I.F.S.I. de Pamiers
10, rue Saint-Vincent
09100 PAMIERS
LE CORPS DU SCHIZOPHRENE
FACE A
L'INJECTION DE NEUROLEPTIQUE
D'HULST Sylvie
2008-2011
I.F.S.I. de Pamiers
10, rue Saint-Vincent
09100 PAMIERS
LE CORPS DU SCHIZOPHRENE
FACE A
L'INJECTION DE NEUROLEPTIQUE
D'HULST Sylvie
2008-2011
1. SOMMAIRE
Introduction p. 1
1. Formulation de la question de départ p.
2
1.1 La situation de départ p.
2
1.2 De la situation de départ à la
question de départ p. 3
2. Pôle théorique p. 5
2.1 Les schizophrénies
p. 5
2.1.1 Rappels sur l'anosognosie p.
6
2.1.2 Le syndrome délirant p.
6
2.1.3 Le syndrome autistique p. 7
2.1.4 Le syndrome dissociatif p. 7
2.2 Le corps du schizophrène
p. 8
2.2.1 Que sont le schéma corporel et l'image du
corps ? p. 8
2.2.2 Le Moi-peau de Didier Anzieu p.
9
2.2.3 La position schizo-paranoïde selon Mélanie
Klein. p. 9
2.3 L'injection de neuroleptiques
p. 10
2.3.1 L'infirmier et le cadre législatif p.
10
2.3.2 Qu'est-ce qu'un neuroleptique ? p.
11
2.3.3 Les effets secondaires des neuroleptiques p.
12
2.4 Hypothèses sur ce que peut
représenter une injection p. 12
intramusculaire pour un
schizophrène
3. Pôle empirique p. 14
3.1 Choix de l'outil d'enquête
p. 14
3.2 Résultats de l'enquête
p. 15
3.2.1 L'importance du contexte p.
15
3.2.2 La pudeur p. 16
3.2.3 Le rôle des vêtements p.
16
3.2.4 L'incurie p. 17
3.2.5 Le délire p. 18
3.2.6 La douleur et l'anxiété p.
18
3.2.7 Le Pharmakon p. 19
3.2.8 La ponction p. 19
3.2.9 La difficulté des soignants p.
20
3.3 Synthèse de l'analyse et formulation
de la question de recherche p. 21
Conclusion finale p. 22
2. INDEX DES ABREVIATIONS
Par ordre d'apparition dans le texte
CMP Centre médico-psychologique
p. 1, 2, 3, 14, 15, 16, 18, 20
SSR Service de soins de suite et de
réadaptation p. 1
MAS Maison d'accueil
spécialisée p. 1
DSM-IV Diagnostic and Statistical Manual of
Mental Disorders, quatrième p. 5 révision,
1994. Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux,
classification de l'APA, Association Américaine de Psychiatrie
OMS Organisation Mondiale de la Santé
p. 5
3. Introduction
Dès le milieu de la deuxième année de
mes études en soins infirmiers, mon intérêt pour la
psychiatrie, déjà présent dès mon entrée en
institut de formation, s'est accentué. Les stages en CMP* (Centre
Médico Psychologique) et pédopsychiatrie ont été
pour moi une révélation. Entre curiosité pour des
pathologies comme les psychoses, empathie envers des patients souvent
stigmatisés, et l'intérêt porté à un travail
alliant entre autres observation et relationnel, j'ai le sentiment de pouvoir
donner le meilleur de moi-même dans cette spécialité. Les
schizophrénies sont pour moi particulièrement
énigmatiques. En étudiant un peu plus précisément
le rapport particulier du schizophrène avec son corps, c'est un voyage
de quelques mois dans la pathologie que j'ai entrepris. Cependant, il s'agit
d'une maladie très complexe, et je me suis heurtée à
différents types de classification des schizophrénies, mais aussi
des symptômes. Des bases en psychanalyse m'ont parfois manqué et
tenter de comprendre en quoi une personne peut sentir son corps
« morcelé » n'a pas été facile et a
même nécessité l'aide d'une psychologue. Ce qui m'a
convaincu de l'utilité de mon travail, c'est certes la grande proportion
de patients schizophrènes dans les services de psychiatrie, mais
également dans les services de soins généraux. Ce rapport
si particulier au corps, je l'ai constaté également en SSR*, en
MAS*, en unité de diabétologie. En abordant l'injection de
neuroleptique, je touchais à un soin représentant typiquement
l'« infirmière » avec son cortège de douleur,
d'anxiété, de pudeur**(*), et également au rapport
« bénéfices-risques » de
thérapeutiques ayant souvent des effets secondaires très
néfastes.
Dans ce travail de fin d'études, je vous
présenterai tout d'abord une situation de stage de deuxième
année en CMP. J'explorerai ensuite ma question de départ. Dans un
premier temps au travers du pôle théorique, où je
synthétiserai mes recherches au sujet des schizophrénies et du
« corps », je définirai le cadre législatif
dans lequel travaille l'infirmier, puis présenterai les neuroleptiques.
Dans un deuxième temps, le pôle empirique me permettra de mettre
l'accent sur le rôle infirmier lors d'une injection de neuroleptique chez
un patient atteint de schizophrénie, mais également de
compléter, et d'y confronter la théorie. Enfin, je
synthétiserai et analyserai ces données et en dégagerai ma
question de recherche.
Je vous souhaite une bonne lecture...
1. Formulation de la question de départ
1.1 La situation de départ
Stage de psychiatrie de deuxième année en CMP.
Nous accueillons M. R, 30 ans. Il est suivi pour schizophrénie depuis
quelques années et bénéficiait jusqu'alors d'un traitement
oral. Suite à une décompensation de sa maladie à type
d'hallucinations, un traitement injectable a été
mis-en-place ; il s'agit du risperdal®, à raison d'une
injection intramusculaire tous les quinze jours. M. R. a rendez-vous
aujourd'hui pour sa deuxième administration de neuroleptique à
action prolongée, la première ayant été faite lors
d'une hospitalisation.
Les infirmières me présentent la situation.
Elles me précisent que cette première injection en CMP est
très importante ; d'une part, elle peut permettre d'établir
une relation de confiance entre le patient et l'infirmière ;
d'autre part elles m'expliquent que les soins invasifs chez les personnes
atteintes de psychose révèlent parfois une dimension
particulière chez eux ; en effet, ils peuvent-être
vécus très difficilement compte tenu du rapport au corps
singulier qu'implique cette maladie.
J'accueille M. R. avec une des infirmières dans la
salle de soins et l'invite à s'asseoir sur la table d'examen. Il
préfère rester debout. Je me présente et lui explique en
quoi va consister le soin, après qu'il eût accepté que ce
soit moi qui lui prodigue. Je le sens tendu et timide. Nous discutons un peu de
ce nouveau traitement pendant la prise de paramètres ; je
m'enquiers de l'apparition ou non d'effets secondaires suite à sa
première injection. Il me précise qu'il n'en a
décelé aucun et que la première injection l'avait
soulagé. L'injection de risperdal® nécessitant une
préparation particulière (seringue spéciale livrée
dans un kit), je me « concentre » sur cette manipulation ;
l'infirmière reste à mes côtés et converse avec le
patient. Elle me dira plus tard qu'il n'est pas bon de laisser le patient
« seul » face à ses angoisses dans ses
moments-là, qu'il faut essayer de le rassurer le plus possible.
Ma seringue prête, je propose à M. R. de
s'installer à plat ventre sur la table d'examen et de baisser un peu son
pantalon. L'infirmière lui conseille de croiser les bras sous le menton
et de se détendre. Elle m'expliquera par la suite que cette position
permet au patient d'être plus décontracté. Pendant qu'elle
lui parle, je procède à l'injection, en ayant pris soin de le
prévenir au moment de la piqure. Je retire l'aiguille d'un geste rapide,
désinfecte le site de ponction et applique le pansement. Suite à
cela, je demande à M. R. comment il a vécu ce soin. Il me
répond qu'il n'a pas ressenti de douleur et que ça s'est
très bien passé pour lui.
