Paragraphe2 : ciblage de la problématique
I. Problématique de l'étude
Depuis plusieurs décennies, le Bénin, à
l'instar de tous les pays en voie de développement, a fait l'objet
d'investissements massifs de la part des gouvernements, des ONG, des
organismes, des agences et institutions des bailleurs de fonds. Leurs
stratégies entrent dans le cadre global de la lutte contre la
pauvreté. Les investissements ont porté sur les financements des
programmes et des projets à caractère social, oeuvrant pour
pallier les conséquences des catastrophes naturelles, régler les
urgences humanitaires, gérer les conflits dans les pays en
développement et appuyer les économies en transition.
Ces investissements se sont soldés pour la plupart
d'entre eux par des échecs ou à des résultats non
satisfaisants, et plusieurs raisons se prêtent à l'explication de
ces faits.
Parmi ces raisons nous pouvons citer :
ü L'inadaptation des méthodes d'approche souvent
mises en place par des experts internationaux ne cernant pas forcement tous les
aspects socioculturels du milieu africain ;
ü Les contenus des programmes sont exécutés
de façon très générale ne tenant pas compte des
spécificités socioéconomiques ni du milieu naturel au
niveau local ;
ü La participation et la question du genre sont largement
abordées dans la partie « Conception » mais survolées
pendant « l'exécution » ;
ü Les systèmes de suivi-évaluation sont
souvent défaillants à cause de l'inadaptation des choix des
indicateurs au cours de la conception du projet.
Tous ces handicaps communs aux pays en voie de
développement, contribuent à alourdir leurs dettes et par
conséquent demeurent préjudiciables au bon déroulement des
actions futures puisque les procédures de financement se veulent de plus
en plus exigeantes.
A notre sens, il parait évident que les raisons qui
justifient la faible performance des projets de développement se situent
dans l'analyse des trois niveaux de gestion: `' la Planification, le Suivi et
l'Evaluation''. Cette position peut donc être déclinée en
plusieurs questionnements :
- Existe-t-il une représentation équitable des
différentes parties prenantes du projet par le biais de la
participation?
- Le projet aborde-t-il les problèmes réels du
groupe cible ?
- La Gestion du Projet est-elle efficace ?
- Les bénéficiaires sont-ils clairement
identifiés par genre ou groupe socio-économique ?
- Les parties impliquées respectent-ils leur
engagement ?
- Existe-t-il une Bonne et prudente planification ?
- Existe-t-il une compatibilité entre les
procédures et lois nationales et les procédures des bailleurs de
fonds ?
- L'Equipe de gestion est-elle compétente et
motivée ?
- Etc.
C'est dans ce courant de questionnement que notre étude
intitulée «Analyse de la performance d'un Projet de
développement à financement bilatéral : cas du Projet
de Développement du Secteur de l'artisanat au
Bénin » s'inscrit pour apporter un
éclairage sur les outils et les approches de gestion afin de contribuer
dans une perspective évolutive, à l'amélioration des
méthodes de gestion dans le domaine du développement. Pour ce
faire, nous nous proposons d'investir un secteur qui revêt d'une grande
importance économique au Bénin et qui a connu la mise en oeuvre
de nombreux projets à financement bilatéral ou
multilatéral. Il s'agit du secteur de l'artisanat.
Le secteur de l'artisanat
revêt d'une grande importance économique au Bénin car
contribuant à hauteur de 5% à la formation du PIB selon
l'étude sur la relance du secteur privé au Bénin
réalisé en 1994. De ce fait, l'artisanat occupe la
troisième place après l'agriculture et le commerce malgré
son caractère informel.
Conscient de son importance, l'Etat béninois, à
travers le document de Politique Nationale de Développement de
l'Artisanat au Bénin (PNDA - page 11), a
clairement énoncé sa vision pour ce secteur : « Un
secteur bien organisé, à l'horizon 2025, où opèrent
des entreprises artisanales compétitives, contribuant notablement, par
la valorisation du patrimoine national, à la prospérité de
l'économie nationale et au bien être social de l'artisan et du
Béninois, dans un pays uni et de paix. ». Pour la
réalisation de cette vision, les contraintes à lever ont
été aussi énumérées à la page 17 du
document cité ci-dessus. Elles sont les suivantes :
- Difficulté d'accès des artisans au
crédit ;
- Insuffisance et/ou inadéquation de la
formation ;
- Difficulté de commercialisation ;
- Insuffisance des capacités d'appui à
l'artisanat... (l'artisanat devrait contribuer à améliorer la
balance commerciale) ;
- Faible niveau de conservation du patrimoine
culturel ;
- Non maîtrise des technologies
appropriées ;
- etc.
En vue de contribuer à relever tous ces défis,
le Projet de développement du Secteur de l'Artisanat au Bénin
(PDSAB) a été officiellement mis en oeuvre le 13 février
2008 pour contribuer à la promotion et au développement du
secteur de l'artisanat à travers l'appui à l'organisation du
secteur de l'artisanat, le renforcement des capacités des
artisans ainsi que l'amélioration de l'offre des services
financiers adaptés aux besoins desdits artisans.
L'objectif général du projet est de contribuer
à l'amélioration du niveau de vie des artisans à travers
l'accroissement de leurs revenus, l'amélioration de leurs connaissances
techniques, la modernisation des ateliers et le regroupement des artisans au
sein des chambres de métiers.
Au Bénin comme partout dans le monde, les Etats
s'investissent dans la mobilisation des ressources financières pour
financer leur développement. Ces efforts se matérialisent par des
dons, ou la signature d'accords de prêt avec des institutions
financières internationales.
C'est dans cette dynamique que le Bénin a obtenu de la
Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) le 30 mars 2007 un
prêt pour le financement partiel du Projet de Développement du
Secteur de l'Artisanat au Bénin (PDSAB).
Pour conduire la mise en oeuvre opérationnelle des
objectifs du Projet, une Unité de Gestion légère est mise
en place pour en assurer la coordination et la gestion
Après trois (03) années de mise en oeuvre du
Projet, un regard rétrospectif sur l'exécution des Plans d'action
nous interpelle afin de faire un bilan à mi-parcours pour
améliorer les prestations du projet.
Le Projet de Développement du Secteur de l'Artisanat au
Bénin (PDSAB), nous offre un champ d'investigation et un cadre d'analyse
propice.
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