INTRODUCTION GENERALE
1
Les cours mondiaux du coton ont atteint un niveau record de 90
cents la livre durant la campagne 1994/1995. Mais depuis cette dernière
ils sont durablement orientés à la baisse. Pour les pays
émergents et en développement, cette chute prolongée des
cours du coton est en grande partie liée aux aides
généreuses accordées par les Etats-Unis (USE) et l'Union
européenne (UE) à leurs producteurs. En effet, les USA,
deuxième producteur et premier exportateur de coton au monde, occupent
une place centrale sur le marché international. Les Etats-Unis sont
également le premier pays pour le volume d'aide accordé à
ses producteurs de coton avec 4,18 milliards de dollars en 2007/08. Les USA
s'étaient engagés, à l'issue des négociations de
l'Uruguay Round, à réduire leurs subventions de 20%. Cependant,
avec un réarrangement des mesures de soutien, ils ont réussi
à maintenir un niveau élevé de subvention depuis 2002.
L'Union européenne réalise moins de 3% de la production et des
échanges mondiaux de coton. Toutefois, avec environ un milliard de
dollar de subvention, elle est la première entité pour le montant
de l'aide par kilogramme de coton produit. Vu l'incertitude entourant les
données chinoises, les USA et l'Union européenne UE sont
considérés comme les principaux responsables de la baisse
tendancielle des cours du coton observée ces dernières
années.
C'est dans cette lancé, qu'en mars 2003, le
Brésil porte plainte contre les subventions accordées par les
Etats-Unis à leurs producteurs de coton devant l'Organe de
règlement des différends de l'Organisation Mondiale du Commerce
(OMC), différend à laquelle le Benin et le Tchad décident
de se porter tierce partie. Ces deux pays africains sont rejoints par le Mali
et le Burkina Faso1 sur une initiative diplomatique. Ainsi, le 30
Avril 2003, ces quatre pays d'Afrique sub-saharienne (le Bénin, le
Burkina Faso, le Mali et le Tchad) ont déposé au comité de
l'agriculture de l'OMC un document intitulé « Réduction de
la Pauvreté : initiative sectorielle en faveur du coton ». Faisant
suite à la grave crise traversée par leur secteur cotonnier en
2001 - 2002, cette « Initiative sectorielle en faveur du coton »
avait pour objet d'attirer l'attention des Etats membres de l'OMC sur les
distorsions du marché international provoquées par les
subventions des pays développés. Elle avait aussi comme but
d'inscrire le dossier coton en priorité à la Conférence
ministérielle de Cancun de 2003. L'initiative a eu un large écho
dans la communauté internationale.
1 Formant ce qu'on a depuis appelé le « C4
~
Elle a notamment été confortée par les
organisations non gouvernementales qui l'ont largement reprise à leur
compte. Elle est originale pour deux raisons :
D'une part parce qu'il s'agit d'une initiative de quatre
petits pays africains qui introduisent dans l'agenda de la négociation
commerciale multilatérale une discussion sur un problème urgent
les concernant directement.
Et d'autre part parce qu'ils ne demandent pas dans leur
initiative une aide au développement supplémentaire ou un
traitement spécial et différencié mais tout simplement
l'application des règles de base du système commercial
international avec la suppression des subventions qui provoquent des
distorsions sur les prix.
Sur le plan des principes, il est difficile pour les USA et
l'UE, principaux pays pourvoyeurs de subventions, de contester la
légitimité de la démarche des pays africains, a fortiori
lorsqu'il s'agit d'un différend aussi symbolique opposant quatre pays
moins avancés (PMA) parmi les plus pauvres du monde aux deux
superpuissances commerciales.
Pourtant, c'est une fin de non recevoir qui a
été donnée à l'initiative sectorielle en faveur du
coton à Cancún et le dossier a sans doute participé
à l'échec global de la Ministérielle.
Alors que les membres de l'OMC s'efforçaient à
relancer la négociation commerciale internationale2, on peut
se demander qu'elles sont les chances de l'initiative sectorielle sur le coton
d'aboutir.
La faible et récente remontée des cours mondiaux
a quelque peu affaibli la position des pays africains qui justifient leur
proposition par l'urgence de la situation et l'impact sur la pauvreté de
la distorsion des prix.
Pour autant cette embellie conjoncturelle n'enlève rien
à l'existence de dispositifs de soutien qui lors d'une nouvelle crise
aboutiraient aux mémes conséquences qu'en 2001- 2002 à
savoir des subventions record, une surproduction et un effondrement des prix
pénalisant les producteurs africains de coton tel que ceux du Burkina
Faso (qui exportent l'essentiel de leur production et n'ont pas les
mémes soutiens en cas de chute des prix).
2 Conférence de décembre 2005 par
exemple
3
Pour le Burkina la question des subventions au coton est
capitale dans la mesure où le coton représente environ 30
à 40% de ses revenus à l'exportation et sa contribution au PIB va
de 5 à 10%. Le problème est d'autant plus important que les cours
du coton aujourd'hui sont très faibles.
La réalité ainsi décrite justifie
l'intérêt pour le dossier sur les subventions et la
nécessité de réfléchir sur les effets réels
de ces subventions sur le marché mondial du coton,
particulièrement sur les exportations de coton du Burkina Faso. C'est
donc dans ce registre que s'inscrit la présente recherche.
Ainsi notre recherche se fixe comme objectif
général, d'analyser les distorsions sur le marché mondial
du coton causées par les aides à la production de coton des Etats
Unis et de l'Union Européenne.
Il s'agit spécifiquement :
D'analyser les impacts des aides sur les exportations de coton du
Burkina ; D'apprécier les effets des aides sur le prix mondial du
coton;
De déterminer le poids des aides sur la production de
coton du Burkina ;
Dans le but d'atteindre ces objectifs, nous posons les
hypothèses de recherche suivantes :
Hypothèse 1 : Les subventions américaines et
européennes impactent négativement sur les exportations de coton
du Burkina.
Hypothèse 2 : L'impact des subventions américaines
est plus important que l'impact des subventions européennes sur les
exportations de coton du Burkina.
Hypothèse 3 : Les subventions américaines et
européennes influence négativement le prix mondial du coton.
Ainsi, notre recherche va s'étaler en trois chapitres.
Il s'agira dans un premier chapitre, d'analyser la
problématique du coton au Burkina en montrant son importance dans le
pays et en mettant en oeuvre les différentes mesures de soutien aux USA
et dans L'UE.
Il consistera dans un second chapitre, d'effectuer une revue
des études disponibles dans la littérature afin d'avoir un
aperçue sur ce qui a était fait sur le plan théorique et
empirique.
Il s'agira enfin, dans un troisième et dernier
chapitre, d'effectuer une analyse économétrique de l'impact des
subventions américaines et européennes sur le
marchémondial du coton, et de voir leurs effets sur les
exportations du Burkina Faso. Pour cela, nous faisons appel à la
modélisation vectorielle autorégressive (VAR).
Chapitre1 : LA PROBLEMATIQUE DU COTON AU BURKINA
FASO
5
Introduction
Le Burkina Faso est l'un des gros exportateurs de coton des
pays de la zone CFA. En effet le Burkina est le premier pays africain
exportateur de coton avec 212 000 tonnes exporté en
2004/20053. Ainsi dans ce pays, deux des onze millions d'habitants
vivent directement de la culture du coton pour leur subsistance, tandis que
cinq millions en dépendent indirectement. De plus continuer à
cultiver le coton dans ce pays, équivaut ainsi à augmenter les
productions céréalières. Le coton a beaucoup
contribué à l'amélioration des conditions de vie de ces
populations.
Cependant le Burkina tout comme les autres pays de l'AOC
producteur de coton, fait face à d'importantes subventions
accordées par les pays industrialisés à leurs producteurs
de coton. En effet, les pays riches à savoir les Etats-Unis et l'Union
Européenne, deux superpuissances subventionnent le coton qui fait
l'objet de transactions internationales et qui constitue une culture
d'exportation, sinon la principale culture d'exportation du Burkina Faso.
Ce dernier a un avantage comparatif dans la production de
coton, avec des coûts, qui environnent 30 cents par livre contre le
double aux Etats-Unis.
Par contre, les subventions ont pour vocation de
réduire les coûts de production des producteurs des pays
aisés et par ricochet de fausser les calculs de l'avantage commercial
dont profitaient les producteurs burkinabais. De ce fait, les USA et l'UE ont
chacun mis en place un système d'aide différent.
Ainsi nous nous intéresserons dans un premier lieu aux
impacts socioéconomiques du coton au Burkina et nous essayerons
d'analyser l'évolution des exportations de coton du Burkina Faso.
Dans un second et dernier lieu, nous mettrons en oeuvre les
politiques de soutien à la filière coton aux Etats Unis et en
Union Européenne.
3 Source NCC
Section1 : Contribution socio-économique du coton
au Burkina Faso
La filière coton représente un enjeu
économique et financier considérable pour le Burkina Faso. Elle
entraine des effets positifs au plan socioéconomique qui sont
indispensables pour un pays en développement comme le Burkina. Cependant
avec une production destinée à plus 97 % aux exportations, il en
résulte une dépendance assez forte de la filière aux
évolutions du prix mondial.
Ainsi nous présenterons dans un premier temps les
contributions socioéconomiques du coton au Burkina et en second et
dernier lieu nous nous intéresserons aux évolutions des
exportations de coton du pays.
1) Contributions socioéconomiques du coton au
Burkina
Nous montrerons d'abord la contribution sociale du coton au
Burkina avant d'analyser la place du coton dans l'économie
burkinabé.
1.1 Contributions sociales du coton au Burkina
Le Burkina Faso comme la plupart des pays africains, est
confronté à un niveau élevé de pauvreté qui
handicape son développement socioéconomique. La pauvreté
est multidimensionnelle et très complexe et poussé la population
particulièrement celle du monde rural à émigrer vers
d'autre pays. Cependant la production du coton a permit de freiner l'exode
rural et de faire baisser l'incidence de pauvreté chez les
cotonculteurs.
1.1.1 Un frein contre l'exode rural
Ainsi, avant la grande vulgarisation de la culture du coton au
Burkina Faso, les jeunes avaient surtout une tendance à émigrer
vers certains pays africains comme le Sénégal ou allaient en
Europe, mais pour ceux qui restaient en Afrique la destination
privilégiée était la Côte d'Ivoire. Dans ce pays,
ceux qui avaient une qualification professionnelle étaient
employés comme ouvriers tandis que la grande masse devait servir dans
les plantations ou s'adonner au commerce ambulant. La culture du coton les a
fait rester dans leur village respectif, car elle leur permet désormais
de gagner leur vie, chez eux.
Cette culture du coton est donc un moyen très
approprié pour freiner l'exode, et dès lors il n'est point
étonnant qu'au méme moment où le Burkina Faso atteint des
productions record sur le coton, les productions
céréalières plafonnent. Cela veut dire que les bras
valides sont restés pour cultiver et il n'y a plus de problèmes
de maind'oeuvre.
1.1.2 Un vecteur de la lutte contre la
pauvreté
En 1994, 44,5% de la population vivait en dessous du seuil de
pauvreté estimé à 41.099 F C.F.A. En 1998, ce seuil
passait à 72.690 F C.F.A et la population en deçà
s'élevait à 45,3% soit une légère hausse de deux
points. La pauvreté connaît une progression à tous les
niveaux sociaux. Mais elle est beaucoup plus accentuée dans les zones
rurales. En effet, les ruraux contribuent pour 93 % à 96 % à
l'incidence de la pauvreté au Burkina Faso. Ce qui fait des campagnes
(villages), les points focaux de lutte contre la pauvreté. Et ce,
à travers l'augmentation des revenus des paysans.
Ainsi, une étude statistique du centre d'analyse des
politiques économiques et sociales (C.A.P.E.S) a montré que
l'incidence de la pauvreté chez les cotonculteurs a décru entre
1994 et 1998, passant ainsi de 50,1% à 42,4%, soit une baisse de
près de huit (8) points. En outre, dans les zones non cotonnières
l'incidence a augmenté de 2% pendant la même période
(1994-1998).
Continuer à cultiver le coton dans ce pays
équivaut ainsi à augmenter les productions
céréalières. Le coton a beaucoup contribué à
l'amélioration des conditions de vie de ces populations. Dans la plupart
des villages producteurs, ce sont des maisons en dur au toit
hérissé d'antennes et de paraboles que l'étranger remarque
d'abord, des écoles et dispensaires, des enfants bien nourris allant
à l'école, au lieu des habituels toits de chaume sur des
bâtisses en banco à proximité desquels rôdent des
enfants squelettiques, parce que pauvres et mal nourris.
Le coton est créateur de richesse et les producteurs de
coton sont considérés comme des paysans riches. De plus, le coton
permet une diversification des sources de revenus à travers des ventes
de plus en plus importantes de céréales notamment. Les modes
d'utilisation des revenus du coton mettent en évidence la contribution
de la filière à l'amélioration des conditions de vie des
producteurs.
8
C'est ainsi que 31% sont affectés aux dépenses
agricoles, 41% à la construction de maison et à l'acquisition de
biens (moteurs, vélo, radio, meubles), 15% aux dépenses sociales
(mariages, funérailles, etc.), 9% à l'alimentation et aux soins
(médicaments, nourriture etc.), et 4% à d'autres
dépenses.
Par ailleurs, le coton est un élément dans
l'assolement4 des cultures qui permet, venant
généralement en tête de rotation et accompagné d'un
package phytotechnique (engrais, insecticides, herbicides, préparation
du sol, ...), d'avoir un arrière effet positif sur le rendement des
cultures vivrières qui suivent, en particulier les
céréales. Enfin, la pratique de la culture du coton se traduit
non seulement par un effet rendement positif sur les céréales
mais également par un accroissement des superficies consacrées
aux céréales et autres cultures vivrières.
Cependant, si la situation mondiale actuelle sur le coton
perdure, tous ces effets positifs seront rayés. Selon un paysan
burkinabé, le paradoxe vient du fait que ce sont les mêmes
personnes représentant les mêmes institutions qui conseillent
à nos gouvernements d'élaborer des programmes de réduction
de la pauvreté qui sont les premières responsables de nos maux,
car dans le même temps, des mesures sont prises pour nous
appauvrir5.
1.2 Place du coton dans l'économie du Burkina
La production du coton occupe une place importante dans le
tissu économique burkinabé, avec plus de 60 % de la main d'oeuvre
agricole du pays. Mais avant d'aborder l'impact macroéconomique de la
production du coton, il serrait important de dresser le profil de
l'économie burkinabé.
1.2.1 Profil de l'économie
burkinabé
La faiblesse de l'indice de développement humain (IDH)
estimé à 0,305, fait du Burkina Faso un pays pauvre,
classé 161e sur 169 Etats, selon le dernier rapport du
PNUD6.
4 Il représente 30 à 40% de la
superficie de l'assolement
5 Oxfam, 2003
6 Effectuer en 2010
Le pays ne dispose que de faibles ressources et sa croissance
est fortement dépendante de l'agriculture et de l'élevage, des
revenus des travailleurs émigrés et de l'aide extérieure,
laquelle représente plus de 80 % du PIB en investissements publics.
Depuis l'avènement du Programme d'ajustement structurel
(PAS) en 1991, le Burkina Faso a renoué avec la croissance
économique. Le taux de croissance a été de 3,20% en 2010
et les prévisions pour l'année 2011 stipulent une croissance de
plus de 5 %. Selon l'EP III7, 46,4 % des Burkinabè vivent
en-dessous du seuil de pauvreté, estimé à 82 672 francs
CFA (125,8 euros) par adulte et par an.
