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L'identité: élément fondamental dans la littérature contemporaine, à  travers "l'enfant multiple" d'Andrée Chedid

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par Clément BIIRIMANA
Université Kasdi Merbah - Ouargla Algérie - Licence d'enseignement en langues étrangères  2011
  

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REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

UNIVERSITE KASDI MERBAH - OUARGLA FACULTE DES LETTRES ET DES LANGUES DEPARTEMENT DES LANGUES ETRANGERES

DIVISION DE FRANCAIS

Mémoire de fin d'étude en vue de l'obtention de la Licence de Français
Thème :

L'IDENTITE : ELEMENT FONDAMENTAL
DANS LA LITTERATURE CONTEMPORAINE
A TRAVERS L'ENFANT MULTIPLE D'ANDREE CHEDID

Sous la direction de : Présenté par :

Dr. SENOUSSI Massika Clément BIGIRIMANA

Promotion 4ème année Français Classique : 2010 / 2011

DEDICACE

Du fond du coeur, je dédie mon modeste travail à : Mon regretté grand frère GAHUNGU Raphaël ;

Mon grand frère de tout moment NDARUZENZE Joachim ;

Mes chers parents GAHUNGU Polycarpe et MACUMI Isabelle ; Tous mes frères ;

Toutes mes soeurs, en particulier KAZENEZA Fidélité et IRAKOZE Diane ; Mgr. Claude RAULT pour ses conseils et orientations ;

Toute ma promotion 2010 /2011;

Toute personne qui m'a accueilli, comme frère, en Algérie ;

Toute personne qui ne cesse de penser à moi et qui me porte dans son coeur ; Mes amis et amies ainsi qu'à toutes mes connaissances ;

Tout homme qui sait vivre et faire le bien ;

La communauté des Etudiants burundais à Ouargla ;

Et à la communauté estudiantine des étrangers à Ouargla.

3

REMERCIEMENTS

En toute franchise et reconnaissance, ce travail n'aurait pas été accompli selon mes propres efforts seulement, n'eüt été la participation de nombreuses personnes auxquelles j'adresse mes sincères remerciements. Il s'agit de :

Dr. SENOUSSI Massika qui, de tout coeur et en toute disponibilité, a accepté de diriger mon travail ;

La Communauté des Pères Blancs à Ouargla qui m'a ouvert les portes de sa riche bibliothèque ;

Mes parents qui n'ont ménagé aucun de leurs efforts pour me guider et entretenir ma vie jusqu'aujourd'hui ;

BAHATI HAMULI Patient pour sa disponibilité, sa franche collaboration et ses orientations ; RAMAZANI Lucien pour son importante contribution ;

Père Miguel Larburu pour ses orientations ;

Père Tarpaga Kassoum Anselme Auguste pour sa présence ;

Tout le corps professoral du Département de Français à l'Université Kasdi Merbah - Ouargla ;

Tous mes enseignants au primaire qui m'ont initié aux études et m'ont fait aimer l'école, en particulier Madame Spès NIZIGIYIMANA ainsi que Madame Rose-Marie NDABIRINDANGA ;

Les enseignants et les autorités du Petit Séminaire de MUGERA qui m'ont aidé à grandir, moralement et spirituellement ;

Les Gouvernements du BURUNDI et de l'ALGERIE qui ont beaucoup contribué pour ma formation.

La liste n'étant pas exhaustive, mes remerciements vont à tant de personnes dont les noms ne sont pas ci-haut cités mais qui, de près ou de loin, m'ont prêté main forte pour la réalisation du présent travail et dont la contribution a été importante.

INTRODUCTION

Depuis la nuit des temps, la question de l'identité a toujours été présente. Cependant, elle semble trouver son comble depuis la célèbre phrase de Socrate, « Homme, connais-toi toimême ». Ainsi a-t-elle saisi l'attention de nombreux penseurs issus des divers champs de recherche scientifique.

« D'abord, l'identité n'a émergé qu'assez récemment comme thème crucial dans les sciences sociales et la littérature. Le concept d'identité explicite une problématique certainement diffuse qui apparaît avec force dans le romantisme et qui se trouve encouragée par les conditions de vie dans la société industrielle : c'est l'époque à laquelle l'individu perd petit à petit l'identité immédiate que lui conféraient les groupes sociaux stables et homogènes auxquels il appartenait ».1

En effet, l'homme s'est toujours posé tant de questions sur sa propre identité, sur sa propre

nature, sur son origine et sur sa destinée en vue de savoir réellement qui il est. Dès lors, la

question de l'identité s'est répandue dans plusieurs champs de la recherche scientifique dont

celui de la littérature. D'ailleurs, « la littérature romanesque, comme peut-être la création
poétique moderne et la peinture contemporaine, sont des formes authentiques de création
culturelle sans qu'on puisse les rattacher à la conscience -- même possible -- d'un groupe so-

cial particulier.. »2 Ceci étant, il nous a semblé important de vouloir cerner la résonnance de

ladite question dans la littérature, en nous appuyant sur le roman L'Enfant multiple d'Andrée

Chedid, dont le titre lui-même nous semble révélateur d'une certaine complexité sur la question de l'identité. Par ailleurs,

« L'identité est un ensemble de critères, de définitions d'un sujet et un sentiment interne. Ce sentiment d'identité est composé de différents sentiments : sentiment d'unité, de cohérence, d'appartenance, de valeur, d'autonomie et de confiance organisés autour d'une volonté d'existence. Les dimensions de l'identité sont intimement mêlées : individuelle (sentiment d'être unique), groupale (sentiment d'appartenir à un groupe) et culturelle (sentiment d'avoir une culture d'appartenance) »3.

1 Pierre-Luigi, Dubied, Apprendre Dieu , Labor et Fides, Genève, 1992, p. 123.

D

2 Lucien, Goldmann, Pour une sociologie du roman, Gallimard, Coll. Idées, Paris, 1964, p. 44.

D

3 Alex, Mucchielli, L'identité, PUF, coll. Que sais-je, Paris, 1986.

5

L'écriture n'est pas à la portée de tout le monde. Pour ce, Andrée Chedid, conçoit l'écriture comme ce qui permet la sortie vers l'Autre, comme un hors de soi qui ouvre vers l'ailleurs. D'autres, comme Paul Dirkx, diront que l'écriture

« est ce qui fait que le signifiant fasse davantage que dénoter son signifié et dépasse donc la transparence de la langue quotidienne (..). L'écriture est ce jeu de connotations qui réfère à un au-delà du langage `normal'. L'histoire sociale de la littérature est par conséquent, selon Barthes, l'histoire de cette résistance aux effets sclérosants des codes de la langue et du style »4.

Quant à Jean-Paul Sartre, il donne plus de précisions sur l'écriture, celle-ci prise dans sa rela- tion avec le monde ; ce qui laisse constater le plus important rôle de l'écrivain. L'écriture est inséparable du monde et de la société. Ainsi donc, pour lui

« Ecrire, c'est donc à la fois dévoiler le monde et de le proposer comme une tâche à la générosité du lecteur. C'est recourir à la conscience d'autrui pour se faire reconnaître comme `essentiel' à la totalité de l' tre ; c'est vouloir vivre cette essentialité par personnes interposées ; mais comme d'autre part le monde réel ne se révèle qu'à l'action, comme on ne peut s'y sentir qu'en le dépassant pour le changer, l'univers du romancier manquerait d'épaisseur si on ne le découvrait dans un mouvement pour le transcender. »5

Ceci étant, en faisant recours aux différentes formes et méthodes d'écriture, l'écrivain nous fait ressortir ses sentiments tout en transmettant un message. Ce dernier est destiné au lecteur (public) qui, selon les modalités d'accueil, c'est-à-dire sa culture, son niveau de vie, son niveau intellectuel, son comportement, ses humeurs, son expérience, etc., essaie de le décortiquer afin d'en dégager et/ou d'y puiser le sens qu'il véhicule. C'est-à-dire, en cohérence avec son identité et ses attentes. Chedid a alors toujours rêvé d'écrire et ce qui lui fait écrire

« C'est toujours cette chose indéfinissable, indicible qui projette en-dehors de soi `l'impression perpétuelle que ce qu'on porte en soi est plus grand, est plus exigeant, est plus assoiffé que ce que la vie peut vous donner'. Impression qui, selon Chedid, répond à ce pourquoi élémentaire qu'a toujours posé l'existence de l'Art. `L'Art, c'est tout ce qui est en dehors de notre étroite peau'. L'homme a toujours

4 Paul, Dirkx, Sociologie de la littérature, Armand Colin, Coll. Lettres Cursus, Paris, 2000, p

D

5 Jean-Paul, Sartre, Qu'est-ce que la littérature ? , Gallimard, Coll. Idées, Paris, 1964, p. 67.

6

besoin d'échapper à son étroite peau. L'étroite peau, c'est l'autobiographie. Nous

sommes plus que ça. »6

De ce qui précéde, nous nous rendons compte à quel point l'identité humaine nécessite d'être appréhendée de façon plus ou moins approfondie. Les répercussions de la question d'identité dans la vie sociale, ont stimulé la réflexion des penseurs. Plus spécialement des écrivains ; au point de contraindre ceux ci à mettre en place des moyens susceptibles de remédier aux conséquences désastreuses auxquelles débouche la question d'identité aussi dans la société traditionnelle que contemporaine. Voilà ce qui a soulevé de vives polémiques autour de l'acception et du déploiement du mot « identité ». Ce qui a plongé nombre de pays dans des situations calamiteuses relevant d'une certaine crise d'ordre identitaire qui peuvent parfois régénérer des conflits fatals entre des personnes opposées par les problémes identitaires. C'est ce qui fera dire à Amin Maalouf : « Une vie d'écriture m'a appris à me méfier des mots. Ceux qui paraissent les plus limpides sont souvent les plus traitres. L'un de ces faux amis est justement `identité' »7

