Introduction
L'étude des noms constitue l'objet d'une
spécialité qui s'appelle l'onomastique ou encore l'anthroponymie.
Mais pour notre cas, il ne s'agit pas des noms, mais des prénoms. Par
exemple dans la société française le patronyme du
père est considéré comme un tout premier
élément qui identifie l'être.
Dans la société congolaise,
particulièrement dans les sociétés matrilinéaires,
le patronyme n'est pas toujours un nom qu'on donne à l'enfant. Nous
entendons par nom un élément qui sert à désigner un
être, une chose (abstraite ou concrète), un groupe substantif et
par prénom un élément d'identification qui distingue les
membres d'une même famille.
Il faut noter que l'étude portant sur le prénom
présente à notre avis un intérêt dans la mesure
où il est un des éléments identificateurs des êtres
humains. Le thème étant peu abordé par les chercheurs,
nous avons pensé mener une investigation là dessus pour mieux
cerner les enjeux, les paramètres qui entrent en ligne de compte dans la
manière de prénommer les enfants. Etant un fait social, le
prénom dans toutes les sociétés occupe une place de choix.
Pour les parents, le prénom n'a jamais été un acte gratuit
pendant des siècles, il a été fortement
déterminé par des contraintes sociales extrêmement
pesantes : rites de passage, relation entre la transmission du
prénom et le lien personnel, emprise de la religion sur la vie
familiale.
Le nom dans toute la société congolaise n'est
pas un élément nouveau, mais un élément qui est
culturel et historique. Le prénom a pour mission d'individualiser avec
précision les différentes personnes qui portent le même
nom.
Autrefois, les enfants portaient un nom et un prénom
autochtones ; cependant, avec la colonisation qui occasionne le contact
avec le monde occidental, une rupture et un renversement s'opère dans la
manière de prénommer les nouveaux nés. Ainsi, on voit
apparaître des prénoms comme François, Michel, Pascal, etc.
Quelques parents chrétiens se conforment aux règles de l'Eglise
qui, pour recevoir un prénom chrétien, sont obligés de
passer par le sacrement du baptême. C'est le cas de Kimbangou qui fut
baptisé le 4 juillet 1915 à Ngombe lutete (dans le Bas Congo,
dans l'actuelle République démocratique du Congo)
et reçut un prénom chrétien Simon.1(*) Cela permettait à
beaucoup des personnes d'ajouter à leurs noms des prénoms
proposés par le clergé et poussait beaucoup de parents à
prénommer leurs enfants sans tenir compte des obligations culturelles
présentes dans la société ; d'où
l'émergence des prénoms chrétiens qui ont
entraîné la disparition progressive des prénoms africains.
Cette nouvelle manière d'attribuer les prénoms
fut favorisée par les églises chrétiennes dans la mesure
où les occidentaux pour faire asseoir leur culture ont eu à
combattre les pratiques traditionnelles dans le but de montrer aux noirs que
les noms et prénoms qu'ils portent sont source de malheur.
Le Congo accède à l'indépendance en 1960
avec comme président de la république un prêtre
excommunié, l'abbé Fulbert Youlou. Ainsi le mode d'attribution
des prénoms reste influencé par le christianisme. Mais à
partir de la « révolution » de 1963 ayant
entraîné la chute du président abbé et l'adoption de
l'idéologie marxiste léniniste,. A cette
époque le Congo ouvre ses portes aux pays du bloc de l'Est et signe des
relations diplomatiques avec eux. Ce qui permet à beaucoup de jeunes
congolais d'aller poursuivre leurs études dans ces pays : URSS,
Hongrie, Roumanie, Allemagne de l'Est, etc. Très souvent, de retour au
pays avec ou sans enfants nés là-bas, ces jeunes apportent des
nouveaux prénoms qui font surface dans notre pays. Ainsi, on voit les
enfants porter divers prénoms comme Vladmir, Karl, Lénine, Marx,
Breijniev, Tania, etc.
Avec la décennie quatre vingt dix (90), il y a eu en
République du Congo une conférence nationale souveraine qui a
pour objectif le rétablissement de l'autorité de l'Etat, la
cohésion de l'administration et la construction de l'Etat de droit dans
la paix et l'unité nationale et l'instauration de la démocratie
pluraliste. Suite à ces différents faits qui surgissent dans le
pays au cours de cette période, nous avons vu aussi l'image du
prénom se modifier. La perte de cohésion et de solidarité
au sein de la société congolaise qui occasionne la peur de la
sorcellerie qui monte de façon croissante ainsi que la
prolifération des "églises dites de réveil ou de
réclame"2(*) ont
aussi permis l'attribution des prénoms par les géniteurs à
leurs enfants qui servent de protection contre certains faits
maléfiques.
Les différentes guerres civiles qu'a connues le Congo
de 1997 à 2000 ont eu un impact non négligeable sur la
façon de prénommer les enfants, c'est la raison pour laquelle
nous avons choisi la guerre civile de décembre 1998 à novembre
2000 ; période au cours de laquelle les habitants des quartiers sud
de Brazzaville ont souffert des hostilités qui ont opposés les
forces armées congolaises aux milices "ninjas" dans les arrondissements
de Brazzaville sud entraînant ainsi le déplacement de plus de
50000 personnes venant des arrondissements sud de Brazzaville vers les
régions du sud et quartiers nord de Brazzaville3(*). Pendant cette période
d'instabilité et de troubles sociopolitiques, des nouveaux
prénoms à connotation religieuse en relation avec les
exécutions et les violences exercées sur les populations
apparaissent. Après ces conflits, nous constatons la montée des
nouveaux prénoms comme "Guervie", "Consolat", "Dieu veille",
"Sacrifice", etc. Leur influence reste impressionnante dans la zone
concernée. A cet effet, une question nous paraît indispensable qui
est celle de savoir : Pourquoi les parents ont-ils attribué
à leurs enfants les prénoms relatifs aux événements
vécus ?
A la suite de cette question, nous avons comme
hypothèse : L'attribution du prénom à un nouveau
né n'est jamais un fait du hasard. La guerre dans le présent cas
a influencé la décision des parents d'inventer des nouveaux
prénoms pour leurs enfants.
L'objectif de cette étude est de lire le changement
social à travers les prénoms et de saisir les principaux faits
qui ont poussé les parents à prénommer leurs enfants en
tenant compte des faits vécus.
Cette étude est structurée en deux grandes
parties. La première partie intitulée l'anthroponymie congolaise,
présente le prénom dans le contexte congolais en prenant le cas
de la société kongo. Elle montre comment dans l'imaginaire est
perçu le prénom, présente les différentes
modalités de prénommer. La seconde partie présente les
résultats de l'enquête réalisée ainsi que l'analyse
et l'interprétation de ces résultats.
Méthodologie
Perspective théorique
Nous avons choisi comme cadre théorique
l'interactionnisme. Cette théorie, au sens de l'individualisme
méthodologique, pense que les changements sociaux proviennent des effets
d'agrégation résultant de l'interdépendance ou de
l'interaction entre acteurs. Pour Jean Claude Kauffman, l'individualisme es une
clé d'analyse centrale pour qui veut comprendre les changements sociaux
contemporains, et cela dans tous les domaines.4(*) Nous abordons ce modèle d'analyse dans notre
étude selon deux (2) principes :
1. Toute société est sujette à des
processus de changements ;
2. Toute société manifeste en tout point des
tensions ou des conflits.
Champ d'investigation
Un seul arrondissement constitue notre champ de
recherche. Il s'agit de l'arrondissement I
Makélékélé. Créé en 1959 par
décret n°59/240 du 1er décembre 1959,
Makélékélé est le plus vaste arrondissement de
Brazzaville du point de vue densité avec une population de 300.000
habitants occupant une zone dite urbaine et une importante zone
périphérique.5(*)
Limité au nord par l'arrondissement 4 Moungali et
l'arrondissement 7 Mfilou, au sud par la rivière Zanga dia ba
ngombé et le fleuve Congo, à l'ouest par le district de Goma
tsé-tsé et à l'est par l'arrondissement 2 Bacongo. Il est
constitué de plus de vingt et un (21) quartiers dont onze (11) urbains
et dix (10) périphériques, il est situé dans la partie sud
de Brazzaville
Le choix de cet arrondissement se justifie par le fait que les
populations vivant ces quartiers non seulement ont vécu la guerre comme
tous les Congolais, mais aussi se sont déplacées en masse pendant
une période bien définie soit dans la partie nord de Brazzaville,
soit dans les départements du sud du pays tout en ramenant plusieurs
enfants qui sont nés durant cette période de guerre et qui ont
été déclaré après la guerre à la
mairie de Makélékélé.
Population d'étude
Dans la réalisation de cette étude, nous avons
pris en compte les actes de naissances des individus de sexe masculin et
féminin de la période allant de décembre 1998 à
novembre 2000. Dans cette étude, nous avons axé notre travail sur
les actes de naissance dont les prénoms exposent, expliquent le
vécu des parents pendant la période de crise, c'est-à-dire
les actes de naissance qui en les lisant sont susceptibles de nous fournir un
message.
Constitution de l'échantillon
Notre échantillon est constitué des actes de
naissance des enfants nés de décembre 1998 à novembre 2000
déclarés sur le registre de naissance de la mairie de
Makélékélé. Nous ne prenons pas en compte tous les
enfants qui sont nés au cours de cette période, mais nous portons
notre choix sur les prénoms qui ont un signifié de la crise
sociopolitique de 1998 à 2000. L'échantillon tiré est de
cent vingt (120) actes de naissance des enfants déclarés; soit
soixante (60) actes de naissance par année. Le travail de collectes de
données nous l'avons élaboré à partir d'une
technique que nous développons dans le paragraphe ci-dessous.
Technique de collecte des données
Cette étude est entreprise sur la base d'une analyse
documentaire sur les actes de naissance déclarés à la
mairie de Makélékélé. Concrètement, nous
avons consulté à la mairie de
Makélékélé, au service archives - duplicata, les
données de naissances qui ont eu lieu de 1998 à 2000, qui nous
ont permis de collecter les différents prénoms constituant notre
échantillon. A l'issue de la collecte, nous avons procédé
à l'analyse des données.
Méthode d'analyse des données
Pour mesurer et évaluer les résultats, nous
avons utilisé la méthode comparative. Ce choix se justifie par le
fait que la méthode comparative est susceptible d'analyser le
phénomène étudié, d'en dégager les facteurs
principaux. Cette méthode est utilisée pour comprendre
l'évolution du phénomène dans un moment de conflit
sociopolitique par rapport à la période d'avant. Cette
comparaison fait intervenir une explication, une analyse sociologique des faits
concernant les prénoms ; prénoms qui sous tendent une
clarification des concepts.
Clarification des concepts
Nom : du latin nomen
- Signe du langage (mot ou groupe de mots) servant à
désigner un individu ou une classe d'individus et à les
distinguer des êtres de la même espèce.
- Mot, groupe de mots servant à désigner une
personne, un groupe de personnes (tribu, famille, clan). Noms des personnes. De
nos jours, « le nom est la désignation officielle d'une
personne dans la société. Il se compose de plusieurs vocables
accolés dont l'un est essentiel : nom de famille ou nom
patronymique, et dont les autres sont des adjonctions à ce nom : Le
ou les prénoms, le surnom, le pseudonyme, le titre nibilaire.6(*)
Prénom : n. m - 1694 ;
attestation isolée, 1556, du latin proenomen, de proe, et nomen =>
Nom.
Nom particulier joint au nom patronymique et servant à
distinguer les différentes personnes d'une même famille =>Nom
(petit nom, nom de baptême). Acte ( cit. 12) de l'état civil qui
énonce les prénoms et nom ... souligner le prénom usuel,
celui qui est donné à une personne dans la vie courante.
Prénoms français d'origine latine, grecque, germanique,
hébraïque ... La plupart des prénoms français sont
des noms des saints du calendrier chrétien.7(*)
Nous avons rencontré des difficultés sur le
terrain qui méritent d'être mentionnées.
Difficultés rencontrées
Au cours de notre enquête, nous avons été
confrontés à des sérieuses difficultés qui ont
failli compromettre la poursuite de cette étude. Nous citerons entre
autres difficultés les faits suivants :
- Plusieurs registres de naissance ont été
volés ou détruits pendant les troubles sociopolitiques;
- Le manque de rapport qui justifie le nombre de naissances
qu'il y a eu pendant les années concernées par notre
étude;
- Le refus du personnel spécialisé du service de
gestion des archives de la mairie de Makélékélé de
mettre à notre disposition les actes de naissance de la période
de décembre 1998 à novembre 2000. Ce refus s'explique par le fait
que nous avons été perçu pendant plusieurs semaines comme
un intrus travaillant pour des personnalités politiques mal
intentionnées. Il a fallu l'intervention bienveillante du
secrétaire général de la mairie de
Makélékélé qui nous a autorisé
d'entreprendre notre enquête.
Première Partie: Présentation
générale de l'étude :
Anthroponymie
congolaise
Section I. Le prénom dans la
société congolaise
Le prénom dans la société congolaise
d'aujourd'hui, société où les enfants de deux sexes
portent de plus en plus le nom du père comme patronyme est devenu un
élément qui individualise l'être.
Il convient toutefois de noter que le patronyme du père
avant l'avènement au Congo des prénoms d'origine
chrétienne en particulier et européenne en général
- sauf le cas de nkumbu ya ntombola8(*) (un nom porté par une
autre personne, très souvent un proche parent attribué à
un nouveau né en souvenir de quelque chose) servait de prénom
à l'ensemble des enfants de deux sexes. Le prénom concerné
est constitué jusqu'à nos jours du patronyme du père
précédé d'une particule qui varie selon la consonance du
nom du père. Nous citerons à titre d'exemple les cas des Kongo -
Lari:
- malonga ma mauanga (malonga fils de
mouanga): malonga= nom individuel, mouanga= prénom
traditionnel ;
- nkoussou ya mouanga (nkoussou fille de
mouanga): nkoussou= nom individuel, mouanga= prénom
traditionnel ;
- bilombo bia nkombo (bilombo enfant de
nkombo): bilombo= nom individuel, nkombo= prénom
traditionnel ;
- oumba dia nkombo (oumba fille de nkombo):
oumba= nom individuel, nkombo= prénom traditionnel,
etc.
Ce prénom a un caractère culturel qui est
lié à une identification du père. On peut même dire
que c'est un hommage que la société rend au géniteur de
l'enfant.
I. Le nom
I.1. Attribution du nom de l'enfant
Le nom qui fait l'objet d'une intense réflexion
à l'égard des parents est défendu par l'article 7 de la
convention relative aux droits de l'enfant de l'UNICEF. Cet article stipule que
« l'enfant est enregistré aussitôt sa naissance et, a
dès celle-ci le droit à un nom, le droit d'acquérir une
nationalité et, dans la mesure du possible le droit de connaître
ses parents et d'être élevé par eux »9(*).