Le secteur agricole burkinabè contribue pour
près d'un tiers au PIB, assure 80 % des exportations totales et emploie
environ 86 % de la population active. Ce secteur souffre, cependant, de
contraintes géoclimatiques importantes : aléas
pluviométriques doublés de fortes variations saisonnières,
pauvreté des sols, rareté des ressources naturelles.
On considère généralement que 30 % des
terres sont cultivables - dix millions d'hectares - mais qu'un 1/3 seulement
d'entre elles sont exploitées. L'agriculture, presque exclusivement
extensive, se pratique essentiellement dans les 600 000 exploitations
familiales du pays. Au total, l'agriculture et l'élevage occupent 90 %
de la population active et contribuent pour plus d'un 1/3 à la formation
du produit intérieur brut.
1.2.2 Impact macro économique
Le coton a une influence positive sur les principaux
indicateurs macro-économiques du Burkina Faso.
La part du coton dans le PIB est passée de 2% au
début des années 90 à 4,3% en 1998/99. Avec la crise
financière de la filière elle se situerait autour de 3% en 2005 -
2006 malgré une production record de 712 000 t de coton graine.
En termes de contribution à la croissance du PIB, la
part du coton est bien plus importante à travers la hausse des revenus
des acteurs induisant des effets indirects sur l'économie en stimulant
la demande intérieure.
7Enquête prioritaire numéro 3
effectuée en 2003
10
1.2.2.1 Impact sur les revenus des producteurs
Au Burkina Faso, des enquêtes sur le revenu des
ménages (Institut de l'Environnement et de Recherche Agricole (INERA),
2005) ont montré que le coton s'affiche comme la première source
de revenu et représente en moyenne 65% des revenus des ménages
cotonculteurs. Surtout, le coton apporte un revenu sécurisé. Il
est donc créateur de richesse et les producteurs de coton sont
considérés comme faisant partie des paysans les plus riches. Par
ailleurs, le coton est à l'origine d'une diversification des sources de
revenu à travers des ventes de plus en plus importantes de
céréales ou de sésame. Le système coton constitue
donc un puissant moteur de monétarisation des ménages ouvrant
l'accès à l'investissement.
1.2.2.2 L'effet du coton sur le développement
agricole et rural
Le coton génère des effets très
diversifiés tant dans le domaine du développement agricole que
dans le domaine du développement rural.
Pour s'en tenir aux principaux effets, le coton a largement
contribué à moderniser les pratiques agricoles au point que l'on
ait pu parler de révolution agricole8.
Il est à l'origine du développement de la
culture attelée et du développement de l'utilisation des intrants
modernes lesquels sont également utilisés sur d'autres
spéculations et notamment sur les cultures vivrières. Sur ces
points, il existe une forte corrélation entre le développement de
la culture cotonnière et le développement de la production de
céréales et particulièrement du maïs (arrière
effet du coton).
Plus récemment, le coton a suscité de nouvelles
approches en matière d'appui et de conseil aux producteurs comme le
conseil de gestion ou encore le conseil à l`exploitation familiale.
Le coton a ouvert la voie au crédit et beaucoup
contribué au développement de la micro-finance en milieu rural.
En effet, de par ses caractéristiques propres (prix fixé à
l'avance, garantie d'achat) le coton constitue une garantie à nulle
autre pareille qui, de ce fait, reste encore actuellement le principal support
du crédit dans les zones concernées.
8 Importance économique et sociale du coton en
Afrique de l'Ouest Rôle du coton dans le développement, le
Commerce et les moyens d'existence, Secrétariat du Club du Sahel et de
l'Afrique de l'Ouest / OCDE 2005
12
A cet égard, il faut rappeler que c'est encore le coton
qui permet aux producteurs d'accéder au crédit pour les intrants
vivriers.
Le désengagement de la Société
burkinabé des Fibres Textiles (SOFITEX) d'un certain nombre
d'activités, comme la mise en place des intrants, la gestion du
crédit intrant ou des marchés de coton a conduit à la
création des organisations de producteurs, puis à un vaste
mouvement de professionnalisation des dites organisations avec la constitution
de l'UNPC-B. Le mouvement de structuration des producteurs a permis à
ces derniers de prendre une part plus active dans la définition de la
politique de développement rural et agricole et aussi d'intervenir dans
les débats internationaux comme à l'Organisation mondial du
Commerce (OMC). C'est également au coton que l'on doit
l'émergence de la gestion interprofessionnelle, laquelle est aujourd'hui
mise en oeuvre dans d'autres filières végétales ou
animales.
Le coton a entraîné dans son sillage, le
développement des infrastructures routières notamment des pistes
rurales contribuant largement au désenclavement de certaines
régions.
Enfin, le coton a permis d'améliorer sensiblement
l'accès des producteurs aux biens et services publics ou
privés.
1.2.2.3 Un moteur de développement pour d'autres
secteurs économiques
Si le secteur textile-confection est en voie de
désindustrialisation, le secteur de la trituration des graines de coton
semble durablement porteur d'espoir compte tenu de la demande intérieure
et aussi d'une moindre pression des importations d'huile
végétale. La trituration des graines de coton a aussi induit des
activités d'aval comme la production de savon et de tourteaux pour
l'alimentation animale dont la demande est en forte croissance.
A terme, le développement des biocarburants pourrait
offrir de nouvelles perspectives à la filière.
L'acheminement des intrants, l'évacuation du coton
graine et de la fibre et l'externalisation de la fonction transport par la
SOFITEX ont naturellement généré une offre
conséquente de transport privé.
Cependant, cette « spirale vertueuse » du coton a ses
limites.
En cas de persistance d'une crise financière grave de
la filière, comme celle qui prévaut actuellement et qui se
traduit par l'enfoncement de seuils de rentabilité au niveau des acteurs
majeurs de la filière que sont les producteurs et les
sociétés cotonnières, la spirale vertueuse peut
s'inverser.
Ainsi, en l'absence d'alternatives/diversification
crédibles de production, la filière peut entrer dans une «
spirale appauvrissante » qui s'acharne à appauvrir ceux,
qu'auparavant, elle avait contribué à améliorer les
conditions de vie.
Donc il est souhaitable qu'il est une croissance continue des
exportations de coton accompagné d'un prix mondial acceptable.
2) Evolution des exportations de coton du Burkina Faso
Le coton demandé au Burkina Faso est le coton
égrené. Cette demande est très faible au plan national.
Elle était de 3% en 1985 mais aujourd'hui avec la fermeture de FASO
FANI9, la demande nationale de coton fibre est aux alentours de 2%
de la production nationale de coton fibre.
De tel constat prédestine la quasi-totalité de
la production cotonnière burkinabé aux exportations. Par
conséquent plus de 97% de la production de coton fibre sont
destinés au marché mondial. Par ailleurs, la consommation
nationale de graine de coton reste légèrement en croissance avec
la création depuis quelques années déjà d'huileries
et de savonnerie dans le pays.
2.1 La production de coton au Burkina
Le Burkina situant en Afrique de l'Ouest, possède un
climat comprise entre 22°C et 40°C qui est favorable à la
culture du coton. De plus, la production de coton au Burkina s'effectue dans un
cadre traditionnel. Ainsi, le Burkina possède un avantage naturel dans
la production du coton et la production s'effectue dans un cadre familial, ce
qui lui permet d'avoir des couts de productions faibles.
9 Une usine de production de pagnes et tissus,
fermée pour mauvaise gestion et surendettement.
2.1.1 L'avantage du Burkina dans la production de
coton
Le Burkina possède un avantage comparatif voir un
avantage absolu dans la production de coton, par rapport à la Chine et
aux Etats-Unis. En effet, elle possède un climat propice à la
culture du coton : le cotonnier est une plante qui se développe sous des
climats tropicaux ou subtropicaux arides, à des températures
comprises entre 11°C et 25°C. Ceci permet aux cultures
Burkinabés d'avoir un bon rendement (près de 700 tonnes par
hectare). De plus, le mode de récolte accentue cet avantage : il y est
encore récolté à la main ce qui évite d'arracher
les capsules et donc d'avoir un coton de meilleur Qualité.
2.1.2 La faiblesse des couts de production du coton au
Burkina
Les producteurs de coton des pays industrialisés comme
les USA, utilisent un système de production hautement
mécanisé. Il en résulte une hausse de leurs couts de
production. Cependant, pour le cas du Burkina, la récolte est
effectuée dans le cadre d'une économie familiale et domestique,
ce qui permet de réduire les couts de production.
Aux USA, arrosage au défoliant. Au Burkina Faso,
traitement par un insecticide.
14
Machine à récolter le coton aux USA. Cette
technique moderne permet De travailler sur 7 rangs à la fois.
Récolte à la main au Burkina Faso.
Ils sont d'ailleurs bien inférieurs à ceux
observés chez les grands producteurs: environ 30 cents par livre contre
plus du double aux Etats-Unis, principal pays exportateur. Le taux de rendement
à l'égrenage est aussi très élevé, 40
à 43% en moyenne, alors qu'il n'est que de 34-36% par exemple en Inde.
Il faut enfin souligner qu'il n'existe pas d'autre culture d'exportation au
Burkina offrant la même compétitivité économique et
pouvant remplacer le coton.
Ceci entraine une dépendance assez forte de
l'économie de ce pays aux prix mondiaux, car destinant la
quasi-totalité de la production cotonnière aux exportations.
2.2 Analyse des exportations de coton du Burkina
Faso
Les exportations de coton constituent une source de revenue
pour les secteurs publique et privé. En effet, elles permettent une
entré de devises pour le Burkina. Ainsi son rôle sur les deux
secteurs est présenté et par suite une analyse économique
de son évolution est faite.
2.2.1 Une source de revenue pour les secteurs publique et
privé
Premier produit d'exportation du Burkina Faso, le coton a une
influence très forte sur la balance commerciale et donc sur les recettes
en devises.
Au cours des 10 dernières années, les exportations
ont presque quadruplé en volume et plus que doublé en valeur (en
FCFA courants).
Les exportations de coton représentent chaque
année, depuis 1997, plus de 60% des exportations totales du pays (en
valeur) avec un record de 77% en 2004.
La filière coton est un important pourvoyeur d'emplois
en milieu rural avec 2 millions d'actifs et 700 000 ouvriers agricoles
impliqués dans la production auxquels s'ajoutent les salariés des
sociétés cotonnières et des sociétés de
l'aval du secteur ainsi que tous les emplois liés à la fourniture
de biens et de services à la filière. Le coton procure
directement ou indirectement des revenus à près de 4 millions de
personnes, soit 30% de la population du Burkina Faso.
Pour la campagne 2004/05, environ 5% des exportations mondiales,
en quantité, contre 40% pour les Etats-Unis.
Dans le passé, et avec des cours plus soutenus, le
coton a apporté une contribution importante aux finances publiques par
le biais de la fiscalité indirecte (TVA, droits de porte, impôts
sur les salaires) ou de la fiscalité directe (impôt sur les
sociétés). Depuis ces dernières années, la
filière est relativement neutre fiscalement.
2.2.2 Analyse économique de l'évolution des
exportations de coton
Le graphique suivant retrace l'évolution des exportations
de coton du Burkina.
Graphique 1 : L'évolution des
exportations du coton burkinabé entre 1982 et 2007 (en millier de
balles)
Source : A partir de notre base de
données constituée
On constate une croissance relativement faible des exportations
de coton du Burkina sur
4
la période 1982 et 1994. Alors que à partir de
1994 jusqu'en 2005, les exportations ont
évolution des exportations EXPB de coton du Burkina
enregistrées une hausse considérable.
16
Cela est due à la dévaluation du franc CFA de
1994. En effet, la dévaluation a rendu compétitif le prix du
coton burkinabé qui est devenu moins cher sur le marché mondial,
ce qui a entrainé par la suite une augmentation de la demande de coton
burkinabé.
Cependant à partir de 2005 les exportations de coton du
Burkina ont baissées à cause de la baisse continuelle du prix
mondial du coton sur la période antérieur. En effet les
producteurs burkinabés ont constatés la baisse du prix du coton
sur le marché mondial entre 1996 et 2004. Ainsi ils ont ajustés
à la baisse leurs exportations de coton car n'étant plus
incités par le prix mondial. Mais malheureusement on constate une
amélioration de ce dernier à partir de 2006.
Graphique 2 : L'évolution du prix mondial
du coton entre 1982 et 2007 (en cents par Livre)
Source : A partir de notre base de
données constituée
Par ailleurs concernant les subventions américaines, on
constate une évolution inverse avec le prix mondial. En effet, en 1995,
on constate que c'est l'année où les subventions sont le plus
basses et le prix mondial le plus haut. De méme qu'à partir de
2005, le prix mondial augmente alors que les subventions diminuent.
Graphique 3 : L'évolution des subventions
américaines au coton entre 1982 et 2007 (en million de dollars)
Source : A partir de notre base de
données constituée
Il ressort aussi une évolution inverse des subventions
européennes avec le prix mondial du coton. En effet, en 2004 on constate
que c'est l'année ou les subventions européennes sont le plus
importantes et le prix mondial en baisse.
Graphique 4 : L'évolution des subventions
européennes au coton entre 1982 et 2007 (en million de dollars)
Source : A partir de notre base de
données constituée
Au total, il importe de savoir qu'après une augmentation
continue des exportations de coton du Burkina, il s'en suit une baisse de
ces dernières. Cela est essentiellement due à la baisse du
prix mondial du coton consécutive à une hausse des subventions
2 84 86 88 0 92 94 96 98 00 02 04 06
américaines et européennes.
Remarquons par ailleurs que la dévaluation du Franc CFA
intervenue en1994 a eu un impact positif sur la rémunération des
cotonculteurs burkinabés.
18
En effet, le prix moyen d'un kg de coton fibre était de
393 F le Kg au cours de la période 1990-1993 ; après la
dévaluation du Franc CFA, cette moyenne est passée à 738 F
le kg, soit une hausse de 88%.
Par ailleurs le Burkina possède un avantage comparatif
voir un avantage absolu dans la production de coton. Ce qui lui permet de
produire du coton de bonne qualité et accroitre ses exportations.
Cependant les Etats-Unis et l'Union Européenne ont mis en place des
mesures de soutien à leurs producteurs de coton qui fausse cet avantage
du Burkina dans la production et donc dans les exportations de coton.
Section 2) Les politiques de soutien à la
filière coton aux Etats Unis et en Union Européenne
Les subventions au coton ont pour vocation de réduire
les coûts de production des producteurs des pays aisés. De ce
fait, chaque un des deux pays (USA, UE) a mis en place un système d'aide
différent.
1) Les politiques de soutien aux Etats Unis
Les Etats Unis sont le premier exportateur mondial de coton,
le deuxième pays producteur et le premier pays par le volume des aides
qu'ils accordent à ses producteurs de coton. Dans notre travail on
considère les aides définies par le Farm Security and Rural
Investment Act (FSRI) de 2002 qui couvre la période 2002-2007. En effet
le Congrès américain a adopté en 2008, une nouvelle loi,
la Food, Conservation and Energy Act qui est censée couvrir la
période 2008-2012. Cependant pour apprécier les effets d'une
telle loi il faudrait bien sur disposer de données d'au moins deux
campagnes. Le FSRI Act comprend sept principaux programmes d'aides à la
production et à la consommation que l'Etat fédéral accorde
aux cotonculteurs.
