INTRODUCTION GENERALE
L'expérience des séismes anciens ou
récents met en évidence les principales causes des effondrements
et des désordres subis par les ponts, qui se traduisent par des
déplacements relatifs des tabliers et des appuis, et par les ruptures
fragiles de certains éléments dues au manque de ductilité
ou de confinement du béton.
Ceci met en exergue la nécessité de la prise en
compte du risque sismique dans l'élaboration des projets d'ouvrages
d'art.
Par ailleurs, la majorité des pays
développés qui sont situés dans des zones sismiquement
actives sont dotés de leurs propres codes sismiques spécifiques
aux ouvrages d'art.
A ce jour, le calcul au séisme des ouvrages d'art en
Algérie est régi par une méthode forfaitaire
simplifiée. Récemment un projet de règles parasismique des
ouvrages d'art RPOA a été élaboré en vue
d'être appliqué en Algérie.
A l'instar des autres codes, le projet de règlement
parasismique des ouvrages d'art algérien offre aux concepteurs deux
possibilités majeures de conception pour les appuis :
· Concevoir des appuis dont le comportement sera
élastique,
· Concevoir des appuis dont le comportement sera
inélastique.
Pour la détermination des sollicitations, on commence par
effectuer un calcul élastique quelque soit la méthode de
dimensionnement utilisée par la suite.
Dans le cas d'un calcul élastique, les efforts ainsi
obtenus sont directement utilisés pour dimensionner les sections.
Pour certains systèmes d'appui et sous réserve
d'adopter des dispositions constructives particulières, il est possible
de procéder à un calcul inélastique qui réduit
forfaitairement les efforts.
Pour conduire un calcul inélastique, on admet la
formation des rotules plastiques par plastification des aciers longitudinaux
pour des efforts inferieurs à ceux qu'une structure parfaitement
élastique aurait subis.
On applique alors la démarche du calcul
élastique avec un spectre différent appelé spectre de
dimensionnement, puis on divise les efforts obtenus par un coefficient dit de
comportement, qui permet de tenir compte des capacités de
ductilité de la structure.
Il faut toutefois bien vérifier que sous les
sollicitations réduites obtenues, il ya effectivement formation de
rotules plastiques et qu'en dehors des rotules plastiques, la structure reste
bien élastique.
On doit s'assurer que sous les sollicitations ainsi
déterminées, les parties fragiles de la structure sont bien
protégées par la formation des rotules plastiques ductiles.
En somme, on dicte à la structure les seuls endroits
ou elle peut dissiper de l'énergie par endommagement et plastification
des aciers.
L'objectif de ce mémoire est d'abord de
présenter le projet de code et de le situer par rapport au
développement récent des autres codes qui existent dans certains
pays. Une évaluation qualitative à travers des simulations de
calcul de deux types de ponts les plus répandus est effectuée
dans le but de présenter la méthode de calcul et d'estimer
l'implication de l'application du projet de code sur le dimensionnement des
ponts.
Ainsi, notre mémoire est structuré en deux parties
principales :
La première partie présente une synthèse
sur les types de dommages subis par les ponts, en se basant sur les remarques
et constatations faites lors des investigations post sismique, traite de
l'évolution des codes parasismiques, et met en évidence le projet
de règlement parasismique des ouvrages d'art algérien.
La deuxième partie est consacrée à
l'étude de deux types de pont en utilisant deux analyses distinctes,
à savoir une analyse linéaire pour un pont à poutre et une
analyse non linéaire pour un pont à voussoir.
C'est pourquoi, notre travail est organisé comme suit
:
· Chapitre 1 : Comporte deux
investigations post sismique, celle du séisme du 21 Mai 2003 en
Algérie, et celle du séisme de 1994 qui a frappé la
région de Northridge au Etats Unis. Les dommages subis par les ponts
sont cités et leurs causes probables identifiées.
· Chapitre 2 : Comporte une
présentation détaillée de la structure du projet de
règlement parasismique des ouvrages d'art algérien, et explique
la procédure à suivre pour le dimensionnement d'un ouvrage
multitravée.
· Chapitre 3 : Comporte une analyse
linéaire d'un pont à poutre, le calcul sismique est
réalisé par les deux méthodes forfaitaire et dynamique
conformément au projet RPOA. Les résultats des deux
méthodes sont comparés afin de mesurer l'impact de l'utilisation
du RPOA sur la conception de ce type de pont.
· Chapitre 4 : Deux analyses sont
élaborées sur un pont à voussoir, à savoir une
analyse dynamique non linéaire ainsi qu'une analyse pushover tel que
préconisée par le règlement RPOA. Ces deux méthodes
nous permettront de suivre le développement des mécanismes de
ruine et des efforts dans les éléments structuraux, et font
office de justificatif pour l'utilisation de la méthode du
dimensionnement en capacité.
Enfin, notre travail s'achève par une conclusion
générale comportant un résumé de l'ensemble de cet
exposé, ainsi que les recommandations qui peuvent constituer une suite
à ce travail, ou des perspectives à de futures recherches.
CHAPITRE 1
EFFETS DES SÉISMES SUR LES PONTS
ET EVOLUTION DES CODES PARASISMIQUES
CHAPITRE 1 EFFETS DES SÉISMES SUR LES
PONTS ET EVOLUTION DES CODES PARASISMIQUES
1.1. Introduction
Le séisme est l'un des phénomènes naturels
des plus dévastateurs et destructeurs causant d'énormes
dégâts humains et matériels.
Les tremblements de terre tels que celui de Loma Prieta (San
Francesco, 1989), Northridge (Californie, 1994), et Kobé (Japon, 1997)
ont touché aussi bien les structures d'habitation, que les ouvrages
d'art tels que les ponts, dont certains sont considérés comme
ouvrages stratégiques qui doivent en principe rester fonctionnels en cas
de séisme.
Les différentes campagnes d'investigations
post-sismiques réalisées sur les ponts, ont permis de constater
que ceux construits dans des zones à forte sismicité continuent
d'être vulnérables aux séismes et ce malgré les
ajustements considérables apportés dans les normes de conception,
ayant permis de corriger les lacunes majeures des éditions
précédentes [1].
1.2.Catégories de dommages subis par les
ponts
Les enseignements tirés des séismes
précédents ont aidé les concepteurs à identifier et
classer les différents types de dommages subis par les ponts en trois
grandes catégories suivantes :
· La perte d'assise
· La fragilité
· Liquéfaction et tassement des sols
1.2.1. La perte d'assise
Sous une importante sollicitation sismique causant la rupture
des appareils d'appui, les butées de sécurité et de
blocage entrent en jeu afin d'éviter les déplacements entre le
tablier et ses appuis. Pourtant, il arrive que ces déplacements soient
tellement importants qu'ils conduisent à la destruction des
butées entrainant ainsi l'effondrement du tablier.
On peut citer comme exemples les différents cas suivants
:
· En Algérie
Pont Sur L'Oued Sebaou [12], Séisme de
Boumérdes -Algérie 2003
Pont El Harrach [12], Séisme de Boumérdes
-Algérie 2003
Ces illustrations désignent les dommages subis par les
ponts lors des séismes, celui d'El Asnam en 1980 et celui de
Boumerdés 2003. Ils sont réalisés en béton
armée ou mixte (constitué de poutres métalliques) comme
c'est le cas du pont El Harrach.
*
7
Pont Sur L'Oued Isser [12], Séisme de
Boumérdes -Algérie 2003
Séisme El Asnam -Algérie 1980
[26]
Figure 1.1 : Déplacements transversaux
des tabliers et destruction des butées lors des séismes de
Boumerdès 2003 et El Asnam 1980
· Au Etats Unis
On voit ici les dommages subis par trois ponts lors des
séismes de San Fernando 1971 et Northridge 1994. Ces ouvrages ont
été réalisés en béton
précontraint.
8
Pont 14 South Connector [11], Séisme de Northridge
-Los Angeles 1994
Pont 14North Connector [11], Séisme de Northridge
-Los Angeles 1994
Séisme de San Fernando -Californie 1971
[26]
· Au Japon
Les dommages ci-dessous mis en évidence ont
été constatés sur deux ponts lors des séismes.
Celui de Niigata 1964 réalisé en béton précontraint
et celui de Kobé 1995 conçu en charpente métallique.
Séisme de Niigata -Japon 1964 [26]
Séisme de Kobé -Japon 1995 [26]
Figure 1. 3 : Déplacements et
effondrements des tabliers lors des séismes de Niigata 1964
et Kobé 1995
1.2.2. La fragilité
Lors des séismes, les piles sont les
éléments structuraux qui ont subi le plus de dommages
caractérisés par une série de défaillances dues
à la combinaison des deux facteurs flexion-effort tranchant.
Le ferraillage transversal insuffisant des piles fait qu'un
bon confinement et une ductilité appropriée ne soient pas
assurés. Ceci entraine un éclatement du béton et un
flambement des armatures longitudinales.
On peut citer comme exemples les différents cas suivants
:
· Au Etats Unis
Voici certains ponts endommagés lors des séismes de
Loma Prieta 1989 et Northridge 1994. Ils ont une structure composée d'un
tablier avec des poutres en post-tension supportées par des piles en
béton armé.