L'écrivain doit alors faire attention lors de son écriture pour ne pas choquer son lecteur. Et

cela montre la relation étroite qui existe entre ces deux acteurs liés par la lecture. Celle-ci est

vue par Jean-Paul Sartre comme « un pacte de générosité entre l'auteur et le lecteur où chacun fait confiance à l'autre, chacun compte sur l'autre ». Il éclaire en précisant que « L'écrivain a choisi de dévoiler le monde et singulièrement l'homme aux autres hommes pour que ceux-ci prennent en face de l'objet ainsi mis à nu, leur entière responsabilité. Pareillement, la fonction de l'écrivain est de faire en sorte que nul ne puisse ignorer le monde et que nul ne s'en puisse dire innocent »8. La lecture lui paraît donc comme un lien entre l'auteur et son lecteur. Car une oeuvre sans lecteur n'en est pas une. Qui écrirait pour soimême ? et pour quelle raison ? Le public garde toujours sa place primordiale, étant donné que c'est à lui qu'il revient de déchiffrer le texte. D'où le public a une importance déterminante ; il « intervient, avec ses moeurs, sa vision du monde, sa conception de la société et de la littérature au sein de la société ; il cerne l'écrivain, il l'investit de ses exigences impérieuses ou

6 http://www.evene.fr/celebre/biographie/andree chedid; Article de Francine Bordeleau, « Nuit Blanche », [en

D

7 Amin, Maalouf, Les Identités meurtrières, Grasset, Paris, 1998, p.15.

D

8Jean-Paul, Sartre, Op.cit., p.31.

7

sournoises, ses refus, ses fuites sont des données de fait à partir de quoi l'on peut construire une oeuvre »9 . Ainsi donc Jean Paul Sartre pense que

« La lecture est un exercice de générosité ; et ce que l'écrivain réclame du lecteur ce n'est pas l'application d'une liberté abstraite, mais le don de toute sa personne,

avec ses passions, ses préventions, ses sympathies, son tempérament sexuel, son
échelle de valeurs. Seulement, cette personne se donnera avec générosité, la liberté
la traverse de part en part et vient transformer les masses les plus obscures de sa

sensibilité»10.

Enfin, il convient de nous entendre sur cette relation indispensable qui existe entre l'écriture

dans le sens où chacun des acteurs, c'est-à-dire l'écrivain et le lecteur, puise dans sa société les forces nécessaires à l'accomplissement de son acte. Cela implique qu'il y a un point commun entre eux. Et comme le précise bien Michel Zéraffa, « L'écriture du roman, puis sa lecture, sont des actes fondamentalement et complémentairement sociaux, puisqu'ils mettent à la fois en oeuvre, en ordre et en évidence notre activité sociale primordiale (...) : le discours parlé »11.

C'est ainsi que l'identité et la culture, comme reflets de la société, jouent un rôle primordial dans le processus de production d'une oeuvre littéraire. C eci dit, certains auteurs feront ressor tir leur vie à travers des écrits autobiographiques. D'autres par contre, parcourent l'histoire, en produisant des récits historiques et fictionnels. Et bien d'autres encore, partant des expériences et des réalités de la vie, donnent lieu à des romans réalistes et d'aventure. Ainsi, au fil du temps, l'on est amené à changer ses habitudes. En effet,

« Tandis que certains créateurs perpétuent les traditions ancestrales, en les vivi-

fiant de leur génie personnel, d'autres entraînés par l'accélération de l'histoire,

tendent à opérer dans la littérature et dans les arts une révolution perpétuelle. Ain-
si s'établit une coexistence, instable peut-être mais féconde, entre tradition et révo-

9 Idem, p. 99.

D

10 Idem, pp.64-65.

D

11 Michel, Zéraffa, Roman et Société , PUF, coll. Sup, Paris, 1971, p. 92.

lution ou encore entre individualisme parfois exacerbé et `la recherche d'une Eglise', l'engagement dans telle ou telle idéologie »12.

Ecrire devient comme un combat qu'il convient de m ener sans ignorer le risque potentiel

qu'il comporte de perdre et/ou de gagner quelque aspect de son identité. Dans ce cas, lors-

qu'on cede une partie de son identité, cette derniere se trouve soit menacée soit meurtrie voire amputée. Ceci est dû aux causes externes telles que l'injustice, l'insécurité, la formation, la pauvreté, la violence, etc. ; qui peuvent aller jusqu'à altérer la réflexion humaine. Ainsi la personne se trouve contrainte soit à l'exil, soit au silence, soit à la séquestration, et à tant d'autres situations qui lui font subir les coups fatals de la vie.

Des conflits d'ordre culturel et identitaire sont toujours présents au sein de la société hu maine. C'est un risque permanent auquel est exposée une société multiculturelle. L'on assiste aussi à des scènes macabres dans des sociétés déchirées par des conflits interculturelsrien ne reste plus à désirer. Toutefois, loin de sombrer dans le pessimisme, l'on trouve parfois que des sociétés interculturelles qui ont su profiter de la richesse de l'inter-culturalité se sont re- trouvées en pleine lancée vers un développement idéal.

Enfin, notons que l'identité n'est pas acquise une fois pour toute. Elle est soumise à de nombreux changements qui surviennent tout au long de l'existence humaine. C'est ainsi que personne ne se dirait avoir atteint le sommet de son identité, aussi longtemps qu'elle est soumise à la dimension du temps et celle de l'espace. L'on a toujours à apprendre dans la vie. Omar-

« avait acquis, malgré son jeune âge, une exacte perception des humains ; un jugement sur l'existence et sa précarité qui le rendait à la fois lucide et patient. »13

Dans notre étude sociocritique, cela nous amène à souligner l'importance de la dimension

identitaire et la multiplicité des cultures. Ces dernières se rencontrent en chaque homme et

peuvent être opposées ou pathétiques. Il est donc nécessaire de comprendre cette dimension

identitaire en `terme' de réciprocité et de complémentarité. L'écrivain, lui aussi, met en lu-
mière et en relation les divers éléments constitutifs de son identité. Ainsi donc, la littérature
doit être considérée dans sa relation profonde avec le vécu social de l'époque de l'écrivain car

12 André, Lagarde, Laurent, Michard, XXème siècle, Les grands auteurs français, Bordas, Coll. Lagarde et Michard, Paris, 1962 ; 1973, p.7.

0

13 Andrée, Chedid, L'Enfant multiple, Flammarion, Paris, 1989, p.30.

« (.), dès lors qu'on conçoit son identité comme étant faite d'appartenances multiples, certaines liées à une histoire ethnique et d'autres pas, dès lors qu'on voit en soi-même, en ses propres origines, en sa trajectoire, divers confluents, diverses contributions, divers métissages, diverses influences subtiles et contradictoires, un rapport différent se crée avec les autres comme avec sa propre ` tribu'. Il n'y a plus simplement `nous' et ` eux' ; deux armées en ordre de batailles qui se préparent au prochain affrontement, à la prochaine revanche. Il y a désormais de ` notre' côté des personnes avec lesquelles je n'ai finalement que très peu de choses en commun, et il ya, de ` leur' côté, des personnes dont je peux me sentir extrêmement proche »14.

Tout bien considéré vouloir cerner les rapports qui existent entre identité personnalité culture et littérature, semble d'une importance capitale dans l'appréhension du phénomene identitaire dans la littéraire contemporaine.

9

14Amin, Maalouf, Op.cit., p. 40.

10

Première partie : Notions générales

Chapitre I : IDENTITE, CULTURE, PERSONNALITE, LITTERATURE

Ces notions (identité, culture, personnalité), très complexes dans leurs définitions, se rappor

tent beaucoup plus à la sociologie qu'à la littérature. Cette derniere est l'expression par excellence de la pensée humaine. En traduisant une représentation qu'une époque ou qu'un homme se fait de la réalité, l'oeuvre littéraire comporte en elle toute une dimension de l'identité, de la culture et de la personnalité. L'auteur choisit donc une réalité qui se perçoit à travers sa société, son temps, sa culture ; mais aussi sa langue. En ce sens, tout écrivain est, malgré lui, un peu tributaire de son époque, de son contexte social. D'où la connaissance du contexte historique et socioculturel de l'oeuvre en facilite beaucoup sa compréhension. Par ailleurs, l'on

remarquera q

« L'oeuvre littéraire est une forme de résistance aux dysfonctionnements, aux iniquités, aux carences sociales. Mais, si la littérature peut se livrer à une contestation de l'état de la société, elle ne peut s'analyser à partir d'un seul point de vue, monosémique. Par exemple, sa signification ne saurait etre réduite à la vision d'un seul groupe social. Dans ce sens, la littérature ne saurait se borner à refléter la société capitaliste. »15

Tout de même, ces éléments ci-haut cités (identité, culture, personnalité) restent au coeur de toute investigation littéraire. Etant donné que l'écrivain est issu d'une société qui a ses struc- tures et ses principes, ses règles, ses coutumes et ses traditions. Plus encore, l'écrivain pré-

tives. Ces éléments jouent alors un rôle important sur la pensée de l'auteur. L'écrivain, dans

sa production littéraire, devant faire face à tous ces éléments, met en place une oeuvre de qua-

lité qui puisse susciter nombre de critiques. Celles ci se basent sur certains traits saillants de

l'oeuvre en question. Ainsi, aucun texte littéraire ne saurait être mieux compris et interprété

indépendamment du contexte social dans lequel il apparaît ainsi que celui de l'auteur qui l'a mis en place.