Les mesures de soutiens reposant sur la loi de 2002 sont
exposées dans un premier temps. La loi de 2008 est en second et dernier
lieu présentée en montrant les principales différences par
rapport à celle de 2002.
1.1 Le FSRI Act de 2002
La loi de 2002 vient en soutien à la filière
coton à travers les mécanismes suivants : les aides directes, les
aides contracycliques, les programmes de prêts à la
commercialisation10, les subventions à l'exportation et
à la consommation (Step-2), le programme d'assurance récolte, le
programme spécial de compétitivité pour le coton ELS, et
le quota spécial d'importation.
10Marketing loans
20
1.1.1 Les aides directes (Direct payments)
Les aides directes remplacent les Contrats de Flexibilité
de la Production (Production Flexibility Contracts) du FAIR Act de 1997.
Ces aides sont basées sur les surfaces et les rendements
passés et non sur la production courante. Elles sont
indépendantes aux prix donc découplées.
Le taux de l'aide directe est fixé à 0.0667 dollar
par livre de coton upland.
Ainsi pour une surface éligible Srad et un rendement de
référence Rrad, le montant d'aide direct (AD) perçu par un
exploitant qui produisait du coton pendant la période de
référence est donné par :
AD = 0.0667 * 0.8511 * Srad * Rrad
Pour la définition des surfaces de
références, les producteurs avaient à choisir entre l'une
des deux options suivantes :
· Retenir la moyenne des surfaces plantées en coton
sur la période 1998-2001;
· Conserver la surface de référence du
contrat de flexibilité de la production en l'augmentant des surfaces en
oléagineux.
Pour les rendements de référence, ils restent
identiques à ceux en vigueur dans les anciens contrats de
flexibilité de la production.
Du fait de l'efficacité économique, le montant
maximal d'aide directe qu'un producteur peut obtenir a été
plafonné à 40 000 dollars par campagne.
Les aides directes sont donc indépendantes des surfaces et
des rendements courants, et en conséquence, de la production
courante.
En effet on constate une réactualisation des surfaces au
passage à la loi de 2002 qui fait intervenir les superficies
plantées dans la période 1998 - 2002.
Cependant cette réactualisation risque de pousser les
producteurs qui anticipent le même scénario dans les lois à
venir à augmenter leurs surfaces plantés en coton dans le but
d'accroitre le volume de l'aide directe future.
1.1.2. Les aides contracycliques (Counter-Cyclical
Payments)
Les aides contracycliques se substituent aux aides d'urgence
(emergency market loss payments) de la loi de 1997.
11 Qui représente en fait le pourcentage de
surfaces couvert par le dispositif
Tout comme les aides directes, les aides contracycliques sont
aussi basées sur des surfaces et des rendements passés. Mais
elles sont destinées à soutenir le prix au producteur en cas de
baisse conjoncturelle des prix.
Elles sont de ce fait liées aux prix courants. Le
mécanisme est déclenché si le prix d'objectif du coton est
supérieur au prix effectif.
Le prix effectif est égal au taux d'aide directe
(0.0667 $ /livre) augmenté du maximum entre la moyenne du prix du
marché national (Average Market Price) et du loan rate (0.52$/livre).
Pour le prix d'objectif, il est fixé pour toute la durée de la
loi à 0.7240 $/livre de coton.
Le taux d'aide contracyclique (TACC) est égale à
la différence entre le prix d'objectif et le prix effectif du coton,
soit :
TACC = prix objectif - prix effectif = 0.7240 - [0.0667 + max
(0.52, AMP)]
L'aide contracyclique (ACC) par exploitation est égale
aux produits entre le taux d'aide contracyclique (TACC), les 85%12
de la surface de référence et le rendement de
référence. Elle est plafonnée à 65 000 dollars par
exploitation et par campagne.
ACC = TACC * 0.85 * Srcc* Rrcc
Les surfaces de référence sont les mémes
que celles de l'aide directe.
Pour l'actualisation du rendement les producteurs ont à
prendre une des options suivantes :
· Retenir 93,5% du rendement moyen de l'exploitation sur la
période 1998-2001;
· Garder le rendement de référence des
contrats de flexibilités de production augmenté de 70% de la
différence entre le rendement moyen de 1998-2001 et le rendement de
référence de l'aide directe.
Si aucune des deux options ci-dessus n'est choisie alors, le
rendement de référence pour l'exploitant est fixé au
niveau de celui qui prévalait dans le cadre des anciens contrats de
flexibilité de production.
Au total les aides contracycliques sont différentes des
aides directes car elles sont par définition, liées aux prix
courants.
12 Comme pour le calcul de l'aide directe
22
Mais tout comme les aides directes, elles perdent une partie de
leur neutralité « résiduelle » du fait des
réactualisations des surfaces de référence.
1.1.3. Les programmes de prêts à la
commercialisation :
Les prêts à la commercialisation comportent les
Marketing Assistance Loans et les Loans deficiency payments. C'est un
système qui permet aux producteurs de recevoir un prix garanti
égal à 52 cts/livre de coton (taux du prêt).
En mettant leur récolte en gage, les producteurs
peuvent disposer d'un financement de court terme qui leurs permettent de
régler leurs dépenses. Les remboursements s'effectuent à
un taux égal au minimum du loan rate augmenté des
intéréts ou au prix mondial ajusté (Adjusted World Price)
si ce dernier est inferieur au loan rate.
Le prix mondial donné par l'Indice A de cootlook est
ajusté en incorporant la qualité du coton et de son provenance
sur le territoire américain. Ce prix ajusté diffère ainsi
selon L'Etat de production du coton considéré.
Si le remboursement des préts s'effectue à un
taux égal au minimum du loan rate et du prix mondial ajusté,
alors deux situations sont possibles au moment du remboursement :
· Les producteurs ne font pas de gain si un loan rate
inferieur au prix mondial ajusté et remboursent ainsi au taux du loan
rate;
· Ils remboursent le prix mondial ajusté si Le
loan rate est supérieur au prix mondial ajusté, ce qui leurs
donnent ainsi une subvention à la production donné par la
différence entre le loan rate et le prix mondial ajusté.
Au total, l'aide unitaire à la commercialisation
accordée à travers les préts à la commercialisation
est donnée par :
MLG= LDP = max [0; 0,52 - AWP]
Tout comme les deux précédentes mesures, les
prêts à la commercialisation sont plafonné à 75 000
dollars par campagne.
1.1.4. Le Step 2
Le Step 2 est une subvention à l'exportation et à
la consommation de coton américain, autrement dit c'est une subvention
à la production.
En effet, la subvention à l'exportation est
couplée à une subvention à la consommation de tel sorte
que les consommateurs locaux ne payent pas le prix à l'exportation
augmenté de la subvention à l'exportation (cela conduit
théoriquement les producteurs à être indifférents
entre exporter et fournir le marché local).
L'entré en vigueur du Step-2, nécessite la
coexistence des situations suivantes :
· Le prix du coton américain (CAF Europe du Nord)
dépasse de plus de 1,25 cts/livre le prix du coton d'Europe du Nord
pendant quatre semaines consécutives ;
· Le prix mondial ajusté (AWP13) est
inférieur à 134 % du loan rate.
Le montant d'une unité d'aide au titre du Step-2 est
donné par l'écart observé au cours de la quatrième
semaine d'une période de quatre semaines entre le prix du coton
américain CAF Europe du Nord et le prix Europe du Nord moins 1,25
cts/livre.
Le prix du coton américain Europe du Nord est la
moyenne hebdomadaire des cours journalier du coton upland US-Middling (M)
1-3/32 pouce - le moins bien coté, livré CAF Europe du Nord.
Le prix du coton Europe du Nord est égale à la
moyenne hebdomadaire des cours mondiaux des cinq cotons-Middling (M) 1-3/32
pouce - le moins bien coté, livré CAF Europe du Nord.
1.1.5. La subvention des primes d'assurance
La subvention des primes d'assurance (Federal Crop Insurance
Program) permet aux producteurs de coton de bénéficier d'une
prise en charge par le gouvernement d'une partie des primes payées.
L'assurance vise à protéger les producteurs contre les risques de
pertes suite aux aléas naturels. Le système est administré
par l'Agence de gestion des risques (Risk Management Agency) du
département de l'agriculture et peut couvrir plus de la moitié de
la prime d'assurance.
Toutefois, d'après une étude de Sumner (2003), le
taux moyen de subvention s'établie environ à 47 dollars par
hectare ce qui équivaut à 19 dollars par acre de coton en
2002.
13 Le même que celui des marketing loans
24
1.1.6. Le programme spécial de
compétitivité pour le coton ELS
Comme son nom l'indique, ce programme s'applique qu'au seul
coton ELS (Extra Long Staple). Le ELS coton qui entre dans la fabrication de
tissus de haute qualité, représente une part marginale de la
production américaine (2,7% de la production et 2% des surfaces). A
l'image du step-2, ce programme vise clairement à encourager
l'utilisation- locale et internationale- du coton ELS américain en lui
procurant une compétitivité « déguisée
».
1.1.7. Le quota spécial d'importation
Le dispositif appelé « Special Import Quota
» à pour objectif d'accroitre de façon temporaire l'offre de
coton sur le marché américain en ne soumettant pas les
quantités importées de coton au tarif hors quota en vigueur dans
le système de contingent tarifaire qui régit le secteur.
C'est le secrétaire de l'agriculture qui
déclenche le mécanisme si durant quatre semaines
consécutives la moyenne hebdomadaire du coton américain type
Middling (M) 13/32" délivrable sur le marché international
dépasse le prix mondial. La quantité autorisée correspond
à une semaine de consommation par les industriels, consommation
évaluée sur la base de la moyenne des trois mois
précédents le déclenchement de la mesure. Le volume
d'importation de coton pouvant entrer sous ce régime
préférentiel reste toutefois limité à 10 semaines
de consommation par campagne.
Un second mécanisme, similaire et spécifique au
coton upland est également prévu dans la loi. Ce second quota est
autorisé lorsque le prix moyen mensuel du coton upland dépasse de
130% la moyenne des prix des six mois précédents. Dans ce cas, un
quota équivalent à 21 jours de consommation est autorisé,
sur la base des trois mois précédents. Toutefois, si un quota
spécial est déjà en vigueur, le dispositif
spécifique au coton upland ne saurait être
déclenché.
1.2. La loi de 2008
La Food, Conservation and Energy Act est adopté le 18
juin 2008 par le Congrès. Cette nouvelle loi maintient la plupart des
mesures précédentes mais en y apportant souvent de petites
modifications. Elle introduit deux nouveaux mécanismes après
avoir ratifier la suppression du Step-2.
Concernant les mesures conservées, Il a été
procédé aux modifications suivantes :
· Aide directe : le pourcentage de surface couvert passe de
85 à 83,3% ;
· Aide contracyclique : le prix d'objectif est
ramené à 0,7125 dollar par livre de coton ;
· Marketing loans : le plafond de 75000 dollars par
producteur et par campagne est supprimé.
Outre ces modifications, et comme signalé plus haut, deux
nouvelles mesures ont été introduites dans le système
d'aide.
1.2.1. L'Average Crop Revenue Election Programme
(ACRE)
Ce programme se veut une alternative aux aides directes et
contracycliques. C'est une mesure de soutien des revenus en cas de baisse
conjoncturelle des prix.
Pour bénéficier de ce soutien, les producteurs
doivent renoncer à l'aide contracyclique et choisir soit une
réduction de l'aide directe de 20% et toucher ainsi 0,05336 $/livre au
lieu de 0,0667$ ; soit une réduction du taux du marketing loan de 30%,
touchant du coup 0,364$ /lb au lieu de 0,52$.
Le mécanisme, qui repose sur une base étatique,
est déclenché si le revenu d'Etat (RE) est plus faible que le
revenu garanti par le programme dans cet Etat.
Le revenu d'Etat14 est défini comme le
produit du rendement d'Etat (RdE)15 par le maximum du prix moyen
reçu par les producteurs durant la campagne (AMP)16 et du
taux de prêt à la commercialisation (loan rate) incluant la
réduction de 30%, soit :
RE = RdE * max [AMP, O. 364]
Le rendement d'Etat correspond au rapport du volume de la
production de l'Etat aux surfaces plantées en coton durant la campagne
considérée dans ce même Etat.
14 State Revenue
15 State Yield
16 Défini plus haut
26
Le revenu garanti d'Etat (RGE) a été fixé
dans la loi comme équivalant à 90% du produit du rendement de
référence de l'Etat (Rdref) et du prix garanti dans le
cadre du programme (PG).
Le montant du soutien est égal à la
différence entre le revenu garanti et le revenu d'Etat, soit :
ACRE = RGE - RE = 0,90 * PG * Rdref - RdE * max [AMP, O. 364]
Le rendement de référence de l'Etat pour une
campagne donnée est défini comme la moyenne simple des rendements
des cinq dernières campagnes. Quant au prix garanti, il correspond
à la moyenne simple des prix touchés par les producteurs (AMP)
sur les des deux dernières campagnes.
Cette mesure est, comme l'aide contracyclique, explicitement
liée aux prix courants. Cependant, contrairement à l'aide
contracyclique, ici c'est le revenu et non le prix qui est garanti.
1.2.2. L'assistance économique pour les
utilisateurs de coton
Cette nouvelle mesure introduite sous le nom de «
Economic adjustment assistance ", vise à se substituer au Step 2 de
l'ancienne loi. Elle prévoit une subvention à la consommation de
4 cents par livre de coton pour les industriels. La subvention s'applique
qu'elle que soit l'origine du coton consommé (locale ou
importée). Le soutien reste toutefois conditionné à la
modernisation de l'outil de production à travers notamment son
renouvellement.
La mesure se distingue du Step 2 en ne discriminant plus le
coton consommé selon son origine et en ne favorisant pas le «
dumping » à l'exportation propre au Step 2.
Les Etats-Unis sont certainement le pays qui subventionne le
plus ses cotonculteurs. Cependant, une analyse détaillée des
aides laisse apparaitre de larges fluctuations. Bien que la loi ait
changé entre temps, on note des évolutions similaires à
l'intérieur de chaque « législature ". Cette nature
contracyclique des subventions devrait perdurer dans la mesure où la loi
de 2008 n'a entraîné aucune modification majeure dans les
mécanismes de déboursement.
2) Les mesures de soutien dans l'Union
européenne
L'Union européenne ne produit que 2,5% dans l'offre et
les exportations mondiales de coton. Mais de par l'aide unitaire (par
kilogramme de coton produit), elle est la première entité loin
devant les Etats-Unis par ses subventions accordées à ses
producteurs de coton.
C'est avec l'adhésion de la Grèce en 1981 que
le régime d'aide à la production de coton a commencé en
Europe, puis s'est élargit en 1986 avec l'entré de l'Espagne et
du Portugal, et à la Bulgarie en 2007. Au fil du temps, trois
régimes se sont succédés dans l'objectif de
découpler les aides.
2.1. Le régime d'aide à la production de
coton avant 2005/06
La Commission est chargé dans système d'aide
européen de fixer le prix d'objectif et le prix plancher du coton. Le
prix d'objectif, qui est simplement indicatif, est fixé à 1,0630
euros/ kg de coton non égrené et le prix plancher à 1,0099
euros. Ainsi la différence entre les deux prix donne le montant de la
subvention à la production. Les subventions sont versées dans la
pratique aux égreneurs à condition qu'ils aient versé aux
producteurs au moins le prix plancher.