Le discours sur le nom qu'attribuait un parent à ses
enfants répondait à des différentes fonctions comme celle
de l'identification qui a pour but de distinguer un acteur, ou qui permet
d'étiqueter la personne. Le nom d'une personne disparue a pour but
d'expliquer, d'attribuer le nom d'une personne disparue à un nouveau
né. Cette attribution explique l'histoire d'un parent disparu, pouvait
aussi expliquer un fait, un événement, voire la vie d'une
personne décédée. La fonction psychologique ou magique qui
est supposé produire des effets étonnants, merveilleux,
surprenants. Cette fonction provoque certains effets pouvant être d'ordre
matériel ou psychique, enfin la fonction situative qui situe un individu
sur le sexe, son statut, son état moral, intellectuel ou physique, sa
situation, son insertion historique ou géographique, ses
modalités de réaliser les différents actes10(*).
Aujourd'hui, avec l'évolution que
connaissent les différents parents géniteurs, nous constatons que
le nom attribué par les parents géniteurs pour nommer leurs
enfants est devenu muet dans le sens où les parents géniteurs ne
tiennent plus compte de ces fonctions des noms ou des conditions de naissance
dans lesquelles est né l'enfant. Par exemple, le mode de naissance dont
l'enfant sort par les pieds pousse les parents géniteurs à donner
le nom "Moussounda" à ce nouveau-né dans la société
Kongo - lari, ceci pour expliquer les conditions de naissance. Par là,
nous pouvons donc affirmer que le nom situe la personne humaine, il peut dans
certaines circonstances expliquer le vécu de la personne, expliquer la
vie de l'individu en la situant dans une société. Cette
manière de nommer l'enfant n'est aujourd'hui qu'une manière de
reproduire la qualité du père.
De nos jours, plusieurs enfants portent les noms de leurs
géniteurs. A cet effet, nous comprenons par là que le nom qui
était lié à un contexte culturel et historique a perdu son
contexte, est devenu dans la réalité d'aujourd'hui une
"hérédité" liée au nom du père. A la
naissance de leurs enfants, plusieurs parents attribuent librement leurs noms
à leurs enfants sans tenir compte des conditions de naissance. Le cas du
nom Banzouzi et Bantsimba (noms réservés initialement aux
jumeaux :le premier né et le second) devient muet parce que
l'enfant qui porte ce nom n'est pas forcément de nos jours un jumeau.
Aujourd'hui, nous pouvons donc dire que ce nom est sorti de son contexte
culturel. Par contre, pendant longtemps, tous les problèmes que
connaissaient les parents se résumaient sur la question du message que
pouvait expliquer le nom. Il touchait tous les domaines de la vie de la
personne, même sa santé.
I.2. Le nom en rapport avec la santé
Après la naissance, chaque enfant se voit attribuer un
nom qui permet de l'identifier. Bien qu'il stimule la personne, le nom peut,
lorsqu'il est trop prononcé de "mauvaise" manière,
entraîner des maladies mentales ou physiques. Raison pour laquelle il est
strictement interdit de prononcer le nom d'une personne à haute voix la
nuit. En effet le faire la nuit, c'est donner aux puissances malveillantes les
moyens d'avoir prise sur sa force, écrivent RETEL LAURENTIN et HORVATH
qui précisent à ce propos11(*): Prononcer un nom c'est donc un moyen d'exercer un
pouvoir sur l'individu. Le nom entraîne des modifications sociales
rapides, ainsi que la perte des valeurs et des croyances. Il peut provoquer
également le démantèlement de certaines valeurs sociales.
C'est le cas des noms Banzouzi et Bantsimba dans la société
Kongo-lari qui ne sont plus forcément les noms des jumeaux. La
montée de certains noms peut être considérée comme
une des raisons connues qui peuvent affecter le sens mental de la personne
humaine; ou peut créer des nouveaux problèmes de santé. Le
nom qui est un élément qui identifie la personne humaine peut
provoquer des maladies physiques ou mentales ou parfois peut avoir d'autres
conséquences jugées graves, dans la santé de l'homme,
comme la démoralisation et le manque de motivation dans la
réussite professionnelle, intellectuelle, voire sociale. Pour les
Kongo-lari le nom quand il est "bon", peut "montrer" des directives pour aider,
orienter la vie de l'individu qui le porte, et peut être d'un grand
secours tout au long du parcours d'un homme. Le nom peut avoir une influence
sur les conséquences que vit la personne, voire définir les
situations, et l'environnement qui le favorise. Cela peut permettre de bien
déterminer les mesures à prendre afin de se garantir une
meilleure condition. Certains hommes porteurs des "mauvais" noms
prétendent reconnaître les conséquences qu'est censé
engendrer ce nom. Le nom qui est un élément qui a pour fonction
d'identifier la personne peut protéger ou exposer l'individu contre les
effets nuisibles. Certains noms révèlent la situation de manque
de chance, par contre d'autres peuvent être considérés
comme un élément qui stimule l'individu à la
réussite ; tel est le cas du nom "M'vouama" voulant dire riche,
richard. L'imaginaire collectif nous fait dire, préciser que ce nom est
porteur de bonheur. Le nom peut être un moyen de réponse aux
comportements précis pour expliquer la vie d'un être. Certaines
personnes portant des "mauvais" noms ont tendance à tout renvoyer
à ce nom parce qu'il agit sur la personne. Il a une influence sur le
parcours que fera l'homme sur cette terre. Certains facteurs psychosociaux et
comportementaux peuvent avoir une influence sur la santé de ce dernier.
La plupart des hommes qui évoluent dans la société
congolaise savent que le nom d'une personne peut contribuer à
accroître soit son bien-être, soit les risques de maladies.
L'attribution de certains noms peut avoir une influence sur le système
de représentation de la personne: c'est le cas des noms "Ndoko"
(malédiction), "Mpassi" (souffrance), "Ndoki" (sorcier), qui peuvent
avoir une influence sur la personne; le nom influence sa façon
d'être et de penser, il a parfois des répercussions sur
l'état de santé, affecte l'organisme avant,
pendant et après la maladie. Le mauvais nom dans la
société Kongo-lari appelé "nkumbu ya mbi" provoque souvent
un sentiment de détresse. Ceux qui en portent les considèrent
comme source des malheurs qui interviennent dans leurs vies, courent
derrière les risques qui sont censés être provoqués
par ce nom. Il peut provoquer des comportements hostiles, des
conséquences graves sur la santé d'un individu. Les parents en
nommant leurs enfants se laissent influencer par le choix de différents
facteurs qui les pousse à satisfaire leurs sens, leurs vécus et
leurs manières d'exprimer les contraintes de la vie. Pascal MAKAMBILA
dans ses séminaires de sociologie des religions affirme que le nom est
un élément qui fait partie de la personne humaine chez les
Kongo-lari. Ces derniers précisent que l'homme est composé des
éléments formés d'un corps (nitu), d'un esprit (kilunzi)
et d'une âme (muela). Ces éléments sont
considérés comme substrat (base) du nom ou prénom. La
relation entre le nom et le prénom est à peu près une
relation qui relie une maison avec sa fondation; bien que le nom identifie la
personne, il est en quelque sorte le soutien sur lequel repose le corps,
l'âme et l'esprit.12(*) Le nom, le prénom sont des
éléments qui appartiennent au monde des idées, croyances,
valeurs, vécu quotidien et notion morale, servent les parents à
nommer ou prénommer leurs enfants, peuvent parfois affirmer la dimension
spirituelle de la santé. Certains noms comme "Mayela" (intelligence),
"Bouesso" (chance) peuvent selon les représentations culturelles
données aux possesseurs la capacité de raisonner, se
souvenir de la personne, voire percevoir certaines situations inattendues;
les personnes qui portent ces noms peuvent recevoir des idées, des
intuitions, des rêves inattendus ou inspirations.
Le nom qui agit sur la personne peut être responsable de
certaines crises d'agressivité, de manque total de motivation. Certains
hommes victimes de ce genre de situations renvoient cette difficulté au
nom. D'une manière générale, le porteur de ce nom est en
proie au stress, ce qui est susceptible d'entraîner des perturbations et
une détérioration de sa santé. Ce genre de noms peut
induire la personne dans des sentiments de tristesse, de déception, de
colère voire de perte et de manque de maîtrise de sa propre vie
face au déclin. Certains acteurs portant un nom qui peut suggérer
la malchance, ont trouvé en lui la cause de leurs infortunes. C'est le
cas de certains prénoms comme "Mputu" qui signifie "pauvre". Il est donc
important de souligner que certains noms peuvent être à l'origine
du mal qui mine l'individu. Certains noms sont confrontés ou liés
à une culture déterminée, par contre d'autres noms peuvent
être à l'origine de certains obstacles dans la vie, en provoquant
des réactions émotionnelles.
Les stratégies de nommer peuvent varier d'une culture
à une autre. Certains mouvements religieux surtout ceux faisant partie
des églises dites de réveil présents au Congo -
Brazzaville (mouvements qui s'explose après la Conférence
Nationale Souveraine) poussent leurs adeptes à s'appuyer beaucoup plus
sur leurs profondes croyances religieuses, la prière et la foi en Dieu
pour obtenir, semble t-il, le réconfort et garder espoir du nom
confié à l'enfant. Les parents en nommant comme en
prénommant leurs enfants atteignent parfois un niveau où ils sont
dominés uniquement par un profond sens du devoir et de l'engagement
envers Dieu. Ce mécanisme d'adorer Dieu par certains prénoms est
aussi considéré comme moyen de renforcer les croyances solidement
ancrées qui résistent dans la vie d'aujourd'hui.
I.3. Les conséquences désastreuses que
peut engendrer le nom
Qu'il s'agisse du nom lié au contexte culturel, qu'il
s'agisse du nom muet imposé par les parents après la naissance de
leur enfant, cela a toujours des effets traumatisants et peut parfois provoquer
des cauchemars, voire causer des difficultés aux individus qui le
portent selon les imaginaires locaux. Leur façon de faire est parfois
insatisfaisante puisque certains pour justifier leur comportement jugé
mauvais par leur milieu immédiat, s'inspirent de leurs noms
"émotionnels". Certaines personnes qui portent les noms qui peuvent
expliquer la pauvreté continuent de souffrir dans leur fort
intérieur très longtemps de ces explications. Marie Claude FELTES
-STRIGLER Ecrit: « le nom d'une personne est son bien secret
[...] si une tierce personne l'a en sa possession, le nom n'est plus fiable et
peut même se retourner contre son
propriétaire »13(*). Les individus qui portent les noms qui peuvent
"nuire" à leurs personnalités se sentent trahis semble t-il. Ce
profond sentiment peut avoir une incidence sur leur manière de vivre et
leur façon de penser peut être emprisonnée par leurs noms,
certains ont été victimes de certaines répercussions
profondes sur la formation de leurs personnalités. Nombreux d'entre eux
développent le ressentiment qui explique leurs noms dans leur milieu et
finissent par réagir selon les contenus du message de leurs noms qui
influencent parfois le choix de leur profession et de leurs relations
personnelles. Certains noms au contraire sont incapables de protéger la
personne et font sentir un sentiment d'insécurité que ressent
l'individu qui le porte. Cela peut provoquer un manque total de confiance en
eux-mêmes et se méfient de leurs noms. Certains individus porteurs
des mauvais noms pensent qu'ils exposent au mauvais sort et amènent le
chagrin et le désespoir.
I.2. Description du prénom
Le prénom de par sa nature, est un
élément qui diffère du nom de famille. Celui des
occidentaux paraît nouveau dans le contexte congolais. Lorsque l'enfant
naît, il s'agit d'abord de lui trouver un prénom et un nom. Le
choix d'un prénom pour un enfant est considéré comme une
étape difficile dans la vie d'un couple. Ce prénom suivra tout le
long du chemin que fera cet enfant. La mère se fait la joie de recevoir
un nouveau-né, mais souvent refuse que le mari décide seul pour
prénommer l'enfant. Le choix du prénom de l'enfant est devenu
pour les parents un moyen d'exprimer les situations vécues avant et
pendant la naissance du nouveau-né. Le prénom de l'enfant devient
actuellement un élément qui a une importance majeure dans la
société. Prénommer
pendant la colonisation, était un
problème qui correspondait au jour, au mois et à la date du
calendrier. Souvent c'était des prénoms qui exprimaient et
revalorisaient la culture du Blanc. Aujourd'hui avec les situations
vécues et l'évolution, on se rend compte qu'un prénom peut
même dans certaines situations avoir une influence sur la
personnalité de l'individu et de son évolution, voire sur son
destin. Les prénoms peuvent avoir le même son, même
signification, mais peut être écrit différemment. C'est le
cas de "Ça - ira" et "Sayira". Les prénoms peuvent expliquer
plusieurs réalités comme le vécu quotidien des parents, la
sociabilité, la volonté, l'affectivité. Un prénom
dans la vie d'aujourd'hui est considéré comme un instructeur qui
peut permettre de suivre le chemin de sa signification. Les parents le veulent,
l'imaginent comme un chemin de bonheur, de santé, de
prospérité et de réussite sociale. Le prénom d'un
enfant est loin d'être neutre car les parents qui choisissent souvent,
font la projection d'un ensemble de caractéristiques du futur enfant
à travers son prénom. Parmi ces prénoms, nous citerons les
prénoms mixtes.
I.2.1. Les prénoms mixtes
Nous nous désignons par prénom mixte, le
prénom composé d'une partie du prénom du père et
d'une autre partie du prénom de la mère. Au lieu que le
père donne son prénom entier, il l'associe à celui de la
mère pour semble t-il prouver aux gens que l'enfant leur appartient
à tous les deux : c'est le cas de Patricia et Jérémie
qui prénomment leur enfant Jérécia.
Les prénoms mixtes formulés par les parents
à l'égard de leurs enfants étaient avant la crise
sociopolitique, un phénomène redondant auquel
s'intéressait les parents pour formuler l'union du couple. Cette
situation s'est modifiée sensiblement pendant la crise sociopolitique.
L'attribution du prénom mixte a constamment reculé pour les
filles et pour les garçons. En revanche, les nouveaux prénoms
donnés par les parents à leurs propres enfants restent un
phénomène important qui fait progresser les prénoms.
L'association des deux prénoms, formulée
à travers les prénoms des parents géniteurs, est la
pratique la plus dominante avant et après la guerre civile. La pratique
d'attribuer deux prénoms à un enfant était
également très utilisée et en plus cette pratique garde
toute son importance avant et après la crise sociopolitique avec un
rééquilibrage entre les deux sexes. Le taux des enfants
nés avant la crise tendait à hausser le pourcentage des
prénoms mixtes. Or, nous savons que l'attribution d'un prénom
unique transmis par les parents a toujours été plus
fréquente chez les parents notamment ceux qui sont nés pendant
les années soixante. Il faut reconnaître que les parents
géniteurs en associant leurs prénoms pour prénommer leurs
enfants ressentent, d'après ce qui se dit dans les milieux sociaux et
culturels, une satisfaction. Et souvent, cette satisfaction paraît plus
marquante dans l'union. L'association des deux prénoms, celui de la
mère et du père simplifie l'interprétation. Dans ce cas,
le problème se pose quand le prénom est très long. Les
prénoms mixtes constituent aujourd'hui un moyen susceptible
d'éclairer un certain nombre de sentiments et de créer une
harmonie du couple. La représentation de ce phénomène a
connu des progrès considérables dans les années d'avant la
crise sociopolitique. Nous remarquons aussi que le mixage des prénoms du
père et de la mère peut être considéré comme
une addition qui symbolise l'harmonie dans le foyer.
