REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU
CONGO
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE
ACADEMIE DES SCIENCES DE DEVELOPPEMENT
A.S.D
B.P. 11134 KINSHASA I
APPROCHE D'ANALYSE DE LA GESTION DE LA COMMUNAUTE DES
FERMIERS DE BANKANA (COFEBA) PAR LE PROJET D'IMPLANTATION DES FERMIERS DE
KINSHASA (PIFK)
1986 - 1990
Par
Aubain LUSUNDJI BIASALA
Mémoire présenté et défendu en
vue de l'obtention du Diplôme de Licencié
en Economie Appliquée
Option : PLANIFICATION ECONOMIQUE
Directeur : IZIOMBA MUTUMBU
Année académique 2001 - 2002
0. INTRODUCTION GENERALE
0.1. PROBLEMATIQUE
Le Professeur ADEBAYO ADEDEJI((*)1) écrivait : « La
première décennie du développement (les années
1960) par exemple, a permis à de nombreux pays d'Afrique de lancer
d'ambitieux plans de développement ».
En effet, l'année 1960 coïncide avec les
indépendances pour un bon nombre de pays africains dont la
République Démocratique du Congo. Les nouveaux dirigeants ne sont
pas bien préparés à la gestion de la chose publique.
Devant de nombreux défis à relever, se trouve celui de nourrir
une population en constante progression.
Les espoirs suscités par l'indépendance et
l'appui des organismes internationaux (PNUD, FAO, FED, etc....) poussent
à l'optimisme. L'agriculture occupe une place non négligeable
pour les recettes dans la balance des paiements. Jean GOFFAUX((*)2) écrit :
« Les instances internationales vers 1960 proclamaient avec une
fierté à peine dissimulée que s'il subsistait encore
quelques 200 millions d'hommes sous-alimentés, on était encore en
passe de gagner de manière définitive la bataille de
l'alimentation et de la nutrition ».
En République Démocratique du Congo, le monde
rural représente près de 70% de la population. La principale
activité reste l'agriculture. Mais suite à la
détérioration de ses conditions de travail, le paysan congolais
n'est plus en mesure de couvrir les besoins alimentaires sans cesse croissants
de citadins.
Parmi les nombreux maux dont souffre l'agriculture congolaise,
nous citerons : le mauvais état des routes de desserte, le manque
d'encadrement, manque d'intrants, impossibilité d'accès au
crédit pour les petits exploitants. Le tout est surtout le
résultat du manque d'une bonne planification en matière
d'aménagement du territoire. En effet, les principaux centres de
concentration de la population ne correspondent pas souvent aux principaux
centres de production.
La conséquence sans doute la plus grave est le
phénomène d'exode rural qui draine vers les centres urbains une
bonne partie de la population des campagnes et accentue le chômage dans
ces centres. D.C. LAMBERT((*)1), cité par Jean GOFFAUX, écrit :
« L'exode rural contraint de commercialiser une fraction croissante
des récoltes pour nourrir les populations pauvres des villes compte tenu
des pertes au transport et au stockage, de profits de spéculation et des
marges d'intermédiaires, du coût de transformation des produits
alimentaires ; il faut, pour nourrir les chômeurs urbains,
dégager des surplus agricoles beaucoup plus importants pour nourrir sur
place des chômeurs ruraux en circuit d'autoconsommation ».
Devant l'ampleur du problème, les spécialistes
du développement sont face à un cercle vicieux. Le
dépeuplement des campagnes entraîne l'exode rural qui engendre le
chômage et qui aboutit à l'insuffisance de produits
alimentaires.
Plusieurs projets à caractère surtout agricole,
ont été initiés afin de résoudre ce
problème. Malheureusement, dans l'environnement économique
actuel, ils n'ont pas beaucoup de chance d'aboutir. Dans la plupart des cas,
c'est la gestion qui n'est pas maîtrisée. Même les projets
les mieux élaborés échouent parfois parce que les
initiateurs ne mettent pas l'accent sur la formation des futurs gestionnaires
de l'après-projet. KANKONDE((*)2) écrit : « Depuis plusieurs
années déjà, le Zaïre a connu beaucoup de projets
agricoles implantés en milieu rural. Jusqu'à ces jours cependant,
la quasi-totalité de ces projets se sont éteints sans avoir
marqué véritablement le monde rural dont ils prétendaient
améliorer les conditions de vie ».
Les projets de développement ne doivent pas se limiter
en fait à mettre en place les structures d'une unité de
production agricole mais également à former les gestionnaires
devant superviser et administrer les affaires de ladite unité.
0.2. HYPOTHESE
Dans le cadre de ce travail, nous voulons démontrer
(analyser) la problématique posée par la gestion des projets en
milieu rural en général et par le Projet d'Implantation des
Fermiers de Kinshasa, PIFK, en particulier.
0.3. CHOIX ET DELIMITATION
DU SUJET
Partant du postulat qui dit que : « même
avec les meilleures et les plus grandes dotations en ressources naturelles,
aucun pays ne peut se développer sans assurer la formation technique,
l'éducation morale, la promotion et la protection de ses ressources
humaines », nous nous sommes intéressé à la
gestion par le PIFK de la Communauté des Fermiers de Bankana, COFEBA en
sigle ; projet installé à 130 Kms de Kinshasa dans la
commune de Maluku pour la période allant de 1986 à1990.
0.4. BUT ET INTERET
PRATIQUE
Le but de notre travail est d'abord de faire connaître
la COFEBA, de permettre aux fermiers de prendre conscience des
impératifs que pose la gestion d'une communauté des fermiers dans
l'amélioration de la production.
L'intérêt pratique réside dans le fait que
les initiateurs des projets de développement devraient réserver
une part non négligeable à la gestion de l'après-projet.
Par cette occasion, nous voulons encourager d'autres chercheurs à
poursuivre cette étude afin d'apporter leur contribution.
0.5. METHODOLOGIE
Tous travail scientifique suppose l'utilisation des
méthodes et des techniques appropriées pour atteindre la
vérité.
0.5.1. Définition de la
méthode
Les définitions varient d'un auteur à un autre.
Pour J. THEUNISSEN((*)1) : « La méthode est la
direction donnée à l'intelligence, la voie suivie naturellement
par l'esprit pour acquérir la science avec facilité et
sûreté ».
R. PINTO et M. GRAWITZ ((*)1)définissent la méthode comme
« l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une
discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle
poursuit, les démontre et les vérifie ». Partant de ces
définitions, nous pouvons conclure que la méthode est une
démarche logique par laquelle l'esprit atteint la
vérité.
0.5.2. Sortes de
méthodes
On distingue plusieurs sortes de méthodes. Nous n'en
citerons que quelques unes à titre exemplatif. Nous avons :
- la méthode rationaliste qui se base uniquement sur la
raison ;
- la méthode empirique qui s'appuie exclusivement sur
l'expérience et l'observation ;
- la méthode historique qui se base sur la chronologie
des événements ;
- la méthode fonctionnelle qui s'adapte à une
activité bien déterminée ;
- la méthode systémique qui fait appel à
un système ;
- la méthode structuraliste qui privilégie
les relations entre les choses plutôt que les choses elles-mêmes
;
- la méthode dialectique qui se fonde sur la
réciprocité ou sur l'interaction ;
- la méthode analytique qui consiste à regroupe
des faits isolés en vue d'une analyse.
0.5.3. Les techniques
Jacques. IZIOMBA MUTUMBU((*)2) définit la technique comme « un
ensemble de procédés que la méthode suppose et qui tendent
à la recherche des éléments constitutifs de la
vérité ». Pour R. PINTO et M. GRAWITZ((*)3), « Les techniques ne
sont que des outils mis à la disposition de la recherche et
organisés par la méthode dans ce but.. Elles sons limitées
en nombre et sont communes à la plupart des sciences ». Les
techniques sont donc des instruments dont se sert la méthode pour mener
une étude.
0.5.4. Sortes de techniques
Il existe plusieurs techniques pour recueillir les
données dont on a besoin pour mener une étude. Nous citerons
entre autres :
- L'observation qui est une étude attentive ou
scientifique d'un phénomène ;
- L'interview est un entretien avec une personne pour
l'interroger sur ses actes, ses idées et ses projets ;
- Le questionnaire est une liste de questions ;
- La technique audio-visuelle et la technique documentaire.
0.5.5. Approche
méthodologique
Dans nos recherches, nous avons utilisé les
méthodes historique et analytique. La méthode historique nous a
permis d'établir la chronologie de la naissance de la COFEBA et à
déterminer les différents événements qui ont
conduit à sa création. La méthode analytique nous a
surtout servi dans le cadre pratique de notre travail. Elle nous a permis,
grâce à la documentation mise à notre disposition et aux
différentes interviews accordées par les personnes
contactées, à analyser et regrouper tous les faits concernant la
COFEBA.
0.6. DIVISION DU
TRAVAIL
En dehors d'une introduction et d'une conclusion, notre
travail se subdivise en trois chapitres. Le premier chapitre est
consacré aux généralités ; le second
présente le cadre sur lequel porte notre étude à
savoir la COFEBA sous tous ses aspects et le troisième, cadre pratique,
porte sur l'analyse de la gestion du PIFK.
Chapitre premier :
GENERALITES
I.1. LA GESTION
Le concept-clé autour duquel vont se développer
les autres thèmes est la gestion.
I.1.1. Définitions
Les définitions de la gestion varient selon les auteurs
et selon les disciplines dans lesquelles on l'utilise. George R. TERRY et
Stephen G. FRANKLIN((*)1)
donnent de la gestion la définition suivante : « La
gestion est un processus spécifique, consistant en activités de
planification, d'organisation, d'impulsion et de contrôle visant à
déterminer et à atteindre des objectifs définis
grâce à l'emploi d'êtres humains et à la mise en
oeuvre d'autres ressources ». Robert BONNEFOND((*)2) définit la gestion
comme étant « l'art de combinaisons rentables et l'art de
prendre des décisions ». La gestion apparaît comme
l'instrument approprié visant la meilleure utilisation des moyens
à mettre en oeuvre et dont on dispose pour atteindre les objectifs qu'on
s'assigne.
I.1.2. Historique de la gestion
La gestion est née avec l'apparition de l'homme sur la
terre. Dans le premier livre de la Bible, la Genèse((*)3), nous lisons :
« Dieu les bénit et leur dit : soyez féconds,
multipliez, remplissez la terre et soumettez-la ; dominez sur les poissons
de la mer ; les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la
terre ». C'est en quelque sorte une façon de dire à
l'homme de « gérer » la terre. Selon R.TERRY et
Stephen FRANKLIN, le beau père de Moise, JETHRO, serait le premier
consultant en gestion et aurait enseigné à son gendre les
concepts de la délégation de l'autorité, la limitation du
nombre de subordonnés directs et de gestion par exception.
En parcourant l'histoire des grandes civilisations, on
découvre que les principes de gestion bien appliqués ont permis
leur développement. En considérant la Mésopotamie,
l'Egypte, la Grèce, Rome, etc..., chaque civilisation s'est
efforcée d'apporter une contribution non négligeable à
l'élaboration de la gestion. Les Eglises Catholique, Protestante et
Musulmanes ont élaboré des préceptes de gestion qui ont
beaucoup influencé la civilisation occidentale.
Au début du XVIeme siècle, Charles
BABBAGE commence à s'intéresser aux méthodes permettent
d'améliorer la productivité du travail. Il inventa une machine
qui est considérée comme le père de l'ordinateur. Il est
présenté aussi comme le fondateur de la recherche
opérationnelle.
James MONTGOMERY, industriel écossais écrit les
premiers textes de gestion dans lesquels il traite des problèmes
liés à la planification, l'organisation et le contrôle dans
les premières usines.
Robert OWENS chercha à mettre l'accent sur
l'élément humain de coopération et à donner une
formation générale aux ouvriers sur la gestion des affaires.
Andrew URE, industriel anglais écrivit un livre
technique sur les aspects techniques, moraux et commerciaux de l'industrie.
Charles DUPIN, lui, recommanda l'enseignement des techniques
de gestion et de direction à l'université.
Avec la réalisation des chemins de fer aux USA, Henry
Varnum POOR, Directeur de l'American Rail-Road Journal insiste sur trois points
essentiels dans ses éditoriaux :
- l'organisation systématique et la division claire du
travail ;
- une communication permanente ;
- une conservation des informations communiquées en vue
des décisions futures.
Mais jusque-là, la gestion se limitait à
l'étude de secteurs précis. C'est avec Frederic W. TAYLOR et
l'Ecole de la Gestion Scientifique que la gestion est conçue comme un
véritable domaine d'étude.
Outre l'Ecole de la Gestion Scientifique, on compte aussi
l'Ecole des Comportements, l'Ecole Sociale, l'Ecole de la Gestion fondée
sur les systèmes, l'Ecole de la Gestion Contingente, l'Ecole
fondée sur les décisions, l'Ecole de la mesure quantitative,
l'Ecole du Processus de Gestion.
Dans le cadre de notre travail, nous nous sommes
appuyés sur cette dernière école.
1. L'Ecole de la Gestion Scientifique
Frederic W. TAYLOR est considéré comme le
père de la Gestion Scientifique. Pour lui, la gestion et non la
main-d'oeuvre, est à l'origine des problèmes de l'industrie et
peut constituer la solution. La méthode scientifique passe par les
étapes suivantes pour atteindre un objectif :
- identifier la proposition (l'objectif) ;
- acquérir par l'observation, des informations sur la
proposition ;
- formuler une hypothèse sur la proposition ;
- étudier avec soin la proposition grâce à
des expériences contrôlées ;
- fixer les priorités et clarifier les données
obtenues ;
- formuler une réponse susceptible de convenir à
la proposition ;
- ajuster et adapter concrètement la réponse
à la proposition.
Taylor préconise la « révolution
mentale » qui conduirait vers une fusion des intérêts
des dirigeants et des travailleurs en un tout gratifiant pour les deux parties.
Cette révolution mentale repose sur quatre principes :
a) Le développement de la meilleure méthode de
travail ;
b) La sélection scientifique et le développement
personnel des travailleurs ;
c) Le rapprochement et la réunion de la meilleure
méthode de travail et des travailleurs formés et
entraînés ;
d) La coopération étroite entre les dirigeants
et le personnel non dirigeant, coopération nécessitant une
division du travail, la responsabilité de la planification du travail
étant laissée aux dirigeants.
Le français Henri FAYOL a également
apporté une contribution intéressante aux concepts et au
développement de la gestion. Il a été un pionnier de la
gestion. Il a été un pionnier de la gestion dans la mesure
où il a formulé des généralisations de
portée universelle sur la gestion. A la différence de TAYLOR,
FAYOL porta ses efforts sur « l'administration
classique » ; il concentra l'attention sur l'ensemble de
l'entreprise et non sur un seul de ses segments. Il a été le
premier à avoir la vision selon laquelle la gestion repose sur
différentes fonctions, et son oeuvre a fourni un cadre dans lequel on
pourrait étudier et développer l'art de la gestion.
TAYLOR a eu plusieurs disciplines dont Carl BARTH, Henny
GANTT, Franck GIBRETH, Harrington EMERSON et Morris COOKE.
2. L'Ecole des Comportements
Elton MAYO et Fritz ROTHLISBERGER sont les pères de
l'Ecole des Comportements grâce à leurs études
réalisées à la Western Electric. Les adeptes de l'Ecole
des Comportements considèrent que le point fondamental, au centre des
actions des dirigeants, est le comportement des êtres humains. Cette
école insiste sur la nécessité de voir le dirigeant
recourir aux pratiques les meilleures en matières de relations humaines.
Les thèmes sur lesquels on met l'accent sont : les relations
humaines, la motivation, le commandement, la formation professionnelle et la
communication.
Cette école a appliqué les sciences du
comportement telles que la psychologie et la pathophysiologie à la
gestion. Les contributions de cette école sont remarquables et
importantes. Elle a insisté sur la participation et sur la
manière de résoudre les conflits qui tiennent à de fortes
divergences d'opinion au sein d'une organisation. Elle admet aussi l'influence
vitale de l'environnement et des contraintes sur les comportements. Mais le
champ des comportements humains ne recouvre pas tous les domaines de la
gestion.
Hugo MUNSTERBERG, père de la psychologie industrielle,
Mary Parker FOLLET, Chester BARNWOOD, Chris ARGYRIS, ont participé aux
recherches visant à intégrer dans l'organisation d'une entreprise
la technique et les comportements.
3. L' Ecole Sociale
L'Ecole Sociale comme l'Ecole des Comportements est née
de l'application des sciences sociales à la gestion. Cette école
de pensée considère la pratique de la gestion comme un
système d'interrelations culturelles. Elle a une orientation
sociologique ; elle cherche à identifier les différents
groupes sociaux à l'oeuvre dans une organisation et leurs relations
culturelles, et aussi à intégrer ces groupes dans un
système social complet.
Parmi les grands écrivains et chercheurs qui ont
établi les fondements de cette école de pensée, on trouve
Max WEBER, Allemand, père de la bureaucratie, Emile DURKHEIM et Vilfredo
PARETO. On pense que ces écrivains ont beaucoup influencé Elton
MAYO. Les autres noms sont : Rensis LIKERT, Kurt LEWIN, Abraham MASLOW et
Fred HERZBERG.
4. L'Ecole de la Gestion fondée sur les
Systèmes
Georges R. TERRY et Stephen G FRANKLIN((*)1) définissent le
système comme « un ensemble organisé (par exemple une
société commerciale), constitué d'éléments
liés les uns aux autres d'une certaine façon (par exemple, les
départements financier, comptable, commercial, de la production) et
orienté vers une certaine fin (par exemple fabriquer des produits et
faire des profits) ».
Chaque système possède des
éléments qui entrent, un processus et des éléments
qui sortent ; c'est une unité qui forme un tout. En même
temps, il est relié à un système plus large, d'ordre plus
élevé et comprend des sous-systèmes qui
représentent l'intégration des systèmes d'un ordre moins
élevé. L'entreprise est considérée comme un
système artificiel dont les éléments internes participent
ensemble à la réalisation d'objectifs fixés et dont les
éléments externes interagissent avec l'environnement, qu'il
s'agisse de clients, du grand public, des fournisseurs ou de l'Etat. Le
dirigeant intègre les équipements disponibles pour atteindre un
objectif à l'aide des systèmes qui relient les unes aux autres
les activités nécessaires à l'obtention du résultat
final. L'utilisation de l'ordinateur est très utile dans la mise en
place d'une gestion des systèmes dans la mesure où il permet de
traiter une masse de données pour déterminer les relations entre
les différents éléments et la modification d'un
élément due au changement d'un autre élément
Les auteurs qui ont marqué l'Ecole de Gestion par les
Systèmes sont : Chester BERNARD, Ludwig von BERTALANFFY, Russel
ACKOFF, Kenneth BOULDING et William SCOTT.