Nous le raccompagnons avec l'infirmière dans le bureau
afin de noter le prochain rendez-vous. Nous lui précisons les horaires
d'ouverture du CMP et lui rappelons que nous sommes à sa disposition
pour tout renseignement ou conseil dont il pourrait avoir besoin.
M. R. reviendra quinze jours plus tard pour l'injection
suivante que je réaliserai seule. La discussion lors du soin sera plus
longue et nous aborderons ses difficultés personnelles.
1.2 De la situation de départ à la
question de départ
A la suite de ce stage, je gardais cette situation en
tête pour plusieurs raisons. Le commentaire des infirmières
concernant « le corps du psychotique » m'avait
tout d'abord interpellé. De quoi parlaient-elles exactement ? Nous
l'avions à peine évoqué en cours, mais j'en avais
déjà souvent entendu parler dans la littérature. Quelques
recherches complémentaires à ce sujet ne firent que confirmer la
récurrence de cette particularité chez les patients atteints de
psychoses, et tout particulièrement atteints de
schizophrénies.
Plus tard au cours de ce même stage, un autre patient
schizophrène refusa que je lui prodigue l'injection de neuroleptique, et
je me demandais alors pourquoi l'un avait accepté et pas l'autre.
L'injection intramusculaire avait-elle un sens particulier pour ce
patient ? Avait-il eu peur d'avoir mal ? De se dévêtir
devant une étudiante par exemple ? Ce refus était-il en rapport
avec la pathologie dont il était atteint ? Je me
demandais alors : l'injection intramusculaire se pratique-t-elle de la
même manière chez un patient atteint de schizophrénie ou un
patient « indemne » de cette maladie ?
Je me questionnais également à propos du CMP.
Favorise t-il l'acceptation de ce soin ? Ce dernier est-il plus difficile
à pratiquer en hôpital ? La phase d'état de la maladie
a-t'elle une incidence sur la prise en charge ?
Enfin, je cherchais à comprendre ce qui avait fait que
ce soin s'était déroulé sans difficulté
particulière (si ce n'est la mienne durant la préparation du
Risperdal !).
A ce stade de réflexion, mon analyse de la situation
est plutôt « naïve » : certes,
l'infirmière était là pour rassurer le patient, mais
« Je » piquais et cette partie du soin me paraissait la
plus compliquée et la plus importante ; le soin devait s'être bien
passé car ce patient en l'occurrence ne présentait pas de
troubles corporels et était stabilisé sur le plan du
délire ; le patient était revenu pour l'injection suivante
et se confia alors à moi. J'avais « réussi »
le soin !
Aujourd'hui, grâce aux recherches des pôles
théoriques et empiriques, à mon évolution professionnelle,
mon analyse a changée. Si l'infirmière n'avait pas
été à mes côté ce jour là, pour
rassurer le patient, pour lui parler, pour le décontracter, aurais-je
seulement pu lui administrer l'injection ? Serait-il revenu ?
Peut-être que ce patient avait des troubles corporels que je n'avais pas
vus mais que l'infirmière avait détectés, et de ce fait
peut-être avait-elle plus particulièrement rassuré ce
patient car elle avait senti que cela était nécessaire...
Au travers des pôles théorique et empirique, je
vais donc essayer d'exposer les éléments qui m'ont permis d'avoir
cette analyse différente de la situation.
Partant des éléments de la situation de
départ, je fis dans un premier temps quelques recherches qui me
permirent de cibler une question de départ. Je choisis de porter mon
attention sur ce « corps du psychotique » que je souhaitais
mieux comprendre. Je ciblais plus particulièrement les patients atteints
de schizophrénie chez qui les troubles corporels, comme je l'ai
déjà dit plus haut, semblent très «
présents ». Je souhaitais également comprendre en quoi
une injection intramusculaire peut révéler une dimension
particulière chez ces patients ; le lien geste invasif-corps
m'intéressait tout particulièrement, et de plus c'est un soin
très souvent pratiqué en psychiatrie. Après mûres
réflexions, je choisis de cibler l'injection de neuroleptique, que ce
soit à action immédiate ou retardée ; en effet, ceci
me permettrait de comparer des situations de crise (action immédiate),
et des situations où les patients sont stabilisés (action
retardée). Enfin, je souhaitais comprendre ce que fait l'infirmier de
tous ces éléments réunis ; en tient-il compte ?
Si oui, comment ? Développe-t-il des stratégies
particulières ?
Je me posais alors cette question :
En quoi les troubles corporels du schizophrène
peuvent influencer le rôle infirmier lors d'une injection de
neuroleptique ?
2. Pôle théorique
2.1 Les schizophrénies
Le DSM-IV1(*) décrit les troubles psychotiques ainsi :
«Perte du sens de la réalité avec idées
délirantes et hallucinations». Les schizophrénies font
partie intégrante de ces troubles. Elles en sont peut-être
même les pathologies les plus représentatives.
Le terme « Schizophrénie » est
donné à la maladie en 1911 par le psychiatre Suisse Eugen
Bleuler ; l'étymologie du mot est explicite ; c'est
l'association de deux termes grecs : Skhizein qui signifie
déchirer, couper, fendre et Phrên qui signifie le diaphragme,
siège de l'âme en d'autres termes, la pensée.2(*) Il s'agit donc le la
pensée déchirée, fendue. Nous verrons dans ce
mémoire que le corps l'est parfois aussi (cf. morcellement).
Cette maladie invalidante (classée par l'OMS* parmi
les 10 maladies les plus invalidantes) touche près de un pour cent de la
population mondiale, 600 000 personnes en France. L'espérance de vie est
à peu-près inférieure de dix ans à celle de la
population générale : 40% des personnes atteintes essaient
de mettre fin à leurs jours et 10% des personnes atteintes y
parviennent3(*). Nous voyons
ici que cette pathologie est lourde de conséquences pour le patient.
Il existe plusieurs formes de schizophrénies
(paranoïde, hébéphrénique, catatonique,
héboïdophrénique...) ; mais elles ont toutes des points
communs : existence d'un syndrome délirant, d'un syndrome
déficitaire et d'un syndrome dissociatif. Je les aborderai ici en
mettant l'accent sur les symptômes ayant rapport au corps.
2.1.1 Rappels sur l'anosognosie
Mais il me parait essentiel, en premier lieu, de faire un
bref rappel sur l'anosognosie. Elle est une des caractéristiques
majeures de la psychose. Selon l'encyclopédie Vulgaris-médical,
l'anosognosie est «...la méconnaissance par un malade de la
maladie dont il est atteint alors que celle-ci apparaît de façon
évidente ». Le patient ne reconnait pas le
caractère pathologique de ces troubles. Il ne se sent, ne se sait pas
malade. Le délire est pour lui la réalité ; il vit
les hallucinations intensément et comme réelles. Comment, dans
ces conditions administrer un médicament (qui de plus provoque beaucoup
d'effets secondaires) à un patient qui ne se sait pas malade ?
2.1.2 Le syndrome délirant.
Le délire est une « Distorsion
importante de la relation de l'individu avec le monde extérieur
liée à la présence d'idées ou de croyances
délirantes auxquelles il adhère avec conviction, s'opposant aux
faits montrés par la réalité et le sens
commun. »4(*). Le délire témoigne de la perte
de contact avec la réalité. Il s'agirait selon certains
psychanalystes d'un mécanisme de défense de type projection.
Le délire peut avoir plusieurs
mécanismes ; les hallucinations en sont les plus
caractéristiques ; elles sont fréquemment auditives ou
visuelles ; mais elles peuvent également être
cénesthésiques (hallucinations que le sujet perçoit
à l'intérieur de son corps), tactiles (sensations) ou
psychomotrices lorsqu'elles concernent une partie du corps : par exemple
le patient à l'impression que quelqu'un fait fonctionner sa jambe ;
il sent le mouvement, mais ne l'exécute pas. Ces hallucinations
corporelles semblent fréquemment observées par les infirmiers.
D'autres mécanismes participent à la construction du
délire, telle l'illusion ou l'interprétation entre autres.
