plus indépendants dans la gestion ?
Ca ne changera pas grand chose sur l'implication, mais
peut-être que ça nous permettra d'avoir un budget un peu plus
consistant, d'avoir plus facilement du matériel de travail, du
matériel de bureautique, car on sera réellement une
direction.
On a aussi un problème de ressources humaines
compétentes. On a besoin de plus de personnes. Parmi les 5 personnes qui
sont là à la Maison du Patrimoine, il y a un agent d'entretien,
et un agent de liaison. Les 3 autres, dont je fais partie : un assistant pour
le patrimoine et un assistant pour le tourisme. C'est largement insuffisant,
parce qu'il faut être à la fois sur le terrain pour voir les
maisons, voir dans quel état elles sont, et travailler sur le plan
technique à la Maison du Patrimoine, gérer les rendez-vous. On
manque de techniciens, et d'une secrétaire pour gérer tout le
travail administratif : c'est nous qui le faisons, et c'est épuisant, et
le rendement baisse.
Quand la Maison du Patrimoine a été mise
en place en 2009, l'organisme a été placé sous
l'autorité de la Mairie et de la communauté
d'agglomération de l'Ouémé. L'un était
chargé du financement et l'autre de l'embauche. Quand il y a eu des
problèmes politiques entre ces deux institutions, cela a
entraîné des problèmes de financement de la Maison du
Patrimoine ?
Oui, ce qui s'est passé exactement, c'est que
l'argent qui avait servi à restaurer la Maison du Patrimoine n'a pas
été entièrement, et ce qui restait devait être
versé sur le compte de la Maison du Patrimoine et du Tourisme. Mais
à l'époque la présidence de la communauté de
communes de l'Ouémé était assurée par la ville
d'Adjara, on était allés la voir plusieurs fois pour lui dire de
reverser sur le compte l'argent restant. Mais il s'est avéré
qu'il y avait des problèmes de justifications de certaines
dépenses. Donc ça avait été difficile. Il est vrai
qu'après, on a pu avoir par 2 fois des versements sur notre compte, mais
il reste des sommes qui n'ont pas été versées. On attend
toujours. Ce n'est pas encore complètement résolu.
Est-ce que ça entraîne des retards au
niveau du paiement du salaire, ou des frais de structure de la Maison du
Patrimoine ?
Le paiement des salaires se faisait en effet sur ce
compte-là. Mais comme pendant 7 mois les agents de la Maison du
Patrimoine avaient travaillé sans être payés, un nouvel
accord a été trouvé avec la Mairie : elle a repris tous
les agents de la Maison du Patrimoine sur son budget. Les salaires sont
maintenant payés par la Mairie de Porto-Novo. Et certains des
matériels qui ont été acquis depuis par la Maison du
Patrimoine ont été payés sur le budget de la Mairie de
Porto-Novo, et cela doit être remboursé. L'argent qu'on a
reçu ensuite a donc permis de payer certains prestataires qui
étaient en instance de paiement depuis fort longtemps. Certains doivent
encore être payés avec ce qui reste encore à
verser.
Avez-vous un rôle à jouer, en tant que
Maison du Patrimoine, dans la fixation des objectifs dans le cadre des
convention de coopération décentralisée ?
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 97/101
Pas vraiment, mais il faut dire que l'année
dernière, lorsque le Grand Lyon a fait le bilan de la coopération
avec Porto-Novo, on avait envoyé ce qu'on prévoyait, ...quelques
idées qu'on souhaitait développer. Et l'année
dernière j'ai été à Cergy Pointoise, pour faire une
conférence à l'université, pour montrer un peu le travail
qui est fait à la Maison du Patrimoine. Je pense qu'ils en ont tenu
compte pour élaborer la nouvelle convention de coopération.
J'étais même présent également lorsqu'ils ont fait
le bilan de la coopération entre Cergy-Pontoise et Porto-Novo. Donc il
semble que la Maison du Patrimoine est en train de prendre de plus en plus un
rôle important dans la coopération avec le Grand Lyon et avec
Cergy Pontoise.