Au XIXème siècle, le mot « culture » a pris un sens plus large qu'aux siècles précédents. En 1871, l'anthropologue britannique E. B. Taylor définissait la culture en tant que « (...) cet ensemble complexe qui inclut la connaissance, la croyance, l'art, la morale, le droit, la coutume et toutes autres capacités et habitudes acquises par l'homme en tant que membre de la

15 Wadi, Bouzar, Roman et Connaissance sociale, O.P.U., Alger, 2006, pp. 133 - 134.

12

société »16. Ceci étant, nous remarquons à quel point le mot culture en soi est très complexe pour pouvoir déterminer son sens plus ou moins complet. Par ailleurs, la définition ci après de

la culture nous paraît très intéressante et détaillée.

« Elle (la culture) englobe les modes de vie, les traditions et les croyances, les arts et les lettres, tout en intégrant à son système des valeurs les droits fondamentaux de l'etre humain. La culture d'un pays ne se ramène pas à la culture savante, elle comprend également la culture populaire. Elle ne se résume pas à l'héritage, mais s'enrichit et se développe aussi bien par la créativité que par la mémoire. (...) En-fin, la culture scientifique constitue, de plus en plus, une part importante de la culture de l'humanité dont elle contribue à fonder l'universalité »17.

Les différentes composantes de l'identité se rencontrent dans chaque homme et plus spécialement en l'auteur qui s'en sert pour nous dévoiler les réalités du monde. Il exploite alors des talents latents en lui. Cependant, avant de se mettre à écrire l'auteur tient compte du rôle de tous les éléments marquant tout être humain. Et le texte, bien que polysémique, ne s'écartera

pas trop du contexte social de son auteur. Cela nous amènerait à affirmer que tout texte litté-

raire comporte des traits caractéristiques et spécifiques propres à son auteur. Souvent, il est

difficile de le constater à première vue. C'est grace au travail des critiques que ressortent des éclaircissements sur le texte, quelle qu'en soit la forme ou la nature.

Le monde contemporain apparaît alors comme un réveil pour l'écrivain d'aujourd'hui. Les événements les plus marquants de ce temps se présentent à l'homme comme une « source » d'inspiration. Cette inspiration l'affecte dans tout son être jusqu'à atteindre son identité. Une sorte de crise identitaire s'installe en lui, donnant alors lieu à une série de questions sur le monde en général. En effet, « La crise identitaire définit diverses situations individuelles et de groupe qui, en dehors de tout déterminisme pathogène, provoque une confusion des limites en subjectivité du moi en alternant le sentiment d'unité et de continuité qu'une personne en situation normale éprouve habituellement vis-à-vis d'elle-même et du monde qui l'entoure »18

16 John, Murray, Primitive culture : Reseaches in Development of Methodology, Philosophy, Religion, Language, Art and Custom, London, 1871, p.1, in Le français dans le monde, « Cultures, Culture... », Hachette, Paris, 1996, p. 9.

D

17 Ibidem, p.1.

D

18 Fouad, Laroussi, Langues et identité au Maghreb, Casbah, Alger, 2000, p. 20.

Ainsi, l'homme se pose une série de questions sur son existence, sur son origine, sur sa destinée et sur les changements du monde qui l'abrite, sans négliger les événements quotidiens qui font l'atmosphere de son milieu de vie. D es changements de valeurs culturelles trouvent alors place en ce momententraînant une restructuration identitaire ; mais aussi d'autres facteurs sociaux et psychologiques qui interviennent dans les formes d'identité. Pour ce, les réponses qui jaillissent de ces questionnements constituent les matériaux de son identité. Si l'un des ces matériaux (la culture, le savoir, la tradition, la religion, la langue, etc.) arrive à faillir, c'est toute la personne qui s'en trouve secouée. Ceci montre bel et bien la complémentarité entre les divers éléments caractéristiques de l'être humain ; de son identité.

Ainsi, affirmons-nous qu'au XXème siecle, l'identité tient au coeur de l'humanité et de cer-
taines personnes en particulier. Toutes les guerres qui ont marqué ce siècle, ne se rapportaient
qu'aux problemes identitaires de l'homme. L'être humain est de nature complexe. C'est un être habité de plusieurs choses : l'envie des biens, l'idée de supériorité (l'extermination des Juifs au cours de la deuxième guerre mondiale, par exemple), l'hypocrisie, la méfiance, l'orgueil, la jalousie, etc. c'est un être changeant dans son identité. Cela peut se lire dans la définition de l'identité, donnée par Mucchielli dans son ouvrage L'identité, telle que mention-

D

'est aussi un phénomène dynamique qui

La religion n'est pas sans place dans la littérature et fait partie intégrante de l'identité humaine d'une façon particuliere. On y ajoute la langue qui est un élément actif reflétant notre apparte

moyen de communication, « est aussi un signe d'appartenance à une communauté, à une culture ; c'est dans la langue que l'individu trouve un ancrage pour son identité. Elle s'inscrit dans la conscience identitaire qui caractérise les peuples et leurs civilisations »19 Ainsi, « la Religion a vocation d'être exclusive, la Langue pas. On peut pratiquer à la fois l'arabe, l'hébreu, l'italien, le suédois, mais on ne peut etre à la fois juif, musulman, catholique et lu-

19 Ouafa, Dridi sous dir. de Dr. Salah Khennour, L'identité algérienne : Enjeux d'un fondement linguistique Mémoire de Magister, Université de Ouargla, 2008/2009, p. 7.

14

thérien ; (..) La langue a cette merveilleuse particularité d'être à la fois facteur d'identité et instrument de communication. »20

Pourtant, cette conception (de la religion) paraît en contradiction avec ces mots surprenants

d'Omar-Jo à propos de sa religion. « Je suis de la religion de Dieu. De celle de mon père et de ma mère ... de toutes les autres, si je les connaissais. (..) Si Dieu existe, (...) Il nous aime tous. Il a créé le monde, l'univers et les hommes. Il écoute toutes nos voix. (..) Dieu est par-tout. (..) »21

Savoir qui l'on est, la perception ou l'image que l'on se fait de soi, la connaissance des autres se résume en la fameuse phrase de Socrate précédemment citée (« Homme, connais-toi toimême ») mais aussi sous le terme de personnalité Ainsi,

« Ce que la personnalité représente essentiellement, c'est l'unité intégrative d'un homme, avec tout l'ensemble de ses caractéristiques différentielles permanentes (intelligence, caractère, tempérament, constitution), et ses modalités propres de comportement. La définition qu'en donne Sheldon, inspirée de Warren et d'Allport, correspond assez bien à cette notion : la personnalité, d'après lui, est ` l'organisation dynamique des aspects cognitifs, affectifs, conatifs, physiologiques et morphologiques de l'individu' »22.

En effet, rares sont les personnes capables de se faire une description parfaite de leur person nalité, étant donné que l'introspection demande une concentration considérable ainsi qu'une totale objectivité.

L'idée de « personnalité » étant alors complexe, elle a suivi tout un parcours déterminé par les

de trouver un concept plus solidaire des écoles et des attitudes des auteurs mettant en lumière

la signification exacte de ce concept. Aujourd'hui, l'idée générale qui ressort des différentes visions de la personnalité est qu'elle est l'ensemble des comportements qui constituent l'individualité d'une personne. Elle rend compte de ce qui qualifie l'individu : permanence et continuité des modes d'action et de réaction, originalité et spécificité de sa manière d'être. C'est le noyau relativement stable de l'individu, sorte de synthèse complexe et évolutive des

20 Amin, Maalouf, Op.cit., p. 153

D

21 Andrée, Chedid, Op.cit., pp. 24-25

D

22 Henri, Piéron, Vocabulaire de la psychologie, PUF, Paris, 1951, p. 331

données innées (gènes) et des éléments disponibles dans le milieu social et l'environnement en

général.

« La personnalité humaine ne devient historiquement réelle et culturellement productive qu'en tant que partie d'un tout social, dans sa classe et à travers sa classe (...). L'homme ne naît pas comme un organisme biologique abstrait mais comme propriétaire terrien ou paysan, comme bourgeois ou prolétaire et cela est essentiel. Ensuite, il naît russe ou français et, enfin, il naît en 1800 ou en 1900. Seule cette localisation sociale et historique rend l'homme réel et détermine le contenu de sa création personnelle et culturelle »23.

Compte tenu de tout ce qui vient d'être dit précédemment, l'on se rend compte de la grande difficulté qu'il y a pour délimiter la vraie signification de chacun des éléments constitutifs de l'être humain et, en particulier, de l'écrivain qui essaie de « faire le vrai (...) donner l'illusion complète du vrai selon la logique des faits. (...) l'illusion du monde. Il n'a d'autres missions que de reproduire fidèlement cette illusion avec tous les procédés d'art qu'il a appris et dont il peut disposer »24. Tous ces éléments se complétent et s'entremêlent immanquablement.

