I.2. La participation effective des populations à la
gestion
Les projections qui sont faites aussi bien sur le plan
économique, environnemental, politique et institutionnel sur les moteurs
de changement dans le secteur forestier au Burkina Faso à l'horizon
2020, montrent que rien n'est envisageable si les populations dans leur
ensemble ne sont pas dans les conditions de suivre ces évolutions et en
intégrer les acquis (24- KIMSE, 2001). Cela confirme que les populations
qui sont les acteurs de la dynamique environnementale doivent ~tre au centre de
toutes les actions. Dans le cadre d'un aménagement effectif de la
forêt, elles doivent donc être formées et encadrées
sur les techniques d'aménagement, d'exploitation et de gestion. Elles
doivent être capables de gérer les organisations paysannes
qu'elles mettront en place, d'analyser les contraintes inhérentes
à la gestion et d'y trouver des solutions adéquates. Elles
doivent ~tre capables de s'auto évaluer dans la conduite des
activités, de mobiliser et d'administrer les ressources
financières et matérielles nécessaires à la gestion
forestière.
De plus, la prise en compte du genre devrait être une
nécessité et le grand nombre de femmes qui pratiquent les
activités de cueillette et de transformation des produits forestiers
l'exige encore plus. Ainsi, les femmes et les jeunes devront ~tre
représentés au sein des groupements villageois de gestion
forestière (GGF) et surtout être impliqués dans les prises
de décision.
En outre, le processus d'aménagement doit intégrer
toutes les ethnies et les religions en présence. Il doit exploiter la
quiétude sociale pour agir et intéresser tout le monde.
En somme, l'appropriation par les populations du schéma
directeur d'aménagement et de gestion de la future forit qui va ~tre mis
en place, est l'enjeu majeur à prendre en compte. Cela leur permettra
d'administrer efficacement l'utilisation des ressources sous la supervision des
services techniques. Le schéma directeur devrait intégrer la
satisfaction des besoins des populations en produits forestiers et en
ressources financières.
I.3. La satisfaction des besoins des populations en
produits et en ressources financières
La satisfaction des besoins des populations doit ~tre au coeur de
la démarche. Plus les efforts seront fais pour la satisfaction de leurs
besoins, plus les populations seront mobilisées.
Leurs besoins se résument au bois, aux produits de la
cueillette et de la pharmacopée, aux produits de la chasse, de la
pêche, aux ressources financières et à la
disponibilité en pâturage.
La majeure partie de l'énergie dans la localité
provient du bois et dans une moindre mesure des résidus agricoles.
Actuellement, ces besoins sont satisfaits grâce à une exploitation
sans contrôle des ligneux. Pour la durabilité du système
d'aménagement qui sera mis en place, la satisfaction des besoins des
populations en bois de feu et de service, doit être un objectif à
intégrer. La valorisation du bois se fera par le ramassage et la
commercialisation du bois mort et dans une moindre mesure du bois de service.
L'exploitation du bois vert selon le Guide Méthodologique
d'Aménagement des ForJts qui autorise l'exploitation des zones ayant
plus de 200 arbres/ha, permettra aussi de satisfaire ces besoins. Le potentiel
en bois commercialisable doit être aussi considéré car,
61,68 % des individus appartiennent à cette fonction. Cependant, les
espèces protégées ou rares devront ~tre
épargnées par l'exploitation. Il en est de mrme pour celles se
trouvant dans les milieux fragiles (termitières, berges, fortes pentes,
etc.) et celles semencières (Dhp > 25 cm) dont la proportion selon
l'inventaire, est de 27,92 %. L'exploitation du bois devrait concernée
prioritairement les individus malades. Elle doit également varier les
espèces, pour ne pas aboutir à une extermination de
Vitellaria paradoxa, Detarium microcarpum, Anogeissus leiocarpus dont
60,37 %, 63,63 % et 47,19 % appartiennent respectivement à la classe de
bois commercialisable et qui sont prisées que ce soit sur le plan local
que national.