Il se trouve que Cergy-Pontoise a décidé par
exemple d'avoir une expertise qui vient aussi du Sud, et pas seulement une
expertise qui vient uniquement du Nord. Parce qu'ils viennent de construire un
office du tourisme à Cergy-Pontoise, et ils voudraient utiliser par
exemple l'expertise de ce qui se fait déjà à Porto-Novo.
Je pense que ça pourrait être intéressant.
Quel est le rôle du plan de développement
municipal ? Devez-vous suivre certains objectifs qui sont fixés dans ce
plan de développement ?
Dans le plan de développement municipal, il n'y a
rien qui est accordé à la culture. Dans le plan qui est en train
de finir, il n'y avait rien. Dans le nouveau plan ils sont en train de penser
à intégrer vraiment la culture. Mais je dois dire que pour
l'élaboration du nouveau plan, je n'ai pas été vraiment
associé. Ce qui est quand même bizarre. Ca montre à quel
point les gens ne pensent pas vraiment que la culture peut être un moteur
du développement.
Pensez-vous qu'en développant les formations du
personnel de la Mairie, peut-être dans d'autres pays, ça leur
permettrait une meilleure prise de conscience sur ce sujet ?
Oui, c'est possible. Oui, je pense que c'est surtout
ça : une sensibilisation aux enjeux de la culture.
Est-ce que les gens qui travaillent dans le cadre de la
coopération décentralisée à la Mairie sont plus
disposés à écouter les besoins de la Maison du Patrimoine
?
Quelques uns de la coopération sont assez ouverts
par rapport à ça, aux enjeux de la culture. A la DST il y a
peut-être aussi une ou deux personnes qui comprennent vraiment ce que
c'est que la culture dans le développement. Mais je dirais qu'en
général, les autres, non. Ils ne comprennent pas. Surtout par
exemple... je ne veux pas jeter la pierre, mais je dirais que la DST, par
exemple, ne comprend pas grand chose de la culture. Ils ne comprennent
absolument rien de la culture. Et pourtant c'est un service avec lequel nous on
doit travailler. Et on est chaque fois obligés de leur courir
après pour leur faire comprendre ce qu'on est en train de faire comme
travaux, ... et apparemment ils comprennent toujours pas.
Et je dirais aussi que les financiers également c'est
la même chose : les services financiers de la Mairie, ils ne comprennent
pas du tout. Donc je dirais que en général, à la Mairie,
les gens ne comprennent pas.
Donc ce qui changerait principalement vos rapports avec
la Mairie, au niveau de la gestion, c'est de régler ce problème
de prise de conscience des acteurs impliqués ?
C'est exactement ça. On avait fait cette
année, en mai, une retraite à Ouida et j'avais expliqué
devant ceux qui étaient présents : tous les conseillers
communaux, les directeurs de service, ce que faisait la Maison du Patrimoine.
Et il semble que, à ce moment-là certains avaient commencé
à comprendre l'importance de la Maison du Patrimoine. Il est vrai que
parmi les conseillers, il y une adjointe au Maire par exemple qui est
très cultivée, et elle sait exactement ce dont la ville a besoin.
C'est Mme Colette Wuoto, qui nous rend très souvent visite, et qui
s'inquiète du fonctionnement de la Maison. Il y a également un
autre conseiller : le docteur Wonsu qui est très au parfum de la
culture, et qui s'intéresse à ce qu'on fait. Mais en dehors de
ça il n'y a pas grand monde qui s'y intéresse.
Je pense que peut-être, au niveau des directions
financières, c'est parce qu'on n'engrange pas encore assez d'argent.
Pour eux, une direction « qui marche », c'est une direction qui gagne
beaucoup d'argent. Alors qu'ils ne se rendent pas compte que la Maison du
Patrimoine pourrait faire rentrer de l'argent mais d'une autre façon :
à travers le tourisme. Ce n'est pas la Maison qui va gagner de l'argent,
mais c'est la ville.
Mais c'est un investissement à long terme,
difficilement quantifiable ? Oui, et ils n'arrivent pas à
comprendre cela.
Comment qualifierez-vous votre relation professionnelle
avec les différents interlocuteurs de la Marie ? (fluide,
organisée, difficile, bureaucratique)
Je dirais bureaucratique. C'est vrai qu'avec les autres
directeurs on a une bonne entente. On s'entend bien, mais quand il faut faire
des choses, que c'est officiel, c'est extrêmement...