Un mécanisme stabilisateur impliquant des quotas a
été prévu pour ne pas dépasser l'enveloppe globale
allouée au programme. Ces quotas, appelés « quantités
nationales garanties », sont de 782 000 tonnes pour la Grèce, 249
000 tonnes pour l'Espagne et 1500 tonnes pour le Portugal.
En cas de dépassement de ces quantités
nationales garanties, le mécanisme stabilisateur consiste en une
réduction du prix d'objectif et du prix minimum.
En effet le mécanisme stabilisateur vise à
contenir le montant des aides dans l'enveloppe budgétaire disponible
fixé environ à 770 millions d'euros. Toutefois, si à
l'issue de l'application des différents dispositifs le prix mondial
s'avérait supérieur à 3,020 euros /kg et que le volume
d'aide accordé est inférieur au budget alloué, l'aide
allouée aux Etats membres ayant dépassé leur
quantité nationale garantie peut être majorée, à
l'exception toutefois du Portugal.
28
2.2. Le régime réformé de 2003
La réforme du régime intervenue en 2003 s'inscrit
dans les nouvelles orientations de la PAC, elles mémes guidées
par les règles de l'Organisation Mondiale du Commerce. L'objectif est
d'aller vers des aides découplées, créant moins de
distorsions et s'inscrivant de préférence dans la boite verte de
l'OMC. Cela passe par des mesures de soutien des revenus et non des prix comme
ce fut le cas par le passé. Le nouveau mécanisme qui se veut
budgétairement neutre -soit une enveloppe d'environ 800 millions
d'euros- consiste en un paiement unique (découplé) pour 65% du
budget et une aide à l'hectare pour les 35% restants.
Le paiement unique correspond au système
américain des aides directes. C'est une aide directe,
découplée, car basée sur des superficies passées.
Les surfaces de référence éligibles au titre de cette aide
concernent celles mises en valeur durant la période 2000- 2002. En
moyenne les superficies éligibles concernent 380 436 ha pour la
Grèce et 89 023 ha pour l'Espagne. Sur cette base, les niveaux d'aide
s'établissent à 795 euros/ha pour la Grèce et à
1285 euros/ha pour l'Espagne (Karagianis, 2004 ; Araujo, Calipel
et Traoré, 2006). L'aide à l'hectare concerne 35% de l'enveloppe
budgétaire allouée à la filière coton. Elle est
liée aux surfaces courantes et définie sur une base annuelle.
Afin de limiter le montant des aides dans les limites de l'enveloppe
budgétaire disponible, des surfaces nationales de base ont
été instituées. Ces surfaces correspondant aux superficies
maximales garanties par pays sont de 370 000 ha pour la Grèce, 70 000 ha
pour l'Espagne et 360 ha pour le Portugal.
Le montant de l'aide par hectare admissible est fixé
comme suit :
+ Grèce : 594 euros pour les premier 300 000 ha et 342,85
euros pour les 70 000 ha restants,
+ Espagne : 1 039 euros,
+ Portugal : 556 euros.
Dans la logique du mécanisme stabilisateur, il est
prévu que si dans un Etat membre la superficie de coton admissible au
bénéfice de l'aide dépasse la superficie de base, l'aide
soit réduite proportionnellement au dépassement de la superficie
de base. Toutefois, concernant la Grèce, la réduction de l'aide
s'applique au montant fixé pour la partie de la superficie de base
nationale de 70 000 ha.
2.3. La révision de 2008
La réforme de 2003 a fait l'objet d'une contestation
de l'Espagne qui a introduit un recours devant la Cour de justice des
communautés européennes au motif de la violation du principe de
proportionnalité pour la partie concernant l'aide à la surface.
La cour a notamment retenu le fait que les coûts de production (surtout
salariaux) au niveau des exploitations et de l'égrenage ne sont pas
suffisamment pris en considération dans le calcul de la
rentabilité de la culture effectué par la Commission. Une prise
en compte insuffisante de ces coûts pouvant compromettre la
rentabilité de la filière, la Cour a annulé en
décembre 2006 le régime de 2003. Toutefois l'annulation ne sera
effective qu'à partir de
2008 avec l'adoption du nouveau régime.
Le régime actuel au sein de l'Union est désormais
régi par le règlement (CE) No 637/2008 du Conseil du 23 juin
2008, entré en vigueur le 1er janvier 2009.
Le nouveau règlement maintient le paiement unique et
modifie les modalités de l'aide à l'hectare en révisant
les surfaces de base et en introduisant des rendements de
référence fixes pour chaque pays. Les surfaces de base nationales
sont données comme suit :
+ Grèce : 250 000 ha,
+ Espagne : 48 000 ha
+ Bulgarie17 : 3 342 ha
+ Portugal: 360 ha.
Les rendements fixes sont donnés par :
+ Grèce: 3,2 tonnes/ha,
+ Espagne: 3,5 tonnes/ha,
+ Bulgarie: 1,2 tonne/ha,
+ Portugal: 2,2 tonnes/ha.
Le montant de l'aide à l'hectare correspond au produit
des rendements fixes et des montants de référence de chaque pays.
Ces montants de référence sont de 251,75 euros pour la
Grèce ; 400 euros pour l'Espagne ; 671,33 euros pour la Bulgarie et
252,73 euros pour le Portugal. Comme dans la loi de 2004, si dans un Etat
membre la superficie de coton admissible au bénéfice de l'aide
dépasse la superficie de base, l'aide est réduite
proportionnellement au dépassement de la superficie de base.
17 Entre les deux lois, la Bulgarie est devenue
membre de l'Union le 1er janvier 2007
30
Par rapport à la précédente loi, on peut
remarquer une réduction des surfaces nationales de base compensée
par une augmentation de l'aide à l'hectare donnée ici par le
produit du rendement fixe et du montant de référence. Ainsi, pour
l'Espagne qui avait attaqué la décision, l'aide à
l'hectare passe 1039 à 1400 euros. Pour la Grèce, le
système à deux paliers est abandonné au profit d'un
montant unique de 805,6 euros par hectare. Il n'y a en revanche aucune
modification concernant le Portugal. Il est également intéressant
de noter qu'au bout du compte, l'enveloppe globale allouée à
l'Espagne passe de 72 millions à 67 millions d'euros.
Contrairement aux aides américaines, les aides
européennes se caractérise par leurs stabilités. En effet,
d'après une étude de la CERDI les aides fluctuent très peu
autour d'une moyenne de 825 millions d'euros (environ un milliard de dollars).
L'écart entre les montants les plus faibles et les plus
élevés représente à peine 25% alors qu'aux
Etats-Unis le volume des aides peut doubler entre deux campagnes. Cette
stabilité des aides européennes s'explique par le fait que les
aides européennes contrairement aux aides américaines,
correspondent à une enveloppe globale fixe votée et «
garantie » par le mécanisme stabilisateur. Aux Etats-Unis un tel
mécanisme de plafonnement global y est absent18.
Si le niveau global des aides apparait modeste, leur montant
unitaire est nettement plus important. Celui-ci est en effet presque toujours
au dessus du prix mondial.
Cette situation fait de l'Union européenne la
première entité pour l'aide accordée à ses
producteurs par kilogramme de coton produit, et ce loin devant les Etats-Unis.
Ce fort niveau de soutien doit toutefois être ramené au poids de
l'Union sur le marché international qui est de l'ordre de 3%.
18 Il existe néanmoins un plafonnement
individuel des aides aux Etats-Unis
Conclusion :
Il ressort de ce premier chapitre que le coton joue un
rôle très important au Burkina Fasso. En effet il permet
d'améliorer les conditions socioéconomiques du pays. Ainsi sur
plan social, le coton a fait baisser l'incidence de la pauvreté chez les
cotonculteurs selon une étude statistique du C.A.P.E.S (centre d'analyse
des politiques économiques et sociales). Il a par ailleurs freiné
l'exode rural et amélioré le niveau de vie de ces populations.
Sur le plan économique le coton a permit d'améliorer le revenu
des producteurs, le développement des autre secteurs notamment le
secteur industriel et le développement des cultures vivrières
maïs, tomate, etc.
Ainsi la culture du coton au Burkina se trouve indispensable
pour le bien être de tous (public et privé). Cela résulte
du fait que le Burkina possède un avantage dans la production du coton
avec des couts de production bien inférieur à ceux des
Etats-Unis. De ce fait dans le mesure ou la quasi-totalité de la
production est destiné aux exportations, le Burkina devrait
bénéficier d'une importante entré de devise susceptible de
tirer la croissance économique du pays.
Cependant il est confronté à l'évolution
erratique des cours mondiaux, due principalement aux subventions massives
versées par certains pays développés à l'instar des
USA et de l'UE à leurs producteurs à travers différentes
formes. En effet, contrairement aux aides américaines, les aides
européennes se caractérisent par leurs stabilités alors
qu'une analyse détaillée des aides américaines laisse
apparaitre de larges fluctuations. Ainsi se pose la question à savoir
est ce que cette différence entre les aides entraine des effets
différents sur le prix mondial du coton et par suite sur les
exportations de coton du Burkina Fasso? Ce qui a suscité de nombreuses
études sur le plan théorique et empirique qui feront l'objet de
notre second chapitre.
Chapitre2 : REVUE DE LA LITTERATURE
32
Introduction
Mener une étude théorique et empirique de
l'impact des subventions agricoles sur les exportations de coton d'un pays en
développement (le Burkina), est rependus aussi bien dans la
littérature que dans les publications économiques sous un angle
plus large à savoir l'impact des subventions agricoles sur le
marché mondial coton.
En effet un impact sur les exportations d'un certain produit,
le coton pour un pays n'est pour la plupart issu de rien d'autre qu'un impact
sur le marché mondial de ce produit. Ainsi pour bénéficier
des éclairages de la flopée de travaux effectués sur ce
sujet, un aperçu critique tant des principales réflexions
théoriques que des analyses et études empiriques sur l'impact des
subventions sur le marché mondial est présentées.
Cette synthèse des diverses analyses sur les effets
des subventions et leur estimation n'est sans doute ni exhaustive, ni
suffisante. Elle a en revanche la préoccupation majeure de
présenter sous un angle critique les grands axes de la multitude des
travaux sur le sujet.
Une analyse théorique est présentée dans un
premier temps et dans second et dernier lieu, une approche empirique est
faite.
Section1) Approche théorique de l'impact des
Subventions sur le marché mondial du coton
En vue d'avoir une aperçue théorique plus
générale de l'impact des subventions sur le marché mondial
du coton, nous allons dans un premier temps analyser les facteurs explicatifs
de la demande de subventions dans un pays.
Dans un second lieu nous nous intéresserons à
une analyse théorique des effets des subventions au Nord sur les pays en
développement (exemple du Burkina).
Pour terminer nous mettrons en exergue une vision
différente de ce qui est communément perçut sur les
subventions notamment américain.
1) Les facteurs explicatifs de la demande de subventions
dans un pays
Les subventions sont la forme de protection la plus
répandue surtout dans les pays industrialisés depuis les
années 1970. Une économie a recours à une protection pour
éviter les sorties de devises ou lorsqu'elle est incapable de faire face
à la concurrence.
En 1981, deux études menées dans un premier
temps par Anderson et Baldwin sur les Etats-Unis, le Canada, le Japon et
l'Australie et dans un second plan par Messerline sur les pays
européens, ont révélé que la faiblesse ou le manque
de compétitivité d'un secteur, l'effet de filière, la
force de frappe électorale, l'argument politique sont les principaux
facteurs de la forte protection dans les pays industrialisés;
+ La faiblesse d'un secteur de l'économie
De tel secteur est moins compétitif donc incapable de
faire face à une concurrence internationale; ce qui se traduit par un
fort taux de pénétration des produits étrangers. Alors le
recours à la protection dans les secteurs faibles ou les moins
compétitifs offre le marché intérieur et permet de vendre
à l'extérieur à terme.
+ L'effet de filière
Une industrie même bien organisée peut
être non concurrentielle parce que ses inputs sont chers. C'est le cas
des industries agricoles et alimentaires en Europe et aux EtatsUnis.
34
Une telle situation favorise les productions à bon
marché des pays asiatiques de conquérir le
marché19. Le recours à la protection dans ce cas de
figure facilite l'accès ou l'achat des inputs par les acteurs nationaux
des pays protectionnistes.
+ La force de frappe électorale
Certaines industries dans les régions pauvres sont
protégées car elles constituent un bastion électoral
important pour le pouvoir en place. Alors l'accroissement du chômage
induit par la disparition des industries pourrait faire perdre au pouvoir la
force électorale constituée dans ces régions. D'où
la nécessité politique de protéger les industries desdites
régions.
+ Le facteur politique
Ce facteur pourrait fondamentalement s'apparenter au
précédent. Sauf qu'ici, il est question de l'influence des
Lobbying. Cette influence des Lobbying fait pression sur les pouvoirs publics
les incitant à voter des lois protectrices à leurs
avantages20.
Cependant bien que contraint par plusieurs facteurs les
subventions peuvent porter préjudice aux producteurs de coton des pays
en développement qui exportent la majorité sinon la
totalité de leurs productions, en abaissant le cours mondial du
coton.
2) Une analyse théorique des effets des subventions
au Nord : La production nationale au Nord, le prix mondial et la production de
coton au Burkina Faso (Cas des Etats-Unis d'Amérique et du Burkina Faso
pour illustration) :
Dans la mesure où les Etats-Unis d'Amérique
sont l'un des grands pays producteurs de coton qui accordent une
quantité considérable de subventions aussi bien à la
production qu'à l'exportation de coton, le cadre théorique
sous-jacent à notre étude repose essentiellement, à
travers l'analyse néoclassique standard en équilibre partiel, sur
la théorie du grand pays (price maker).
Notre analyse théorique se portera sur les Etats-Unis
d'Amérique et le Burkina Faso.
19 Conjoncture économique mondiale observable
dans les années 1970
20 Cas fréquent aux Etats-Unis d'
Amérique
En raison de leur taille sur le marché de coton, les
subventions accordées à la production par les grandes puissances
ont un effet indirect sur les échanges; l'effet est de deux types:
? L'effet de détournement de la demande nationale
adressée au marché
international entraînant une réduction de la
demande qui aurait due être aux pays les plus compétitifs; cette
situation du marché conduit théoriquement à une baisse du
prix mondial.
? L'effet induit par un excès d'offre par suite de
l'accroissement de la production
sans que la demande ne réponde proportionnellement.
Alors l'offre s'accroît et conduit ceteris paribus à une baisse du
prix mondial.
Concernant les subventions à l'exportation, son effet
est plus direct sur le prix mondial; les producteurs des pays de subventions
préféreront vendre sur le marché international
plutôt que sur le marché local car ils perçoivent sur
chaque quantité exportée une subvention. Ainsi, l'offre
internationale de coton s'accroît sur le marché et provoque par la
suite une baisse du prix mondial.
Le Burkina Fasso est un « price taker » sur le
marché mondial de coton en raison de sa taille. Par conséquent,
il est très vulnérable aux fluctuations du cours mondial.
