1
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET
POPULAIRE MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE KASDI MERBAH - OUARGLA FACULTE DES LETTRES ET
DES LANGUES DEPARTEMENT DES LANGUES ETRANGERES
DIVISION DE FRANCAIS
Mémoire de fin d'étude en vue de
l'obtention de la Licence de Français Thème :
L'IDENTITE : ELEMENT FONDAMENTAL DANS LA LITTERATURE
CONTEMPORAINE A TRAVERS L'ENFANT MULTIPLE D'ANDREE
CHEDID
Sous la direction de : Présenté par
:
Dr. SENOUSSI Massika Clément
BIGIRIMANA
Promotion 4ème année
Français Classique : 2010 / 2011
DEDICACE
Du fond du coeur, je dédie mon modeste travail
à : Mon regretté grand frère GAHUNGU Raphaël
;
Mon grand frère de tout moment NDARUZENZE Joachim
;
Mes chers parents GAHUNGU Polycarpe et MACUMI Isabelle ; Tous
mes frères ;
Toutes mes soeurs, en particulier KAZENEZA
Fidélité et IRAKOZE Diane ; Mgr. Claude RAULT pour ses conseils
et orientations ;
Toute ma promotion 2010 /2011;
Toute personne qui m'a accueilli, comme frère, en
Algérie ;
Toute personne qui ne cesse de penser à moi et qui me
porte dans son coeur ; Mes amis et amies ainsi qu'à toutes mes
connaissances ;
Tout homme qui sait vivre et faire le bien ;
La communauté des Etudiants burundais à Ouargla
;
Et à la communauté estudiantine des
étrangers à Ouargla.
3
REMERCIEMENTS
En toute franchise et reconnaissance, ce travail n'aurait
pas été accompli selon mes propres efforts seulement, n'eüt
été la participation de nombreuses personnes auxquelles j'adresse
mes sincères remerciements. Il s'agit de :
Dr. SENOUSSI Massika qui, de tout coeur et en toute
disponibilité, a accepté de diriger mon travail ;
La Communauté des Pères Blancs à Ouargla
qui m'a ouvert les portes de sa riche bibliothèque ;
Mes parents qui n'ont ménagé aucun de leurs
efforts pour me guider et entretenir ma vie jusqu'aujourd'hui ;
BAHATI HAMULI Patient pour sa disponibilité, sa
franche collaboration et ses orientations ; RAMAZANI Lucien pour son importante
contribution ;
Père Miguel Larburu pour ses orientations ;
Père Tarpaga Kassoum Anselme Auguste pour sa
présence ;
Tout le corps professoral du Département de
Français à l'Université Kasdi Merbah - Ouargla ;
Tous mes enseignants au primaire qui m'ont initié
aux études et m'ont fait aimer l'école, en particulier Madame
Spès NIZIGIYIMANA ainsi que Madame Rose-Marie NDABIRINDANGA ;
Les enseignants et les autorités du Petit
Séminaire de MUGERA qui m'ont aidé à grandir, moralement
et spirituellement ;
Les Gouvernements du BURUNDI et de l'ALGERIE qui ont beaucoup
contribué pour ma formation.
La liste n'étant pas exhaustive, mes remerciements
vont à tant de personnes dont les noms ne sont pas ci-haut cités
mais qui, de près ou de loin, m'ont prêté main forte pour
la réalisation du présent travail et dont la contribution a
été importante.
INTRODUCTION
Depuis la nuit des temps, la question de l'identité a
toujours été présente. Cependant, elle semble trouver son
comble depuis la célèbre phrase de Socrate,
« Homme, connais-toi toimême ». Ainsi
a-t-elle saisi l'attention de nombreux penseurs issus des divers champs de
recherche scientifique.
« D'abord, l'identité n'a émergé
qu'assez récemment comme thème crucial dans les sciences sociales
et la littérature. Le concept d'identité explicite une
problématique certainement diffuse qui apparaît avec force dans le
romantisme et qui se trouve encouragée par les conditions de vie dans la
société industrielle : c'est l'époque à laquelle
l'individu perd petit à petit l'identité immédiate que lui
conféraient les groupes sociaux stables et homogènes auxquels il
appartenait ».1
En effet, l'homme s'est toujours posé tant de questions
sur sa propre identité, sur sa propre
nature, sur son origine et sur sa destinée en vue de
savoir réellement qui il est. Dès lors, la
question de l'identité s'est répandue dans
plusieurs champs de la recherche scientifique dont
celui de la littérature. D'ailleurs, « la
littérature romanesque, comme peut-être la
création poétique moderne et la peinture contemporaine, sont
des formes authentiques de création culturelle sans qu'on puisse les
rattacher à la conscience -- même possible -- d'un groupe
so-
cial particulier.. »2 Ceci
étant, il nous a semblé important de vouloir cerner la
résonnance de
ladite question dans la littérature, en nous appuyant sur
le roman L'Enfant multiple d'Andrée
Chedid, dont le titre lui-même nous semble
révélateur d'une certaine complexité sur la question de
l'identité. Par ailleurs,
« L'identité est un ensemble de
critères, de définitions d'un sujet et un sentiment interne. Ce
sentiment d'identité est composé de différents sentiments
: sentiment d'unité, de cohérence, d'appartenance, de valeur,
d'autonomie et de confiance organisés autour d'une volonté
d'existence. Les dimensions de l'identité sont intimement
mêlées : individuelle (sentiment d'être unique), groupale
(sentiment d'appartenir à un groupe) et culturelle (sentiment d'avoir
une culture d'appartenance) »3.
1 Pierre-Luigi, Dubied, Apprendre Dieu , Labor et Fides,
Genève, 1992, p. 123.
D
2 Lucien, Goldmann, Pour une sociologie du roman,
Gallimard, Coll. Idées, Paris, 1964, p. 44.
D
3 Alex, Mucchielli, L'identité, PUF, coll. Que
sais-je, Paris, 1986.
5
L'écriture n'est pas à la portée de tout
le monde. Pour ce, Andrée Chedid, conçoit l'écriture comme
ce qui permet la sortie vers l'Autre, comme un hors de soi qui ouvre vers
l'ailleurs. D'autres, comme Paul Dirkx, diront que l'écriture
« est ce qui fait que le signifiant fasse davantage
que dénoter son signifié et dépasse donc la transparence
de la langue quotidienne (..). L'écriture est ce jeu de connotations qui
réfère à un au-delà du langage `normal'. L'histoire
sociale de la littérature est par conséquent, selon Barthes,
l'histoire de cette résistance aux effets sclérosants des codes
de la langue et du style »4.
Quant à Jean-Paul Sartre, il donne plus de
précisions sur l'écriture, celle-ci prise dans sa rela- tion avec
le monde ; ce qui laisse constater le plus important rôle de
l'écrivain. L'écriture est inséparable du monde et de la
société. Ainsi donc, pour lui
« Ecrire, c'est donc à la fois dévoiler
le monde et de le proposer comme une tâche à la
générosité du lecteur. C'est recourir à la
conscience d'autrui pour se faire reconnaître comme `essentiel' à
la totalité de l' tre ; c'est vouloir vivre cette essentialité
par personnes interposées ; mais comme d'autre part le monde réel
ne se révèle qu'à l'action, comme on ne peut s'y sentir
qu'en le dépassant pour le changer, l'univers du romancier manquerait
d'épaisseur si on ne le découvrait dans un mouvement pour le
transcender. »5
Ceci étant, en faisant recours aux différentes
formes et méthodes d'écriture, l'écrivain nous fait
ressortir ses sentiments tout en transmettant un message. Ce dernier est
destiné au lecteur (public) qui, selon les modalités d'accueil,
c'est-à-dire sa culture, son niveau de vie, son niveau intellectuel, son
comportement, ses humeurs, son expérience, etc., essaie de le
décortiquer afin d'en dégager et/ou d'y puiser le sens qu'il
véhicule. C'est-à-dire, en cohérence avec son
identité et ses attentes. Chedid a alors toujours rêvé
d'écrire et ce qui lui fait écrire
« C'est toujours cette chose indéfinissable,
indicible qui projette en-dehors de soi `l'impression perpétuelle que ce
qu'on porte en soi est plus grand, est plus exigeant, est plus assoiffé
que ce que la vie peut vous donner'. Impression qui, selon Chedid,
répond à ce pourquoi élémentaire qu'a toujours
posé l'existence de l'Art. `L'Art, c'est tout ce qui est en dehors de
notre étroite peau'. L'homme a toujours
4 Paul, Dirkx, Sociologie de la littérature,
Armand Colin, Coll. Lettres Cursus, Paris, 2000, p
D
5 Jean-Paul, Sartre, Qu'est-ce que la littérature ?
, Gallimard, Coll. Idées, Paris, 1964, p. 67.
6
besoin d'échapper à son étroite peau.
L'étroite peau, c'est l'autobiographie. Nous
sommes plus que ça. »6
De ce qui précéde, nous nous rendons compte
à quel point l'identité humaine nécessite d'être
appréhendée de façon plus ou moins approfondie. Les
répercussions de la question d'identité dans la vie sociale, ont
stimulé la réflexion des penseurs. Plus spécialement des
écrivains ; au point de contraindre ceux ci à mettre en place des
moyens susceptibles de remédier aux conséquences
désastreuses auxquelles débouche la question d'identité
aussi dans la société traditionnelle que contemporaine.