Des espèces végétales présentes
dans la zone d'étude, près de 9 rentrent dans la consommation,
près de 6 dans le commerce et près de 10 dans la
pharmacopée. Parmi ces espèces qui ont une valeur
socio-économique, 11 se retrouvent dans des proportions
différentes dans la future forJt. Il s'agit de Vitellaria paradoxa
(8,03 %), Tamarindus indica (0,76 %), Andansonia digitata (0,20 %), Lannea
microcarpa (1,16 %), Diospyros mespiliformis (0,25 %), Detarium microcarpum
(1,16 %), Balanites aegyptiaca (2,03 %), Anogeissus leiocarpus (9,15 %),
Combretum nigricans (26,69 %), Pterocarpus erinaceus (1,83 %), et
d'Acacia gourmaensis (3,86 %). Il y a d'autres espèces comme
Vitex doniana, Acacia nilotica, Ziziphus mauritiana, Parkia
biglobosa qui sont utilisées par les populations mais, absentes de
la forêt. L'aménagement doit intégrer dans ses objectifs
la satisfaction de ces besoins, l'amélioration de la
productivité et la valorisation des produits de toutes ces
espèces présentes dans la forêt. Aussi, le plan doit
veiller à l'introduction de celles qu'on juge intéressantes et
leur valorisation à travers une organisation des exploitants en
groupements selon les filières. Il s'agit des espèces telles que
: Adansonia digitata, Afzelia africana, Balanites aegyptiaca, Vitellaria
paradoxa, Detarium microcarpum, Vitex doniana, Parkia biglobosa, Tamarindus
india, Lannea microcarpa,
Diospyros mespiliformis, Ziziphus mauritiana, Acacia
senegal, Acacia seyal, Sterculia setigera, Ximenia americana, Sclerocarya
birrea et de Boscia senegalensis.
Le plan d'aménagement de la future forJt doit tenir
également compte de la valorisation de la chasse, la prche et de
l'apiculture qui sont pratiquées respectivement dans 8,57 %, 5,71 % et
dans 34 % des concessions enquêtées.
Pour ce qui est de la chasse, il s'agira d'améliorer
les potentialités en avifaune, en petit gibier et de les valoriser par
la petite chasse et par le tourisme de vision. L'introduction de
l'élevage des animaux tels que les aulas codes et les francolins, est
aussi envisageable. Cela sera une source de revenus pour les populations
surtout la frange vulnérable (les femmes et les jeunes).
La valorisation de l'apiculture devrait se faire à
travers l'organisation des apiculteurs en groupement, l'introduction de
nouvelles techniques et la recherche de débouchés pour
l'écoulement des produits.
La zone d'étude ne dispose pas d'une zone
aménagée spécialement pour l'élevage qui est
pratiqué d'une manière extensive. De mrme, il n'y a pas une
retenue d'eau permanente pour l'abreuvage des animaux. Avec l'augmentation
prévisible des troupeaux, une évaluation rigoureuse de la
capacité de charge de la forêt doit être faite. Elle
permettra de prévoir une zone pastorale dans le plan
d'aménagement et des activités telles que le fauchage et la
conservation du foin pour les périodes critiques. Le plan devra aussi
prévoir l'amélioration de la productivité des ligneux
fourrageurs comme Acacia seyal, Pterocarpus erinaceus et Afzelia
africana. Les conflits entre agriculteurs et éleveur liés
aux actions dévastatrices des animaux sur les cultures pourront, du
même coup, être résolus grace à la
détermination des parcours.
La valorisation de la faune, de la prche, de l'apiculture
(rentable de l'avis des producteurs locaux, mais pratiquée d'une
manière artisanale) et des paturages sera très efficiente si une
retenue d'eau permanente était construite. Cela est possible car la
forêt est traversée par la Tapoa qui, bien qu'étant un
cours d'eau temporaire, offre des potentialités en matière de
pêche et d'apiculture (Cf. carte 8).
Carte 8 : Potentialité hydrographique dans la zone
d'étude
La durabilité du système d'aménagement
qui sera appliqué dépendra, en grande partie, de sa
capacité à générer des dividendes afin de
répondre aux attentes des populations. L'exploitation du bois et des
produits forestiers non ligneux (PFNL) devrait permettre d'avoir des recettes
assez significatives pour financer les activités de gestion ainsi que
pour améliorer les conditions de vie des populations. A ce titre, il
ressort de l'enqu~te que pour l'amélioration de leurs conditions de vie,
les populations souhaitent la construction de retenues d'eau,
d'écoles, de centres de santé et de promotion sociale (CSPS), de
forages et des puits à grand diamètre. Elles souhaitent aussi un
appui en matériel agricole, en produits pharmaceutiques et en
énergie électrique.
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