I.2.2. Rôle et importance du prénom.
Souvent nous avons constaté, dans la
société congolaise, que beaucoup de personnes se tissent des
relations du fait de porter le même prénom surtout dans les
administrations à partir de la période coloniale. Cela peut
parfois avoir de l'influence sur certains aspects de la vie correspondant aux
types de prénoms. Le prénom est représenté dans la
société congolaise comme un indicateur psychologique qui a une
influence capitale sur l'individu. Deuxième élément
d'identification après le nom, le prénom a une dimension
explicative sur l'individu. Il apparaît comme instructeur et
révélateur d'un environnement, et pour la plupart des gens
porteurs de prénoms comme "Chancel", bénéficient de
l'image du bonheur que se représentent les parents et sont leurs
espoirs car ce prénom montre que durant toute sa vie, l'enfant sera
chanceux et souvent ces prénoms dans les représentations
permettent à ceux qui les portent d'échapper à des
situations malencontreuses, des situations qui peuvent leur causer des
ennuis. De même que pour les noms l'influence
étant très significative dans les perceptions collectives, les
prénoms sont aussi, d'une grande importance dans la
société sur les images qui leur sont donnés dans la
société. A cet effet, prénommer un enfant, c'est
créer une relation directe entre le prénom et la personne qui le
porte. Le prénom a un rapport avec la dimension sociale qui crée
le rapport didactique entre le prénom et la projection de la
personnalité qui est une institution qui va imposer un comportement
social dans l'homme qui le porte. Le prénom porte en soi un double
message : il identife la personne à la première vue, mais
aussi cache un message que voulaient exprimer les parents dans son
caché.
Du reste, on assiste à une nouvelle image des
prénoms dans la société congolaise.
I.2.3. Nouvelle image du prénom:
Les nouveaux prénoms déjà en mouvement en
République du Congo font preuve des changements qui peuvent
témoigner de l'émergence des nouveaux rapports entretenus par les
parents pendant la crise sociopolitique. Si la nouvelle mode de
prénommer est insérée dans la société, elle
est beaucoup plus pratiquée par les parents ayant subi cette crise. Si
ces prénoms qui sont nouveaux dans notre société,
s'imposent, c'est à cause du fait que le message que peuvent exprimer
certains prénoms laisse de plus en plus la place à la
diversité, à la nouveauté, à l'expression des faits
vécus et d'autres se réfèrent à la croyance; en
s'appuyant sur les tendances perceptibles qui leur ont servi à
prénommer leurs enfants. Certains parents se permettaient alors de
prendre quelques libertés gênées que nous entendons par le
manque de service de base, sans compter les bombardements et les mouvements des
populations à la recherche des zones plus sûres, la
répression exercée de diverses manières par les miliciens
envers les parents, notamment la détention arbitraire, l'expulsion, les
disparitions, la torture, les assassinats politiques ont fait que les parents
changent la manière de prénommer les enfants. Dans ces
circonstances, c'est surtout l'état mental des parents, des membres de
leurs familles et leurs amis qui poussent les parents à donner les
prénoms en relation avec les diverses situations qu'ils ont
vécues pendant la guerre. Nous avons constaté
l'élargissement des prénoms à tous les milieux. Mais
l'attachement de l'emprise religieuse sur la vie des personnes a certainement
favorisé les évolutions des nouvelles images à travers une
période de crise, des changements mentaux des populations. Ce vent de
nouveaux prénoms "souffle" plus souvent sur les parents géniteurs
qui ont procréé pendant la guerre.
Ces prénoms qui apparaissent nouveaux peuvent parfois
révéler une volonté plus affirmée, un comportement
de l'enfant en tenant compte d'un certain nombre de contraintes sociales. Le
cadre de ce changement, son évolution peuvent aussi expliquer la
volonté de donner le même prénom à deux enfants de
sexe différent : c'est le cas de Grâce. Cela peut entrainer
la disparition de certains prénoms comme Bénoît,
Benoîte. Une image du prénom réside dans le fait que
certains prénoms peuvent représenter le bonheur et parfois
peuvent exercer des influences favorables sur la réussite de celui qui
le porte, c'est le cas des prénoms comme "Bonheur", "Bien",
"Réussi". Par contre les prénoms comme "Souffrance", peuvent
avoir des influences "négatives". De nos jours, nous
assistons à l'émergence des prénoms religieux qui ont
changé de forme et de son. Cela peut être un signe qui peut
expliquer l'attachement de la population envers les églises qui attirent
beaucoup d'adeptes.
Nous allons consacrer le prochain chapitre à
l'étude des modalités des prénoms
Section II : Modalités des
prénoms
Les prénoms se développent dans un
environnement où l'un des traits majeurs de la réalité
sociale était la pratique de la guerre civile sur de multiples formes de
violence. Notre objectif ici est d'analyser les modalités des
prénoms qui surgissent dans la société en tenant compte de
la réalité de guerre civile qui émerge dans la
société. Le cas de certains prénoms comme Guervi
mérite d'être étudié en corrélation avec les
réalités présentes parce qu'il demeure important, à
certains égards assez étonnants, puisqu'en pleine période
de guerre, plusieurs parents ont prénommé leurs enfants "Guervi",
prénom composé de l'abréviation des termes "guerre" et
"vie". L'exemple de ces prénoms tendrait à confirmer les rapports
entre les prénoms et la guerre. Le prénom permet aux parents de
se libérer de ce qu'ils ont à coeur. Avec la guerre et
l'évolution du système de prénommer les enfants, il
s'introduit et se développe des prénoms pouvant expliquer toute
une tragédie des réalités vécues par des parents.
Avant, les prénoms n'expliquaient pas les réalités de
guerre, mais pendant la guerre, nous avons constaté les habitudes des
hommes changées contre certains actes que les parents expriment à
partir de la manière de prénommer leurs enfants. Plusieurs
prénoms se multiplièrent pour exprimer le souhait des parents.
L'existence de ces prénoms est aussi liée à la croyance en
"Dieu", c'est à travers le système religieux que ces
prénoms ont connu un progrès. Les prénoms donnés
aux enfants à cette époque sont vus comme un
élément historique qui nous montre la situation vécue par
les parents. La plupart des prénoms sont fondés sur des
croyances, les arguments des parents s'orientaient vers les prénoms de
leurs enfants. La croyance dans les prénoms qu'ils donnaient à
leurs enfants résolvait quelques difficultés, et ces
prénoms paraissaient comme une attaque efficace contre les situations
inattendues : c'est le cas de "Vainqueur". Le prénom était
un élément qui exprimait la pensée, il était
perçu comme protecteur. Les parents ayant donné les
prénoms à leurs enfants pendant la guerre civile
témoignent aujourd'hui un intérêt pour Dieu parce qu'il
serait à l'origine des idées qui les ont poussées à
donner des prénoms aux enfants et à les protéger contre un
"mauvais vent" de la guerre.
II.1. Contraintes socio - culturelles
Nous définissons la contrainte sociale comme
étant une obligation morale qui limite et influence la volonté
d'une personne ou d'un groupe social. Ainsi, par rapport à notre
étude, nous faisons allusion aux différentes sources
contraignantes ayant poussé les parents à prénommer leurs
enfants. Il s'agit entre autre du calendrier, de l'entente, de l'influence
chrétienne et de celle des rapports sociaux sur la nouvelle
prénomination.
II.1.1. Le calendrier comme
référence de la prénomination
Le calendrier a pour objectif de signaler les manifestations
présentes et à venir qui portent sur divers aspects. Il facilite
des rencontres entre les membres de plusieurs groupes. Il permet d'ajouter des
rendez-vous et ainsi avertir tous les membres d'un groupe. Il est
également possible de modifier, déplacer ou effacer des
rendez-vous. Le calendrier qui est un moyen propre appartenant à la
culture occidentale a permis aux autochtones de prénommer leurs enfants
à travers la date, le mois, auquel est né l'enfant. C'est le cas
de certains enfants nés pendant la fête de Noël ou de
Toussaint à qui on attribue le prénom Noël ou Toussaint. Le
prénom dit chrétien se donnait en prenant comme
référence les prénoms écrits sur le calendrier
correspondant à la date, au mois de naissance de l'enfant ; ainsi,
un enfant né le 10 décembre peut recevoir comme prénom
Romaric, et celui né le 25 décembre peut recevoir comme
prénom Noël. Les prénoms écrits sur le calendrier
sont représentés comme symbole qui fait véhiculer la
culture occidentale en milieu africain. Ce qui est à retenir pour le
sociologue, attribuer le prénom des blancs à l'enfant pendant la
période coloniale, était une façon de justifier que
l'intéressé est noir de peau, mais s'identifiait aux blancs. La
première image que les populations ont à travers ces
prénoms qui surviennent dans notre société, c'est qu'ils
sont bons, rares.
II.1.2. L'entente comme obligation
En se plaçant au centre des problèmes qui
préoccupent la prénomination, nous pouvons mesurer un
problème délicat qui dépend beaucoup plus de l'entente
entre deux parents. Un sentiment tient la volonté des parents
géniteurs d'aboutir à un prénom issu d'une entente pour
arriver à un sentiment consensuel, qui leur permettra d'éviter
des prénoms plus répandus. Ce phénomène est
considéré comme un des premiers moyens qui a permis aux parents
de prénommer leurs enfants en tenant compte de l'histoire vécue,
la plupart des prénoms tournent pratiquement autour d'un
phénomène de crise comme la guerre civile,
souvent les enfants nés au cours de cette période
peuvent porter les prénoms qui se prononcent de la même
manière, mais s'écrivant de façon différente. C'est
le cas de "Ça-Ira" et "Sayira" qui est un cri d'espoir qui veut dire
même si aujourd'hui ça ne marche pas, l'avenir réserve des
bonnes et grandes choses.
Partant des changements brutaux qui surgissent dans le
système de prénomination, nous constatons l'apparition des
nouveaux prénoms qui servent de comparaison aux anciens. Cette
différence nous la faisons par rapport au système du passé
qui nous a offert la possibilité de mieux visualiser le nouveau
système de prénomination. Un autre problème pour les
parents est celui qui vise à situer les phénomènes qui
servent de prénomination dans un contexte plus long, à la fois
religieux et générationnel.
II.1.3. L'influence des prénoms
chrétiens
Pendant la période coloniale, le nouveau-né
portait au moins deux noms. De ces noms, il y avait toujours un qui symbolisait
soit la lignée, soit le vécu ou le ressouvenir; ce nom
était lié à la tradition des géniteurs.
Le nom qui jouait le second rôle celui que nous appelons
prénom, était typiquement étranger, notamment
chrétien. La colonisation comme l'évangélisation
étaient des moyens qui ont permis aux blancs d'imposer leurs
prénoms aux autochtones par le biais du baptême. Au cas où
il s'agissait d'un nouveau-né, ces prénoms étaient
attribués beaucoup plus par ceux qui sont issus des mariages
chrétiens. La croissance et le développement du christianisme
dans la société congolaise, ont modifié ce comportement.
Ces prénoms n'étaient plus l'apanage des couples ayant fait des
mariages religieux, mais de tous. Dans les représentations congolaises
d'autrefois, même d'aujourd'hui dans une certaine mesure, porter le
prénom chrétien signifie non seulement que la famille à
laquelle on est issu où appartient le nouveau-né est une famille
qui connaît et qui respecte les valeurs religieuses, mais aussi une
manière devenue comme référentielle pour les Congolais car
les prénoms chrétiens sont avant tout européens.
.Il faut reconnaître que ce système de
prénommer a vu le jour grâce au contact qu'il y a eu entre
l'Européen et l'Africain. A travers la signification de ces
prénoms, nous lisons l'influence de l'évangile comme celle de la
culture occidentale. Les entretiens que nous avons eus avec certains individus
ayant la connaissance de l'histoire coloniale ou qui ont vécu à
cette époque, nous révèlent que le prénom
chrétien jouait un rôle protecteur qui était assuré
par le Dieu, le Père, le créateur. Par contre, les autochtones
non chrétiens qui acceptaient de donner les prénoms
chrétiens à leurs enfants les " auraient exposé aux
malédictions" et subissaient des injures auprès des
missionnaires. Autrefois, ce climat était entretenu par le missionnaire
qui rendait obligatoire le baptême, la conversion au christianisme avant
de donner un prénom chrétien à l'enfant.
II.1.4. L'influence des rapports de familles sur les
nouveaux prénoms des enfants.
Certains changements qui surgissaient dans les
différentes familles avaient été
interprétés par l'origine de certains nouveaux prénoms. Le
manque de logements, des vaccins ont multiplié différentes
maladies et ont permis à de nombreux parents géniteurs de
prénommer leurs enfants en tenant compte de tous ces faits. Les
changements, la détérioration des conditions de vie, les
migrations forcées ont mis en échec l'ancien système de
prénomination. Plusieurs parents géniteurs ont
préféré donner des prénoms qui traduisent leur
attachement à la religion dans le but, semble - t-il, de mieux
protéger leurs enfants contre le mauvais vent qui menaçait plus
gravement les différentes familles à la marginalisation ou
à l'exposition de ces dernières à des groupes
vulnérables, c'est-à-dire, des groupes constitués de
personnes pouvant nuire à leur vie. Ces époques de crise qui ont
conduit à des bouleversements sociaux ont apporté des changements
au sein du système de prénomination dans les différentes
familles. De Nombreux prénoms, très souvent, s'éloignent
de l'ancien système de prénom traditionnellement compte tenu des
situations que les parents ont vécues pendant la guerre civile.
Parmi les parents géniteurs, les uns ont
été victimes d'actes qui ont porté atteinte à leurs
dignités : le fait par exemple d'avoir été
bastonné par les différentes milices en présence de leurs
enfants, d'autres ont vu leur autorité de responsable de famille
bafouée pour des raisons d'incapacité à supporter
certaines charges, ce qui les a poussés à prénommer leurs
enfants en tenant compte des faits qu'ils repoussent pourtant. Des
prénoms tels que "Bien", "Réussi" peuvent démontrer
l'état de santé des parents pendant la guerre civile, des
événements qui s'y produisent de la manière dont cette
famille perçoit la vie pendant la guerre. Le type des rapports sociaux
que les individus entretiennent avec des proches parents ou amis peut avoir un
impact sur le prénom de leurs enfants, c'est ainsi que
sera appelé " kalavanda" l'enfant dont le père est
une des premières personnes à avoir porté la cravate dans
son groupe social.14(*)
Par contre certains prénoms peuvent expliquer l'harmonie ou les tensions
familiales, voire la rupture d'équilibre durement vécue par les
parents pendant la guerre. Ces prénoms ont permis aux parents de prendre
en considération les multiples facettes des rapports entretenus entre
individus. Par contre, d'autres parents tiennent compte des liens religieux ou
de différents problèmes de vies des familles. Cette guerre civile
peut être considérée comme facteur ou principe directeur
qui domine les sentiments des parents vers des prénoms pouvant expliquer
les différents faits vécus pendant la guerre. En analysant les
prénoms se trouvant dans les actes de naissance, un autre fait est
à constater : chaque parent géniteur réagissait
à ses difficultés à sa façon et au moment choisi,
et chacun des parents donnait un prénom pour trouver les moyens et les
solutions nécessaires qui donneraient un sens et une valeur à
cette expérience de guerre. Un bon nombre de familles devenaient plus
égoïstes, les membres de certaines familles
préféraient lutter à leurs manières, ils
étaient par conséquent moins disponibles pour l'entraide
familiale. Ceci les mettait dans la possibilité de prénommer en
tenant compte du vécu quotidien. Certains parents se réfugiaient
dans les zones où ils n'avaient pas de terres, moins d'argent, cela a
poussé ces gens à ne pas affronter financièrement et
socialement la rupture. La plupart de ceux qui ont vécu cette guerre
civile ont connu une liberté nouvelle qui les a amenés à
donner de tels prénoms à leurs enfants.