Pont State 118/Mission Gothic [11], Séisme de
Northridge -Los Angeles 1994
Pont Fairfax-Washington [11], Séisme de Northridge
-Los Angeles 1994
11
Pont 118/Bull Creek [11], Séisme de Northridge
-Los Angeles 1994
Pont Cypress [26], Séisme de Loma Prieta-San
Francisco 1989
Figure 1.4 : Endommagement des piles lors des
séismes de Northridge 1994 et Loma Prieta 1989
· Au Japon
Ces ponts endommagés lors du séisme de Kobé
1995 sont en béton précontraint avec des piles en béton
armé.
Séisme de Kobé -Japon 1995 [26]
Séisme de Kobé -Japon 1995 [26]
Figure 1.5 : Endommagement des piles lors du
séisme de Kobé 1995
1.2.3. La liquéfaction et tassement des sols
Dans certains sols, sous l'effet de plusieurs cycles de
déformations alternées d'origine sismique peut conduire à
une perte de résistance au cisaillement momentanée,
accompagnée de déformations de grande amplitude.
A partir des investigations post-sismiques sur des ponts
construits sur des sites sujets à ce phénomène, il a
été constaté qu'ils ont subi des dégâts
très importants les conduisant parfois jusqu'à la ruine.
On cite comme exemples les différents cas suivants :
· Au Japon
Séisme de Niigata -Japon 1964 [26]
· Au Etats Unis
Séisme de Loma Prieta-San Francisco 1989
[26]
Pont State 118/Mission Gothic [11], Séisme de
Northridge -Los Angeles 1994
Figure 1.6: La liquéfaction et
tassement des sols lors des séismes de Niigata 1964, Loma Prieta 1989
et Northridge 1994
1.3. Evolution des codes parasismiques des ouvrages
d'art
Le retour d'expérience lors des tremblements de terre a
mis en évidence la nécessité de mieux protéger les
structures de ponts à travers des règles de calcul et de
détails plus complètes, plus élaborées mais aussi
par le développement de spécifications et de lignes directrices
de calcul permettant l'incorporation de technologies innovatrices qui
émergent continuellement [1].
Cette volonté s'est reflétée clairement
dans les éditions des normes de calcul des ponts des années 1990
à 2000. Et les pays qui ont eu une contribution significative dans le
développement de la conception parasismique des ponts sont : Les Etats
Unis et le Canada, le Japon, la Nouvelle Zélande et l'Europe.
Tous ces pays ont récemment révisés leurs
codes parasismiques des ponts [2]. On recense plusieurs codes parasismiques
ayant fait l'objet de révision et de nouvelles publications dont les
principaux sont cités ci-dessous :
- Le code Européen (Eurocode 8 Partie 2 : Ponts) en
1995,
- Le code New Zélandais (Transit New Zeland Bridge Manual)
en 1995,
- Le code Japonais (Design Specifications of Highway Bridges,
Japan) en 1996,
- Au Etats Unis, par la publication de deux codes par AASHTO que
sont : Standard
Specifications for Highway Bridges et LRFD Bridge Design
Specifications en 1998,
- Le département des transports de l'état de
Californie (Caltrans) a développé son propre
code parasismique, et a publié deux documents (Caltrans
1999a) et (Caltrans 1999b), - Le code Canadien (CAN/CSA-S6-00) en 2000 et
(CAN/CSA-S6-06) en 2006.
En faisant une synthèse des codes cités ci-dessus
on relève que les approches utilisées et les révisions
effectuées sont plus ou moins semblables et qu'on peut les
présenter comme suit :
- Dans chaque code, les performances requises dépendent
de l'importance des ponts classés en 2 ou 3 catégories. A cet
effet un facteur de majoration des charges de conception est introduit [2].
- La classification des ponts est basée sur deux
catégories : ponts importants et ponts ordinaires. Un pont est dit
important s'il satisfait la condition d'être accessible aux
véhicules d'urgences après un séisme majeur [10].
- On constate, un accroissement considérable des charges
sismiques spécifiées : les spectres de calcul sont plus
sévères avec un taux d'amortissement de 5% [2].
- La généralisation de l'utilisation de la
méthode capacitaire pour le dimensionnement des ponts [5].
- L'adoption de spécifications relatives au calcul des
ponts munis d'un système d'isolation sismique de la base. Ces
spécifications couvrent le calcul des charges sismiques, les
méthodes d'analyses, et la conception des unités d'isolation
[6].
- Utilisation des différentes méthodes
d'analyses telles que : L'analyse statique linéaire (ESA), l'analyse
dynamique linéaire (EDA), l'analyse statique non linéaire (ISA),
l'analyse dynamique non linéaire (IDA).
- Utilisation des règles de calcul plus
élaborées pour une meilleure concordance avec les connaissances
accumulées en génie parasismique qui tiennent compte des
caractéristiques dynamiques du pont tel que les périodes de
vibration des modes propres, et de la configuration géométrique
de l'ouvrage.
1.4.Phiosophie de conception et critères de
performances sismiques
Dans la conception sismique des ponts il est important d'avoir
une vision claire sur leurs performances sismiques [3]. Le concept de base de
la philosophie de conception et les critères de performances sismiques
sont plus ou moins similaires pour tous les codes, selon lesquels sous des
séismes faibles ou modérés, les ponts doivent
résister en restant toujours dans le domaine élastique sans subir
de dommages significatifs, et ceux exposés à des séismes
majeurs ne doivent en aucun cas s'effondrer [4].
On peut classer les stratégies de conception
parasismique des ponts en deux catégories : une conception
conventionnelle et une conception utilisant des technologies parasismique.
1.4.1. Conception conventionnelle
La méthode conventionnelle de conception parasismique
consiste à assurer à la structure et à sa fondation une
résistance suffisante pour reprendre les charges sismiques de
façon sécuritaire et économique. Pour y arriver, les
structures sont conçues de façon à dissiper
l'énergie induite par le séisme de calcul à travers les
déformations inélastiques concentrées dans des zones
préalablement sélectionnées et détaillées
à cet effet. Les zones de dissipation d'énergie par
déformations inélastiques sont dites rotules plastiques. Elles
sont typiquement situées à la base des unités de fondation
au dessus du niveau du sol et sont détaillées pour avoir un
comportement ductile (avoir une bonne capacité de déformation
inélastique sans dégradation importante de la résistance
ou de la rigidité). Parce qu'elles sont difficiles à inspecter et
à réparer, les parties des fondations situées sous le
niveau du sol sont calculées pour demeurer élastique [9].
De cette façon, la structure y compris les
éléments de fondation accessibles est conçue à un
niveau de résistance de plusieurs fois inférieur aux forces
sismiques élastiques (Demande en force si la structure est assez
résistante pour demeurer élastique). Ceci revient à
transformer la demande en force en une demande en ductilité qui se veut
plus économique à assurer. Dans tous les Codes parasismiques, la
réduction des forces élastiques est représentée par
le coefficient de modification de réponse R. Ce coefficient, varie en
fonction du type des éléments de fondation (redondance
structurale, performance passée) et est directement et explicitement
relié à des exigences concernant les détails des zones
critiques de ces éléments de sorte à leur assurer un
niveau de ductilité consistant avec la valeur de R utilisée
[1].
1.4.2. Conception avec des technologies parasismiques
Le développement des techniques de calcul sur support
informatique beaucoup plus puissantes qu'auparavant, la disponibilité
d'installations d'essais tel que les simulateurs sismiques (tables vibrantes)
ont favorisé l'émergence de ces technologies innovatrices dont
les premières applications aux ponts rapportées en
Amérique du Nord remontent seulement à la fin des années
80 et pour lesquelles des normes de calcul leur sont désormais mises en
place.
Par ailleurs, la fin de la guerre froide vers le début
des années 1990, a rendu possible le transfert de la technologie
d'amortisseurs hydrauliques, initialement développé pour des
besoins militaires, vers des applications en génie civil qui se voit
soudainement profiter de progrès technologiques, accumulés
pendant presque un demi-siècle [1].
Trois principales technologies parasismiques sont des plus
utilisées sur les ponts, soit :
1- L'isolation sismique de la base à savoir les
systèmes à base d'élastomère et à base de
glissement (voir Figure 1.7 et Figure 1.8) [7].
Figure 1.8 : Schémas d'isolateurs
à base de glissement
2- L'usage d'amortisseurs sismiques: Il s'agit d'ajouter
à la structure qui comprend des appuis conventionnels (avec appuis
fixes) un système de mécanisme de dissipation d'énergie
afin d'absorber une partie importante de l'énergie sismique induite par
le séisme et ainsi réduire l'étendue et la
sévérité des dommages inélastiques dans celle-ci
[7]. On distingue trois familles principales d'amortisseurs à savoir les
amortisseurs hydrauliques ayant un amortissement visqueux, les amortisseurs
à base de friction et les amortisseurs à base de comportement
hystérétique dont l'amortissement est généralement
de nature élasto-plastique [8].