A ces mécanismes s'ajoutent des thèmes de
délire ; parmi les plus fréquents les thèmes
mystiques, mégalomaniaques ou de persécution. Les thèmes
hypochondriaques sont aussi très fréquents ; le patient est alors
convaincu d'être atteint d'une maladie incurable, ou est centré
sur les modifications d'un organe en particulier. On y retrouve les
thèmes de négation d'organe : le sujet est convaincu qu'un
de ces organes est mort, pourri ou changé en pierre... ; de
négation de corps : le sujet est convaincu de ne plus avoir de
corps ou d'être déjà mort.
2.1.3 Le syndrome autistique
Il correspond grossièrement aux symptômes
déficitaires ou symptômes négatifs décrits par Nelly
Andreasen (D'après l'échelle d'évaluation SANS, Scale for
the assessment of negative symptoms de Nelly Andreasen fournie en annexe II).
C'est ce que le patient ne fait pas ou plus, en opposition aux symptômes
positifs, tel le délire, ce que le patient fait « en
plus ». C'est dans ce cadre que l'on observe très souvent chez
les patients schizophrènes le retrait, l'isolement. Le patient peut
rester seul chez lui ou dans sa chambre plusieurs jours, voir plusieurs
semaines, il ne semble pas intéressé par le contact social.
S'ajoute à cela l'avolition (« Incapacité à
entreprendre et à poursuivre une conduite volontariste.
[...] »5(*),
des troubles de l'attention ou de la concentration et une pauvreté du
discours. L'incurie est fréquente. L'accompagnement aux soins
d'hygiène est un volet incontournable du métier d'infirmier en
santé mentale. L'émoussement affectif est également
très caractéristique de la schizophrénie. Il s'agit d'une
« Manifestation à peu près absente
d'émotions et inexpressivité du visage »6(*). (Cela ne signifie pas pour
autant que la personne soit dénuée d'affects).
2.1.4 Le syndrome dissociatif
Enfin, le syndrome dissociatif est une des
caractéristiques majeures de la schizophrénie. La
dépersonnalisation et la discordance en sont les symptômes
essentiels. Certains auteurs identifient un syndrome de
dépersonnalisation dans lequel sont regroupées les hallucinations
précédemment citées, les délires à
thème de transformations corporelles, les angoisses de morcellement...
J'ai choisi néanmoins de m'appuyer sur la définition de
« dépersonnalisation » du Dictionnaire de la
psychiatrie pour lequel il s'agit d'un :
Etat psychoaffectif particulier dans lequel un sujet perd
le sentiment de sa propre réalité ou ressent son corps comme
irréel. Cet état s'accompagne souvent d'anxiété,
d'impression d'étrangeté du monde extérieur. Le patient
qui souffre de ce malaise se sent différent de ce qu'il était
jusque-là. Les objets qui l'entourent lui semblent étranges,
comme s'il ne les reconnaissait plus. Même les personnes qui lui sont
habituellement proches ont perdu pour lui tout caractère de
familiarité [...] Une analyse psychopathologique permet de distinguer
trois niveaux de cette dépersonnalisation : [...] le
troisième, où l'unité corporelle elle-même est
touchée, avec sentiment de corps disloqué ou
morcelé... (POSTEL J. Dictionnaire de la psychiatrie,
2003, p. 137).
Le signe du miroir est fréquemment
observé : le patient peut rester des heures devant son miroir
à toucher son corps qu'il ne reconnait pas comme sien. L'observation de
ce signe peut faire évoquer à l'infirmier que le patient souffre
de dépersonnalisation. Quand à la discordance, elle est souvent
décrite comme la manifestation « visible » de la
dissociation ; on peut l'observer au niveau des affects qui
peuvent-être inappropriés (rires immotivés), ambivalents
(des manifestations de haine et d'amour au même moment et à
l'égard de la même personne), du langage (agrammatisme,
néologismes, discours incohérent, illogique...), ou du
comportement (maniérisme, bizarreries, refus d'une main tendu, refus du
contact physique).7(*)
2.2 Le corps du schizophrène
2.2.1 Que sont le schéma corporel et l'image du
corps ?
Pour tenter de comprendre les troubles corporels
précédemment cités, il m'a paru tout d'abord
intéressant d'aborder les concepts de schéma et d'image du
corps.
Plusieurs auteurs ont écrit sur ce sujet. En 1911,
Henry Head sera le premier à parler de schéma corporel ou
« schéma postural » ; en 1968, Schilder
popularise la notion d'image du corps dans « L'image du
corps », et Françoise Dolto écrit « L'image
inconsciente du corps » en 1984.
J'ai retenu les définitions de Didier Anzieu pour
qui :
[... ] l'image du corps appartient au registre imaginaire
et demande à être distinguée du schéma corporel, qui
relève d'un registre sensori-moteur et intellectuel. L'image est
inconsciente, sa base est affective ; le schéma corporel est
préconscient, sa base est neurologique. Dans le premier cas, le corps
est vécu comme le moyen premier de relation avec autrui ; dans le
second cas, le corps sert d'instrument d'action dans l'espace et sur les objets
» (ANZIEU D. 1980, p.59).
Le schéma corporel est ce qui va permettre d'utiliser
son corps ; l'image du corps est comment on se représente son
propre corps.
2.2.2 Le Moi-peau de Didier Anzieu.
C'est également Didier Anzieu qui introduit en 1974 le
concept de moi-peau à partir de l'analogie suivante :
« Le moi enveloppe l'appareil psychique comme la peau enveloppe
le corps. »(BIOY A. / FOUQUES D. Manuel de psychologie du
soin 2002, p.136.). « Selon Smirnoff, « Didier
Anzieu définit le moi-peau comme une figuration qui permet à
l'enfant à partir de ses expériences de la surface
cutanée, de différencier son moi psychique de son moi
corporel » » (Ibid. p.136).
Le moi-peau, tout comme la peau, assure plusieurs
fonctions ; je m'attarderai ici sur trois fonctions principales :
· La fonction contenante garde à
l'intérieur ce qui est « bon », et ce qui vient de
l'extérieur (et qui est « bon ») ;
· La fonction de barrière : protège de
ce qui pourrait venir de l'extérieur et être
« mauvais » ;
· La « Fonction de communication et
d'échange entre le dedans et le dehors. » (Ibid.
p.136).
2.2.3 La position schizo-paranoïde selon
Mélanie Klein.
Dans les schizophrénies, l'image du corps est
« pathologique ». Le corps est vécu comme
morcelé, non unifié. La personne peut alors ressentir des
angoisses de morcellement. C'est la construction même du Moi qui est
atteinte. Pour tenter de comprendre ces angoisses, caractéristiques de
l'angoisse psychotique, je me suis référée à la
notion de position schizo-paranoïde théorisée par
Mélanie Klein en 1946. Cette théorie présuppose
l'existence précoce d'un Moi et d'un Surmoi capables de ressentir
l'angoisse (d'anéantissement par exemple).
A la naissance, le bébé fait encore un tout
avec sa mère. Jusqu'à l'âge de 4 à 6 mois, il
restera dans cette position encore appelée schizo-paranoïde.
L'angoisse ressentie par le nouveau-né à cet âge est une
angoisse de persécution et de morcellement. Le bébé a
affaire à des morceaux d'objets, de fantasmes, de pensées. Son
Moi est morcelé, fragmenté. Le Moi va prendre forme
progressivement grâce aux mécanismes d'introjection et de
projection. Les « bons objets » (expériences
satisfaisantes, gratifiantes) seront gardés à l'intérieur,
introjectées, et constitueront le Moi. Les « mauvais
objets » (expériences frustrantes, déplaisantes,
douloureuses...) seront projetés vers l'extérieur car
vécus comme dangereux pour le Moi en construction. C'est la naissance du
Surmoi archaïque maternel, dangereux et persécuteur. Le
bébé, dans cette position schizo-paranoïde, va alors devoir
protéger le bon objet, le Moi interne, du Surmoi externe et
persécuteur. Selon les psychanalystes Kleiniens, la psychose, et donc la
schizophrénie, est une fixation dans cette position
schizo-paranoïde qui préfigure la formation du Moi unifié,
avec comme mécanisme de défense l'utilisation massive de la
projection. « Le délire est une révélation
que l'on croit venir de l'extérieur mais qui est en fait originaire de
l'intérieur du sujet ».8(*)
Ce paragraphe très synthétique (les
mécanismes en jeu sont en fait bien plus complexes), tend à faire
toucher du doigt l'angoisse profonde que peut ressentir le patient psychotique
souffrant d'angoisse de morcellement ou d'anéantissement. C'est son Moi
à peine en construction, son existence propre qui est menacée de
destruction.9(*)2.