II.2. Le prénom dans l'imaginaire des parents dans
la société congolaise
d'aujourd'hui
L'imaginaire étant l'ensemble des images et des
relations d'images qui constitue le capital penser de l'homo sapiens selon
Gilbert Durand,15(*) par
le système de prénomination, nous constatons l'évolution
de différents prénoms et de mode d'apparition des nouveaux
prénoms. La mode de ces prénoms dépend beaucoup plus du
type et du milieu socioculturel. Ainsi, une micro société de type
traditionnel maintiendra des prénoms à caractère ancien
comme le cas d'Antoine. Tandis que les micros sociétés modernes,
qui subissent les influences de l'espace urbain brazzavillois, vont
préférer multiplier les prénoms comme "Louange", "Dieu -
Sauve". Ces prénoms s'inscrivent beaucoup dans le domaine de la croyance
pour les parents. Le choix d'un prénom dépend d'une croyance qui
peut être qualifiée à la limite de superstition, d'une
coïncidence, d'un anniversaire, d'un rêve qui peut provoquer des
réactions psychiques importantes. Le prénom est beaucoup plus
choisi par les parents, les grands-parents et voire les amis que par d'autres
membres de la société. En observant les actes de naissances des
enfants déclarés sur les registres des naissances de la mairie de
Makélékélé, nous constatons la pratique des
prénoms fréquents qui répondent probablement à des
raisons beaucoup plus liées à la croyance qu'aux autres faits de
société. Souvent, ce sont des prénoms qui cherchent un
certain équilibre et une certaine entente avec le monde visible et le
monde invisible.
Les décès successifs des enfants et d'autres
difficultés rencontrées ont amené aux parents et familles
de chercher des prénoms remèdes, protecteurs et
préventifs: c'est le cas de "Ça - Ira" et "Chrism'aide". Des
croyances magico - religieuses résident dans le fait que certains
prénoms peuvent expliquer des messages qui symbolisent le bonheur. Le
message exprimé par les parents à propos du prénom peut ou
ne pas avoir une influence sur le destin et le vécu de l'enfant.
Prénommer étant un concept largement répandu dans le
vécu quotidien des parents, fait que les prénoms diffèrent
et donnent lieu à plusieurs interprétations. Les parents
géniteurs en mettant au monde un nouveau-né, se présentent
devant Dieu avec des souffrances, joies ou des symptômes dont ils
demandent le soulagement pour l'évolution de leur enfant. Le mauvais
prénom tel que "Lucifer", peut amener, pense-t-on au dysfonctionnement
de l'organisme, fruit de l'imaginaire collectif congolais. Cette croyance est
présente chez beaucoup des Congolais. Si une fois dans votre vie, vous
êtes prénommés de la sorte, vous risquerez de poser des
actes dits diaboliques durant toute votre vie. Le prénom d'un être
humain doit être "bon" pour faciliter l'ouverture totale de "bonnes"
relations: corps et esprit, famille et groupe, individu et monde de la nature.
Tout "bon " prénom est celui qui rend possible l'ouverture aux relations
humaines, c'est-à-dire un prénom qui ne peut pas être
considéré comme une défaillance, du corps spirituel et
physique mais au contraire un signifiant, un message à déchiffrer
et qui peut délivrer, signifier à l'individu le sens de son
existence. Prénommer un enfant c'est aussi un phénomène
qui crée l'ouverture d'un rapport entre le monde visible et le monde
invisible (mort, ancêtre, esprits) qui a constamment fait naître
entre parents (mari/épouse) des discussions concernant le
bien-être physique. Le prénom qui individualise l'être a un
signifié naturel et mystique, s'accroche à nous, s'introduit dans
le corps où il signale parfois par le même corps la
présence du danger ou du succès.
II.2.1. Le prénom vu par la
société
L'enfant, bien qu'il soit étranger par rapport aux
faits vécus par les parents, son prénom détermine toujours
la situation sociale des parents. Par la manière de prénommer,
les parents expriment leurs voeux qui prennent en quelque sorte l'enfant comme
prisonnier d'une histoire vécue par ceux-ci. Prénommer est un
concept mobilisateur de significations multiples. Mais il est nécessaire
d'établir des distinctions entre un "mauvais" prénom et un "bon"
prénom, les deux n'ont pas les mêmes explications. Le "bon"
prénom est supposé faciliter la vie de l'enfant dans ses rapports
avec son entourage, lui permet de garder des liens solides et d'exploiter les
possibilités et impossibilités que lui offre son prénom
pour sa survie. Le prénom peut opérer une rupture conflictuelle
entre les parents et amis. Dans ce cas, nous pouvons considérer le
prénom comme un élément qui paraît simplement comme
une institution accessible et inaccessible à sa réussite. Le
"mauvais"prénom conduit au déséquilibre mental, à
l'insécurité physique, il permet à l'enfant de rêver
des "mauvaises" images de lui-même et de fixer des projets qui ne se
réaliseront pas. Dans ces conditions, il considérera ce
prénom comme un élément qui nuit à sa
réussite. Les hommes dans la société perçoivent le
prénom suivant son explication et son expérience, le
prénom constitue le symbole d'un "mauvais" ou d'un "meilleur" avenir, il
est l'agent principal de transformation sociale et de progrès. Mais
aujourd'hui, nombreux sont ceux qui (ou de nombreux individus) pensent
qu'après l'indépendance politique du Congo, les choses ont
changé. Le prénom bardé de toutes sortes d'explications a
perdu sa qualité d'institution qui conduisait à son
aboutissement. Il a contribué à l'échec comme à la
réussite de celui qui le porte d'après les représentations
collectives. Bon nombre des enfants auraient échoué dans la vie
pour les raisons de porter un "mauvais prénom". Le prénom
crée des conditions opportunes à celui qui le porte en devenant
élitaire. D'un côté, il produit en l'homme des aspects
marginaux, économiques, et culturels. Les porteurs peuvent donc
percevoir leurs prénoms comme une défaillance ou une garantie
pour un meilleur avenir.
II.2.2. L'incidence du "mauvais" prénom
Dans les sociétés africaines en
général et congolaises en particulier, le "mauvais" prénom
se définit comme une rupture ou déséquilibre harmonieux,
entre le fonctionnement des différentes parties du corps d'une part,
entre l'homme et toutes les composantes de son environnement de l'autre. Paul
Claver écrit: « L'espace villageois intervient de
différentes façons dans la vie sociale et partant dans le jeu du
pouvoir »16(*).
Ainsi, privés du "mauvais" message qu'explique le prénom, les
porteurs en grandissant, ont les intentions de vouloir changer les
prénoms pour les raisons de privations psychologiques dont ils sont
victimes pour la formation de leur personnalité. Dans certains cas,
l'image que les parents géniteurs ont de ces prénoms influence
parfois leurs relations personnelles. Ils insécurisent les enfants tout
en les exposant aux différents faits maléfiques qui provoquent
parfois le manque de confiance en eux. Il provoque des sentiments par rapport
à ce qui a été dit ou fait dans le passé.
Parmi les problèmes liés au "mauvais"
prénom, nous avons le manque d'énergie face à une
situation délicate et l'insomnie. Ces symptômes sont probablement
le résultat de perturbations émotionnelles engendrées par
le mauvais. Les parents en attribuant ces prénoms à leurs
enfants, reconnaissent que le prénom est un élément qui
peut provoquer des événements bouleversants, surtout lorsqu'ils
sont souvent victimes des situations qui coïncident avec son
prénom.
Les personnes qui portent les "mauvais" prénoms
s'incitent à chercher de l'aide et des conseils en fonction de leurs
prénoms. Le porteur d'un tel prénom qui paraît "mauvais"
pense toujours que les symptômes de sa maladie sont manifestés par
le prénom. Le mauvais prénom est considéré comme
une atteinte portée au bien-être physique ou moral sur toutes ses
formes. Une personne qui a des troubles mentaux se dit malade au même
titre que celui qui porte un "mauvais" prénom. De même, quelqu'un
qui est en colère après un outrage ou un ennui qui
l'empêche de réaliser un projet se considérera comme malade
au même titre que celui qui porte le "mauvais" prénom. Ainsi le
"mauvais" prénom est considéré comme un état de
souffrance physique et d'angoisse morale, d'affliction et de
contrariété. D'où le terme mauvais prénom en cours
dans la société congolaise. L'homme qui le porte ressent une
gêne qui devient pour lui une maladie. La personne concernée
reçoit des injures partout où il passera et se considère
comme malade. Porter un mauvais prénom découle d'une mauvaise
conception de l'homme et de l'univers dans lequel il vit. Le "mauvais"
prénom, en réalité touche la personne humaine au plus
profond de son être et de ses divers aspects. De ce fait, les "mauvais"
prénoms deviennent la cause directe d'une maladie que porte la personne.
Cependant, certains lui font des accusations vagues concernant son
prénom, dans ce cas, le "mauvais" prénom ressemble à un
élément qui, étant "mauvais", empoisonne la personne.
Porter un "mauvais " prénom est souvent vécu comme une
véritable "chasse à l'homme", l'homme qui le porte peut
être victime d'un certain nombre d'accusations par des gens sans que
quelques efforts soient fournis pour découvrir la véritable cause
du décès. Le bon prénom préoccupe moins la
société, la société a plus d'inquiétudes
pour le mauvais prénom et de l'admiration pour le "bon" prénom.
Ce qui nous a permis de ne pas élaborer un chapitre sur le "bon"
prénom.
II.2.3. Le nombre de prénoms
En observant les registres des naissances des enfants
déclarés à la mairie de
Makélékélé, nous constatons la pratique minoritaire
d'un prénom unique. Les naissances qui ont eu lieu tout le long de la
crise sociopolitique prouvent la pratique majoritaire de l'allongement,
l'alignement de trois, quatre prénoms, les uns à la suite des
autres pour un seul nouveau-né. Dans son enquête sur le corps
falaisien, Jean-Pierre LETHUILLIER montre le rapport direct et permanent entre
l'évolution du corpus et celle du nombre des prénoms
attribués aux enfants.17(*) L'augmentation considérable des prénoms
des enfants nés pendant la crise sociopolitique montre un
décalage assez important avec ceux qui sont nés autour des
années 60. Les filles comme les garçons reçoivent rarement
un prénom unique, le plus souvent trois prénoms ou plus, ce qui
explique le décalage entre le nouveau et l'ancien système, comme
le dit SYINYAMA BADIMBANGA : « Avoir plusieurs noms cela
souligne l'importance sociale de cet homme et évoque en même temps
les différents et multiples rôles qu'il doit remplir dans la
société. Cela signifie la grande vitalité de son
être »18(*). Les faits observés ne sont pas surprenants,
l'attribution de deux à trois prénoms n'est pas surprenante; elle
est restée une pratique massive qui existait également avant la
crise. Mais nous constatons une croissance importante amorcée le long de
la crise. Le principal élément redondant est finalement
l'élargissement continuel de cette pratique. A partir de la
colonisation, les enfants recevaient un seul prénom qui expliquait la
réalité occidentale. Expliquer l'influence de la crise sur les
évolutions visibles à la prénomination pendant la
période étudiée est l'un des facteurs qui justifie le
changement d'une réalité d'antan. Le rapport direct entre la
crise sociopolitique et les prénoms attribués aux enfants tendent
à s'augmenter de plus en plus. Ces prénoms ne font que progresser
sensiblement. Ils sont une forme d'expression liée à un contexte
bien précis.
L'influence de la crise est considérée comme
indicateur qui détermine ces prénoms. Le manque de logement, la
dégradation des conditions de vie familiale sont aussi des indicateurs
qui déterminent l'insatisfaction déterminante de certains
prénoms, bien qu'ils soient marquants et qu'ils expliquent les faits
vécus par les parents. Ces faits viennent en quelque sorte s'ajouter
à la pensée des parents en vue d'expliquer les prénoms de
leurs enfants.
Deuxième partie: Présentation - analyse
et interprétation
des résultats
d'enquêtes
Section I : Présentation des
résultats de l'enquête
Enquête, (du latin inquisitum, participe passé de
inquirere « s'enquérir, chercher à
découvrir »), est une démarche de production de
données ou d'informations en vue de répondre à un
questionnement. Cette démarche renvoie à la question de l'objet,
de l'objectivation, aux problèmes de validation d'hypothèses, de
légitimité, de pertinence, de signification,
d'interprétation des résultats.19(*)
I.1. Population d'étude
Tableau n°1: Sexe des
enquêtés
Sexe
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Féminin
|
57
|
47,5
|
Masculin
|
63
|
52,5
|
Total
|
120
|
100
|
Dans le cadre de cette étude, nous avons
consulté au cours de notre enquête cent vingt (120) actes de
naissance des enfants déclarés sur les registres de naissance de
la mairie de Makélékélé dont cinquante sept (57)
soit 47,5% des enfants de sexe féminin et soixante trois (63) soit 52,5%
de sexe masculin; Soit un total de cent vingt (120) enquêtés.
Tableau n°2: Sexe des
enquêtés par année
Année
Sexe
|
Déc. 98 - nov. 99
|
Déc. 99 - nov. 00
|
Total
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
Féminin
|
29
|
24,17
|
28
|
23,33
|
57
|
47,5
|
Masculin
|
31
|
25,83
|
32
|
26,67
|
63
|
52,5
|
Total
|
60
|
50
|
60
|
50
|
120
|
100
|
La première année va de décembre 1998
à novembre 1999, la deuxième année de décembre 1999
à novembre 2000. Ce tableau synthèse entre années de
naissance et sexe des enquêtés montre la répartition des
naissances selon les deux années consécutives et identifie leurs
sexes.
- La première année qui va de décembre
1998 à novembre 1999 présente un pourcentage de 25,83% de sexe
masculin contre 24,17% d'individus de sexe féminin;
- La deuxième année qui va de décembre
1999 à novembre 2000 présente un pourcentage de 26,67%
d'individus de sexe masculin contre 23,33% d'individus de sexe
féminin.