5. L'Ecole de la Gestion Contingente
La théorie de la Gestion Contingente cherche à
transcrire ou à rendre opératoire la théorie des
systèmes en évaluant les très nombreux facteurs à
l'oeuvre dans toute situation et en mettant à jour des configurations et
des relations bien établies entre ces facteurs, susceptibles de servir
de guide dans des situations semblables.
Au nombre des théoriciens de la démarche
contingente, on compte : Fremont KAST, James ROSENZWERG, Daniel KATZ,
Robert KAHN, Tom BURNS, G.M. STALKER, Robert LAWRENCE et Richard LAWRENCE.
Certains pensent que le développement de la démarche contingente,
avec l'accent qu'elle met sur les situations et l'intégration de
l'environnement dans la théorie et de la pratique de la gestion poussera
les dirigeants à s'inspirer dans leur travail des diverses écoles
de pensée en matière de gestion.
6. L'Ecole fondée sur les
Décisions
Les tenants de cette école affirment que la prise de
décision est le vrai travail du dirigeant. Le défi essentiel
auquel se heurte un dirigeant consiste à décider ce qu'il faut
faire et la manière de le faire. La démarche se limite parfois
à la logique économique de l'utilité marginale et aux
comportements économiques en régime d'incertitude.
Les partisans de cette école se sont attaqués
à des décisions au diagnostic et aux prescriptions concernant
l'amélioration des communications, des incitations et des
réactions des individus dans un groupe. L'école a plus tendance
à étudier l'entreprise par l'intermédiaire de l'examen des
décisions qu'à se concentrer sur la prise même des
décisions.
Les principaux artisans de cette école de pensée
ont été Herbert SIMON, Luther GULICK et Lyndal URWICK.
La prise des décisions a certes une importance vitale
dans toute école de pensée en matière de gestion mais la
conceptualisation contemporaine des décisions ne se limite pas à
un domaine déterminé et ne résulte pas du seul exercice du
bon sens.
7. L'Ecole de la Mesure Quantitative
Les partisans de cette école considèrent la
gestion comme une entité logique où les actions peuvent
s'exprimer sous la forme de symboles et relations mathématiques et
où les données sont mesurables. Cette école
s'intéresse avant tout à la prise de décision. C'est cet
objectif qui inspire les techniques utilisées comme la théorie de
l'échantillonnage, la théorie de la simulation et la
programmation linéaire.
L'école quantitative a deux grandes
caractéristiques :
1) L'optimisation ou la minimisation des moyens de production
engagés par rapport au profit ;
2) L'utilisation de modèles mathématiques.
L'optimisation ou la minimisation supposent, pour un facteur
donné, qu'on en tire le meilleur d'une entité telle qu'une
organisation toute entière, une décision ou un groupe de travail
et que tout autre choix serait moins souhaitable. On optimise d'habitude les
ventes, la marge brute, l'utilisation des machines, les services ou la
productivité. Par contre, on minimise (on cherche le niveau minimal)
généralement les cours ou le temps consommé.
Un modèle mathématique permet de procéder
à l'optimisation ou la minimisation. C'est une représentation
symbolique qui exprime sous une forme quantitative tous les facteurs pertinents
et qui reflète le rôle joué par chaque facteur dans la
situation d'ensemble, ainsi que l'effet d'une variation d'un facteur ou d'un
groupe de facteurs sur les autres facteurs et sur le tout. Le modèle
mathématique peut se composer d'une seule équation, d'une
série d'équations, selon la complexité et le nombre de
facteurs impliqués.
La démarche suivie par l'école quantitative
n'élimine pas le risque, mais elle aide le dirigeant à
réduire le risque et à accroître les
probabilités.
8. L'Ecole du Processus de Gestion
Les adeptes de l'Ecole du Processus de Gestion
considèrent que la gestion est une activité qui se compose de
certaines sous activités ou de fonctions fondamentales de gestion qui
forment ensemble un processus unique de gestion. Le processus de gestion est
constitué par les quatre fonctions fondamentales de gestion qui
sont : la planification, l'organisation, l'impulsion et le
contrôle.
Les quatre fonctions sont les moyens par lesquels un dirigeant
dirige. Elles permettent de distinguer les dirigeants des autres.
La planification consiste à déterminer les
objectifs et les orientations à suivre ; l'organisation consiste
à repartir le travail entre les membres du groupe et à identifier
et mettre en place les relations nécessaires ; l'impulsion consiste
à faire que les membres du groupe réalisent les tâches
prescrites de leur propre chef et avec enthousiasme ; le contrôle
consiste à vérifier que les activités sont conformes aux
plans.
I.2. LA PLANIFICATION
Alain BIROU((*)1) définit la planification comme
« Tout le processus qui va de l'acte d'élaboration d'un plan
à la mise en oeuvre pratique des moyens de le
réaliser ».
Gorges R. TERRY et Stephen G. FRANKLIN((*)2) définissent la
planification en ces termes : « La planification consiste
à sélectionner des informations et à faire des
hypothèses sur l'avenir afin de définir les activités
nécessaires pour atteindre les objectifs de
l'organisation ».
Une caractéristique commune à tous les individus
qui excellent dans la gestion reste la définition des objectifs clairs,
réalistes qui amènent à la conception des plans
stratégiques.
Un plan est en général un ensemble de
dispositions, un choix de moyens pour aboutir à une fin, à
l'exécution d'un projet. Les moyens sont choisis en rapport avec les
fins. Ces moyens peuvent être excellents et servir un mauvais projet et
vice versa.
Tout dirigeant sait ce qu'il vise à réaliser,
mais parfois la gestion, dans sa phase opérationnelle impose des
contraintes qui cherchent à écarter les objectifs de leur
réalisation. Un bon dirigeant devrait savoir ce qu'il essaie de
réaliser et pourquoi il cherche justement à le
réaliser.
I.2.1. Définition et
importance des objectifs
Un objectif de gestion est un but
délibéré qui précise la portée et
suggère l'orientation des efforts de planification d'un dirigeant. Cette
définition comporte quatre concepts :
1) Le but
2) La portée
3) L'orientation
4) La précision
Du point de vue du dirigeant, il faut définir en termes
clairs et précis la cible à atteindre. Il ne faut pas confondre
un but avec un champ d'activités global où l'on estime
souhaitable d'oeuvrer ; sinon on insiste sur les moyens et non la cible.
La portée du but délibéré est
précisée par la formulation des limites ou des contraintes
à respecter. Un objectif doit également être précis.
Les finalités qui sont définies de façon vague et peuvent
être comprises de deux façons différentes n'ont aucune
valeur pour la gestion parce qu'elles débouchent fréquemment sur
le trouble et la confusion. Enfin, l'objectif donne une orientation.
I.2.2. Avantages de la
planification
Les avantages de la planification sont multiples, nous ne
citerons au moins six :
1) Favoriser les activités réfléchies et
méthodiques :
- Efforts orientés vers les résultats
visés ;
- Minimiser le travail improductif ;
- Insister sur l'utilité de réalisation.
2) Souligner la nécessité de changement pour
l'avenir :
- Aider à percevoir les possibilités de l'avenir
et les domaines majeurs où on peut s'engager ;
- Eviter la tendance à laisser courir les choses.
3) Répondre à des questions du type :
« Que se passera-t-il si ? » :
- Voir clair dans le jeu complexe des variables.
4) Fournir une base au contrôle :
- Voir que la planification conduit aux résultats
recherchés ;
- Grâce à la planification, déterminer ses
dates limites pour le démarrage et l'achèvement de chaque
activité et fixation des normes de réalisation.
5) Favoriser les réalisations :
- Donner au planificateur une ligne directrice et une
motivation pour aboutir à des réalisations ;
- Réduction du travail
6) Obliger à avoir une vue d'ensemble.
I.2.3. Les grandes
étapes de la planification
Nous distinguons trois grandes étapes dans le processus
de planification :
1) Clarification du problème :
- Quel est l'objectif du plan à formuler ?
- Cet objectif exige-t-il un nouveau plan, la modification
d'un plan existant ?
- Que signifie la réalisation de cet objectif pour
l'entreprise ?
2) Obtention des informations complètes sur les
activités concernées :
- Toutes les données ont-elles été
collectées et sont-elles suffisamment larges pour couvrir toutes les
activités concernées,
- A-t-on interrogé le personnel opérationnel
pour recueillir des suggestions ?
3) Analyse et classement de l'information.
I.2.4. Les principaux types de
plans de gestion
Alain BIROU((*)1) définit le plan comme « un
ensemble de dispositions, un choix de moyens raisonnés et
ordonnés pour aboutir à une fin, à l'exécution d'un
projet ». Dans le cadre de notre étude, nous distinguerons
cinq types de plans à savoir : la procédure, la
méthode, la norme, le budget et le programme.
a) La Procédure
Une procédure est une succession de tâches
liées les unes aux autres qui forment une séquence chronologique
et qui constituent la manière autorisée de réaliser le
travail à accomplir. La procédure permet une certaine
répétitivité dans le travail et fait gagner du temps.
b) La Méthode
La méthode est la prescription d'un mode
opératoire pour réaliser une tache donnée en tenant compte
de l'objectif, des installations disponibles, de la dépense totale du
temps, d'argent et d'énergie.
c) La Norme
La norme est une règle fixant le type d'un objet
fabriqué, les conditions technique de fabrication. C'est donc une
unité de mesure établie pour servir de critère ou de
niveau de référence aux réalisations (horaire de travail,
formation, etc....).
d) Le budget
Le budget est un plan d'entrée ou de sortie de
l'argent, de personnel, d'articles achetés, d'articles vendus ou de
toute autre chose dont le dirigeant pense qu'il convient de déterminer
l'évolution future afin d'assister les effort de gestion.
e) Le programme
Le programme est un plan global qui intègre dans une
configuration déterminée les utilisations futures des
différentes ressources et établit pour chacun d'elles la suite
des actions nécessaires et les échéanciers de façon
à atteindre l'objectif fixé.
I.3. L'ORGANISATION
Organiser, c'est créer des relations efficaces entre
personnes de telle sorte qu'elles puissent travailler ensemble avec efficience
et tirer une satisfaction personnelle des diverses tâches quelles
accomplissent dans un environnement donné et dans le but d'atteindre une
certaine fin ou un certain objectif.
I.3.1. Objet
L'organisation a pour l'objet de réunir de façon
ordonnée des ressources humaines et matérielles et de les
disposer en une configuration bien coordonnée, en vue de la
réalisation des objectifs planifiés.
I.3.2. Les
éléments formels de l'organisation
Nous distinguons trois éléments formels de
l'organisation : la division du travail, le découpage et
l'étendue du pouvoir hiérarchique direct.
a) La division du travail
La division du travail consiste à identifier les
activités ou les tâches nécessaires pour réaliser
les objectifs de l'entreprise. Ensuite regrouper ce ou ces tâches dans un
ensemble qui constitue un poste de travail permettant d'occuper son titulaire
à temps plein.
b) Le découpage
Le découpage consiste à regrouper, de
façon efficiente et efficace, les différents postes de travail en
unités de travail significatives de telle sorte que ces nombreux postes
soient coordonnés ; le tout dans la perspective d'une
réalisation efficace et rapide des objectifs de l'organisation.
c) L'étendue du pouvoir hiérarchique
direct
L'étendue du pouvoir hiérarchique consiste
à déterminer un titulaire pour chaque poste de travail ;
donner à chaque titulaire le pouvoir nécessaire pour
exécuter efficacement ces tâche ; déterminer les
relations d'activités et les moyens de communication entre les
titulaires.
I.4. L'IMPULSION DES
RESSOURCES HUMAINES
Impulser les ressources humaines, c'est obtenir de tous les
membres du groupe qu'ils souhaitent atteindre les objectifs de l'entreprise et
de ses membres et qu'ils s'efforcent de le faire parce que les membres
souhaitent atteindre ces objectifs.
I.4.1. Défi de la
gestion par l'impulsion
La condition de base d'une impulsion efficace reste une
gestion éclairée. Les dirigeants doivent montrer par leur
comportement et leurs décisions qu'ils ont le profond souci des membres
de leur organisation. Le défi par l'impulsion demande de réussir
à faire travailler ensemble de façon efficace, les membres de la
société, de faire en sorte qu'ils soient contents de leur
travail, à développer leurs compétences et leurs
capacités et qu'ils soient de bons représentants de la
société.
I.4.2. L'importance des
ressources humaines
Les ressources humaines doivent avoir la capacité
d'utiliser les connaissances de toutes sortes. Ce n'est que par
l'intermédiaire des ressources humaines que toutes les autres ressources
peuvent être utilisées efficacement.
Les hommes constituent des actifs difficiles à
remplacer. L'homme est une personne à part entière avec des
besoins et un avenir. Il est une ressource renouvelable à la marge qui
rend souhaitable une utilisation qui la préserve et soit efficace. Il
contribue non seulement dans l'immédiat, mais aussi à l'obtention
des objectifs et au bien-être de l'entreprise et de la communauté.
Ajoutons aussi que toutes les entreprises sont édifiées pour
servir des individus.
A l'intérieur et à l'extérieur de
l'entreprise, la dignité et le caractère sacré de la
personne humaine font qu'elle est le centre autour duquel tournent toutes les
choses matérielles. Cette démarche centrée sur les hommes
met l'accent sur l'importance des ressources humaines et oblige à fixer
son attention sur tous les efforts faits pour impulser ces ressources. Ces
efforts portent sur trois principes à savoir : l'orientation, la
motivation et la surveillance.
L'orientation part d'une vision large de l'ensemble des
activités de l'entreprise, du cadre de travail et de la
communauté concernée. Les efforts de motivation ne se concentrent
pas seulement sur les gains financiers, mais aussi sur la réalisation
des désirs personnels et sur la satisfaction du travail.
Une surveillance est exercée, les membres du groupe
savent ce qu'ils doivent réaliser et se dirigent dans une grande mesure
eux-mêmes, ainsi que leur travail, et sont fiers de l'accomplir.
I.5. LE CONTROLE
La dernière fonction fondamentale de la gestion est le
Contrôle. Il consiste à déterminer ce qui est
réalisé, c'est-à-dire, à évaluer les
réalisations et si nécessaire, à prendre les mesures
correctives qui permettent de faire que les réalisations soient
conformes aux plans.
Si les autres fonctions fondamentales de la gestion,
c'est-à-dire, la planification, l'organisation et l'impulsion des
ressources humaines étaient exercées parfaitement, il n'y aurait
guère besoin de contrôle. Mais il est extrêmement rare, ou
même impossible que la planification soit parfaite, l'organisation
irréprochable et l'impulsion des ressources humaines efficaces à
cent pour cent.
Le contrôle peut revêtir deux formes : le
contrôle préalable et le contrôle en cours de route.
Le contrôle préalable se fait en fixant une
politique et des procédures dont on ne peut s'écarter. Le
contrôle en cours de route ou contrôle opérationnel vise le
bon déroulement des activités. Ce type de contrôle permet
de s'assurer que le plan est suivi en temps voulu et dans les conditions
requises. Les écarts dans le contrôle peuvent avoir pour
causes : l'erreur humaine, des résultats inattendus, des
déficiences dans les machines ou les expéditions, des
incertitudes dans les décisions de gestion.
I.6. LES PROJETS DE
DEVELOPPEMENT
I.6.1. Le projet
Le terme projet a pris tellement d'importance ces
dernières années que les définitions varient d'un auteur
à l'autre. KALENGAY((*)1) définit le projet comme « tout ce
que l'on projette de faire ou de réaliser après court, moyen ou
long terme en mettant certains facteurs de développement en
oeuvre ». MBAYA((*)2) quant à lui, définit le projet comme
étant « un ensemble d'activités et d'opérations
qui consomment des ressources limitées (telles que main-d'oeuvre,
devises, etc...) et dont on attend (on : certains individus, groupe ou
classe sociale, ou encore la collectivité entière) des revenus ou
autres avantages monétaires ou non monétaires ».
Le projet peut aussi se définir comme « un
échantillon sur lequel on applique certaines techniques pour les
vulgariser à grande échelle ».
De toutes ces définitions, il ressort que la
réalisation de toute entreprise doit faire l'objet d'une étude
approfondie qui aboutit au projet. Une fois que le projet se
révèle concluant, on peut alors s'atteler à la
réalisation d'un ensemble beaucoup plus important.
Un projet viable doit remplir trois conditions primordiales
à savoir : être techniquement réalisable,
commercialement vendable et enfin financièrement rentable.
I.6.2. Le Plan
Tout projet, quelque soit son importance, doit faire l'objet
d'un plan. Le dictionnaire Robert définit le plan comme étant
« un ensemble de dispositions adoptées en vue de
l'exécution d'un projet ». La différence entre le plan
et le projet consiste en ce que le premier est un concept assez abstrait qui ne
concerne qu'une esquisse qui s'arrête au niveau du bureau
d'études ; tandis que le second est une phase beaucoup plus
pratique.
I.6.3. Le
Développement
Le déséquilibre croissant qui s'est
établi entre pays dits « riches » et ceux dits
« pauvres » a permis de mettre en vedette les projets de
développement. L'idée de départ était que les pays
riches du Nord apporteraient les capitaux qui serviraient à
développer les pays pauvres du Sud. Même si le principe est
demeuré noble, les résultats se sont avérés
décevants.
Le développement peut se définir simplement
comme étant « un changement positif d'une situation vers une
autre meilleure. Ce qui implique un accroissement quantitatif de certains
facteurs et une amélioration qualitative ».
En ce qui concerne le niveau de développement, l'UNESCO
par exemple, le mesure au degré d'alphabétisation ; la FAO
considère comme critère de développement le nombre de
calories consommées par habitant ; l'OMS se basera sur le nombre de
formations médicales ou de médecins par habitant, etc.