2.3 L'injection de neuroleptiques
2.3.1 L'infirmier et le cadre législatif
Dans le cadre de son rôle prescrit, l'infirmier a les
compétences pour administrer un traitement injectable (code de la
santé publique article R.4311-7).
Il se doit lors d'un soin technique ou relationnel de prendre
en compte la personnalité du patient, «...dans ses composantes
physiologique, psychologique, économique, sociale et
culturelle »(Ibid.), ceci afin de promouvoir sa santé
physique et mentale, son autonomie ainsi que son insertion ou sa
réinsertion familiale et sociale. Il se doit également,
« ...de contribuer à la mise en oeuvre des traitements en
participant à la surveillance clinique et à l'application des
prescriptions médicales [...]»(Ibid.)
Dans le cadre de son rôle propre, il a
compétence pour surveiller les traitements administrés, pour
aider et soutenir les patients, observer et surveiller les troubles du
comportement (article R.4311-5) ainsi que plus spécifiquement pour
l'infirmier en santé mentale surveiller et évaluer les
« engagements thérapeutiques qui associent le
médecin, l'infirmier ou l'infirmière et le patient »
(article R.4311-6). C'est dans ce cadre que l'infirmier est
habilité à administrer un traitement neuroleptique, à en
surveiller l'efficacité et les effets secondaires, et à assurer
une prise en charge globale du patient tant sur le plan somatique que
psychique.
Enfin, la loi de bioéthique du 29 juillet 1994
relative au respect du corps humain insiste sur l'obligation de
respect du corps humain, l'inviolabilité de ce dernier, tout en
précisant qu'il « ne peut être porté atteinte
à l'intégrité du corps humain qu'en cas de
nécessité thérapeutique pour la personne. »
(Article 16-3 du code civil. Loi bioéthique n°94-653 du 29
juillet 1994, relative au respect du corps humain). L'article
précise alors que des soins peuvent-être prodigués à
des patients dont l'état nécessiterait ce type de prise en charge
et qui ne seraient pas à même de donner leur consentement (en cas
d'anosognosie).
2.3.2 Qu'est-ce qu'un neuroleptique ?
Les neuroleptiques, appelés aussi antipsychotiques,
ont fait leur apparition en 1951. Ils ont permit à beaucoup de malades
de « sortir » des hôpitaux psychiatriques et de
réintégrer la société en diminuant les
symptômes handicapants des psychoses tels le délire, les angoisses
de morcellement par exemple. Ils agissent sur le taux de dopamine
(élevé dans les psychoses). Ils sont dits anti dopaminergiques.
Les neuroleptiques dits de nouvelle génération, appelés
également atypiques, dont fait partie le Risperdal® utilisé
dans la situation que j'ai décrite, sont également anti
sérotoninergiques, et agissent ainsi sur les symptômes
négatifs (tel le retrait), et dans une moindre mesure sur la
dissociation.
On peut distinguer les neuroleptiques à action
immédiate, et les neuroleptiques dits « retards »,
ou NAP (Neuroleptique à Action Prolongée) ; ces derniers
permettent une diffusion progressive de la molécule dans l'organisme.
Ils sont administrés en intramusculaire. Il s'agit le plus souvent d'une
injection dans le muscle fessier, dans le quadrant supéro-externe de la
fesse, ou dans le muscle deltoïde (nouveauté pour le
RisperdalConta®). Les produits sont souvent huileux (bien que les nouveaux
neuroleptiques le soient moins), et dans ce cas peuvent provoquer des douleurs
si injectés trop rapidement. Leur durée d'action varie de deux
à quatre semaines. Ainsi, au bout de ce délai, leur effet diminue
progressivement et le patient peut avoir des symptômes plus
marqués qu'en début de traitement. Cela aura un impact au moment
de l'injection suivante (réapparition de la symptomatologie).
2.3.3 Les effets secondaires des neuroleptiques
Les effets secondaires des neuroleptiques sont nombreux. Les
patients se plaignent notamment de nombreux effets somatiques. Le syndrome
extrapyramidal comporte des akinésies*, des tremblements, des
dyskinésies*, tardives et précoces. Ces dernières peuvent
apparaitre après un an de traitement à faible dose, et ne plus
disparaitre même si le traitement est baissé. Peuvent survenir
aussi des crises dystoniques du tronc, des akathisies*, le syndrome des jambes
sans repos*. Les neuroleptiques provoquent également
galactorrhées*, gynécomasties*, baisse de libido, prise de poids,
sédation, hypotension, bouche sèche, constipation, mydriase*,
diplopie*, tachycardie, ...10(*)
Nous voyons ainsi à quels effets secondaires plus ou
moins handicapants les patients peuvent-être confrontés. De ce
fait, ils sont très souvent un frein à la prise de neuroleptique.
Je me suis également intéressée à
la notion de pharmakon des Grecs antiques ; le médicament
peut-être à la fois remède bénéfique et
poison mortel ; Hölderlin disait que « là
où croit le danger, croit aussi ce qui sauve »11(*). Injecter un
médicament à un malade n'est pas un acte anodin. Les
neuroleptiques peuvent apaiser des situations de grande souffrance ; ils
peuvent également être lourds de conséquences (les effets
secondaires).
2.4 Hypothèse sur ce que peut
représenter une injection intramusculaire pour un
schizophrène
Rappelons-nous le Moi-peau de Didier Anzieu12(*) abordé dans le chapitre
précédent : Dans sa fonction contenante, la peau garde
à l'intérieur ce qui est bon ; lors d'une injection, on fait
pénétrer un élément du dehors, lors d'une ponction,
on retire ce qui est dedans. L'injection et la ponction sont-ils ressentis
différemment par le patient schizophrène ? Lors d'une
ponction, le psychotique peut avoir la sensation qu'on lui retire une partie de
lui-même. Lors d'une injection, on franchit sa barrière
protectrice, on lui injecte quelque chose du dehors (ce « quelque
chose » provenant de l'extérieur est-il
« bon » ?), peuvent s'ajouter à cela les
notions de persécution ou à minima de méfiance (cf.
délire à thème de persécution).
Néanmoins, j'ai souvenir d'un infirmier travaillant en
psychiatrie qui me racontait qu'un des patients du service attendait
l'injection intramusculaire qui lui faisait du bien ; en effet, cette
personne avait la sensation d'être remplie de gaz et l'injection
permettait l'évacuation de celui-ci.
S'ajoute à cela la technique d'administration de
l'injection qui se pratique la plupart du temps dans la fesse. Je me suis
demandé quelle incidence ceci pouvait avoir sur ces patients. Le choix
de ce site d'injection implique la plupart du temps une position
allongée sur le ventre. Ainsi installé, le patient ne peut voir
le soignant. Cela majore-t-il l'angoisse d'un patient se sentant
déjà persécuté ? Qu'en est-il de cette
position lorsque le patient est atteint d'hallucinations
cénesthésiques à caractères sexuels qu'il vit comme
des viols ? C'est une position qui touche aussi à la pudeur ;
qu'en est-il de la pudeur du schizophrène ?
Comme je l'ai cité précédemment, un
nouveau site d'injection est dorénavant proposé aux patients et
aux soignants pour le Risperdal consta®13(*) ; il s'agit du muscle deltoïde. La
possibilité de proposer au patient le choix du site peut-il être
un atout pour l'alliance thérapeutique ? Ce site sera-t-il
préféré à l'injection dans la fesse par les
patients ? Pour quelles raisons ?