Tableau n°3: Répartition des
enquêtés selon le sexe et les types de prénoms
Sexe
Type de
prénom
|
Féminin
|
Masculin
|
Total
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
Dieu veille
|
14
|
11,67
|
11
|
9,17
|
25
|
20,83
|
Dieu merci ou vainqueur
|
10
|
8,33
|
18
|
15,00
|
28
|
23,33
|
Consolat, shaloom
|
3
|
2,5
|
6
|
5,00
|
9
|
7,50
|
Ça - ira
|
13
|
10,83
|
8
|
6,67
|
21
|
17,50
|
Bonheur
|
4
|
3,33
|
2
|
1,67
|
6
|
5,00
|
Croyance
|
1
|
0,83
|
6
|
5,00
|
7
|
5,83
|
Sacrifice
|
6
|
5,00
|
5
|
4,17
|
11
|
9,17
|
Guervie
|
6
|
5,00
|
7
|
5,83
|
13
|
10,83
|
Total
|
57
|
47,5
|
63
|
52,5
|
120
|
100
|
Les résultats de l'enquête montrent dans ce
tableau n°3 que dans l'ensemble, il y a 11,67% des individus de sexe
féminin contre 9,17% des individus de sexe masculin
prénommés "Dieu veille". Pour le cas de ceux qui portent le
prénom "Dieu merci" ou "Vainqueur", nous avons 8,33% de sexe
féminin contre 15% de sexe masculin. Pour le cas de ceux qui portent le
prénom "Consolat ou Shaloom", nous avons 2,5% des filles contre 5% des
garçons. Pour le cas de "Ça - Ira", ce tableau montre 10,83% des
filles contre 6,67% des garçons. Pour le cas de "Bonheur", nous avons
3,33% des filles contre 1,67% des garçons. Le cas de "Croyance"
révèle que nous avons o,83% des filles contre 5% des
garçons. Quant à ceux qui portent le prénom "Sacrifice",
nous avons 5% contre 4,17%. Pour "Guervie" nous avons 5% des filles contre
5,83% des garçons.
Tableau n°4: Niveau d'instruction des parents -
type de prénoms
Niveau d'instruction
Type de
Prénoms
|
Primaire
|
Secondaire
|
Supérieur
|
Total
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
Dieu veille
|
5
|
4,17
|
15
|
12,5
|
5
|
4,17
|
25
|
20,83
|
Dieu merci ou vainqueur
|
7
|
5,83
|
13
|
10,83
|
8
|
6,67
|
28
|
23,33
|
Consolât, shaloom
|
1
|
0,83
|
4
|
3,33
|
4
|
3,33
|
9
|
7,50
|
Ça - ira
|
4
|
3,33
|
16
|
13,33
|
1
|
0,83
|
21
|
17,50
|
Bonheur
|
0
|
0
|
4
|
3,33
|
2
|
1,67
|
6
|
5,00
|
Croyance
|
0
|
0
|
3
|
2,5
|
4
|
3,33
|
7
|
5,83
|
Sacrifice
|
0
|
0
|
8
|
6,67
|
3
|
2,5
|
11
|
9,17
|
Guervie
|
0
|
0
|
8
|
6,67
|
5
|
4,17
|
13
|
10,83
|
Total
|
17
|
14,17
|
71
|
59,17
|
32
|
26,67
|
120
|
100
|
Dans ce tableau, nous prenons en compte le niveau
d'instruction d'un seul parent, le parent qui a le niveau le plus
élevé. Les résultats de l'enquête montrent dans ce
tableau que dans l'ensemble il y a 4,17% des parents qui ont le niveau de
l'enseignement primaire, 12,5% le niveau de l'enseignement secondaire, 4,17% le
niveau de l'enseignement supérieur qui donnent un total de 20,83% des
individus qui ont été prénommés "Dieu veille". Pour
le cas de Dieu merci, ces résultats révèlent qu'il y a
5,83% des individus qui ont un niveau du primaire contre 10,83% des individus
qui ont un niveau du secondaire, contre 6,67% de ceux qui ont le niveau du
supérieur, soit un total pour ce prénom de 23,33%. Pour le cas de
"Consolât ou Shaloom", nous avons 0,83% des individus qui ont le niveau
"primaire" contre 3,33% respectivement de ceux qui ont le niveau "secondaire et
supérieur"; le total pour ce prénom est de 7,5%. Le cas de
"Ça - Ira" nous montre 3,33% des individus ont un niveau "primaire",
contre 13,33% de ceux du "secondaire", contre 0,83% de ceux du
"supérieur", soit un total de 17,5% des individus. Le cas du "Bonheur"
révèle les pourcentages suivants: 3,33% pour le secondaire contre
1,67% pour le supérieur, soit un total de 5%. Pour le cas "Croyance",
"Sacrifice" et "Guervie", pris dans cet ordre, nous avons respectivement les
résultats suivants: 2,5% contre 3,33%; 6,67% contre 2,5% et enfin 6,67%
contre 4.17% pour le secondaire et le supérieur.
I.2. Données quantitatives sur le rapport des
prénoms des enfants et les événements
connus
Tableau n°5:
Répartition des enquêtés selon le type de prénoms et
le mois de naissance (première année)
Type des prénoms
|
Dieu veille
|
Dieu merci ou vainqueur
|
Consolât ou Shaloom
|
Ça - ira
|
Bonheur
|
Croyance
|
Sacrifice
|
Guervie
|
Total
|
Mois
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
Décembre 98
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
2
|
1,67
|
Janvier 99
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
3
|
2,5
|
3
|
2,5
|
Février 99
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
1
|
0,83
|
Mars 99
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
1,67
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
1,67
|
Avril 99
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
5
|
4,17
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
0
|
0
|
6
|
5,00
|
Mai 99
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
2
|
1,67
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
0
|
0
|
4
|
3,33
|
Juin 99
|
2
|
1,67
|
0
|
0
|
0
|
0
|
4
|
3,33
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
6
|
5,00
|
Juillet 99
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
1,67
|
0
|
0
|
4
|
3,33
|
8
|
6,67
|
Août 99
|
3
|
2,5
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
2
|
1,67
|
8
|
6,67
|
Septembre 99
|
2
|
1,67
|
3
|
2,5
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
1,67
|
0
|
0
|
8
|
6,67
|
Octobre 99
|
1
|
0,83
|
2
|
1,67
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
5
|
4,17
|
Novembre 99
|
1
|
0,83
|
2
|
1,67
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
3
|
2,5
|
0
|
0
|
7
|
5,83
|
Total
|
10
|
8,33
|
8
|
6,67
|
6
|
5,00
|
13
|
10,83
|
0
|
0
|
5
|
4,17
|
7
|
5,83
|
11
|
9,17
|
60
|
50
|
Les résultats de l'enquête dans ce tableau nous
montrent qu'au mois de décembre1998, il y a 0.83% des individus
prénommés respectivement "Consolat ou shaloom" et "Guervie". Pour
le mois de janvier 1999, nous avons 2,5% de ceux qui ont été
prénommés "Guervie". En février 1999, nous avons 0,83% des
enfants prénommés Guervie. En mars 1999 nous avons 1,67%
prénommés "Consolat ou Shaloom". En avril nous avons
respectivement 4,17% et 0,83% pour Ça - Ira et Croyance, soit un total
5%. En mai de cette année, "Consolât ou Shaloom" et "Croyance" ont
tous les 0,83% contre 1,67% pour "Ça - Ira", soit un total de 3,33%. Le
mois de juin 1999 nous n'avons que 1,67% pour "Dieu veille" et 3,33% pour
"Ça - Ira", soit un total de 5%. Au mois de juillet, nous avons
respectivement les valeurs suivantes: 0,83% pour "Dieu veille" et
"Consolât ou Shaloom", 1,67% pour Croyance et 3,33% pour "Guervie", soit
un total de 6,67%. Le mois d'août 1999, nous avons 2, 5% des enfants
prénommés Dieu veille, 0,83% de ceux qui sont
prénommés "Dieu merci" ou "vainqueur", "Ça - Ira" et
"Sacrifice", 1,67% de "Guervie"; Soit un total de 6,67%. Au mois de septembre
de cette même année, 1,67% des enfants prénommés
respectivement "Dieu veille" et "Sacrifice", 2,5% de ceux qui sont
prénommés "Dieu merci" ou "Vainqueur", 0,83% de ceux qui
prénommés "Ça - Ira", soit un total de 6,67%. Le mois
d'octobre 1999 présente les résultats suivants: "Dieu veille",
"Consolât ou Shaloom" et "Croyance" ont respectivement (0,83%), "Dieu
merci" ou "vainqueur" (1,67%), soit un total de 4,17%. Enfin le mois de
novembre 1999 pour cette première année présente les
résultats suivants: 0,83% pour "Dieu veille" et "Croyance", 1,67% pour
"Dieu merci" ou "vainqueur" et 2,5% pour "Sacrifice", soit un total de
5,83%.
Tableau n°6: Répartition des
enquêtés selon les types de prénoms et le mois de naissance
(deuxième année)
Type des prénoms
|
Dieu veille
|
Dieu merci ou vainqueur
|
Consolât ou Shaloom
|
Ça - ira
|
Bonheur
|
Croyance
|
Sacrifice
|
Guervie
|
Total
|
Mois
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
Décembre 99
|
5
|
4,17
|
3
|
2,5
|
2
|
1,67
|
4
|
3,33
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
2
|
1,67
|
2
|
1,67
|
19
|
15,83
|
Janvier 00
|
4
|
3,33
|
2
|
1,67
|
0
|
0
|
2
|
1,67
|
3
|
2,5
|
1
|
0,83
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
13
|
10,83
|
Février 00
|
1
|
0,83
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
1,67
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
5
|
4,17
|
Mars 00
|
2
|
1,67
|
3
|
2,5
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
6
|
5,00
|
Avril 00
|
0
|
0
|
2
|
1,67
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
0
|
0
|
4
|
3,33
|
Mai 00
|
1
|
0,83
|
2
|
1,67
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
4
|
3,33
|
Juin 00
|
1
|
0,83
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
1,67
|
Juille00
|
1
|
0,83
|
2
|
1,67
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
3
|
2,5
|
Août 00
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
Septembre 00
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
Octobre 00
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
Novembre 00
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0,83
|
Total
|
15
|
12,50
|
20
|
16,67
|
3
|
2,5
|
8
|
6,67
|
6
|
5,00
|
2
|
1,67
|
4
|
3,33
|
2
|
1,67
|
60
|
50
|
Les résultats de l'enquête dans ce tableau
montrent qu'au mois de décembre 1999, nous avons les valeurs suivantes:
"Dieu veille" (4,17%), "Dieu merci" ou "vainqueur" (2,5%), "Consolât ou
Shaloom", "Sacrifice" et "Guervie" (1,67%), "Ça - Ira" (3,33%) et
"Bonheur" (0,83%), soit un total de 15,83%. Au mois de janvier 2000, nous avons
3,33% pour les enfants prénommés "Dieu veille", 1,67% pour ceux
qui sont prénommés "Dieu veille" ou "Vainqueur" et "Ça -
Ira", 2,5% pour ceux qui s'appellent bonheur et enfin 0,83% pour ceux qui sont
prénommés "Croyance" et "Sacrifice", soit un total de 10,83%. Le
mois de février 2000 présente une particularité dans la
mesure où qu'en dehors de ceux prénommés "Bonheur"
(1,67%), les autres notamment ceux qui s'appellent "Dieu veille", "Dieu merci"
ou "Vainqueur" et "Sacrifice" ont tous les trois un pourcentage de 0,83%, soit
un total de 4,17%. Au mois de mars, nous avons pour des enfants
prénommés, "Dieu veille" 1,67%, "Dieu merci" ou "vainqueur" 2,5%
et "Ça - Ira" 0,83%, soit 5%. Au mois d'avril, nous avons 1,67% des
enfants prénommés "Dieu merci" ou "vainqueur", 0,83% des enfants
prénommés "Consolât ou Shaloom" et "Croyance", soit un
total de 3,33%. Pour le mois de mai, nous avons 0,83% des enfants qui portent
les prénoms "Dieu veille" et "Ça - Ira", 1,67% de ceux qui
portent le prénom "Dieu merci" ou "vainqueur", soit un total de 3,33%.
Le mois de juin quant à lui présente les résultats
suivants: 0,83% pour ceux qui portent le prénom "Dieu veille" comme ceux
qui portent le prénom "Dieu merci" ou "vainqueur". Le mois de juillet,
nous avons 0,83% des enfants qui se prénomment "Dieu veille" contre
1,67% de ceux qui se prénomment "Dieu merci" ou "Vainqueur", soit un
total de 2,5% pour ce mois. A partir du mois d'août 2000 jusqu'au mois de
novembre 2000, ce tableau montre que nous n'avons que les enfants
prénommés "Dieu veille" ou "Vainqueur", tous durant ces mois avec
un pourcentage de 0,83%.
Section II. Analyse et interprétation des
données
II.1. Données qualitatives relatives à la
population d'étude
Dans cette étude nous avons analysé cent vingt
(120) prénoms soit un total de 100% dont 52,5% des enfants de sexe
masculin et 47,5% des enfants de sexe féminin. L'analyse de ces
prénoms a été motivée par le fait que ces enfants
sont nés dans un contexte de guerre. L'effectif de sexe féminin
(47,5%) est faible par rapport à celui des enfants de sexe masculin
(52,5%), ceci peut s'expliquer par le fait qu'il y a plus eu de naissances des
enfants de sexe masculin que ceux des enfants de sexe féminin.
Sur 100% des enquêtés répartis par
année, nous avons 50% d'individus enquêtés par année
qui va de décembre 1998 à novembre 1999 et de décembre
1999 à novembre 2000. De nos enquêtés, nous avons 24,17%
des enfants de sexe féminin et 25,17% de sexe masculin.
Les différents types de prénoms que nous avons
recueillis dans les registres de naissances de la mairie de
Makélékélé nous ont donnés les
résultats suivants :
1. "Dieu Merci ou Vainqueur" (23,33%) ;
2. "Dieu Veille" (20,83%) ;
3. "Ça - Ira" (17,50%) ;
4. "Guervie" (10,83%) ;
5. "Sacrifice" (9,17%) ;
6. "Consolât - Shaloom" (7,50%) ;
7. "Croyance" (5,83%) ;
8. "Bonheur " (5,00%).
Les prénoms "Dieu Merci ou Vainqueur" avec 23.33%
viennent en tête du peloton, du point de vue statistique, ce
prénom est celui qui a été le plus donné aux
nouveaux-nés durant la guerre. Ce prénom a
été attribué à la fois aux filles et aux garcons.
D'où le plus grand pourcentage qu'il a obtenu. Il constitue à
notre humble avis, un hommage rendu à Dieu qui a protégé
les parents et l'enfant venu au monde des affres de la guerre. Du reste, les
parents pensent avoir triomphé de la mort avec l'assistance
bienveillante de Dieu.
Le prenom "Vainqueur" est très révélateur
de la toute puissance de Dieu qui, opère des miracles.
Les recherches sur le terrain nous ont
révélé que le prénom "Dieu Veille" est apparu au
Congo avant la guerre de 1998 a 1999. Il est arrivé avec les
églises de réveil et a connu une sorte de renouvelement pendant
la guerre civile concernée.
Quant au prénom "Consolât Shaloom" avec un
pourcentage de 7,50%, ce prénom qui a une forte connotation religieuse
n'est pas attribué au hasard. Nous constatons que ce type de
prénom vient pour apporter quelque chose de nouveau dans le vécu
des parents et explique leur attachement envers les associations dites
religieuses implantées au Congo - Brazzaville.
