PREMIERE PARTIE
LE MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN
Cette partie pose la problématique et la
méthodologie de la recherche. Elle permet aussi de mieux cerner les
particularités physiques et humaines de la localité et ceci dans
l'objectif de saisir les interactions entre ces deux éléments
dont la résultante est la dynamique du milieu.
CHAPITRE I : LA PROBLEMATIQUE ET LA METHODOLOGIE DE
LA RECHERCHE
I. La problématique
Le Burkina Faso, pays sahélien, possède un
potentiel forestier réparti entre deux types de domaines qui sont : le
domaine classé et celui protégé. Selon le rapport national
sur la gestion durable des forests (29- MECV, 2004), celui classé couvre
une superficie estimée à 3.815.000 ha soit 14% du territoire
national. Il comprend des forests classées (880.000 ha), des parcs
nationaux (390.000 ha) et des réserves de faune (2.545.000 ha). Les
forests du domaine protégé constituent l'essentiel des formations
forestières du pays. En 1980, et selon toujours le mrme rapport, leur
superficie était estimée à 11.565.000 ha soit 42% du
territoire national. C'est le domaine réservé aux populations
pour leurs activités de production agro-sylvo-pastorales.
Cependant, une étude menée par le projet BKF en
1993 a révélé que les superficies forestières ont
régressé entre 1983 et 1992, passant de 15.420.000 à
14.160.000 ha, soit 140.000 ha/an (16- IDANI,, 2005). L'Etat burkinabé a
de ce fait, pris des mesures énergiques telles que l'aménagement,
visant à restaurer et à gérer durablement ces ressources.
Pour la FAO, l'aménagement consiste à la planification et
à l'exécution d'actions destinées à garantir la
conservation et l'utilisation d'une forJt tout en tenant compte de
l'environnement physique et socio-économique. Afin de promouvoir le
développement durable, cette institution préconise
l'aménagement et la conservation des ressources naturelles, pour
satisfaire les besoins des générations actuelles et futures. Elle
ajoute aussi, que s'agissant de l'écosystème forestier, il est
indispensable de conserver les terres, les eaux, la végétation et
la faune. Il s'agit également de les valoriser en utilisant des moyens
techniques, économiquement et socialement adéquats et respectueux
de l'environnement (5- BELLEFONTAINE et al, 1997).
L'année 1980 marque le début effectif de
l'aménagement forestier au Burkina Faso. Cela s'est
matérialisé en 1981 par la conception de la politique
d'aménagement des forits classées. En 1985, cette politique a
été suivie par les "trois luttes" : lutte contre la divagation
des animaux, contre les feux de brousse et contre la coupe abusive du bois.
L'application de la lutte contre la coupe anarchique du bois s'est
concrétisée sur le terrain par l'organisation de l'exploitation
forestière.
Les premières activités de gestion participative
ont débuté en 1986 à la faveur du Projet
"Aménagement et Exploitation des Forests Naturelles pour le
Ravitaillement de la Ville de Ouagadougou en bois de feu" (29- MECV, 2004).
Tout cela a évolué jusqu'à l'élaboration en 1996 du
Programme National d'Aménagement des ForJts (PNAF) qui prône
également
l'approche participative dans la gestion forestière. Il
s'est fixé comme objectifs la valorisation des ressources
forestières par une exploitation rationnelle, la réhabilitation
des ressources forestières dégradées et la conservation de
la diversité biologique. Le programme a comme autres objectifs la
création d'emplois et de revenus stables en milieu rural ainsi que la
contribution à l'organisation et à l'exploitation de cet
espace.
L'aménagement des espaces forestiers a longtemps
utilisé une approche cadrée sur la connaissance et la gestion de
l'espace naturel dans ses fonctions biologiques et physiques sans tenir compte
de la composante sociale et économique (5- BELLEFONTAINE, 1997).
Néanmoins, depuis quelques années, la prise en compte des
relations entre les populations et les espaces forestiers est devenue l'une des
préoccupations majeures des aménagistes. Il n'est donc plus
question d'aborder la gestion des forêts sans tenir compte des aspects
socio-économiques. Ainsi, tenir compte de ces relations conduit à
organiser la gestion des ressources entre un milieu et des usages parfois
contradictoires et portés par des acteurs (éleveurs,
agriculteurs, bûcherons, charbonniers) souvent concurrents. Les
préoccupations socio-économiques et les exigences
écologiques pourront donc être conciliées pour garantir la
durabilité du type d'aménagement proposé.
Le processus de décentralisation engagé depuis
les années 1990, accompagnée par l'adoption de textes, de lois et
se traduisant de nos jours par la communalisation intégrale, participe
aussi à cette dynamique. Il s'agit exactement de la Réforme
Agraire et Foncière (RAF), du Code Général des
Collectivités Territoriales, celui Forestier, celui de l'environnement
et du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP).
Plusieurs projets de développement s'inspirent de ces textes et lois
pour la participation et la responsabilisation des communautés locales
à la gestion des ressources de leur terroir.
La question de l'aménagement participatif des forts
doit donc être traitée dans un cadre pluridisciplinaire
intégrant aussi bien les spécialistes des sciences sociales, de
l'élevage que les forestiers. Les actions de ces spécialistes
contribueront à mettre en pratique les quatre étapes
théoriques de l'aménagement relevées par BELLEFONTAINE et
al (5- 1997). Il s'agit dans un premier temps, de connaître et de
décrire l'environnement humain et l'écosystème forestier.
Dans un second temps, il s'agit de définir les objectifs, les outils et
les moyens pour sa réalisation. La troisième étape est la
négociation entre les différents acteurs et la rédaction
d'un plan d'aménagement. La dernière étape est la mise en
oeuvre du plan, son suivi et son contrôle. Cette étude prospective
dans la commune rurale de Matiacoali, n'a bien sûr pas la
prétention d'arriver au bout de toutes ces étapes.
Les travaux de SANOU (33- 1991) dans le terroir de Matiacoali
démontraient déjà qu'il y avait en effet, une
dégradation du couvert végétal due principalement aux
activités anthropiques.
A travers cette étude, il est question d'apporter une
contribution à la proposition de solutions pour une gestion durable des
ressources végétales dans cette commune rurale. Mais avant toute
intervention, il est indispensable d'avoir une vision claire des conditions
biophysiques et socioéconomiques, ainsi que des enjeux qu'il faudra
prendre en compte dans toute proposition de gestion. C'est dans ce contexte que
l'étude permettra de connaître l'environnement humain,
l'écosystème forestier et d'identifier les enjeux à
prendre en considération. Le diagnostic de l'environnement humain
permettra de faire ressortir les usages traditionnels réservés
aux ressources de l'écosystème forestier (élevage,
exploitation de bois énergie et autres produits forestiers, chasse,
etc.). Quant à celui de l'écosystème forestier, elle
permettra une description de l'espace forestier à travers les facteurs
physiques, biologiques et écologiques.
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