3- L'usage de transmetteurs de chocs sismiques (TCS) :
Même s'ils s'apparentent à la famille des amortisseurs
hydrauliques visqueux, ils présentent un comportement fondamentalement
différent et doivent être considérés comme une
catégorie à part. L'idée derrière l'utilisation des
TCS consiste à augmenter la résistance de la structure aux forces
sismiques en faisant participer les unités de fondation comportant des
appuis mobiles. Pour ce faire, le TCS est installé parallèlement
aux appuis mobiles du pont. Il se comporte comme un appui mobile, en opposant
une faible résistance aux mouvements lents tel que ceux induits par les
variations thermiques ou le fluage mais en transmettant les forces, à la
manière d'un appui fixe, lorsqu'il est sollicité par un mouvement
rapide tel que celui engendré par un séisme [8].
1.5. Conclusion
Les dommages subis par les ponts lors de grands séismes
ont aidé les ingénieurs à mieux comprendre leur
comportement sismique et à identifier les différentes pathologies
et leurs causes.
On peut classer ces dommages en trois grandes catégories
suivantes :
· La perte d'appuis,
· La fragilité,
· La liquéfaction et tassement des sols.
Pour y remédier, de nouvelles méthodes de
conception et des règles de calcul et de détails plus
élaborées ont été introduites dans les codes
parasismiques afin d'assurer une protection parasismique efficace de ces
structures.
CHAPITRE 2
PRÉSENTATION DU REGLEMENT PARASISMIQUE DES
OUVRAGES D'ART ALGERIEN (RPOA 2008)
CHAPITRE 2 PRÉSENTATION DU REGLEMENT
PARASISMIQUE DES OUVRAGES D'ART ALGERIEN (RPOA 2008)
2.1. Introduction
Les ponts sont des ouvrages d'une importance capitale pour le
système de transport routier et ferroviaire d'un pays. Comme toutes
structures de génie civil, les ponts sont sujets aux secousses sismiques
et pendant longtemps, la réalisation de ces ouvrages en Algérie
n'a pas été soumise à un règlement parasismique
permettant aux concepteurs de dimensionner ces ouvrages à leurs justes
valeurs face à une action sismique.
D'ailleurs les experts ont tiré la sonnette d'alarme
sur les dangers qui en découlaient vu le nombre important de cas de
dommages et de ruines observés en Algérie et dans le monde. C'est
dans ce contexte que le secteur des travaux publics a engagé une action
pour l'élaboration d'un référentiel pour l'application
parasismique afin d'assurer la vérification des ouvrages
vis-à-vis des actions sismiques de calcul, de sorte que le risque de
défaillance sous séisme potentiel soit suffisamment faible.
2.2. La structure du code parasismique des ouvrages
d'art (RPOA 2008)
Comme on le voit dans le diagramme représenté
par la figure 2.1, le code parasismique RPOA2008 est structuré d'une
façon simple où nous pouvons distinguer trois (03) parties
principales, à savoir: Les ponts neufs, les tunnels et les ponts
existants. Dans le cadre de ce travail on se limitera à l'étude
de la première partie du code à savoir "les ponts neufs" qui est
structuré comme suit :
Des règles générales de conception sont
données afin de guider l'ingénieur pour la prise en compte du
risque sismique dés le stade de la conception du projet, et une
classification des ponts selon leurs importances avec des exigences
fondamentales le non effondrement et la minimisation des dommages à
satisfaire.
La deuxième partie traite les critères de
classification des zones sismiques qui déterminent les facteurs
d'accélérations de zone selon le groupe de pont. Les sites
d'implantation sont classés en quatre catégories selon leurs
caractéristiques géotechniques.
Pour le mouvement sismique de calcul, la translation
d'ensemble est définie par le coefficient d'accélération
de zone A, un spectre de réponse horizontale valable pour les deux
composantes horizontales du mouvement et un spectre de réponse verticale
valable pour la composante verticale du mouvement.
Des spectres de réponses élastiques ou de
dimensionnement y sont définis et dépendent de la
catégorie du site de l'ouvrage, du coefficient de zone A et du taux
d'amortissement (î).
Les déplacements absolus horizontaux et verticaux sont
définis en fonction du site, et un déplacement
différentiel maximal est fixé en fonction du coefficient
d'accélération de zone A. La troisième partie concerne la
méthode d'analyse des ouvrages qui sont calculés à l'aide
d'un spectre de réponse. Dans le cas d'un calcul élastique, on
utilise le spectre élastique, et les efforts ainsi obtenus sont
directement utilisés pour dimensionner les sections.
Pour certains systèmes d'appui sous réserve
d'adopter des dispositions constructives particulières, il est possible
de procéder à un calcul inélastique qui réduit
forfaitairement les efforts à l'aide d'une approche linéaire
équivalente en utilisant le spectre de dimensionnement. Dans la
quatrième partie les résultats de l'analyse sismique sont alors
employés pour vérifier la résistance et la
stabilité des différents éléments qui constituent
les ponts (piles-appuisfondations).
En conclusion, le dernier chapitre fourni les dispositions
constructives de ferraillage particulières au dimensionnement
parasismique qui doivent être adoptées pour les différents
éléments en béton et s'ajoutent aux principes de base
définis dans les règles de béton armé en
vigueur.
Généralités
Domaine et condition d'application
2.3.Classification des ponts
Pour la prise en compte du risque sismique, les ponts sont
classés en trois groupes qui sont présentés dans le
tableau suivant :
Groupe d'usage
|
Importance
|
Groupe 1
|
Pont stratégique
|
Groupe 2
|
Pont important
|
Groupe 3
|
Pont d'importance moyenne
|
|
Tableau 2.1 : classification des ponts [24].
2.4.Critères de performance structurale
2.4.1 Exigence de non effondrement (ELU)
Après un séisme, le pont doit maintenir son
intégrité structurale et une résistance résiduelle
adéquate, malgré le fait qu'en certaines parties du pont des
dommages considérables puissent s'être produits.
Le pont doit pouvoir tolérer des dégâts,
c'est-à-dire que les parties du pont susceptibles d'être
endommagées par leur contribution à la dissipation
d'énergie durant l'événement sismique, doivent être
dimensionnées de manière que la structure puisse supporter les
actions d'un trafic d'urgence et que l'inspection et les réparations
puissent être effectuées facilement.
Dans ce but, la plastification en flexion de certaines
sections (c'est-à-dire la formation de rotules plastiques) est permise
dans les piles. Elle est en général nécessaire dans les
régions de forte sismicité, afin de réduire l'action
sismique de calcul à un niveau qui n'entraîne que des coûts
de construction supplémentaires raisonnables.
Le tablier doit cependant se trouver prémuni
vis-à-vis de la formation de rotules plastiques ainsi que de la perte
d'appuis sous les déplacements sismiques extrêmes [24].
2.4.2. Minimisation des dommages (ELS)
Sous l'effet d'un séisme de calcul, (moins intense
mais plus fréquent) la structure doit rester dans le domaine
élastique (ELS) permettant la reprise de la circulation après une
courte inspection.
Pour les ouvrages courants, les critères ELS sont
couverts par les critères ELU.
Les parties du pont destinées à contribuer
à la dissipation de l'énergie durant l'événement
sismique de calcul, doivent subir uniquement des dégâts mineurs.
Ceux-ci ne doivent entraîner ni réduction du trafic, ni
nécessité d'effectuer des réparations immédiates
[24].
2.5.Conception sismique des ponts
La prise en compte des effets sismiques dès le stade
de la conception du projet du pont est importante, même pour les
régions à sismicité faible ou modérée. Dans
les zones à sismicité modérée ou forte, le choix du
comportement ductile est en général approprié [24].
Sa mise en application doit être faite, soit en
prévoyant la formation d'un mécanisme plastique fiable, soit en
utilisant à la base un dispositif d'isolation et de dissipation de
l'énergie. Si un comportement ductile est choisi, les points principaux
suivants doivent généralement être pris en
considération :
· Le nombre d'éléments supports (piles et
culées) qui seront utilisés pour résister aux forces
sismiques en direction longitudinale et transversale, doit être
choisi.
· En général, les structures continues se
comportent mieux dans les conditions sismiques que les ponts ayant de nombreux
joints de dilatation.
· Le comportement sismique post-élastique optimal
est réalisé si les rotules plastiques se forment presque
simultanément dans le plus grand nombre de piles possible.
· Le nombre de piles résistant aux séismes
peut être réduit en utilisant des assemblages flexibles entre le
tablier et les piles, dans une ou dans les deux directions. Avec ces
assemblages, on évite les réactions importantes dues aux
déformations empêchées, des distributions
indésirables des actions sismiques et/ou des effets du dimensionnement
en capacité.
· Un équilibre doit en général
être maintenu entre les prescriptions de résistance et de
déformabilité pour les supports horizontaux. Une grande
déformabilité réduit le niveau de l'action sismique de
calcul, mais augmente le mouvement aux joints et aux appuis mobiles et peut
conduire à des effets du second ordre importants.
· L'emplacement des points de dissipation de
l'énergie doit être choisi de manière à assurer leur
accessibilité pour le contrôle et les réparations.
· L'emplacement d'autres régions exposées
à des dégâts potentiels sous l'effet de mouvements
sévères doit être identifié et les
difficultés de réparation doivent être réduites au
minimum.