Le prénom "Ça - Ira" qui présente un
pourcentage de 17,50% connaît une progression assez importante pendant la
guerre. Les parents géniteurs, en prénommant leurs enfants avec
crainte et arrière pensée, pensent, qu'ils ont quand même
réussi à survivre dans les difficultés, malgré les
ennuis, les situations difficiles à surmonter que leur a imposé
la guerre.
Le prénom "Bonheur", avec un pourcentage de 5,00%
montre l'image d'une attribution faible de tous les prénoms
donnés aux enfants nés durant cette période de guerre
civile allant de novembre 1998 à décembre 2000. Très
limité dans le temps, ce prénom semble-t-il traduit le Bonheur
qu'a dû vivre les parents pendant cette période de guerre, mais
une guerre qui ne les a pas touchés, inquiétés
physiquement et financièrement. Parmi ces hommes heureux figurent les
personnes qui ont été protégées par des
différentes milices.
Le prénom "Croyance" avec un pourcentage de 5,83%
témoigne la foi, la motivation que les parents géniteurs avaient
en leur Dieu. Par ce prénom, nous comprenons que pour certains
géniteurs, la foi, la croyance étaient considérées
comme une arme capable de défendre l'individu durant tous ces moments
difficiles que la plupart des parents ont connus.
Le prénom "Sacrifice" avec un pourcentage de 9,17%
révèle les situations qui ont évoqué des
conséquences émotionnelles que les parents ont finies par
expliquer sur les prénoms de leurs enfants. Certains parents peuvent ou
déterminer la réparation avec certains membres de leurs familles,
des pertes d'êtres chers, les modifications des conditions
financières, sociale, la perte de capacité financière de
subvenir aux besoins de la famille, soins médicaux, alimentation saine,
peuvent être conçus comme des situations qui sont à
l'origine de certains nouveaux prénoms. Ce phénomène qui
est bien évidemment lié à la guerre a donné
naissance à des prénoms correspondant à leurs vécus
de la guerre.
Le prénom "Guervie", avec un pourcentage de 10,83%,
sous-tend la multiplicité des problèmes vécus par les
parents. Il est constitue comme nous l'avons déjà dit de deux
éléments, la guerre et la vie et n'exclu pas l'hypothèse
d'un choix concerté entre le père et la mère qui s'appuie
sur les situations les plus complexes et les plus horribles qu'ont
vécues les deux parents. Les parents géniteurs en attribuant ce
prénom à leurs enfants pensent que malgré la guerre, les
gens peuvent vivre. Par là, nous confirmons qu'il est un prénom
qui a un rapport étroit avec la guerre puisqu'il a fait son apparition
en temps de guerre et disparaît en temps de paix.
S'agissant du niveau d'instruction des parents, nous
constatons que toutes les fiches examinées montrent que ces derniers
sont tous lettrés et ceux qui ont le niveau d'instruction le plus bas se
sont arrêtés au primaire avec un pourcentage de 14,17% de la
population d'étude. Ces résultats ne nous inquiètent pas
tout en sachant que de grands investissements furent faits dans ce domaine pour
une scolarisation massive. La République populaire du Congo devenue la
République du Congo a atteint par exemple le plus haut pourcentage du
taux de scolarisation après les années 1965.
« L'expérience scolaire du Congo retient
cependant une certaine attention. D'abord l'enseignement nationalisé
depuis 1965 est laïc, gratuit et obligatoire pour tous les enfants de six
à seize ans. Ensuite, le Congo est l'un des rares pays en Afrique dont
le taux de scolarisation atteigne les 100%. Par ailleurs, l'expérience
scolaire au Congo, premier pays d'orientation socialiste au coeur de l'Afrique,
a une signification scientifique et politique de premier
ordre »20(*).
Le cas des parents qui ont un niveau secondaire et qui ont
déclaré leurs enfants représente un pourcentage de 59,17%,
sur les fiches enquêtées. Ceci montre que le système
éducatif remplissait bien ses fonctions : produire des savoirs,
développer des intelligences, former des compétences, donner au
niveau du secondaire les capacités d'écrire une langue.
D'autre part nous constatons que l'instruction scolaire
était assimilée à un tamis qui sélectionnerait des
aptitudes ou des attitudes et le redoublement demeurait élevé
surtout pour le collège vers le lycée. Et il faut aussi ajouter
que l'explosion démographique a conduit à une implosion scolaire
et semble -t-il à une détérioration de la qualité
de l'enseignement.
De ces prénoms retenus dans notre échantillon,
trois types de prénoms nous reviennent souvent : "Dieu Veille",
"Dieu Merci ou Vainqueur", "Ça - Ira". L'ordre dans lequel nous venons
de les énumérer dans le tableau tient compte de la persistance
dont tel prénom est plus redondant par rapport aux autres. Ceci montre
que les types de prénoms qui reviennent beaucoup expliquent la
protection, la réussite, la sécurité. Le Congo
étant un pays fortement chrétien, nous pensons que ces habitants
du Congo qui subissent l'influence des autres types des sociétés
ou des églises installées au Congo ont réveillé les
consciences des congolais au changement des autres types des prénoms
tout en rejetant les vieux prénoms. Cette crise qui éclate en
décembre 1998 a provoqué des situations qui ont fait qu'une
partie de la population vivent dans les sites, dans les secteurs nord et centre
de la capitale, tandis que la grande majorité de cette population
est bloquée sans secours à l'intérieur des régions
méridionales du Congo : Pool, Bouenza, Lekoumou, Niari, Kouilou
forestier.
Les sites de Brazzaville présentaient un nombre
pléthorique des déplacés, soit 3 à 4 mille
personnes par site. Les hommes et les femmes du troisième âge
présentent un état de santé inquiétant.
Plusieurs maladies sont régulièrement
rencontrées à chaque poste de santé installé dans
chaque site ; la diarrhée, le paludisme, la toux et la grippe
étaient présentes partout à cause de la promiscuité
du nombre élevé de gens dans les sites ; ces maladies se
propageant facilement. Il en est de même pour la toux et la grippe qui se
transmettent facilement par un simple contact humain.
Par ailleurs, la distribution de l'aide humanitaire des
organisations internationales provoque des polémiques dans les sites,
compte tenu du nombre élevé des déplacés et surtout
de la longueur du séjour. Cette aide qui au départ était
accordée à tous les déplacés, petit à petit
ne concerne plus que les plus vulnérables. Mais cette décision
est jugée injuste. Pour les parents tous les déplacés
connaissent les mêmes difficultés. Même les fonctionnaires
sont tombés dans la paupérisation, en raison du manque de salaire
depuis plusieurs mois. Le pillage ayant détruit les petits ateliers,
provoque la fermeture des magasins, fait disparaître des centaines de
petites sociétés de services, les responsables ne recueillant
plus rien comme revenus.
Par ces faits, nous pouvons dire que ces prénoms sont
considérés comme une influence de la guerre qui a poussé
à exprimer leur sentiment de faiblesse devant une situation qui leur a
été redondante. Cela montre que l'un des traits le plus fort de
ces prénoms c'est le vécu quotidien de la guerre. Ces
prénoms sont considérés comme une victoire sur la guerre
civile qui leur a permis de se défendre contre le mauvais vent.
La guerre civile qui a secoué les populations sud de
Brazzaville a annoncé un véritable renversement au niveau
d'attribut des prénoms. Le prénom qui est perçu comme un
deuxième élément qui individualise l'être avec
précision est devenu le noyau qui explique la vie des parents
géniteurs et l'environnement dans lequel évoluent les parents
géniteurs. Les parents en prénommant leurs enfants ont mis en
place des prénoms secourables (qui portent volontiers secours aux
autres, aux enfants), mesurables voire protecteurs, qui peuvent permettre
à la personne humaine d'être protégée face aux
dangers. Quand il est menacé d'un danger. Le sens et la valeur que les
parents attribuent à ces prénoms déterminent des nouvelles
situations. C'est en grande partie les circonstances vécues par les
parents géniteurs qui font que tel parent prénomme un enfant par
"Vainqueur ou Dieu Merci". Mais la plupart des parents géniteurs se
détachent de plus en plus des vieux prénoms.
Les nouveaux prénoms qui concernent notre étude
sont inscrits dans un contexte de la guerre civile qui change de temps en
temps. Et cela a fait que certains parents géniteurs découvrent
une autre réalité qui leur a permis de prénommer leurs
enfants en prenant une décision consciente sur le choix redondant de
leur vécu de guerre civile.
Ce changement qui a eu lieu pendant la guerre a
provoqué des conséquences émotionnelles qui
déterminent ou expliquent certains troubles subits, certaines agitations
passagères ou persistantes causées par la guerre ou par un
sentiment vif de peur.
Plusieurs raisons ou facteurs peuvent expliquer la forte
montée des prénoms observés pendant la période de
crise dans notre société. Ces raisons ou facteurs sont :
Le prénom "Sacrifice" avec un pourcentage de 9,17%
révèle que les parents ont paye un lourd tribut a la guerre. Ce
lourd tribut est constitue de pertes d'êtres chers, des pertes en bien
matériel et argent vole pendant la guerre. La brutale et inattendue
séparation avec les membres de la famille, la perte des êtres
chers, la perte de soutien communautaire ou clanique, la perte des ressources
financières destinées a subvenir aux besoins de la famille, les
soins médicaux, a l'alimentation saine et équilibrée
plongent dans le désespoir les citoyens pris de la tourmente de la
guerre.
Aux maux susmentionnés, s'ajoutent d'autres
difficultés, à savoir :
- L'impossibilité d'avoir un emploi
rémunéré pendant la guerre civile ;
- Le fait de dépendre sur le plan alimentaire de l'aide
d'une famille hôte et peu fortunée ;
- Le changement non souhaité des habitudes
alimentaires ;
- Les viols ;
- Les menaces voire les sévices exercés par les
hommes en armes sur les femmes et les hommes non armés ; etc.
A tout cela, s'ajoutent le désespoir, le sentiment
d'être inutile dans la vie, l'absence de motivation, la haine, le
désir de vengeance, la colère et les autres dits négatifs.
Certains prénoms révélateurs par le
message peuvent raconter le drame qu'à du vivre les parents pendant leur
vie de crise dans les camps, sites ou pendant qu'ils attendaient leur
rapatriement soit de Kinshasa pour Brazzaville ou de la région du Pool
pour Brazzaville.
Les travaux forcés pendant les moments difficiles
successifs de la guerre civile ont donné aux parents géniteurs le
réflexe de prénommer leurs enfants tout en tenant compte des
aléas de la guerre civile. En prénommant les enfants ainsi,
certains parents géniteurs se déclaraient dépassés
ou insatisfaits d'un certain nombre des faits vécus pendant la guerre
civile.
Plusieurs prénoms issus de la guerre ont en commun un
même point de ressemblance, cela peut s'expliquer par le fait que
peut-être ces parents géniteurs ont eu à affronter les
mêmes types de situations pendant les événements, souvent
ces genres des problèmes sont généralement définis
par les prénoms qu'ils ont donnés à leurs enfants. La peur
de parler en public peut aussi être un fait qui les a poussé
à donner ces genres des prénoms aux enfants. Bon nombre des
parents géniteurs ont vécu dans la peur de commettre des erreurs
qui risqueraient de les exposer aux miliciens.
Ces prénoms attribués par les parents à
leurs enfants nés pendant la guerre civile portent sur
l'évolution de la crise politique, économique et sociale, le
message qu'exprime un prénom, son son, les références
qu'il apporte prennent en compte les changements significatifs qu'apporte la
guerre civile. L'apparition ou le renouvellement de certains prénoms
témoignent un moment de changement politique, économique et
social.
Beaucoup des prénoms sembleraient exprimer un message
de gloire au Seigneur pour les avoir sauvegardés pendant la guerre
civile. L'image des prénoms montre son évolution dans un sens
égalitaire, et le message que témoigne la reconnaissance des
faits de la guerre.
Cependant, la guerre civile vécue par les parents est
considérée comme un canevas dans la mesure où elle met en
évidence les conditions sociales économiques, politiques,
religieuses, idéologiques qui influent sur le choix des prénoms
des leurs enfants. Ces prénoms donnés aux enfants pendant la
guerre civile de décembre 1998 à novembre 2000 montrent les
passions recherchées par les parents géniteurs mais très
limités dans le temps. Cette étude portée sur l'ensemble
des prénoms pouvait s'avérer informateur des faits vécus
par les parents pendant la guerre civile de décembre 1998 a novembre
2000. Ces prénoms qui marquent les clivages, les affrontements des
belligérants, dans un contexte socio politique économique
difficile, ont pris le dessus au cours de la période de guerre
concernée sur les vieux prénoms chrétiens. Ces
prénoms d'une manière générale expliquent la
réalité vécus par les parents pendant la guerre. La
progression de ces prénoms devient constante et assez redondante tout au
long de la guerre civile.
Cette étude met en évidence les
mécanismes d'attribution des prénoms au cours de la guerre de la
guerre civile. Certains prénoms comme "Ça - Ira" font des
apparitions nouvelles utilisées comme véritables innovations et
présentent des explications beaucoup plus liées aux faits
vécus de la guerre. Ainsi on voit disparaître les prénoms
comme serge, Aubin, des prénoms beaucoup plus empruntés aux
personnages qui sont modèles dans les sociétés
occidentales.
Il faudrait aussi ajouter, qu'il y a la disparition des
prénoms masculins et féminins existant par des simples rajouts
d'un suffixe (ie, ine, ette).Ainsi s'accroît les prénoms
Dieu-Sauve, Guervie, Sauve moi et même dieu Vie, l'exemple des
prénoms apparus sont étranges, ils présentent l'image d'un
phénomène vécu qui fait la différence de ces
prénoms.
La résurgence de certains prénoms est
liée à des phénomènes religieux ou des modes,
l'attribution de certains prénoms tend à se raréfier, tel
est le cas des prénoms comme Sandrine, Evelyne.
La forme, le nombre des prénoms connaissent un
changement important. On observe tout d'abord la multiplication des
prénoms qui s'expliquent par l'adhésion d'un goût nouveau.
II. 2. Données qualitatives relatives au rapport
des prénoms des enfants sur les
Événements vécus
Sur 100% des parents enquêtés pendant le mois de
décembre 1998, 16% seulement des parents ont respectivement
prénommé leurs enfants par "Consolât ou Shaloom" et
"Guervie". Ces prénoms, en les analysant, marquent le commencement d'un
nouveau système de prénommer, ils montrent non seulement
l'apparition du nouveau système mais aussi le commencement de certains
faits vécus par les parents pendant la guerre. Ces mêmes
prénoms montrent aussi l'origine des situations que pouvaient vivre les
parents géniteurs ; le plus important pour les parents
géniteurs c'est de définir les situations fragiles vécues
à travers les prénoms qu'ils attribuent à leurs enfants.
Ajoutons à cela le fort mouvement des populations
déplacées, la faiblesse du développement socio
économique, la médiocrité des infrastructures et le taux
de mortalité élevé chez les parents.
