CONCLUSION GENERALE
Au terme de notre étude, rappelons que celle-ci a
été intitulé « l'influence de la politique
tarifaire sur la croissance des entreprises publiques : cas de la
REGIDESO, de 2005 à 2008 ».
Ce travail avait pour ambition d'étudier l'influence de
la politique tarifaire sur la croissance de la REGIDESO. Nous cherchions
à vérifier si la politique tarifaire discriminatoire
appliquée par cette entreprise chargée de la distribution d'eau
potable en RDC influence positivement ou négativement à travers
sa croissance économique le chiffre d'affaires, la valeur
ajoutée, la productivité du travail ou mieux la
rentabilité.
La suite de cette conclusion générale s'articule
autour de quatre points ci- après :
· synthèse de l'étude,
· principaux résultats et vérification des
hypothèses,
· suggestions,
· axes de recherche et épilogue.
1. Synthèse de l'étude
Nous avons commencé cette recherche par une
introduction générale dans laquelle nous avons
énoncé nos préoccupations (problématique) et
posé la question centrale suivante : « comment la
politique tarifaire pra tiquée par la REGIDESO jouit du monopole de
distribution d'eau potable en RDC influence-t-elle la croissance de cette
entreprise ? »
Les questions spécifiques auxquelles nous avons
essayé de répondre tout au long des développements qui
précédemment sont les suivantes :
- La politique tarifaire telle que pratiquée à
la REGIDESO permet - elle à l'entreprise de réaliser de
profits ?
- La REGIDESO jouit-elle d'une liberté de gestion pour
instaurer une politique tarifaire qui peut favoriser sa croissance ?
- Quels sont les indicateurs de croissance de la REGIDESO qui
nous permettent d'apprécier la contribution ou l'influence de la
politique tarifaire ?
- Une politique tarifaire discriminatoire telle que
pratiquée à la REGIDESO a-t-elle influencé positivement ou
négativement la croissance de la REGIDESO ?
En guise de réponses aux questions posées
ci-dessus, nous avons formulé les hypothèses de travail
ci-après :
· La Régie de distribution d'Eau potable,
dépend généralement de sa politique tarifaire pour la
maximisation de ses recettes en vue de favoriser sa croissance.
· La politique tarifaire telle que pratiquée
à la REGIDESO ne lui permet pas de réaliser des profits
substantiels compte du fait que les tarifs par catégorie
d'abonnés sont souvent inférieur aux prix de revient
unitaires.
· Bien que la REGIDESO arrive tant soit peu à
pérenniser ses activités, elle ne jouit de la liberté de
mise en place d'une bonne politique tarifaire par rapport à ses
objectifs, politique tarifaire qui pourrait lui permettre d'améliorer sa
performance c'est-à-dire d'être efficiente, efficace et de
générer de recettes en vue de faire face à ses charges.
Pour mener à bien cette étude, nous l'avons
subdivisé en quatre chapitres qui s'articulent de la manière
suivante :
· Le premier était consacré au cadre
conceptuel sur la politique tarifaire dans une entreprise et donne quelques
définitions des concepts clés et les relations entre ces concepts
pouvant nous aider à mieux comprendre le sujet. Il s'agit des
présenter la relation qui les lie et le modèle retenu dans
l'étude.
· Le deuxième chapitre a présenté
quelques études empiriques sur la tarification dans les entreprises.
· Dans le troisième chapitre, nous
procédé à la présentation du champ d'application de
notre étude, à savoir l'entreprise publique
dénommée « REGIDESO » et de la
méthodologie utilisée.
· Enfin, dans le quatrième et dernier chapitre,
nous procédé à l'analyse empirique de la relation entre la
politique tarifaire et la croissance de la REGIDESO durant la période
allant de 2005 à 2008.
2. Principaux résultats et vérifications
des hypothèses
Dans cette investigation, il se dégage que les
principaux résultats ont porté sut les paramètres
suivants :
· les différents tarifs par catégorie
d'abonnés ;
· la production d'eau vendue ;
· le nombre d'abonnés avec compteurs et sans
compteurs ;
· les chiffres d'affaires réalisés durant
la période sous étude ;
· la valeur ajoutée dégagée dans le
tableau de formation du résultat ;
· les résultats nets avant impôts ;
· la productivité du travail ;
· les difficultés d'ordre administratif, financier
et technique rencontrées par la REGIDESO et qui peuvent influencer
négativement sa croissance.
