Attributions des prénoms nouveaux en RDC:cas des enfants nés au cours de la guerre civile de décembre 1998 à novembre 2000( Télécharger le fichier original )par Anouar Jodel Givner Bouamoutala Samba Université Marien Ngouabi du Congo-Brazzaville - Maà®trise 2010 |
II.2.3. Le nombre de prénomsEn observant les registres des naissances des enfants déclarés à la mairie de Makélékélé, nous constatons la pratique minoritaire d'un prénom unique. Les naissances qui ont eu lieu tout le long de la crise sociopolitique prouvent la pratique majoritaire de l'allongement, l'alignement de trois, quatre prénoms, les uns à la suite des autres pour un seul nouveau-né. Dans son enquête sur le corps falaisien, Jean-Pierre LETHUILLIER montre le rapport direct et permanent entre l'évolution du corpus et celle du nombre des prénoms attribués aux enfants.17(*) L'augmentation considérable des prénoms des enfants nés pendant la crise sociopolitique montre un décalage assez important avec ceux qui sont nés autour des années 60. Les filles comme les garçons reçoivent rarement un prénom unique, le plus souvent trois prénoms ou plus, ce qui explique le décalage entre le nouveau et l'ancien système, comme le dit SYINYAMA BADIMBANGA : « Avoir plusieurs noms cela souligne l'importance sociale de cet homme et évoque en même temps les différents et multiples rôles qu'il doit remplir dans la société. Cela signifie la grande vitalité de son être »18(*). Les faits observés ne sont pas surprenants, l'attribution de deux à trois prénoms n'est pas surprenante; elle est restée une pratique massive qui existait également avant la crise. Mais nous constatons une croissance importante amorcée le long de la crise. Le principal élément redondant est finalement l'élargissement continuel de cette pratique. A partir de la colonisation, les enfants recevaient un seul prénom qui expliquait la réalité occidentale. Expliquer l'influence de la crise sur les évolutions visibles à la prénomination pendant la période étudiée est l'un des facteurs qui justifie le changement d'une réalité d'antan. Le rapport direct entre la crise sociopolitique et les prénoms attribués aux enfants tendent à s'augmenter de plus en plus. Ces prénoms ne font que progresser sensiblement. Ils sont une forme d'expression liée à un contexte bien précis. L'influence de la crise est considérée comme indicateur qui détermine ces prénoms. Le manque de logement, la dégradation des conditions de vie familiale sont aussi des indicateurs qui déterminent l'insatisfaction déterminante de certains prénoms, bien qu'ils soient marquants et qu'ils expliquent les faits vécus par les parents. Ces faits viennent en quelque sorte s'ajouter à la pensée des parents en vue d'expliquer les prénoms de leurs enfants. * 17 J. P. LETHUILLIER : `'Prénoms et révolution, enquêtes sur le corpus falaisien, Annales de Normandie, 1989, n°4, P. 413. * 18 Syinyama - Badimbanga : La thématique du port du nom chez les luba - bantu du Kassaï (Zaïre), Africa, n°4, décembre 1975, P. 542. |
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