Pour le cas des enfants nés pendant le mois d'avril
1998, nous avons un pourcentage de 5,00% des parents ayant donné les
prénoms "Ça - Ira, Croyance" à leurs nouveaux nés,
cela peut s'expliquer par le fait que les parents géniteurs en
prénommant leurs enfants choisissent les prénoms en fonction des
situations indésirables et désirables qu'ils ont vécus.
Ainsi, un parent qui se trouve dans l'impossibilité de trouver de la
nourriture pour sa petite famille vit mal cette situation qu'il peut assimiler
à une volonté de Dieu qui le pousse à plus de foi,
à plus d'effort pour surmonter cette difficulté. D'où les
prénoms de "Ça - Ira Croyance" qui sous-tendent l'espoir, le
désir, l'obligation de raffermir la foi en Dieu. Certains parents ont
aujourd'hui la possibilité et le loisir d'attribuer les prénoms
à leurs enfants en tenant compte des situations
désagréables qu'ils ont connues durant la guerre. Certains
prénoms comme Croyance peut expliquer la dégradation de la
situation sociale des parents qui restent au centre des préoccupations
de l'attribution des prénoms de leurs enfants. Pour les parents, ils
doivent affronter les problèmes sociaux économiques et
environnementaux qui se posent pendant et avant la période qui leur a
permis de prénommer leurs enfants. C'est ainsi A. R. LAURENTIN
écrit : « on a découvert que le nom de personne
pourrait être lié au statut de l'individu. Quand la personne
change de statut, elle modifie des relations sociales et le système
d'appellation change en même temps »21(*) .
Une certaine catégorie des prénoms comme "Dieu
Merci ou Vainqueur" s'accompagne d'une pression psychologique,
d'éclatement des familles, jointe à la confrontation des modes de
vie extrêmement différents d'avant la guerre qui modifie les
comportements des parents biologiques.
L'attribution d'une catégorie des prénoms
dépend de nombreux facteurs. Parmi ces facteurs nous citerons : les
conditions socio économiques, les idées arrêtées, la
manière de penser des parents ont une importante nécessité
dans leur vécu de la guerre. On constate l'apparition des plusieurs
types de prénoms pendant cette guerre. Dans ce même moment de la
guerre, nous avons constaté l'évolution de la pensée des
parents qui ont prénommé leurs enfants pendant la guerre.
Plusieurs situations vécues par les parents
résultent d'un phénomène dramatique de la guerre, ces
situations sont définies comme des situations engendrées par
l'homme ; les causes de ces nouveaux prénoms découlent de la
guerre civile qui provoque l'excitation du système de pensée des
parents à vouloir donner ces genres des prénoms.
Donné un prénom à un enfant peut ou ne
pas répondre à un certain nombre de critères. Une fois les
deux parents réunis peuvent inclure un certain nombre des faits
vécus, ces faits peuvent être intéressants ou
desintéressants, nous croyons cependant que le choix fait par les
parents permet d'éclairer certaines questions du passé ou du
présent. L'évolution de la personne est influencée par son
prénom qui l'approfondit, qui est le noyau de la personne, le principe
même de son être et de son agir.
Le prénom est considéré comme un
médiateur entre l'enfant, les parents et la guerre civile, cette
dernière ayant suscité ce prénom.
Les anciens prénoms comme Albert et Michel sont
considérés aujourd'hui par les parents des prénoms qui
relatent pas leur vécu de la guerre, il se crée une rupture entre
les anciens prénoms (Albert, Michel, Paul) et les nouveaux
prénoms (Dieu - Sauve, Consolat). Il y a absence de continuité
entre les prénoms issus du calendrier et des nouveaux prénoms
issus de la guerre. D'abord, les prénoms suscités par le
vécu de la guerre sont vécus comme des tempêtes dans
lesquelles se sont trouvés les parents et ces tempêtes ont
marqué le vécu des parents dans leurs mémoires. Et en se
référant aux prénoms qu'ils ont donnés, les parents
se souviennent des douleurs et d'humiliations, si nous revenons sur ces faits,
c'est dans le but de nous situer par rapport aux tendances actuelles. Notre
perspective est aussi celle de saisir les différences qui existent entre
les anciens prénoms et les nouveaux en tenant compte des conditions de
vie des parents géniteurs durant la guerre. Ces conditions
définissent en un mot la situation qui a permis aux parents de
prénommer leurs enfants comme tel.
Certains prénoms donnés aux enfants pendant la
guerre correspondent à des situations qui prennent à un moment
donné une place prépondérante. Ils sont
déterminés par l'évolution de l'homme, la conception
qu'une société se fait de la vie et de leurs rapports
réciproques. Les prénoms donnés aux enfants nés
dépendent non seulement des parents, mais aussi des situations conquises
ou acquises par les parents.
Tout prénom est composé d'un fond,
c'est-à-dire d'un espace vital qui différencie un prénom
d'un autre. Cette différenciation entraîne des grandes
différences dans la manière de prénommer les enfants, la
variation de certaines conditions peut être un élément qui
fait que chacun des parents géniteurs ait deux explications
différentes des deux prénoms. Nous comprenons aisément que
le fait de ne pas vivre les mêmes faits a permis aux parents
d'interpréter ces prénoms de différentes
manières.
Par le message que peut exprimer un prénom, nous
comprenons que les parents détiennent une connaissance personnelle des
prénoms que portent les enfants. On est, dans de très nombreux
cas, tenté de croire que les parents géniteurs remarquaient
très vite la présence des phénomènes
étrangers et se sont servis de ce phénomène pour en faire
les prénoms de leurs enfants. Apparemment nous comprenons que ce sont
les faits vécus pendant la guerre qui leurs poussent de prénommer
leurs enfants ainsi. Ces prénoms correspondent avec certaines
réactions de la guerre. Ils constituent une sphère de fonction
considérée comme schème qui est à l'origine de ces
prénoms. A l'instar du nom, le prénom fait partie de l'être
humain. Il agit de plusieurs manières qui sont la personnalité de
l'homme, c'est-à-dire sur la dynamique, sur le développement et
sur les motivations de la personne qui le porte.
Le canevas que nous suivons dans le choix des
différents prénoms est le suivant : d'abord le prénom
n'est pas seulement une théorie partielle, mais bien une conception
d'ensemble qui va agir dans l'enfant, ensuite il présente un message
relativement élaboré. En effet, le message qui explique un
prénom n'est pas seulement une spéculation mais un message bien
réfléchi par les parents géniteurs. Certains
prénoms obligent les porteurs à répondre aux exigences de
leurs prénoms. A titre d'exemple la personne qui porte le prénom
ça - ira doit s'efforcer, dans le souci d'honorer la signification
profonde de l'expression ça - ira, de lutter contre toutes les
difficultés qu'il va rencontrer le long de sa vie à savoir :
travailler durement afin d'avoir un bon standing de vie ; se faire soigner
par des bons médecins pour se maintenir en bonne santé ;
assurer une bonne éducation et une bonne instruction scolaire et
universitaire à ces enfants afin d'avoir une retraite paisible et digne
d'un père de famille ; l'enfant étant en Afrique une sorte
de sécurité sociale des parents vieillissants, le porteur du
prénom doit faire aller sa vie de l'avant à l'image du message de
la dynamique qu'incarne le ça - ira. Ainsi, dans le cas du prénom
ça - ira, il existe deux façons de l'écrire :
Ça - Ira et Sayira. Les deux voulant dire, sans tenir compte de
l'orthographe, les choses iront mieux. C'est pour cela que les parents
géniteurs prénomment en tenant compte des traits, des
caractères qui animent la naissance d'un nouveau -né. A
l'époque du Zaïre, Clémentine (F. Nzuzi Madiya) fut la
remarque suivante : « En 1928, quand le Roi Albert
Ier arriva au Congo Belge (actuel Zaïre), il avait une raie
dans les cheveux. Tout de suite cette coiffure fut adoptée par des
autochtones, surtout les Baluba qui la baptisèrent alubê.
Albert, prénom chrétien devenait ainsi, par
métonymie, un nom commun désignant « la
raie ». Peu à peu, certaines personnes qui se coiffaient en
traçant une raie dans leurs cheveux eurent comme surnom
Alubê »22(*).
Le prénom devient presque pour la personne qui le porte
un devoir. Son ambition, sa soif de puissance et de supériorité
s'associent pleinement, s'identifient même à l'obligation des
exigences du prénom. Certains prénoms possedent des
privilèges. A cet effet, d'une part, ils cherchent toujours à se
distinguer de leurs orthographes, traits de caractère qui impose en eux
la violence vis à vis de leur entourage. Ces hommes qui portent des
prénoms qui expliquent la violence n'exploite que sans frein le message
qu'explique son prénom puisque la personne est évaluée
d'après son prénom dans l'imaginaire collectif de l'influence sur
la conduite, le comportement social du porteur.
Le prénom dans certaines circonstances peut subir un
trouble qui risquerait de se coller à l'enfant tout le long de sa vie,
beaucoup des prénoms aujourd'hui pense t'on comportent les stigmates des
faits vécus par les parents ; le fait pouvant être une
humiliation faite par les beaux-parents à l'égard de leur
beau-fils en lui inculquant certains faits d'infériorité.
Le prénom de la personne inspire une certaine modestie,
car elle enseigne une tache considérable concernant l'humanité.
Il permet à l'homme de disposer de plus de connaissance de la vie. Le
point le plus important du prénom reste le point de contact entre
l'homme et la cohésion qu'il y a entre la personne et le prénom
qui agit dans la personne voire même au sein du groupe le plus restreint,
celui de la famille.
Certaines personnes porteurs des bons prénoms
mènent une vie difficile parce qu'ils ont semble-t-il une mauvaise
connaissance du sens profond de leurs prénoms - ce sens qui devrait leur
porter la chance ou la réussite sociale. La représentation
sociale que les Congolais se font sur les prénoms qualifiés de
mauvais nous apprend que ces prénoms sont porteurs de mal chance et
perturbe la vie de leur porteur. Du reste ces prénoms ont tendance
à disparaître de nos jours, eu égard au fait qu'ils
exposent au danger les porteurs de ces prénoms. Le prénom forme
un individu, son but se forme déjà pendant les premiers mois de
sa vie car un rôle est déjà joué par le son auquel
l'enfant répond.
Donner un prénom à un enfant n'est pas un fait
qui ne se limite pas seulement au niveau de la famille, mais il peut aussi
s'étendre au niveau des relations que les parents entretiennent dans la
société. Les liens que les parents entretiennent avec certains
individus dans la société ont une grande importance, aussi bien
que les rôles que certains individus occupent les uns par rapport aux
autres.
Certains prénoms choisis par les parents au profit de
leurs enfants révèlent sans doute des situations conflictuelles.
Ce qui frappe surtout c'est la violence qui est vécue au quotidien du
fait de la guerre. En raison de cette violence, les parents géniteurs
établissent entre la guerre civile et eux-mêmes, un lien dont la
responsabilité est le plus souvent attribuée à la guerre
civile.
Toutes difficultés confrontées par les parents,
qu'il s'agisse des difficultés intervenant dans les rapports entre
parents (épouse et mari) ou des critiques formulées à leur
égard. Le prénom que porte un enfant, peut déterminer le
rôle, le statut, la personnalité des parents pendant la guerre
civile.
Les autres prénoms déterminent les
réponses des parents suite à des multiples interrogations, ces
réponses peuvent être plus ou moins clairement perçues
comme des contraintes qui s'exercent sur lui et des motivations personnelles.
Ces interrogations peuvent expliquer avec insatisfaction, avec réticence
ou même contestation selon les circonstances, les situations des
parents.
Un nombre non négligeables des prénoms
expliquent la situation qu'affrontent les parents lors de la naissance de
l'enfant. Cette situation étant souvent liée aux conditions dans
les quelles naît l'enfant le jour de sa venue au monde :
accouchement difficile ou facile, accouchement sans assistance médicale,
etc. Il est bien clair, par exemple que le fait de rester sans argent pendant
beaucoup des jours peut être un fait qui influence explicitement le
prénom que les parents donnent à l'enfant.
La situation des parents est définie par le
prénom de leurs enfants puisqu'il détermine le mode de vie des
parents, voire leur statut social. Il reste le principal facteur capable de
détailler la vie des parents pendant la naissance. MBALA OWONO pense
que : « Le nouveau-né était un ancêtre
véritablement réincarné venu parer à un danger qui
menace la famille, voire ce qui se passe parmi les descendants ou encore
renaître parent tout simplement »23(*).
L'image que les parents se font du prénom peut ou ne
pas être contraire de l'image que les hommes se font de ces
prénoms, la façon dont sont établis et vécus ses
rapports avec d'autres individus. Certains parents en donnant les
prénoms à leurs enfants expliquent une genèse des images
vécues, ses rapports avec d'autres individus dans la
société, d'où l'influence de la crise socio politique sur
les prénoms que nous allons aborder dans notre travail.
II.3. Influence de la crise sociopolitique sur le
prénom
II.3.1. Effet de la crise sociopolitique sur les
prénoms
Les types de prénoms donnés aux enfants pendant
la crise sociopolitique ont connu un véritable succès de la part
des parents géniteurs. Dans le temps, les filles comme les
garçons ont reçu les mêmes prénoms qui ont des
fortes connotations de crise. Il est important de soulever que ces types de
prénoms présentent des différences importantes en les
comparant à ceux des enfants nés avant la crise socio politique.
Ces prénoms donnés aux enfants pendant la crise sont nombreux.
Ces prénoms diffèrent des prénoms aux quels nous
étions habitués avant la crise sociopolitique concernée,
d'où leur caractère des prénoms rares avec leur aspects
particuliers au sein de la société congolaise d'aujourd'hui. Ces
effets qui influencent la vie, le choix des parents pour prénommer leurs
enfants s'expliquent par le contexte marqué par les situations tendues
de la guerre. La plupart des parents ayant vécu la guerre attribuaient
à leurs enfants des prénoms qui expliquaient leurs vécus
de guerre. Plusieurs parents observaient des phénomènes lors de
la guerre et reproduisaient cela en un prénom. Nous pouvons donc
qualifier ce phénomène comme une réalité, un fait
lié à la guerre. Ces réalités ont poussé les
parents à concevoir et à élaborer des multiples
prénoms qui sont peut-être le fruit d'un choix concerté,
entre le père et la mère de l'enfant né pendant cette
période de guerre ; choix répondant à des situations
plus complexe voire plus ou moins dramatiques qu'ils ont vécues, connues
pendant la guerre. Du reste, la plupart de ces prénoms sont
considérés comme nouveaux dans notre pays. Ces nouveaux
prénoms qui viennent d'élargir la liste des prénoms dans
notre pays témoignent d'un grand dynamisme. En effet, loin de
s'arrêter aux enfants nés pendant la guerre, ces prénoms
commencent à être donnés à des enfants nés
durant la période post guerre et ceci de manière continue comme
pour éveiller la conscience des parents qui n'ont pas vécu la
période mais qui souhaiteraient ne pas voir à nouveau le pays
sombré dans une période de guerre à
répétition. Ces prénoms issus des différents
événements malencontreux vécus pendant la guerre
interpellent la société congolaise sur les conséquences
néfastes des guerres. C'est la raison pour laquelle le prénom
"Dieu Merci" donné à un enfant né en période de
paix peut vouloir signifier Dieu merci que cet enfant soit né en
période de paix et que la guerre ne revienne plus. Même si les
anciens prénoms existent encore, ils ne sont plus abondamment
attribués aux nouveaux nés de nos jours. Le choix des
prénoms pendant la crise a occasionné beaucoup plus l'expression
aux parents d'expliquer les faits vécus. D'où la
nécessité d'aborder les enjeux des prénoms liés
à la crise sociopolitiques qui est à l'origine de la guerre de
décembre 1998 à novembre 2000.