L'illustration des effets des subventions
américaines sur la production cotonnière du Burkina Faso
:
Graphique 5 : L'effet des subventions sur le
secteur cotonnier américain
(Prix)
36
qa1 a2 qa4 qa5
Graphique 5 : L'effet des subventions sur le secteur
cotonnier américain
En situation d'équilibre initial, le prix mondial est
Pm. A ce prix les Etats-Unis produisent une quantité qa4 et
consomment une quantité qa2 (exportations nettes de coton est
qa4qa2). La politique de subvention vient augmenter le prix
à Pms (Pm+subventions); ce prix est seulement donné aux
producteurs qui acceptent vendre leur coton à l'extérieur. Du
coup, la production nationale de coton va s'accroître à
qa5 laissant la consommation nationale à qa2 au
lieu de qa1 (le prix majoré de la subvention
n'affecte pas la consommation nationale; le prix explicatif de la consommation
nationale reste toujours Pm). Ainsi nous remarquons qu'après
subvention la quantité produite de coton aux Etats-Unis a
augmenté (qa5>qa4) alors que la demande nationale est
restée inchangée, ceteris paribus. Conséquence, les
exportations nettes américaines en coton augmentent de qa4qa5.
Graphique 6 : L'effet des subventions sur le
marché mondial de coton
(Prix)
)
P
Pm
,
(D)
(O)
(O'
(Quantité)
qm qm2
Graph 6 : L'effet des subventions sur le marché
mondial de coton
Au prix mondial Pm, les quantités offertes et
demandées s'équilibrent sur le marché mondial à
qm1. Après la subvention accordée aux producteurs
américains, l'offre de coton américain augmente. Laquelle
augmentation induit un accroissement de l'offre globale mondiale.
L'augmentation de l'offre mondiale de coton se traduit par un
déplacement de la courbe de l'offre globale vers la droite.
Toute chose étant égale par ailleurs, la
demande mondiale reste sensiblement affectée. Alors un nouvel
équilibre ne tarde pas à s'établir sur ce marché
mondial. D'où, un nouveau prix d'équilibre Pm' inférieur
à Pm s'impose. A ce nouveau prix mondial, les quantités
offertes et demandées s'équilibrent à qm2.
Ainsi, après subvention, le prix sur le marché mondial est Pm',
un prix inférieur au prix initial avant subvention, Pm.
Graphique 7 : L'effet des subventions sur la
production de coton au Burkina Faso
38
qb2 qb3 qb1
(Quantité)
|
Graph 7 : L'effet des subventions sur la production du
coton au Burkina
|
|
|
Les subventions américaines entraînent un
accroissement des exportations américaines et par conséquent
provoque une augmentation de l'offre globale sur le marché mondial de
coton. Cette flambée de l'offre va faire baisser le prix
conformément à la loi de l'offre et de la demande. Ainsi le
Burkina Faso en tant qu'un « petit pays ", un « price taker " est
confronté à cette nouvelle donnée du marché.
Par conséquent, il produit qu'une quantité
qb2 au nouveau prix Pm' contre auparavant, sans subventions, une
quantité qb3. Cette baisse de la production est
imputable au nouveau prix constaté sur le marché mondial de
coton. Quand les cours mondiaux de coton chutent, la réaction de la
filière de coton burkinabé se traduit par une baisse de la
production. Laquelle affecte ainsi les exportations cotonnières du pays.
Au nouveau prix (Pm'<Pm), la production passe de qb3
à qb2 avec (qb2<qb3). Ce qui
donne une quantité qb1qb2 comme exportations nettes du pays en coton
contre qb1qb3 avant subvention. Nous remarquons que la courbe de
demande nationale du Burkina Faso en coton est verticale.
Cela est dû au fait que depuis longtemps la consommation
du pays en coton est constante21 quelque soit le niveau de la
production nationale de coton.
En résumé, les subventions des pays du Nord
entraînent une augmentation de leur production nationale qui par
conséquent vient affecter à la hausse l'offre mondiale. Cette
nouvelle situation du marché mondial va entraîner à son
tour le prix à la baisse. Le Burkina Faso verra ainsi sa production de
coton diminuer, vu sa position de « price taker » sur ce
marché mondial.
Il ressort de notre analyse théorique que les
subventions entrainent la baisse du prix. Par conséquent elles agissent
négativement sur les exportations de coton du Burkina. Cependant il
convient de noter que la théorie relative à l'impact des
subventions repose sur des hypothèses qui sont discutables, qui avec de
très petites modifications à la théorie retenue mettent en
évidence des résultats opposés.
3) Une vision iconoclaste du soutien au coton
américain
La protestation des producteurs africains de la zone franc
(PAZF) contre les subventions, particulièrement américaines, est
somme toute très récente, et pourtant ces subventions ont une
histoire de 70 ans, depuis la Grande Dépression. Pourquoi une
protestation si tardive ? Vient-on seulement d'en découvrir les effets
néfastes ou vienton seulement de parvenir à un stade pour oser
s'y opposer ?
Nous avons reconstitué l'évolution du soutien
que les Etats-Unis ont apporté à sa production cotonnière
(Graphique 8), en rapportant les valeurs en dollars à l'année de
base 2001. La figure 4 montre que la valeur de 4 milliards de dollars du
soutien enregistré en 2001, valeur qui avait tant ému les
observateurs attentionnés des filières africaines, avait
été atteinte en d'autres périodes, notamment dès
l'initiation de la politique de soutien outre-Atlantique, au début des
années 1930.
21 Elle tourne autour de 2% de la production
nationale
40
Graphique 8 : Evolution de la valeur du
soutien américain au coton entre 1933 et 2003
Un deuxième point important à noter est que la
valeur du soutien a été durablement des plus
élevées pendant la période 1965-1975, période au
cours de laquelle les filières cotonnières des PAZF se sont
réellement développées car ce fut aussi la période
au cours de laquelle le prix mondial a augmenté et de manière
durable.
L'augmentation du prix mondial était directement
liée au soutien américain. Les modalités de soutien
consistaient à faire assumer aux Etats-Unis le rôle de stockeur
mondial pour éviter l'abondance de mise en marché qui aurait fait
chuter le prix.
Get exemple historique de modalité de soutien, sans
lequel les filières cotonnières des PAZF ne se seraient
peut-être pas développées, témoigne que le soutien
des uns n'est pas forcément néfaste pour les autres. Gela ouvre
des perspectives de réflexion sur la problématique du soutien au
coton.
Section2) Approche empirique de l'impact des
Subventions sur le marché mondial du coton
De nombreuses études ont déjà
été consacrées à l'effet des subventions sur le
prix international du coton et donc sur les exportations de coton du
Burkina.
Nous retiendrons pour des raisons de simplicité les
études suivantes que nous aborderons respectivement : L.Goreux,
B.Shepherd, F Traoré et (C .A.bonjean, S .Calipel et F .Traoré)
reposant chacune sur des méthodologies différentes.
1) L'étude de L. Goreux(2003)
Cette étude présente un intérét
particulier à notre sujet sur le fait qu'elle est couramment
citée lors des débats publics par les autorités, les
acteurs de la filière cotonnière ouest africaine et du
centre22 pour dénoncer les effets pervers des subventions des
pays développés et surtout les Etats- Unis sur le cours du coton
et les recettes d'exportation.
L'étude de L. Goreux a comme cadre d'analyse un
marché international où l'offre, la demande, et les prix
d'équilibres ne sont pas déterminés simultanément,
mais de manière séquentielle.
Tout d'abord, on commence par calculer quel serait le niveau de
production dans les pays qui pratiquent les subventions justement en l'absence
de ces subventions.
Ensuite on détermine l'équilibre mondial sans
subvention, et on en déduit le nouveau prix mondial sans subventions.
Enfin pour terminer, on recalcule le niveau de production
correspondant au nouveau prix d'équilibre dans les pays africains
producteurs de coton.
Les subventions considérées sont celles de la Chine
pour 19.4cts/livre, celles des USA pour 34cts/livre, 62cts/livre pour la
Grèce, et enfin, 32cts/livre en Espagne.
Selon les élasticités de la demande retenues,
l'impact de l'abandon des subventions sur les prix auraient un impact compris
entre 2.9 et 13.4%.
22 Le document du BENIN, du BURKINA FASO, du MALI et
du TCHAD intitulé : « Réduction de la pauvreté :
Initiative sectorielle en faveur du coton » s'appuie sur cette
étude.
42
Avec une élasticité de 0.5 (hypothèse
assez réaliste compte tenu de la substituabilité limitée
entre les fibres synthétiques et le coton du fait du prix
élevé du pétrole), on obtiendrait un impact de 12%,
c'est-à-dire que l'abandon des subventions entraînerait une hausse
des cours du coton de 12%.
C'est sur cette étude que se sont basés les
quatre pays Africains pour demander l'abandon des subventions.
En effet Cette étude, commanditée par la
conférence des ministres de l'Agriculture des pays d'Afrique de l'Ouest
et du centre (CMA/OAC), repose sur un modèle d'équilibre partiel.
Le raisonnement est le suivant :
- A partir d'un prix mondial d'équilibre établi
par la confrontation de l'offre et de la demande mondiale, on simule une
élimination des subventions (celles portant sur les cinq
dernières années avant l'étude);
- L'élimination des subventions entraîne alors
une réduction de l'offre mondiale d'exportation car les exportateurs
auparavant subventionnés ne toucheront plus que le prix mondial
(déplacement vers le haut et vers la gauche de la courbe d'offre
d'exportation);
- Un nouveau prix d'équilibre- plus élevé
que le précédent- s'établit ainsi sur le
marchémondial, en fonction de la demande mondiale et de la
nouvelle offre ;
-Les quantités et le prix d'équilibre sont ensuite
calculés algébriquement en résolvant simultanément
les équations d'offre et de demande mondiales.
Cette démarche a l'avantage de la simplicité.
Elle permet en outre- ce qui fait l'objet de l'étude- d'évaluer
quantitativement les gains potentiels en recettes d'exportation pour un groupe
de pays considéré.
Les simulations effectuées avec le modèle
donnent, suivant les élasticités d'offre et de demande retenues
une augmentation de l'indice A de Cotlook (indicateur du marché mondial
des prix du coton) de l'ordre de 2, 9 à 13,4% et un gain de recettes
d'exportation.
Ainsi pour (Eo= 0.5 et Ed= -0,1) on note une augmentation de
l'indice A de 12% et des recettes d'exportation de 250 millions de dollars sur
la période 1997/1998- 2001/2002.
Cependant plusieurs limites sont inhérentes à ce
genre d'analyse, entre autres :
- comme toute approche d'équilibre partiel, elle repose
sur l'hypothèse ceteris paribus et néglige de ce fait les autres
marchés, en particulier celui des produits concurrents du coton comme
les fibres synthétiques -;
- les résultats obtenus reposent essentiellement sur
les élasticités d'offre et de demande retenues. Une façon
intéressante de procéder consiste à les estimer
économétriquement. Faute de procéder à une telle
estimation, l'auteur retient plutôt les valeurs allant de 0,15 à
0,90 pour l'élasticité de l'offre et de -0,05 à -0,6 pour
la demande. Bien qu'évitant les restrictions théoriques
également inhérentes à l'économétrie- comme
la formulation d'hypothèses sur les élasticités-, la
démarche de l'auteur reste néanmoins sujette à critique
dans la mesure où la même valeur de l'élasticité est
retenue pour les pays.
Pour certains auteurs, l'utilité scientifique d'un
modèle est déterminée par sa capacité à
faire des prédictions qui seront après confrontées
à la réalité. Pourtant les prédictions du
modèle Goreux (2003) telles qu'elles se tiennent sont difficiles
à tester. En ce sens qu'elles réclament que les pays riches
acceptent d'éliminer leurs subventions, ce qui n'est pas sur le point
d'être observé maintenant. C'est cette situation qui amène
certains auteurs dont notamment Benjamin Shepherd à dire que
l'étude de Goreux n'est pas empirique dans un sens réel, mais
elle est plutôt une traduction de la théorie à
l'algèbre et finalement aux nombres.
2) L'étude de B. Shepherd (2004)
Cette étude visait à évaluer l'impact
d'une réduction des seules subventions américaines sur le prix
mondial du coton. Cependant, contrairement à l'étude
précédente, celle-ci fait plutôt appel à l'outil
économétrique.
En effet l'étude de B. Shepherd conduit à des
résultats complètements opposés. Le cadre de son analyse
est un model vectoriel autorégressif standard (VAR) dans lequel les
variables retenues sont les prix mondiaux du coton, les stocks mondiaux de
coton, les subventions américaines (et uniquement elles), la production
mondiale et la consommation mondiale de coton.
Le résultat de ses régressions va a l'encontre
de ce que l'analyse de L. Goreux montrait : les subventions agissent plus sur
la production mondiale que sur les prix.
Autrement dit, l'auteur trouve que les subventions
américaines agissent beaucoup plus sur la production et les stocks que
sur les prix. De plus en décomposant la variance, B.
44
Shepherd montre que les variations de prix sont plus dues
à la variation de la demande, plutôt qu'a un quelconque effet des
subventions. La conclusion de L. Shepherd est que l'abandon des subventions
aurait un impact quasi nul sur les prix.
Car avec différents scénarios de
réduction du volume des subventions (10%,50% et 90%), il aboutit au
résultat plutôt surprenant que même une réduction de
90% des subventions n'aurait qu'un effet limité, voire nul, sur les
prix.
Toutefois, force est de noter que pour apprécier les
relations de causes à effets entre les variables en scène, B.
Shepherd s'est penché sur la causalité à la
Granger23 et a effectué des simulations à l'aide des
fonctions de réponses impulsionnelles de l'effet de réduction des
subventions sur les autres variables considérées. Il ne s'est
donc pas intéressé à l'analyse multivariée de la
cointégration à la Johansen. Pourtant cette approche est
réputée comme étant mieux adapté aux VAR
puisqu'elle prend en compte les interrelations entre les variables et permet si
les conditions sont réunies d'établir le MVCE.
En outre, Shepherd avait approximé le prix mondial du
coton par l'indice de Liverpool qui ne nous semble pas être le meilleur
indicateur du marché mondial du coton.
De plus la prise en compte des variations de stocks dans le
modèle pourrait conduire à un double emploi car la consommation
n'est rien d'autre que la production +/- les variations de stocks. Or le
modèle prend déjà en compte la production et la
consommation. Ensuite, le marché cotonnier a été
traité comme étant indépendant des autres marchés,
en particulier celui des produits concurrents (la fibre synthétique).
C'est donc ce qui justifie la prise en compte du prix du polyester dans le
modèle finalement retenu.
Pour F. Traoré, ces résultats sont dus à
la méthode même qu'a choisie L. Shepherd : le modèle
vectoriel autorégressif standard présente des résultats de
simulations incertains, car les intervalles d'erreurs sont très
grands.
De plus, bien que se modèle présente l'avantage
de simplifier la spécification des estimations, il manque de fondements
théoriques testables, c'est pourquoi dans un article intitulé :
"L'impact des subventions américaines sur le prix mondial du coton :
une approche par les modèles vectoriels autorégressifs
Bayésiens", il préconise une l'utilisation de modèles
autorégressifs de Bayes.
23 Les variables sont prises deux à deux
3) L'étude F. TRAORE
Cette étude visait à évaluer l'impact
éventuel des subventions américaines sur le prix mondial du
coton. Les principaux résultats qui s'en sont dégagés
peuvent être résumés comme suit :
· d'un point de vue purement
économétrique, l'approche par les modèles vectoriels
autorégressifs Bayésiens donnent des résultats plus
précis par rapport à l'approche classique notamment en palliant
le problème de nombre de degrés de libertés;
· l'analyse des fonctions de réponse impulsionnelles
montre un impact négatif, mais limité des subventions
américaines sur le prix mondial du coton.
Cependant, un certain nombre de limites demeurent.