Voilà ce qui a soulevé de vives polémiques autour de
l'acception et du déploiement du mot « identité ». Ce
qui a plongé nombre de pays dans des situations calamiteuses relevant
d'une certaine crise d'ordre identitaire qui peuvent parfois
régénérer des conflits fatals entre des personnes
opposées par les problémes identitaires. C'est ce qui fera dire
à Amin Maalouf : « Une vie d'écriture m'a appris
à me méfier des mots. Ceux qui paraissent les plus limpides sont
souvent les plus traitres. L'un de ces faux amis est justement
`identité' »7
L'écrivain doit alors faire attention lors de son
écriture pour ne pas choquer son lecteur. Et
cela montre la relation étroite qui existe entre ces deux
acteurs liés par la lecture. Celle-ci est
vue par Jean-Paul Sartre comme « un pacte de
générosité entre l'auteur et le lecteur où chacun
fait confiance à l'autre, chacun compte sur l'autre ». Il
éclaire en précisant que « L'écrivain a choisi de
dévoiler le monde et singulièrement l'homme aux autres hommes
pour que ceux-ci prennent en face de l'objet ainsi mis à nu, leur
entière responsabilité. Pareillement, la fonction de
l'écrivain est de faire en sorte que nul ne puisse ignorer le monde et
que nul ne s'en puisse dire innocent »8. La lecture lui
paraît donc comme un lien entre l'auteur et son lecteur. Car une oeuvre
sans lecteur n'en est pas une. Qui écrirait pour soimême ? et pour
quelle raison ? Le public garde toujours sa place primordiale, étant
donné que c'est à lui qu'il revient de déchiffrer le
texte. D'où le public a une importance déterminante ; il
« intervient, avec ses moeurs, sa vision du monde, sa conception de la
société et de la littérature au sein de la
société ; il cerne l'écrivain, il l'investit de ses
exigences impérieuses ou
6
http://www.evene.fr/celebre/biographie/andree
chedid; Article de Francine Bordeleau, « Nuit Blanche »,
[en
D
7 Amin, Maalouf, Les Identités
meurtrières, Grasset, Paris, 1998, p.15.
D
8Jean-Paul, Sartre, Op.cit., p.31.
7
sournoises, ses refus, ses fuites sont des données de
fait à partir de quoi l'on peut construire une oeuvre »9
. Ainsi donc Jean Paul Sartre pense que
« La lecture est un exercice de
générosité ; et ce que l'écrivain réclame du
lecteur ce n'est pas l'application d'une liberté abstraite, mais le don
de toute sa personne,
avec ses passions, ses préventions, ses sympathies,
son tempérament sexuel, son échelle de valeurs. Seulement,
cette personne se donnera avec générosité, la
liberté la traverse de part en part et vient transformer les masses
les plus obscures de sa
sensibilité»10.
Enfin, il convient de nous entendre sur cette relation
indispensable qui existe entre l'écriture
dans le sens où chacun des acteurs, c'est-à-dire
l'écrivain et le lecteur, puise dans sa société les forces
nécessaires à l'accomplissement de son acte. Cela implique qu'il
y a un point commun entre eux. Et comme le précise bien Michel
Zéraffa, « L'écriture du roman, puis sa lecture, sont
des actes fondamentalement et complémentairement sociaux, puisqu'ils
mettent à la fois en oeuvre, en ordre et en évidence notre
activité sociale primordiale (...) : le discours parlé
»11.
C'est ainsi que l'identité et la culture, comme reflets
de la société, jouent un rôle primordial dans le processus
de production d'une oeuvre littéraire. C eci dit, certains auteurs
feront ressor tir leur vie à travers des écrits
autobiographiques. D'autres par contre, parcourent l'histoire, en produisant
des récits historiques et fictionnels. Et bien d'autres encore, partant
des expériences et des réalités de la vie, donnent lieu
à des romans réalistes et d'aventure. Ainsi, au fil du temps,
l'on est amené à changer ses habitudes. En effet,
« Tandis que certains créateurs perpétuent
les traditions ancestrales, en les vivi-
fiant de leur génie personnel, d'autres
entraînés par l'accélération de l'histoire,
tendent à opérer dans la littérature
et dans les arts une révolution perpétuelle. Ain- si
s'établit une coexistence, instable peut-être mais féconde,
entre tradition et révo-
9 Idem, p. 99.
D
10 Idem, pp.64-65.
D
11 Michel, Zéraffa, Roman et Société
, PUF, coll. Sup, Paris, 1971, p. 92.
lution ou encore entre individualisme parfois exacerbé
et `la recherche d'une Eglise', l'engagement dans telle ou telle
idéologie »12.
Ecrire devient comme un combat qu'il convient de m ener sans
ignorer le risque potentiel
qu'il comporte de perdre et/ou de gagner quelque aspect de son
identité. Dans ce cas, lors-
qu'on cede une partie de son identité, cette derniere
se trouve soit menacée soit meurtrie voire amputée. Ceci est
dû aux causes externes telles que l'injustice,
l'insécurité, la formation, la pauvreté, la
violence, etc. ; qui peuvent aller jusqu'à altérer la
réflexion humaine. Ainsi la personne se trouve contrainte soit à
l'exil, soit au silence, soit à la séquestration, et à
tant d'autres situations qui lui font subir les coups fatals de la vie.
Des conflits d'ordre culturel et identitaire sont toujours
présents au sein de la société hu maine. C'est un
risque permanent auquel est exposée une société
multiculturelle. L'on assiste aussi à des scènes macabres dans
des sociétés déchirées par des conflits
interculturels où rien ne reste plus à
désirer. Toutefois, loin de sombrer dans le pessimisme, l'on
trouve parfois que des sociétés interculturelles qui ont
su profiter de la richesse de l'inter-culturalité se sont re-
trouvées en pleine lancée vers un développement
idéal.
Enfin, notons que l'identité n'est pas acquise une
fois pour toute. Elle est soumise à de nombreux changements
qui surviennent tout au long de l'existence humaine. C'est ainsi que personne
ne se dirait avoir atteint le sommet de son identité, aussi longtemps
qu'elle est soumise à la dimension du temps et celle de l'espace. L'on a
toujours à apprendre dans la vie. Omar-
« avait acquis, malgré son jeune âge, une
exacte perception des humains ; un jugement sur l'existence et sa
précarité qui le rendait à la fois lucide et patient.
»13
Dans notre étude sociocritique, cela nous amène
à souligner l'importance de la dimension
identitaire et la multiplicité des cultures. Ces
dernières se rencontrent en chaque homme et
peuvent être opposées ou pathétiques. Il est
donc nécessaire de comprendre cette dimension
identitaire en `terme' de réciprocité et de
complémentarité. L'écrivain, lui aussi, met en
lu- mière et en relation les divers éléments
constitutifs de son identité. Ainsi donc, la
littérature doit être considérée dans sa
relation profonde avec le vécu social de l'époque
de l'écrivain car
12 André, Lagarde, Laurent, Michard,
XXème siècle, Les grands auteurs
français, Bordas, Coll. Lagarde et Michard, Paris, 1962 ; 1973,
p.7.
0
13 Andrée, Chedid, L'Enfant multiple, Flammarion,
Paris, 1989, p.30.
« (.), dès lors qu'on conçoit son
identité comme étant faite d'appartenances multiples, certaines
liées à une histoire ethnique et d'autres pas, dès lors
qu'on voit en soi-même, en ses propres origines, en sa trajectoire,
divers confluents, diverses contributions, divers métissages, diverses
influences subtiles et contradictoires, un rapport différent se
crée avec les autres comme avec sa propre ` tribu'. Il n'y a plus
simplement `nous' et ` eux' ; deux armées en ordre de batailles qui se
préparent au prochain affrontement, à la prochaine revanche. Il y
a désormais de ` notre' côté des personnes avec lesquelles
je n'ai finalement que très peu de choses en commun, et il ya, de `
leur' côté, des personnes dont je peux me sentir extrêmement
proche »14.
Tout bien considéré vouloir cerner les rapports
qui existent entre identité personnalité culture et
littérature, semble d'une importance capitale dans l'appréhension
du phénomene identitaire dans la littéraire contemporaine.
9
14Amin, Maalouf, Op.cit., p. 40.
10
Première partie : Notions
générales
Chapitre I : IDENTITE, CULTURE, PERSONNALITE,
LITTERATURE
Ces notions (identité, culture,
personnalité), très complexes dans leurs définitions,
se rappor
tent beaucoup plus à la sociologie qu'à la
littérature. Cette derniere est l'expression par excellence de la
pensée humaine. En traduisant une représentation qu'une
époque ou qu'un homme se fait de la réalité, l'oeuvre
littéraire comporte en elle toute une dimension de l'identité, de
la culture et de la personnalité. L'auteur choisit donc une
réalité qui se perçoit à travers sa
société, son temps, sa culture ; mais aussi sa langue. En ce
sens, tout écrivain est, malgré lui, un peu tributaire de son
époque, de son contexte social. D'où la connaissance du contexte
historique et socioculturel de l'oeuvre en facilite beaucoup sa
compréhension. Par ailleurs, l'on
remarquera q
« L'oeuvre littéraire est une forme de
résistance aux dysfonctionnements, aux iniquités, aux carences
sociales. Mais, si la littérature peut se livrer à une
contestation de l'état de la société, elle ne peut
s'analyser à partir d'un seul point de vue, monosémique. Par
exemple, sa signification ne saurait etre réduite à la vision
d'un seul groupe social. Dans ce sens, la littérature ne saurait se
borner à refléter la société capitaliste.
»15
Tout de même, ces éléments ci-haut
cités (identité, culture, personnalité)
restent au coeur de toute investigation littéraire. Etant
donné que l'écrivain est issu d'une société qui a
ses struc- tures et ses principes, ses règles, ses coutumes et ses
traditions. Plus encore, l'écrivain pré-
tives. Ces éléments jouent alors un rôle
important sur la pensée de l'auteur. L'écrivain, dans
sa production littéraire, devant faire face à tous
ces éléments, met en place une oeuvre de qua-
lité qui puisse susciter nombre de critiques. Celles ci se
basent sur certains traits saillants de
l'oeuvre en question. Ainsi, aucun texte littéraire ne
saurait être mieux compris et interprété
indépendamment du contexte social dans lequel il
apparaît ainsi que celui de l'auteur qui l'a mis en place.