· Dans le cas de ponts de longueur exceptionnelle, ou de
ponts traversant des formations de sol non homogènes, on doit
décider du nombre et de l'emplacement des joints de dilatation
intermédiaires.
· Dans le cas de ponts passant au-dessus de failles
tectoniques potentiellement actives, la discontinuité probable des
déplacements du sol doit généralement être
évaluée et prise en compte, soit par une flexibilité
appropriée de la structure, soit par une disposition convenable des
joints de dilatation.
· Le potentiel de liquéfaction du sol de fondation
doit faire l'objet d'investigations.
2.6.Détermination des actions sismiques
L'action sismique résulte des mouvements du sol qui sont
pris en compte sous deux aspects :
· une translation d'ensemble (tous les points du sol se
déplacent en phase) dans chacune des trois directions de l'espace ;
· un déplacement différentiel entre points du
sol dans chacune des trois directions de l'espace.
Ce déplacement différentiel dépend de la
distance entre les points et des caractéristiques géotechniques
et topographiques du site. Pour le mouvement sismique de calcul, la translation
d'ensemble est définie par le coefficient d'accélération
de zone A, un spectre de réponse horizontal valable pour les deux
composantes horizontales du mouvement et un spectre de réponse verticale
valable pour la composante verticale du mouvement.
Le déplacement différentiel entre points du sol
est défini par le même coefficient d'accélération de
zone A.
Les spectres de réponses, élastiques ou de
dimensionnement, dépendent de la catégorie du site de
l'ouvrage, du coefficient d'accélération de zone (A) et du taux
d'amortissement critique (î)
par le biais du facteur de correction d'amortissement ij = 7 / 2
+ ) [24].
2.7. Méthodes d'analyses
2.7.1. Analyse spectrale monomodale (mode fondamental)
Pour les ponts réguliers, les effets du mouvement
d'ensemble sont déterminés par un calcul spectral monomodal. Les
déplacements différentiels sont pris en compte de façon
statique. Les caractéristiques du mode fondamental dans chaque direction
sont déterminées soit à l'aide d'une analyse modale dans
la direction considérée à condition de remplacer, pour le
calcul des efforts, la masse du mode fondamental par la masse totale du
modèle [24].
2.7.2. Analyse dynamique linéaire -- Méthode
du spectre de réponse
L'analyse par le spectre de réponse est une analyse
élastique des réponses dynamiques maximales de tous les modes
significatifs de la structure. La méthode se base sur un calcul
dynamique multi modale spectrale et tient compte de façon statique des
déplacements différentiels.
La réponse globale est obtenue par des combinaisons
statistiques des contributions modales maximales.
Les effets de l'action sismique doivent être
déterminés à partir d'un modèle linéaire
dynamique complet, en accord avec les lois de la mécanique et avec les
principes de l'analyse structurale.
Pour les types de ponts, qui sont définis comme ponts
spéciaux, il y a lieu de prendre en compte certaines recommandations :
ponts haubanés, ponts en arc, ponts à béquilles
inclinées, ponts ayant une géométrie très
particulière, ponts dont les plastifications dans les piles sont
sensiblement différentes [24].
2.7.3. Autres méthodes d`analyse
D'autres méthodes d'analyse sont utilisées et
doivent faire l'objet de justifications scientifiquement validées, ces
méthodes sont les suivantes :
· Analyse par le spectre de puissance
· Analyse temporelle
· Analyse temporelle non linéaire
2.8.Coefficient de comportement pour l'analyse non
linéaire
Lorsque le tablier de l'ouvrage est fixé sur une ou
plusieurs piles, on peut admettre un comportement non linéaire de
celle(s)-ci par plastification alternée des aciers longitudinaux dans
des zones bien délimitées appelées rotules plastiques. Les
efforts obtenus par l'analyse linéaire élastique peuvent ainsi
être réduits, ce qui peut être bénéfique en
particulier pour le dimensionnement des fondations.
Pour réduire les efforts de dimensionnement, la notion
de coefficient de comportement q est utilisée. Les efforts
obtenus par un calcul élastique, en utilisant le spectre de
dimensionnement Sad , sont divisés par ce coefficient " q "
pour le dimensionnement de la structure. Seuls les efforts sont divisés
et non les déplacements.
La formation de rotules plastiques de flexion dans les
éléments ductiles est une exigence essentielle pour l'application
des valeurs du coefficient q pour le comportement ductile.
Si la formation de rotules plastiques dans les piles n'est
pas probable, il ne faut pas utiliser de coefficients de comportement
supérieurs à 1 sans motivation particulière, puisque les
piles n'arrivent pas à la plastification sous l'action sismique de
calcul. Ceci est susceptible de se produire lorsque pratiquement la
totalité de l'action sismique est supportée par un ou deux
éléments très raides et résistants (culées
ou piles) qui demeurent dans le domaine élastique.
Dans des zones de forte sismicité, lorsque la dissipation
est concentrée aux culées, il convient de disposer sur celles-ci
des dispositifs qui absorbent l'énergie [24].
2.9.Procédure de dimensionnement d'un ouvrage
multitravée
La procédure de dimensionnement d'un ouvrage
multitravée est présentée ci-dessous sous forme d'un
diagramme telle qu'elle est décrite dans le règlement
(RPOA2007).
Détermination de la zone
de sismicité
É, ÉÉa, ÉÉb,
ÉÉÉ
Zone de sismicité
Fin
=0
Détermination du type de sol et du type de site
OUI
Détermination d`un spectre:
· Elastique si q=1
· Dimensionnement si q>1
Domaine d'application de la méthode monomodale
Choix d'un coefficient de comportement
Détermination du coefficient
d'accélération de zone A
Méthode Multimodale
Suite
Détermination des raideurs
des appuis (longitudinale
et transversale)
Séisme longitudinal
Période propre du tablier (longitudinalement)
Valeur du spectre
|
|
|
|
Séisme transversal
|
|
|
|
|
|
|
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|
Déplacement longitudinal global
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|
|
|
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|
|
|
|
Effort longitudinal global
|
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|
|
Déformée du tablier place dans un champ de
1m/s2
|
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|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Répartition des efforts longitudinaux sur les
appuis
Fréquence propre du tablier (transversalement)
Valeur du spectre
Effort transversal global
Détermination des forces «fi»
latérales appliquées a chaque noeud.
Déplacements transversaux et efforts sur les
appuis
Répartition des efforts dus au séisme
longitudinal sur les appuis
Ey
Composante verticale du séisme
Ez
Répartition des efforts dus au séisme
longitudinal sur les appuis
Ex
Calcul de l'effet sismique E
E=Ex #177; 0.3 Ey #177; 0.3 Ez E=Ey #177; 0.3 Ex #177;
0.3 Ez E=Ez #177; 0.3 Ex #177; 0.3 Ey
Figure 2.3 : Diagramme des combinaisons
sismiques [25].
G + P + E + 0.4AT + D +
ØQ
Elements structuraux
Sécurité aux états limites
1
YoSd ~ YR Rd
|
Vérification des sections ELU-ACCIDENTEL
Figure 2.4 : Diagramme de la combinaison
ELU-ACCIDENTEL [25].
Evaluation des déplacements différentiels
Introduction des déplacements
différentiels dans le programme de structure
Vérification des organes d'appui
Evaluation des sollicitations E'
Combinaison G + P + E' + 0.4 AT + D
Sécurité des
éléments structuraux
Dispositions constructives repos d'appui
Sécurité aux états limites
Vérification des sections en BA
Appui mobile
Appui fixe
Butées
Vérification
Figure 2.5 : Diagramme des déplacements
différentiels [25].
Combinaison des actions G + P + E +
0.4AT + D + ØQ
Butées
Vérification des sections en BA
Appui fixe
Vérification
Appui mobile
Elastomère fretté
|
|
|
Sécurité aux états limites
|
|
|
|
Vérification
|
|
|
Figure 2.6 : Diagramme de combinaison - Effets
inertiels- [25].
Valeur du tassement sous la fondation
Différence de tassement entre les appuis
Evaluation des sollicitations dues au tassement sous
séisme
Combinaison d'action G + E'
Sécurité aux états limites
Vérification des sections en BA
Figure 2.7 : Diagramme des tassements [25].
2.10. Dimensionnement en capacité
L'action sismique impose aux structures des
déformations horizontales, cycliques et dynamiques. Dans le cas d'un
séisme important, le caractère cyclique de la sollicitation
conduit à l'éclatement du béton de couverture dans les
zones de grandes déformations plastiques. Quand au caractère
dynamique de l'action sismique, il implique notamment que la rigidité de
la structure influence le niveau de sollicitation.
Lorsqu'une structure se déforme plastiquement pendant
un séisme, la diminution de sa rigidité entraîne
généralement une réduction de la sollicitation. Une
ductilité suffisante permet le développement de ce
phénomène favorable [21].
2.10.1. Choix du comportement
Lors du calcul spectral, on suppose un comportement
linéaire et élastique de la structure. Toutefois, dans certains
cas et notamment pour des ouvrages comportant une ou plusieurs piles fixes et
soumis à des séismes de forte intensité, il n'est pas
réaliste de considérer que le comportement de la structure reste
dans le domaine élastique.