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 98/101
Par exemple ici à la Maison du Patrimoine, quand il
pleut, on a des fuites d'eau. Ca fait déjà plus de 6 mois que
j'en ai parlé au DST. Je lui ai envoyé un courrier ça fait
plus de 3 mois. Il a promis d'envoyer quelqu'un voir... mais rien n'est encore
fait.
C'est très, très, très bureaucratique.
La lourdeur bureaucratique ça nous empêche de faire des
choses.
En ce qui concerne les outils de travail, avez-vous le
nécessaire ? Une connexion internet, un téléphone
payé par la Mairie ?
Oui, on a un téléphone fixe, avec 2 lignes
fixes, et une connexion qui sont en principe payées par la Mairie de
Porto-Novo. Mais il se trouve que l'une des lignes fixes que nous avions ici a
été résiliée, parce que la Mairie de Porto-Novo n'
a pas réglé la facture. La connexion internet a également
été résiliée parce que la Mairie de Porto-Novo n'a
pas réglé la facture. Ca fait déjà depuis juin que
nous n'avons plus de connexion internet. Nous sommes restés comme
ça plus d'un mois et demi. J'étais obligé de me
déplacer moi : d'aller à l'Ecole du Patrimoine, ou à la
Mairie, jusqu'à ce qu'on nous donne enfin une clé USB pour
pouvoir travailler. Mais sans connexion internet on ne peut pas travailler,
avec les collaborateurs. Tous ces problèmes bureaucratiques ça
nous empêche vraiment d'être efficaces, d'être
efficients.
Et souvent on a des coupures d'électricité,
la Mairie ne réagit pas. A un moment on avait les lampes
éteintes. On a fait appel à la DST mais ils ne sont jamais venus.
On a dû faire appel à un électricien et le payer de notre
propre poche. Souvent on doit faire ça pour que ça marche. C'est
dommage !
Malgré tous les problèmes que vous
rencontrez dans la gestion de la maison, peut-on dire que les choses
s'améliorent au fur et à mesure ?
Oui, on peut dire que les choses s'améliorent.
Parce que la Maison du Patrimoine continue à travailler. Elle travaille,
et donc les gens en entendent parler de plus en plus , à
l'extérieur. Chaque fois, lorsque le Maire est en voyage, même
à l'étranger, on lui dit « tiens, j'ai entendu parler de
certaines actions de la Maison du Patrimoine ». Et ça, ça
oblige les gens de la Mairie commencer à prendre un peu plus au
sérieux la Maison du Patrimoine. Parce que les gens qui viennent ici
veulent la visiter, parce qu'ils ont entendu parler de ce qu'elle fait. Donc
ils commencent à s'intéresser à nous. On commence à
avoir un peu plus de matériel. C'est vrai que ce n'est pas encore ce
qu'on espère, mais le fait que la Maison du Patrimoine commence à
avoir une audience internationale, c'est déjà bien.
On m'a communiqué que la Mairie de PN comptait
signer des nouveaux accords de coopération décentralisée
avec la ville de Lisse. Dans quelle mesure ces nouveaux accords de
coopération décentralisée vont bénéficier
votre gestion ?
Dans la convention, je ne sais pas, mais quand la
délégation de Lise était venue ici on avait
discuté, parce qu'on avait un projet. Un projet de la « Maison des
Seniors », comme ils l'avaient fait à Lise. L'idée qu'on
avait ici à la Maison du Patrimoine, c'est que cette maison soit
abritée dans une maison ancienne, qu'on allait restaurée. On a
même identifiée une maison avec laquelle on a commencé
à travailler. On a dit que si l'expérience était
concluante, on allait organiser des Maisons des seniors dans différents
arrondissements de la ville de Porto Novo. Je me dis que ça peut
être intéressant. On pourrait éventuellement travailler
ensemble sur le plan culturel.
Quels sont les grands projets de la Maison du Patrimoine
aujourd'hui ?