Les abonnés de la REGIDESO sont répartis en 6
catégories selon l'activité exercée par l'abonné de
manière à tenir compte de leur pouvoir d'achat :
1. bornes fontaines ;
2. les abonnés domestiques (ménages);
3. les abonnés
intermédiaires (activités sociales ou agropastorales);
4. les abonnés commerçants ;
5. les abonnés industriels (par exemple les
sociétés brassicoles);
6. les instances officielles (par exemple les administrations
publiques....).
La tarification de la REGIDESO est appliquée par
tranches progressives (TTP), dans sa politique de tarification, le tarif de
consommation d'eau pour usage domestique est répartis suivant les
tranches ci-après : de 1 à 10 m3 ;
de 11 à 25 m3 ; de 26 à 40 m3 et
de plus de 40 m3.
Les tarifs appliqués effectivement de 2005 à
2008 sont inférieurs aux tarifs établis en 1998 dégageant
un manque à gagner moyen pour les abonnés domestiques de :
0,16$, 0,25$, 0,32$ et 0,3625$ par tranche progressive.
· le total de nombre d'abonnés qui, en 2005 se
chiffrait à 257.732 dont 94,72% d'abonnés domestiques, a connu
une baisse en 2006 se situant à 247.625 dont 94,32% d'abonnés
domestiques. La REGIDESO a enregistré une hausse en 2007 avec un total
de 437.175 dont 95,24% d'abonnés domestiques. Une autre baisse a
été enregistrée en 2008 avec un total de 273.684
d'abonnés dont 93,99% d'abonnés domestiques.
· l'évolution de vente d'eau potable en FC a connu
une tendance à la hausse pendant toute la période de
l'étude. En 2005, la vente qui était de 41.639.404.380 FC ;
elle est passée en 2006 à 45.517.441. 840 FC, tandis qu'en 2007
et 2008 respectivement à 54.526.642.463 FC et 57.325.199.266 FC.
Signalons à présent que les créances des
instances officielles (Etat et gratuité ROCE) représentent en
moyenne 40% du total des chiffres d'affaires de la REGIDESO pendant toute la
période de l'étude (de 2005 à 2008). Les créances
des abonnés domestiques quant à elles ne représentent que
28,17% du chiffre d'affaire pendant toute la période indiquée.
Par contre les créances des abonnés industriels,
représentent seulement à 16,37%.
· Les chiffres d'affaires pendant toute la période
de l'étude (2005 à 2008) bien que pas considérable mais
elles sont nettement en progression. Dont 42.431.374.748 FC en 2005, pour
passer à 46.220.635.937 FC ; à 55.536.265.067 FC et à
58.632.159.077 FC respectivement en 2006, 2007 et 2008.
· S'agissant de la valeur ajoutée, nous avons
également constaté une nette augmentation de 2005 à 2007
respectivement de 27.991.021.473 FC, 32.236.670.117 FC et 39.095.661.862 FC
pour subir une légère baise en 2008 de 38.662.525.845 FC.
Sur ce, suivant l'évolution de ce deux indicateurs de
la croissance examiné ci-haut, nous pouvons dire que durant la
période allant de 2005 à 2007, nous avons constaté une
augmentation de ce deux indicateurs sauf qu'en 2008 la valeur ajoutée
à connu une baisse. Par contre le chiffre d'affaire a toujours
évoluer positivement. Cette baisse de la valeur ajoutée
constatée en 2008 est causée par un rapport négatif des
consommations intermédiaires.
· Nous remarquons aussi que l'évolution de la
productivité durant la période allant de 2005 à 2006, la
productivité à connu une augmentation successive de 531,76 et
583,02. Mais elle a connu une baisse de 326,01 en 2007 pour connaître une
augmentation de 2008.
Signalons que la baisse constatée en 2007 de la
productivité est du a une baisse du volume d'eau constaté
à une même année.
· Dans le tableau ci-après nous retenons le
résultat unitaire par catégories d'abonnés
ci-après :
|
Résultat Unitaire
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Bornes fontaines
|
20,45
|
98,4
|
184,56
|
106,97
|
S/Total Nombre abonnés Intermédiaire
|
0
|
262,45
|
386,82
|
296,3
|
S/Total Nombre abonnés commerçants
|
0
|
722,53
|
941,38
|
894,09
|
Industriels
|
0
|
623,61
|
776,72
|
836,41
|
S/Total Institutions O.
|
0
|
31,29
|
125,63
|
37
|
L'analyse du tableau ci-dessous nous montre que durant la
période allant de 2005 à 2008, les résultats unitaires
positifs sont enregistrés pour les catégories d'abonnés
bornes fontaines, intermédiaire, commerciale, industrielle et services
publics dont la rentabilité de l'entreprise s'y trouve.
