C. DONNEES ANTHROPOMETRIQUES
? Indice Poids/Taille
Nous avions 28 (7,5%) élèves qui souffraient
d'émaciation (z-score < -2), 5 (1,3%) d'excès pondéral
(2<z-score<3) et 2 (0,5%) d'obésité (z-score > 3).
L'indice poids/taille donne une mesure de la masse du corps en
relation avec la taille et reflète la situation nutritionnelle actuelle
(au moment de l'enquête). Il peut donc être fortement
influencé par la saison pendant laquelle s'est effectuée la
collecte des données.
Ce type de malnutrition est la conséquence
d'une alimentation insuffisante durant la période récente ayant
précédé l'enquête ou d'une perte de poids
consécutive à une maladie (10).
Notre taux d'émaciation peut s'expliquer par le fait que notre
étude s'est déroulée juste après la période
de soudure.
Notre taux d'émaciation est comparable
à celui d'Aboussaleh et al au Maroc qui, en utilisant l'IMC avaient
retrouvé 7,6 % d'émaciation et n'avaient noté aucun cas de
surpoids (36).
Notre taux d'émaciation est supérieur à
celui d'Ateba Emvoutou qui a retrouvé 4,97 % d'émaciation en
utilisant l'indice poids/taille (13). Il est également
supérieur à celui de EDSC 2004 qui note que 5 % d'enfants de
moins de cinq ans sont atteints d'émaciation aiguë
modérée et moins de 1 % sont affectés de la forme
sévère (10).
Par contre il était très inférieur
à celui de Drabo qui, en utilisant l'IMC a retrouvé 65,4 %
d'insuffisance pondérale. Ses prévalences d'excès
pondéral (1,9%) et d'obésité (0,27%) sont à peu
près comparables aux nôtres (39). Suttanu et al,
en Inde a retrouvé 29,4% d'émaciation dont 9,5% de forme
sévère (Z-score < -3) (35). Chiabi et al dans
son étude, quoiqu'elle n'ait pas concerné des enfants scolaires a
retrouvé 1,7% d'émaciation chez des enfants emmenés en
vaccination et donc considérés comme apparement sains
(67). Notre taux d'obésité est
inférieur à celui d'Owona qui a retrouvé 3%
(12).
Nous n'avons pas noté de lien statistiquement
significatif entre l'indice poids pour taille et les variables
socio-démographiques de la mère étudiées. Pour
Azzaoui et al, l'émaciation corrélait significativement et
négativement avec le niveau d'instruction des parents
(37).
Notre courbe de Z-score pour l'indice poids/taille
était décalée vers la borne inférieure par rapport
à la courbe de référence de l'OMS. Ainsi la médiane
de notre population d'étude était inférieure à
celle du standard OMS, ce qui augmentait la surface d'enfants malnutris et donc
la prévalence de l'émaciation dans notre population
d'étude. Ceci s'observait aussi bien avec la courbe de la population
d'étude en général qu'avec les courbes des deux sexes.
? Indice Poids/Age
On notait que 29 (8,5%) élèves souffraient
d'insuffisance pondérale dont 7,7% de forme modérée et
0,88% de forme sévère. On la retrouvait plus chez les filles. Cet
indice reflète à la fois la sous-alimentation passée
(chronique) et/ou présente (aiguë). Par contre, cet indice
combiné ne permet pas de distinguer les déficiences
alimentaires de longue durée de celles récentes
(10,17).
Ateba Emvoutou avait pratiquement la même
prévalence avec 7,05% (13). El Houi et al au Maroc
avaient retrouvé pratiquement le double avec 12,6%
(25). Nos données sont largement inférieures
à celles de Suttanu et al et de Drabo et al qui avaient respectivement
retrouvé 33,7% (dont 7,92% de forme sévère) et 65,4%
(35, 39). Par contre, elles sont supérieures à
celles de Sanhoko et al qui avait retrouvé 0,8% et tous étaient
des garçons (38). Chiabi et al dans son étude,
quoiqu'elle n'ait pas concerné des enfants scolaires a retrouvé
2,7% d'insuffisance pondérale chez des enfants emmenés en
vaccination et donc considérés comme apparemment sains
(67).
Notre prévalence est très inférieure
à celle d'EDSC 2004 qui révèle que 18 % d'enfants
âgés de moins de cinq ans au Cameroun souffrent d'insuffisance
pondérale modérée et 4 % d'insuffisance pondérale
sévère. On retrouvait un lien statistiquement significatif entre
l'insuffisance pondérale et la taille du ménage. Ceci se comprend
aisément car on suppose que plus la taille de la famille est grande,
plus petites sont les portions alimentaires par personne. Quoiqu'un lien
statistiquement significatif n'ait pas été établi entre le
niveau d'instruction, la profession et l'insuffisance pondérale, cette
dernière se retrouvait plus chez les enfants de mères
analphabètes ou dont le niveau d'instruction était primaire,
exerçant dans le secteur informel et donc n'ayant pas de revenus fixes.