N'ayant pas trouvé de réponses à mes
questions dans mes recherches théoriques, l'enquête sur le terrain
allait me permettre d'approfondir certaines réflexions.
3. Pôle empirique
3.1 Choix de l'outil d'enquête
Plusieurs objectifs m'ont guidée lors de cette
enquête.
Afin d'avoir des informations sur le travail infirmier sur le
terrain, j'ai tout d'abord ciblé la population infirmière en
service de psychiatrie.
Dans un second temps, j'ai choisi de faire des entretiens
semi-directifs. L'objectif était d'explorer certaines questions en
particulier, tout en laissant une porte ouverte à de nouvelles
hypothèses auxquelles je n'aurai pas pensé.
Enfin, je souhaitais savoir s'il existait des
différences dans la prise en charge de patients schizophrènes en
phase aigüe de la maladie et des patients stabilisés, ainsi qu'en
intra et extra hospitalier. Mon choix s'est donc porté sur des services
de psychiatrie allant des soins intensifs au CMP, en passant par un pavillon
d'admission et un hôpital de jour.
J'ai donc réalisé 4 entretiens semi-directifs
(dont un avec deux soignants) à partir d'une grille d'entretien jointe
en annexe III.
L'objectif de la première question était de
cibler la population enquêtée : âge, sexe, fonction,
années d'expérience en psychiatrie, dans quels types de
services.
La deuxième question avait pour objectif
d'étudier comment se manifeste « le corps du
schizophrène » sur le terrain. Qu'observent les
soignants ? Qu'est-ce qui est le plus fréquent ? Existe-t-il
des signes « discrets » auxquels ils prêtent
attention ? De quels effets secondaires se plaignent les
patients ?
La troisième question me permettait d'explorer comment
les infirmiers abordent l'injection intramusculaire auprès d'un patient
schizophrène atteint de troubles corporels. Ont-ils des
difficultés ? Au contraire est-ce un soin
« facile » ? Mettent-ils des stratégies
particulières en place et si oui, lesquelles ?
Enfin, j'ai hésité avant de laisser à la
quatrième question une place à part entière dans le
questionnaire. En effet, je me disais que cette question concernant l'injection
intramusculaire dans le muscle deltoïde pouvait simplement être
abordée lors d'une relance. Mais réflexion faite, je l'ai
gardée telle quelle car elle me permettait de laisser une place à
part entière à plusieurs thèmes très importants
pour mon enquête : tout d'abord je voulais comprendre si le site
d'injection pouvait avoir une influence sur ce soin (position du soignant
par rapport au patient, position du patient lui-même) ; elle me
permettait aussi d'avoir des informations sur la pudeur, sur la douleur.
3.2 Résultats de l'enquête
L'échantillon enquêté se compose de 5
infirmiers ayant de dix à 30 ans d'expérience en psychiatrie.
Deux d'entre eux sont Infirmiers de Secteur Psychiatrique. Il y a quatre femmes
pour un homme. En hôpital de jour, deux infirmiers ont souhaité
répondre ensemble à mes questions. Les entretiens ont duré
entre 30 et 45 minutes, plus d'une heure pour l'entretien double (Tableau
récapitulatif joint en annexe IV).
3.2.1 L'importance du contexte
En premier lieu, les soignants me précisent tous que
le contexte est aidant lors de ce soin. En effet, soit le patient est
« en crise » et il faut l'apaiser rapidement (cf. loi
de bioéthique concernant les soins sous contrainte p. 11) ; dans ce cas,
il convient d'agir vite et le soignant ne tient pas forcément compte des
signes corporels que pourrait donner à voir le patient. De plus, le
délire étant le plus souvent très envahissant, c'est lui
qui est le plus « bruyant » et qui peut
immédiatement poser problème.
Soit le patient n'est pas en crise et a déjà un
traitement à action prolongé, et dans ce cas, il est
« habitué » à l'injection. Trois soignants
ont parlé d'« habitude », deux de
« rituel ». Ce que j'ai moi-même observé lors
d'un récent stage où le patient me disait qu'il était
« habitué » à ce soin. Je sais que pour le
névrosé le rituel a une fonction de défense contre
l'angoisse14(*). Qu'en
est-il du rituel chez le psychotique ? A-t-il la même
fonction ? Serait-il « contenant » ? La question
reste dans ce mémoire sans réponse et nécessiterait des
recherches plus poussées.
Enfin, une troisième situation concerne les patients
pour qui il s'agit de la première injection de neuroleptique à
action prolongée ; dans ce cas me précise une
infirmière de CMP, le médecin fait une « grosse
partie du travail » ; en effet, il prépare le
patient, lui donne le maximum d'explications et répond à ses
premières questions ; et avant tout, il « choisit »
la personne prête à recevoir ce type de soin. J'en comprends que
le médecin ne prescrira pas ce type de thérapeutique à un
patient qui aurait des troubles corporels tels que recevoir l'injection lui
serait insupportable.
Bien que le contexte aide à l'acceptation du soin, les
soignants ont remarqué des caractéristiques du
schizophrène qu'il convient de prendre en compte afin de faciliter le
ressenti des patients.
3.2.2 La pudeur
La particularité la plus marquante résultant de
l'enquête vient compléter mon pôle théorique. En
effet, je n'avais pas d'élément sur la pudeur. Une pudeur
atténuée semble commune à beaucoup de patients
schizophrènes. Les cinq infirmiers ont en effet constaté que les
patients ne montraient aucune gêne à baisser leur pantalon lors de
l'injection, mais de plus qu'ils restaient « volontiers »
avec le pantalon baissé, plusieurs minutes avant le soin. Fait que j'ai
également constaté récemment lors d'un stage en Service de
Soins de Suite et Réadaptation. Cette impudeur, une infirmière de
CMP l'explique très simplement : « Pas d'affect, pas de
pudeur ». Elle fait ici allusion à l'un des symptômes du
syndrome autistique : l'émoussement affectif. De même, les
soignants ont évoqué
« l'excentricité » du schizophrène. Il me
semble qu'en fait ces patients ne semblent pas autant préoccupés
que nous par les normes sociales. A ce propos, un infirmier d'hôpital de
jour a ajouté que lors des ateliers théâtres, ces patients
ne semblaient troublés ni par le trac, ni par certains costumes dont ils
étaient parfois « affublés » et que les
soignants eux-mêmes rechignaient à porter !
Par contre, à deux reprises, c'est l'infirmier
lui-même qui a exprimé une gêne face à cette
impudeur. Ce qui, je dois bien l'avouer est mon cas aussi. Nous restons
professionnels lorsque nous arrivons à passer au-delà de cette
gêne pour assurer le soin.
3.2.3 Le rôle des vêtements
Une autre des caractéristiques du patient atteint de
schizophrénie est la superposition de couches de vêtements,
souvent en inadéquation avec le climat ou la température :
blouson et bonnet en été, superposition de plusieurs T-shirts...
Les soignants l'expliquent par un besoin de contenance ; comme si les
vêtements servaient à contenir physiquement ce corps souvent
morcelé. Le morcellement, l'absence de « limites »
corporelles et le signe du miroir (signe de dépersonnalisation) ont
d'ailleurs été cités par la moitié des personnes
interrogées. La superposition de vêtements serait-elle une sorte
« d'auto thérapie » ? Cela nous renvoie
à la fonction contenante de la peau de Didier Anzieu, elle contient les
organes, elle contient également le psychisme lorsque cette fonction
n'est pas « défectueuse » (le
« Moi-peau »p. 9). Elle a également pour fonction de
protéger de ce qui est « mauvais » et qui vient de
l'extérieur. Trois soignants dont deux de services hospitaliers ont
noté à ce sujet une grande difficulté pour ces patients
à se dévêtir ; ceci est apparemment d'autant plus
prégnant en service de soins intensifs psychiatriques. Un soignant n'a
pas hésité à ce sujet à parler de
« deuil » des vêtements ; un autre
avait noté l'importance que certains patients donnaient à leurs
propres odeurs corporelles ; il évoquait la possibilité que
la personne avait du mal à quitter ces vêtements
imprégnés de son odeur (l'odeur serait-elle elle-même
contenante ?). Le vêtement comme une autre peau en quelques
sortes.