Au XIXème siècle, le mot «
culture » a pris un sens plus large qu'aux siècles
précédents. En 1871, l'anthropologue britannique E. B. Taylor
définissait la culture en tant que « (...) cet ensemble
complexe qui inclut la connaissance, la croyance, l'art, la morale, le droit,
la coutume et toutes autres capacités et habitudes acquises par l'homme
en tant que membre de la
15 Wadi, Bouzar, Roman et Connaissance
sociale, O.P.U., Alger, 2006, pp. 133 - 134.
12
société »16. Ceci
étant, nous remarquons à quel point le mot culture en
soi est très complexe pour pouvoir déterminer son sens plus ou
moins complet. Par ailleurs, la définition ci après de
la culture nous paraît très
intéressante et détaillée.
« Elle (la culture) englobe les modes de vie, les
traditions et les croyances, les arts et les lettres, tout en intégrant
à son système des valeurs les droits fondamentaux de l'etre
humain. La culture d'un pays ne se ramène pas à la culture
savante, elle comprend également la culture populaire. Elle ne se
résume pas à l'héritage, mais s'enrichit et se
développe aussi bien par la créativité que par la
mémoire. (...) En-fin, la culture scientifique constitue, de plus en
plus, une part importante de la culture de l'humanité dont elle
contribue à fonder l'universalité »17.
Les différentes composantes de l'identité se
rencontrent dans chaque homme et plus spécialement en l'auteur qui s'en
sert pour nous dévoiler les réalités du monde. Il exploite
alors des talents latents en lui. Cependant, avant de se mettre à
écrire l'auteur tient compte du rôle de tous les
éléments marquant tout être humain. Et le texte, bien que
polysémique, ne s'écartera
pas trop du contexte social de son auteur. Cela nous
amènerait à affirmer que tout texte litté-
raire comporte des traits caractéristiques et
spécifiques propres à son auteur. Souvent, il est
difficile de le constater à première vue. C'est
grace au travail des critiques que ressortent des éclaircissements sur
le texte, quelle qu'en soit la forme ou la nature.
Le monde contemporain apparaît alors comme un
réveil pour l'écrivain d'aujourd'hui. Les
événements les plus marquants de ce temps se présentent
à l'homme comme une « source » d'inspiration. Cette
inspiration l'affecte dans tout son être jusqu'à atteindre son
identité. Une sorte de crise identitaire s'installe en lui, donnant
alors lieu à une série de questions sur le monde en
général. En effet, « La crise identitaire définit
diverses situations individuelles et de groupe qui, en dehors de tout
déterminisme pathogène, provoque une confusion des limites en
subjectivité du moi en alternant le sentiment d'unité et de
continuité qu'une personne en situation normale éprouve
habituellement vis-à-vis d'elle-même et du monde qui l'entoure
»18
16 John, Murray, Primitive culture : Reseaches in
Development of Methodology, Philosophy, Religion, Language, Art and Custom,
London, 1871, p.1, in Le français dans le monde, «
Cultures, Culture... », Hachette, Paris, 1996, p. 9.
D
17 Ibidem, p.1.
D
18 Fouad, Laroussi, Langues et identité au
Maghreb, Casbah, Alger, 2000, p. 20.
Ainsi, l'homme se pose une série de questions sur son
existence, sur son origine, sur sa destinée et sur les changements du
monde qui l'abrite, sans négliger les événements
quotidiens qui font l'atmosphere de son milieu de vie. D es changements de
valeurs culturelles trouvent alors place en ce moment là
entraînant une restructuration identitaire ; mais aussi
d'autres facteurs sociaux et psychologiques qui interviennent dans les formes
d'identité. Pour ce, les réponses qui jaillissent de ces
questionnements constituent les matériaux de son identité. Si
l'un des ces matériaux (la culture, le savoir, la
tradition, la religion, la langue, etc.) arrive à faillir,
c'est toute la personne qui s'en trouve secouée. Ceci montre bel et bien
la complémentarité entre les divers éléments
caractéristiques de l'être humain ; de son identité.
Ainsi, affirmons-nous qu'au XXème siecle,
l'identité tient au coeur de l'humanité et de cer- taines
personnes en particulier. Toutes les guerres qui ont marqué ce
siècle, ne se rapportaient qu'aux problemes identitaires de l'homme.
L'être humain est de nature complexe. C'est un être habité
de plusieurs choses : l'envie des biens, l'idée de
supériorité (l'extermination des Juifs au cours de la
deuxième guerre mondiale, par exemple), l'hypocrisie, la
méfiance, l'orgueil, la jalousie, etc. c'est un être changeant
dans son identité. Cela peut se lire dans la définition de
l'identité, donnée par Mucchielli dans son ouvrage
L'identité, telle que mention-
D
'est aussi un phénomène dynamique qui
La religion n'est pas sans place dans la littérature et
fait partie intégrante de l'identité humaine d'une façon
particuliere. On y ajoute la langue qui est un
élément actif reflétant notre apparte
moyen de communication, « est aussi un signe
d'appartenance à une communauté, à une culture ; c'est
dans la langue que l'individu trouve un ancrage pour son identité. Elle
s'inscrit dans la conscience identitaire qui caractérise les peuples et
leurs civilisations »19 Ainsi, « la Religion a
vocation d'être exclusive, la Langue pas. On peut pratiquer à la
fois l'arabe, l'hébreu, l'italien, le suédois, mais on ne peut
etre à la fois juif, musulman, catholique et lu-
19 Ouafa, Dridi sous dir. de Dr. Salah Khennour,
L'identité algérienne : Enjeux d'un fondement
linguistique Mémoire de Magister, Université de Ouargla,
2008/2009, p. 7.
14
thérien ; (..) La langue a cette merveilleuse
particularité d'être à la fois facteur d'identité et
instrument de communication. »20
Pourtant, cette conception (de la religion) paraît en
contradiction avec ces mots surprenants
d'Omar-Jo à propos de sa religion. « Je suis
de la religion de Dieu. De celle de mon père et de ma mère ... de
toutes les autres, si je les connaissais. (..) Si Dieu existe, (...) Il nous
aime tous. Il a créé le monde, l'univers et les hommes. Il
écoute toutes nos voix. (..) Dieu est par-tout. (..) »21
Savoir qui l'on est, la perception ou l'image que l'on se fait
de soi, la connaissance des autres se résume en la fameuse phrase de
Socrate précédemment citée (« Homme, connais-toi
toimême ») mais aussi sous le terme de personnalité
Ainsi,
« Ce que la personnalité représente
essentiellement, c'est l'unité intégrative d'un homme, avec tout
l'ensemble de ses caractéristiques différentielles permanentes
(intelligence, caractère, tempérament, constitution), et ses
modalités propres de comportement. La définition qu'en donne
Sheldon, inspirée de Warren et d'Allport, correspond assez bien à
cette notion : la personnalité, d'après lui, est ` l'organisation
dynamique des aspects cognitifs, affectifs, conatifs, physiologiques et
morphologiques de l'individu' »22.
En effet, rares sont les personnes capables de se faire
une description parfaite de leur person nalité, étant
donné que l'introspection demande une concentration considérable
ainsi qu'une totale objectivité.
L'idée de « personnalité » étant
alors complexe, elle a suivi tout un parcours déterminé par
les
de trouver un concept plus solidaire des écoles et des
attitudes des auteurs mettant en lumière
la signification exacte de ce concept. Aujourd'hui,
l'idée générale qui ressort des différentes visions
de la personnalité est qu'elle est l'ensemble des comportements qui
constituent l'individualité d'une personne. Elle rend compte de ce qui
qualifie l'individu : permanence et continuité des modes d'action et de
réaction, originalité et spécificité de sa
manière d'être. C'est le noyau relativement stable de l'individu,
sorte de synthèse complexe et évolutive des
20 Amin, Maalouf, Op.cit., p. 153
D
21 Andrée, Chedid, Op.cit., pp. 24-25
D
22 Henri, Piéron, Vocabulaire de la psychologie,
PUF, Paris, 1951, p. 331
données innées (gènes) et des
éléments disponibles dans le milieu social et l'environnement
en
général.
« La personnalité humaine ne devient
historiquement réelle et culturellement productive qu'en tant que partie
d'un tout social, dans sa classe et à travers sa classe (...). L'homme
ne naît pas comme un organisme biologique abstrait mais comme
propriétaire terrien ou paysan, comme bourgeois ou prolétaire et
cela est essentiel. Ensuite, il naît russe ou français et, enfin,
il naît en 1800 ou en 1900. Seule cette localisation sociale et
historique rend l'homme réel et détermine le contenu de sa
création personnelle et culturelle »23.
Compte tenu de tout ce qui vient d'être dit
précédemment, l'on se rend compte de la grande difficulté
qu'il y a pour délimiter la vraie signification de chacun des
éléments constitutifs de l'être humain et, en particulier,
de l'écrivain qui essaie de « faire le vrai (...) donner
l'illusion complète du vrai selon la logique des faits. (...) l'illusion
du monde. Il n'a d'autres missions que de reproduire fidèlement cette
illusion avec tous les procédés d'art qu'il a appris et dont il
peut disposer »24. Tous ces éléments se
complétent et s'entremêlent immanquablement.