Le terme développement est en fait très relatif
étant donné que même à l'intérieur d'un pays,
le degré de développement n'est pas uniforme pour l'ensemble des
régions de ce pays. Même dans la catégorie des pays dits
« développés », il existe des
disparités manifestes dans le niveau de développement.
I.6.4. Le
sous-développement
Dans le temps comme dans l'espace, le développement a
toujours constitué une grande préoccupation pour les hommes et
cela depuis plusieurs décennies. Mais c'est surtout après la
Seconde Guerre Mondiale qu'il commence à prendre de l'importance.
La problématique du développement apparaît
surtout avec l'émancipation des colonies vis-à-vis de leurs
métropoles. Leurs économies extraverties les obligent à
reconsidérer leurs politiques économiques. Si les pays du Nord et
quelques autres classés d'office dans le clan occidental sont parvenus
à un certain degré de développement viable, ceux dit
« en voie de développement » connaissent des
problèmes dont l'interaction obstrue le processus. Ces problèmes
sont liés notamment au manque de capitaux, de ressources humaines, de
technologie appropriée, etc
Les pays sous-développés sont classés
selon des critères qui diffèrent de l'angle
considéré. OWANGA((*)1) en distingue trois :
- Le critère démographique : il
considère comme pays sous-développé, un pays où le
taux de natalité et de mortalité sont élevés et
où la population est trop jeune et désoeuvrée.
- Le critère socioculturel : pays où le
taux d'analphabètes est élevé, où le nombre
d'enseignants est réduit et où l'accès aux mass
média est difficile.
- Le critère sanitaire : pays où le nombre
de médecins et de formations médicales est réduit.
Cette situation est surtout favorisée par les
disparités existant entre la ville et la campagne ainsi que par la
répartition inégale de la population à travers l'espace
national.
MIFUNDU YEMUENI((*)2) considère le critère du revenu
national brut par habitant pour distinguer les pays
sous-développés. Un pays est classé dans cette
catégorie quand son revenu national brut par habitant est
inférieur ou égal à 1.200 $US.
II.6.5. Typologie des projets
de développement
Le projet de développement vise soit
l'amélioration d'une situation existante (extension d'infrastructures
existantes), soit l'installation de nouvelles structures là où
elles étaient absentes (projet de vulgarisation agricole), soit le
développement d'une région dans plusieurs domaines
(développement intégré).
Il existe une variété de projets de
développement. Une certaine typologie peut être
dégagée en tenant compte de la taille du projet, de l'objet ou de
la durée.
a) Du point de vue de la taille : on distingue les grands
projets tel la construction d'un barrage pour l'irrigation et
l'électrification d'une région agricole ; de petits projets
tel l'amélioration de la pisciculture familiale dans une
région.
b) Du point de vue de l'objet : on parlera des projets
agro-industriels, des projets de construction de routes de desserte ou des
projets d'implantation agricole et pastorale.
c) Du point de vue de la durée : nous avons les
projets à court terme dont la durée n'excède pas une
année ; les projets à moyen terme de plus ou moins trois ans
et enfin les projets à long terme d'une durée de cinq ans et
plus.
II.6.6. Les étapes d'un
projet
La réalisation d'un projet de développement
comme de tout autre projet fait l'objet au préalable, d'une étude
déterminée et qui s'effectue en quatre étapes à
savoir : l'identification, l'étude de faisabilité,
l'étude d'évaluation et l'avant-projet d'exécution.
1. L'identification
C'est l'étape qui constitue la germination de
l'idée même de réaliser un projet. MBAYA((*)1) écrit :
« l'étude d'identification correspond à la
première maturation de l'idée de projet ». On
étudie les différents facteurs justifiant le projet et aussi les
difficultés auxquelles on peut être confronté. Cette phase
a pour but d'intéresser les parties prêtes à s'engager. Il
s'agit ici d'une étude sommaire dans laquelle les différentes
variables sont estimées mais de manière superficielle.
L'identification est un acte très important pour un
projet de développement car c'est ici que les objectifs sont
définis ainsi que les moyens et la localisation. N'oublions pas qu'un
projet exerce une contrainte dans le milieu où il s'implante. Car, le
projet de développement vise plus la rentabilité
économique que financière. La rentabilité
financière est perçue du point de vue d'un entrepreneur car pour
lui, ce qui compte c'est le bénéfice apporté par le
projet. La rentabilité économique détermine les avantages
que la collectivité peut tirer. Un projet financièrement rentable
peut ne pas profiter à toute la collectivité.
2. L'étude de faisabilité
L'étude de faisabilité permet de
déterminer que le projet est techniquement et financièrement
réalisable. Ici, le projet est localisé, ses objectifs
définis et leur cohérence établie. Le déroulement
du projet doit faire l'objet du choix des meilleures techniques possibles.
C'est ce stade qui permet de déterminer s'il faut ou non abandonner le
projet. Les paramètres sommairement étudiés dans
l'étude d'identification doivent être justifiés et
approfondis. Les objectifs doivent être compatibles avec ceux du
système économique en place, s'inscrire dans la stratégie
nationale du développement.
Dans le cas d'un projet à vocation commerciale ou
exportatrice, il faut entreprendre l'étude du marché qui englobe
les consommateurs, les fournisseurs, la concurrence, les contraintes
matérielles, politico administratives, etc. On tiendra notamment compte
des dépenses d'investissement : prévoir la marge
d'imprévus pour couvrir les incertitudes ; les dépenses
d'exploitation qui permettent l'évaluation d'une bonne étude
technique. On peut ainsi évaluer les coûts, les facteurs de
production que sont le capital, les matières premières et la
main-d'oeuvre ; la rentabilité du projet à savoir si le prix
de revient qui englobe les coûts d'exploitation et les coûts de
production peut justifier la commercialisation du produit.
3. L'Etude d'évaluation
Dans cette phase, on distingue l'évaluation
financière, quand on se place du point de vue de l'entrepreneur et
l'évaluation économique, quand on se place du point de vue de la
collectivité.
Si l'évaluation financière comporte
l'étude du marché, l'étude des variantes, l'étude
du dossier d'équipement, le coût d'exploitation et le plan de
financement, l'évaluation économique qui intéresse les
projets de développement permet de déterminer la
rentabilité économique qui se conçoit en avantages
à long et moyen termes du projet.
S'il est facile de calculer la rentabilité
financière d'un projet, il n'en est pas de même pour la
rentabilité économique qui souvent n'apparaît que plusieurs
années après. C'est ainsi qu'au niveau macroéconomique, un
projet de développement ayant une rentabilité financière
élevée peut être abandonnée au profit de celui dont
la rentabilité est faible mais qui présente plus d'avantages pour
la collectivité.
Il existe plusieurs méthodes pour calculer la
rentabilité économique des projets de développement mais
nous n'en retiendrons que deux : la méthode des effets et les
méthodes des prix de référence.
a) La méthode des effets
Les principes de cette méthode sont basés sur le
fait qu'elle s'efforce de déterminer dans quelle mesure un projet
donné s'intègre dans l'économie nationale et quels sont
les effets qu'il génère. Deux évidences y sont
vérifiées : les secteurs de l'économie ne
fonctionnent pas de la même manière. Dans certains secteurs il y a
plein emploi de facteurs de production, on ne peut observer une croissance que
par la mise en oeuvre de nouveaux facteurs. Exemple, par l'accroissement de
l'appareil productif. Dans d'autres secteurs, il y a sous-emploi de facteurs de
production. Cette méthode permet de faire apparaître les effets
positifs et négatifs du projet en amont et en aval.
L'inconvénient de la méthode réside dans
le fait qu'il est difficile de donner une appréciation du niveau
où s'arrêteraient lesdits effets. La méthode est
difficilement applicable dans la plupart des pays en développement
où les statistiques ne sont pas perfectionnées.
b) Les méthodes des prix de
référence
Dans cette catégorie, on groupe plusieurs
méthodes qui varient d'un auteur à un autre. Ce sont ces
méthodes qui sont utilisées par les organismes internationaux.
Elles ont toutes comme principe le calcul du bénéfice
apporté par un projet donné. On cherche à
déterminer dans quelle mesure les « avantages »
apportés par un projet mesurés en première approximation
par les dépenses.
La méthode part d'une économie imaginaire sans
concurrence où les prix sont stables et où il n'existe pas de
barrières douanières entre les pays. Elles se
réfèrent quelquefois à la théorie de Ricardo des
avantages comparatifs au libéralisme économique. Le choix de
l'une ou l'autre de ces méthodes dépend du pays, du projet et
aussi de l'organisme de financement.
4. L'Avant-projet d'exécution
MBAYA((*)1) distingue trois phases dans l'avant-projet
d'exécution. Il s'agit de l'évaluation rétrospective, la
négociation, la réalisation et la supervision.
a) L'évaluation
rétrospective
Quels que soient les résultats auxquels on aboutit,
dans l'étude du projet, il vaut mieux continuer d'effectuer une
étude postérieure sur le terrain. C'est une évaluation
complète ou partielle dans le temps ou dans l'espace. C'est à ce
moment que l'on peut avoir l'assurance que le projet est fiable.
b) La négociation
Ici commence à se poser le problème de
financement. Toutes les parties intéressées,
c'est-à-dire : initiateurs, bailleurs de fonds, parfois
bénéficiaires, engagent des pourparlers. Cette phase permet de
déterminer la raison d'être du projet et cela vu sous plusieurs
angles : économique, financier, social, etc.
Au cas où les négociations aboutissent, les
différentes parties agréent le projet par un document
consigné.
c) La réalisation et la supervision
C'est la phase pratique du projet. Ici on exécute
fidèlement tous les éléments recueillis au cours des
différentes phases du projet. La supervision est effectuée par le
maître d'oeuvre qui doit respecter le calendrier d'exécution et
les exigences techniques.
II.6.7. Le financement des
projets de développement
Il existe à l'heure actuelle plusieurs formes et
sources en matière de financement de projets de développement.
Tout initiateur d'un projet doit avoir à l'esprit le niveau réel
de ses ressources et dans quelle mesure il peut recourir aux sources
extérieures. En ce qui concerne les projets à caractère
purement lucratif, c'est-à-dire où l'entrepreneur ne recherche
que la rentabilité financière, le financement sera fonction de la
viabilité du projet. Mais pour les projets de développement, le
problème de financement se pose parfois avec beaucoup d'acuité.
Plusieurs projets ont échoué soit parce que le capital trop
important n'a pas été bien géré ; soit parce
que l'on n'a pas tenu compte de certains paramètres socioculturels, soit
enfin que le financement attendu n'est pas venu.
Les projets de développement sont financés dans
la plupart des cas par les organismes internationaux du système des
Nations Unies, la Banque Mondiale, le Marché Commun, la Banque Africaine
de Développement, etc.
Souvent les conditions exigées pour l'octroi d'un
crédit ne sont pas à la portée de n'importe quel
initiateur. La plupart des organismes traitent avec les gouvernements. La
Société Financière Internationale (SFI), elle, accorde des
crédits aux organismes privés. Mais l'Association Internationale
de Développement, qui est un prolongement de la Banque Mondiale
procède de manière différente. Wilfred OWEN((*)1) écrit :
« L'Association Internationale de Développement (AID), est un
organisme auxiliaire ayant pour rôle d'aider les pays à financer
des projets qui contribuent au développement mais ne réunissent
pas les conditions émises par la Banque à l'octroi de son
concours.
Les prêts de l'AID sont assortis de conditions
très souples qui font peser une charge moins lourde sur les balances des
comptes des pays en voie de développement. Leur durée est de
cinquante ans, ils ne comportent pas d'intérêt et les frais
annuels sont inférieurs à 1% de la somme restant due. Ils sont
remboursables en devises fortes et l'amortissement, qui ne commence qu'au bout
de dix ans, se fait à raison de 1% du principal pendant chacune des dix
années suivantes et de 3% pendant chacune des trente dernières
années ».
Le financement d'un projet de développement peut
être l'action conjuguée d'un organisme local - privé ou
public - et d'un organisme étranger. Les banques privées
étrangères accordent avec beaucoup d'hésitation des
prêts pour le financement des projets. Leurs hésitations sont
imputables aux risques inhérents aux projets dans les pays en voie de
développement. Pour les projets à vocation exportatrice, le
financement peut être obtenu sous forme de crédit à
l'exportation mais assorti d'assurances concrètes.
Le système de partenariat exige que le partenaire
étranger qui participe au financement d'un projet de
développement ait part au capital social et ait un droit de regard sur
la gestion. C'est ce qu'on appelle le système de joint-venture.
Un projet de développement peut aussi être
financé par un fonds de contrepartie provenant d'une activité
déjà existante.
II.6.8. La rentabilité
économique des projets de développement
Nous avons vu que le terme « rentabilité
économique » s'applique dans le cas où pour un projet
on se place du point de vue de la collectivité. Un projet
financièrement rentable ne l'est pas nécessairement pour la
collectivité. Pour déterminer la rentabilité
économique, il faut mesurer les avantages que le projet aura
apportés pour la collectivité, évaluer les contraintes
qu'il aura exercées dans le temps comme dans l'espace. On se rendra
compte aussi que les structures mises ne place par le projet continueront
à fonctionner normalement après sa disparition et
qu'apparaîtra une véritable modification de
l'écosystème considéré.
Un projet est jugé économiquement rentable quand
il permet la construction de routes pour désenclaver une région,
la construction d'écoles, d'hôpitaux, de points de ravitaillement
en eau, etc.
Comme nous l'avons signalé plus haut, le
problème réside dans le fait que la rentabilité
économique d'un projet n'apparaît que plusieurs années
après. Elle constitue pourtant la raison d'être de tout projet de
développement.
II.7. LE DEVELOPPEMENT
COMMUNAUTAIRE
Le développement ne peut naître que d'une action
consciente et concertée pour maîtriser le devenir
économique et social. Cette maîtrise doit d'abord être le
résultat d'une volonté nationale. Le développement ne peut
être imposé ou réalisé de l'extérieur, car il
est essentiellement une transformation profonde des modes de faire,
d'être et de penser. L'effort d'investissement doit aller de pair avec
une prise en main de la population, avec l'apparition dans la nation d'une
ferveur commune capable de catalyser ses aspirations vers le progrès. Le
développement ne peut être l'oeuvre d'un service technique
hautement compétent, il est l'oeuvre d'un peuple.
II.7.1. Définitions
II.7.1.1. La
communauté
En langage courant, la communauté est un état de
participation à certains comportements ou à certains avantages.
Les groupements, les organisations conçus et réalisés pour
l'accomplissement de cet état. Nous citerons par exemple : les
communautés religieuses, la communauté nationale, la
Communauté Economique Européenne, la Communauté des
Fermiers de Bankana.
Pour les sociologues, MASIDIVINGI((*)1) qui cite TONNIES,
écrit : « La communauté est une forme de
sociabilité intermédiaire entre la masse et la communion entre
des gens qui disent « nous ». La fusion est très
imparfaite s'il s'agit d'une masse moyenne d'une communauté, très
forte s'il y a communion. La communion serait la forme la plus
équilibrée dans la masse ; le « nous »
exerce sur la participation plus de pression que d'attraction. Dans la
communion, c'est l'inverse.
En philosophie sociale, la communauté est une
réaction contre l'individualisme, les personnes peuvent
s'épanouir seulement au sein d'authentiques communautés
composées d'hommes complémentaires, ayant un minimum de vie et
d'aspirations communautaires.
II.7.1.2. Le
développement communautaire
J. IZIOMBA MUTUMBU((*)2) définit le développement
communautaire comme « un ensemble de procédés par
lesquels les habitants d'un pays ou d'une région unissent
spontanément et consciencieusement leurs efforts à ceux des
pouvoirs publics en vue d'améliorer la situation économique,
culturelle et sociale des collectivités ; d'amener ces
collectivités à la vie de la nation et de leur permettre de
contribuer sans réserve à leur propre
progrès ».
Le développement communautaire peut se définir
donc comme aménagement de collectivités. L'aménagement de
collectivités est l'organisation de l'espace dans le cadre
d'unités territoriales plus ou moins vastes, de manière à
mettre en valeur par des équipements appropriés et en utilisant
rationnellement la main-d'oeuvre, les ressources naturelles du lieu et à
satisfaire les besoins humains des populations intéressées.
II.7.2. Historique du
développement communautaire
Les origines du DECO remontent au 19e siècle
sous forme d'actions bénévoles dispersées et de petits
projets destinés à apporter à un groupe restreint une
certaine aide dans le domaine de la santé, de l'aménagement et de
l'éducation de petites collectivités.
Le DECO a revêtu dans ses applications la forme d'une
action sociale organisée au même titre que le casework et le
groupwork.
En Inde, l'action est née suite à l'absence de
l'autorité gouvernementale pour reconstruire la société.
La vie sociale est prise en main au niveau du village par les gens
eux-mêmes, animés par les leaders (personnes capables d'orienter
les opinions collectives en vue d'une action communautaire concertée et
concrète pour l'intérêt de la communauté).
Aux USA, le DECO est apparu au commencement comme une
méthode de travail social visant à l'intégration des
individus marginaux dans la vie sociale. Les méthodes du DECO furent
d'application difficile à cause de l'arrivée massive des
travailleurs immigrés sans cohésion sociale ; des esclaves
noirs venant d'Afrique et d'ailleurs, emportés par les colons
esclavagistes et vendus aux associations et entreprises économiques. Ce
fait suscitera par après le problème de la création de
véritables communautés au sein desquelles existerait un esprit de
corps et conscience de communauté.
La solution allait être trouvée par le
développement de la Community Organization ou Organisation des Services
Sociaux des groupements divers par la coordination d'associations volontaires,
par l'aménagement matériel, social et culturel des quartiers.
Chaque organisation avait pour but de créer une
« Communauté » consciente capable d'exprimer ses
besoins ressentis, capable de trouver elle-même des solutions
nécessaires et concrètes à ses besoins.
Après la Seconde Guerre Mondiale, ces méthodes
furent étudiées et appliquée aux sociétés
rurales et traditionnelles dans le but de transformer les mentalités et
institutions traditionnelles pour obtenir un développement
économique accéléré et un progrès social.
En Grande Bretagne, le Comité Consultatif pour
l'Education dans les Colonies s'installe en 1941. Son but est de
préparer une décolonisation progressive après la guerre.