C'est dans ce rapport aux vêtements que ce situerait
une particularité de pratiquer une injection intramusculaire chez un
patient atteint de schizophrénie. Parfois l'infirmier(e) va être
attentif(ve) à ne pas trop dévoiler la partie du corps
nécessaire à l'injection et la pratiquer
« rapidement ».
Nous constatons ici quelque chose qui peut sembler
paradoxal : impudeur et difficulté à se
dévêtir. J'émets l'hypothèse que les vêtements
n'ont pas la même signification que pour nous ; ils semblent plus
être contenants que des attributs servant à cacher certaines
parties du corps. Une fois ce besoin de contenance atténué (par
la confiance soignant-soigné, par la stabilisation de la pathologie et
des signes associés), les vêtements perdent une grosse partie de
leur fonction (régie par les normes sociales).
3.2.4 L'incurie
En fait, il apparait qu'en service hospitalier la mise en
tenue de nuit ou la toilette peuvent s'avérer plus difficiles qu'une
injection. La toilette peut-être d'autant plus difficile que, comme le
précise l'infirmière de service de soins intensifs, alors que
l'injection de neuroleptique est un geste « relativement
facile » à faire accepter car il a pour but d'apaiser le
patient, elle trouvait beaucoup plus compliqué d'expliquer le bien
fondé d'une toilette à des patients qui ne se sentent pas
toujours concernés par les normes sociales, celles qui concernent la vie
en collectivité. D'ailleurs, dans l'hypothèse ou je me propose de
comparer le vêtement à la peau, comment imaginer enlever cette
peau pour se doucher ? Quelle angoisse insoutenable cela doit
provoquer ! Et comment expliquer à une personne qui parfois ne
reconnait pas son propre corps (cf. la dépersonnalisation et la position
schizo-paranoïde), qu'il convient d'en prendre soin ?
Nous retrouvons à ce sujet l'incurie
évoquée dans le pôle théorique. Elle est
fréquemment observée en CMP et hôpital de jour. L'incurie
est plus « visible » dans ces services car les patients
vivent chez eux, et ne sont donc pas « contraints » de
s'occuper de leur hygiène. L'infirmier d'hôpital de jour a
d'ailleurs précisé qu'un des patients venait se doucher chez eux
(encouragé par son père), car il était incapable de le
faire chez lui ; ce patient n'utilisait d'ailleurs pas de savon ;
celui-ci masquait-il ses odeurs corporelles, très importantes pour
lui ?
3.2.5 Le délire
Dans le pôle théorique, il m'a été
difficile de déterminer quels signes corporels étaient issus de
troubles de l'image du corps ou issus du délire. C'est une
difficulté que semblent avoir les soignants ; il me semble que dans
la schizophrénie, l'image du corps, le délire, la dissociation,
le repli, la plainte somatique, tout est mélangé. Finalement, il
me parait bien difficile de ranger chaque signe, chaque symptôme dans des
catégories. Nous avons souvent besoin de catégoriser afin de
mieux comprendre ce qui nous est abstrait ; comment appréhender ce
que ressent un psychotique ? Peut-on seulement l'imaginer ?
3.2.6 La douleur et l'anxiété
A ce propos, je n'ai pas d'information très
précises quant au ressenti du patient lors de l'injection. Toutefois,
les soignants ont évoqué des stratégies mises en place
afin de rassurer le patient, j'en déduis que
l'anxiété peut-être présente.
« Favoriser la détente avant l'injection »,
« aller vite », « ne pas le laisser en
attente », (« seul face à ses
angoisses » comme me l'avait dit l'infirmière du CMP dans
ma situation de départ), sont les termes qui ont été
évoqués à ce sujet. J'ai constaté lors de mes
différents stages que l'anxiété lors d'une injection est
une réaction commune à beaucoup de patients, psychotiques ou non.
Cette anxiété est-elle plus forte chez une personne atteinte de
schizophrénie ? Ici, l'infirmier(e) semble y être
particulièrement attentif(ve). Je l'explique par le fait que ces
personnes ont un comportement émotif particulier qui peut mettre le
soignant en difficulté : ambivalence, affects
inappropriés... Il convient alors de tenir compte de cette
particularité et de prendre en charge une potentielle
anxiété afin d'éviter au patient une décharge
émotionnelle qu'il aurait du mal à gérer. Cependant,
je n'ai pas eu plus de précision sur la cause de cette
anxiété. La peur de la douleur ? À ce sujet, les
trois-quarts des soignants notent un rapport particulier à la douleur.
Ils évoquent l'insensibilité au chaud et au froid, (ce qui
contribue d'autant plus à la superposition de vêtements même
en été), l'absence de douleur (lors d'une brulure par exemple),
ou la difficulté d'évaluation de la douleur. Une des
infirmières est d'ailleurs membre du Comité de Lutte Contre la
Douleur et travaille sur une grille d'évaluation de la douleur en
psychiatrie.
3.2.7 Le Pharmakon
Un autre élément entrant en compte dans la
réalisation de l'injection intramusculaire de neuroleptique a
été relaté lors des entretiens. Cet élément
peut-être facilitant ou problématique. Il s'agit de la
connaissance du produit par le patient. Ceci peut-être une aide car le
patient sait que les neuroleptiques ont pour fonction d'apaiser des
symptômes envahissants. Les soignants constatent fréquemment la
demande du « si besoin » par le patient lui-même
lorsqu'il se sent très « envahi ». Les
soignants ont parlé à ce propos d'injection de neuroleptique qui
devient contenante ; s'est également posé la question de la
part du rituel. Mais il y a le « revers de la
médaille », et je fais référence ici à la
notion de Pharmakon citée dans le pôle théorique (page 12).
Certains patients appréhendent ces effets secondaires ; nous devons
alors être attentif à leur apparition, à leur
tolérance, et à l'impact que cela peut avoir sur l'acceptation de
l'injection (code de la santé publique, article R.4311-5, page
10). Les effets secondaires dont se plaignent le plus souvent les patients sont
la prise de poids (posant plus problème aux femmes), la baisse de libido
(posant plus problème aux hommes), et la fatigue après
l'injection. A ce sujet, je trouve assez paradoxal le fait de ne pas se soucier
de son corps, mais de se préoccuper de son poids. Peut-être qu'il
ne s'agit pas des mêmes personnes, ou du même stade de la
maladie.
3.2.8 La ponction
Mais si l'injection ne semble pas poser d'importantes
difficultés aux patients, il semble par contre que les ponctions
sanguines puissent-être très mal vécues. La symbolique du
sang, le fait que le patient voit le geste peuvent fréquemment s'ajouter
à un délire de persécution ou à des hallucinations
corporelles déjà présents (impression qu'on lui
enlève une partie de son corps par exemple) ; à tel point
qu'il arrive souvent dans les services de soins intensifs que ce soin soit
reporté. Contrairement à ce je pensais, lors d'une injection
intramusculaire dans la fesse, le fait que le patient ne voit pas le geste ne
semble pas être une gêne (en accentuant un délire de
persécution...). Au contraire, ainsi il ne voit pas l'aiguille. (Il est
vrai comme me l'a rappelé une des infirmières, que les patients
en général, même non psychotiques, n'aiment pas
forcément regarder ce geste). Je suppose toutefois que le patient doit
avoir confiance dans le soignant ; ce qui expliquerait d'ailleurs qu'un
patient du CMP avait refusé que moi-même, étudiante
infirmière qu'il n'avait de plus jamais vue, lui fasse l'injection. Le
fait que le patient demande que l'injection soit faite par un soignant en
particulier a d'ailleurs été relaté dans la moitié
des entretiens ; homme ou femme, ceci ne semble pas être forcément
un critère de « sélection » ; l'habitude
là encore ? Ou la confiance ?
3.2.9 La difficulté des soignants
Enfin, un élément que je n'avais pas
soupçonné s'est révélé lors des
entretiens ; il concerne la moitié des soignants interrogés.