La détermination de la réponse d'un
système non linéaire par un calcul pas à pas donne une
meilleure description du comportement de l'ouvrage mais la complexité
d'une telle analyse, par rapport à une analyse spectrale d'un
système linéaire, ne se justifie que pour les cas
exceptionnels.
Dans les cas où il est admis un comportement
inélastique de la structure, il est accepté que les
déformations réelles (avec comportement non linéaire)
soient sensiblement égales à celles calculées sur un
modèle linéaire correspondant à l'état initial.
Les efforts réels se trouvent alors
écrêtées par la formation de "rotules plastiques" dans la
structure. Le calcul dit "pseudo élastique" est donc mené en
supposant la structure parfaitement élastique, et la prise en compte des
zones plastifiées se fait par l'introduction d'un coefficient de
comportement venant réduire les efforts calculés [20].
2.10.2. Coefficient de comportement
Plutôt qu'une application de forces, l'action sismique
agit sur la structure en lui "appliquant" une "bouffée"
d'énergie. Cette énergie absorbée par la structure doit
être dissipée soit par l'amortissement soit par des
déformations plastiques.
L'effet favorable de la capacité de la structure à
dissiper l'énergie introduite sous forme de déformations
plastiques est pris en compte par le coefficient de comportement "q".
Un coefficient de comportement q=1.0 correspond à un
comportement élastique dans lequel l'énergie est dissipée
par l'amortissement seul. Plus la structure est capable de dissiper
l'énergie sous forme de déformations plastiques, plus le
coefficient de comportement est élevé. Dans le dimensionnement,
le coefficient de comportement est utilisé pour réduire la force
sismique de remplacement élastique et, par conséquent, les
efforts de dimensionnement [21].
2.10.3. Ductilité globale et locale
La ductilité est le paramètre clé du
comportement parasismique. D'une manière générale,
admettant un comportement idéalisé selon la figure 2.8, la
ductilité (Utot/Uy) est définie comme le rapport entre
la déformation totale (Utot) et la déformation
à l'initiation de la plastification (Uy). Cette
définition s'applique aux déformations au sens large du terme,
c'està-dire aux déplacements, aux courbures, aux rotations, aux
allongements, etc.
Figure 2.8 : Définition de la
ductilité
Cependant, il faut bien distinguer entre ductilité
globale correspondant au rapport des déformations horizontales au sommet
et déformations au niveau de la structure. Elle permet de
déterminer le coefficient de comportement "q" (par une règle
empirique comme celle des déplacements égaux, par exemple)
[21].
La ductilité locale considère les
déformations au niveau des zones plastiques. Elle correspond aux
sollicitations effectives des matériaux et ses valeurs sont nettement
plus élevées que celles de la ductilité globale [22].
2.10.4. Dimensionnement
Etant donné que les sollicitations sismiques
entraînent les matériaux loin dans le domaine plastique, des
méthodes de dimensionnement particulières sont
nécessaires. Le dimensionnement en capacité (capacity design) est
l'une de ces méthodes [20] .Le principe de base du dimensionnement en
capacité peut s'énoncer comme suit : l'ingénieur choisit
les endroits où les déformations plastiques doivent se concentrer
(rotules plastiques) en cas de séisme pour un comportement ductile de la
structure [23].
Il conçoit ces zones de manières à ce
qu'elles puissent supporter ces déformations, sans menacer la
capacité de la structure à supporter les charges gravifiques. Le
reste de la structure, en particulier les zones adjacentes aux rotules
plastiques, est renforcé pour garantir son maintien dans le domaine
élastique. De cette manière, une hiérarchie claire des
résistances est établie.
Cette hiérarchie prévient les plastifications
intempestives et garantit un comportement sismique favorable de la structure.
En d'autres termes, l'ingénieur impose à la structure où
elle "doit" se plastifier et où elle ne "doit" pas [21].
2.10.5. Comportement ductile
L'ingénieur dimensionne une structure en admettant
qu'en cas de séisme son comportement sera ductile. Dans ce cas, le
dimensionnement doit être effectué conformément aux
règles du dimensionnement en capacité [22].
Les concepts de base du dimensionnement en capacité
doivent être respectés, en particulier il faut :
· distinguer entre zones plastiques et élastiques de
la structure.
· optimiser la dissipation d'énergie en choisissant
la localisation des zones plastiques.
· assurer une grande capacité de déformation
des zones plastiques en soignant les détails constructifs.
2.11. Dimensionnement en capacité d'une pile
Md est le diagramme des moments dans les appuis issu
du calcul utilisant le spectre de dimensionnement Sad(T). Dans la conception en
capacité, pour les structures à comportement ductile, on divise
ces moments par le coefficient de comportement q [24].
La valeur MRd à utiliser dans le calcul de la
résistance à la flexion, dans la direction et le sens choisis du
séisme est donnée par l'expression :
Md
MRd = . (2.1)
~
Les rotules plastiques se forment en pied de pile, ou
éventuellement en tête (en cas d'encastrement dans le tablier),
là où la valeur du moment fléchissant atteint son maximum.
Des " zones critiques " englobent les zones de rotule plastique et qui
s'étendent à partir de l'encastrement sur une longueur lc
qui est la plus grande des deux valeurs :
l = ëh (2.2)
où ë ~ ! (2+' %) avec 1~ë~2
.
"
· l : est la longueur de l'élément en
béton.
· h : est la hauteur de sa section transversale.
· La longueur sur laquelle le moment (résultant du
calcul élastique avec spectre de dimensionnement) est compris entre 0,8
Mmax, et
Mmax .
Figure 2.9 : Zone critique
37 Dans cette zone critique, on dimensionne le ferraillage
longitudinal pour la valeur de MRd et l'effort normal concomitant le
plus défavorable.
Il est important de ne pas surdimensionner le ferraillage
longitudinal de façon à ce que la rotule plastique se produise
bien dans la zone critique et pas ailleurs.
En dehors de la zone critique, les dispositions constructives
sont moins conséquentes et ont pour but d'assurer qu'aucune rotule
plastique ne s'y forme. C'est pourquoi, il y a lieu de multiplier
MRd, en dehors des zones critiques, par un coefficient de "
surcapacité " (ã0) qui est d'autant plus grand que le
comportement inélastique prévisible (q) est grand :
· ã0= 0.8+0.2q pour le béton
· ã0 =1.2 si q>1 pour la charpente
métallique
Figure 2.10 : Moments de dimensionnement en
capacité
On dimensionne le ferraillage longitudinal de la rotule
plastique pour MRd à partir l'encastrement jusqu'à
l'intersection avec la courbe M0. Au-delà la surcapacité en
moment d'une section doit être calculé pour :
Sur une longueur d'au moins lc, le ferraillage
longitudinal doit rester constant et complètement actif.
La figure ci-dessus donne respectivement les diagrammes des
moments à adopter pour le dimensionnement dans des cas de piles mono ou
bi-encastrées.
On doit se limiter volontairement à un moment
résistant de calcul égal à MRd dans la zone
critique : si on dépassait cette valeur, sans augmenter
simultanément les moments résistants ailleurs, on pourrait
développer une rotule plastique hors zone critique, là où
les dispositions constructives ne le permettent pas.
Le surdimensionnement risquerait de modifier le mode de rupture
pouvant basculer vers un mode fragile, dangereux pour la structure.
Pour le dimensionnement des aciers longitudinaux, on applique
les dispositions usuelles du béton armé, avec en particulier un
décalage de la ligne des moments sur une longueur environ égale
0.8 fois hauteur de la section.
Les effets du dimensionnement en capacité doivent
être calculés en général dans chaque sens de
l'action sismique et dans les directions longitudinale et transversale.
2.12. Conclusion
La démarche de conception et de dimensionnement du
code RPOA est basée, en ce qui concerne la résistance sismique
des ponts, sur l'exigence générale d'après laquelle les
communications d'urgence doivent être maintenues avec une
fiabilité appropriée, et que les dommages que pourraient
provoquer leur défaillance sur les constructions et installations
environnantes soient maitrisés.
Il n'ya pas de protection absolue et de risque nul, mais une
protection relative et un risque acceptable, aussi, il est admis que certaines
structures puissent subir des déformations qui se situent dans le
domaine post élastique entrainant des détériorations :
fissurations, destruction de certains éléments non
structuraux.
Les règles de calcul de ce code sont basées sur
le principe de calcul par capacité qui fait appel à des notions
d'hiérarchisation de la formation des rotules plastiques et de
vérification par des méthodes d'analyse non-linéaire
appropriées , qui ne sont utilisées par les autres codes et
règlements que depuis récemment.
CHAPITRE 3 : ANALYSE LINÉAIRE D'UN PONT A
POUTRES
CHAPITRE 3 : ANALYSE LINÉAIRE D'UN PONT A
POUTRE
3.1. Introduction
Généralement avant de mettre en application un
nouveau code, il est recommandé d'effectuer des calculs de simulation en
vue d'obtenir un retour d'expérience préliminaire sur le
degré de « sévérité » ou de «
conservatisme » du code par rapport aux méthodes en vigueur et de
mesurer les implications en termes de forces sismiques de conception .
Dans cette optique, on choisi un type de pont régulier
représentatif de ceux qu'on construit fréquemment pour en faire
un exemple de calcul.