Préparer les populations indigènes pour le fonctionnement d'une
vraie démocratie et que soit satisfait l'espoir naissant d'un
gouvernement autochtone. C'est à ce moment que le DECO est
intégré dans les organismes internationaux tels qye l'ONU,
l'UNESCO.
En 1950, une dizaine de pays en voie de développement
(surtout colonies britanniques) appliquent déjà les
méthodes du DECO.
En 1960, une trentaine de pays adoptent les mêmes
méthodes, plusieurs autres pays tentent quelques progrès en
milieu rural.
En République du Zaïre, l'Eglise Catholique
prône un développement de type communautaire. Mis à part
quelques initiatives timides, c'est en 1977 qu'est créé le
département du Développement Rural.
II.7.3. Les
éléments du développement communautaire
Le développement communautaire comprend :
a) L'éducation de base :
matière de l'UNESCO ; elle consiste à la diffusion
des éléments de la connaissance culturelle,
l'alphabétisation et l'éducation permanente des adultes.
b) L'animation rurale : formation des
leaders naturels des communautés qui introduisent les innovations.
c) L'aménagement du territoire :
est une conception française. Il vise à vulgariser les
éléments indispensables au progrès.
d) Le Social Welf Are : est une
conception britannique. Il désigne tout ce qui a trait au
développement.
e) L'organisation communautaire :
conception américaine qui désigne le processus de création
de certains instituts sociaux officiels ou privés pour la protection
sociale, l'intégration sociale et l'éducation des adultes.
II.7.4. Les principes du
développement communautaire
Le Dr BROUWER((*)1) considère trois principes pour le
DECO : le Self-help, le Fet-needs et le Volontary-leadership.
a) Le Self-help : est le fait de se
débrouiller, de chercher des remèdes à ses propres
difficultés, à ses propres problèmes. C'est le fait de
compter sur ses propres forces.
b) Felt-needs : est le principe des
besoins ressentis.
c) Le Volontary-leadership : est le
principe qui consiste dans le choix par la collectivité des animateurs
volontaires en raison de leur dynamisme et de leur rayonnement, capable
d'introduire et d'animer les innovations au progrès.
II.7.5. Les méthodes du
développement communautaire
Il existe trois méthodes pour le DECO. Il s'agit de la
méthode de la fonction unique, de la méthode de la fonction
multiple et de la méthode des ressources internes.
a) La méthode de la fonction unique
est une méthode qui part d'une activité pour
développer tous les aspects d'un homme, d'un village, d'une
collectivité sociale.
b) La méthode de la fonction multiple
est applicable dans le cas où une équipe polyvalente et
multidisciplinaire s'occupe à la fois et en même temps de tous les
problèmes d'une collectivité donnée.
c) La méthode des ressources humaines
vise l'exploitation des ressources ou potentialités de la
collectivité (humaines, naturelles, financières) par et pour
elle-même, c'est-à-dire pour son propre développement.
II.7.6. Objectif du
développement communautaire
Fondamentalement, le DECO vise un changement des
mentalités qui doit favoriser un progrès social,
économique et naturel de la collectivité et le passage de la vie
traditionnelle à la vie moderne.
II.7.7. Conclusion sur le
développement communautaire
Si dans notre étude nous avons approfondi notre analyse
sur le DECO, c'est parce que ses principes ont joué un rôle
déterminant dans la création, l'évolution et le
développement de la Communauté des Fermiers de Bankana. Dans
l'organisation ou plus précisément dans sa gestion, le Projet
d'Implantation des Fermiers de Kinshasa a été contraint d'une
manière ou d'une autre à modifier sa planification pour
être conforme avec les desiderata des fermiers.
Chapitre II : LA
COMMUNAUTE DES FERMIERS DE BANKANA (COFEBA)
Le deuxième chapitre de notre étude nous
amènera à présenter la Communauté des Fermiers de
Bankana (COFEBA) dans tous ses aspects.
1. Dénomination et situation
géographique
La Communauté des Fermiers de Bankana (COFEBA) est
située à Bankana dans la Commune de Maluku à 140 Km de
Kinshasa. Sa concession, d'une superficie de 26.000 ha, compte huit villages
communautaires habités par 240 fermiers et leurs familles. On compte
également quelques villages habités par des autochtones. La
communauté se trouve implantée dans ce qu'on appelle le Plateau
de Batéké.
2. Historique et objectifs
Il convient de signaler que plusieurs étapes ont
conduit à la création de la COFEBA. Il y a eu au départ la
naissance du Projet d'implantation des fermiers de Kinshasa, PIFK en sigle,
ensuite l'existence un peu timide de l'Union des fermiers de Bankana, UFEBA en
sigle, qui a donné naissance à la COFEBA.
3. Le Projet d'implantation des fermiers de Kinshasa
(PIFK)
Le PIFK est né des accords signés entre
l'Hôtel de Ville de Kinshasa et la Fondation Hanns-Seidel d'Allemagne. Il
s'agit d'un contrat de coopération signé le 21/02/1981.
- Le 09/03/1981, le PIFK et l'Institut Zaïrois pour la
Conservation de la Nature (IZCN) signent l'accord autorisant le projet à
s'installer dans le Domaine de chasse réservé de
Bombo-Lumene ;
- Le 09/08/1981, les travaux démarrent avec 45
candidats fermiers ;
- En janvier 1982 commencent alors les travaux de construction
du Centre.
- Objectifs du PIFK
Le PIFK se voit fixer deux objectifs principaux :
a) Contribuer à la lutte contre le chômage de
jeunes adultes en créant des emplois productifs dans le secteur agricole
et non agricole ;
b) Participer activement à la réduction du
déficit alimentaire de la ville de Kinshasa par la production et la
fourniture des denrées alimentaires de base.
- Durée du PIFK
Tous les projets ont une durée bien
déterminée. Nous avons vu que les projets sont conçus soit
pour le court terme, le moyen terme ou le long terme. Le PIFK lui, a
été conçu à moyen terme pour une durée de
trois ans renouvelable. Il devait se dérouler en trois phases :
l'implantation, la recherche de la stabilité et
l'après-projet.
4. L'Union des Fermiers de Bankana (UFEBA)
L'Union des Fermiers de Bankana (UFEBA) est née le
12/05/1984 dans le souci de promouvoir le bien-être du futur fermier. Ses
objectifs furent les suivants :
- l'épanouissement du bien-être matériel,
moral et physique du futur fermier ;
- l'amélioration des conditions de vie de chaque
membre.
II.1. LA COMMUNAUTE DES
FERMIERS DE BANKANA (COFEBA)
La Communauté des fermiers de Bankana, COFEBA en sigle,
est née en 1987 à l'issue d'un séminaire sur
l'organisation des coopératives.
II.1.1. Objectifs de la
COFEBA
La COFEBA est conçue comme une société
privée transitoire. A sa création, elle se voit confier trois
objectifs à savoir :
a) création d'une société adéquate
et adaptée aux besoins et réalités de tous les fermiers de
l'UFEBA et de la population autochtone ;
b) la promotion du développement dans les huit villages
communautaires en encourageant soit les initiatives privées, soit les
initiatives des communautés par des mesures adéquates ;
c) la maintenance de l'exploitation par la gestion
administrative :
- l'achat des produits agricoles aux fermiers ;
- le transport des produits agricoles aux fermiers ;
- la gestion du Fonds de contrepartie conformément
à la finalité respective des subventions.
II.1.2. Organisation de la
COFEBA
La COFEBA est appelée un jour à devenir une
société coopérative. Toutefois, nous devons relever le
fait qu'elle n'est pas encore autonome. Elle bénéficie toujours
dans son organisation, des services du PIFK qui lui sert d'organisme d'appui.
Comme elle n'est pas dotée de la personnalité juridique, elle
demeure sous la tutelle du PIFK.
La COFEBA comprend deux organes qui sont :
l'Assemblée Générale et le Comité de Direction.
II.1.2.1.
L'Assemblée Générale
L'Assemblée Générale est
constituée des membres effectifs et affiliés ; elle
représente l'association et détient les pouvoirs les plus
étendus qu'elle exerce soit directement, soit par
délégation. Elle élit en son sein, ou en dehors et
démet les membres du Comité de Direction et les Commissaires aux
comptes, examine le bilan de l'exercice écoulé et donne
décharge au Comité.
II.1.2.2. Le Comité
Directeur
Le Comité Directeur est chargé de la gestion des
affaires courantes et de l'administration de l'association. Il comprend un
Président, un Vice-président, un Secrétaire, un
Trésorier, un Conseiller par village communautaire. Le mandat du
Comité de Direction est d'une année renouvelable une seule
fois.
1. Le Président
Le Président préside les assemblées
générales, il représente l'association tant devant les
cours et tribunaux que devant les administrations. Avec le concours du
Comité, il établit l'ordre du jour des assemblées, dirige
les débats, exécute les décisions prises.
2. Le Vice-Président
Le Vice-Président assume l'intérim du
Président en cas d'absence ou d'empêchement. Il est chargé
de contrôler la gestion de tout ce qui appartient à la COFEBA.
3. Le Secrétaire
Le Secrétaire tient les documents de l'association,
dresse le procès-verbal de chaque réunion et signe conjointement
avec le Président.
4. Le Trésorier
Le Trésorier est le caissier de l'association, il signe
conjointement avec le Président les chèques et autres documents
bancaires.
5. Les conseillers
Les conseillers assistent aux réunions du comité
et donnent leurs avis sur les questions qui intéressent l'association
II.2. LES SERVICES DE LA
COFEBA
Pour son fonctionnement, la COFEBA dispose des services
spécialisés ci-après :
- le service de discipline des fermiers et gestion du
personnel de la COFEBA ;
- le service commercial ;
- le service habitat et crédit ;
- le service des sports et loisirs ;
- le service social.
1. Le service de discipline des fermiers et gestion du
personnel de la COFEBA
Ce service a pour rôle de conseiller, d'éduquer
et de guider les fermiers à prendre conscience de leur existence afin de
rentabiliser leur production. Le service agrandit les biens de la
communauté, règle les différends cas : conflit, vol,
malversation financière, abus de confiance, etc.
Le personnel dépend directement de la direction du
PIFK. Le service élabore le règlement intérieur,
crée la commission permanente du développement des
activités menées à la COFEBA. Ceci se fait sous la
supervision de sept membres assistés de l'Encadreur.
2. Le service commercial
Ce service travaille en collaboration avec le service
commercial du PIFK. Il s'occupe de la commercialisation des produits agricoles
des fermiers, notamment des produits commercialisés par la COFEBA et les
produits agricoles des fermiers eux-mêmes. Le service donne ses avis et
considérations sur les moyens à mettre en oeuvre pour une
meilleure commercialisation des produits.
3. Le service habitat et crédit
Ce service s'occupe de la construction des villages
communautaires (achèvement, matériel de construction).
4. Le service des sports et loisirs
Ce service, parrainé par le service socioculturel du
PIFK se charge de l'organisation des rencontres sportives, de la culture et des
infrastructures sportives.
5. Le service social
Ce service s'occupe surtout de l'éducation, de la
santé, de l'encadrement social des fermiers ainsi que de leurs familles,
de la pharmacie, du dispensaire et maternité.
II.3. LES RESSOURCES DE LA
COFEBA
Quand on parle de ressources, on les classifie selon l'ordre
suivi par l'établissement du bilan dans le plan comptable congolais,
c'est-à-dire : les valeurs immobilisées (corporelles et
incorporelles) qui comprennent les biens meubles et immeubles, les
terrains ; ensuite, les ressources réalisables comme les produits
agricoles à vendre, ce qui constitue les marchandises et enfin les
ressources disponibles ou l'argent dont on dispose en caisse et en banque.
Les ressources de la COFEBA proviennent surtout :
- des cotisations des fermiers ;
- du capital social de 250.000 Z à raison de 1.000 Z la
part sociale ;
- du fonds de contrepartie qui est géré
conjointement avec le Directeur du PIFK et le comité de direction de la
COFABA.
II.4. LES REALISATIONS
SOCIALES
Etant donné que le PIFK a fourni de base à la
création de la COFEBA, nous citerons ici toutes les réalisations
sociales de la concession.
On peut d'abord compter la construction des huit villages
communautaires qui abritent les 240 fermiers. Il existe une école
technique agricole avec deux options : agricole et mécanisation
agricole. L'école reçoit tout élève sans
distinction de quelque critère que ce soit, deux écoles
primaires : une au deuxième village et l'autre au cinquième,
un foyer social au centre, une pharmacie, un dispensaire et une
maternité, un magasin.
La COFEBA elle-même n'a pas encore réalisé
quelque chose.
II.5. PERSPECTIVES
D'AVENIR
Comme dans toute entreprise appelée à
prospérer, les fermiers de la COFEBA ont foi en l'avenir. On peut s'en
rendre compte par les objectifs qu'ils ont assignés à leur
association.
Dans le cadre de la réalisation des micro-projets, la
COFEBA compte bien se doter dans un proche avenir d'une unité de
traitement de manioc.
Chapitre III : ANALYSE
SUR LA GESTION DE LA COMMUNAUTE
DES FERMIERS DE BANKANA
Ce troisième chapitre constitue le cadre pratique de
notre étude. Pour y parvenir, nous avons suivi la démarche de
l'Ecole du Processus de Gestion dont les caractéristiques principales
ont été décrites dans le premier chapitre. Notre analyse
se basera donc sur les quatre fonctions de la gestion. Nous tenterons, dans la
mesure du possible, de ressortir la voie suivie par le PIFK dans la gestion de
la COFEBA.
Ce chapitre se subdivise en quatre sections qui sont : la
planification, l'organisation, l'impulsion des ressources humaines et le
contrôle.
III.1. LA PLANIFICATION
Au cours de nos recherches à la COFEBA, nous n'avons
pas eu d'indications ni de documents précis pouvant faciliter une
quelconque étude de la planification dans la gestion du PIFK. Mais une
observation sur le déroulement des activités nous pousse à
affirmer que sans qu'elle soit conçue de manière précise,
il y a bien eu une certaine planification. Pour nous, elle sera donc de type
inductif.
Notre section sur la planification comportera deux sous
sections. Nous parlerons de la planification avant la COFEBA et celle avec la
COFEBA.
III.1.1. Processus de
planification avant la COFEBA
III.1.1.1.
Définition des objectifs
Dans l e chapitre consacré à la
présentation de la COFEBA, nous avons vu qu'à l'origine, le PIFK
s'était vu assigner deux objectifs à savoir :
- contribuer à la lutte contre le chômage des
jeunes adultes en créant des emplois productifs dans les secteurs
agricole et non agricole ;
- participer activement à la réduction du
déficit alimentaire de la ville de Kinshasa par la production et la
fourniture des denrées alimentaires de base.
Quel a été le processus de planification
appliqué par le PIFK pour atteindre ces objectifs ?
Pour P. THENEVIN((*)1), « les principaux objectifs d'une
planification sont :
- élaboration d'un modèle de
développement ;
- définition d'une stratégie de
développement à long terme associée à un plan
à moyen terme assurant la cohérence des actions, études et
recherches ;
- mise en oeuvre du plan assurée par le contrôle
permettant des réalisations et une orientation éventuelle du
plan ».
Les objectifs tels que définis ont été
assignés au PIFK pour répondre à un problème
réel pour l'ensemble du pays. Il s'agit du chômage. Ce
problème frappe essentiellement les jeunes sans distinction d'âge,
de sexe, de formation.
L'une des causes principales de cette situation est l'exode
rural dont nous avons parlé dans l'introduction de notre
étude.
Si au PIFK le processus de planification n'avait pas
été réduit à sa plus simple expression, un bureau
d'études aurait tenu compte par exemple de l'équilibre des
principaux agrégats macroéconomiques tels que l'emploi, les
agents économiques, l'offre et la demande des biens et services et voir
l'impact du projet dans l'économie nationale. Dans le cas
présent, la priorité a été accordée à
la ville de Kinshasa, le modèle de développement choisi a
été l'implantation de fermiers.
III.1.1.2. Contraintes
relatives aux projets d'implantation
« Les programmes d'implantation rurale semblent
être particulièrement sujets à des problèmes en
raison de conflits d'intérêt entre les nouveaux arrivants et la
population locale ou des données inadéquates à partir
desquelles il faut planifier des environnements mal connus »((*)2).
Les projets d'implantation constituent un cas exceptionnel de
projet de développement. Ici, la problématique du
développement revêt plusieurs aspects : économique,
social et culturel. Les individus sont appelés à faire souche
dans ce nouveau milieu.
Le dictionnaire Robert Micro Poche((*)1) définit le verbe
implanter comme le fait d' »introduire et faire se développer
d'une manière durable dans un nouveau milieu ». Nous allons
essayer d'analyser la manière dont le PIFK a essayé de surmonter
ces contraintes.
Commençons d'abord par cerner le problème tel
qu'il se pose. Dans le domaine agricole, l'implantation introduit la notion
d'un déplacement d'individus, c'est dont un problème de
société. Quand un homme accepte de quitter son milieu initial
pour une contrée inconnue, inexploitée, cela signifie au
départ qu'il y a une cause bien définie qui le pousse à
partir. Cette cause peut être d'ordre familial, politique,
économique ou écologique. Mais le but poursuivi est le
même : la recherche d'une situation meilleure.
Comme pour toute action il y a une conséquence, un tel
déplacement entraîne d'abord un vide dans la communauté
primitive de cet homme. Ensuite, il doit faire face à de nouvelles
conditions d'adaptation dans son nouveau milieu. Le PIFK a donc eu à
résoudre de multiples problèmes posés par le
déplacement et l'implantation de tout un groupe d'individus ne
partageant pas la même communauté de culture : tribus
différentes, formation et situation familiale différentes ;
mais tous animés d'un même idéal : obtenir un emploi
rémunérateur et assurer sa survie. Le PIFK était
appelé dès lors à avoir la politique de ses moyens et un
plan d'action réaliste.
III.1.1.3. Objectifs
à court terme
Les objectifs à court terme sont ceux que le Projet
s'était fixé d'atteindre dans un temps n'excédant pas une
année. Nous citerons : le recrutement et la sélection de
futurs candidats fermiers, la formation, l'aménagement de la concession,
la politique d'encadrement et les différentes ressources
nécessaires à la réalisation de ces objectifs.
1. Le recrutement, la sélection et la
formation
Il convient de rappeler ici que nous n'avons disposé
d'aucun document décrivant par le menu ce que le Projet se disposait de
réaliser dans le cadre du recrutement. Le tout est le fruit d'une
observation minutieuse et de quelques renseignements tirés lors de nos
enquêtes.