23 Edmond, Cros, La Sociocritique, L'Harmattan, Paris,
2003, p. 49 D
24 Wadi, Bouzar, Op. cit., p. 48.
16
Chapitre II : CONCEPTIONS MODERNES DE LA LITTERATURE
Parlant du XXème siècle, du
point de vue historique, les historiens font commencer ledit siècle en
1914, date du début de la première guerre mondiale. Quant
à déterminer historiquement la fin du siècle, plusieurs
dates sont possibles : le 09 novembre 1989 pour la chute du mur de Berlin ou le
26 décembre 1991, marquant la dissolution de l'Union des
Républiques Socialistes Soviétiques (URSS).
Toutes ces dates sont incluses dans le XXème
siecle. Ainsi, les évenements qui s'y réfèrent ont
beaucoup marqué les personnages de ce temps, et en
particulier les écrivains. Ceux-ci ont vu
augmenter le nombre de themes à traiter d'où
nombre de messages se sont vus transmis suite à la
nécessité imposée par les événements qu'a
connus le XXème siècle. Ces
événements
s'étant répercutés sur plusieurs
domaines, l'homme s'est trouvé obligé de changer sa
manière de voir et de dire le monde. En effet, le champ
littéraire n'est pas resté insensible vis-à-vis des
événements qui ont marqué cette période, entre
autres les deux guerres mondiales. Les hommes profondément
touchés voire blessés physiquement, moralement et
psychologique-
ment, se sont vus contraints d'adopter un autre style de penser
le monde, mais aussi de vivre.
Dans le domaine littéraire, l'on assiste à de
nombreux courants qui surgissent avec force et
poids. Ils n'ont pas tardé à connaître le
succès, bien que des critiques en aient beaucoup parlé.
Ainsi,
« La seconde guerre mondiale donne une extrême
urgence au problème de la condition humaine et contribue à
répandre d'une part la philosophie de `l'absurde', d'autre part la
littérature engagée. Des poètes comme Aragon ou Eluard,
hier surréalistes, chantent la Résistance et retrouvent les voies
ancestrales du lyrisme. Les années quarante (40) sont marquées
aussi par une large diffusion des thèses existentialistes, en
particulier le théâtre, le roman et les essais de Jean-Paul
Sartre. Albert Camus dépasse l'absurde par la révolte et
défend la personne humaine contre tout ce qui menace de
l'écraser. (...) Enfin des courants nouveaux apparaissent, au
théâtre avec Beckett et Ionesco, dans le nouveau roman avec
RobbeGrillet, Butor, Claude Simon, Nathalie Sarraute. (...) le créateur
ne se contente plus de s'observer lui-même en train de créer, il
en vient à poser, par son oeuvre meme, la question du sens et de la
possibilité de l'acte créateur. Ainsi s'expliquent des termes
comme apoèmes, antithéâtre, antiroman, qui
révèlent les répercussions,
sur la littérature, de cette réflexion
philosophique selon laquelle l'etre postule le néant
»25.
En effet, les auteurs du XXème siècle
cherchent à se distinguer de leurs prédécesseurs,
c'est-àdire à s'affirmer tels qu'ils sont. Ils apportent
d'importants changements en littérature, chacun dans son style, sa
forme, ses idées et sa réflexion. C'est dans ce sens que l'on
assiste à de nouveaux courants /mouvements littéraires comme le
surréalisme avec André Breton, le dadaïsme ou Dada,
l'existentialisme avec Jean Paul Sartre et autres. Tout cela pour l'affirmation
de leurs identités.
La littérature française du
XXème siecle s'inscrit dans un siecle tumultueux
marqué par deux guerres mondiales, par l'expérience des
totalitarismes fascistes et communistes et par une décolonisation
difficile. Ce siècle est marqué par une remise en question
progressive des genres littéraires. Par ailleurs, la deuxième
moitié du siècle est particulièrement marqué par
des expériences de « littératures de laboratoire
» et le jeu intellectuel (nouveau roman, littérature
potentielle) mais aussi par le poids d'une littérature commerciale en
forte concurrence avec les fortes traductions de l'américain
(collections sentimentales, romans policiers, romans de science-fiction,
chansons,...) que retient peu l'histoire littéraire.
Le XXème siècle a donc
ébranlé les structures fondamentales des genres, des arts
traditionnels,
du langage et même de la pensée. Le monde est
à repenser autrement. Ceci étant, il est à souligner
qu'à mesure que l'esprit remonte du présent vers le passé,
la perspective devient plus nette, les grandes lignes se dégagent et les
valeurs sures s'affirment tandis que s'estompent les modes passagères.
Ainsi, la période antérieure à la guerre de 1914 peut
être analysée avec quelques assurances : l'importance des
maîtres qui la dominèrent ou qui se formèrent alors ne peut
être contestée.
Bien qu'il y ait les deux guerres mondiales (qui ont beaucoup
marqué et influencé l'histoire de la littérature du
XXème siècle avec autant de
répercussions), la continuité littéraire dudit
siècle apparaît en effet sous sa diversité.
L'on est donc frappé de constater que certains des
courants les plus audacieux, en art comme en littérature,
ont pris naissance dès avant 1914 (autour d'Apollinaire) ou dans les
années 20 (l'antiroman avec A. Gide).
25 André, Lagarde, Laurent, Michard, Op.cit.,
p. 11.
18
Enfin faisons remarquer cette distinction de Dominique
Viart26, dans un geste panoramique, des trois
lignes directrices pour envisager la littérature contemporaine :
· Une littérature consentante :
Elle est du côté de l'imagination romanesque, elle pioche dans un
réservoir fictionnel et globalement dem eure dans la
répétition du connu.
· Une littérature concertante.
C'est une littérature qui serait dans les clichés du moment, dans
le bruit culturel contemporain entre scandale calibré et formules
répondant au bain du spectacle ambiant. La préoccupation n'est
pas ici l'écriture, mais plutôt le coup ou le bruit de fond
médiatique.
· Une littérature
déconcertante. C'est une littérature qui déplace
l'attente, qui échappe au préconçu, au
prêt-à-penser culturel. Elle s'extrait du simple régime de
la consommation (la consommation des signes du spectacle et du spectaculaire).
L'enjeu de ces écritures, déranger les consciences d'être
au monde, tenter de dire ou signifier le réel, la violence du monde, ou
de l'intimité sans céder sur les questions d'écriture : de
nouvelles significations impliquent de nouvelles formes, de nouvelles
syntaxes.
Avec l'expression littérature déconcertante, on
comprendra une littérature qui ne cede rien quant à la
nécessité d'une « teneur de vérité », ou
d'un « contenu de vérité », expression renvoyant aux
pensées de Walter Benjamin27 et de Théodore W.
Adorno28.
Et comme la littérature est inséparable de la
société qui l'a vue ou qui la voit naître, l'on comprend
vite la nécessité qu'il y a de montrer cette forte relation qui
existe entre la littérature et la société. En effet, un
texte littéraire n'acquiert son sens qu'en faisant
référence à sa société. Pour ce, il convient
de rappeler que la notion de texte n'est pas nouvelle ; « elle est
liée historiquement à tout un monde d'institutions : droit,
Eglise, littérature, enseignement ; le texte est
26 Dominique Viart : Critique littéraire et
professeur de littérature française à l'Université
Lille 3, fondateur de la série Ecritures contemporaines
(Lettres modernes ~ Minard). Il est notamment l'auteur de Le Roman
français contemporain, (avec M ichel Braudeau, Lakis Proguidis et
Jean Pierre Salgas, ADPF, 2002) ; Les Vies minuscules de Pierre Michon
(Gallimard, 2004) et de La Littérature française au
présent, Héritage, Modernité, Mutations (avec Bruno
Vercier, Bordas, 2005).
27 Walter Benjamin (1892-1940) est un juif-Allemand
qui travaillait comm e un critique littéraire, un penseur, un
D
sociologue et un essayiste.
28 Théodore W. Adorno est l'un des plus importants
philosophes et critiques sociaux en Allemagne après la seconde Guerre
Mondiale.
un objet, c'est l'écrit en tant qu'il participe au
contrat social ; il assujettit, exige qu'on l'observe et le respecte (..)
»29.
Des essais de littérature comparée permettent
d'analyser les influences exercées par les littératures entre
elles. A rappeler que la littérature comparée consiste en
l'étude internationale ou
multilingue de l'histoire de la littérature. Elle
étudie les grands courants de pensée, le style et les grandes
écoles ; mais aussi les genres, les formes et les modes
littéraires, les sujets et les themes. Elle examine la présence
d'une oeuvre littéraire, d'un auteur, d'une littérature, voire
rentes, mais liés par des « influences » et des
affinités typologiques. Par opposition, le concept
de littérature générale fait
prévaloir l'idée d'une généralité
littéraire, indépendante des con- textes historiques,
géographiques et culturels. Les recherches des formalistes contemporains
s'appliquent, au-delà des simples constats d'identités
culturelles, à étudier les conditions de développement des
thèmes privilégiés et des genres spécifiques.
Ainsi,
« La littérature moderne pourrait alors se
comprendre à travers les rapports qu'entretiennent les écrivains
avec la société et la tradition ; la popularisation de la culture
par les ` mass médias' (presse, radio, télévision)
s'accomplit surtout sous le signe de divertissement. Mais que l'on s'accorde
à y voir un simple divertissement, un artifice trompeur ou une
nécessaire réponse aux préoccupations humaines, la
littérature n'en met pas moins en jeu toutes les virtualités du
langage pour exprimer l'infini variété de l'expérience.
»30
La sociocritique se donne alors comme tâche de mettre
à jour les rapports qui existent entre un texte avec la
société dont il émerge. Ainsi, maints facteurs
interviennent pour qu'un texte soit reconnu comme « littéraire
». Le roman, l'un des genres les plus connus et répandus dans le
domaine de la littérature, a une grande résonnance dans les
sociétés contemporaines. Par ailleurs, Goldmann définira
le roman comme une chronique sociale : « Comme l'économie
libérale, l'univers du roman classique ne connaît qu'une valeur
explicite : l'individu et son développement dans un monde qui lui est
à la fois apparenté et étranger. C'est pourquoi le roman
est à la fois une biographie et une chronique sociale.