Il s'agit de la difficulté des soignants eux-mêmes face à
l'injection de neuroleptique. Je l'ai évoquée brièvement
dans la partie sur la pudeur. La difficulté vient également de la
« taille de l'aiguille » et du geste en
lui-même qui est « sec ». Une des
infirmières a parlé à ce sujet d'acte
« barbare ». Une autre, ayant pourtant 30 ans
d'expérience, n'aimait pas non plus faire ce soin, également
à cause de la taille de l'aiguille, mais aussi car elle était en
difficulté face aux conséquences de l'injection de
neuroleptiques : les effets secondaires, l'entrée dans une maladie
chronique souvent très invalidante (cas de la première
injection). Cependant, trois des soignants ne pensent pas que l'injection
intramusculaire dans le muscle deltoïde soit une
« aide » pour le soignant. En effet, ils se sentent
d'autant plus « en difficulté » face à la
taille de l'aiguille en rapport avec celle du muscle deltoïde ; ils
parlent d'acte « risqué », qui
n'apporterait rien au patient, si ce n'est la possibilité d'un site
d'injection de plus. Même un avantage avancé par les laboratoires
vendant le produit et le présentant comme pouvant-être mieux
accepté car assimilé à une vaccination n'est pas
accepté par les soignants, qui précisent que les patients
connaissent le produit, savent et doivent savoir à quoi il sert.
3.3 Synthèse de l'analyse et formulation de la
question de recherche.
Je constate que je ne suis pas la seule à trouver ce
soin « difficile ». L'infirmier n'est pas une
« machine » et lui aussi peut-être en
difficulté face à la taille d'une aiguille, face à un
produit qui n'est jamais anodin, face à l'impudeur... cependant, il fait
le soin, et ceci dans les meilleures conditions possibles. C'est en cela qu'il
est « professionnel ». Ce soin semble être
vécu d'une manière particulière par le schizophrène
et les manifestations corporelles sont caractéristiques et très
présentes. Contrairement à mon hypothèse de départ,
ce n'est pas la « piqûre » en elle-même qui en
est la cause, mais d'autres éléments. Le rôle des
vêtements me semble prédominant. Cette autre peau semble contenir
le corps et le psychisme. Le « Moi-peau » prend pour moi
tout son sens. Il conviendra au soignant lors de ce soin d'y prêter une
attention toute particulière (prêter attention à
l'incurie), mais également de tenir compte d'une douleur difficile
à évaluer, du délire, de ce que représentent les
neuroleptiques, pour le patient et pour le soignant, en matière
d'efficacité mais également d'effets
délétères pour le corps. Enfin le contexte dans lequel le
soin est prodigué est un élément essentiel qui va modifier
la façon de faire du soignant. Le soignant se devra (et je me devrai)
alors de déceler où en est le patient de sa pathologie ?
Quelle connaissance il a du soin et de l'effet du traitement ? En est-il
à sa première injection ou y est-il
« habitué » ? Et où en suis-je
moi ? Suis-je à l'aise avec cet acte ? Suis-je capable
d'être professionnelle et de ne pas transmettre au patient mes
éventuelles inquiétudes ? Suis-je capable de le
rassurer ? Ai-je assez de connaissances pour lui expliquer le but du
soin ? En un mot, suis-je capable de donner du sens au soin ?
Il y a plusieurs questions qui restent en suspens et que
j'aimerais explorer davantage : la douleur et la psychose, le rôle
du rituel pour les psychotiques, l'influence du délire sur les soins
infirmiers... mais celle qui retient mon attention est issue de la fonction des
vêtements pour le schizophrène : la fonction contenante. J'ai
évoqué les vêtements « contenants »,
l'injection « contenante », l'odeur
« contenante ». Qu'en est-il de l'infirmier
« contenant » ? En quoi l'infirmier peut-il se
substituer à la fonction contenante des vêtements ?
D'où ma question de recherche :
En quoi l'infirmier peut-il être contenant face au
patient atteint de schizophrénie ?
Conclusion finale
J'ai tenté dans ce mémoire de comprendre en
quoi les troubles corporels du schizophrène pouvaient influencer le
rôle infirmier lors d'une injection de neuroleptique. Ce que je
dégage de ce travail, outre un grand plaisir à l'avoir
élaboré, c'est que la schizophrénie, qui me paraissait
énigmatique au départ du travail, le reste en grande
partie ! Ce travail ne m'a pas permis de comprendre
précisément ce que pouvait ressentir un patient atteint de
schizophrénie, comment il « vit » son corps,
même si je l'ai tout de même « touché du
doigt ». Il aurait été intéressant d'avoir
l'avis des patients eux-mêmes, mais je pense qu'il faut avoir une
certaine expérience de ce type d'entretien afin de ne pas mettre les
personnes en difficulté. Il m'est encore difficile d'identifier les
émotions que ressentent ces patients. Cependant, ce travail de fin
d'étude m'a permit d'avoir une idée plus précise du
travail de l'infirmier lors d'une injection de neuroleptique et je me sens
à même d'y mettre « du sens ». Au travers de
ce travail, c'est le métier d'infirmier que j'ai exploré. J'ai
maintenant l'impression d'avoir pris conscience de ce que me
répétaient les formateurs tout au long de la
scolarité : Le geste en lui-même n'est pas tout. Il faut
donner du sens au soin. Et c'est là tout l'intérêt que je
porte à ce métier. Je n'aime pas spécialement
« piquer ». Mais l'exemple de l'injection de neuroleptique
chez un patient atteint de schizophrénie montre bien que le
« geste » n'est qu'une petite partie du travail infirmier.
Ce qui fait l'essence même du métier, ce sont les connaissances
que mobilise le professionnel, ses qualités d'observation, de
pédagogie, sa patience ainsi que ses capacités d'analyse. Ceci
ajouté à la dextérité et à son
professionnalisme, qui le poussent à surmonter ses propres
appréhensions dans l'intérêt du patient, tout ceci
représente pour moi le métier d'infirmier.
ANNEXES
ANNEXE I
LEXIQUE
Par ordre d'apparition dans le texte
Pudeur p. 1, 13, 15, 16, 17, 20,
21
« [...] 2. Sentiment de gène
à se montrer nu. [...] ». (LE ROBERT MICRO. Paris :
Le robert, 2006, p. 1078).
Akinésies p. 12
« [...] se traduit par la rareté du
geste, la difficulté de la mise en route, la perte du balancement des
bras au cours de la marche et qui, pour une grande part est à l'origine
de l'amimie et de la rareté du clignement
palpébral » (POSTEL J. Dictionnaire de la
psychiatrie, 2003, p. 10.)
Dyskinésies p. 12
« Mouvement anormal involontaire d'amplitude
variable, plus ou moins régulier dans sa fréquence et son rythme,
soit localisé à une région (par exemple
bucco-linguo-faciale) soit diffus, touchant alors l'ensemble
corporel. »(POSTEL J. Dictionnaire de la psychiatrie,
2003, p. 161.)
Akathisies p. 12
« Difficulté à rester assis et
nécessité compulsive de se déplacer. [...] »
(QUEVAUVILLIERS J. Dictionnaire médical. Paris :
Masson, 2007, p. 17.)
Syndrome des jambes sans repos p.
12
« Mouvements anormaux nocturnes
constitués par des « impatiences » obligeant le
sujet à mouvoir les membres inférieurs [...] ».
(QUEVAUVILLIERS J. Dictionnaire médical. Paris :
Masson, 2007, p. 270.)
I
Galactorrhées p. 12
« Sécrétion abondante ou excessive
de lait, survenant éventuellement en dehors de la
lactation ». (QUEVAUVILLIERS J. Dictionnaire
médical. Paris : Masson, 2007, p. 212.)
Gynécomasties p. 12
« Hypertrophie des glandes mammaires chez
l'homme ». (QUEVAUVILLIERS J. Dictionnaire
médical. Paris : Masson, 2007, p. 225.)
Mydriase p. 12
« Dilatation de la pupille, qui peut être
physiologique, pathologique ou médicamenteuse. »
(QUEVAUVILLIERS J. Dictionnaire médical. Paris : Masson,
2007, p. 319.)