Dans la politique de recrutement des futurs candidats, le
projet n'a pas été très exigeant : réussir les
examens médicaux et être déclaré apte au travail
agricole, avoir un niveau d'études minimum de 2 ans post-primaires. Une
fois retenu, le futur fermier entre en apprentissage. Sa formation durerait 6
mois afin de lui permettre d'acquérir le minimum de connaissances
nécessaires à l'exercice de sa tâche. Le Projet dispose
à cet effet d'un personnel qui comprendrait des techniciens
agricoles.
La formation est d'abord théorique et ensuite,
complétée par des séances pratiques sur terrain. Le
postulant bénéficie en outre d'un service d'encadrement qui
surveille sa formation et lui fournit à titre de crédit, tout ce
dont il aura besoin. Une fois qu'au bout de sa formation le candidat fermier a
satisfait à tous les tests, il sera déclaré fermier et
pourrait devenir autonome.
2. Les ressources disponibles
Dans cette rubrique, nous groupons toutes les ressources dont
devrait bénéficier le Projet pour ses activités. Il n'y a
pas d'indications sur le montant global des crédits qui furent mis
à la disposition du projet. Toute l'assistance financière est
fournie par la Fondation Hanns-Seidel dans le cadre de la coopération
germano-congolaise et cela à titre d'aide non remboursable. Nous pouvons
donc grouper les ressources naturelles, les ressources financières et
les ressources humaines.
a) Les ressources naturelles
Pour son fonctionnement, le Projet bénéficie
d'une concession de 26.000 ha. Aucune étude disponible ne prouve que des
recherches aient été entreprises sur le terrain. On comprend
qu'il soit très difficile d'établir une bonne planification en ce
qui concerne les cultures à entreprendre.
b) Les ressources financières
Il est particulièrement difficile de faire une analyse
de la situation financière du Projet étant donné
l'inaccessibilité des données en matière de finances. Tout
ce que nous pouvons affirmer est que toute l'assistance financière est
fournie par la Fondation Hanns-Seidel. Elle consiste dans l'acquisition des
machines agricoles, des intrants agricoles, le paiement des salaires du
personnel autre que les fermiers, les matériels de construction, le
carburant ; bref toutes les dépenses relatives à
l'exploitation du Projet.
c) Les ressources humaines
En dehors des fermiers, le Projet bénéficiera
d'un personnel salarié pour son fonctionnement. On comptera un
ingénieur agronome, trois agronomes, des conducteurs de tracteurs
agricoles et de véhicules automobiles, des maçons, charpentiers
et menuisiers ainsi que d'un assistant médical. Comme cadres de
direction, un directeur du Projet et un directeur technique.
Le Projet devrait prévoir donc les structures d'accueil
pour son personnel et pour les fermiers. L'importance du personnel serait
fonction du développement des activités du Projet.
III.1.2. La politique de la
production et de la commercialisation
En matière de production et de commercialisation, le
Projet ne s'est pas appuyé sur des études de planification. La
production devrait simplement répondre au deuxième
objectif : celui de participer à la réduction du
déficit alimentaire de la ville de Kinshasa.
En première analyse, il ressort que les limites de
l'action du Projet n'ont pas été définies. Il fallait
tenir compte de certains paramètres à savoir :
- évaluer les besoins alimentaires de la ville de
Kinshasa pour déterminer le déficit total et ainsi
déterminer la marge d'intervention du Projet ;
- étant donné que les principales cultures
vivrières pour la ville de Kinshasa sont le manioc, le maïs et le
riz, choisir laquelle des variantes serait la plus rentable ;
- déterminer les coûts et avantages que cela
procurerait aux fermiers pour justifier le premier objectif ;
- fournir des garanties de conservation par un bon stockage et
un conditionnement adéquat ;
- mener des études sur la nature du terrain pour
déterminer quelles sont les cultures qui seraient les plus avantageuses,
c'est-à-dire qui présenteraient un coût de production
faible mais une marge brute élevée.
Quant à la commercialisation, elle visait uniquement le
marché de Kinshasa. Ici aussi il fallait tenir compte de :
- l'impératif du transport : la viole de Kinshasa
est un peu mieux lotie en matière de transport. Le Projet a mis à
la disposition des fermiers les moyens de transport. Il fallait à
présent déterminer le coût de ce transport et son influence
sur les prix de revient ;
- évaluation de l'importance de la
concurrence ;
- détermination des normes à respecter en
matière de conditionnement et veiller sur la qualité. Etudier les
lois de l'offre et de la demande.
La politique du PIFK en matière de production et de
commercialisation a été beaucoup trop simpliste. On a choisi de
cultiver la manioc parce que c'est une culture qui pousse sur tous les sols et
que c'est la culture la plus consommée à Kinshasa. L'étude
du marché n'a pas été réalisée étant
donné que la structure des prix est inexistante en RDC et que les prix
se déterminent selon la loi de l'offre et de la demande.
En fin de compte, il n'existe pas de prévision en
matière de production ou de bénéfices probables attendus.
C'est ainsi qu'il a été presque impossible de déterminer
les écarts et de trouver les moyens de les corriger. On peut comprendre
cet aspect dans la mesure où le Projet n'est pas une
société de production ordinaire mais plutôt une structure
devant aboutir à l'implantation agricole d'une communauté de
personnes.
III.1.3. Les différents
plans de gestion utilisés par le PIFK
En partant de la définition d'Alain BIROU
énoncée précédemment sur le plan, nous parlerons de
cinq plans de gestion que le PIFK a mis au point pour son action. Il s'agit de
la procédure, la méthode, la norme, le budget et le programme.
1. La procédure
La procédure telle que utilisée par le PIFK
comporte les phrases suivantes : - d'abord procéder au recrutement
- sélection après examen médical - une fois le candidat
retenu, lui faire suivre une formation accélérée en
matière d'agriculture pour une durée de 6 mois - une fois la
formation terminée, installer le futur fermier dans son nouvel
habitat.
Cette procédure devrait prendre fin jusqu'à la
période dite d'implantation, c'est-à-dire trois ans maxima.
2. La méthode
Une fois la procédure établie, une
méthodologie est définie pour la réalisation des
tâches. Sachant que les objectifs insistent sur la production des
cultures vivrières et l'implantation des fermiers, tenir compte de
l'état des sols et déterminer les moyens susceptibles de les
améliorer. Tenir compte de la disponibilité des machines et du
temps de travail. La méthodologie ne devrait pas marginaliser le travail
manuel pour la tractorisation.
3. La norme
Le marché de Kinshasa étant très
capricieux, les responsables du Projet ont tenu compte des impératifs
suivants :
- Présenter sur le marché des produits de
très bonne qualité et dans les meilleurs délais ;
- veiller au conditionnement selon les exigences du
marché ; c'est-à-dire utiliser les emballages
courants : sacs de 30 kg ou 50 kg pour le manioc en cossettes ; sacs
de 70 kg pour le mais ;
- présenter des légumes fraîchement
cueillis.
La standardisation n'étant pas le propre du
marché de Kinshasa, savoir faire face à la concurrence. Pour y
parvenir, il faut respecter scrupuleusement les méthodes culturales et
surtout le temps de maturation. La norme est donc dictée par la loi de
l'offre et de la demande. Elle dépend aussi des caprices des
acheteurs.
4. Le budget
En considérant les réalisations du Projet, nous
pouvons affirmer que le budget a été un plan bien établi.
Le Projet s'est doté d'un personnel d'exécution composé de
techniciens en agronomie (Ingénieur agronome, agronomes), des
conducteurs (machines, véhicules automobiles), des maçons,
charpentiers et menuisiers, surveillants. Ce sont tous des salariés dont
les prestations émargeraient au budget. Le Projet allait fournir le
matériel, ériger les constructions et construire toutes les
infrastructures, acquérir les médicaments et les rations pour les
candidats fermiers.
C'est donc grâce à un budget réaliste que
les objectifs ont connu une certaine réalisation bien qu'il n'existe
aucune donnée chiffrée susceptible de nous éclairer sur
l'importance de ce budget.
5. Le programme
Le programme défini par le PIFK à court terme
porterait sur des actions se rapportant à l'agriculture vivrière,
la construction des villages communautaires. Le projet mettrait à la
disposition des fermiers l'outillage, les intrants agricoles, les rations, les
soins médicaux et les véhicules.
III.1.4. Evolution dans la
planification a la création de la COFEBA
Dans toute organisation, la planification est sujette à
des modifications. Les plans subissent toujours des retouches et parfois sont
simplement abandonnés. La naissance de la COFEBA en 1987 marque une
orientation nouvelle dans la planification.
III.1.4.1.
Définition des objectifs de la COFEBA
Les objectifs que s'assigne la COFEBA sont clairement
définis dans la deuxième partie de notre travail. La COFEBA est
conçue au départ comme une société transitoire
devant aboutir à la création d'une société
coopérative.
Les objectifs ici, semblent tendre vers une certaine
catégorisation. L'accent porte notamment sur un développement
endogène ; compter d'abord sur ses propres moyens et définir
d'autres plans de gestion.
A court terme, séparer la comptabilité du Projet
de celle de la COFEBA, bénéficier du fonds de contrepartie comme
subvention du Projet.
A moyen terme, former de vrais gestionnaires parmi les
fermiers afin de bien administrer l'après-projet. Et à long
terme, maximiser les recettes par une modernisation de l'appareil de production
et une diversification des activités.
III.1.4.2.
Catégorisation des objectifs de la COFEBA
Nous pouvons catégoriser les objectifs de la COFEBA en
quatre : les objectifs principaux, les objectifs secondaires, les
objectifs individuels et enfin les objectifs sociaux.
1. Les objectifs principaux
On appelle objectif principal dans la gestion, un objectif qui
concerne généralement une société et non des
individus. Il peut consister en l'offre de biens et services sur un
marché en vue de réaliser des profits.
La COFEBA est donc créée pour être une
société transitoire. Elle regrouperait tous les fermiers. Ladite
société fonctionnerait comme une Asbl. Les avantages seraient
importants dans la mesure où elle continuera de bénéficier
de l'exonération fiscale.
Le deuxième objectif de la COFEBA répond bien
à cette affirmation. Il dit en effet : « la promotion du
développement dans les huit villages communautaires en encourageant soit
les initiatives privées, soit les initiatives des communautés par
des mesures adéquates ».
La COFEBA produirait notamment des denrées alimentaires
de première nécessité et peut-être aussi des
services à long terme.
2. Les objectifs secondaires
Les objectifs secondaires aident à l'obtention des
objectifs principaux et identifient des cibles conçues pour
accroître l'efficience et minimiser le coût des réalisations
par les membres de l'organisation.
La COFEBA insistera surtout sur la formation continue de ses
membres afin qu'ils soient à la pointe des innovations en matière
d'agriculture, ainsi qu'à la formation des formateurs une fois que le
PIFK cessera d'exister ; se doter d'une unité de traitement du
manioc. Nous pouvons appuyer ceci pour le troisième objectif qui
dit : « la maintenance de l'exploitation par la gestion
administrative ». C'est en effet par une gestion saine de toutes les
ressources qu'on peut espérer atteindre les objectifs principaux.
3. Les objectifs individuels
Les objectifs individuels sont ceux qui appartiennent à
l'organisation. Avant que la COFEBA ne devienne une société
coopérative, elle doit répondre aux aspirations de ses membres.
En effet, en la créant, les membres ont des désirs à voir
réalisés. Elle doit donc servir de cadre pour
l'épanouissement de chaque individu. Le premier objectif dit ceci :
« la promotion d'une société adéquate et
adaptée aux besoins de tous les fermiers de l'UFEBA et de la population
autochtone ».
4. Les objectifs sociaux
Les objectifs sociaux concernent la société. Ils
comprennent le respect des obligations édictées par la
communauté. On tient compte des objectifs qui visent les
améliorations sociales, naturelles et culturelles de la
communauté. Les objectifs sociaux sont l'aboutissement vers lequel tend
tout projet de développement.
Quand on parle de la promotion du développement
à la COFEBA, on songe à la réalisation des infrastructures
sociales devant marquer de leur empreinte l'environnement social du Plateau de
Batéké. Nous pouvons citer : la création de bonnes
écoles ou la modernisation de celles qui existent déjà
pour les enfant s des fermiers et autres, l'amélioration du
système de santé, l'organisation des manifestations sportives et
culturelles.
Cette catégorie d'objectifs est très importante
pour la COFEBA car une fois réalisés, le métier de fermier
deviendrait attrayant pour les enfants qui un jour seront appelés
à remplacer leurs parents. Dans le cas contraire, la COFEBA risque de
connaître le même sort que celui des paysannats ayant existé
avant elle.
III.1.5. Conclusion sur la
planification
En clôturant notre analyse sur la planification, il
convient de rappeler une notion essentielle : c'est que la planification
est toujours présente dans tous les domaines de la vie en partant de la
ménagère et en aboutissant à l'Etat. Elle constitue une
étape importante dans tout processus de gestion.
Le PIFK ne dispose pas certes d'un service de planification,
mais il existe bien au niveau des autres services une certaine programmation
des activités. Nous avons vu comment ont été
définis les objectifs du PIFK et de la COFEBA et dans quelle mesure les
plans de gestion ont été élaborés. Nous
espérons que dans l'avenir, LA COFEBA saura combler cette lacune.
III.2. L'ORGANISATION
L'organisation au sein du PIFK à ses débuts a
été extrêmement simple. Mais à mesure que le volume
des activités a commencé à croître et qu'est
née la COFEBA, l'organisation est devenue plus complexe. Notre
étude se basera sur les trois activités de base de toute
organisation qui sont : la production, la commercialisation et les
finances. Même pour cette dernière, les données dont nous
disposons sont très superficielles.
Le but de toute entreprise étant de produire un bien ou
un service utilisables par d'autres, il faut songer à la distribution et
à la commercialisation. Pour réussir dans ces fonctions, il faut
disposer d'un capital bien géré.
III.2.1. La production
Dans cette rubrique consacrée à la production,
nous parlerons notamment de la concession de la COFEBA, du capital humain, de
l'agriculture et de l'élevage.
III.2.1.1. La concession de
la COFEBA
1. La géomorphologie
L'ensemble de la concession de la COFEBA, qui couvre 26.000
ha, fait partie du Plateau de Batéké. Elle présente la
même géomorphologie.
Un plateau est un relief relativement plat, qui peut
s'étaler sur une grande surface et des altitudes différentes mais
qui comporte plusieurs vallées encaissées. Le plateau peut aussi
être une littorale qui se prolonge sous la mer.
On donne donc généralement le nom de Plateau de
Batéké à une vaste région comprise dans la commune
de Maluku et qui va de Kinshasa jusqu'à la frontière de la
province de Bandundu bien qu'il se prolonge jusqu'à la rivière
Kwango. Il couvre une superficie de près de 7.200 Km. Il est
arrosé par les rivières N'sele, Lufimi, Bombo et Lumene.
2. La géomorphologie
Le Professeur LUBINI AYINGWELU((*)1) écrit : « l'ensemble de la
concession du Projet fait partie du Plateau de Batéké. Ce vaste
territoire qui s'incline progressivement du sud vers le nord, s'étend
depuis la rive droite de la N'sele à l'ouest jusqu'à celle du
Kwango à l'est. Vers le nord, il se poursuit au-delà du fleuve
Zaïre en République du Congo. Au sud, le Plateau des
Batéké se prolonge en Angola ».
Dans l'ensemble du domaine, l'altitude varie entre 750 m au
sud et 670 m au nord. Ce plateau est entièrement
disséqué et incisé par de profondes vallées
très encaissées en direction générale sud-nord.
Dans leur géomorphologie, les sols de la concession
présente une prédominance sableuse. Cette prédominance
texturale sableuse entraîne que ces sols sont filtrants et ne retiennent
pas l'eau. Ils deviennent secs très rapidement.
Les sols de l'ensemble de la concession ont une structure
particulière ou élémentaire dans laquelle les constituants
sont entassés sans aucune liaison par manque de colloïdes. Il n'y a
donc pas de structure. Le manque de colloïdes confère une grande
acidité aux sols. Le taux de la matière organique est faible. La
moyenne est de 1,81% avec des valeurs extrêmes qui se situent dans les
limites de 0,96 - 2,04%.
3. Hydrographie
L'ensemble du domaine du Projet est baigné par les
rivières Lufimi et Limbimi.
4. La climatologie
La climatologie joue un rôle très important en
agriculture. Le Plateau de Batéké appartient au climat tropical
humide avec une saison sèche nettement marquée de 90 à 150
jours. Elle intervient entre la seconde moitié du mois de mai et la fin
de septembre. La sécheresse presque absolue a lieu en
juin-juillet-août. Entre fin janvier et la seconde moitié de
février règne une sécheresse relative.
La pluviométrie présente une double
périodicité : d'une part on observe un maximum principal en
novembre et d'autres part un second en avril.
III.2.1.2. Le capital
humain
La Communauté des Fermiers de Bankana compte 240
fermiers ; il faut ajouter à cela le personnel utilisé par
le Projet dans sa gestion qui s'élève à 47 personnes.
Les fermiers sont repartis dans huit villages communautaires
à raison de 30 par village. S'il faut compter une moyenne de cinq
personnes par famille, cela nous donnerait près de 1.400 personnes. On
se rend compte de l'importance de ces ressources humaines.
III.2.1.3. L'agriculture de
la COFEBA
Nous avons vu tout au long de notre exposé que
l'agriculture constitue la raison d'être du PIFK.
L'étude des sols de la concession n'a été
effectuée pour la première fois qu'en 1988 par le Professeur
LUBINI. Aucun autre document ne stipule une autre étude en ce sens.
La culture principale reste le manioc et dans une moindre
mesure mes cultures maraîchères. C'est pourquoi nous nous
étendrons un peu plus sur le manioc et ses implications sur
l'économie de la COFEBA.
1. La préparation du terrain
La concession de la COFEBA est constituée en majeure
partie de savane arbustive. Les sols sont très pauvres et les
techniciens agricoles du PIFK, par l'entremise du service d'encadrement,
formation et vulgarisation, ainsi que le service technique, s'attèlent
à enseigner aux fermiers les techniques culturales pour obtenir un bon
rendement.