»31
29 Edmond, Cros, Op.cit, p. 45.
D
30 `Littérature', Microsoft (c) Encarta2009 [DVD],
Microsoft Corporation, 2008.
D
31 Lucien, Goldmann, La création culturelle dans la
société moderne, Gonthier-Denoël, Paris, 1971, pp. 101
~
102.
ent. C'est-à-dire qu'une in-
ser de la société, son champ d'enrichissement voire
de m anifestation où elle est reçue et criti
quée. Il y a un échange réciproque entre
ces deux domaines social et littéraire. Pourtant, « à
l'inverse, la société est présente dans le texte et non
pas tant à travers tel ou tel énoncé, tel ou tel message
(fût-il apparenté au lapsus) ou telle ou telle vision du monde,
mais du fait que le texte intègre les conditions sociales de
l'écriture et les exigences de la lecture à venir
»32.
20
32
Paul, Dirkx, Op.cit., p. 85
21
L'Identité : Elément fondaT
IDIlIREnsIEaIliEIMIKIIREtIT LEraiEI,IàICOIvIrs L'Enfant multiple
d'Andrée ChedidI
Chapitre III : ANDREE CHEDID ET SON TEMPS
De prime abord, rappelons qu'fIMIII
ITTIdidIaIIIIIraIiTIsIaINIMIIsIInITIMII IItIauITiM I T
IisIIllIIIItIinMIIéI IInITIMI ITIpTisI1I-M ITTIIllIIVMI ITiT IIIII
IsoiIIlI ITITévriIrI2IM IàI l'age de 90 ans
ITIIpoINIyIaINiTIvécuIINIIaitIdINIéITIII IIMII
IMIaîtIaIssiIintiT IT IMtIlII V TIInINriIntINIIIITIFIIncI
IINIl'OcIiTIIIIInIMINal. IEIII IIstIéIITéI IdIMsItroisIlaINIIs
IINTt I l'arabe, le français et l'anglais IMèsIjIIII
IMIII IIIIdiTIIMitIdIIlIIIMsiIIItIpIMiI IsIs I TIIT
iIIIINIxtIIIIIIangITisIavantIdI ITIisirIlI INIIIMis IAiTIi, Ison oeuvre entiere
porte les T INNIIIIII IcIIT IIIiMITIIi1T I IElle (son oeuvre)
IIstInssiIunIquIstirnIT IntIrdIntIsmiIlaI mmitiomIiuT TinI
IlIsIliIniIquiIfiissImIl'individuIrIT 111I IAmiIIChIdidIIstIairiIinmiTTiIT
IntIr[IIrrivainI IpmirimI IduIXEèT IIsièclI I
TI IIiIanINIiIfutIloIIIIIIsIuIIthIptrI ITIIguIrII
IsoiIIIItrIIT TIlT INN IIIIchTtiIIs IsoiIIIntII I TiTiIs
IInITIMticINiIrIlaIgTIrrIIdI I20 IIMI(1I-1I-I1990), a beaucoup nourri l'oeuvre
d'Andrée I hIdir IAiisi, Ifait-IllIIpartie de ce groupe d'auteurs qui
ont été inspirés par ces divers évL TIT
InlIMiiIoniIsITuéIlIIT MiI IItIMiIcoriiriITtIàIlI
IfairIIboTIITIETIsItousIlIiIsIls I
« Dans une oeuvre considérable de
romancière, elle n'a cessé d'interroger les violences
religieuses, civiles et humaines, du Moyen-Orient, du Sommeil
délivré (1952), qui relate le mariage forcé d'une jeune
Egyptienne, aux Marches de sable (1981) où trois femmes fuient vers le
désert d'Egypte déchiré du IVème
siècle. La tragédie du Liban lui inspire un de ses plus grands
romans, La Maison sans racines (1985). A ce pays où elle-même
vécut une partie de sa jeunesse. Chedid a également
consacré Cérémonial de la violence (1976), qui prend place
dans une oeuvre poétique au lyrisme sensible et limpide, de Textes pour
une figure (1949) et La Terre regardée (1957) à Poèmes
pour un texte (1970 -- 1991) »33.
411I1tIpT1méI I1mI1lmIfI11IiI1rimr ImIirrituiI
IIntIdylIIgimI IsIrIrimImiIévo mmiIl'OiiIntIItIsIsIimmiT sITaisIiIIT
wiIIplusIpprIIrouiIdITTIIrIlaIguIirI IiivilI ImiIin chiiIIlI ILim
IEllIIIsiIpomI IroTmièrI IamiIurIdiaT TtiquI IlItirm
IrrsIlaIpr[TctionIlitm iairI Ir[IFEèT II1iècII IsI
IITITT I IIIIsIsIpIIIIIsIT Its I
« (.) J'écris depuis l'age de dix-huit ans, en
plusieurs genres : poésie, roman, théatre. J'écris pour
essayer de dire des choses vivantes qui bouillonnent au fond de chacun ;
j'espère ainsi communiquer. Les sujets que je choisis sont en
général
HEHENHE,I1I-I-1,IDIHEMI
22
marqués par la tragédie et par
l'espérance. Je veux garder les yeux ouverts sur les souffrances, le
malheur, la cruauté du monde ; mais aussi sur la lumière, sur
la beauté, sur tout ce qui nous aide à nous dépasser,
à mieux vivre, à parier sur
l'avenir. »34
Alors officiellement République Libanaise, le Liban est
un petit pays du Moyen-Orient. Au- trefois l'antique Phénicie, il
partage ses frontieres avec deux pays : la Syrie à l'est et
l'Israël au sud. Il est bordé par la mer
Méditerranée à l'ouest, avec capitale Beyrouth. C'est un
pays
phique. De plus, le Liban est l'un des grands témoins
de l'histoire de l'humanité : il est occu- pé au cours des
siècles par diverses civilisations (sumérienne,
cananéenne, phénicienne, akka- dienne, assyrienne, perse,
babylonienne, grecque, séleucide, romaine, byzantine, arabe,
croisée, mamelouk, ottomane et française). Malgré tant de
belles choses, le Liban est un espace de tensions politique et religieuse
importantes, comme l'a montré la guerre civile (1970 ~ 1990).
0Depuis quinze ans, dès le début de cette
insaisissable guerre, à la fois civile et fomentée du dehors, le
couple vivait à Paris. D'innombrables, d'impénétrables
conflits ligotés leur petite patrie, la bouclant dans une ratière
dont personne n'entrevoyait la sortie. Antoine et Rosie n'y étaient
jamais retournés. »35
Aussi, remarquons-nous la gravité ainsi que l'ampleur des
combats qui se déroulaient au sein
licence à tout acte.
0 Après treize ans de combats, le pays traversait
une manière d'accalmie, ponctuée par quelques
échauffourées. La capitale s'était tant de fois
scindée en deux, puis refragmentée -- multipliant les divisions
et les conflits -- que la population, pourtant tenace, avide d'espoir,
demeurait sur ses gardes. Tous les cas de figures avaient vu le jour, toutes
les querelles avaient été subies. (...). Villes ou montagnes
plongeaient alors dans des luttes sanglantes, fratricides, souvent conduites
par des forces extérieures. Dans l'ombre, trafiquants de drogue et
d'armes prospéraient, attisant pourriture et désordre grâce
auxquels ils échappaient à toute loi, à tout
châtiment. »36
34
http://pagesperso-orange.fr/mondalire/chedid.htm
D
35 Andrée, Chedid, Op.cit., p. 21.
D
36 Idem, p. 137.
23
Ces tensions sont dues aux différentes communautés
qui peuplent le Liban, depuis des années.
En effet, de nombreuses personnes se sont vues
condamnées à quitter leur chère patrie (Le Liban),
élément intégrant de leur identité. « (..)
Ce dernier rejoignait sa famille, installée depuis plusieurs
années de l'autre côté de la Méditerranée.
»37 Elles se sont exilées vers l'Europe, en
particulier la France. Cette derniere accueille un grand nombre
d'intellectuels, des écrivains en particulier. L'on citera par exemple
Andrée Chedid, Amin Maalouf, les piliers de notre recherche.
Ainsi, la diaspora libanaise et l'implantation palestinienne
au Liban sont deux sources de con-flits communautaires. De multiples explosions
emportant des vies humaines se produisaient, d'une façon brusque et
inattendue, de presque partout : « En écoutant son transistor
qu'il gardait suspendu autour du cou pendant ses heures de jardinage, le vieux
Joseph, qui venait d'atteindre ses quatre-vingts ans, apprit, en plein
après-midi, qu'une voiture piégée venait d'exploser dans
le quartier où habitait Annette »38.
Pour ce qui est de la langue, le Liban connaît une
diversité linguistique. Il a l'arabe dialectal
comm
autres langues parlées sans statut officiel sont l'anglais
et l'araméen. L'anglais dont la popula-
rité s'accroit très rapidement est enseigné
comme première ou seconde langue vivante dans
les écoles selon leur système. Notons que le Liban
est le seul pays arabe où la population est
capable de parler presque quatre langues, grace au taux
d'alphabétisation élevée des Libanais. Nous pouvons enfin
préciser que la langue
« est ce par quoi et ce en quoi se réalise la
socialisation de l'individu, la structuration de son être social ; cette
langue qui le met en relation avec la société, l'engage dans un
double processus où il y a à la fois reconnaissances acquises,
contre l'acceptation d'une loi (la loi du groupe) ainsi entendu, la langue
définit la structure symbolique de la communication »39
37 Idem, p. 20. D
38 Idem, p. 53. D
39 Gilbert, Grandguillaume, « Langue et
Communauté au Maghreb », communication présentée
au Colloque « La
Communauté en Méditerranée »,
Tunis, mai 1980, cité par Ouafa, Dridi, Op.cit., p. 17.