On a un grand projet, c'est pour ça qu'on
reçoit une délégation de brésiliens lundi, parce
qu'on a un grand projet de création d'un centre de formation aux
métiers du Patrimoine. On s'est rendu compte que les maisons tombaient
vite : on voulait sauver les décors, les chapiteaux, les corniches. On a
commencé à les prendre en photo, à les dessiner.
L'idée c'est qu'on veut donc former des menuisiers et des artisans pour
refaire ces décorslà parce que le savoir-faire a disparu. Quand
j'étais à Lyon récemment, l'idée c'est
élargie, par arriver à créer un centre de formation aux
métiers du patrimoine : restauration de maisons, décors,
menuiserie, etc...C'est un grand projet qu'on compte mener avec Lyon et avec
Fortalesa aussi.
Un autre grand projet, de la Maison du Patrimoine, c'est
de sauver les fonds photographiques de Porto-Novo, jusqu'à 1980. On a
déjà commencé à toucher certains photographes, et
certains de leurs enfants car certains sont décédés. Ils
nous ont dit qu'ils ont des fonds : des négatifs et des positifs, ils ne
savent pas comment les conserver. Certains sont en train de se dégrader.
Donc l'idée c'est de pouvoir récupérer tout ça, de
les scanner, de les avoir en bases de données, et de créer un
espace de conservation pour pouvoir conserver ces photographies. On pourra
également faire des expositions pour que les gens viennent voir ces
photographies en noir et blanc : depuis même avant la colonisation
jusqu'aux années 1980.
Merci. Nous sommes arrivés à la fin de cet
entretien. Je vais intégrer ces informations dans mon rapport.
J'espère que cela pourra avoir des répercussions
bénéfiques.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 99/101
Entretien Coopération
décentralisée PN
Destinées aux représentants institutionnels
de la Mairie de PN :
Identification
Nom : Zinsou Prénom : Jocelyne
Quel est votre poste au sein de la Mairie ?
Je suis élue municipale, et je préside la
commission en charge du développement et de la
coopération.
Depuis combien de temps travaillez-vous à la Marie
? => Entre 3 et 6 ans.
Depuis que je suis élue : en mars 2008, donc il y a
environ 3 ans.
Quel poste ou niveau de responsabilité
occupez-vous dans le cadre de la coopération décentralisée
entre la Mairie de Porto-Novo et nos quatre partenaires du Nord (CACP, GL, CAMY
et Buchelais) ?
C'est uniquement dans le cadre de la commission en charge du
développement et de la coopération.
Depuis combien de temps occupez-vous ce poste ?
=> Entre 3 et 6 ans
Depuis que je suis élue : en même temps,
en mars 2008.
Depuis combien de temps ce poste que vous occupez
existe-il ?
=>Entre 6 et 10 ans
Depuis que la décentralisation a été
mise en place, ça va faire... je ne sais plus. 2003, je crois, quelque
chose comme ça.
Qu'est-ce que vous faisiez avant ? Au sein de quel
organisme ou entreprise travailliez avant d'intégrer la Mairie de PN
?
Avant de travailler à la Mairie, j'étais
Directrice de Cabinet au Ministère de l'Agriculture. J'ai une formation
de juriste, conseil aux entreprises.
Votre niveau de connaissance de la France de
façon générale est dû à : votre cadre
professionnel, possession d'une double nationalité, long séjours
en tant qu'étudiant ou travailleur, participation à des programme
d'échanges, visite touristique, etc ?
C'est dû au fait que j'ai vécu là-bas :
j'y ai fait mes études, j'y ai travaillé.
Etes-vous franco-béninoise ?
Oui.
Les rapports d'évaluation soulèvent
plusieurs anomalies dans la gestion de projets (par exemple, dans mise en place
de la mission de tourisme, coopdec GL). Dans quelle mesure la politique de
votre service cherche à résoudre ces disfonctionnements
?
La commission n'intervient pas directement dans la gestion
des projets. Nous n'avons pas de prise. C'est plutôt le rôle du
service de la coopération décentralisée et du service
technique.
Quels sont pour vous les risques que comporte la
persistance de ces disfonctionnements ? Pensez-vous que la persistance de ces
disfonctionnements pourrait à long terme mettre en péril la
pérennité de ces partenariats ou l'incorporation des nouveau
bailleurs?