23 Edmond, Cros, La Sociocritique, L'Harmattan, Paris, 2003, p. 49 D

24 Wadi, Bouzar, Op. cit., p. 48.

16

Chapitre II : CONCEPTIONS MODERNES DE LA LITTERATURE

Parlant du XXème siècle, du point de vue historique, les historiens font commencer ledit siècle en 1914, date du début de la première guerre mondiale. Quant à déterminer historiquement la fin du siècle, plusieurs dates sont possibles : le 09 novembre 1989 pour la chute du mur de Berlin ou le 26 décembre 1991, marquant la dissolution de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS).

Toutes ces dates sont incluses dans le XXème siecle. Ainsi, les évenements qui s'y réfèrent ont

beaucoup marqué les personnages de ce temps, et en particulier les écrivains. Ceux-ci ont vu

augmenter le nombre de themes à traiter d'où nombre de messages se sont vus transmis suite
à la nécessité imposée par les événements qu'a connus le XXème siècle. Ces événements

s'étant répercutés sur plusieurs domaines, l'homme s'est trouvé obligé de changer sa manière de voir et de dire le monde. En effet, le champ littéraire n'est pas resté insensible vis-à-vis des événements qui ont marqué cette période, entre autres les deux guerres mondiales. Les hommes profondément touchés voire blessés physiquement, moralement et psychologique-

ment, se sont vus contraints d'adopter un autre style de penser le monde, mais aussi de vivre.

Dans le domaine littéraire, l'on assiste à de nombreux courants qui surgissent avec force et

poids. Ils n'ont pas tardé à connaître le succès, bien que des critiques en aient beaucoup parlé.

Ainsi,

« La seconde guerre mondiale donne une extrême urgence au problème de la condition humaine et contribue à répandre d'une part la philosophie de `l'absurde', d'autre part la littérature engagée. Des poètes comme Aragon ou Eluard, hier surréalistes, chantent la Résistance et retrouvent les voies ancestrales du lyrisme. Les années quarante (40) sont marquées aussi par une large diffusion des thèses existentialistes, en particulier le théâtre, le roman et les essais de Jean-Paul Sartre. Albert Camus dépasse l'absurde par la révolte et défend la personne humaine contre tout ce qui menace de l'écraser. (...) Enfin des courants nouveaux apparaissent, au théâtre avec Beckett et Ionesco, dans le nouveau roman avec RobbeGrillet, Butor, Claude Simon, Nathalie Sarraute. (...) le créateur ne se contente plus de s'observer lui-même en train de créer, il en vient à poser, par son oeuvre meme, la question du sens et de la possibilité de l'acte créateur. Ainsi s'expliquent des termes comme apoèmes, antithéâtre, antiroman, qui révèlent les répercussions,

sur la littérature, de cette réflexion philosophique selon laquelle l'etre postule le néant »25.

En effet, les auteurs du XXème siècle cherchent à se distinguer de leurs prédécesseurs, c'est-àdire à s'affirmer tels qu'ils sont. Ils apportent d'importants changements en littérature, chacun dans son style, sa forme, ses idées et sa réflexion. C'est dans ce sens que l'on assiste à de nouveaux courants /mouvements littéraires comme le surréalisme avec André Breton, le dadaïsme ou Dada, l'existentialisme avec Jean Paul Sartre et autres. Tout cela pour l'affirmation de leurs identités.

La littérature française du XXème siecle s'inscrit dans un siecle tumultueux marqué par deux guerres mondiales, par l'expérience des totalitarismes fascistes et communistes et par une décolonisation difficile. Ce siècle est marqué par une remise en question progressive des genres littéraires. Par ailleurs, la deuxième moitié du siècle est particulièrement marqué par des expériences de « littératures de laboratoire » et le jeu intellectuel (nouveau roman, littérature potentielle) mais aussi par le poids d'une littérature commerciale en forte concurrence avec les fortes traductions de l'américain (collections sentimentales, romans policiers, romans de science-fiction, chansons,...) que retient peu l'histoire littéraire.

Le XXème siècle a donc ébranlé les structures fondamentales des genres, des arts traditionnels,

du langage et même de la pensée. Le monde est à repenser autrement. Ceci étant, il est à souligner qu'à mesure que l'esprit remonte du présent vers le passé, la perspective devient plus nette, les grandes lignes se dégagent et les valeurs sures s'affirment tandis que s'estompent les modes passagères. Ainsi, la période antérieure à la guerre de 1914 peut être analysée avec quelques assurances : l'importance des maîtres qui la dominèrent ou qui se formèrent alors ne peut être contestée.

Bien qu'il y ait les deux guerres mondiales (qui ont beaucoup marqué et influencé l'histoire
de la littérature du XXème siècle avec autant de répercussions), la continuité littéraire dudit

siècle apparaît en effet sous sa diversité. L'on est donc frappé de constater que certains des

courants les plus audacieux, en art comme en littérature, ont pris naissance dès avant 1914
(autour d'Apollinaire) ou dans les années 20 (l'antiroman avec A. Gide).

25 André, Lagarde, Laurent, Michard, Op.cit., p. 11.

18

Enfin faisons remarquer cette distinction de Dominique Viart26, dans un geste panoramique, des trois lignes directrices pour envisager la littérature contemporaine :

· Une littérature consentante : Elle est du côté de l'imagination romanesque, elle pioche dans un réservoir fictionnel et globalement dem eure dans la répétition du connu.

· Une littérature concertante. C'est une littérature qui serait dans les clichés du moment, dans le bruit culturel contemporain entre scandale calibré et formules répondant
au bain du spectacle ambiant. La préoccupation n'est pas ici l'écriture, mais plutôt le coup ou le bruit de fond médiatique.

· Une littérature déconcertante. C'est une littérature qui déplace l'attente, qui échappe au préconçu, au prêt-à-penser culturel. Elle s'extrait du simple régime de la consommation (la consommation des signes du spectacle et du spectaculaire). L'enjeu de ces écritures, déranger les consciences d'être au monde, tenter de dire ou signifier le réel, la violence du monde, ou de l'intimité sans céder sur les questions d'écriture : de nouvelles significations impliquent de nouvelles formes, de nouvelles syntaxes.

Avec l'expression littérature déconcertante, on comprendra une littérature qui ne cede rien quant à la nécessité d'une « teneur de vérité », ou d'un « contenu de vérité », expression renvoyant aux pensées de Walter Benjamin27 et de Théodore W. Adorno28.

Et comme la littérature est inséparable de la société qui l'a vue ou qui la voit naître, l'on comprend vite la nécessité qu'il y a de montrer cette forte relation qui existe entre la littérature et la société. En effet, un texte littéraire n'acquiert son sens qu'en faisant référence à sa société. Pour ce, il convient de rappeler que la notion de texte n'est pas nouvelle ; « elle est liée historiquement à tout un monde d'institutions : droit, Eglise, littérature, enseignement ; le texte est

26 Dominique Viart : Critique littéraire et professeur de littérature française à l'Université Lille 3, fondateur de la série Ecritures contemporaines (Lettres modernes ~ Minard). Il est notamment l'auteur de Le Roman français contemporain, (avec M ichel Braudeau, Lakis Proguidis et Jean Pierre Salgas, ADPF, 2002) ; Les Vies minuscules de Pierre Michon (Gallimard, 2004) et de La Littérature française au présent, Héritage, Modernité, Mutations (avec Bruno Vercier, Bordas, 2005).

27 Walter Benjamin (1892-1940) est un juif-Allemand qui travaillait comm e un critique littéraire, un penseur, un

D

sociologue et un essayiste.

28 Théodore W. Adorno est l'un des plus importants philosophes et critiques sociaux en Allemagne après la seconde Guerre Mondiale.

un objet, c'est l'écrit en tant qu'il participe au contrat social ; il assujettit, exige qu'on l'observe et le respecte (..) »29.

Des essais de littérature comparée permettent d'analyser les influences exercées par les littératures entre elles. A rappeler que la littérature comparée consiste en l'étude internationale ou

multilingue de l'histoire de la littérature. Elle étudie les grands courants de pensée, le style et
les grandes écoles ; mais aussi les genres, les formes et les modes littéraires, les sujets et les themes. Elle examine la présence d'une oeuvre littéraire, d'un auteur, d'une littérature, voire

rentes, mais liés par des « influences » et des affinités typologiques. Par opposition, le concept

de littérature générale fait prévaloir l'idée d'une généralité littéraire, indépendante des con- textes historiques, géographiques et culturels. Les recherches des formalistes contemporains s'appliquent, au-delà des simples constats d'identités culturelles, à étudier les conditions de développement des thèmes privilégiés et des genres spécifiques. Ainsi,

« La littérature moderne pourrait alors se comprendre à travers les rapports qu'entretiennent les écrivains avec la société et la tradition ; la popularisation de la culture par les ` mass médias' (presse, radio, télévision) s'accomplit surtout sous le signe de divertissement. Mais que l'on s'accorde à y voir un simple divertissement, un artifice trompeur ou une nécessaire réponse aux préoccupations humaines, la littérature n'en met pas moins en jeu toutes les virtualités du langage pour exprimer l'infini variété de l'expérience. »30

La sociocritique se donne alors comme tâche de mettre à jour les rapports qui existent entre un texte avec la société dont il émerge. Ainsi, maints facteurs interviennent pour qu'un texte soit reconnu comme « littéraire ». Le roman, l'un des genres les plus connus et répandus dans le domaine de la littérature, a une grande résonnance dans les sociétés contemporaines. Par ailleurs, Goldmann définira le roman comme une chronique sociale : « Comme l'économie libérale, l'univers du roman classique ne connaît qu'une valeur explicite : l'individu et son développement dans un monde qui lui est à la fois apparenté et étranger. C'est pourquoi le roman est à la fois une biographie et une chronique sociale. »31

29 Edmond, Cros, Op.cit, p. 45.

D

30 `Littérature', Microsoft (c) Encarta2009 [DVD], Microsoft Corporation, 2008.