Tandis que les résultats unitaires négatifs sont
enregistrés pour les catégories d'abonnés
suivants :
|
Résultat Unitaire
|
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Nombre d'abonnés domestiques
|
0
|
-222,25
|
-169,02
|
-254,99
|
Service REGIDESO
|
0
|
-105,5
|
-67,49
|
-55,63
|
Agents REGIDESO
|
0
|
-199,3
|
-140,32
|
-226,2
|
S/Total Nombre abonnés privés
|
0
|
-112,48
|
-25,76
|
-110,21
|
L'analyse des résultats unitaire réalisés
pendant la période allant de 2005 à 2008 pour les
catégories d'abonnés démontrent que les résultats
ont toujours été négatifs pendant que les domestiques a
eux seuls à consommer en moyenne plus de 56% de la production, le
service REGIDESO est en moyenne 1,08% et Agents REGIDESO est de 5%.
Nous constatons dans la catégorie domestique que bien
que eux même consomment en moyenne 56%, la contribution des domestiques
à la rentabilité de l'entreprise reste largement négative,
conséquence directe du tarif administré, non
rémunérateur.
Et pourtant au point de vue nombre d'abonnés par
catégorie, nous constatons que c'est la catégorie
d'abonnés domestique qui comprend le plus grand nombre d'abonnés
de la REGIDESO et qui consomme plus de 50% du volume d'eau distribué.
A notre avis, nos différentes hypothèses sont
vérifiées. En effet, les résultats obtenus concernant le
chiffre d'affaires, le nombre d'abonnés, la productivité, la
valeur ajoutée dégagent une tendance prouvant ainsi l'influence
positive de la politique tarifaire sur les indicateurs de la croissance de la
REGIDESO.
3. Suggestions
A la lumière des résultats sus décrits,
nous suggérons ce qui suit :
Bien qu'il y ait un manque à gagner sur les prix de
vente aux abonnés domestiques, l'eau étant un bien de
première nécessité ne doit pas coûter cher aux
ménages congolais dont le seuil de pauvreté est compris entre 1
à 2 dollars US par jours.
Au gouvernement :
A notre avis, nous pensons que songer à la
privatisation de la REGIDESO est une mauvaise politique économique car
elle affecterait la consommation d'un bien de première
nécessité ; les sociétés privées ne
seront plus influencées par l'Etat en cette matière, lequel les
laissera fixer librement les prix de l'eau.
Aussi, nous suggérons à l'Etat congolais de ne
pas privatiser cette entreprise.
L'Etat congolais doit faire des efforts pour apurer ses dettes
envers la REGIDESO en budgétisant l'apurement au cours des exercices
à venir.
A ce stade de notre recherche, nous ne pouvons que remercier
les bailleurs de fonds pour avoir financé la construction de certaines
unités industrielles de traitement de l'eau en RDC. Nous les invitons
à ne pas cesser de venir en aide à la RDC dont l'accès de
plus de 70% de la population à l'eau potable nécessite un
financement de l'ordre de plus de 14 milliards de $ US selon certaines
études.
4. Axes de recherche
L'analyse de l'influence de la politique tarifaire sur la
croissance économique d'une entreprise de distribution de l'eau potable
qui est un bien de première nécessité est une
matière délicate dès lors que l'Etat intervient pour ne
pas laisser l'entreprise qui jouit du monopole de distribution d'eau potable
augmenter les prix pour couvrir ses charges d'exploitation.
A ce stade d'investigation, nous ne pouvons pas
prétendre avoir épuisé la matière à traiter.
Il appartient donc aux futurs chercheurs de nous compléter.
5. Epilogue
Toute oeuvre humaine est perfectible. Cet adage
célèbre ne nous échappe pas. Notre modeste travail
contiendrait certainement des lacunes et omissions inhérentes à
la nature humaine. Que nos lecteurs ne nous en tiennent pas rigueur. Leurs
suggestions seront les bienvenues pour l'amélioration de nos futures
recherches.
C'est pourquoi nous sollicitons leur indulgence pour toutes
les insuffisances éventuelles qu'ils pourraient relever dans cette
oeuvre.
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