La variable de subventions n'est certainement qu'un proxy des
soutiens accordés aux producteurs cotonniers américains. Il
conviendrait de chercher d'autres variables pertinentes comme les
différentes formes d'aides accordées par les États
respectifs à leurs producteurs. Les garanties de crédit à
l'exportation pourraient également être prises en compte. En
effet, l'identification de l'impact des subventions reste tributaire de la
variable retenue, d'où la nécessité d'isoler parmi les
mesures de soutien domestique celle étant la plus à même
d'influer sur la production.
Une recherche future devrait également concerner
l'évaluation de la performance du modèle en termes de
prévision, à travers notamment des statistiques comme la moyenne
du carré des erreurs ou la moyenne des erreurs absolues.
Les chocs simulés ont été
orthogonalisés par la méthode de Cholesky. Il pourrait être
intéressant d'introduire, en réponse à la critique de
Bernanke (1986), d'autres contraintes identifiantes structurelles, tenant
beaucoup plus compte des aspects théoriques, notamment en distinguant
les effets de court terme de ceux de long terme. A cet effet, les nouvelles
méthodes développées notamment par Villani et Warne (2003)
pour l'estimation des modèles Bayésiens structurels pourront
être mis à profit.
Enfin, comme toute variable simulée, un certain
degré d'incertitude reste lié à la fonction de
réaction du prix du coton et ce malgré la tendance marquée
à la baisse.
4) L'étude de C .A.bonjean, S .Calipel et F
.Traoré(2006)
Une étude récente a était mené par
ces chercheurs du Centre d'Etude et de Recherche sur le Développement
International (CERDI) en Mai 2006 intitulé :
46
L'impact des aides américaines et européennes
sur le marché du coton : résultats d'un modèle
d'équilibre partiel dynamique
L'objectif était d'évaluer l'impact des
subventions américaines et européennes sur le marché
international du coton à partir d'un modèle d'équilibre
partiel dynamique.
Après avoir analysé les études empiriques
antérieures portant sur ce thème, les auteurs ont
constatés que certains de ces études aboutissent sur le fait que
les subventions ont un impact sur le cours mondial du coton mais avec des
niveaux d'influences différentes.
En effet l'étude qui sert de base aux revendications du
Groupe africain estime à 12% l'impact sur le prix mondial de la
suppression des aides américaines, européennes et chinoises
(Goreux, 2003).D'autre part au Brésil: les estimations produites par le
Brésil, bien que basées sur une modélisation du
marché mondial radicalement différente, sont du même ordre
de grandeur (Sumner, 2003). Cependant des études récentes
conduites à la FAO (Poonyth et al., 2004) et aux Etats Unis (Pan et al.,
2004) font apparaître un impact beaucoup plus faible des subventions,
inférieur à 3 %.
Ainsi l'objectif de leur travail est de clarifier et
d'informer le débat sur la question de l'influence des politiques
américaine et européenne sur le marché international du
coton. L'outil privilégié est un modèle d'équilibre
partiel du marché du coton, permettant d'effectuer des analyses
comparatives statiques et dynamiques de l'impact relatif des aides
américaines et européennes.
La modélisation repose sur une analyse
détaillée de la nature et du montant des aides accordées
par chaque pays au secteur cotonnier. Six mesures de soutien sont prises en
compte pour les Etats Unis : les aides directes, les aides contracycliques, les
marketings assistance loans et loan deficiency payments, les aides à
l'exportation (Step 2) et les subventions sur les primes d'assurance.
Pour l'Union Européenne, le modèle permet de
simuler la modification du système d'aides qu'entraîne la
réforme de la PAC à partir de la campagne 2005/06.
Deux campagnes de référence sont retenues : ,une
marqué par un bas prix international (56 cts/livre en moyenne) et un
niveau d'aide élevé aux USA 2002/03 , et celle de 2003/04
caractérisée par un prix international relativement
élevé (69 cts/livre) et un niveau d'aide plus faible.
De plus ils ont pris en compte le risque de prix au niveau de
l'offre, et l'estimation économétrique des fonctions d'offre, de
demande et de stockage pour les principaux pays producteurs et consommateurs de
coton.
Le marché modélisé est celui de la fibre
de coton, type Middling 1-3/32 pouces et comprend trente pays producteurs et/ou
consommateurs.
Pour pouvoir bien mener une comparaison des aides
américaines et européennes au secteur coton, les auteurs ont
présentés les principales mesures de soutiens appliqués
aux états unis et en union européenne.
Ainsi les résultats sont que La comparaison des aides
américaines et européennes au secteur coton fait ressortir le
caractère contracyclique des aides américaines.
Alors que le volume des aides européennes est
relativement constant dans le temps, de l'ordre de 1 milliard de dollars, les
aides américaines fluctuent entre 1 et 4,5 milliards de dollars. Elles
sont particulièrement élevées en 1999/00, 2001/02 et
2002/03, trois campagnes pendant lesquelles le prix international du coton est
particulièrement bas. En 2004/05, cependant, le montant total des aides
américaines atteint un record de 4,5 milliards et paraît
anormalement élevé par rapport au prix mondial qui se stabilise
au niveau de 2003/04.
Rapportées à la production, les aides
européennes sont en moyenne très nettement supérieures aux
aides américaines : plus de dix fois supérieures en 1996/97
année où le prix mondial est relativement élevé,
mais « seulement » 1,5 fois supérieures en 2001/02
année où le prix mondial est au plus bas. En 2003/04, l'aide
reçue par les producteurs européens est de 2,26 $ contre 0,44 $
aux Etats Unis
Ainsi la modélisation passe d'abord du coté de
l'offre pour chaque pays puis de la demande :
Du coté de l'offre de coton, la production
américaine est désagrégée en six régions.
Les producteurs effectuent leurs choix de production en fonction
de leur revenue net espéré qui dépend des
différentes formes d'aides et de leur taux de découplage. Le
modèle d'offre européen distingue deux régions de
production, la Grèce et l'Espagne. Dans le nouveau système d'aide
européen, les producteurs reçoivent une aide à l'hectare,
dégressive au-delà d'un seuil fixé à l'avance, et
une aide directe qui peut être considérée comme ayant une
influence nulle, partielle ou totale sur l'offre. Par ailleurs, le
modèle autorise différentes hypothèses sur la forme des
anticipations des producteurs et prend en compte l'impact sur le risque de prix
sur l'offre.
48
Du coté de la demande, la concurrence des fibres
synthétique (polyester) est intégrée. Le prix de la fibre
synthétique est modélisé comme une fonction du prix du
pétrole brute. Le modèle intègre également le jeu
des stocks au niveau de chaque pays. Enfin, la modélisation des
échanges extérieurs pour chaque pays prend en compte, le cas
échéant, la non homogénéité du coton local
par rapport au coton échangé internationalement.
Le modèle est utilisé pour simuler la
réforme du système d'aides communautaires et la suppression des
aides américaines et(ou) européennes. Parmi les variables de
résultat, les auteurs s'intéressent plus particulièrement
à l'impact de la suppression des aides sur le prix mondial de la fibre
de coton (indice A du cotlook), les quantités produites et
commercialisées par les états unis, l'Europe et les pays
d'Afrique de la zone franc.
Les résultats montrent le rôle critique
joué par le choix de l'année de référence dans
l'évaluation de l'impact des aides. Du fait de leur caractère
contracyclique, l'impact des aides américaines sur le prix mondial
varie, en moyenne, de 3 % (base 2003-04) à 7% (base 2002-03). En
revanche, l'impact des aides européennes, dont le montant global est
stable, est de l'ordre de 2% quelque soit l'année de
référence.
Les calcules montrent aussi une forte sensibilité des
résultats par rapport à la valeur des élasticités
de l'offre, à la perception que les producteurs ont du caractère
plus ou moins découplé des aides et aux hypothèses
concernant les couts de production.
Au total, l'augmentation du prix mondial consécutive
à la suppression de toutes les aides est, pour (moyennes) sur la valeur
des élasticités et des couts de production, de l'ordre de 5%,
base 2003-04, proche de 10% base 2002-03.
Cet impact est beaucoup plus élevé si l'on
considère que les couts unitaires de production se maintiennent à
leur niveau initial. Dans ce cas, par exemple, la production américaine
chute de prés de 60% et l'augmentation du prix mondial est proche de
17%. D'autres études notamment (Poonyth et al, 2004) essaient
également d'évaluer l'impact des subventions- de tous les pays
subventionneurs cette fois-ci- sur le prix mondial et les volumes
échangés du coton. Cette dernière tentative utilise le
modèle ATPSM (Agricultural Trade Policy Simulation Model)
développé conjointement par la FAO et la Conférence des
Nations Unis sur le Commerce Et le Développement (CNUCED).
Les auteurs trouvent qu'une réduction complète
des subventions dans tous les pays aboutirait à un relèvement de
3,1% à 5% du prix mondial suivant les valeurs des
élasticités de l'offre et de la demande.
50
Conclusion
En définitif bien que reposant sur un soubassement
théorique discutable, les résultats empiriques montrent pour la
plupart des cas un impact négatif des subventions sur le prix mondial du
coton et donc un effet négatif sur les exportations de coton du Burkina.
En effet il ressort comme observation que la plupart des études
concourent aux mêmes résultats concernant les prix et les
préjudices, c'est à dire une augmentation des prix et un
relèvement des recettes d'exportation si les subventions étaient
éliminées. Sauf l'étude de B.Shepherd fait ressortir le
fait que les subventions peuvent ne pas avoir l'effet pervers
préétabli sur les prix et par conséquent sur les recettes
d'exportation (pertes). Il apparaît clairement que les méthodes
diffèrent (VAR, modèle d'équilibre partiel, ...), car
l'objectif des études n'est pas le méme. Cependant, méme
pour un même objectif, il arrive que les résultats
diffèrent du fait notamment des hypothèses formulées sur
la valeur des paramètres (comme des élasticités).
D'où l'objet de notre troisième chapitre, qui
consisteras à une étude économétrique de l'impact
des subventions sur le marché mondial du coton, afin de prendre position
sur la problématique du soutien au coton.
Chapitre3 : APPROCHE ECONOMETRIQUE DE L'IMPACT
DES SUBVENTIONS AMERICAINES ET EUROPEENNES SUR LES EXPORTATIONS DE COTON
DU BURKINA
Introduction
La question des subventions demeure à l'ordre du jour
et s'est méme accentuée. De nombreux produits sont au coeur de
cette polémique. On peut citer, entre autres, le coton, le blé,
le maïs, le sorgho, la viande, les produits laitiers, etc. De tous, le
coton reste cependant celui qui focalise le plus les différents
débats. Tout d'abord parce qu'il joue un rôle stratégique
dans les économies des pays en développement, le Burkina en
particulier. Dans le même temps, le coton figure au premier rang des
produits dont les subventions sont les plus élevées au plan
international.
Ainsi se pose un problème au regard des effets de ces
subventions sur le marché mondial du coton et particulièrement
sur les exportations de coton du Burkina. Les interrogations ci- dessus
constituent les préoccupations autour desquelles est bâtie la
présente étude. Elles permettront de valider ou non sur le plan
empirique, les différentes constructions théoriques quant
à l'analyse de l'impact des subventions des pays
développés (USA et UE) sur marché mondial du coton.
La méthodologie de travail adoptée dans cette
recherche se présente comme suit ; elle concerne d'un coté la
présentation du modèle et d'un autre la méthode d'analyse.
Autrement dit dans un premier temps, un point sur les principales variables de
l'étude, la période de l'étude et les sources des
données est fait. Ensuite, la méthode d'analyse qu'on entend
utiliser est clairement abordée.
52
Section1) Présentation du modèle
Nous présenterons respectivement le modèle retenu,
les variables du modèle et la source des données.
1) Le modèle retenu
Notre objectif étant d'étudier l'impact des
subventions agricoles sur les exportations de coton du Burkina via des chocs
sur les variables de subventions, nous appréhendons le marché
mondial du coton à travers un modèle vectoriel
autorégressif (VAR).
Les modèles VAR ont été introduits par
Sims (1980) comme alternative aux modèles macroéconomiques
d'inspiration keynésienne, particulièrement la partie concernant
les techniques d'identification. Pour Sims, ces modèles souffrent d'un
certain nombre d'insuffisances. Le caractère endogène ou
exogène d'une variable est trop souvent défini a
priori24 sans justification statistique. Une restriction a priori
trop forte est faite sur les paramètres. Il convient alors selon Sims,
vu les nombreuses interdépendances entre les variables
économiques, d'imposer le minimum de restriction a priori25,
en dehors du nombre de variables et de retards à inclure dans le
modèle.
Toutes les variables sont ainsi a priori endogènes,
l'exogénéité éventuelle de l'une d'elles pouvant
être testée statistiquement à partir des tests de
causalité. Dans notre cas, aucun ordre causatique n'est imposé
sur les données a priori. Notons enfin qu'un des intéréts
des modèles VAR reste leur facilité d'estimation. En effet, en
l'absence de restrictions entre les équations, l'estimation du
modèle équation par équation à l'aide des moindres
carrés ordinaires est équivalente à l'estimation du
système par maximum de vraisemblance. En des termes plus concrets, ce
que le modèle VAR nous donnera dans ce cas précisera simplement
une sténographie de représentation mathématique d'un
groupe de variables. Ce dernier est considéré comme
décrivant les travaux du marché cotonnier mais sans l'imposition
précédente d'idées découlant des théories
économiques considérées comme gouvernant les relations
inter-variables.
24 Souvent de façon implicite
25 Contraintes identifiantes
Ce modèle VAR(q) se présente sous forme matricielle
comme suit :
Avec Yt le vecteur des variables endogènes, á
vecteur des constantes, et q le nombre de retards.
Pour l'utilisation du modèle toutes les variables sont
exprimées en logarithme.
2) Choix et définition des variables
Le modèle comporte 6 variables :
+ Exportation de coton du Burkina (EXPB)
EXPB représente les exportations
totales de coton du Burkina. Cette variable est cruciale dans notre
étude car c'est sur elle qu'on attend voir des résultats. Elles
sont exprimées en millier de bales26.
+ Production mondiale du coton (PDMC)
PDMC : exprimée en million de bales
représente la quantité de coton produite à travers du
monde.
La considération de cette variable dans notre
modèle s'explique par le fait que le prix de tout bien est
déterminé par son offre (l'offre découlant de la
production).
+ Prix mondial du coton (PRMC)
PRMC : le prix mondial du coton approché
par l'indice A de Cotlook.
L'Indice A de Cotlook est l'indicateur du niveau moyen des
prix internationaux le plus souvent cité. L'Indice A est calculé
par les employés de Cotlook Ltd, une entreprise privée de
Liverpool, Royaume-Uni, qui reçoit des informations sur les prix tant
des acheteurs que des vendeurs de coton de différentes origines.
26 1 bale, est égale à 480 Ib. La livre
(pound ou Ib) est une unité de mesure angloxasonne qui vaut 0,4536
kg.
54
Cet indice exprimé en US-Cents27 par Livre
est la moyenne des cinq cotations les plus basses parmi un ensemble de
cotations représentatives d'origines très diversifiées,
rapportées au stade CAF nord --Europe.
Cette variable est capitale dans notre étude dans la
mesure où les distorsions évoquées sur le marché du
coton font principalement allusion à la chute des cours mondiaux du
coton.
+ Aides américaines aux producteurs de coton
(AUSA)
AUSA : Les subventions américaines
exprimées en million de dollars, sont approximées par les
paiements direct du gouvernement au coton (direct government payments of
cotton) tels qu'apparaissant dans U.S. and State Farm Income Data (include
calendar-year data on direct government payments).