D

31 Lucien, Goldmann, La création culturelle dans la société moderne, Gonthier-Denoël, Paris, 1971, pp. 101 ~

102.

ent. C'est-à-dire qu'une in-

ser de la société, son champ d'enrichissement voire de m anifestation où elle est reçue et criti

quée. Il y a un échange réciproque entre ces deux domaines social et littéraire. Pourtant, « à l'inverse, la société est présente dans le texte et non pas tant à travers tel ou tel énoncé, tel ou tel message (fût-il apparenté au lapsus) ou telle ou telle vision du monde, mais du fait que le texte intègre les conditions sociales de l'écriture et les exigences de la lecture à venir »32.

20

32

Paul, Dirkx, Op.cit., p. 85

21

L'Identité : Elément fondaT IDIlIREnsIEaIliEIMIKIIREtIT LEraiEI,IàICOIvIrs L'Enfant multiple d'Andrée ChedidI

Chapitre III : ANDREE CHEDID ET SON TEMPS

De prime abord, rappelons qu'fIMIII ITTIdidIaIIIIIraIiTIsIaINIMIIsIInITIMII IItIauITiM I T IisIIllIIIItIinMIIéI IInITIMI ITIpTisI1I-M ITTIIllIIVMI ITiT IIIII IsoiIIlI ITITévriIrI2IM IàI l'age de 90 ans ITIIpoINIyIaINiTIvécuIINIIaitIdINIéITIII IIMII IMIaîtIaIssiIintiT IT IMtIlII V TIInINriIntINIIIITIFIIncI IINIl'OcIiTIIIIInIMINal. IEIII IIstIéIITéI IdIMsItroisIlaINIIs IINTt I l'arabe, le français et l'anglais IMèsIjIIII IMIII IIIIdiTIIMitIdIIlIIIMsiIIItIpIMiI IsIs I TIIT iIIIINIxtIIIIIIangITisIavantIdI ITIisirIlI INIIIMis IAiTIi, Ison oeuvre entiere porte les T INNIIIIII IcIIT IIIiMITIIi1T I IElle (son oeuvre) IIstInssiIunIquIstirnIT IntIrdIntIsmiIlaI mmitiomIiuT TinI IlIsIliIniIquiIfiissImIl'individuIrIT 111I IAmiIIChIdidIIstIairiIinmiTTiIT IntIr[IIrrivainI IpmirimI IduIXEèT IIsièclI I

TI IIiIanINIiIfutIloIIIIIIsIuIIthIptrI ITIIguIrII IsoiIIIItrIIT TIlT INN IIIIchTtiIIs IsoiIIIntII I TiTiIs IInITIMticINiIrIlaIgTIrrIIdI I20 IIMI(1I-1I-I1990), a beaucoup nourri l'oeuvre d'Andrée I hIdir IAiisi, Ifait-IllIIpartie de ce groupe d'auteurs qui ont été inspirés par ces divers évL TIT InlIMiiIoniIsITuéIlIIT MiI IItIMiIcoriiriITtIàIlI IfairIIboTIITIETIsItousIlIiIsIls I

« Dans une oeuvre considérable de romancière, elle n'a cessé d'interroger les violences religieuses, civiles et humaines, du Moyen-Orient, du Sommeil délivré (1952), qui relate le mariage forcé d'une jeune Egyptienne, aux Marches de sable (1981) où trois femmes fuient vers le désert d'Egypte déchiré du IVème siècle. La tragédie du Liban lui inspire un de ses plus grands romans, La Maison sans racines (1985). A ce pays où elle-même vécut une partie de sa jeunesse. Chedid a également consacré Cérémonial de la violence (1976), qui prend place dans une oeuvre poétique au lyrisme sensible et limpide, de Textes pour une figure (1949) et La Terre regardée (1957) à Poèmes pour un texte (1970 -- 1991) »33.

411I1tIpT1méI I1mI1lmIfI11IiI1rimr ImIirrituiI IIntIdylIIgimI IsIrIrimImiIévo mmiIl'OiiIntIItIsIsIimmiT sITaisIiIIT wiIIplusIpprIIrouiIdITTIIrIlaIguIirI IiivilI ImiIin chiiIIlI ILim IEllIIIsiIpomI IroTmièrI IamiIurIdiaT TtiquI IlItirm IrrsIlaIpr[TctionIlitm iairI Ir[IFEèT II1iècII IsI IITITT I IIIIsIsIpIIIIIsIT Its I

« (.) J'écris depuis l'age de dix-huit ans, en plusieurs genres : poésie, roman,
théatre. J'écris pour essayer de dire des choses vivantes qui bouillonnent au fond
de chacun ; j'espère ainsi communiquer. Les sujets que je choisis sont en général

HEHENHE,I1I-I-1,IDIHEMI

22

marqués par la tragédie et par l'espérance. Je veux garder les yeux ouverts sur les
souffrances, le malheur, la cruauté du monde ; mais aussi sur la lumière, sur la
beauté, sur tout ce qui nous aide à nous dépasser, à mieux vivre, à parier sur

l'avenir. »34

Alors officiellement République Libanaise, le Liban est un petit pays du Moyen-Orient. Au-
trefois l'antique Phénicie, il partage ses frontieres avec deux pays : la Syrie à l'est et l'Israël
au sud. Il est bordé par la mer Méditerranée à l'ouest, avec capitale Beyrouth. C'est un pays

phique. De plus, le Liban est l'un des grands témoins de l'histoire de l'humanité : il est occu- pé au cours des siècles par diverses civilisations (sumérienne, cananéenne, phénicienne, akka- dienne, assyrienne, perse, babylonienne, grecque, séleucide, romaine, byzantine, arabe, croisée, mamelouk, ottomane et française). Malgré tant de belles choses, le Liban est un espace de tensions politique et religieuse importantes, comme l'a montré la guerre civile (1970 ~ 1990).

0Depuis quinze ans, dès le début de cette insaisissable guerre, à la fois civile et fomentée du dehors, le couple vivait à Paris. D'innombrables, d'impénétrables conflits ligotés leur petite patrie, la bouclant dans une ratière dont personne n'entrevoyait la sortie. Antoine et Rosie n'y étaient jamais retournés. »35

Aussi, remarquons-nous la gravité ainsi que l'ampleur des combats qui se déroulaient au sein

licence à tout acte.

0 Après treize ans de combats, le pays traversait une manière d'accalmie, ponctuée par quelques échauffourées. La capitale s'était tant de fois scindée en deux, puis refragmentée -- multipliant les divisions et les conflits -- que la population, pourtant tenace, avide d'espoir, demeurait sur ses gardes. Tous les cas de figures avaient vu le jour, toutes les querelles avaient été subies. (...). Villes ou montagnes plongeaient alors dans des luttes sanglantes, fratricides, souvent conduites par des forces extérieures. Dans l'ombre, trafiquants de drogue et d'armes prospéraient, attisant pourriture et désordre grâce auxquels ils échappaient à toute loi, à tout châtiment. »36

34 http://pagesperso-orange.fr/mondalire/chedid.htm

D

35 Andrée, Chedid, Op.cit., p. 21.

D

36 Idem, p. 137.

23

Ces tensions sont dues aux différentes communautés qui peuplent le Liban, depuis des années.

En effet, de nombreuses personnes se sont vues condamnées à quitter leur chère patrie (Le Liban), élément intégrant de leur identité. « (..) Ce dernier rejoignait sa famille, installée depuis plusieurs années de l'autre côté de la Méditerranée. »37 Elles se sont exilées vers l'Europe, en particulier la France. Cette derniere accueille un grand nombre d'intellectuels, des écrivains en particulier. L'on citera par exemple Andrée Chedid, Amin Maalouf, les piliers de notre recherche.

Ainsi, la diaspora libanaise et l'implantation palestinienne au Liban sont deux sources de con-flits communautaires. De multiples explosions emportant des vies humaines se produisaient, d'une façon brusque et inattendue, de presque partout : « En écoutant son transistor qu'il gardait suspendu autour du cou pendant ses heures de jardinage, le vieux Joseph, qui venait d'atteindre ses quatre-vingts ans, apprit, en plein après-midi, qu'une voiture piégée venait d'exploser dans le quartier où habitait Annette »38.