Deuxième partie :
Lecture de L'Enfant multiple
Chapitre I : PRESENTATION GLOBALE DU ROMAN
Notre corpus d'étude choisi est alors L'Enfant
multiple d'Andrée Chedid. En effet, L'Enfant multiple est
un roman. Il fait partie de l'oeuvre littéraire du
XXème siècle où de grands auteurs contemporains
apportent d'importants changements dans le domaine de la littérature. Le
style d'écriture change dans tous les genres : la poésie le roman
le théâtre etc.
L'Enfant multiple fut publié en 1989. C'est le
produit de la grande imagination de l'écrivaine Andrée Chedid.
Pour avoir vécu la deuxième guerre mondiale qui reste
l'évènement le plus marquant des sociétés humaines
Andrée Chedid raconte les souffrances, de la guerre qu'a connue le
Liban. Installée en France son oeuvre en particulier L'Enfant
multiple porte en elle les traces de la triple appartenance, :
le Liban, l'Egypte et la France.
En effet, ledit roman retrace l'histoire de la vie cosmopolite
d'un jeune orphelin, Omar-Jo. Tous les problemes qu'il a pu rencontrer ainsi
que les difficultés qu'il a du affronter pour pouvoir dépasser
son état précaire. Il devrait ainsi faire face aux nouveaux
visages et lieux et savoir s'y adapter. L'histoire d'Omar-Jo est alors pleine
de leçons morales. Dans ce sens elle semble s'accorder à cette
affirmation de Jean-Paul Sartre qui sug gère que la littérature
d'aujourd'hui doit être problématique et morale, et non
moralisatrice et qu'elle doit montrer que l'homme est valeur et que les
questions qu'il se pose sont toujours morales. Ce « pauvre » jeune
était longtemps gardé par son grand-père le vieux Joseph.
Celui-ci l'avait confié à un ami de passage qui était
chargé d'accompagner Omar-Jo jusqu'en France, chez ses cousins --
Antoine et Rosie Mazzar ~ qui l'attendaient impatiemment avec joie. De par son
nom et ses
origines il était de la religion de Dieu car d'un pere
musulman ~ Omar ~ et d'une mere chré- ·e 4- Anne tte 4- c; ,n, t
v ureux. Son nom s'élargira jusqu'à devenir «
Omar-Jo
Chaplin-Lineau. Lineau comme moi »40.
25
40 Idem, p. 153.
Chapitre II : OMAR-JO : UN PERSONNAGE A LA CROISEE
DES CULTURES
Issu d'un mariage mixte, l'un des éléments
principaux de l'identité et de l'inter-culturalité, Omar-Jo est
d'un pere musulman ~ Omar ~ et d'une mere chrétienne ~ Annette. L'enfant
aura les deux marques dans son nom ~ Omar-Jo, Omar comme son père et Jo
comme son grandpère, Joseph. Ce qui marquera son identité et sa
foi religieuse. Ainsi, n'a-t-il pas du mal à professer sa foi en
déclarant qu'« Il n'y a qu'un Dieu (..). Même si les
chemins ne se ressemblent pas. Mon père et ma mère le savaient.
Ils sont morts des mêmes violences, dans la même explosion. Si je
crois, c'est en seul Dieu. Mais les hommes ne veulent pas voir, ni savoir. Ils
sont aveugles »41.
L'enfant habitait la montagne aupres de son grand-pere apres
la mort de ses parents lors d'une explosion de voiture. Son pays (le Liban)
était dévasté par des guerres de tout genre : civile,
religieuse, politique, ethnique, etc. Cela oblige les gens à fuir le
pays, à s'exiler de l'autre côté de la
Méditerranée. Ce fut le cas du couple Antoine ~ Rosie Mazzar qui
accueillera Omar-Jo, en France car il y vivait depuis quinze ans
dès le début de cette insaisissable guerre et d'innombrables
et d'impénétrables conflits qui ligotaient leur petite patrie.
Comme « le voyage forme la jeunesse », son
grand-père le conseille de voyager à travers le monde, afin qu'il
se rende compte des autres réalités. C'est là l'origine de
l'inter-culturalité et/ou de sa pluri culturalité. Pourtant,
Omar-Jo aime demeurer aux côtés de sa famille et de son entourage
au village.
« A ton age, il faut visiter la terre. (.) Il se
raccrochait à son aïeul, aux gens du village, hospitaliers et
chaleureux. Il craignait, en changeant de lieu, d'effacer de sa mémoire,
le souvenir de ses parents. (...) Ne reste pas enfermé ici, Omar-Jo. Tu
es né avec la guerre, tu ne dois pas vivre avec la guerre. Il faut voir
le monde, con-
naître la paix. Les racines s'exportent, tu verras.
Elles ne doivent pas t'étouffer, ni
te retenir »42.
A l'arrivée d'Omar-Jo en France, le couple et en
particulier Rosie s'intéresse beaucoup à l'identité de
cet enfant qui avait perdu ses parents des son jeune age. L'explosion
assourdis- sante et meurtrière lui avait arraché plus que la
vie : ses parents et son bras. Omar-Jo était un
41Idem, p. 71. 42 Idem, p. 87.
27
29
enfant inquiétant et bizarre qui n'a pourtant jamais
cessé de changer. Il s'est développé, a grandi, a
acquis de l'expérience à son travail, a noué des relations
d'amitiés, tout cela malgré la longue absence dudit couple. Il
se méfiait des gens et prenait du recul ; c'est un enfant intel-
En France, Omar-Jo est encore très marqué par la
souffrance. Il a perdu ses parents et est in
firme. En partant, il semble être perdu sans son grand
père ~ Joseph ~ et se pose beaucoup de
questions. Nous pouvons dire que la rencontre avec Maxime sera un
élan dans sa reconstruc-
tion : il voit en Maxime une personne qui est capable de
l'accueillir dans sa double culture, même si cela l'intrigue. Sa famille
chrétienne en France -- le couple Antoine-Rosie Mazzar ~ n'accepte pas
cet aspect de sa personnalité. Elle se posait des questions, comme elle
en posait à l'enfant qu'elle trouvait inquiétant. En effet,
0 Rosie venait de se souvenir de ce `malheureux mariage' ;
c'est ainsi que sa famille désignait de 0 la pauvre cousine Annette
». A cette pensée, à celle des convictions religieuses, elle
se raidit. Antoine, dont la foi se limitait à un esprit de clan, se
sentait contrarié lui aussi. A quel dogme, à quelle croyance,
à quelle société, appartenait cet étrange enfant
qu'il comptait faire le sien ? (...) Les rapports avec l'enfant se
présentaient moins harmonieusement qu'elle ne l'aurait
espéré. Ils auraient à faire front à `une forte
tete' »43.
Par ailleurs, de sa forte relation d'amitié avec Maxime le
forain, Omar-Jo change de nom. Il passe de celui d'« Omar-Jo »
à celui d'« Omar-Jo Chaplin Lineau ». Il se découvrira
alors un talent d'acteur, à travers lequel il laissera ses
souffrances de côté. En lui donnant ce nom de Chaplin-Lineau,
Maxime le reconnaît tel qu'il est : dans sa double culture, avec
l'importance de son talent d'acteur. Il lui redonne une famille. Evidement,
Omar-Jo est un enfant admirable. En effet,
0 Mis à part ces mutilations, l'enfant était
beau. Sa chevelure brune formait un
casque de boucles serrées épousant une
tête bien ronde. Il avait le nez droit, des narines palpitantes, finement
dessinées ; des yeux noirs et luisants comme des olives. Ses
épaules étaient fermes, larges, ses jambes musclées ; il
respirait la santé. Sa peau avait absorbé de larges tranches de
soleil. Toute sa personne rayonnait d'un indéfinissable éclat
»44.
43 Idem, P. 24-25
44 Idem, P. 23.
Créatif et débrouillard, les idées
d'Omar-Jo s'imposent vis-à-vis de celles de Maxime, `son oncle'.
Ainsi, « Les paroles de l'enfant prenaient rapidement corps, il
trouvait toujours le moyen d'exécuter ses idées (..) Maxime se
laissait faire. Ils s'accordaient sur bien des points ;
décidèrent de prolonger les heures d'ouverture, achetèrent
des lampions pour former une couronne scintillante autour de la
coupole»45.
C'est de cette collaboration caractérisée par
l'entente, la mise en accord et en commun des idées, mais aussi cette
confiance qui existe entre les deux ~ Maxime et Omar-Jo 3 que le Ma-
nège grandira et connaîtra la
prospérité. Omar Jo est un libérateur et un sauveur pour
le fo rain. « Votre Omar-Jo a sauvé mon Manège (..).
J'ai des plans pour Omar-Jo »46, précise le forain.
Et pourtant, comme dans toute nouvelle vie, mêlée de joie et de
doute, une mésentente
« J'ai compris : tu me mets en garde, dit leforain,
et tu fais ton cirque de nouveau. Je me défends comme je peux, oncle
Maxime. (...) Depuis quand suis-je ton oncle ? Je t'ai adopté, dit-il,
(...). Alors, c'est toi qui m'adoptes ? Je te remercie de me prévenir,
Omar-Jo. Je ne m'étonne plus de rien ; avec toi, l'envers devient
toujours l'endroit. »47
C'est une sorte d'incompréhension mutuelle. Une
conséquence à la rencontre de l'autre dans sa maniere de penser
et de percevoir les choses. A préciser que la réflexion d'un
occidental (Maxime) differe d'un point à l'autre de celle d'un oriental
(Omar-Jo). C'est en quelque sorte
le résultat de toute expérience de la
diversité humaine qui, parfois, pousse les hommes à des
conflits ou à des progrès. Dans ce cas, le but de
la littérature serait de lever cette antinomie à
laquelle aboutit souvent l'inter-culturalité
marquée par les problèmes identitaires en supprimant le module de
conflits, en vue de promouvoir celui de développement ou
d'enrichissement mutuel.