Le calendrier agricole est divisé en trois
saisons :
- la saison A : Octobre - décembre -
janvier : c'est la grande saison de pluie
- la saison B : mi-février - mi-mai : c'est
la petite saison de pluie
- la saison C : mi-mai - mi-septembre : c'est la
grande saison sèche. Elle constitue également la grande saison
maraîchère.
Les opérations de préparation du terrain
commencent juin-juillet pour que les sols soient prêts en octobre.
Les diverses opérations à effectuer pour la
préparation du terrain sont multiples. Nous citerons : le
dessouchement qui consiste à déraciner toutes les souches des
arbustes couvrant le terrain ; le débardage qui permet de
dégager les souches et l'encombrement pendant lequel on bouche les
trous. Ces opérations sont manuelles. Ce n'est qu'après que
commencent les opérations mécaniques que sont le labour et le
hersage. Le terrain ainsi préparé est prêt à
recevoir les cultures vivrières dont le manioc, le maïs et le
niébé.
Quant aux cultures maraîchères, elles sont
effectuées près des points d'eau. C'est pourquoi les emplacements
des villages ont été choisis de manière à permettre
la réalisation de ces cultures.
Le terrain reparti à chaque fermier est d'environ 20 ha
qu'il exploite à raison de 1,5 à 2 ha par an.
2. Le machinisme et outillage
Nous avons vu que le travail manuel est limité dans les
méthodes culturales. Il requiert l'utilisation d'un outillage
très simple composé de houe, machette, hache, bêche, pelle,
etc.
Une fois le terrain préparé, c'est-à-dire
à la fin des opérations d'encombrement, les tracteurs du Projet
viennent effectuer le labour. Après le labour vient l'épandage de
la poudre calcaire qui est une opération très importante vue la
nature du terrain. Le Professeur LUBINI((*)1) écrit en effet : « les sols
sont très acides dans leur horizon superficiel.... Pour corriger cette
acidité excessive, il faut procéder aux amendements calcaires par
l'apport de la chaux ». L'épandage de la poudre calcaire
achevé, les machines reviennent pour les opérations de hersage
qui consistent à aplanir le terrain.
Le Projet utilise trois tracteurs pour la mécanisation
agricole et cinq pour le transport. Les tracteurs utilisés ont une
puissance qui varie entre 75 et 80 CV. A raison de 25 CV pour une tonne, ils
sont capables de traîner trois tonnes de matériel qui sont
constitués de la charrue (disque + accessoires).
Les opérations de bouturage pour le manioc et de semis
pour les grains (maïs, niébé, courge) ne s'effectuent
qu'après les premières pluies. A ce moment, il faut veiller
à lutter contre les maladies et à fertiliser les espaces
cultivés.
L'appareillage utilisé est constitué
exclusivement de pulvérisateurs ULV. Ce sont des mesures phytosanitaires
que les encadreurs du PIFK apprennent aux fermiers pour réussir un bon
rendement.
L'agriculture de la COFEBA est essentiellement dominée
par la culture du manioc et les cultures maraîchères.
a) Le manioc
Le manioc constitue pour une bonne partie de la population de
Kinshasa et de beaucoup de régions du pays, la culture vivrière
par excellence. Il constitue le pilier de l'agriculture de la COFEBA. Il est
présent dans tous les pays tropicaux. D'ailleurs, il tire son origine du
Brésil d'où les navigateurs portugais l'auraient introduit en
Afrique.
Selon les régions où il est cultivé, on
le consomme sous diverses formes. C'est une plante riche en amidon. Il
consommé sous forme de farine. Il sert de pâte alimentaire, de
colle, de glucose.
Dans certains pays, au Brésil par exemple, l'alcool de
manioc sert de carburant biologique. Le manioc sert aussi à
l'alimentation du bétail.
Originaire de l'Amérique du Sud, le manioc comprend
plusieurs genres. Nous nous limiterons au genre manihot utilissima
cultivé à la COFEBA et qui comprend les
variétés suivantes :
- F100 : port dressé, bouture droite et blanche,
feuilles vert-foncé, racines tubéreuses douces, maturité
entre 12 et 14 mois.
- Mpelo Longi : ressemble au F100 mais plus court,
racines tubéreuses amères, variété locale,
maturité 18 mois.
- 02864 : tige droite, couleur brune, feuilles vertes,
maturité de 12 à 14 mois.
- Ngamanza : tiges ramifiées, taille moyenne,
maturité 24 mois, très amère, faible rentabilité,
convient pour la chikwangue et le « malemba »
Les critères qui jouent pour la sélection de
l'espèce dans le manioc sont : un fufu bon à manger, un bon
rouissage, un poids normal. Les espèces se différencient par des
caractères morphologiques comme le port, et les caractères
techniques comme la résistance à la mosaïque et la teneur en
acide cyanhydrique.
Le manioc pousse sur tous les terrains sauf sur les terrains
marécageux. Les rendements dans les meilleures conditions sont de
l'ordre de 150 tonnes à l'hectare. Dans la concession de la COFEBA, la
production est de l'ordre de 30 tonnes.
Le manioc est cultivé en association avec le
niébé. Les fermiers utilisent une variété de
niébé local. Celle-ci donne de bons rendements avec deux
traitements phytosanitaires. Elle ne nécessite pas l'utilisation
d'engrais chimiques. C'est d'ailleurs une culture de terrain pauvre. Les
rendements varient entre 500 et 800 Kg. Il entre pour une bonne part dans
l'alimentation des fermiers.
Le manioc constitue la principale culture à la COFEBA
et joue un rôle très important à plusieurs titres :
- premièrement, cette culture a été
choisie parce qu'elle constitue la nourriture de base de la population de
Kinshasa ;
- deuxièmement, le manioc passe pour une culture facile
à entretenir et donne de bons rendements si tous les conseils des
techniciens agronomes sont bien suivis ;
- troisièmement, le manioc permet au fermier de faire
face à toutes ses échéances ;
- enfin, le manioc entre principalement dans
l'alimentation pour ses racines tubéreuses sous forme de farine, et pour
ses feuilles (le pondu) qui constitue un légume très
apprécié.
b) Les cultures maraîchères
Au commencement, le PIFK a initié les fermiers à
pratiquer les cultures maraîchères afin de satisfaire le
marché de Kinshasa car la ville compte aussi un nombre important
d'expatriés. La gamme des cultures pratiquées fut riche et
variée. Nous citerons : les choux (pommé, blanc, rouge), les
aubergines, les poivrons, les piments, les tomates, les pastèques, les
courgettes, les carottes, les oignons, les épinards, les amarantes, les
haricots verts, le gombo, les salades, les céleris, les concombres, les
choux-fleurs, les choux brocoli, les radis, les fenouils, les haricots
kilomètre, les ciboulettes, l'ail, etc.
Les cultures maraîchères demandent un travail
harassant et sont très exposées aux maladies. Le PIFK a le
mérite d'avoir réussi à les cultiver au Plateau de
Batéké étant donné que la plupart sont des cultures
exotiques des régions tempérées.
c) Les autres cultures
En dehors des cultures que nous venons de décrire,
d'autres essais ont été entrepris Le maïs par exemple, ne
s'est pas révélé rentable. C'est une culture très
exigeante qui demande un sol riche en humus, complété avec des
apports organiques. Or, nous avons vu les caractéristiques des sols du
Projet, ils sont plutôt pauvres. La culture du soja a donné de
bons résultats mais a été abandonné au niveau
expérimental. Les arbres fruitiers aussi ont été
plantés mais ils demandent beaucoup d'efforts.
Le Service d'encadrement, formation et vulgarisation a
introduit la culture de l'acacia de l'espèce auriculiformis. Au
début, une certaine méfiance de la part des fermiers a conduit
les initiateurs du programme à choisir des groupes cibles. On sait que
le manioc est toujours cultivé en fin d'assolement ; après
la récolte, il faut observer une jachère d'au moins sept ans dans
le domaine du Projet. Mais l'acacia, une fois le manioc récolté,
il se développe et constitue une véritable forêt
artificielle qui permet de réduire la jachère.
III.2.1.4.
L'élevage
Pour l'élevage, il faut distinguer le gros
bétail, le petit bétail et la pisciculture. Mais avant de parler
de l'élevage, il convient de dire un petit mot sur les pâturages
du Projet.
Le Professeur LUBINI((*)1) écrit : « Du point de
vue du nombre d'espèces, les pâturages sont très riches.
Mais le nombre d'espèces broutées par les vaches est très
faible. Il y a donc lieu d'envisager l'enrichissement en augmentant la
densité des espèces les plus appréciées par la
suppression de celles qui le sont moins. On pourrait également
introduire d'autres espèces fourragères en respectant les
conditions du milieu. Les graminées sont les plus broutées par
les vaches ».
Les techniciens du Projet ont initié à cet effet
la culture du xylosantès dans des champs fourragers. Un
schéma très simple permet de déterminer comment les
déjections des animaux broutant dans des champs fourragers contribuent
à l'amélioration des sols.
a) Le gros bétail
L'élevage de gros bétail a été
introduit avant la création de la COFEBA. En effet, il date de 1985 avec
25 génisses et un taureau. L'objectif a été très
mal défini au début mais ensuite, il a été convenu
que les bêtes seraient distribuées aux fermiers.
Dans ce genre d'élevage, on choisit les races qui sont
trypanotolérantes, c'est-à-dire résistantes à la
trypanosomiase. En Afrique, c'est le N'dama et le Dahomey qui répondent
à ce critère. Le N'dama a donc été retenu à
la COFEBA.
L'élevage des bovins est très exigeant. Outre
qu'il faut disposer de bons pâturages, il faut également apporter
des suppléments nutritionnels.
L'élevage des bovins a connu une certaine
évolution car en 1990, on comptait déjà 140 têtes.
ANGONGOLO TOSOMBA((*)2).
b) Le petit bétail
Le petit bétail a été introduit en 1989
avec la race locale Djalonki. Les avantages que confère cet
élevage sont multiples : c'est un élevage moins cher,
demande moins d'infrastructures et moins de pâturages, la reproduction
est plus rapide. Nous n'avons pas de données sur la production
actuelle.
c) La pisciculture
Le PIFK a bien entrepris des essais en pisciculture avec
l'introduction du tilapia nilotica. Mais ce dernier ne s'est pas
adapté vu l'acidité excessive des eaux qui baignent la concession
du Projet. Le programme a donc été abandonné. Seuls
quelques fermiers s'y adonnent.
III.2.2. La
commercialisation
Dans cette rubrique, nous nous intéresserons sur le
système de transport, le conditionnement, le stockage et la
distribution.
a) Le système de transport
Nous savons que le domaine du Projet comporte huit villages
communautaires. Le transport ne concerne pas seulement les fermiers mais
également toutes les personnes qui vivent dans les environs. Le
transport qui fait partie du service technique concerne aussi la maintenance et
les approvisionnements.
Les huit villages sont séparés du Centre de
plusieurs kilomètres. Il faut donc une programmation rigoureuse pour
satisfaire tous les besoins en transport. Les distances sont réparties
comme suit : Centre - Bankana : 4 km ; Centre - 1er
village : 4 km ; Centre - 2e village : 9 km ;
Centre 3e village : 11 km ; Centre 4e
village : 12 km ; Centre - 5e village : 15 km ;
Centre 6e village : 19 km ; Centre 7e
village : 23 km ; Centre 8e village : 32 km.
Le PIFK utilise trois grands camions, six jeeps tout terrain
et cinq tracteurs pour le transport. Les camions servent à
l'acheminement des produits à Kinshasa ; les jeeps et les tracteurs
servent au transport inter villages, aux courses qui sont parfois hors
exploitation.
b) Le conditionnement et le stockage
Les produits de la COFEBA sont variés comme nous
l'avons vu. Mais le conditionnement s'il est aisé pour les produits
vivriers, il pose de grands problèmes pour les maraîchers. Ces
derniers doivent être livrés le plus tôt possible. Les
emballages utilisés pour les différents produits doivent
être conformes aux exigences du marché. C'est ainsi qu'on trouve
la nomenclature suivante :
· Cossettes de manioc : sac de 30 kg
· Manioc doux : sac de 70 kg
· Niébé : sac de 60 kg
· Maïs : sac de 50 kg
Les produits maraîchers sont transportés dans des
bacs en plastique afin de préserver leur qualité.
Quant au stockage, il existe bien un dépôt
central au Centre ; mais dans les villages, chaque fermier s'occupe de sa
propre production et la livre au passage des camions du Projet. D'autres
dépôts existent au niveau de Kinshasa : au siège de la
Fondation Hanns-Seidel sur l'avenue des Sénégalais à
la Gombe.
c) La distribution
La consommation des produits de la COFEBA au niveau de Bankana
ne représente qu'une petite fraction de la production globale
commercialisée. Sans compter celle qui est autoconsommée, le
service commercial utilise les principaux points de vente de la ville de
Kinshasa. Nous avons notamment : le marché Bitabe, le marché
Zigida, le marché Moulaert, le marché Gambela, le marché
du Quartier 7 à N'djili, le Centre commercial de Limete, le
dépôt de Binza-Ozone, certaines alimentation ainsi que le
siège de la Fondation Hanns-Seidel à la Gobe.
Pour cette opération de vente, il existe bien entendu
une rotation pour servir les villages. Un horaire bien établi permet d'y
remédier. Souvent, le ramassage ou livraison s'effectue le lundi et le
jeudi ; les camions arrivent à Kinshasa le mardi et le vendredi. On
choisit alors parmi les fermiers, les marketeurs qui s'occuperont de la
vente.
III.2.3. Les finances
Le problème des finances au sein de la COFEBA est
délicat à traiter étant donné que les
données sont très superficielles. En gros, nous pouvons grouper
les différentes rubriques en trois : nous avons les ressources de
la COFEBA, le fonds de contrepartie et le crédit.
1. Les ressources de la COFEBA
Le capital social de la COFEBA est fixé à Z
250.000 (janvier 1987). La COFEBA étant une communauté, les
fermiers tirent essentiellement leurs ressources de la vente de leurs produits.
Ainsi, ils contribuent par leurs cotisations à la caisse commune. Il
existe au niveau de chaque village, une cantine où ils peuvent
s'approvisionner en biens de première nécessité.
Au premier janvier 1987, la COFEBA disposait d'un fonds de
roulement évalué à Z 88.595,38((*)1).
Les recettes encaissées par la vente de marchandises,
la cantine, le demi-gros, la pharmacie et le dispensaire contribuent aussi
à renflouer cette caisse.
2. Le fonds de contrepartie
Lester R. BROWN écrit : « Le terme fonds
de contrepartie est né aux USA dans le cadre du Plan Marshall pour la
reconstruction de l'Europe détruite pendant la Seconde Guerre Mondiale.
En 1954, l'Administration américaine adopte "l'Agriculture Trade
Developpement and Assistant Act". Il était question de s'attaquer aux
excédents agricoles américains et au déficit alimentaire
des pays en voie de développement »((*)2).
Dans le cadre de la COFEBA, le fonds de contrepartie est une
sorte de subvention que le PIFK lui accorde. Il se présentait de la
manière suivante au 1er janvier 1987 :
- Avoirs en caisse de l'ex-UFEBA en date du 31/12/1986 qui
fait l'objet d'un transfert de propriété à la
société COFEBA en date du 1er janvier 1987, soit Z
1.038,268,37 ;
- Toutes les créances du Projet sur les fermiers en
matière de crédit agricole qui font l'objet d'une cession
à la société COFEBA en date du 1er janvier
1987, ceci d'un montant global de Z 1.862.165,55 ;
- Toutes les créances du Projet sur les fermiers en
matière de construction qui font l'objet d'une cession à la
société COFEBA en date du 1er janvier 1987, et ceci
d'un montant total de Z 2.742.202,00 ;
- L'entièreté des stocks du Projet en engrais,
inventoriés en date du 31 décembre 1986 qui fait l'objet d'un
transfert de propriété à la société COFEBA
en date du 1er janvier 1987 et ceci d'un montant estimé
à Z 20.767,95 ;
- L'entièreté du cheptel bovin du Projet
inventorié en date du 31 décembre 1986 qui fait l'objet d'un
transfert de propriété à la société COFEBA
en date du 1er janvier 1987 et ceci d'un montant estimé
à Z 566.000.
Le fonds de contrepartie est constitué par
conséquent d'un montant total de Z 7.129.203,87 au 1er
janvier 1987.
3. Le crédit
A la COFEBA, le système de crédit est celui de
crédit à la production, appelé aussi crédit de
campagne. Il est caractérisé par la livraison des engrais,
insecticides, semences. Le crédit est sans intérêt mais
remboursable sur étalon-manioc.
Bien que le système soit controversé, il a
été établi afin de contrebalancer les effets
dépréciatifs du zaïre-monnaie. Le manioc a été
choisi parce qu'il constitue un des régulateurs des prix sur le
marché de consommation. Il suit donc fidèlement les variations du
taux de change.
Pour bien comprendre le principe, prenons l'exemple d'un
fermier qui obtient un crédit de Z 500.000 en 1989. Le kilo de manioc
revenant à Z 1.000, la valeur en étalon-manioc est de 500 kg. A
la fin de la campagne, si le kilo atteint Z 2.500, le fermier sera
redevable de 500 x Z 2.500 soit Z 1.250.000, car les Z 500.000
initialement obtenus ne représentent plus que 200 kg de manioc.
Dans le cadre social, la COFEBA accorde des prêts sous
forme d'assistance-maladie, logement. Ce sont des prêts à court
terme. L'épargne fonctionne essentiellement sous forme de compte
courant.
Le crédit est accordé sur le transport de
produits destinés à la vente. Le PIFK retire successivement
21,26% du chiffre d'affaire réalisé sur la vente des produits
vivriers et 27,54% pour les produits maraîchers.
III.2.4. Analyse sur
l'organisation
Le PIFK est un projet de développement et nous avons
énoncé que le projet de développement vise une
rentabilité économique, c'est-à-dire, les avantages qu'il
apporte à la collectivité. Dans le cadre du PIFK, la
collectivité ne concerne pas seulement les fermiers de la COFEBA, mais
également la population du milieu.
Il est admis que le travail de la terre est difficile et qu'il
demande une certaine endurance et beaucoup de volonté. Il requiert aussi
un profit proportionnel à la dépense d'énergie afin qu'il
soit attrayant. L'organisation de la production, de la commercialisation et des
finances appelle certaines considérations.