Ceci confirme les propos d' El Houi et al, qui affirmait que la scolarisation
des femmes et leur situation sociale sont des facteurs déterminants pour
la santé de l'enfant surtout quand les conditions économiques
sont difficiles; par ailleurs il avait retrouvé un lien significatif
entre la taille du ménage et le rendement scolaire des
élèves (p = 0,04) (25). Selon EDSC 2004
également, le niveau d'instruction de la mère a un rapport avec
l'insuffisance pondérale: 7 % des enfants dont la mère a un
niveau d'instruction secondaire ou plus présentent une insuffisance
pondérale modérée contre 16 % pour ceux dont la
mère a un niveau d'instruction primaire et 33 % pour ceux dont la
mère n'a aucun niveau d'instruction (10).
Notre courbe de Z-score pour l'indice poids/âge
était décalée vers la borne inférieure par rapport
à la courbe de référence de l'OMS. Ainsi la médiane
de notre population d'étude était inférieure à
celle du standard OMS, ce qui augmentait la surface d'enfants malnutris et,
donc la prévalence de l'insuffissance pondérale dans notre
population d'étude. Ceci s'observait aussi bien avec la courbe de la
population d'étude en général qu'avec les courbes des deux
sexes.
Pour Suttanu et al, la courbe de poids de la population
d'étude demeurait entre le 10e et le 25e
percentile entre 5 et 7 ans, mais entre 9 et 11 ans le poids moyen se situait
en dessous du 5e percentile de référence NCHS
(35).
? Indice Taille/Age
Nous avons retrouvé 34 cas (10,03 %) d'insuffisance
staturale dont 7,97% de forme modérée et 2,06% de forme
sévère. Le retard statural étant
généralement la conséquence d'une alimentation
inadéquate et/ou de maladies infectieuses survenues pendant une
période relativement longue ou qui se sont manifestées à
plusieurs reprises, est révélateur de la qualité de
l'environnement et, d'une manière générale, du niveau de
développement socio-économique d'une population
(10,17). Selon EDSC 2004, 32 % des enfants de moins de cinq
ans au Cameroun souffrent de sous-nutrition chronique modérée et
13 % souffre de sous-nutrition chronique sévère
(10).
Dans notre étude, le retard statural affectait plus les
filles, sans qu'un lien statistiquement significatif soit retrouvé entre
cet indice et le sexe. Ceci est contraire aux trouvailles de Wamani et al qui
en faisant une méta analyse de 16 enquêtes démographiques
et de santé récentes trouvait que les garçons
étaient plus atteints que les filles et avait conclu qu'en Afrique au
sud du Sahara, chez les enfants de moins de 5 ans ceux de sexe masculin ont une
probabilité plus élevée d'avoir une insuffisance staturale
par rapport aux filles (68). Nous avons retrouvé un
lien statistiquement significatif entre l'indice taille/âge et
l'âge de la mère. Les explications plausibles à cet
état de fait est que les mères jeunes et
inexpérimentées avec un bas niveau d'instruction ne
maîtrisent pas toujours les règles d'hygiène et
d'alimentation pour leur enfant. Nos données sont supérieures
à celles de Sanhoko et al qui avait retrouvé 2,6%
(38) et largement inférieures à celles de
Suttanu et al qui avait retrouvé 17,9% de retard statural dont 4,98% de
formes sévères; les filles étaient également plus
touchées (35). Aboussaleh et al avait 24,3% et
retrouvait un lien significatif entre la taille de l'enfant et la taille du
ménage; de plus l'insuffisance staturale corrélait avec le
niveau d'instruction de la mère (36). Pour Azzaoui et
al, il existait un lien significatif (p<0.05) entre la taille de l'enfant et
la taille du ménage (37). Chiabi et al dans son
étude, quoiqu'elle n'ait pas concerné des enfants scolaires a
retrouvé 9,6% d'insuffisance staturale chez des enfants emmenés
en vaccination et donc considérés comme apparemment sains
(67).
Notre courbe de Z-score pour l'indice taille/âge
était décalée vers la borne inférieure par rapport
à la courbe de référence de l'OMS. Ainsi la médiane
de notre population d'étude était inférieure à
celle du standard OMS, ce qui augmentait la surface d'enfants malnutris et, par
conséquent la prévalence du retard statural dans notre
population d'étude. Ceci s'observait aussi bien avec la courbe de la
population d'étude en général qu'avec les courbes des deux
sexes.
Suttanu et al en Inde, en utilisant le percentile avait une
taille moyenne de la population d'étude qui demeurait au-dessus du
25e percentile entre 5 et 7 ans, mais aux âges plus
avancés, la courbe des garçons se situait un peu au-dessus du
10e percentile, et celle des filles aux environs du 10e
percentile (35).
? Périmètre brachial
Aucun élève n'avait un
périmètre brachial inférieur à 12,5 cm, valeur
seuil pour parler de malnutrition. Nous pensons que cela est dû au fait
que 54 (14,4 %) élèves de notre population d'étude avaient
plus de 5 ans et nous savons qu'au-delà de cet âge, le
périmètre brachial n'est pas un indicateur fiable de
l'état nutritionnel. Par ailleurs, le périmètre brachial
est utilisé pour le dépistage dans les situations d'urgence, mais
il n'est pas utilisé généralement aux fins
d'évaluation. C'est un bon indice prédicateur du risque
immédiat de décès (17,69).
Ceci explique également pourquoi nos
courbes de périmètre brachial coïncidaient avec celle de la
courbe de référence de l'OMS alors que ce n'était pas le
cas en utilisant les indices anthropométriques.
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