2.2. Situation de la pisciculture au Cameroun
Débutée depuis 1948, la pisciculture tarde
toujours à prendre de l'envol au Cameroun à l'instar des autres
pays africains. Délaissée vers les années 1980 avec les
résultats insignifiants des grands projets, on observe depuis 1993 un
regain d'intérêt vis à vis de cette activité
(Pouomogne, 1998). Le nombre de pisciculteurs devient de plus en plus
croissant. De 3000 pisciculteurs possédant environ 5000 étangs de
200 ha au total en 1997 (Pouomgne, 1998), on est passé à 4000
pisciculteurs possédant 7000 étangs d'environ 245 ha de
superficie totale à la fin de l'année 2004 (Pouomogne, 2005). Ces
derniers ont produit 650 tonnes de poissons donc 80% de production provenait
des systèmes extensifs et semi-intensifs. Les espèces
élevées sont généralement le tilapias
(Oreochromis niloticus), les silures (Clarias gariepinus,
Heterobranchus longifilus), la carpe commune (Cyprinus
carpio), le kanga (Heterotis niloticus) et le poisson
vipère (Parachanna obscura). Cependant cette production est
toujours insignifiante pour satisfaire la demande. Puisque le Cameroun a
importé environ 80.000 tonnes de poissons par an de 1998 à 2002
(Pouomogne, 2003).
Comme dans beaucoup de pays de l'Afrique sub-saharien, le
manque d'alevin et le coût élevé de l'aliment constituent
les contraintes majeures à l'expansion de la pisciculture au Cameroun
(Nna et al, 2003). A coté de ceux-ci on peut aussi citer le vol, la
prédation des animaux sauvages ainsi que le manque de formation et
d'information des paysans sur la pratique (Hirigoyen et al 1997).
Certaines personnes pensent encore qu'il suffit de creuser un trou, y mettre
les petits poissons pour que la nature s'occupe du reste (Pouomogne, 1998). De
cette manière, le rendement ne peut être que faible pour les
quelques pisciculteurs qui ont pris le risque de s'y lancer. Un autre aspect
non négligeable est la politique jadis adoptée par les bailleurs
de fonds et les ONGs pour la vulgarisation de cette pratique. En effet les
stratégies de développement étaient unidirectionnelles du
chercheur aux paysans et basées sur les subventions. Les pisciculteurs
traités d'« adopteurs » passifs de l'innovation (Ajaga Nji et
al, 1990) ne pouvaient exprimer leurs besoins réels.
D'où l'échec de nombreux projets piscicoles.
Pour résoudre le problème, Koffi et al
(1996) suggèrent que la pisciculture doit s'intégrer
à l'environnement de la population cible; elle doit être en mesure
de mieux valoriser les facteurs de productions existants tels que le foncier,
l'eau, la main d'oeuvre et les intrants.
2.3 Les différentes formes de pisciculture
La pisciculture est une activité très ancienne
en Afrique. Elle est pratiquée sur le Nil en Egypte 2500 ans avant J.C
(Maar et al, 1966). Elle peut se faire dans les retenues
aménagées, les étangs, les cages etc. En fonction des
intrants utilisés, du niveau d'investissement et du degré
d'implication de l'homme, Mikolasek et al (1999) distinguent trois
formes de pisciculture qui sont:
~ La pisciculture intensive qui consiste à
produire dans un minimum d'eau de grandes quantités de poissons à
partir d'aliments artificiels. Elle est caractérisée par
l'utilisation d'aliments exogènes riche en protéine et
d'équipements adéquats;
~ La pisciculture semi-intensive
caractérisée par une forte intégration du système
agricole et sa capacité à recycler et à valoriser des
nombreux déchets et effluents agroindustriels. Elle est la plus
répandue à cause de sa souplesse et assure l'essentiel de la
production mondiale.
~ La pisciculture extensive qui est la mise en valeur
piscicole de certains plans d'eau naturels et des retenues d`eau
créées à des fins variées. L'empoissonnement peut
aussi se faire à partir du peuplement naturel de la rivière. En
terme de durabilité, elle détruit peu l'environnement.
Cette dernière forme de pisciculture, encore peu
explorée par les chercheurs (Mikolasek et al, 1999) regroupe
plusieurs modèles de pisciculture reposés sur les dynamiques et
le savoir-faire paysan tel que l'empoissonnement et l'exploitation des mares
semi-permanentes en zones sahéliennes.
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