De quelles anomalies parlez-vous ?
Par exemple, au niveau de la gestion de la mission
tourisme : il y a eu un problème car le personnel était
embauché par la communauté de commune, et les salaires
étaient pays par la Mairie. Suite à des mésententes
politiques entre les organismes, les salaires n'ont pas été
versés, les engagements financiers n'ont pas pu être
tenus.
Ce n'est déjà pas normal qu'une même
personne soit gérée par 2 organismes différents, à
moins que les accords ne soient vraiment très solide. L'idée la
plus simple c'est de clarifier le statut des personnes, de définir de
façon claire l'organisme qui a la charge. C'est dommage.
Etude comparative sur les pratiques de coopération
décentralisée de la ville de Porto-Novo Page 100/101
Quel est le choix stratégique en termes de coopdec
pour la ville de PN?
La commission n'intervient vraiment pas ni dans la
conception ni dans la gestion politique des projets. Nous avons l'occasion
d'intervenir lorsque notre avis est sollicité sur un sujet donné,
soit à l'intérieur de la gestion d'un projet, soit autour de l'
évaluation. Nous n'intervenons que lorsque nous sommes
sollicités, et seulement sur les points sur lesquels nous sommes
sollicités.
Pensez-vous que le nombre de salariés de la Mairie
est suffisant pour gérer l'ensemble des projets de coopération
?
Je que les capacités de la Mairie sont
limitées en matière de masse salariale. Mais nous avons
personnellement noté des lenteurs dans la gestion de certaines relations
de coopération, et qui de notre point de vue sont dues soit au manque de
personnel, soit à l'insuffisance de personnel qualifié. Nous
avons le sentiment qu'il y a certaines coopérations qui traînent
un peu à démarrer.
On m'a communiqué que la Mairie de PN comptait
signer des nouveaux accords de coopdec avec la ville de Lisse. Que pouvez-vous
m'en dire ?
Je sais que le Maire de Lise est venu le mois dernier, lors
de la réunion de bilan avec Cergy Poitoise. J'étais
là.
Ca s'est bien passé ?
Oui, plus ou moins. On a été conviés
comme tous les élus pour assister à la restitution de
l'évaluation. Enfin, ça s'est bien passé.
En regardant les différents documents et
rapport d'évaluation des accords de coopération j'ai pu constater
que la plupart des projets mis en oeuvre se centrent sur le
développement urbain, et l'aménagement du territoire, plus que
sur l'appui institutionnel, par exemple. Pour quoi ce choix ?
La commission ne participe pas au choix. Je n'ai pas de
souvenir d'avoir été associée à la réflexion
de ce choix. La direction technique en charge de la coopération
connaît les besoins et les priorités primaires. C'est eux qui
préparent les documents et qui choisissent les domaines d'intervention
pour chaque coopération.
Quel est le rôle exact de la commission de
coopération ?
C'est d'être consultée par le Maire sur les
sujets sur lesquels il a besoin de l'avis de la commission.
Elle est composée de combien de personnes
?
Nous sommes 5 ou 6... Nous sommes 6. Mais les textes sur
la décentralisation ne sont suffisamment élaborés en ce
qui concerne le rôle des commissions, justement d'une commission comme la
nôtre. Il est simplement dit que le Maire consulte, demande l'avis aux
commissions avant un conseil.
Et les autres membres de la commission, ils sont aussi
issus du conseil ?
Oui, il n'y a que des élus dans les commissions. Ils
sont répartis dans les commissions de leur choix.
Dans quelle mesure la politique de développement
répond-elle aux impératifs fixés par le Plan de
développement Municipal de la ville de Porto-Novo ?
Je crois qu'il n'y a aucun lien pour le moment. Nous avons
trouvé qu'il y a un plan de développement de la ville en fin de
vie. Il est question de travailler sur le nouveau plan, pour les 5 ans à
venir au moins. Nous attendons. C'est en principe la boussole de notre ville,
pour mener les actions de développement. En principe on doit trouver
la-dedans suffisamment de matière pour monter notre budget annuel. Mais
pour le moment, il faut un nouveau.
Est-ce que vous entretenez des liens avec des
autorités françaises ? Non.
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