+ Aides européennes aux producteurs de coton
(AUE)
AUE : Les subventions européennes
quant à elles sont approchées par les aides pour la production du
coton. Elles sont aussi exprimées en million de dollars.
AUSA et AUE sont les variables capitales de notre
modèle, car elles sont considérées comme étant
à l'origine des distorsions observées sur le marché
mondial du coton et donc sur les exportations de coton du Burkina.
N.B : la conversion en dollars des subventions
européennes exprimées en Euro à été possible
grâce aux bases de données historiques de taux de change
disponibles sur le site :
www.oanda.com.
+ Production de coton du Burkina (PDB)
PDB : exprimée en millier de bales
représente la quantité de coton produite par le Burkina Fasso.
La prise en compte de cette variable s'explique par le fait que
l'exportation d'un produit est déterminée par sa production.
27 Le Cent est la centième division du dollar
(1$= 100 cents)
3) Sources des données et hypothèse de
recherche
3.1 Sources des données
La présente étude porte sur des données
annuelles s'étalant entre 1982 et 2007 ; c'est à dire 26
observations. Les données utilisées dans le cadre de cette
étude sont des données secondaires, tirées sur des bases
de données existantes ou dans des journaux spécialisés.
Les variables retenues viennent alors de diverses sources, ainsi :
- Les exportations de coton du Burkina, la production mondiale de
coton, le prix mondial du coton approximé par l'indice A de Cotlook et
la production de coton du Burkina sont tirés du site de Index mundi
(précisément du site
www.indexmundi.com); - Les
subventions américaines proviennent de U.S. and State Farm Income Data.
(Include calendar-year data on direct government payments)
De 1982 à 1995 sur (
www.ers.usda.gov/data/FarmIncome/finfidmu.htm#payments)
De 1996 à 2007 sur (
www.ers.usda.gov/Briefing/FarmIncome/Data/GP_T7.htm)
- Les subventions européennes entre 1982 et 2002
proviennent du "Official journal of the European Union, Special Report N°
13 /2003", table 4 et celles qui sont entre 2003 et 2007 sont issues de DG
AGRI.
3.2 Hypothèse de recherche
Nous avons posé les hypothèses de recherche
suivantes :
Hypothèse 1 : Les subventions américaines et
européennes impactent négativement sur les exportations de coton
du Burkina.
Hypothèse 2 : L'impact des subventions américaines
est plus important que l'impact des subventions européennes sur les
exportations de coton du Burkina.
Hypothèse 3 : Les subventions américaines et
européennes influence négativement le prix mondial du coton.
56
Section2) Méthode d'analyse et
interprétation des résultats de simulation
Cette section sera consacrée d'abord à la
méthode d'analyse qui consistera à un test de diagnostic sur les
données du modèle. Ensuite nous aborderons l'estimation du
modèle VAR. Et en fin nous interpréterons les résultats de
simulation, qui consisteront à une interprétation des fonctions
de réponse impulsionnelles et de la décomposition de la
variance.
1) Méthode d'analyse
L'estimation du modèle VAR nécessite un certain
nombre de préalables. Ainsi nous commencerons par des tests de
diagnostic sur les données avant d'estimer le modèle. Pour cela
nous nous intéresserons à l'étude de la
stationnarité des variables du modèle et à l'étude
de leurs cointégrations.
1.1 Etude de la stationnarité des variables
:
Depuis les travaux fondateurs de Granger et Newbold (1974) sur
les régressions « fallacieuses », il convient, avant de
procéder à des estimations sur des séries temporelles, de
s'interroger au préalable sur la stationnarité des séries
en question.
Pour étudier le niveau d'intégration des
variables nous utilisons le test de Phillips Perron (PP). Cependant on pourrait
utiliser le test Dickey- Fuller augmenté (ADF) pour étudier la
stationnarité des variables du modèle. Mais le test de PP nous
semble être le mieux approprié car il est construit sur une
correction non paramétrique des statistiques de Dickey- Fuller pour
prendre en compte les erreurs hétéroscédastiques.
Le test de Phillips Perron
Le modèle servant de base à ce test est :
Xt = ? Xt- 1 + ut
Le test d'hypothèses est le suivant : H0: X a une racine
unité (non stationnaire)
H1: X n'a pas une racine unité (stationnaire)
Phillips et Perron ont établis une statistique PP
(Phillips-perron test statistic), on compare cette valeur PP à la valeur
de CV (critical value). Dans la mesure où la valeur critique est
négative, la règle de décision est la suivante :
Si PP < CV, on rejette l'hypothèse nulle de non
stationnarité. Si PP > CV, on accepte l'hypothèse nulle de non
stationnarité.
Le test est appliqué en niveau puis en
différence première puis en différence seconde dans le cas
où les variables seraient non stationnaires à ces premiers
stades.
Par souci de synthèse, compte tenu du nombre important
des tests appliqués, le tableau ci-dessous résume les
résultats des tests de racine unitaire appliqués à
l'ensemble des variables. L'étude considère le seuil de 5% pour
la validation des différentes hypothèses.
Tableau1 : résultats des tests de racine unitaire :
I(n)28
Variables
|
LEXPB
|
LPDM
|
LAUSA
|
LAUE
|
LPDB
|
LPRMC
|
PP
|
-3.924
|
-6.627
|
-3.235
|
-3.927
|
-5.736
|
-5.266
|
CV
|
-2.991
|
-2.991
|
-2.985
|
-2.991
|
-2.997
|
-2.991
|
Résultats
|
I(1)
|
I(1)
|
I(1)
|
I(1)
|
I(2)
|
I(1)
|
Il ressort de ce tableau que les variables LEXPB, LPDM, LAUSA,
LAUE et LPRMC sont stationnaires en différence première. Alors
que la variable LPDB est stationnaire en différence seconde.
1.2 Etude de la cointégration des variables
:
Dans la mesure où les variables ont des ordres
d'intégrations différentes, nous utilisons le test de Johansen
pour cette étude.
28 Signifie intégré d'ordre n
58
Le test de Johansen
Le test de Johansen permet de connaître le nombre de
relations de cointégration. Johansen (1988) propose des estimateurs du
maximum de vraisemblance pour tester la cointégration des séries.
Il effectue un test du rang de cointégration.
Le test d'hypothèses est le suivant : H0 : non
cointégration
H1 : cointégration
On compare le ratio de vraisemblance (LR) à la valeur
critique (CV). Si LR est supérieur à CV alors on rejette H0. Si
LR est inférieur à CV alors on accepte H0.
Tableau2 : Résumé du test de cointégration
de Johansen
Series: LOG(EXPB) LOG(PDM) LOG(AUSA) LOG(AUE) LOG(PDB)
LOG(PRMC)
|
Lags interval: 1 to 1
|
*(**) denotes
rejection of the hypothesis at 5%(1%) significance level
|
L.R. test indicates 3 cointegrating equation(s) at 5%
significance level
|
Le rang de cointégration est 3, on accepte donc
l'hypothèse de cointégration.
Les variables Log(EXPB), Log(PDM), Log(AUSA), Log(AUE),
Log(PDB) et Log(PRMC) sont cointégrées au seuil de 5%. Elles
suivent des évolutions parallèles sur la période 1982 et
2007.
2) Estimation du modèle VAR
Dans la procédure d'estimation des modèles VAR,
outre la question portant sur la nature des séries, une seconde
interrogation a trait au nombre optimal de retards à inclure dans le
modèle. Ainsi l'estimation passe d'abord par la détermination du
nombre de retard.
2.1 Détermination du nombre de retard
La détermination du nombre optimal de retard constitue
la première étape du processus conduisant au VAR. Pour se
faire nous utilisons les critères d'Akaike et Schwarz pour
des décalages h allant de 1 à 2. Les
différentes valeurs obtenues pour les différents nombres de
retards sont consignées dans le tableau suivant :
Tableau3 : Résultats de la recherche du nombre de
décalages optimal
Décalage
|
Akaike
|
Schwarz
|
1
|
0,068
|
2,142
|
2
|
-4,204
|
-0,336
|
Le nombre de décalages retenu correspond à la
valeur la plus faible des critères soit : p=2
2.2 Estimation des paramètres du modèle
VAR
L'estimation du processus VAR(2) est résumée dans
le tableau suivant.
Tableau4 : Résumé de l'estimation du modèle
VAR(2)
Variables
|
D(LOG(EXP B))
|
D(LOG(PD M))
|
D(LOG(AUS A))
|
D(LOG(AUE) )
|
D(LOG(PD B),2)
|
D(LOG(PR MC))
|
D(LOG(EXPB(
-1)))
|
-0.366362
|
0.005811
|
0.906890
|
0.569734
|
-0.865777
|
-0.334363
|
|
(0.48526)
|
(0.15556)
|
(2.04304)
|
(0.35416)
|
(0.53256)
|
(0.41833)
|
|
(-0.75498)
|
(0.03735)
|
(0.44389)
|
(1.60869)
|
(-1.62568)
|
(-0.79928)
|
|
|
|
|
|
|
|
D(LOG(EXPB(
-2)))
|
-0.327959
|
0.071372
|
2.277728
|
-0.583155
|
-0.625260
|
0.037679
|
|
(0.51641)
|
(0.16555)
|
(2.17417)
|
(0.37689)
|
(0.56675)
|
(0.44518)
|
|
(-0.63508)
|
(0.43112)
|
(1.04763)
|
(-1.54727)
|
(-1.10325)
|
(0.08464)
|
Source : Construction de l'auteur
Les premiers chiffres entre parenthèses désignent
les écarts types et les seconds, les t de student des coefficients
estimés.
Les résultats indiquent que les exportations de coton
du Burkina retardées de deux périodes dépendent
négativement des aides européennes et de la production de coton
du Burkina. Cependant elles dépendent positivement des aides
américaines, de la production mondiale de coton et du prix mondial du
coton.
60
Par ailleurs, notons qu'on ne peut accorder trop d'importance
aux coefficients d'un modèle VAR. En effet leur interprétation
économique est délicate dans la mesure où toutes les
variables sont considérées et traitées comme
endogènes. Ainsi, un coefficient ne saurait être directement
interprété comme un effet marginal. Car de par la
définition dynamique du modèle, l'hypothèse toutes choses
égales par ailleurs ne tient pas à moyen ou long terme. De ce
faite, la variation d'une variable va affecter les autres variables du
modèle de façon dynamique (Lütkepohl, 1993). C'est pourquoi
ces modèles sont plutôt appréhendés à travers
les fonctions de réponse aux chocs et à la décomposition
de la variance.
3) Interprétations des résultats de
simulations (dynamique du modèle)
A partir de la représentation VAR(2) estimée, nous
allons interpréter les fonctions de réponses impulsionnelles et
la décomposition de la variance de l'erreur de prévision.
3.1 Fonctions de réponses impulsionnelles
Les modèles VAR sont souvent analysés au travers
de leur dynamique via la simulation des chocs sur les innovations du
modèle. En effet, les fonctions de réponses Impulsionnelles
permettent d'analyser l'impact de la variation d'une innovation sur les
variables.
Les graphiques qui suivent, représente les
réponses à des chocs sur les résidus structurels des six
variables du modèle. Pour chaque variables le choc est égale
à l'écart type de ses résidus. L'horizon temporel des
réponses est fixé à 24 mois. Cet horizon représente
le délai nécessaire pour que les variables retrouvent leurs
niveaux de long terme29.
Dans la mesure où notre étude cherche à
appréhender l'impact des subventions agricoles sur les exportations de
coton du Burkina, nous retenons les variables de subvention pour simulés
les chocs.
Il s'agit d'une part les aides américaines en et
d'autre part des aides européennes. Nous avons en bleue la
réponse des variables à un choc sur les subventions
américaines et en rouge leurs réponses suite à un choc sur
les subventions européennes.
29 Niveau d'équilibre
Graphique 9 : Réponse des exportations de
coton du Burkina à un choc sur les subventions
Un choc positif sur les subventions américaines se
traduit par une baisse des exportations de coton du Burkina dans les cinq
premier mois. L'effet devient positif entre le sixième et le
huitième mois avant de retrouver son niveau de long terme au
vingtième mois.
Par ailleurs on observe qu'à la suite d'un choc positif
sur les subventions européennes,
epon (L(XPB) o On S novon
les exportations de coton du Burkina réagissent
négativement durant les deux premiers mois. Tandis qu'il devient positif
entre le deuxième et le cinquième mois avec une
légère baisse au troisième mois avant de redevenir
négatif entre le sixième et le neuvième mois. A partir du
vingtième mois, l'effet se stabilise.
Ainsi il ressort du graphique une réaction
instantanée et négative des exportations de coton du Burkina
à un choc sur les subventions. Autrement dit, les subventions
D(LOGAUSA)) D(LOG(AUE))
américaines et européennes impactent
négativement sur les exportations de coton du Burkina.
Par ailleurs on constate sur le graphique que la
période de négativité des exportations de coton du Burkina
due à un choc sur les subventions américaines est
supérieure à celle due à un choc sur les subventions
européennes. Donc on peut dire que les exportations de coton du Burkina
sont plus vulnérables aux subventions américaines qu'aux
subventions européennes.
62
Ainsi nos deux hypothèses se vérifient car les
subventions américaines et européennes impacts
négativement sur les exportations de coton du Burkina Faso. Cependant
les subventions américaines ont plus d'effets négatifs sur les
exportations de coton du Burkina que les subventions européennes.
Graphique 10 : Réponse de la production
mondiale de coton à un choc sur les subventions
Il ressort de ce graphique qu'un choc positif sur les
subventions américaines se traduit par une fonction de
réaction négative de la production mondiale de coton pendant
les trois premiers mois. L'effet devient positif entre le troisième
et le cinquième mois avant
Rpo f D(LOG(PDM)) t O SD Iti
de retrouver son niveau de long terme au dix-huitième
mois.
Par ailleurs, un choc positif sur les subventions
européennes se traduit par un effet négatif sur la production
mondiale de coton durant les trois premiers mois. L'effet devient positif entre
le troisième et le quatrième mois. Il se stabilise à
partir du dixhuitième mois.
Donc les subventions influent négativement la production
mondiale de coton. De plus
2 4 6 8 0 12 14 16 18 20 22 24
) OA
ces résultats montrent aussi que les subventions
américaines influencent plus l'offre mondiale de coton par rapport aux
subventions européennes.
Graphique 11 : Réponse des aides
américaines à un choc sur les subventions
Un choc positif sur les subventions américaines se
traduit par un effet négatif sur ce dernier pendant les trois premier
mois. L'effet devient positif entre troisième et le quatrième
mois avant de devenir négatif entre le quatrième et le
sixième mois. L'effet commence à disparaitre à partir du
treizième mois.
esponse of D(LOG(AUSA)) to One S.D. Innovations
L'effet d'un choc positif sur les subventions
européennes se traduit par une baisse des subventions américaines
durant les trois premier mois. L'effet devient positif entre le
troisième et le sixième mois avant de retrouver son niveau de
long terme.
Graphique 12: Réponse des aides
européennes à un choc sur les subventions
Un choc positif sur les subventions américaines se
traduit par un effet négatif sur les subventions européennes
pendant presque les trois premier mois. L'effet devient positif entre
troisième et le quatrieme mois avant de devenir négatif entre le
quatrième et le
sixième mois. L'effet commence à disparaitre
à partir du dix-septième mois. D(LOG(AUE))
64
L'effet d'un choc positif sur les subventions
européennes se traduit par une baisse sur lui-même durant les deux
premier mois. L'effet devient positif entre le deuxième et le
cinquième mois avant de retrouver son niveau de long terme.