1. L'organisation de la production
La concession de la COFEBA est pauvre. Pour la rentabiliser,
elle demande un emploi constant de matières fertilisantes. Pour
combattre aussi les maladies et les insectes, il faut des produits
phytosanitaires. La préparation du terrain demande l'utilisation des
machines avec le concours des techniciens.
Tant que le PIFK existera, le problème ne se posera pas
car c'est la Fondation HANNS-Seidel qui finance. La plupart des achats sont
effectués en devises. Le personnel utilisé est payé par le
Projet.
Les techniciens du Projet aident les fermiers dans
l'utilisation judicieuse des engrais et aussi des produits phytosanitaires.
Mais, le problème se posera sur l'après-projet.
Les indices de production de 1986 à 1989 ne poussent
pas à l'optimisme. S'il faut établir un graphique simple, en
prenant le nombre de fermiers qui est de 240 , la production moyenne par
fermier a été successivement de 2.126,6 kg en 1986 ; 1.349,7
kg en 1987 ; 1.775,79 kg en 1988 et de 4.013,09 kg en 1989. Or, rien que
pour le manioc, la production peut atteindre 20t/ha et 800 kg/ha pour le
niébé. Ici, il faut compter aussi la production obtenue comme
frais de minerval pour les écoles du Projet.
Dans le compte-rendu d'évaluation des activités
de 1989, il est écrit : « Projets d'avenir : pour le
manioc, maintenir 2 ha par fermier et par an, décourager la production
de manioc jaune pour faciliter l'approvisionnement de l'usine. La production
estimée si on atteint 20 ha est de : 9.594,40 t ;
niébé avec 600 kg/ha est de 136.200 kg. Le traitement
phytosanitaire se présente de la manière suivante :
- Quantité nécessaire : 137 litres
- Quantité à prévoir : 160
litres
- Quantité en stock : 7 litres
- Quantité pour les autres spéculations :
30 litres
- Nombre d'appareils ULV : 150
Source : Compte rendu de la
réunion d'évaluation des activités du deuxième
semestre 1989 et programmation pour l'exercice 1990, p.22
Nous remarquons, après cette constatation que le
fermier de la COFEBA est loin d'atteindre cette production alors que
théoriquement toutes les conditions sont réunies.
2. L'organisation de la commercialisation
La production commercialisée et connue est celle qui
passe nécessairement par le service commercial du Projet sans compter la
production autoconsommée et celle non déclarée. Beaucoup
de points sont à relever dans le fonctionnement normal de ce
service :
- Pour le manioc en cossettes, il faut surtout veiller
à la durée de rouissage qui influe beaucoup sur la
qualité. Le manioc qui permet au fermier de faire face à ses
échéances mérite beaucoup d'attention ;
- Les cultures maraîchères quant à elles,
sont tributaires du stockage et du conditionnement. Les produits doivent
être vendus très frais et être de très bonne
qualité ;
- Le système de transport, même s'il fonctionne
bien risque d'être préjudiciable au fermier une fois que le Projet
aura cessé d'exister. Le pourcentage tiré sur la vente pour le
transport ne suffit pas à compenser son coût réel. Il est
donc trop subventionné.
Pour nous rendre compte des dépenses d'exploitation
auxquelles la COFEBA sera confrontée après le départ du
Projet, voyons comment l'Ingénieur BOPINGI((*)1) énoncent les
éléments qui entrent dans le coût de production dans une
exploitation agricole :
a) La préparation du sol :
- amortissement tracteur + charrue + herses
- carburant pour tracteur
- lubrifiant pour tracteur, charrues, charrues et herses
- salaire et primes conducteur
- salaire personnel technique pour la supervision des
travaux.
b) Coût de matériel végétal
de propagation :
- coût de la poudre calcaire
- achat semences, boutures et plants
- frais de mission personnels
- amortissement véhicule
- achat carburant et lubrifiant.
c) Coût de la fertilisation du
sol :
- coût de la poudre calcaire
- coût du transport fumier et compost
- achat des engrais chimiques en devises
- coût de ces engrais de
Matadi-Kinshasa-Centre-champs
- amortissement tracteur ou camion
- achat carburant et lubrifiant pour camion ou tracteur +
remorques
- salaire chauffeur.
d) Entretien des cultures :
- achat de l'appareil ULV (pulvérisateur pour
maraîchers)
- achat produits phytosanitaires pour le maraîchage
- achats des engrais chimique d'entretien
- coût du transport de ces engrais chimiques de
Matadi-Kinshasa-Centre-champs
- amortissement camions ou tracteurs + remorques
- achat carburant et lubrifiant camion + tracteur
- salaire chauffeur ou conducteur.
e) Récolte :
- achat sacs vides (ordinaires ou Midema)
- achat ficelles, cordes et aiguilles
- salaires personnels techniques
f) Stockage :
- achat matériaux de construction (ciment, fer à
béton, bois, clous, tôles et autres)
- main-d'oeuvre (salaires personnels)
- achat matériel et produits de protection des
récoltes
- salaires personnels techniques.
En analysant les différents éléments du
coût de production, on se rend compte de l'attention que les fermiers
devront accorder au service de commercialisation chargé de la vente de
leurs produits.
3. L'organisation des finances
Nous avons vu que les finances de la COFEBA sont
constituées du capital fixé à Z 250.000 (1987), du fonds
de contrepartie (subventions) et des recettes réalisées sur la
vente des produits. Si le fonds de contrepartie est soumis à une
réglementation bien définie, nous pouvons nous pencher un peu sur
les recettes des produits et le remboursement du crédit.
Les recettes réalisées dépendent
largement de la production et cela quantitativement et qualitativement.
Quantitativement, nous avons vu que la production est
très faible. Cette faiblesse est due en grande partie à la
fragilité des structures mêmes de la COFEBA qui jusqu'à
présent, ne se démarquent pas de celles du Projet. Dans son
rapport d'activités, Monsieur NKOBA((*)1) propose d'atteindre les objectifs
suivants :
- faire participer les fermiers aux structures de la
COFEBA ;
- former les fermiers à mieux identifier les
problèmes de leur organisation ;
- aider les fermiers à mieux cerner
l'après-projet ;
- stimuler les leaders pour l'auto développement
Qualitativement, nous avons énoncé les
différents paramètres qui sont déterminants pour que les
produits soient vendus dans le temps et bien conservés.
Le remboursement du crédit constitue un goulot
d'étranglement pour le fermier. Le crédit qui est accordé
en nature : semences, engrais, boutures, transport, etc... est
remboursable en étalon-manioc. Nous avons vu comment il fonctionne. Mais
jusqu'à présent, les fermiers ne semblent pas bien saisir les
implications de ce mécanisme de remboursement de crédit.
Contracter un crédit de Z 5.000.000 par exemple pour payer Z 25.000.000
à la fin d'une campagne semble impensable à première vue.
Pourtant, le remboursement du crédit permet de renflouer le fonds de
contrepartie qui entre dans les ressources de la COFEBA.
Dans son rapport d'activités, Monsieur BILONGO((*)2) écrit :
« LA COFEBA fonctionne sans prévisions budgétaires.
Après six ans de fonctionnement, il est temps de commencer à
prévoir notre activité économique malgré les effets
de l'inflation ».
Par manque de statistiques au niveau du bureau de la COFEBA,
traiter des finances reste un sujet difficile car il faut disposer de
données chiffrées exactes pour effectuer une bonne analyse.
III.3. L'IMPULSION DES
RESSOURCES HUMAINES
Dans notre chapitre consacré à l'impulsion des
ressources humaines, nous allons essayer de porter notre analyse sur l'action
du service d'encadrement, formation et vulgarisation et du service
socioculturel.
III.3.1. La comptabilité
des ressources humaines
L'action du PIFK ne concerne pas seulement les fermiers, mais
également le personnel utilisé pour atteindre les objectifs
fixés.
A la création de la COFEBA en 1987, un certain
organigramme que nous qualifierons de fonctionnel (aidant dans le
fonctionnement des différents services) aurait été
établi. Les ressources humaines dépasseraient nettement les 300
personnes. Mais dans notre analyse, nous nous limiterons seulement aux
fermiers.
III.3.2. La politique
d'encadrement, formation et vulgarisation
Le PIFK, en s'installant, a eu le mérite de parvenir
à encadrer 240 fermiers, à les faire travailler ensemble et
atteindre les objectifs qu'il s'était fixés. Les hommes
sélectionnés sont venus des horizons hétéroclites.
Un service existe au sein du PIFK qui se charge de cette tâche
essentielle car c'est de la réussite de ce service que dépend en
majeure partie toute l'action du Projet. Le service comprend un encadreur
secondé de trois agronomes.
III.3.2.1.
L'Encadrement
La COFEBA, appelée un jour à devenir une
société coopérative doit viser d'abord la
stabilité. Le PIFK s'efforce donc de former des individus capables
d'administrer rigoureusement cette institution après son départ.
C'est ainsi que toutes les actions à entreprendre restent soumises
à la supervision du Projet. Ce dernier n'est plus un organe de tutelle,
mais plutôt d'appui. L'encadrement vise non seulement l'administration
mais également les méthodes culturales. En effet, il faut
apprendre aux fermiers comment entreprendre les différentes
cultures ; comment utiliser les engrais et les insecticides qui peuvent
causer de graves dommages non seulement aux cultures mais également aux
personnes qui les manipulent ; ce sont des poisons. Les accidents peuvent
survenir soit par inhalation (par le nez), par ingestion (par la bouche) ou par
contact (par la peau).
Le service cherche aussi à encourager les initiatives
privées. L'encadrement veille au respect scrupuleux du programme
établi afin de maximiser l'exploitation. Il existe également une
commission permanente de la programmation et suivi des activités de
développement à la COFEBA, composée de sept membres
assistés de l'encadreur.
III.3.2.2. Formation et
vulgarisation
Il est normal que pour entreprendre une activité
quelconque, il faut une initiation. Nous avons vu que les fermiers n'ont pas
suivi une formation d'agriculteur avant de venir à Bankana. Au PIFK, la
formation a d'abord visé à leu inculquer le minimum de
connaissances agricoles pouvant leur permettre d'entreprendre leurs
activités.
La formation est permanente car la science évolue.
Cette formation est non seulement théorique mais également
pratique. Certains fermiers ont même bénéficié de
quelques voyages et séminaires à l'étranger. La formation
concerne également les formateurs eux-mêmes car la COFEBA
constitue un vaste champ d'expérimentation.
La vulgarisation concerne surtout l'introduction de nouvelles
variétés de cultures qui sont expérimentées
à petite échelle. Ensuite, on choisit certains fermiers plus
réceptifs que les autres et à qui on demande de procéder
aussi à des expérimentations. C'est ainsi que plusieurs
programmes ont été initiés. Nous citerons à titre
d'exemple : le programme d'arboriculture fruitière et le programme
de champs fourragers.
Le service veille aussi à ce que la vulgarisation de
nouvelles variétés de cultures n'affecte pas les
variétés locales qui servent de témoins.
III.3.2.3. L'organisation
socioculturelle
Dans cette rubrique, nous avons l'enseignement maternel,
primaire et secondaire ; l'alphabétisation et aussi les
séminaires de formation organisés dans les villages
communautaires.
1. L'enseignement maternel, primaire et
secondaire
Dans le cadre de l'enseignement maternel, le service anime des
écoles gardiennes dans presque toutes les cités. Il apporte aussi
une certaine aide à celles de Bankana, Yoso et Nsuni. Il existe deux
écoles primaires au deuxième et cinquième villages avec
une extension au potager su Centre, quatrième et huitième
villages.
L'école secondaire compte deux sections : la
section technique agricole et la mécanisation agricole.
Le service socioculturel s'occupe aussi de
l'amélioration de la formation dans les écoles avec des
séminaires et des programmes scolaires spécialisés.
2. L'alphabétisation
L'alphabétisation est un sujet très
délicat car beaucoup de personnes n'ont pas le courage de
reconnaître leur analphabétisme. A la COFEBA, le programme vise
surtout les femmes des fermiers ; mais également quelques fermiers
aussi. Pour essayer d'encourager la pratique de la lecture, chaque village
dispose d'une bibliothèque.
3. Séminaires et formation
Les séminaires et les différentes formations
sont axés sur les thèmes relatifs à la vie
quotidienne : placer le fermier et sa famille dans son environnement.
Chaque village possède un horaire précis qui comprend tout un
programme bien élaboré. Des fiches sont dressées par
l'encadreur et l'instructeur. On organise des excursions pour le village le
plus performant. Des contacts sont pris avec les organisations disposées
à recevoir les excursionnistes. La formation concerne aussi
l'encadrement des femmes en matière d'économie domestique et de
l'éducation nutritionnelle.
4. La santé
Le service de santé comprend un dispensaire au Centre
du Projet et une pharmacie. Il existe aussi deux centres de santé aux
quatrième et huitième village ainsi des boîtes de secours
dans chaque village. Les cas ne nécessitant pas d'intervention
chirurgicale sont traités au Centre tandis que les plus
compliqués sont transférés à Kinshasa.
5. Le sport et la culture
Les disciplines sportives pratiquées à la COFEBA
sont : le football pour les hommes et le volley-ball pour les femmes.
L'équipe des fermiers qui, au départ a été bien
structurée, a participé à un bon nombre de championnats au
niveau local. Mais on comprend qu'au niveau de la COFEBA, le sport reste un
sport loisir car le travail du fermier étant très fatigant, il
lui est difficile de se consacrer aux entraînements. Quant au
volley-ball, les femmes des fermiers participent à des rencontres
inter-villages auxquelles on associe aussi les femmes de Bankana.
On peut affirmer que le sport bénéficie d'un
soutien appréciable en équipements de la part du Projet.
En ce qui concerne la culture, nous signalerons l'existence
d'une revue, « Le Fermier » au sein de la COFEBA. Nous
avons aussi parlé des bibliothèques.
La musique aussi est présente avec l'orchestre
« Agri Musica » dont l'équipement est très
moderne.
Le théâtre a connu un regain d'activités
dans les années 84, 85 et 86 ainsi qu'une troupe féminine en
87-88.
III.3.3. Analyse sur
l'impulsion des ressources humaines
L'impulsion des ressources humaines reste un des facteurs
déterminants pour la réussite d'un projet ; car un travail
sans attrait est voué à l'échec. Le service de formation,
encadrement et vulgarisation se trouve certes confronté à de
grandes difficultés qui sont d'ordre humain, technique et parfois
financier. Dans un rapport d'évaluation, Monsieur NKOBA((*)1)
écrit : « certaines contraintes auxquelles se bute
l'activité du service de vulgarisation :
- rupture de stock de gas-oil ;
- difficultés de communication ;
- surutiilisation des engins (superficie labourée par
tracteur et par campagne) ;
- surutilisation du potentiel humain (plus ou moins 13 heures
de travail par jour).
Les activités d'encadrement entreprises par le Projet
devraient être de nature continuelle, c'est-à-dire que les
fermiers doivent être capables de persévérer même
après le départ du Projet.
En ce qui concerne les soins de santé et les
écoles, Monsieur BILONGO((*)1) constate : « les soins de
santé (nous devons établir les preuves de filiation, de
scolarité et de mariage des bénéficiaires
conformément à la loi), la comptabilité des écoles
devrait être déparée de celle de la COFEBA ».
Le fermier travaille non seulement pour lui-même, mais
également pour sa postérité car il constitue un actif
remplaçable. Le PIFK devrait surtout s'efforcer de reconvertir la
mentalité de certains fermiers qui ne distinguent pas encore très
bien l'agriculture traditionnelle à faible rendement de celle moderne
à haut rendement génératrice de revenus.
III.4. LE CONTROLE
Le contrôle existe sous deux formes : le
contrôle préalable et le contrôle en cours d'exploitation.
Le PIFK a bien appliqué les deux types de contrôles.
1. Le contrôle préalable et le
contrôle en cours de route
Le premier, c'est-à-dire, le contrôle
préalable a été appliqué dans la définition
de différents plans de gestion utilisés. Mais les écarts
constatés entre les résultats attendus et les résultats
obtenus ont fait que le contrôle en cours d'exploitation est resté
le plus important. En effet, à chaque fin d'exercice, chaque service
présente son rapport sur l'évaluation des activités. Ce
qui permet de se rendre compte des écarts enregistrés.
Un autre aspect à signaler est l'absence
d'études préliminaires sur les sols de la concession. Ce qui a
donné lieu à des résultats inattendus. SI le manioc, le
niébé et les cultures maraîchères ont donné
de bons résultats, il n'en fut pas de même pour le maïs et la
pisciculture. Ce qui a occasionné leur abandon.
2. Autre contrôle
Pour certains services du PIFK travaillant de concert avec les
services de la COFEBA, le contrôle est exercé conjointement sur la
gestion du magasin des produits agricoles, la pharmacie, le dispensaire et la
cantine.
L'évaluation des campagnes par le service de
vulgarisation constitue aussi un contrôle par lequel le PIFK se rend
compte des résultats obtenus afin de mieux préparer la campagne
à venir.
3. Analyse sur le contrôle
Il est manifeste qu'avec la création de la COFEBA, le
PIFK a eu à modifier ses mécanismes de contrôle. Mais, il
convient de remarquer que le processus est complexe. En effet, il faut
contrôler le respect du calendrier agricole, l'utilisation des engrais,
c'est-à-dire, répandre les quantités requises ;
l'utilisation des produits phytosanitaires.
La difficulté surgit au niveau de la production, car
outre la fraction autoconsommée, il existe une autre fraction impossible
à estimer qui échappe au circuit normal de commercialisation.
Le contrôle reste dans la gestion un impératif
très important car il est le thermomètre qui permet de se rendre
compte de la bonne marche des activités au sein de toute organisation
afin de corriger les imperfections.
CONCLUSION GENERALE ET
SUGGESTIONS
Nous voici arrivé à la fin de notre travail
intitulé : « Approche d'analyse sur la gestion de la
Communauté des Fermiers de Bankana par le Projet d'Implantation des
Fermiers de Bankana ». Ce dernier est un projet de
développement à vocation agricole dont les objectifs visaient le
placement de jeunes chômeurs de la Ville de Kinshasa et
l'approvisionnement en denrées alimentaires.
