Section 1 : Cadre théorique
La présente section sera consacrée
à la problématique, aux objectifs ainsi qu'aux hypothèses
de notre étude.
Paragraphe 1 : Problématique
Née en mai 2004 de la scission de l'Office des
Postes et Télécommunications, Bénin Télécoms
SA, dont l'Etat béninois reste l'unique actionnaire, est devenu
l'opérateur public des télécommunications au Bénin.
Cette société a hérité d'une situation
financière déséquilibrée, due notamment à
une gestion financière peu orthodoxe ainsi qu'à
l'inefficacité de certaines décisions stratégiques aux
plans commercial et technique qui l'empêchent de se mettre au diapason
des défis actuels du secteur des télécommunications au
Bénin. En effet, depuis 2000 où l'on a assisté à
l'éclosion des GSM au Bénin avec l'arrivée progressive
d'opérateurs privés tels que Moov, MTN, Bell Bénin
Communication, Bénin Télécoms SA s'est désormais
vue placée dans un environnement très concurrentiel. Face
à ces nouvelles contraintes, Bénin Télécoms SA se
doit donc pour survivre, de faire preuve de compétitivité.
Cependant, les nombreuses difficultés auxquelles doit faire face
l'entreprise au regard de sa gestion l'empêchent de faire une gestion
optimale de ses ressources.
Les difficultés actuelles de
l'opérateur public des Télécoms au Bénin
résultent d'une conjugaison de plusieurs crises. La première
remonte aux années 1986-1990 où, dans le contexte de marasme
économique généralisé qu'à connu le
Bénin, cette entreprise a sombré dans un quasi-dépôt
de bilan au même titre que plusieurs autres sociétés
d'Etat. A l'époque, les plus gros handicaps de la société
étaient la vétusté du réseau
téléphonique due à une absence d'investissement, la fusion
du compte de l'OPT avec celui du trésor public et le faible taux de
recouvrement des redevances téléphoniques notamment auprès
des structures publiques, ses plus gros débiteurs.
A la faveur de la conférence nationale, des
mesures ont été prises entre 1994-1997 pour tenter de remettre la
société en selle. Malheureusement, à cause de projets peu
rentables et mal exécutés et de partenariats aux contours
juridiques imprécis, la société n'a pas pu atteindre les
résultats escomptés. Le cas le plus saillant a été
celui du contrat avec le groupe Titan où un important prêt de
douze (12) milliards contracté auprès de la BOA (Bank of Africa)
et la Belgolaise dans le cadre de l'extension du réseau cellulaire
mobile Libercom n'a plus été utilisé à cette fin et
les relations entre les deux sociétés ont fini par être
rompues. La gestion du projet a été faite dans des conditions
douteuses et les termes du partenariat ne sont pas bien connus.
L'OPT avait également signé certains
partenariats aux contours flous. C'est le cas notamment du contrat signé
en 2002 avec L Télécoms qui est perçu par les
autorités actuelles comme une pure cession des activités de
Bénin Télécoms à cette société. Ce
contrat n'a pas clairement fait état des prestations dues par L à
la société d'Etat. En mai 2006, l'opérateur public a
estimé à plus de deux (2) milliards de francs CFA les
créances impayées sur L.
Aussi, les relations entre Bénin
Télécoms et les opérateurs privés ne sont pas
clairement définies, ce qui occasionne d'importantes pertes pour la
société. En effet, Bénin Télécoms a
évalué à 12 milliards de francs CFA par an les pertes
relatives aux appels internationaux facturés par les opérateurs
étrangers. La société n'arrive pas à recouvrer les
redevances auprès des opérateurs privés locaux, faute
d'équipements techniques pour tracer les flux du trafic à
l'international. Or, ces équipements ne coûteraient que 800
millions de francs CFA.
De plus, la qualité des services offerts aux
clients s'est fortement dégradée à cause de l'obsolescence
et de l'insuffisance du matériel d'une part, et d'autre part, de la
saturation en matière de téléphonie mobile il ya encore
quelques temps. La non maîtrise des flux du trafic, lié à
l'interconnexion, constitue également une difficulté importante.
En septembre 2006, le point comptable de la société a fait
ressortir un endettement global de 166 milliards de francs CFA et une
insuffisance de fonds de roulement de 63 milliards de francs CFA. Pour finir,
soulignons que depuis la naissance de Bénin Télécoms SA,
les états financiers de la société affichent d'importants
résultats déficitaires s'élevant respectivement à
15.195.059.996,6.146.392.668 et 483.799.621 FCFA en 2006,2007 et 2008
(source : Etats financiers de Bénin Télécoms SA)
Au regard de toutes ces difficultés, il
apparaît évident que Bénin Télécoms SA a
besoin d'un diagnostic profond en vue d'un assainissement de sa gestion, et
pour y contribuer, nous nous sommes donnés pour mission d'effectuer un
diagnostic de la société sur le plan financier en vue de
répondre à la question fondamentale suivante :
« Quels sont les dysfonctionnements, performances et
contre-performances qui caractérisent l'activité et le
financement de Bénin Télécoms SA ? »
De façon spécifique :
(10) existe-t-il des déséquilibres dans le
financement des activités de Bénin Télécoms SA et
comment peut-on les expliquer ?
(11) l'exploitation de l'entreprise présente-t-elle des
dysfonctionnements, sa rentabilité des contre-performances ?
(12) l'entreprise arrive-t-elle à honorer ses
engagements vis-à-vis de ses créanciers ?
Paragraphe 2 : Objectifs et hypothèses
de l'étude
I - Objectifs de l'étude
Nous pouvons décomposer les objectifs
poursuivis en objectifs général et en objectifs
spécifiques.
A - Objectif général
L'objectif général de cette
étude vise est d'expliquer les dysfonctionnements, performances et
contre-performances qui caractérisent l'activité et le
financement de Bénin Télécoms SA au moyen d'un diagnostic
financier de l'entreprise.
B - Objectifs spécifiques
Partant de l'objectif général, nous
nous sommes fixés trois(03) objectifs que sont :
(22) analyser l'équilibre financier de Bénin
Télécoms SA ;
(23) apprécier l'évolution de l'activité
et de la rentabilité de l'entreprise ;
(24) analyser la liquidité et la solvabilité de
l'entreprise.
II - Hypothèses de l'étude
Pour atteindre ces objectifs, nous axerons nos
recherches sur les hypothèses suivantes :
(10) Bénin Télécoms SA n'est pas
financièrement équilibré ;
(11) l'activité de l'entreprise présente des
dysfonctionnements, ce qui engendre des contre-performances au niveau de sa
rentabilité ;
(12) Bénin Télécoms SA n'arrive pas
à honorer ses engagements vis-à-vis de ses créanciers.
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