Graphique 13 : Réponse de la production
de coton du Burkina à un choc sur les subventions
Les effets d'une augmentation des subventions
américaines sur la production de coton du Burkina sont négatifs
au cours des quatre premiers mois. Ces effets deviennent positifs entre le
quatrième et le sixième mois avant de redevenir négatifs
entre le septième et le dixième mois. L'effet commence à
disparaitre à partir du dix-huitième 5 mois.
Par ailleurs, la production de coton du Burkina baisse
à la suite d'un choc positif sur les subventions européennes
pendant les deux premiers mois. Elle augmente entre le deuxième et le
troisième mois avant de redevenir négative entre le
troisième et le septième mois. L'effet se stabilise à
partir du dix-huitième mois.
Il ressort comme résultats que la production de coton
du Burkina réagisse négativement à un choc sur les
subventions. Donc les subventions américaines et européennes
impactent négativement sur la production de coton du Burkina.
Graphique 14 : Réponse du prix mondial du
coton à un choc sur les subventions
La réaction du prix mondial du coton suite à un
choc positif sur les subventions américaines est instantanée. Le
prix mondial du coton baisse fortement durant les quatre premiers mois. L'effet
devient positif entre le quatrième et le septième mois avant de
redevenir négatif entre le sixième et le neuvième. Il se
stabilise à partir du dix-huitième mois.
Pour un choc positif sur les subventions européennes,
il se traduit par un effet négatif sur le prix mondial du coton durant
les deux premier mois. L'effet devient positif entre le troisième et le
quatrième mois avant de retrouver son niveau de long terme à
partir du dix-huitième mois.
8 Il ressort de ce graphique que le prix mondial du coton
réagisse négativement à un choc 2 sur les subventions. Ce
résultat confirme notre hypothèse de départ.
Autrement dit les subventions impactent négativement
sur le prix mondial du coton. De plus tout comme les exportations de coton du
Burkina, le prix mondial du coton est plus vulnérable aux subventions
américaines qu'aux subventions européennes.
Au total il ressort de ce dernier résultat une
explication des baisses enregistrées sur la production mondiale de
coton, de la production de coton du Burkina et des exportations de coton du
Burkina. En effet les chocs positifs sur les subventions entrainent une baisse
du prix mondial du coton. Ce dernier entraine toute chose égale par
ailleurs à une baisse de l'offre mondiale de coton. Ainsi il en
résulte une baisse des exportations de coton du Burkina car ce dernier
est compris dans l'offre mondiale de coton, donc vendue aussi prix mondial du
coton.
66
Or le Burkina exporte presque la totalité de sa
production de coton, il s'en suit une baisse de ce dernier car n'étant
plus incité à produire à cause de la baisse du prix
mondial du coton.
Par ailleurs on note un retard du système à
retrouver l'équilibre, cela s'explique par le fait qu'on se situe dans
un cas d'offre agricole. En effet l'activité agricole utilise des
facteurs fixes qui l'empêchent de s'ajuster dans le très court
terme. Autrement dit il faut un certain temps pour que les producteurs
agricoles récupèrent l'information et de l'incorporer dans leurs
systèmes productifs avant de retrouver l'équilibre.
3.2 Décomposition de la variance
La décomposition de la variance de l'erreur de
prévision a pour objectif de calculer pour chacune des innovations sa
contribution à la variance de l'erreur en pourcentage. Quand une
innovation explique une part importante de la variance de l'erreur de
prévision, on en déduit que l'économie étudier est
très sensible aux chocs affectant cette série. En effet la
décomposition de la variance nous permet de voir laquelle des
subventions (américaines ou européennes), influence le plus les
variables du modèle.
Du point de vue de l'intérêt de l'étude
nous considérons les variables LEXPB, LPDB et LPRMC.
Tableau5 : Résumé de la décomposition de la
variance (en pourcentage)
Variables endogènes
|
Périodes
|
Variables exogènes
|
LEXPB
|
LPDM
|
LAUSA
|
LAUE
|
LPDB
|
LPRM C
|
LEXPB
|
1
|
71,79
|
0
|
11,11
|
17,10
|
0
|
0
|
24
|
47,71
|
4,64
|
23,57
|
16,59
|
0,75
|
6,73
|
LPDB
|
1
|
56,56
|
2,67
|
30,44
|
9,18
|
1,14
|
0
|
24
|
43,85
|
3,43
|
29,40
|
12,63
|
1,71
|
8,98
|
LPRMC
|
1
|
12,10
|
0,72
|
45,72
|
9,92
|
2,62
|
28,91
|
24
|
25,91
|
7,80
|
29,59
|
15,95
|
1,79
|
18,95
|
Les résultats du tableau montrent que la variance de
l'erreur de prévision des exportations de coton du Burkina est due, de
façon instantanée à 71,79% à ses propres
innovations à 11,11% à celle des subventions américaines
et à 17,10% à celles des subventions européennes.
Cependant à moyen et long terme, cette variance est expliquée
à 47,71% par ses propres innovations, à 23,57% à celles
des subventions américaines, à 16,59% aux innovations des
subventions européennes et à 6,73% aux variations du prix mondial
du coton.
Ces résultats sont conformes à ceux obtenus sur
les fonctions de réponse suite à un choc sur les subventions. En
effet on note sur ces graphiques que les exportations de coton du Burkina
réagissent plus à un choc sur les subventions américaines
qu'à un choc sur les subventions européennes. Les subventions
américaines influencent donc fortement les exportations de coton du
Burkina.
En procédant aussi à la décomposition de
la variance on constate que les variations de la production de coton du Burkina
sont dues dans le très court terme (1mois) à 56,56% aux
variations des exportations de coton, à 30,44% à celles des
subventions américaines et à 9,18% à celles des
subventions européennes. Dans le moyen et long terme, cette variance est
expliquée à 43,85% aux innovations des EXPB, à 29,40%
à celles des AUSA, à 12,63% par les innovations des AUE et
à 8,98% aux innovations du prix mondial.
Il ressort aussi que les subventions américaines impactent
donc plus la production de coton du Burkina de coton que les subventions
européennes.
En ce qui concerne le prix mondial du coton, ses variations
sont dues essentiellement aux variations des subventions américaines
(45,72%) dans le très cour terme. Elles sont dues à 28,91%
à ses propres innovations et à 9,92% à celles des
subventions européennes. Dans le moyen et long terme, la variance de
l'erreur de prévision du prix mondial du coton est due à 18.95%
à ses propres innovations, à 29,59% aux innovations des
subventions américaines et à 15,95% à celles des
subventions européennes. Par ailleurs, on remarque que les exportations
de coton du Burkina expliquent les variations du prix mondial du coton dans une
proportion plus ou moins grande 12 à 25%. Cela peut être
expliqué par le poids du Burkina dans le marché africain de
coton, car il est le premier pays africain exportateur de coton, avec 212000
tonnes exporté en 2004/2005 (d'après une étude de la CERDI
en Mars 2006).
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Au total, il ressort de la décomposition de la variance de
l'erreur de prévision qu'aussibien les subventions
américaines que les subventions européennes, influencent
les exportations de coton du Burkina. Cependant l'impact des aides
américaines est plus important que celui des aides
européennes. En effet les subventions américaines expliquent
le prix mondial du coton plus que les subventions européennes, hors
c'est à ce dernier que sont vendues les exportations de coton du
Burkina.
L'analyse par la décomposition de la variance confirme
donc les résultats obtenus avec les fonctions de réponses
impulsionnelles.
Conclusion et recommandations:
Il ressort de l'analyse de nos résultats que les
subventions américaines et européennes impactent
négativement sur les exportations de coton du Burkina, En effet les
subventions influencent négativement le prix mondial du coton. Ainsi
tout choc sur les subventions, se répercute sur les exportations de
coton du Burkina à travers un effet négatif des subventions sur
le prix mondial du coton.
Cela confirme donc nos hypothèses de départ.
Toutefois, ce résultat n'est pas surprenant. Il rejoint les conclusions
des travaux de certaines études comme celles C .A.bonjean, S .Calipel et
F .Traoré(2006) et celui de Goreux(2003). Cependant il infirme
l'étude de B. Shepherd. Toute porte à croire qu'en
définitive les subventions des Etats Unis et de l'Union
Européenne influencent négativement le prix mondial du coton,
surtout les subventions américaines.
Considérant la relation entre les subventions et la
production de coton du Burkina, il ressort de nos analyses que les subventions
impactent négativement sur ce dernier mais pas de manière direct.
Autrement dit c'est à travers le prix mondial du coton que les
subventions influencent les exportations de coton du Burkina, qui par suite
influencent la production de coton du Burkina.
Ainsi en termes de recommandations, il faudrait que le Burkina
et les autres pays de l'initiative sectorielle (Benin, Tchad et Mali)
continuent la bataille pour la réduction des subventions
accordées aux producteurs de coton des Etats Unis et l'Union
Européenne. Car leurs positions est justifié à savoir des
subventions record, une surproduction et un effondrement des prix
pénalisant leurs producteurs africains de coton tel que ceux du Burkina
Faso, qui destinent la quasi-totalité de leurs productions de coton aux
exportations et qui n'ont pas les mêmes soutiens en cas de baisse des
prix.
Toutefois, dans la mesure où la baisse ou l'arrêt
des subventions constituera sans doute un changement majeur, structurel,
pouvant entrainer une rupture dans les comportements des producteurs
américains et européens de coton, il n'est pas sur le point
d'être observé. Mais dans tous les cas, afin de ne plus être
victimes de la volatilité des cours mondiaux du coton, il appartient au
Burkina Fasso d'investir dans les industries de transformation du coton.
70
Autrement dit il consistera à transformer le coton
produit en des produits finis tel que les vétements, l'alimentation de
bétail, à l'huile... et créer ainsi de la valeur
ajouté et plus d'emploi.
CONCLUSION GENERALE
La plupart des pays en développement producteurs de
coton considèrent que le faible niveau des cours mondiaux est en grande
partie la conséquence des aides accordées par les Etats-Unis et
l'Union européenne à leurs producteurs. Ces pays attendent
à ce titre des gains substantiels en matière de recettes
d'exportation et de développement économique en
général avec l'arrêt des subventions. Le travail
mené dans le cadre de ce mémoire a permis de montrer que cette
vision, semble être justifié. En effet, cette étude visait
à analyser l'impact des subventions américaines et
européennes sur les exportations de coton du Burkina.
Notre recherche a consisté dans un premier temps,
d'analyser la problématique du coton au Burkina. Il ressort comme
conclusion que le coton joue un rôle tés important dans ce pays
car il entraine des effets positifs sur le plan socioéconomique. Cela
résulte du fait que le Burkina possède un avantage dans la
production du coton grâce à ses couts de productions faible par
rapport à ceux des USA et de l'UE. Ce pendant ces derniers ont mis en
place des politiques de soutiens pour venir en aide à leurs producteurs
de coton, faussant ainsi cet avantage du Burkina.
Dans un second lieu, la revue de la littérature a
permis de parcourir quelques études relatives à l'impact des
subventions agricoles sur le marché mondial du coton. Ainsi un
aperçu sur la revue de la littérature nous a permit de constater
certains résultats.
En effet une étude menée par L. Goreux montre que
l'abandon des subventions entraînerait une hausse des cours du coton de
12%.
Par ailleurs une étude menée par C .A.bonjean, S
.Calipel et F .Traoré(2006) montre que, du fait de leur caractère
contracyclique, l'impact des aides américaines sur le prix mondial du
coton varie, en moyenne, de 3 % (base 2003-04) à 7% (base 2002-03). En
revanche, l'impact des aides européennes, dont le montant global est
stable, est de l'ordre de 2% quelque soit l'année de
référence.
Quant à l'étude de F. TRAORE l'analyse des
fonctions de réponse impulsionnelles montre un impact négatif,
mais limité des subventions américaines sur le prix mondial du
coton.
72
Cependant, l'étude de B. Shepherd conduit à des
résultats complètements opposés. En effet avec un
modèle vectoriel autorégressif standard (VAR), le résultat
de ses régressions montre que les subventions agissent plus sur la
production mondiale que sur les prix. De plus en décomposant la
variance, B. Shepherd montre que les variations de prix sont plus dues à
la variation de la demande, plutôt qu'a un quelconque effet des
subventions. La conclusion de L. Shepherd est que l'abandon des subventions
aurait un impact quasi nul sur les prix.
En fin dans un troisième et dernier lieu, pour faire
une étude relativement identique, nous nous sommes inspirés de
l'étude L. Shepherd en y apportant des modifications du point de vue des
variables retenues. C'est ainsi qu'on a choisi un modèle Var dans le
cadre de notre analyse, lequel semble correspondre le mieux à notre
recherche.
Trois hypothèses ont été
formulées. Les simulations réalisées afin de tester ces
hypothèses ont fait ressortir un certain nombre de points essentiels,
qui peuvent être résumés comme suit :
Premièrement, l'analyse par le modèle VAR
à travers les fonctions de réponses impulsionnelles montre que
les aides américaines et européennes impactent
négativement sur les exportations de coton du Burkina. De même que
la décomposition de la variance conduit aux mêmes
résultats.
Deuxièmement, ces impacts ne s'opèrent pas de
manière directe. C'est-à-dire que c'est à travers le prix
mondial du coton que ca passe. En effet les subventions américaines et
européennes influencent négativement le prix mondial du coton et
par conséquent elles impactent négativement sur les exportations
de coton du Burkina. Ainsi il s'en suit une baisse de la production de coton du
Burkina car n'étant plus incité par le prix mondial du coton
à produire pour exporter.
Enfin, c'est les subventions américaines qui
influencent plus le prix mondial du coton et donc les exportations de coton du
Burkina par rapport aux Subventions européenne. En effet les subventions
américaines expliquent jusqu'à 45,72% la variation du prix
mondial du coton contre 15,95% pour les subventions européennes.
Cependant, sans remettre en cause essentiellement ses
résultats, notre travail comporte des limites en certains points.
- Les aides prises en compte dans ce travail pour les
simulations s'arrête en 2007. En 2008, une nouvelle loi, la Food,
Conservation and Energy Act, a été adoptée par le
Congrès américain. Elle est censée couvrir la
période 2008-2012. Naturellement, il faudrait disposer de données
d'au moins deux à trois campagnes afin d'apprécier les effets
d'une telle loi.
- Notre étude n'a pas pris en compte les subventions
chinoises. Pourtant la Chine est le deuxième pays qui subventionne le
plus le coton après les Etats-Unis. Ceci est dû au fait que les
données relatives aux subventions chinoises sont peu connues ; à
telle enseigne que la politique de subvention de la Chine est difficilement
appréciable.
- Les données pourraient aussi être tirées
d'autres sources. On peut citer entre autres : les sources de données de
la FAO, du CCIC, de la Banque mondiale...
Les études ultérieures pourraient s'employer
à comparer les résultats provenant de ces différentes
sources.
Enfin, notre étude a considéré la
modélisation VAR qui comporte des limites notamment concernant l'ordre
des variables. C'est ainsi que les travaux futurs devront s'intéresser
à d'autre méthode d'analyse telles que l'analyse
d'équilibre partiel ou dynamique, l'économétrie
Bayésiens..., afin d'analyser la contribution ou non des subventions
à la perte de recettes d'exportation pour les producteurs africains de
coton.
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