Pour ce qui est de la langue, le Liban connaît une diversité linguistique. Il a l'arabe dialectal

comm

autres langues parlées sans statut officiel sont l'anglais et l'araméen. L'anglais dont la popula-

rité s'accroit très rapidement est enseigné comme première ou seconde langue vivante dans

les écoles selon leur système. Notons que le Liban est le seul pays arabe où la population est

capable de parler presque quatre langues, grace au taux d'alphabétisation élevée des Libanais. Nous pouvons enfin préciser que la langue

« est ce par quoi et ce en quoi se réalise la socialisation de l'individu, la structuration de son être social ; cette langue qui le met en relation avec la société, l'engage dans un double processus où il y a à la fois reconnaissances acquises, contre l'acceptation d'une loi (la loi du groupe) ainsi entendu, la langue définit la structure symbolique de la communication »39

37 Idem, p. 20. D

38 Idem, p. 53. D

39 Gilbert, Grandguillaume, « Langue et Communauté au Maghreb », communication présentée au Colloque « La

Communauté en Méditerranée », Tunis, mai 1980, cité par Ouafa, Dridi, Op.cit., p. 17.

Deuxième partie :

Lecture de L'Enfant multiple

Chapitre I : PRESENTATION GLOBALE DU ROMAN

Notre corpus d'étude choisi est alors L'Enfant multiple d'Andrée Chedid. En effet, L'Enfant multiple est un roman. Il fait partie de l'oeuvre littéraire du XXème siècle où de grands auteurs contemporains apportent d'importants changements dans le domaine de la littérature. Le style d'écriture change dans tous les genres : la poésie le roman le théâtre etc.

L'Enfant multiple fut publié en 1989. C'est le produit de la grande imagination de l'écrivaine Andrée Chedid. Pour avoir vécu la deuxième guerre mondiale qui reste l'évènement le plus marquant des sociétés humaines Andrée Chedid raconte les souffrances, de la guerre qu'a connue le Liban. Installée en France son oeuvre en particulier L'Enfant multiple porte en elle les traces de la triple appartenance, : le Liban, l'Egypte et la France.

En effet, ledit roman retrace l'histoire de la vie cosmopolite d'un jeune orphelin, Omar-Jo. Tous les problemes qu'il a pu rencontrer ainsi que les difficultés qu'il a du affronter pour pouvoir dépasser son état précaire. Il devrait ainsi faire face aux nouveaux visages et lieux et savoir s'y adapter. L'histoire d'Omar-Jo est alors pleine de leçons morales. Dans ce sens elle semble s'accorder à cette affirmation de Jean-Paul Sartre qui sug gère que la littérature d'aujourd'hui doit être problématique et morale, et non moralisatrice et qu'elle doit montrer que l'homme est valeur et que les questions qu'il se pose sont toujours morales. Ce « pauvre » jeune était longtemps gardé par son grand-père le vieux Joseph. Celui-ci l'avait confié à un ami de passage qui était chargé d'accompagner Omar-Jo jusqu'en France, chez ses cousins -- Antoine et Rosie Mazzar ~ qui l'attendaient impatiemment avec joie. De par son nom et ses

origines il était de la religion de Dieu car d'un pere musulman ~ Omar ~ et d'une mere chré-
·e 4- Anne tte 4- c; ,n, t v ureux. Son nom s'élargira jusqu'à devenir « Omar-Jo

Chaplin-Lineau. Lineau comme moi »40.

25

40 Idem, p. 153.

Chapitre II : OMAR-JO : UN PERSONNAGE A LA CROISEE DES
CULTURES

Issu d'un mariage mixte, l'un des éléments principaux de l'identité et de l'inter-culturalité, Omar-Jo est d'un pere musulman ~ Omar ~ et d'une mere chrétienne ~ Annette. L'enfant aura les deux marques dans son nom ~ Omar-Jo, Omar comme son père et Jo comme son grandpère, Joseph. Ce qui marquera son identité et sa foi religieuse. Ainsi, n'a-t-il pas du mal à professer sa foi en déclarant qu'« Il n'y a qu'un Dieu (..). Même si les chemins ne se ressemblent pas. Mon père et ma mère le savaient. Ils sont morts des mêmes violences, dans la même explosion. Si je crois, c'est en seul Dieu. Mais les hommes ne veulent pas voir, ni savoir. Ils sont aveugles »41.

L'enfant habitait la montagne aupres de son grand-pere apres la mort de ses parents lors d'une explosion de voiture. Son pays (le Liban) était dévasté par des guerres de tout genre : civile, religieuse, politique, ethnique, etc. Cela oblige les gens à fuir le pays, à s'exiler de l'autre côté de la Méditerranée. Ce fut le cas du couple Antoine ~ Rosie Mazzar qui accueillera Omar-Jo, en France car il y vivait depuis quinze ans dès le début de cette insaisissable guerre et d'innombrables et d'impénétrables conflits qui ligotaient leur petite patrie.

Comme « le voyage forme la jeunesse », son grand-père le conseille de voyager à travers le monde, afin qu'il se rende compte des autres réalités. C'est là l'origine de l'inter-culturalité et/ou de sa pluri culturalité. Pourtant, Omar-Jo aime demeurer aux côtés de sa famille et de son entourage au village.

« A ton age, il faut visiter la terre. (.) Il se raccrochait à son aïeul, aux gens du village, hospitaliers et chaleureux. Il craignait, en changeant de lieu, d'effacer de sa mémoire, le souvenir de ses parents. (...) Ne reste pas enfermé ici, Omar-Jo. Tu es né avec la guerre, tu ne dois pas vivre avec la guerre. Il faut voir le monde, con-

naître la paix. Les racines s'exportent, tu verras. Elles ne doivent pas t'étouffer, ni

te retenir »42.

A l'arrivée d'Omar-Jo en France, le couple et en particulier Rosie s'intéresse beaucoup à
l'identité de cet enfant qui avait perdu ses parents des son jeune age. L'explosion assourdis-
sante et meurtrière lui avait arraché plus que la vie : ses parents et son bras. Omar-Jo était un

41Idem, p. 71. 42 Idem, p. 87.

27

29

enfant inquiétant et bizarre qui n'a pourtant jamais cessé de changer. Il s'est développé, a
grandi, a acquis de l'expérience à son travail, a noué des relations d'amitiés, tout cela malgré
la longue absence dudit couple. Il se méfiait des gens et prenait du recul ; c'est un enfant intel-

En France, Omar-Jo est encore très marqué par la souffrance. Il a perdu ses parents et est in

firme. En partant, il semble être perdu sans son grand père ~ Joseph ~ et se pose beaucoup de

questions. Nous pouvons dire que la rencontre avec Maxime sera un élan dans sa reconstruc-

tion : il voit en Maxime une personne qui est capable de l'accueillir dans sa double culture, même si cela l'intrigue. Sa famille chrétienne en France -- le couple Antoine-Rosie Mazzar ~ n'accepte pas cet aspect de sa personnalité. Elle se posait des questions, comme elle en posait à l'enfant qu'elle trouvait inquiétant. En effet,

0 Rosie venait de se souvenir de ce `malheureux mariage' ; c'est ainsi que sa famille désignait de 0 la pauvre cousine Annette ». A cette pensée, à celle des convictions religieuses, elle se raidit. Antoine, dont la foi se limitait à un esprit de clan, se sentait contrarié lui aussi. A quel dogme, à quelle croyance, à quelle société, appartenait cet étrange enfant qu'il comptait faire le sien ? (...) Les rapports avec l'enfant se présentaient moins harmonieusement qu'elle ne l'aurait espéré. Ils auraient à faire front à `une forte tete' »43.

Par ailleurs, de sa forte relation d'amitié avec Maxime le forain, Omar-Jo change de nom. Il passe de celui d'« Omar-Jo » à celui d'« Omar-Jo Chaplin Lineau ». Il se découvrira alors un
talent d'acteur, à travers lequel il laissera ses souffrances de côté. En lui donnant ce nom de Chaplin-Lineau, Maxime le reconnaît tel qu'il est : dans sa double culture, avec l'importance de son talent d'acteur. Il lui redonne une famille. Evidement, Omar-Jo est un enfant admirable. En effet,

0 Mis à part ces mutilations, l'enfant était beau. Sa chevelure brune formait un

casque de boucles serrées épousant une tête bien ronde. Il avait le nez droit, des narines palpitantes, finement dessinées ; des yeux noirs et luisants comme des olives. Ses épaules étaient fermes, larges, ses jambes musclées ; il respirait la santé. Sa peau avait absorbé de larges tranches de soleil. Toute sa personne rayonnait d'un indéfinissable éclat »44.

43 Idem, P. 24-25

44 Idem, P. 23.

Créatif et débrouillard, les idées d'Omar-Jo s'imposent vis-à-vis de celles de Maxime, `son oncle'. Ainsi, « Les paroles de l'enfant prenaient rapidement corps, il trouvait toujours le moyen d'exécuter ses idées (..) Maxime se laissait faire. Ils s'accordaient sur bien des points ; décidèrent de prolonger les heures d'ouverture, achetèrent des lampions pour former une couronne scintillante autour de la coupole»45.