Omar-Jo est vraiment « un enfant multiple
». C'est-à-dire qu'il est marqué par plusieurs traits
qui le `masquent' selon les circonstances. Ainsi, se montre-t-il violent,
méchant, talentueux intelligent, croyant, créatif, serviable,
respectueux oriental et occidental, etc. ce qui balançait
sa réussite et son échec selon le public. Cette
dénomination de « l'Enfant multiple », le titre
45 Idem, P. 44.
46 Idem, P. 23.
47 Idem, P. 97.
même du roman, pour Omar Jo est en rapport avec ses
physionomie, ses noms, ses lieux de résidences, ses
am port avec les éléments constitutifs de sa propre
identité.
« L'enfant multiple n'était plus là
pour divertir. Il était là aussi pour évoquer d'autres
images. Toutes ces douloureuses images qui peuplent le monde. Mené par
sa voix, Omar-Jo évoque sa ville récemment quittée. Elle
s'insinue dans ses muscles, s'infiltre dans les battements du coeur, freine le
voyage du sang. Il la voit, il la touche, cette cité lointaine. Il la
compare à celle-ci, où l'on peut, librement, aller, venir,
respirer ! Celle-ci, déjà sienne, déjà tendrement
aimée. »48
Omar-Jo qui n'avait pas ressenti l'arrachement de son bras ni
l'impact du fragment de métal
parents. Par ailleurs, il intéresse les femmes et les
enfants au Manège. Le cas de Cher Anne,
qu'il appelait « Cheranne », en témoigne. Il est
toujours réservé et n'aime pas parler de son passé ;
« Je t'expliquerai plus tard »49, disait-il
souvent.
Comme nous l'avons si bien dit précédemment,
Omar-Jo est un enfant issu d'un mariage mixte, du point de vue religion,
tradition, culture, origine natale. Tout cela explique la double voire multiple
personnalité d'Omar-Jo. Il est du « sang musulman-chrétien
», si l'on ose s'exprimer ainsi. Ceci est fort remarquable avec ses
connaissances en arabe et en français, comme nous le remarquons dans ce
passage : « D'un geste espiègle le gamin s'empara du stylo dont
le capuchon débordait de la poche d'Antoine, tira du fond de la sienne
un carnet, à moitié rempli, traça sur une page blanche, en
belle calligraphie, son nom en arabe et en français »50.
A noter que les deux éléments (la langue et la religion)
sont d'une grande importance en ce qui est de
l'identité51.
En plus de cela, Om ar Jo habitera plusieurs endroits : la ville,
la montagne, le Liban, la
France et dans différentes familles. Il
connaîtra alors des sociétés fort diverses aux
personnali
tés différentes, aux habitudes et aux pratiques
culturelles non semblables. Tout cela est la con-
séquence de la guerre qui a dévasté son pays
d'origine qu'est le Liban. Elle lui a arraché plus
48 Idem, P. 69-70. D
49 Idem, P. 9.
D
50 Idem, P. 26.
D
51 Amin, Maalouf, Op.cit.
Enfin, le choix du titre L'Enfant multiple trouve son
sens dans cette mouvance. Il nous semble correct d'affirmer que c'est un
titre qui aurait été attribué à ce
récit, tel que raconté par Andrée Chedid, par
quiconque l'aurait lu et compris. Il résume bel et bien le roman.
31
L'Identité : Elément fondaL1111l11
1111l11li111111111111111L1111i11,1à1111v111 L'Enfant multiple
d'Andrée Chedid1
Chapitre III : LA QUESTION DE L'IDENTITE DANS LE
ROMAN
11i1 11 1 1111111111111, 1il11111i11111 1 111111l111111
1l111oeuvres1d'Andrée Chedid, nourri11 11 1 1 11l111111L1L11111i1111l11,
1111111L111i111s d'un humanisme profond. 1S'agissant11 1 1 11111 1 oeuvre
d'étude,1L'Enfant multiple, 11ll1 111L11111 1i11 11i11l1L1111l1
11 iL111i11 1i1 111i11i11. 1 H1111 11 imension s'y 111111 1j111ifi11
111111111i111111111 1: 1l11f1i, 1l1111ligi11, 1l1 1L11i1g1 1Lix11, 1 l'exil, la
mort, la1g11111, 1l1 1111111i11,1l'hospitalité ou l'accueil de l'autre,
1l1 11111111i11,11111 111 1 111 1111111111L1111111 1 111l1111. 1
H1 111iL1 11b111 , 111 L1111111q11 1l111i1111LHL1 111111
1111l1i111111 iL111i111i1 111i11i11. 1Fl111mè11 1 l1 111111111, en la
même personne qu'est Omar111, 11l11i1111111l11111. 1Ri11 111
1111111L111h1 1 alors d'affirmer qu'OmarIl1 111111l11i11l1111l. 1E1 11ff11,
1111 111L 11 111l1 11i11111 1 1l1i1 11 1111l1 1 111111U1il111L11111
1l1111111111musulmanes et chrétiennes. Il s'appellera plus tard Omaril1
1 HU11li111i1111 1comme son patron, qu'il appelait «1111l11(c)11iL1
1». 1«1Maintenant tu t'appelles Omar-Jo Chaplin-Lineau. Lineau
comme moi1dI. 1T1111111111L1111111l1 11111l1111 d'un long
processus, du à l'exil qui 1oblige inévitablement la
confrontation d'autres cultures et d'autres pe1sonnes. C'est dans ce
sensllà que l'enfant n'était pas du tout content de porter une
li111 11 1111L1, 11i1111111111111111111111111111111i111111
11111i1. 1Ei11i,111L1111111111111111 1
« De plus ces trois noms disparates - issus de pays et
même de continents différents - étaient la marque d'un
cosmopolitisme qui ne lui disait rien de bon »53.
P1111ill1111, 1il11111iL111111111 1 1111lig1111l1 1lib11
11h1ix 11 'appartenir à telle ou111ll1 1111i111, 111 1 qui contribuerait
à l'enrichissement mutuel, malgré les différences. Les
1111i1111111111ll111111L 111111l1111en elles un phénomene qui n'est pas
nouveau. 1H111i11111 1111, 1l111111111h1L1i111 font l'expérience de la
diversité 1la mobilité humaine n'est pas propre à notre
époque. C'est de
1111111111111111i111111l1111ll1 111111111111111
11111i11111i111111111111l111h1LL111à11 111111fli111
111E11 111111C1I1. 1Malheureusement, l'on assiste dans l'histoire
de toutes les conquêtes et
1111111l1111i1ili111i111, 1à11111f11L11i11 11i1bl111
111i1ili111i11111i11 1L11111 1l1 111f1111 1 1l1111lL ture, de la langue et
de la spécificité d'autrui visant à l'assimiler soilLIL11
1E1 1ff11,1111111 1 11l11111111111111111111i1i111111 1U11111
1111111111i1111111i1111111ll11-LêL11 1i1111i111 11 111 111 1
contexte donné. D'où, il importe de rappeler
qu'il n'y a aucune culture qui soit supérieure à 111 1111111
1Et que s'il y en a une qui prétend l'être, ce n'est qu'une
illusion ou une présom1-
PP1A11 111,1VP11 i1 , 1P1.1i1.,1PI 1I51
D
PPF1 1L, 1Pl 1v3. 1
32
tion dans le contexte actuel de l'approche des civilisations.
Il n'y a donc pas d'obligation à pratiquer telle ou telle culture, sauf
en cas de l'intégration qui suppose la participation active à la
société d'éléments variés et
différents, tout en acceptant la subsistance de
spécificités culturelles, sociales et morales. En outre, elle
n'est pas aussi un processus à sens unique ; elle sup
pose une réciprocité de la part de la société
d'accueil et des immigrants Malgré cela, une er-
tones d'une nation donnée. D'ailleurs, certains
prétextaient `apporter la civilisation' O
«Nous ne pouvons nous contenter d'imposer aux
milliards d'humains désemparés le choix entre l'affirmation
outrancière de leur identité et la perte de toute
identité, entre l'intégrisme et la désintégration.
[...J Si nos contemporains ne sont pas encouragés à assumer leurs
appartenances multiples, s'ils peuvent concilier leur besoin d'identité
avec une ouverture franche et décomplexée aux cultures
différentes, s'ils se sentent contraints de choisir entre la
négation de soi-même et la négation de l'autre, nous serons
en train de former des légions de fous sanguinaires, des légions
d'égarés. »54
Pour ce, l'adoption d'une attitude équilibrée ou
modérée en face de l'autre, en vue de se lais- ser
intégrer dans le groupe d'accueil permettrait de comprendre
une telle conjoncture. Toute- fois, ce processus d'intégration
ne se réalise pas du tic au tac, pour le fait qu'il nécessite
Omar-Jo qui est dans un état précaire, dans le
vrai sens du terme en tant qu'orphelin de pere et
néficie plus de générosité et
d'hospitalité de la part de son grand père
Joseph du couple chré tien vivant en France - Antoine
et Rosie, du forain Maxime à qui il promet l'amélioration de son
manège. « Je nettoierai ton Manège, je le ferai briller.