II.3.2. Les enjeux des prénoms liés
à la crise sociopolitique
Les prénoms attribués aux enfants nés de
décembre 1998 à novembre 2000 nous autorisent à
entreprendre une analyse sociologique de l'état de la situation
sociopolitique comme vécu par les parents géniteurs. La prise de
conscience de la crise sociopolitique par les parents géniteurs a
donné naissance à des enjeux sur les prénoms donnés
aux enfants nés durant cette période. Les situations de rupture
des stocks alimentaires, des famines, de longues marches à travers les
savanes et les forêts, de manque d'eau potable, de manque d'abris
appropriés et des crises sociopolitiques persistantes sont des facteurs
qui ont influencés l'imaginaire des parents à donner des
prénoms spécifiques rares et nouveaux aux enfants nés
pendant cette guerre civile. La plupart de ces prénoms sont
attribués aux enfants de tout sexe confondu. Les parents
géniteurs contre toute attente accordent une importance capitale
à ces prénoms qui vont leur servir peut-être de souvenir de
différents drames et moments difficiles qu'ils auront vécus,
rencontrés durant la guerre. Ces prénoms présentent les
significations les diverses en terme de difficultés rencontrées
sur le terrain. Ces difficultés ont semble-t-il permis aux parents
géniteurs franchir une nouvelle étape de leurs vies d'errants par
monts évallées, savanes boisées et forêts
épaisses, nouvelles étapes qui les amènent à
concevoir les nouveaux prénoms faisant appel pour la plupart à la
bonté de Dieu en vue de demander à ce dernier de le
protéger des affres de la guerre et en un mot, de les mettre à
l'abri de la mort.
La plupart de ces prénoms attirent l'attention du
chercheur sociologue pour les études concernant le message qu'incarnent,
qu'expriment ces nouveaux prénoms. La plupart de ces prénoms
constituent à notre humble avis une véritable page d'histoire des
faits vécus en spectateurs anxieux et soucieux de leurs vies par les
parents géniteurs durant la guerre civile.
L'étude relative de l'attribution aux nouveaux
nés des prénoms issus de la crise sociopolitique nous offre la
possibilité de bien comprendre le bien fondé de ces
prénoms qui ont parfois un caractère fantaisiste aux yeux du
monde dit civilisé ou des intellectuels formés à
l'école européenne. A titre d'exemple, l'enfant portant le
prénom "Ça - ira" devenu adolescent, pourra être en but
à la moquerie des gens au sein de son école ou de ces groupes de
jeunesses. Les parents géniteurs n'ont pas vu ce dernier aspect du
problème, c'est-à-dire l'aspect concernant la consonance du nom
(nom au consonance harmonieuse), l'élégance du nom, etc. Leurs
préoccupations étaient beaucoup plus d'ordre spirituel, à
savoir : adresser des prières à Dieu, demander à Dieu
de sauver leurs vies, la vie de leurs enfants existants et se trouvant à
leurs côtés et la vie de l'enfant en gestation dans le ventre de
sa mère, c'est-à-dire l'enfant qui va naître et qui va
recevoir un prénom spécifique d'inspiration quasi divine. Ces
genres de prénoms qui ont un rapport avec la crise sociopolitique ont
été donnés à beaucoup d'enfants nés durant
cette période ; les anciens prénoms, c'est-à-dire les
prénoms les plus courants dans la société congolaise
d'avant les différentes guerres civiles qu'a connu notre pays ont
été mis de côté ; les parents géniteurs
n'hésitant pas dans le cadre de l'attribution de ces nouveaux
prénoms de prendre en compte des comportements limités dans le
temps. Entre autre comportement, nous citerons le comportement des miliciens
vis-à-vis des "mabonza" ou droit de péage aux endroits où
les miliciens ont érigé des barricades, comportement des
miliciens vis-à-vis des filles et des mères de familles,
comportement se terminant souvent par des viols en pleine guerre civile.
Notre étude a fait aussi l'objet d'une analyse
comparative sur le message que peut exprimer un prénom. L'analyse des
résultats de notre enquête sur le terrain nous
révèle que les prénoms issus des événements
qu'ont vécus pendant la crise sociopolitique ont pour principal message
l'attachement en Dieu et les difficultés rencontrées par les
parents. Ces prénoms expliquent un message religieux. Cette crise a
poussé les parents géniteurs de s'écarter des
prénoms qui n'expliquent pas les valeurs religieuses parce que ces
prénoms au regard de leur imaginaire exposent l'être humain aux
dangers de la guerre en particulier et de tout danger en général.
Les parents géniteurs les plus optimistes ont fait de ces prénoms
un véritable outil qui leur permet de fixer à jamais dans leur
mémoire la page d'histoire qu'ils ont vécue durant les jours et
les nuits qu'ils ont passées hors de leurs lieux d'habitations
habituelles pendant la crise sociopolitique. C'est aussi un véritable
moyen de pérenniser et d'intérioriser cette histoire en vue de
combattre toute à venir de cette attitude de chrétien qui refuse
la guerre est une marque de reconnaissance de Dieu qui la protège avec
ses enfants et sa femme de la mort durant la guerre. La seule réponse,
le seul engagement qu'il peut honnêtement donner à Dieu c'est de
refuser ou de participer à l'avènement de toute autre guerre et
les prénoms qu'ils ont donné à leurs enfants portent bon
gré mal gré cet engagement vis-à-vis de Dieu qui donne
à ces prénoms la force de Dieu ou mieux sa volonté qui
protège, qui assure la protection des enfants à qui on a
donné ces prénoms qui ont en quelques sortes un caractère
sacré.
Conclusion
De cette étude portant sur l'attribution des
prénoms nouveaux en République du Congo : Cas des enfants
nés au cours de la guerre civile de décembre 1998 à
novembre 2000 déclarés sur les registres de naissance de la
mairie de Makélékélé, nous nous sommes posés
la question suivante : Pourquoi les parents ont-ils attribué
à leurs enfants les prénoms relatifs aux événements
vécus ?
Nous avons retenu comme hypothèse L'attribution du
prénom à un nouveau né n'est jamais un fait au hasard pour
la simple raison parce que les parents tiennent compte d'une
réalité vécue. La guerre dans le présent cas a
influencé la décision des parents d'inventer des nouveaux
prénoms de leurs enfants.
Les parents en attribuant les nouveaux prénoms à
leurs propres enfants impliquaient des modifications qui surgissaient au niveau
du vécu quotidien qui divergeait sur l'ampleur et sur la
caractérisation des mutations.
De façon très classique, ces prénoms
renvoient à une rupture religieuse, culturelle, politique et
économique.
Ces prénoms qui font partie intégrante de notre
personnalité, exercent une influence considérable sur le
comportement, le mode de pensée, la manière de vivre. Ces
prénoms permettent de mesurer la pénétration des nouvelles
valeurs, ils sont comme témoin de la réalité vécue
par les parents géniteurs. Bien qu'ils sont inscrits dans une
période bien définie, ces prénoms éclairent
certains comportements familiaux.
De cette exploration sociologique, nous avons pu saisir le
but, l'objectif des parents voulant par là, reexpliquer leurs situations
en insérant des nouvelles valeurs sur le devenir de leurs enfants. Ces
prénoms bien qu'ils définissent les conditions de leurs parents,
ils sont aussi perçus comme l'unique voie qui permet de retracer les
situations qu'ils ont vécues pendant la guerre civile.
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paix et jonquille : Les prénoms de la révolution en
Loire-inférieure, Nantes, 1993.
Annexe
Différents prénoms attribués aux
enfants nés à partir de décembre 1998 à novembre
2000.
- Gloirmavie
- Justavie
- Sayira
- Sauveur
- Apprécia
- Franche Christmas
- Royale
- Consolés
- Trinités
- Bel-Ange
- J'assume
- Prévoyance
- Sacrifice
- Merci
- Christ
- Charlemagne
- Dur-savit
- Lavie
- Christ Amour
- Admirable
- Généreux
- Dieu le veut
- Dieu bénit
- Guervie
- Sincère
- Christ mérite
- Christ m'aide
- J'adore
- Espoir
- Dieuverra
- Amen
- Christrègne
- Bien
- Obéissant
- Dieuvie
- Consolat
- Rabbie
- Christady
- Concorde
- Tendresse
- Louange
- Mon Désir
- Genèse
- Persévérance
- Dieu a donné
- Dieu veille
- Seigneura
- Messie
- Dieu-me-l'aquie
- Vainqueur
- Privilège
- Beni-sois-tu
- Bienheureuse
- Shaloom
- Bontés
- Jesavais
- Bonheur
- Juge
- Dieu merci
- Christ veille
- Bénidieu
- Mavie
- Donna
- Dieu Grace
- Harmonie
- Saviendra
- Bienfaite
- Exploivie
Fiche de collectes des données
Acte N°
Déclaré le :
Identification
Sexe :
Né le :
Heure :
A :
Prénom (s) :
Situation des parents
Né le :
A :
Nationalité :
Profession :
Niveau d'instruction :
Et de
Née le :
A :
Nationalité :
Profession :
Niveau d'instruction :
Table de matière
Dédicace
3
Remerciements
4
Sommaire
5
Introduction
6
Première Partie: Présentation
générale de l'étude :
Anthroponymie congolaise
13
Section I : Le prénom dans la société
congolaise 14
I. 1. Le nom
15
I.1.1. Attribution du nom de l'enfant par ses géniteurs
15
I.1.2. Le nom en rapport avec la santé
16
I.1.3. Les conséquences désastreuses que
peut engendrer un nom 19
I.2. Description du prénom
20
I.2.1. Les prénoms mixtes
21
I.2.2. Rôle et importance du prénom
22
I.2.3. Nouvelle image du prénom
22
Section II : Modalités de la prénomination
24
II.1. Contraintes socio -culturelles
25
II.1.1. Le calendrier comme référence
25
II.1.2. L'entente comme obligation
26
II.1.3. L'influence des prénoms chrétiens
26
II.1.4. L'influence des rapports de familles sur les nouveaux
prénoms des enfants 27
II.2. Le prénom dans l'imaginaire de la
société congolaise d'aujourd'hui 29
II.2.1. Le prénom vu par les habitants
30
II.2.2. L'incidence du mauvais prénom
31
II.2.3. Le nombre des prénoms
33
Deuxième Partie: Présentation des résultats
de l'enquête -
l'analyse et interprétation des données
35
Section I. Présentation des résultats de
l'enquête
36
I.1. Population d'étude
36
I.2. Données quantitatives sur le rapport des
prénoms
des enfants et les événements connus
40
Section II : Analyse et interprétation des
données
45
II.1. Données qualitatives relatives à la
population d'étude 45
II.2. Données qualitatives relatives au rapport des
prénoms
des enfants sur les événements vécus
52
II.3. Influence de la crise sociopolitique sur le prénom
58
II.3.1. Effet de la crise sociopolitique sur la
prénomination 58
II.3.2. Les enjeux d'une prénomination liée
à la crise sociopolitique 59
Conclusion
62
Bibliographie
69
Annexe
67
Table de matière
70
* 1 Suzan ASCH : L'Eglise
du prophète Kimbangu, Karthala, 1983, P.18.
* 2 Matondo (K.T.), 2006, les
façades des églises annonces, IIIè Colloque de
sociologie sur les églises et la société congolaise
d'aujourd'hui du 08 au 11 février 2006.
* 3 Semaine africaine
n°2190 du jeudi 21 janvier 1999.
* 4 J. C. Kauffman, 2001, Ego,
Pour une sociologie de l'individu, Paris, Karthala, p117.
* 5 Interview accordée
par le maire de l'arrondissement 1 de Brazzaville : La lettre de
Brazzaville, le magazine d'une ville en action, n°005, 2005, P. 20.
* 6 Le PETIT-ROBERT DES NOMS
PROPRES, Dictionnaire illustré : Arts, littératures,
histoire, géographie, sciences, techniques, mythologies, religions,
philosophies, éd. 1998. P. 1850.
* 7 Le Grand robert de la langue
francaise, éd. Dictionnaire Le Robert-Paris 2001, TOME 4. PP.
1945-1949.
* 8 Pascal Makambila, 1976,
Croyances et Pratiques magiques des Kongo - Lari de la République
populaire du Congo: « Kindoki », thèse pour le
doctorat 3ème cycle d'ethnologie, Bordeaux, Université
de Bordeaux II.
* 9 Convention relative aux
droits de l'enfant adoptée par l'assemblée générale
des nations unies le 20 novembre 1989, P. 3.
* 10 NZETE (P.), Le
système d'appellation des personnes au Congo: Tradition et
évolution, revue universitaire n°8.
* 11 A. Retel LAURENTIN et S.
HORVATH : Les noms de naissances, indicateurs de la situation familiale et
sociale en Afrique noire, Selaf, Paris, 1972, P. 18.
* 12 MAKAMBILA (P), 2006,
Séminaire de sociologie des religions, maîtrise, UMNG,
Brazzaville.
* 13 Marie-Claude
FELTES-STRIGLER, 2002, Parlons NAVAJO, l'Harmattan, Paris, PP 74-77.
* 14 Clémentine FAIK
NZUZI-MADIYA : La revue des sciences sociales n°7 (juillet -
septembre 1986), Persistance des noms d'origines étrangères dans
l'anthroponomie luba, P. 107,
* 15 Gilbert Durand :
Structure anthropologique de l'imaginaire : introduction à
l'archétypologie, Paris, Bordas, 1979, P. 11.
* 16 CLAVER P. L'espace en
géographie humaine, le géographe canadien, vol 14, 1970, P.
110.
* 17 J. P. LETHUILLIER :
`'Prénoms et révolution, enquêtes sur le corpus falaisien,
Annales de Normandie, 1989, n°4, P. 413.
* 18 Syinyama -
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* 19 Le Robert, Dictionnaire de
Sociologie, Seuil 1999, P. 184.
* 20 Prosper NGAKEGNI :
Problèmes actuels d'éducation en République populaire du
Congo, P. 10, éditions Bantoues.
* 21 A. R. LAURENTIN : Le
nom de naissance, indicateurs de la situation familiale et sociale en Afrique
noire, Sclaf, Paris 1972, P. 17.
* 22 Clémentine FAIK -
NZUZI - MADIYA : La Revue des sciences sociales n°7 du juillet -
septembre 1986. (Persistance des noms d'origine étrangère dans
l'anthroponymie luba), Consolât Catholique de Lovain, P. 109
* 23 MBALA OWONO :
« L'éducation des Betti » in renaud Santerre et
Cecile Mercier la quête du savoir, essai pour une anthropologie de
l'éducation camerounaise, tremblay, Presses de l'université
Montréal, 1982.
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