Section1- Aversion des banques face au risque
Les résultats économétriques
précédents certifient que les banques gabonaises ont une aversion
à l'égard du risque de crédit de long terme. En effet, ils
réconfortent l'hypothèse d'une convergence du niveau de risque
bancaire vers son niveau de long terme, d'une part, et celle d'une
recomposition du portefeuille bancaire favorisant la détention d'actifs
liquides à moindre risque (liquidité immédiate et
crédit de court terme), d'autre part.
1.1- Réduction de la prise de risque des banques
La force de rappel de notre modèle, qui rend compte
d'une convergence du niveau de risque des banques vers l'équilibre de
long terme, est négative et significative (-0,0708). Sous la
réglementation prudentielle Bâle I, les banques gabonaises
prennent de moins en moins de risque. Ce résultat est en
conformité, d'une part, avec les conclusions de KIM et SANTEMERO (1988)
et ROCHET (1992) et montre que les pondérations du ratio COOKE ont une
influence sur la prise de risque ; et d'autre part, avec les approches
d'AGGARWAL et JACQUES (1998) qui soulignent que les pénalités
prévues par les autorités de Bâle I ont des incitations sur
le comportement des banques face au risque. Ainsi, sous la
réglementation Bâle I, les banques réduisent leur prise de
risque.
Comportement face au risque et développement du secteur
privé
2008-2009
1.2- Surliquidité bancaire et sous-financement des
PME
L'aversion des six banques gabonaises face au risque est aussi
mise en exergue par la recomposition de leur portefeuille en faveur la
détention d'actifs liquides et d'une offre de crédit de court
terme, au détriment du crédit de long terme.
Le test de causalité de GRANGER (annexe2 ; tableau 5)
montre que le crédit au secteur privé cause significativement le
niveau de liquidité. Cette relation montre que la liquidité
bancaire est endogène à une variation du crédit au secteur
privé. En effet, plus les banques offrent du crédit au secteur
privé, plus elles augmentent leur niveau de liquidité
au-delà du seuil nécessaire et deviennent surliquides. Ce
résultat réconforte les travaux de SHRIEVES et DAHL (1992) en
supposant que les banques qui prennent plus de risque vont essayer
d'accroître leur liquidité pour éviter d'être
pénalisées. Soumis à la réglementation prudentielle
Bâle I, l'aversion des banques se reflète alors par leur
surliquidité.
L'augmentation du crédit aux P.M.E réduit le
niveau de risque dans le portefeuille bancaire. Ce résultat est
lié au fait que c'est l'augmentation de l'offre de crédit de
court terme, et non de long terme, qui entraîne une diminution du risque
de crédit des P.M.E. En effet, l'offre de crédit de court terme
accordé aux PME réduit le niveau de risque des banques
secondaires au Gabon, alors que le crédit de long terme s'en trouve
diminué. Suivant les analyses de De BONDT et PRAST (2000), ce
résultat suggère que la majorité des banques sont averses
au risque et évaluent le risque de leur portefeuille plus
élevé que celui dicté par les schémas de
pondération de Bâle I. Ainsi, le sous financement du secteur
privé, pour ce qui concerne leur investissement long, procède
donc d'une aversion des banques à l'égard du risque de
crédit de long terme.
La réallocation des actifs du portefeuille des banques
gabonaises est en accord, d'une part, avec les résultats de SHIEVES et
DAHL (1992) ; JACQUES et NIGRO (1997) qui soutiennent que face à
l'incapacité du ratio COOKE à prendre en compte l'ensemble des
risques inhérents à l'activité
Comportement face au risque et développement du secteur
privé
2008-2009
d'intermédiation financière, les banques
surestiment leur risque de crédit et augmentent leur liquidité
afin de ne pas être pénalisée et, d'autre part, avec
HAUBRICH et WACHTEL (1993) ; GRENADIER et HALL (1996), qui affirment que
Bâle I favorise l'aversion des banques au risque de crédit et la
détention d'actifs liquide moins risqués.
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