J'en ferai un vrai bijou ! »55 Il ajoutera par la suite :
« Ton manège est beau. Mais moi, j'en ferai le plus de la
ville. Le plus beau de tout le pays »56. Par ailleurs,
Maxime qui comptait offrir à Omar-Jo une prothèse était
déçu. Ainsi, Maxime « souhaitait qu'Omar-Jo soit
doté, le plus vite possible, de cet organe qui doublerait son
habileté ; et puis qu'on n'en parle jamais plus ! (..) De tout son
être, de
54 Amin, Maalouf, Op.cit., P. 44.
D
55 Andrée, Chedid, Op.cit., p. 31.
D
56 Idem, p. 39.
tout son corps, Omar-Jo avait soudain rejeté
l'appareillage, cet organe artificiel qui se serait accolé à sa
chair mutilée, mais si vivante »57.
De ce qui précede, l'on remarque la responsabilité
de l'enfant multiple dans la prise de cer-
toujours refusé de s'affirmer d'une croyance que ce soit,
mettant ainsi en question les appar
tenances dans les différentes sectes religieuses. Il
affirme qu'« il n'y a qu'un Dieu,(...). Même
si les chemins ne se ressemblent pas. Mon père et
ma mère le savaient. Ils sont morts des mêmes violences, dans la
même explosion. Si je crois : c'est en un seul Dieu. Mais les hommes ne
veulent pas voir, ni savoir. Ils sont aveugles. Maxime se demandait si
lui-même avait la foi »58. Ceci semble se contredire
avec la conception d'Amin Maalouf qui présume que
« à l'heure actuelle, affirmer son
appartenance religieuse, la considérer comme l'élément
central de son identité, est une attitude courante ; moins
répandue, sans doute, qu'il y a trois cents ans, mais indiscutablement
moins répandue qu'il y a cinquante ans.(...) mais qu'est-ce qui fait
que, dans le monde entier, des femmes et des hommes de toutes origines
redécouvrent aujourd'hui leur appartenance religieuse et se sentent
pousser à l'affirmer de diverses manières, alors que ces memes
personnes, quelques années plus tôt, auraient
préféré mettre en avant, spontanément, d'autres
appartenances ? »59
Enfin, horm is tous ces gestes de générosité
et de reconnaissance, de respect et de l'acceptation
de l'autre tel qu'il est, dans sa personnalité, dans son
être, dans sa nature, dans sa tradition et
dans culture, la guerre qui a arraché à l'enfant
plus que la vie, c'est-à-dire ses parents et son
bras, restera marquée dans sa personnalité. Et
comme conséquence à toute société meurtrie
siens (les parents d'Omar-Jo), il a dû corrompre Asm a, la
gardienne des sépultures au cime-
tière.
« Il tendit une somme conséquente à la
gardienne avant de lui faire sa demande. Ne pouvant résister à
la vue de cet argent, celle-ci fourra les billets dans sa poche à
double fond, confectionnée en cachette de son vaurien d'époux. Le
vieil homme
D
57 Idem, pp. 132-133.
58 Idem, p. 71.
D
59 Amin, Maalouf, Op.cit., P. 99.
lui montra ensuite la boîte portée par
Edouard, et réclama un modeste emplacement pour les siens. Il avait
repéré un coin, au bas du mur de clôture en partie
écroulé, qui donnait sur des champs ; puis, au loin, sur la mer
».60
La corruption permet alors d'accéder malhonnêtement
à certaines choses. Traditionnellement,
les deux corps qui devraient être séparés
lors de l'enterrement, à cause de la foi (musulmane et
chrétienne), étaient déposés dans un même
carré de terre. Bien qu'ils ne soient pas de la
même confession, Joseph avait décidé de ne
pas séparer ces deux êtres si « parfaitement unis
dans la vie ». Il les enterra en gravant sur la tombe les
deux initiales « A » et « O » entrelacées
afin de laisser la tombe reconnaissable, et pour lui, et pour le
petit Omar-Jo. C'est un geste
d'unité qui avait toujours marquée le couple et que
le vieux Joseph a voulu respecter, comme s'il leur avait fait la promesse.
34
60 Andrée, Chedid, Op.cit., P. 62.
CONCLUSION
« L'identité n'est pas donnée une fois
pour toute, elle se construit et se transforme tout au long de l'existence
»61. Elle se compose de différents sentiments :
sentiment d'unité, de cohérence, d'appartenance, de valeur,
d'autonomie et de confiance organisés autour d'une volonté
d'existence. L'homme veut et cherche à mieux se connaître et
à connaître son prochain, « l'autre », à
la fois objet de désir et douteux. L'autre demeure un mystere. Il
revient alors à l'homme de dévoiler le monde et de se
dévoiler aux autres hommes pour que ceux-ci prennent en face de l'objet,
ainsi mis à nu, leur entière responsabilité. C'est la
découverte de soi et de l'autre. D'ailleurs, les gens se
découvrent aujourd'hui de nouvelles formes d'identité
fondées sur telle ou telle considération d'une part, tandis que
d'autres se plaisent à nier une partie de leurs identités.
D'où l'écrivain d'aujourd'hui a un rôle plus important de
faire en sorte que nul ne puisse ignorer le monde et que nul non plus ne s'en
puisse dire innocent.
L'homme a toujours voulu laisser des traces tout au long de
son existence. Malheureusement, la vie humaine est courte. Ainsi, dans toutes
ses formes, elle offre à l'homme des possibilités de s'exprimer
et de s'expérimenter. D'ailleurs, la vie est-elle elle-même une
expérience. L'être humain se rendra alors compte des
réalités du monde changeant et dans lequel il vit. Il interroge
ainsi le passé, le présent et le futur. Il s'interroge aussi sur
sa propre histoire, sa propre vie. Cette dernière change au fur du temps
qui ronge inévitablement les années de la vie humaine. La vie
d'Omar-Jo, « L'Enfant multiple » en est l'exemple.
L'identité, qui a été au coeur de notre
travail et qui en est le corps même, demeure un theme d'actualité
qui nécessite une attention particulière. Surtout dans ce
XXIème siècle, où de nombreux phénomenes
comme celui de l'immigration, en particulier, s'intensifient. Lesdits
phénomenes font que de nouvelles formes d'identité voient le
jour. Ce theme englobe plusieurs éléments et sujets qui le
rendent complexe, voire plus insaisissable. C'est un champ vaste et
inépuisable, que l'on ne prétendrait pas mettre tout au clair.
D'ailleurs, il existe un combat perpétuel entre la tradition et la
modernité et/ou la postmodernité.
L'exemple du Liban qui a vu naître beaucoup d'auteurs
qui se sont exilés dans d'autres pays, à cause des guerres
dévastatrices et insaisissables : religieuses, politiques,
civiles, etc. est l'un des pays à « vrais » problèmes
identitaires. Parmi ces intellectuels, nous citerons,
inévitable ment et d'une façon plus particulière, Amin
Maalouf et Andrée Chedid qui, à travers leurs
61 Amin, Maalouf, Op.cit., P. 30.
L'Enfant multiple, notre corpus d'étude, laisse
entrevoir les différents problèmes identitaires,
ce qu'il en résulte ainsi que ce que l'on peut en
faire. Andrée Chedid a connu personnellement le probleme
d'identité, en tant qu'ayant ses origines ancestrales égyptienne
et libanaise. Le Liban, alors son pays, connaît plusieurs confessions
religieuses et un certain nombre de langues. Ces deux éléments -
RELIGION et LANGUE - étant les éléments majeurs de
l'identité, selon Amin Maalouf qui précise :
« J'ai constamment insisté sur le fait que
l'identité est faite de multiples appartenances ; mais il est
indispensable d'insister tout autant sur le fait qu'elle est une et que nous la
vivons comme un tout. L'identité d'une personne n'est pas une
juxtaposition d'appartenances autonomes ; ce n'est pas un « patchwork
», c'est un des-sin sur une peau tendue ; qu'une seule appartenance soit
touchée, et c'est toute la personne qui vibre. »62
Enfin de compte, la question de savoir s'il peut y avoir une
culture qui soit universelle en vue de mettre fin aux problèmes
identitaires demeure posée.
62Idem, p. 34.
36
Bibliographie
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6) Goldmann, Lucien, Pour une sociologie du roman,
Gallimard, Coll. Idées, Paris, 1964. -
- La création culturelle dans la société
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Grasset, Paris, 1998.
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1986.
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Custom, London, 1871, in Le français dans le monde,
«Cultures, Culture.", Hachette, Paris, 1996.
12) Piéron, Henri, Vocabulaire de la
psychologie, PUF, Paris, 1951.
13) Sartre, Jean-Paul, Qu'est-ce que la
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Coll. Idées, Paris, 1964.
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O.P.U., Alger, 2006.
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SNED, Alger, 1982.
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17) Littérature, Microsoft (c) Encarta2009
?DVD], Microsoft Corporation, 2008.
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Sitographie
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2)
http://www.andreechedid.com,
[en ligne], consulté le 13 février 2011.
3)
http://www.evene.fr/celebre/biographie/andree
chedid, [en ligne], consulté le 13 février 2011.
4)
http://ecrits-vains.com , [en
ligne], consulté le 13 février 2011.
PLAN PREMIER
DEDICACE 2
REMERCIEMENTS 3
INTRODUCTION . 4
PREMIÈRE PARTIE : NOTIONS GÉNÉRALES
10
Chapitre I: Identité, Culture, Personnalité,
Littérature 11
Chapitre II : Conceptions modernes de la
littérature~~~~~~~~~~~~~ 15
Chapitre III : Andrée Chedid et son temps~~~~~~~~~~~~~~~~~
21
DEUXIÈME PARTIE : LECTURE DE L'Enfant mPltiPlP
24
Chapitre I : Présentation globale du roman
................... 25 Chapitre II : Omar-Jo : un personnage à la
croisée de cultures ................................... 26
Chapitre III : La question de l'identité dans le roman
31
CONCLUSION 35
Bibliographie 37
Sitographie 38
|