Nous sommes parti de l'hypothèse selon laquelle
plusieurs projets souvent bien élaborés et financés n'ont
pas réussi dans notre pays parce que certains facteurs ne sont pas
suffisamment pris en compte. Parmi ces facteurs, nous avons retenu
l'après-projet.
Nous avons alors relevé que l'après-projet
dépend de la gestion du projet initial. La gestion étant une
matière très vaste, nous nous sommes appuyé sur les
principes établis par l'Ecole du Processus de Gestion dont les fonctions
fondamentales sont : la planification, l'organisation, l'impulsion des
ressources humaines et le contrôle. Le premier chapitre de notre
étude a été consacré exclusivement à
l'explication de chaque fonction.
Dans la pratique, nous avons consacré notre
étude à la gestion du PIFK. Nous nous sommes penché sur la
manière dont le Projet a su utiliser les quatre fonctions.
Le PIFK ne dispose certes pas d'un bureau d'études pour
la planification, mais il existe bien une programmation rigoureuse des
activités pour chaque service.
L'organisation concerne la production, la commercialisation et
les finances.
Pour la production, nous avons vu que malgré un bon
encadrement, elle reste faible. Pour la commercialisation, nous avons
constaté que la production commercialisée est celle qui passe par
le service de commercialisation et qu'il existe une bonne fraction qui suit le
circuit parallèle ; ce qui fait qu'il est difficile de se faire une
idée précise sur la production réelle.
Pour les finances, l'absence de données handicape les
investigations ; cette opacité ne permet pas de faire un rapport
entre l'investissement et les réalisations.
Pour l'impulsion des ressources humaines, nous avons
étudié le fonctionnement du service d'encadrement, formation et
vulgarisation ainsi que celui du service socioculturel. Nous avons
laissé entrevoir les efforts que ne cessent de déployer ces deux
services pour rendre le travail du fermier plus productif et plus attrayant.
Dans le contrôle, nous avons clairement exposé
les mécanismes de contrôle utilisé par le PIFK dans la
production et la commercialisation.
La gestion du PIFK a été en grande partie une
réussite dans la mesure où elle a permis la création d'une
structure pouvant valablement le remplacer en l'occurrence la COFEBA. Car, nous
devons partir de l'évidence que les projets ne sont pas initiés
pour demeurer définitivement.
Avec le PIFK, les fermiers ont bénéficié
d'un encadrement adéquat et d'une solide formation en matière
d'agriculture et d'élevage. On pouvait supposer donc qu'avec la
naissance de la COFEBA, la tâche du PIFK se trouvait simplifiée et
l'après-projet assuré. Mais le PIFK, comme toutes les autres
sociétés, a eu à évoluer dans un environnement
économique récessif.
L'étude de la gestion du PIFK appelle certaines
considérations :
1. Trois ans après sa création, la COFEBA ne
dispose pas encore de personnalité juridique, elle se trouve donc
constituée sur une base trop fragile ;
2. La COFEBA dispose d'une organisation aux structures mal
définies qui ne se démarquent pas clairement de l'administration
du Projet ;
3. Les méthodes culturales initiées par le
Projet font appel aux machines, engrais et produits phytosanitaires, le
départ du Projet risque d'être préjudiciable à la
COFEBA car, sans apport en devises, la communauté ne sera pas en mesure
de supporter certains coûts ;
4. Le système de transport, tel qu'institué par
le Projet est trop subventionné à tel enseigne que le fermier ne
perçoit pas son impact réel sur le coût de production de
ses produits ;
5. Les cultures maraîchères se trouvent
exposées aux aléas du marché d'autant plus que les clients
potentiels sont surtout les expatriés.
Pour viser l'efficacité et l'efficience, le PIFK
devrait aussi mettre un accent particulier sur la formation de futurs
gestionnaires parmi les fermiers ; leur apprendre la comptabilité
analytique d'exploitation pour les aider à déterminer le prix de
revient de leurs produits et se rendre ainsi compte de la rentabilité de
l'exploitation. La COFEBA a tout intérêt à se doter le plus
rapidement possible d'une personnalité juridique et à se
démarquer petit à petit de la tutelle du PIFK.
Dans la production, la COFEBA devait encourager plus les
cultures vivrières, plus faciles à conserver et à
écouler aux dépens des cultures maraîchères dont la
mévente est toujours catastrophique car elle réduit à
néant l'effort fourni.
Les fermiers de la COFEBA doivent aussi songer à leur
postérité en mettant un accent particulier sur l'encadrement de
leurs enfants qui sont leurs héritiers directs ; dans le cas
contraire, elle risquerait de connaître le même sort que les
regroupements analogues ayant existé avant elle.
Le fermier reste donc le seul artisan de la réussite ou
de l'échec de la COFEBA. KANKONDE((*)1) dit en effet : « Le bonheur du
paysan ne peut se réaliser que par lui et avec lui ;
vérité évidente mais très souvent ignorée
par les évaluateurs des projets de développement
rural ».
La COFEBA enfin, constitue un champ de recherche très
riche mais le manque d'une documentation appropriée, notamment l'absence
de statistiques fiables rend les investigations très difficiles. Le
chercheur est confronté au risque d'émettre parfois des jugements
de valeur qui souvent faussent la vérité. Nous espérons
que ceux qui après nous s'intéresseront à la COFEBA
bénéficieront d'un encadrement adéquat.
BIBLIOGRAPHIE
A. OUVRAGES
1. Bible de Jérusalem, La Genèse, Paris,
Ed. du Cerf/Verbum Bible, 1968, 1843 p
2. BIROU (A), Vocabulaire pratique des Sciences
Sociales, Paris, Les Editions Ouvrières, 1966, 528 p
3. BONNEFOND (R), Mémento de l'Agronome, Paris,
Ministère de la Coopération, 1980, 1800 p
4. BROUWER, L'Eglise devant les masses rurales,
Louvain, 1962
5. GOFFAUX (J), L'Avenir alimentaire du Tiers-Monde, Bilan
et Perspectives, Kinshasa, Ed. CRP, 1980
6. LUBINI AYINGWELU, Les sols, les jachères et les
pâturages du Centre Agricole de Bankana, Kinshasa, mai 1988, 62 p
7. MALASSIS (L), Ruralité, Education,
Développement, Paris, Ed. Presses de l'UNESCO, 1975
8. OWEN (W), Transport et développement, Paris,
les Editions Internationales, 1970
9. PINTO (R) et GRAWITZ (M), Méthodes des Sciences
Sociales, Paris, Ed. Dalloz, 1971
10. ROBERT MICRO POCHE, Dictionnaire, tome I, Paris, 1986
11. TERRY (G.R) et FRANKLIN (S.G), Les principes du
Management, Paris, Ed. Tendances Actuelles, 1985, 525 p
12. THEUNISSEN (J), L'Education intellectuelle, Kinshasa,
CRP, 1966
B. REVUES ET PERIODIQUES
1. ADEBAYO ADEDEJI : « L'évolution de la
Fonction Publique en Afrique » in Le Courrier, n° 109,
Bruxelles, 1988, pp 60-63
2. BROWN (L.R), « L'état de la planète
1990 » in Revue Afrique - Etats-Unis, Washington D.C, 1990,
p.12
3. GOFFAUX (J), « Les conditions d'un
développement viable » in ZAIRE-AFRIQUE, n°
2411-245, Kinshasa, 1990, pp 249-251
4. KANKONDE, « Approche d'analyse économique
des projets de développement rural dans les pays en voie de
développement ; le cas du Zaïre » in Les Cahiers
du CEDAF, Bruxelles, 1981, pp 2-4
5. M.V.D.V., Adoption de principes de base dans quatre
domaines de réalisation de projets » in Le Courrier
n° 112, Bruxelles, novembre-décembre, 1988, p.8
6. THENEVIN (P), « Méthode de Planification
du développement rural » in Méthodologie de la
Planification, Paris, Ministère de la Coopération, 1976,
pp 71-74
C. COURS
1. KALENGAY, Cours de Planification économique et
sociale, Kinshasa, Cours inédit, ASD, 1990-1991
2. MASIDIVINGI, Cours de Sociologie
générale, Kinshasa, Cours inédit, ASD, 1987-1988
3. MIFUNDU, Cours de Civisme et introduction aux
problèmes de développement, Kinshasa, Cours inédit,
ASD, 1987-1989
4. MBAYA, Cours d'Analyse des dossiers de financement,
Kinshasa, Cours inédit, ASD, 1990-1991
5. OWANGA, Cours de Civisme et développement,
Kinshasa, Cours inédit, ISIPA, 1988-1989
D. TFC ET MEMOIRE
1. ANGONGOLO TOSOMBA, « Le rôle de l'encadrement
dans l'augmentation de la production et du bien-être de
l'agriculteur : cas du Projet de l'Implantation des Fermiers de Kinshasa
(PIFK) », TFC, Université de Kinshasa, septembre 1990, 82 p
2. IZIOMBA MUTUMBU, « L'administration des missions
religieuses et leur contribution au développement du Zaïre :
cas du Diocèse de Popokabaka », Mémoire de Licence,
Université de Lubumbashi, 1984
TABLE DES MATIERES
IN
MEMORIAM...............................................................................................................i
DEDICACE....................................................................................................................ii
AVANT-PROPOS.........................................................................................................iii
0. INTRODUCTION GENERALE
1
0.1. PROBLEMATIQUE
1
0.2. HYPOTHESE
3
0.3. CHOIX ET DELIMITATION DU SUJET
3
0.4. BUT ET INTERET PRATIQUE
3
0.5. METHODOLOGIE
3
0.5.1. Définition de la méthode
3
0.5.2. Sortes de méthodes
4
0.5.3. Les techniques
4
0.5.4. Sortes techniques
5
0.5.5. Approche méthodologique
5
0.6. DIVISION DU TRAVAIL
5
Chapitre premier : GENERALITES
6
I.1. LA GESTION
6
I.1.1. Définitions
6
I.1.2. Historique de la gestion
6
I.2. LA PLANIFICATION
13
I.2.1. Définition et importance des
objectifs
13
I.2.2. Avantages de la planification
14
I.2.3. Les grandes étapes de la
planification
15
I.2.4. Les principaux types de plans de gestion
15
I.3. L'ORGANISATION
16
I.3.1. Objet
16
I.3.2. Les éléments formels de
l'organisation
16
I.4. L'IMPULSION DES RESSOURCES HUMAINES
17
I.4.1. Défi de la gestion par
l'impulsion
17
I.4.2. L'importance des ressources humaines
17
I.5. LE CONTROLE
18
I.6. LES PROJETS DE DEVELOPPEMENT
19
I.6.1. Le projet
19
I.6.2. Le Plan
19
I.6.3. Le Développement
20
I.6.4. Le sous-développement
20
II.6.5. Typologie des projets de
développement
21
II.6.6. Les étapes d'un projet
22
II.6.7. Le financement des projets de
développement
25
II.6.8. La rentabilité économique des
projets de développement
27
II.7. LE DEVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE
27
II.7.1. Définitions
28
II.7.1.1. La communauté
28
II.7.1.2. Le développement communautaire
28
II.7.2. Historique du développement
communautaire
29
II.7.3. Les éléments du
développement communautaire
30
II.7.4. Les principes du développement
communautaire
31
II.7.5. Les méthodes du développement
communautaire
31
II.7.6. Objectif du développement
communautaire
32
II.7.7. Conclusion sur le développement
communautaire
32
Chapitre II : LA COMMUNAUTE DES FERMIERS DE
BANKANA (COFEBA)
33
II.1. LA COMMUNAUTE DES FERMIERS DE BANKANA
(COFEBA)
34
II.1.1. Objectifs de la COFEBA
34
II.1.2. Organisation de la COFEBA
35
II.1.2.1. L'Assemblée
Générale
35
II.1.2.2. Le Comité Directeur
35
II.2. LES SERVICES DE LA COFEBA
36
II.3. LES RESSOURCES DE LA COFEBA
37
II.4. LES REALISATIONS SOCIALES
38
II.5. PERSPECTIVES D'AVENIR
38
Chapitre III : ANALYSE SUR LA GESTION DE LA
COMMUNAUTE
39
DES FERMIERS DE BANKANA
39
III.1. LA PLANIFICATION
39
III.1.1. Processus de planification avant la
COFEBA
39
III.1.1.1. Définition des objectifs
39
III.1.1.2. Contraintes relatives aux projets
d'implantation
40
III.1.1.3. Objectifs à court terme
41
III.1.2. La politique de la production et de la
commercialisation
43
III.1.3. Les différents plans de gestion
utilisés par le PIFK
44
III.1.4. Evolution dans la planification a la
création de la COFEBA
46
III.1.4.1. Définition des objectifs de la
COFEBA
46
III.1.4.2. Catégorisation des objectifs de
la COFEBA
47
III.1.5. Conclusion sur la planification
48
III.2. L'ORGANISATION
49
III.2.1. La production
49
III.2.1.1. La concession de la COFEBA
49
III.2.1.2. Le capital humain
51
III.2.1.3. L'agriculture de la COFEBA
51
III.2.1.4. L'élevage
55
III.2.2. La commercialisation
57
III.2.3. Les finances
58
III.2.4. Analyse sur l'organisation
61
III.3. L'IMPULSION DES RESSOURCES HUMAINES
65
III.3.1. La comptabilité des ressources
humaines
65
III.3.2. La politique d'encadrement, formation et
vulgarisation
66
III.3.2.1. L'Encadrement
66
III.3.2.2. Formation et vulgarisation
67
III.3.2.3. L'organisation socioculturelle
67
III.3.3. Analyse sur l'impulsion des ressources
humaines
69
III.4. LE CONTROLE
70
CONCLUSION GENERALE ET SUGGESTIONS
72
BIBLIOGRAPHIE
75
TABLE DES MATIERES
77
* (1) ADEBAYO ADEDEJI,
« L'évolution de la Fonction Publique en Afrique »
in Le Courrier, n°109, Bruxelles, mai- juin, 1988, p.60
* (2) GOFFAUX (J), L'Avenir
alimentaire du Tiers-monde, bilan et perspectives, Kinshasa, Ed. Centre de
Recherches Pédagogiques, 1980, p.13
* (1) LAMBERT (DC), cité
par GOFFAUX (J), op.cit, p.44
* (2) KANKONDE,
« Approche d'analyse économique des projets de
développement rural dans les pays en voie de développement :
le cas du Zaïre » in Les Cahiers du CEDAF, Bruxelles,
1981, p.2
* (1) THEUNISSEN (J),
L'éducation intellectuelle, Kinshasa, CRP, 1966, p.12
* (1) PINTO (R) & GRAWITZ
(M), Méthodes des sciences sociales, Paris, éd. Dalloz,
1971, p.289
* (2) IZIOMBA MUTUMBU (J),
L'administration des missions religieuses et leur contribution du
développement du Zaïre, cas du diocèse de
Popokabaka », mémoire, Lubumbashi, 1984, p.6
* (3) PINTO (R) & GRAWITZ
(M), op.cit, p.290
* (1) TERRY (R.G) & FRANKLIN
(G.S), Les principes du Management, Paris, éd. Tendance
Actuelles, 1985, p.25
* (2) BONNEFOND (R), Memento
de l'Agronome, Paris, Ministère de la Coopération, 1980,
p.1359
* (3) Bible de
Jérusalem, La Genèse, Paris, les Editions du Cerf/Verbum
Bible, 1988, p.32
* (1) TERRY (R) & FRANKLIN
(S.G), op.cit, p.29
* (1) BIROU (A) :
Vocabulaire pratique des Sciences Sociales, Paris, Les Editions
Ouvrières, 1966, p.203
* (2) TERRY (G.R) &
FRANKLIN (S.G) : op.cit, p.171
* (1) BIROU (A), op.cit,
p.202
* (1) KALENGAY,
Planification économique ét sociale, Cours inédit,
ASPEM, 1990-1991
* (2) MBAYA, Analyse et
constitution des dossiers de financement, Cours inédit, ASPEM,
1990-1991
* (1) OWANGA, Civisme et
Développement, Cours inédit, ISIPA, Kinshasa, 1989
* (2) MIFUNDU YEMUENI, Civisme
et introduction aux problèmes de développement, Cours
inédit, OICD-ZAIRE, Kinshasa, 1987-1988
* (1) MBAYA, op.cit
* (1) MBAYA, op.cit
* (1) Wilfred OWEN,
Transports et développement, Paris, Les Editions Internationales,
1970, p.169
* (1) MASIDIVINGI, Sociologie
Générale, Cours inédit, OICD-ZAIRE, Kinshasa, 1987-1988
* (2) IZIOMBA (J.M),
op.cit, p.12
* (1) BROUWER, l'Eglise
devant les masses rurales, Louvain, 1962, p.12
* (1) THENEVIN (P),
« Méthode de Planification du Développement
rural » in Méthodologie de la Planification, Paris,
Ministère de la Coopération, 1976, p.71
* (2) Anonyme :
« Adoption de principes de base dans quatre domaines de
réalisation de projets » in Le Courrier, n°112,
Bruxelles, Nov-Déc, 1988, p.8
* (1) Dictionnaire Robert Micro
Poche Tome I, Paris, 1986, p.547
* (1) LUBINI AYINGWELU, Les
sols, les jachères et les pâturages du Centre agricole de
Mbankana, FHS-PIFK, Kinshasa, mai 1988, p.5
* (1) LUBINI AYINGWELU,
op.cit, p.21
* (1) LUBINI AYINGWELU,
op.cit, p.23
* (2) ANGONGOLO TOSOMBA,
« Le rôle de l'encadrement dans l'augmentation et
l'amélioration de la production et du bien-être de
l'Agriculteur », mémoire, Université de Kinshasa,
septembre 1990, p.71
* (1) COFEBA, ses statuts,
Titre II, art. 5
* (2) BROWN (L, R),
« L'état de la planète » , in Nouvelles
Economiques Africaines, Newspread International, Nairobi, 1986, p.4
* (1) Propos recueillis
auprès de l'Ingénieur BOPINGI, responsable du service
technique
* (1) Mr NKOBA, Rapport
d'activités, service de vulgarisation, PIFK, 1988, p.8
* (2) Mr BILONGO, Rapport
d'évaluation et de structuration, service des finances, PIFK, 1989,
p.2
* (1) Mr NKOBA, loc.cit, pp.
2,3
* (1) Mr BILONGO, loc.cit,
p.2
* (1) KANKONDE, op.cit,
p.4