C'est de cette collaboration caractérisée par l'entente, la mise en accord et en commun des
idées, mais aussi cette confiance qui existe entre les deux ~ Maxime et Omar-Jo 3 que le Ma-

nège grandira et connaîtra la prospérité. Omar Jo est un libérateur et un sauveur pour le fo rain. « Votre Omar-Jo a sauvé mon Manège (..). J'ai des plans pour Omar-Jo »46, précise le forain. Et pourtant, comme dans toute nouvelle vie, mêlée de joie et de doute, une mésentente

« J'ai compris : tu me mets en garde, dit leforain, et tu fais ton cirque de nouveau. Je me défends comme je peux, oncle Maxime. (...) Depuis quand suis-je ton oncle ? Je t'ai adopté, dit-il, (...). Alors, c'est toi qui m'adoptes ? Je te remercie de me prévenir, Omar-Jo. Je ne m'étonne plus de rien ; avec toi, l'envers devient toujours l'endroit. »47

C'est une sorte d'incompréhension mutuelle. Une conséquence à la rencontre de l'autre dans sa maniere de penser et de percevoir les choses. A préciser que la réflexion d'un occidental (Maxime) differe d'un point à l'autre de celle d'un oriental (Omar-Jo). C'est en quelque sorte

le résultat de toute expérience de la diversité humaine qui, parfois, pousse les hommes à des

conflits ou à des progrès. Dans ce cas, le but de la littérature serait de lever cette antinomie à

laquelle aboutit souvent l'inter-culturalité marquée par les problèmes identitaires en supprimant le module de conflits, en vue de promouvoir celui de développement ou d'enrichissement mutuel.

Omar-Jo est vraiment « un enfant multiple ». C'est-à-dire qu'il est marqué par plusieurs traits qui le `masquent' selon les circonstances. Ainsi, se montre-t-il violent, méchant, talentueux intelligent, croyant, créatif, serviable, respectueux oriental et occidental, etc. ce qui balançait sa réussite et son échec selon le public. Cette dénomination de « l'Enfant multiple », le titre

45 Idem, P. 44.

46 Idem, P. 23.

47 Idem, P. 97.

même du roman, pour Omar Jo est en rapport avec ses

physionomie, ses noms, ses lieux de résidences, ses am
port avec les éléments constitutifs de sa propre identité.

« L'enfant multiple n'était plus là pour divertir. Il était là aussi pour évoquer d'autres images. Toutes ces douloureuses images qui peuplent le monde. Mené par sa voix, Omar-Jo évoque sa ville récemment quittée. Elle s'insinue dans ses muscles, s'infiltre dans les battements du coeur, freine le voyage du sang. Il la voit, il la touche, cette cité lointaine. Il la compare à celle-ci, où l'on peut, librement, aller, venir, respirer ! Celle-ci, déjà sienne, déjà tendrement aimée. »48

Omar-Jo qui n'avait pas ressenti l'arrachement de son bras ni l'impact du fragment de métal

parents. Par ailleurs, il intéresse les femmes et les enfants au Manège. Le cas de Cher Anne,

qu'il appelait « Cheranne », en témoigne. Il est toujours réservé et n'aime pas parler de son passé ; « Je t'expliquerai plus tard »49, disait-il souvent.

Comme nous l'avons si bien dit précédemment, Omar-Jo est un enfant issu d'un mariage mixte, du point de vue religion, tradition, culture, origine natale. Tout cela explique la double voire multiple personnalité d'Omar-Jo. Il est du « sang musulman-chrétien », si l'on ose s'exprimer ainsi. Ceci est fort remarquable avec ses connaissances en arabe et en français, comme nous le remarquons dans ce passage : « D'un geste espiègle le gamin s'empara du stylo dont le capuchon débordait de la poche d'Antoine, tira du fond de la sienne un carnet, à moitié rempli, traça sur une page blanche, en belle calligraphie, son nom en arabe et en français »50. A noter que les deux éléments (la langue et la religion) sont d'une grande importance en ce qui est de l'identité51.

En plus de cela, Om ar Jo habitera plusieurs endroits : la ville, la montagne, le Liban, la

France et dans différentes familles. Il connaîtra alors des sociétés fort diverses aux personnali

tés différentes, aux habitudes et aux pratiques culturelles non semblables. Tout cela est la con-

séquence de la guerre qui a dévasté son pays d'origine qu'est le Liban. Elle lui a arraché plus

48 Idem, P. 69-70. D

49 Idem, P. 9.

D

50 Idem, P. 26.

D

51 Amin, Maalouf, Op.cit.

Enfin, le choix du titre L'Enfant multiple trouve son sens dans cette mouvance. Il nous semble correct d'affirmer que c'est un titre qui aurait été attribué à ce récit, tel que raconté par Andrée Chedid, par quiconque l'aurait lu et compris. Il résume bel et bien le roman.

31

L'Identité : Elément fondaL1111l11 1111l11li111111111111111L1111i11,1à1111v111 L'Enfant multiple d'Andrée Chedid1

Chapitre III : LA QUESTION DE L'IDENTITE DANS LE ROMAN

11i1 11 1 1111111111111, 1il11111i11111 1 111111l111111 1l111oeuvres1d'Andrée Chedid, nourri11 11 1 1 11l111111L1L11111i1111l11, 1111111L111i111s d'un humanisme profond. 1S'agissant11 1 1 11111 1 oeuvre d'étude,1L'Enfant multiple, 11ll1 111L11111 1i11 11i11l1L1111l1 11 iL111i11 1i1 111i11i11. 1 H1111 11 imension s'y 111111 1j111ifi11 111111111i111111111 1: 1l11f1i, 1l1111ligi11, 1l1 1L11i1g1 1Lix11, 1 l'exil, la mort, la1g11111, 1l1 1111111i11,1l'hospitalité ou l'accueil de l'autre, 1l1 11111111i11,11111 111 1 111 1111111111L1111111 1 111l1111. 1

H1 111iL1 11b111 , 111 L1111111q11 1l111i1111LHL1 111111 1111l1i111111 iL111i111i1 111i11i11. 1Fl111mè11 1 l1 111111111, en la même personne qu'est Omar111, 11l11i1111111l11111. 1Ri11 111 1111111L111h1 1 alors d'affirmer qu'OmarIl1 111111l11i11l1111l. 1E1 11ff11, 1111 111L 11 111l1 11i11111 1 1l1i1 11 1111l1 1 111111U1il111L11111 1l1111111111musulmanes et chrétiennes. Il s'appellera plus tard Omaril1 1 HU11li111i1111 1comme son patron, qu'il appelait «1111l11(c)11iL1 1». 1«1Maintenant tu t'appelles Omar-Jo Chaplin-Lineau. Lineau comme moi1dI. 1T1111111111L1111111l1 11111l1111 d'un long processus, du à l'exil qui 1oblige inévitablement la confrontation d'autres cultures et d'autres pe1sonnes. C'est dans ce sensllà que l'enfant n'était pas du tout content de porter une

li111 11 1111L1, 11i1111111111111111111111111111111i111111 11111i1. 1Ei11i,111L1111111111111111 1

« De plus ces trois noms disparates - issus de pays et même de continents différents - étaient la marque d'un cosmopolitisme qui ne lui disait rien de bon »53.

P1111ill1111, 1il11111iL111111111 1 1111lig1111l1 1lib11 11h1ix 11 'appartenir à telle ou111ll1 1111i111, 111 1 qui contribuerait à l'enrichissement mutuel, malgré les différences. Les 1111i1111111111ll111111L 111111l1111en elles un phénomene qui n'est pas nouveau. 1H111i11111 1111, 1l111111111h1L1i111 font l'expérience de la diversité 1la mobilité humaine n'est pas propre à notre époque. C'est de

1111111111111111i111111l1111ll1 111111111111111 11111i11111i111111111111l111h1LL111à11 111111fli111

111E11 111111C1I1. 1Malheureusement, l'on assiste dans l'histoire de toutes les conquêtes et

1111111l1111i1ili111i111, 1à11111f11L11i11 11i1bl111 111i1ili111i11111i11 1L11111 1l1 111f1111 1 1l1111lL
ture, de la langue et de la spécificité d'autrui visant à l'assimiler soilLIL11 1E1 1ff11,1111111 1
11l11111111111111111111i1i111111 1U11111 1111111111i1111111i1111111ll11-LêL11 1i1111i111 11 111 111 1

contexte donné. D'où, il importe de rappeler qu'il n'y a aucune culture qui soit supérieure à
111 1111111 1Et que s'il y en a une qui prétend l'être, ce n'est qu'une illusion ou une présom1-

PP1A11 111,1VP11 i1 , 1P1.1i1.,1PI 1I51

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PPF1 1L, 1Pl 1v3. 1

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tion dans le contexte actuel de l'approche des civilisations. Il n'y a donc pas d'obligation à pratiquer telle ou telle culture, sauf en cas de l'intégration qui suppose la participation active à la société d'éléments variés et différents, tout en acceptant la subsistance de spécificités culturelles, sociales et morales. En outre, elle n'est pas aussi un processus à sens unique ; elle sup pose une réciprocité de la part de la société d'accueil et des immigrants Malgré cela, une er-

tones d'une nation donnée. D'ailleurs, certains prétextaient `apporter la civilisation' O

«Nous ne pouvons nous contenter d'imposer aux milliards d'humains désemparés le choix entre l'affirmation outrancière de leur identité et la perte de toute identité, entre l'intégrisme et la désintégration. [...J Si nos contemporains ne sont pas encouragés à assumer leurs appartenances multiples, s'ils peuvent concilier leur besoin d'identité avec une ouverture franche et décomplexée aux cultures différentes, s'ils se sentent contraints de choisir entre la négation de soi-même et la négation de l'autre, nous serons en train de former des légions de fous sanguinaires, des légions d'égarés. »54

Pour ce, l'adoption d'une attitude équilibrée ou modérée en face de l'autre, en vue de se lais-
ser intégrer dans le groupe d'accueil permettrait de comprendre une telle conjoncture. Toute-
fois, ce processus d'intégration ne se réalise pas du tic au tac, pour le fait qu'il nécessite

Omar-Jo qui est dans un état précaire, dans le vrai sens du terme en tant qu'orphelin de pere et

néficie plus de générosité et d'hospitalité de la part de son grand père Joseph du couple chré tien vivant en France - Antoine et Rosie, du forain Maxime à qui il promet l'amélioration de son manège. « Je nettoierai ton Manège, je le ferai briller. J'en ferai un vrai bijou ! »55 Il ajoutera par la suite : « Ton manège est beau. Mais moi, j'en ferai le plus de la ville. Le plus beau de tout le pays »56. Par ailleurs, Maxime qui comptait offrir à Omar-Jo une prothèse était déçu. Ainsi, Maxime « souhaitait qu'Omar-Jo soit doté, le plus vite possible, de cet organe qui doublerait son habileté ; et puis qu'on n'en parle jamais plus ! (..) De tout son être, de

54 Amin, Maalouf, Op.cit., P. 44.

D

55 Andrée, Chedid, Op.cit., p. 31.

D

56 Idem, p. 39.

tout son corps, Omar-Jo avait soudain rejeté l'appareillage, cet organe artificiel qui se serait accolé à sa chair mutilée, mais si vivante »57.