Diplopie p. 12
« Trouble de la vision dans lequel le sujet
perçoit deux images d'un seul et même objet.
[...](QUEVAUVILLIERS J. Dictionnaire médical. Paris :
Masson, 2007, p. 158.)
IANNEXE II
II
II
ANNEXE III
GRILLE D'ENTRETIEN
Le corps du schizophrène et l'injection de
neuroleptique
1. Pouvez-vous vous présenter ?
2. Pouvez-vous me parler des signes corporels que vous
observez lors de la prise en charge d'un patient atteint de
schizophrénie ?
3. Comment abordez-vous la problématique de
l'injection intramusculaire de neuroleptique lors de la prise en charge
d'un patient schizophrène présentant des troubles de l'image du
corps ?
4. Il existe dorénavant la possibilité
d'injecter un neuroleptique retard dans le muscle deltoïde. Qu'en
pensez-vous ?
5. Avez-vu quelque chose à
ajouter ?
IIIANNEXE IV
TABLEAU RECAPITULATIF
POPULATION ENQUETEE
|
Age
|
Pavillon
|
Dans le service depuis
|
Diplôme
|
Date d'obtention du diplôme
|
Expériences IDE
|
Infirmière A
|
41 ans
|
USIP
|
?
|
IDE
|
10 ans
|
Clinique privée : pavillon ouvert /
sismothérapie
Hôpital public : Urgences psychiatriques / Pavillon
ouvert
|
Infirmière B
|
?
|
UAPA
|
4 ans
|
IDE
|
11 ans
|
Somatique : 3 mois
UPG 6 ans
Actuellement membre du CLUD
|
Infirmière C
|
?
|
CMP
|
2 ou 3 ans
|
ISP
|
29 ans
|
Urgences psychiatriques 10 ans
HDJP 18 ans
|
Infirmière D
|
33 ans
|
HDJP
|
2 ans
|
IDE
|
10 ans
|
Somatique 5 ans
UAPA / MAS
|
Infirmier E
|
56 ans
|
HDJP
|
9 ans
|
ISP
|
20 ans
|
Soins Intensifs en Psychiatrie : 10 ans
|
Index des abréviations :
USIP Unité de Soins Intensifs en
Psychiatrie
UAPB Unité d'Admission Psychiatrique
secteur B
CMP Centre Médico Psychologique
HDJP Hôpital de Jour Psychiatrique
UPG Unité de Psycho Gériatrie
MAS Maison d'Accueil
Spécialisée
CLUD Comité de Lutte contre la
Douleur
IV
BIBLIOGRAPHIE
Schizophrénie et symptômes
Les documents électroniques
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Travaux d'étude et de
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20. Divers
21. 22. Les
documents électroniques
23.
Névrose obsessionnelle et obsessions. Transcription
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MR DOMINIQUE GIFFARD pour le site "Psychiatrie Infirmière".
Disponible sur internet : <
http://psychiatriinfirmiere.free.fr/infirmiere/formation/psychiatrie/adulte/pathologie/nevrose-obsessionnelle.htm)>.
Législation
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25. MEDICOPEDIA. Dictionnaire
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<http://www.medicopedia.net/term/2337,1,xhtml>).
26. 27. 28. 29. 30. 31. 32. 33. 34. 35. 36. 37. 38. 39. 40. A
ma Toon,
41. Pour le temps que je n'ai pas
passé avec toi...
42. 43. Je
remercie
44. Lionel S.
45. Daniel D.
46. Viviane M.
47. Sylvie C.
48. Les infirmiers et infirmières
ayant participé à mon enquête ainsi que les cadres de
santé de leurs services
49. Mon père, ma mère et
Luc, pour mes animaux
50. RESUME
Ce travail de fin d'étude tend à expliquer ce
que j'ai compris d'une situation de départ lors d'un stage de
deuxième année en Centre Médico Psychologique. Grâce
aux éléments du pôle théorique et à
l'enquête de terrain en services de psychiatrie, j'explore dans ce
travail « le corps du schizophrène », l'injection de
neuroleptique et le rôle infirmier lors de ce soin. Ainsi, d'une analyse
de départ « naïve », mon travail
débouche sur une analyse que je qualifie de plus
« professionnelle » qui me permet de donner « du
sens au soin ».
MOTS CLES
Schizophrénie - Corps - Injection intramusculaire -
Neuroleptique - Infirmièr(e) - Contenance
ERRATA
Titre Lire : Le corps du patient
atteint de schizophrénie et l'injection de neuroleptique
A la place de : Le corps du
schizophrène face à l'injection de neuroleptique
Page 12 ligne 2
Lire : cela pourra avoir un impact au moment de
l'injection...
A la place de : cela aura un impact
au moment de l'injection...
Page 12 Lire :
Questionnement sur ce que peut représenter une injection intra
musculaire pour un patient atteint de schizophrénie
A la place de : Hypothèse
sur ce que peut représenter une injection intra musculaire pour un
schizophrène
Annexes IV Lire :
Infirmière D [...] UAPB / MAS
A la place de : Infirmière D
[...] UAPA / MAS.
.
* * * .
** . .
* 1 * Cf. Index des abréviations.
Diagnostic and Statistical Manual of Mental
Disorders, quatrième révision, 1994. Manuel diagnostique et
statistique des troubles mentaux, classification de l'APA, Association
Américaine de Psychiatrie.
* 2
FACULTE DE MEDECINE UNIVERSITE DE POITIERS.
Psychiatrie Adulte et Psychologie Médical [dernière
mise à jour 14 septembre 2004]. Disponible sur internet :
<http://senon.pagesperso-orange.fr/>
* 3 PR PIERRE-MICHEL LLORCA.
Encyclopédie Orphanet 2004. [dernière mise à jour
6 février 2011].Disponible sur internet : <
http://www.orpha.net/data/patho/FR/fr-schizo.pdf>
* 4 QUEVAUVILLIERS J.
Dictionnaire médical. Paris : Masson, 2007. P. 146.
* 5 MEDICOPEDIA. Dictionnaire
médical en ligne. [2006-2010]. Disponible sur internet :
<http://www.medicopedia.net/term/2337,1,xhtml>).
* 6 CAMH, CENTRE D'ADDICTION ET
DE SANTE MENTALE. La schizophrénie guide d'information.
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* 7
psychoweb.dnsalias.org [dernière mise à jour 1
août 2008]. Disponible sur internet :
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* 8 Retranscription d'un
exposé oral de MR LABASSE, avril 86. Écrit,
complété, mis à jour par MR D. GIFFARD pour le site
"Psychiatrie Infirmière" Délire, pathologie délirante
et hallucination. Disponible sur internet :
<http://psychiatriinfirmiere.free.fr>
* 9
1. PASCALINE MANBOUR. Site : Aide Psy. En savoir plus sur la
position schizo-paranoïde (ou persécutive) et la position
dépressive. Disponible sur internet : <
http://www.aidepsy.be/en_savoir_plus_position_klein>
* 10
3. * Cf. lexique en annexe I.
4. FACULTE DE MEDECINE PIERRE ET MARIE CURIE Chapitre 15 -
Neurologie - Psychiatrie. Disponible sur internet :
5.
<http://www.chups.jussieu.fr/polys/pharmaco/poly/POLY.Chp.15.7.3.html>
* 11 ART INDUSTRIALIS.
Pharmakon. Disponible sur internet :
<http://arsindustrialis.org/pharmakon>
* 12 ANZIEU D. Le
Moi-Peau. Paris : Dunod, 1995. 276 p. Collection Psychismes.
* 13 GONGUET B. «Quand
l'injection fait lien ». Santé mentale,
Février 2011, n°155, pp. 10-13.
* 14
Névrose obsessionnelle
et obsessions. Transcription de l'intervention orale de MR BON en mai
86. Écrit et mis en forme par MR DOMINIQUE GIFFARD pour le site
"Psychiatrie Infirmière". Disponible sur internet : <
http://psychiatriinfirmiere.free.fr/infirmiere/formation/psychiatrie/adulte/pathologie/nevrose-obsessionnelle.htm)>.