3.2. Présentation de la structure
étudiée
La structure analysée est un pont à poutre
classé selon le RPOA dans la catégorie des ponts importants,
implanté en zone de moyenne sismicité.
Notre choix s'est porté sur un pont à poutre du
faite qu'il est le type de pont le plus répandu en Algérie.
Les caractéristiques du Pont sont les suivantes :
· Dimensions en plan : Lx=65m ; Ly=9,40m.
· Le pont est classé dans le groupe 2 : pont
important.
· Le pont est implanté dans une zone de moyenne
sismicité (zone ÉÉa).
· Les piles sont construites en béton armé et
sont encastrées à la semelle.
· Le tablier est constitué de six poutres en
béton précontraint pour chacune des deux travées
constituant le pont.
· Béton : la résistance à la
compression à 28 jours : 35 MPa béton des appuis.
· Module d'élasticité du béton : Ebc =
35981 MPa
· Armatures longitudinales et transversales en acier
FeE400
Figure 3.1 : Coupe longitudinale du pont
3.3. Evaluation des charges et des surcharges
Les charges et les surcharges agissants sur le pont sont
classées en trois catégories suivantes : - Les charges
permanentes (CP)
- Les charges complémentaires permanentes (CCP)
- Les surcharges routières
· Les charges permanentes (CP)
C'est le poids propre de la dalle+le poids propre des
poutres.
- Le poids propre d'une poutre = 1.47 t/ml
- Le poids propre de la dalle qui revient à une poutre =
0.75 t/ml
· Les charges permanentes complémentaires
(CCP) - poids total : Pccp= 3.33t/ml
· Evaluation des surcharges
D'après le règlement parasismique algérien
des ouvrages d'art, les surcharges à utilisées pour le
dimensionnement du pont sont les suivantes :
- Système A (L)
- Système BC
- Système militaire MC120
- Convoi D240
- Surcharges sur trottoirs
- Surcharges dues au vent et au séisme.
· Système A (L)
Le système A se compose d'une charge uniformément
répartie dont l'intensité dépend de la longueur «
L» chargée est donnée par la formule suivante [13]:
Al = a1 x a2 x A(L) avec : A(L) = 230 + A(L) = 1.04
t/m2.
|
36000
|
et L: c'est la portée du pont.
|
|
|
· Système B
Les charges du système BC sont pondérées
par un coefficient de majoration dynamique ä [13] :
äEF = 1 ~ ~.G
1 !B0.CA + 0.6
1+4 G
Si
L : portée du pont =32.4 m
G : charge permanente = 637 t
s : surcharges max = (2x30x2) = 120 t. bC = 1,10 pour deux voies
chargées. S1= s x bC= 120 x 1,10 =132 t.
· Système militaire MC120
Les ponts doivent être calculés pour supporter les
véhicules de type MC120, qui peuvent circuler en convois [13]
:
- Dans le sens transversal : un seul convoi.
- Dans le sens longitudinal : la distance libre entre leurs
points de contact et la chaussée devant être au moins égale
à 30.5m
Les charges militaires sont pondérées d'un
coefficient de majoration dynamique ä :
äMc12O = 1 ~ ~.G
1 !BO.CA + ~.@
!BGG
I
L : portée du pont =32.4 m
G : charge permanente = 637 t S=110 t
On trouve: äMcl2O = 1.082
· Convoi D240
C'est une charge de 240 t réparties uniformément.
Cette surcharge n'est pas pondérée d'un coefficient de majoration
dynamique [13].
qD240= 12.9 t/ml
· Surcharge sur trottoirs
Nous appliquons sur les trottoirs une charge uniforme
qtro=0.15t/m2 de façon à produire l'effet
maximal envisagé [13].
Les deux trottoirs peuvent ne pas être chargés
simultanément.
- 01 trottoir chargé : p1=0.15x1=0.15
t/ml
- 02 trottoirs chargés : p2=
0.15x2x1=0.3t/ml
3.4. Analyse de la structure
3.4.1. Modélisation de la structure
Pour les besoins de l'étude un modèle 3D en
éléments finis a été élaboré en
utilisant le logiciel de calcul SAP2000.
Les poutres et les piles ont été
modélisées comme étant des éléments FRAME,
la dalle par des éléments SHELL.
Les appareils d'appui ont été
modélisés par des éléments `LINK' pour la prise en
compte de leurs raideur propre afin d'approcher au mieux le comportement
réel de la structure. Le modèle ainsi obtenu comporte 2100 ddl,
243 éléments frame, 12 éléments link et 292
éléments shell.
Figure 3.2 : Vue 3D du pont à poutre
3.4.2. Analyse modale
Selon le RPOA tous les modes qui ont une contribution importante
à la réponse structurale totale doivent être pris en
compte.
Le critère ci-dessus est considéré comme
satisfait si la somme des «masses modales effectives», atteint pour
les modes considérés au moins 90 % de la masse totale du pont.
Le critère ci-dessus est également
considéré comme satisfait si cette somme atteint pour les modes
considérés au moins 70 % de la masse totale du pont, à
condition de considérer le mode résiduel qui tient compte des
modes négligés.
Pour notre structure cette condition est satisfaite à
partir du 3éme mode de vibration.
1er mode de vibration (T1=0.847s)
2éme mode de vibration (T1=0.842s)
3éme mode de vibration
(T1=0.840s) Figure 3.3 : Modes de
vibration du pont à poutre
Tableau 3.1 : Facteurs de participation
modale du pont à poutre
Modes
|
Période
|
UX
|
UY
|
ÓUX
|
ÓUY
|
|
%
|
%
|
%
|
%
|
Mode 1
|
0.847
|
80.27
|
16.06
|
80.27
|
16.06
|
Mode 2
|
0.842
|
0.44
|
1.15
|
80.71
|
17.21
|
Mode 3
|
0.840
|
15.51
|
78.88
|
96.22
|
96.10
|
|
3.4.3. Calcul au séisme selon RPOA
On a utilisé la méthode d'analyse du spectre de
réponse exigée par le RPOA, Cette méthode est basée
sur la combinaison des maximums des effets modaux engendrés dans la
structure par les forces sismiques représentées par un spectre de
réponse élastique donné par la formule ci-dessous :
Sae (T,î) (m/s2) =
|
T AgS(1+ WJ ' (2.5ij-1) 0~T~T1
SR 2.5i7A9S T1 ~ T ~ T2 2.5i7A9S #T2 W & TC ~ T ~
3.0 R 2.5~UV~ #3T2 Q WZ & 3.0s ~ T
|
P
|
|
· Paramètres du spectre de
calcul
D'après le RPOA les paramètres du spectre
élastique (Sae) sont les suivants :
- T1 = 0.15 sec & T2 = 0.4 sec. (Sol S2).
- S= 1.1 : Coefficient de site
- A= 0.25 : Coefficient d'accélération de zone.
- ç =1 : Facteur de correction d'amortissement [î =
5%].
Tableau 3.2 : Périodes et coefficients
du site en fonction du type de sol
. Site
|
S1
|
S2
|
S3
|
S4
|
T1
|
0.15
|
0.15
|
0.15
|
0.15
|
T2
|
0.30
|
0.40
|
0.50
|
0.70
|
S
|
1
|
1.1
|
1.2
|
1.3
|
|
Tableau 3.3 : Coefficient
d'accélération de zone (A)
Groupe de pont
|
Zone sismique
|
|
²²a
|
²²b
|
²²²
|
1
|
0.2
|
0.30
|
0.40
|
0.50
|
2
|
0.15
|
0.25
|
0.30
|
0.40
|
3
|
0.10
|
0.20
|
0.25
|
0.30
|
|
3.4.4. Calcul des efforts sismiques
Le tableau ci-dessous présente les efforts sismiques
obtenus selon les deux méthodes : Méthode RPOA (modale spectrale)
et la méthode conventionnelle.
La méthode conventionnelle calcule les efforts
sismiques forfaitairement par une approximation en multipliant la charge
permanente par un coefficient généralement pris égal
à 0,1 pour la charge horizontale et (1#177;0,07) pour la charge
verticale.
Tableau 3.4 : Les efforts sismiques
|
L'effort normal N (t) / FUT
|
Moment M (t. m) / FUT
|
Méthode Conventionnelle
|
197.5
|
140.5
|
Méthode RPOA
|
-35.7
|
109.4
|
|
3.5. Etude du fut
3.5.1. Les combinaisons des charges
Les combinaisons des charges sont obtenues en considérant
une action prépondérante accompagnée d'actions
concomitantes.