De ce qui précede, l'on remarque la responsabilité de l'enfant multiple dans la prise de cer-

toujours refusé de s'affirmer d'une croyance que ce soit, mettant ainsi en question les appar

tenances dans les différentes sectes religieuses. Il affirme qu'« il n'y a qu'un Dieu,(...). Même

si les chemins ne se ressemblent pas. Mon père et ma mère le savaient. Ils sont morts des mêmes violences, dans la même explosion. Si je crois : c'est en un seul Dieu. Mais les hommes ne veulent pas voir, ni savoir. Ils sont aveugles. Maxime se demandait si lui-même avait la foi »58. Ceci semble se contredire avec la conception d'Amin Maalouf qui présume que

« à l'heure actuelle, affirmer son appartenance religieuse, la considérer comme l'élément central de son identité, est une attitude courante ; moins répandue, sans doute, qu'il y a trois cents ans, mais indiscutablement moins répandue qu'il y a cinquante ans.(...) mais qu'est-ce qui fait que, dans le monde entier, des femmes et des hommes de toutes origines redécouvrent aujourd'hui leur appartenance religieuse et se sentent pousser à l'affirmer de diverses manières, alors que ces memes personnes, quelques années plus tôt, auraient préféré mettre en avant, spontanément, d'autres appartenances ? »59

Enfin, horm is tous ces gestes de générosité et de reconnaissance, de respect et de l'acceptation

de l'autre tel qu'il est, dans sa personnalité, dans son être, dans sa nature, dans sa tradition et

dans culture, la guerre qui a arraché à l'enfant plus que la vie, c'est-à-dire ses parents et son

bras, restera marquée dans sa personnalité. Et comme conséquence à toute société meurtrie

siens (les parents d'Omar-Jo), il a dû corrompre Asm a, la gardienne des sépultures au cime-

tière.

« Il tendit une somme conséquente à la gardienne avant de lui faire sa demande.
Ne pouvant résister à la vue de cet argent, celle-ci fourra les billets dans sa poche
à double fond, confectionnée en cachette de son vaurien d'époux. Le vieil homme

D

57 Idem, pp. 132-133.

58 Idem, p. 71.

D

59 Amin, Maalouf, Op.cit., P. 99.

lui montra ensuite la boîte portée par Edouard, et réclama un modeste emplacement pour les siens. Il avait repéré un coin, au bas du mur de clôture en partie écroulé, qui donnait sur des champs ; puis, au loin, sur la mer ».60

La corruption permet alors d'accéder malhonnêtement à certaines choses. Traditionnellement,

les deux corps qui devraient être séparés lors de l'enterrement, à cause de la foi (musulmane
et chrétienne), étaient déposés dans un même carré de terre. Bien qu'ils ne soient pas de la

même confession, Joseph avait décidé de ne pas séparer ces deux êtres si « parfaitement unis

dans la vie ». Il les enterra en gravant sur la tombe les deux initiales « A » et « O » entrelacées

afin de laisser la tombe reconnaissable, et pour lui, et pour le petit Omar-Jo. C'est un geste

d'unité qui avait toujours marquée le couple et que le vieux Joseph a voulu respecter, comme s'il leur avait fait la promesse.

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60 Andrée, Chedid, Op.cit., P. 62.

CONCLUSION

« L'identité n'est pas donnée une fois pour toute, elle se construit et se transforme tout au long de l'existence »61. Elle se compose de différents sentiments : sentiment d'unité, de cohérence, d'appartenance, de valeur, d'autonomie et de confiance organisés autour d'une volonté d'existence. L'homme veut et cherche à mieux se connaître et à connaître son prochain, « l'autre », à la fois objet de désir et douteux. L'autre demeure un mystere. Il revient alors à l'homme de dévoiler le monde et de se dévoiler aux autres hommes pour que ceux-ci prennent en face de l'objet, ainsi mis à nu, leur entière responsabilité. C'est la découverte de soi et de l'autre. D'ailleurs, les gens se découvrent aujourd'hui de nouvelles formes d'identité fondées sur telle ou telle considération d'une part, tandis que d'autres se plaisent à nier une partie de leurs identités. D'où l'écrivain d'aujourd'hui a un rôle plus important de faire en sorte que nul ne puisse ignorer le monde et que nul non plus ne s'en puisse dire innocent.

L'homme a toujours voulu laisser des traces tout au long de son existence. Malheureusement, la vie humaine est courte. Ainsi, dans toutes ses formes, elle offre à l'homme des possibilités de s'exprimer et de s'expérimenter. D'ailleurs, la vie est-elle elle-même une expérience. L'être humain se rendra alors compte des réalités du monde changeant et dans lequel il vit. Il interroge ainsi le passé, le présent et le futur. Il s'interroge aussi sur sa propre histoire, sa propre vie. Cette dernière change au fur du temps qui ronge inévitablement les années de la vie humaine. La vie d'Omar-Jo, « L'Enfant multiple » en est l'exemple.

L'identité, qui a été au coeur de notre travail et qui en est le corps même, demeure un theme d'actualité qui nécessite une attention particulière. Surtout dans ce XXIème siècle, où de nombreux phénomenes comme celui de l'immigration, en particulier, s'intensifient. Lesdits phénomenes font que de nouvelles formes d'identité voient le jour. Ce theme englobe plusieurs éléments et sujets qui le rendent complexe, voire plus insaisissable. C'est un champ vaste et inépuisable, que l'on ne prétendrait pas mettre tout au clair. D'ailleurs, il existe un combat perpétuel entre la tradition et la modernité et/ou la postmodernité.

L'exemple du Liban qui a vu naître beaucoup d'auteurs qui se sont exilés dans d'autres pays, à cause des guerres dévastatrices et insaisissables : religieuses, politiques, civiles, etc. est l'un des pays à « vrais » problèmes identitaires. Parmi ces intellectuels, nous citerons, inévitable ment et d'une façon plus particulière, Amin Maalouf et Andrée Chedid qui, à travers leurs

61 Amin, Maalouf, Op.cit., P. 30.

L'Enfant multiple, notre corpus d'étude, laisse entrevoir les différents problèmes identitaires,

ce qu'il en résulte ainsi que ce que l'on peut en faire. Andrée Chedid a connu personnellement le probleme d'identité, en tant qu'ayant ses origines ancestrales égyptienne et libanaise. Le Liban, alors son pays, connaît plusieurs confessions religieuses et un certain nombre de langues. Ces deux éléments - RELIGION et LANGUE - étant les éléments majeurs de l'identité, selon Amin Maalouf qui précise :

« J'ai constamment insisté sur le fait que l'identité est faite de multiples appartenances ; mais il est indispensable d'insister tout autant sur le fait qu'elle est une et que nous la vivons comme un tout. L'identité d'une personne n'est pas une juxtaposition d'appartenances autonomes ; ce n'est pas un « patchwork », c'est un des-sin sur une peau tendue ; qu'une seule appartenance soit touchée, et c'est toute la personne qui vibre. »62

Enfin de compte, la question de savoir s'il peut y avoir une culture qui soit universelle en vue de mettre fin aux problèmes identitaires demeure posée.

62Idem, p. 34.

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Bibliographie

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2) Cros, Edmond, La Sociocritique, L'Harmattan, coll. Pour comprendre, Paris, 2003.

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Coll. Idées, Paris, 1964.

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38

Sitographie

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4) http://ecrits-vains.com , [en ligne], consulté le 13 février 2011.

PLAN PREMIER

DEDICACE 2

REMERCIEMENTS 3

INTRODUCTION . 4

PREMIÈRE PARTIE : NOTIONS GÉNÉRALES 10

Chapitre I: Identité, Culture, Personnalité, Littérature 11

Chapitre II : Conceptions modernes de la littérature~~~~~~~~~~~~~ 15

Chapitre III : Andrée Chedid et son temps~~~~~~~~~~~~~~~~~ 21

DEUXIÈME PARTIE : LECTURE DE L'Enfant mPltiPlP 24

Chapitre I : Présentation globale du roman ................... 25
Chapitre II : Omar-Jo : un personnage à la croisée de cultures ................................... 26

Chapitre III : La question de l'identité dans le roman 31

CONCLUSION 35

Bibliographie 37

Sitographie 38






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