Les coefficients des majorations sont mentionnés dans le
tableau suivant :
Tableau 3.5 : Les coefficients de
majorations
Actions
|
ELA
|
Poids propre (G)
|
1
|
Surcharge A(L)
|
0.2
|
Système BC
|
0.2
|
Surcharge Militaire Mc120
|
0.2
|
Surcharge exceptionnelle D240
|
0.2
|
Surcharge Trottoirs (ST)
|
0.2
|
Freinage (F)
|
0.2
|
Séisme (E)
|
1
|
|
Les combinaisons utilisées sont
énumérées dans le tableau ci - dessous :
Tableau 3.6 : Les combinaisons des charges
Action prépondérante
|
Numéro de la combinaison
|
Combinaisons
|
ELA
|
01
|
G + E + 0.2 (A(L) + Fa+ ST)
|
|
G + E + 0.2 (BC + Fbc + ST)
|
|
G + E + 0.2 MC120
|
|
G + E + 0.2 D240
|
|
3.5.2. Efforts de dimensionnement
Les résultats de ces combinaisons des charges sont
illustrés dans le tableau suivant :
Tableau 3.7 : Les efforts engendrés
dans les piles sous les différentes combinaisons
Action prépondérante
|
Numéro de la combinaison
|
L'effort normal
N (t) / FUT
|
Moment M (t. m) / FUT
|
Section d'armatures
As (cm2)
|
ELA -méthode RPOA-
|
01
|
-13.64
|
95.07
|
51.85
|
|
-13.68
|
94.65
|
51.63
|
|
-14.80
|
95.36
|
52.30
|
|
-13.42
|
94.76
|
51.62
|
|
|
|
|
|
ELA
-méthode conventionnelle-
|
/
|
197.5
|
140.5
|
31.89
|
|
En comparant les résultats obtenus par les deux
méthodes, on constate que les efforts de dimensionnement obtenus par la
méthode modale-spectrale sont dans ce cas plus sécuritaire par
rapport à ceux obtenus par la méthode conventionnelle.
3.6. Etude paramétrique
Dans le but de quantifier l'implication de l'utilisation de la
méthode RPOA sur la conception et le dimensionnement de ce type de
pont (pont à poutre), on réalise une étude
paramétrique
pour voir la variation du rapport « effort
tranchant/poids de la structure » (V/W) en le comparant
avec celui utilisé par la méthode forfaitaire pris égal
à 0.1.
Les résultats obtenus sont illustrés dans un
graphe montrant la variation de V/W en fonction de la catégorie du sol
pour une zone de sismicité donnée (Z1, Z2a, Z2b,
ZÉÉÉ).
Tableau 3.8 : Valeurs de V/W en fonction du
site
|
V/W
|
SITE
|
Z1
|
Z2a
|
Z2b
|
ZÉÉÉ
|
S1
|
0.1
|
0.16
|
0.2
|
0.26
|
S2
|
0.15
|
0.24
|
0.29
|
0.39
|
S3
|
0.2
|
0.33
|
0.4
|
0.53
|
S4
|
0.3
|
0.5
|
0.6
|
0.8
|
|
0.9
V/W
0.8
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
Site
0 1 2 3 4 5
0.1
0
méthode forfaitaire Z1 Z2a Z2b
ZÉÉÉ
Figure 3.4 : Variation de V/W en fonction du
site selon la zone de sismicité
Les résultats obtenus montrent une variation croissante
du coefficient V/W variant de 0.1 à 0.8 qui représente un
rapport relativement élevée. Les efforts engendrés dans la
structure obtenus par la méthode RPOA seront donc plus
sécuritaires par rapport à ceux de la méthode
forfaitaire. Ainsi on constate que cette dernière ne
couvre que les cas des ponts en zone 1 sur le site S1.
Il est à noter que ces résultats sont propres
à un cas de pont d'une période fondamentale située
dans l'intervalle (T2 ~ T ~ 3s) d'une catégorie de sol
S2.
Pour généraliser cette conclusion, on
étudie les variations des rapports des valeurs spectrales (S4/S3, S4/S2,
et S4/S1) et on trace les courbes correspondantes en fonction de la
période.
3.0000
2.5000
2.0000
1.5000
1.0000
S4/S3 S4/S2 S4/S1
0.5000
0.0000
T (période)
0 1 2 3 4 5 6
3.5000
S4/Sn
Figure 3.5 : rapports des valeurs spectrales
(S4/S3, S4/S2, et S4/S1) en fonction des périodes
On remarque que ces rapports sont proches (< 1.3) pour les
courtes périodes (0s ~ T ~ 0,5s)
et augmente linéairement dans l'intervalle (0,5s ~ T ~
0,8s), pour atteindre le seuil de 3 pour
le rapport S4/S1 dans les moyennes à longues
périodes (T>1).
Ces résultats montrent que l'effet du sol devient
très important pour les ponts à périodes
supérieures à 1s où les accélérations
spectrales de calcul d'un pont implanté sur un sol S4 est 1,5 fois
celles d'un sol S3, deux fois celles d'un sol S2 et trois fois celles d'un sol
S1.
3.7. Conclusion
Dans ce chapitre, une analyse linéaire d'un pont à
poutre à été effectuée selon les recommandations du
nouveau règlement RPOA 2008.
En comparant les efforts obtenus par la méthode RPOA
avec ceux de la méthode conventionnelle on déduit que les forces
sismiques de calcul selon la méthode RPOA sont plus importantes par
rapport à celles de la méthode forfaitaire.
Dans le but de quantifier l'implication de l'utilisation de
la méthode RPOA sur la conception et le dimensionnement de ce type de
pont (pont à poutre), on réalise une étude
paramétrique montrant la variation du rapport V/W en fonction de la
catégorie du sol et de la zone de sismicité.
Les résultats montrent que la méthode
forfaitaire ne couvre que les cas de ponts en zone1 sur le site S1, avec un
rapport V/W obtenu par la méthode RPOA relativement élevé
pouvant atteindre 0,8 pour le cas le plus défavorable (site S4, zone
ÉÉÉ).
De ce faite, les efforts engendrés par la méthode
RPOA concernant ce type de ponts (pont à poutre) seront alors plus
sécuritaires que ceux obtenus par la méthode forfaitaire.
Afin de généraliser cette conclusion, une
étude sur la variation des rapports (Sn/S4) a démontré que
l'effet du sol devient un paramètre très important pour les ponts
à périodes supérieures à 0.8s comme tel est le cas
dans cette étude où la période du pont
étudié est de 0,84s.
CHAPITRE 4 : ANALYSE NON LINEAIRE D'UN PONT A
VOUSSOIR
CHAPITRE 4 : ANALYSE NON LINEAIRE D'UN PONT A
VOUSSOIR
4.1.Introduction
Ce chapitre traite le comportement structural sous
sollicitation sismique d'un pont à voussoir, et ce en utilisant la
démarche du dimensionnement en capacité conformément au
règlement parasismique des ouvrages d'art (RPOA) , avec la conception
d'appuis ductiles qui se traduit par la formation des rotules plastiques qui
doit être confirmé par calcul en utilisant les deux
méthodes d'analyses « push-over » et « l'analyse
dynamique non linéaire » .
Les efforts obtenus par l'analyse linéaire
élastique peuvent dans ce cas être réduits en les divisant
par un coefficient de comportement « q » dont la valeur est
supérieure à 1 lors de la formation des rotules plastiques de
flexion pour un comportement ductile de la structure.
Dans le but d'évaluer la performance
post-élastique du pont à voussoir conçu
conformément au RPOA 2008, une analyse dynamique non linéaire est
effectuée.
4.2.Présentation de la structure
étudiée
La structure analysée est un pont à voussoir
classé selon le RPOA dans la catégorie des ponts importants,
implanté en zone de forte sismicité.
Les caractéristiques du Pont sont les suivantes :
· Dimensions en plan : Lx=510m ; Ly=13,5m.
· Le pont est classé dans le groupe 2 : pont
important.
· Le pont est implanté dans une zone de forte
sismicité (zone ÉÉÉ).
· Les piles sont construites en béton armé et
sont encastrées à la semelle et au tablier, les semelles sont
fondées sur un groupe de pieux de diamètre de 1,2m.
· Le tablier précontraint est constitué d'une
poutre continue sur six travées constituées d'un caisson à
trois âmes.
Les caractéristiques mécaniques des
matériaux du Pont sont fixées comme suit :
· Béton : la résistance à la
compression à 28 jours : { 35 MPa béton caisson
27 MPa béton des appuis
· Module d'élasticité du béton : (abM
= 35981 MPa
Eba = 33000 MPa
· Armatures longitudinales et transversales en acier FeE400
4.3. Modélisation et analyse modale de la
structure
Nous avons utilisé pour cette analyse statique non
linéaire de poussée progressive « Pushover » le
logiciel SAP 2000 non linéaire version 12.0.0.
Les piles sont modélisées comme étant
des éléments «Frame», la dalle et les
éléments constituant le tablier comme étant des
éléments «Shell» et les appareils d'appuis par des
éléments «Springs».
Les noeuds plastiques pour l'analyse pushover ont
été définis comme étant des « Rotules »
dont la position est en pied et en tête des piles, avec des courbes
d'interactions Effort Normal-Moment Fléchissant (P-M) unidirectionnel
selon le sens de l'excitation.
Le modèle 3D de notre structure est comme le montre la
figure 4.1 ci-dessous ;
Les résultats de l'analyse modale de l'ouvrage sont
présentés dans le tableau suivant :
Tableau 4.1 : Facteurs de participation modale
du pont à voussoir
Modes
|
Période
|
UX
|
UY
|
ÓUX
|
ÓUY
|
|
%
|
%
|
%
|
%
|
Mode 1
|
1.9411
|
50.26
|
0.00
|
50
|
0
|
Mode 2
|
1.8218
|
0.00
|
7.89
|
50
|
8
|
Mode 3
|
1.6696
|
8.07
|
0.00
|
58
|
8
|
Mode 4
|
1.4091
|
3.54
|
0.00
|
62
|
8
|
Mode 5
|
1.3659
|
0.00
|
5.42
|
62
|
13
|
Mode 6
|
1.2328
|
0.81
|
0.00
|
63
|
13
|
Mode 7
|
1.2274
|
0.00
|
84.01
|
63
|
97
|
Mode 8
|
1.0900
|
14.44
|
0.00
|
77
|
97
|
Mode 9
|
1.0065
|
0.00
|
2.10
|
77
|
99
|
Mode 10
|
0.8814
|
0.17
|
0.00
|
77
|
99
|
Mode 11
|
0.8372
|
9.75
|
0.00
|
87
|
99
|
Mode 12
|
0.8283
|
0.00
|
0.15
|
87
|
100
|
Mode 13
|
0.7622
|
2.01
|
0.00
|
89
|
100
|
Mode 14
|
0.6116
|
3.62
|
0.00
|
93
|
100
|
|
1er mode de vibration (T1=1.94s)
7éme mode de vibration (T1=1.22s)
Figure 4.2 : Modes de vibration du pont
à voussoir
Tous les modes ayant une contribution importante à la
réponse structurale totale ont été pris en compte tel que
préconisé par le RPOA. La somme des masses modales effectives
atteint pour les modes considérés au moins 90% de la masse totale
du pont.
4.4. Analyse par poussée progressive
(pushover)
L'analyse 'pushover' est une procédure statique
non-linéaire dans laquelle la structure subit des charges
latérales suivant un certain modèle prédéfini en
augmentant l'intensité des charges jusqu'à ce que les modes de
ruine commencent à apparaître dans la structure [15].
Les résultats de cette analyse sont
représentés sous forme de courbe qui relie l'effort tranchant
à la base en fonction du déplacement du sommet de la
structure.
Figure 4.3 : Signification physique de la
courbe de capacité
4.4.1. But de l'analyse pushover
Le but de l'analyse pushover est de décrire le
comportement réel de la structure et d'évaluer les
différents paramètres en termes de sollicitations et
déplacements dans les éléments de la structure.
L'analyse pushover est supposée fournir des informations
sur plusieurs caractéristiques de la réponse qui ne peuvent
être obtenues par une simple analyse élastique [16], on cite :
· L'estimation des déformations dans le cas
des éléments qui doivent subir des déformations
inélastiques afin de dissiper de l'énergie communiquée
à la structure par le mouvement du sol.
· La détermination des sollicitations
réelles sur les éléments fragiles, telles que les
sollicitations sur les assemblages de contreventements, les sollicitations
axiales sur les poteaux, les moments sur les jonctions poteau-poutre, les
sollicitations de cisaillement.
· Les conséquences de la
détérioration de la résistance des éléments
sur le comportement global de la structure ce qui permet de déterminer
les points forts et les points faibles de notre structure.
· L'identification des zones critiques dans lesquelles les
déformations sont supposées être grandes.
· L'identification des discontinuités de
résistance en plan et en élévation qui entraînent
des variations dans les caractéristiques dynamiques dans le domaine
inélastique.
· L'estimation des déplacements qui tiennent compte
des discontinuités de la rigidité et de la résistance qui
peut être utilisés dans le contrôle de l'endommagement.
Tous ces points sont utilisés dans le cas de calcul en
capacité pour s'assurer que la séquence de formation des rotules
plastiques est conforme aux hypothèses de la conception.
4.4.2. Niveaux de performance
Les niveaux de performance sont décrits par une courbe de
capacité (Figure 4.4) composée de quatre segments, chaque segment
correspond à une étape d'endommagement.
a) Le premier niveau : correspond au
comportement élastique de la structure et représente le niveau de
conception parasismique habituel. Il indique par conséquent un
état d'endommagement superficiel (ou bien de non endommagement).
b) Le deuxième niveau :
d'endommagement correspond à un niveau de dommage
contrôlé. La stabilité de la structure n'est pas en danger,
mais toutefois un endommagement mineur est susceptible de se
développer.
c) Le troisième niveau :
représente un état d'endommagement avancé, sa
stabilité étant en danger. Au delà de ce niveau, la
structure est susceptible à l'effondrement, ne présentant aucune
capacité de résistance.
4.4.3. Critères de performance
Pour l'évaluation du niveau de performance de la
structure, on présente les niveaux de dommages spécifiques aux
ponts selon l'ATC 32 qui sont les suivants :
· Dommages minimaux
Bien qu'une réponse post-élastique puisse se
produire, la structure ne subira pas de déformations permanentes.
· Dommages réparables
La structure sera sollicitée dans le domaine plastique
ayant pour résultat : la fissuration du béton, la plastification
des aciers et l'éclatement du béton d'enrobage.
L'ampleur des dommages doit être limitée de
manière que la structure retrouve son état d'avant séisme
sans avoir à remplacé le ferraillage ou les
éléments structuraux. La réparation ne devrait pas exiger
la fermeture, et le pont doit rester fonctionnel.
· Dommages significatifs
Bien qu'il n'y ait aucun effondrement, la structure subit des
dommages importants qui peuvent exigées sa fermeture pour la
réparation.
Le remplacement partiel ou complet des éléments
structuraux peut s'avérer nécessaire. Au-delà de ce niveau
de dommages la structure subira la ruine totale.
Ainsi, Les critères d'acceptation des performances
proposés par FEMA 273 (1997) seront mis en application pour
évaluer les niveaux de performances [17] comme suit :
· Le premier niveau de dommages (Dommages
minimaux) correspond à un niveau de performance de la structure
: Immediate Occupancy «IO».
· Le deuxième niveau de dommages (Dommages
réparables) correspond à un niveau de performance de la
structure : Life Safety «LS».
· Le troisième niveau de dommages (Dommages
significatifs) correspond à un niveau de performance de la
structure : Collapse Prevention «CP».
4.4.4. Analyse et interprétation des
résultats
Une analyse pushover est réalisée sur un pont
à voussoir afin de déterminer le comportement de ce type de
structure sollicité par un chargement sismique, et une étude
d'évaluation des demandes sismiques sera faite avec une
vérification des niveaux de performance.
Les résultats de l'analyse push-over sont
montrés sous forme d'un graphe qui exprime la variation de l'effort
tranchant à la base de la structure en fonction du déplacement au
sommet selon les deux directions (x-x) et (y-y).
· Sens x-x
· Sens y-y
Figure 4.5 : Courbes push-over effort tranchant
à la base-déplacement au sommet
D'après les graphes ci-dessus on distingue clairement
deux phases par lesquelles passe notre structure, la première phase
étant la phase élastique caractérisé par une ligne
droite qui continue jusqu'à une limite de l'effort tranchant à la
base et un déplacement au sommet égale à (110169
KN,0.035m) et (61690 KN,0.026 m) pour le sens (x-x) et (y-y) respectivement.
La deuxième phase ou on remarque que la courbe
continue presque à l'horizontal, ce qui signifie que plusieurs zones
atteignent leurs limites élastiques et passe dans le domaine
postélastique avec la formation des rotules plastiques.
Dans le sens (x-x) la courbe est caractérisé par
un passage brusque du domaine élastique au domaine plastique ce qui
indique la formation simultané de plusieurs noeuds plastiques.
Dans le sens (y-y) le passage progressif vers le domaine
plastique nous indique une succession dans la formation des noeuds
plastiques.
On traçant les courbes de fragilité selon les
deux sens (x-x) et (y-y) on détermine le niveau de performance de la
structure comme suit :
· Sens x-x
· Sens y-y
Figure 4.6 : Courbes de fragilité
D'après l'analyse suivant les deux sens (x-x) et (y-y)
on constate que la structure se situe dans un niveau de performance
Collapse Prevention «CP» dans le premier sens, et
Immediate Occupancy «IO» selon le deuxième
sens.
Cette analyse, nous permet de dire que la structure n'arrive
pas à l'état de ruine mais peut subir des dommages importants
nécessitant sa fermeture pour la réparation et le remplacement
d'un ou de plusieurs éléments structuraux.
Les figures ci-après nous montrent la propagation des
rotules plastiques dans les piles selon les deux directions du
séisme.
· Sens x-x
·
Sens y-y
D'après cette analyse on conclue que :
1- La déformation post-élastique de la
structure dans le sens (x-x) transversal est plus prononcée que celle du
sens (y-y) longitudinal avec l'apparition des mécanismes de ruine dans
certains éléments.
2- l'apparition des rotules plastiques à la base de
notre structure au niveau des piles confirme notre hypothèse selon
laquelle ces mécanismes se forment en tête ou en pied des piles
qui sont encastré-encastré.
3- La constatation précédente est très
importante car elle confirme l'incursion de la structure dans le domaine
post-élastique, ce qui justifie le dimensionnement en capacité de
la structure tel que préconisé par le RPOA dans ce cas.
4.5. Analyse dynamique non linéaire
L'analyse dynamique non linéaire est une analyse
très laborieuse mais fiable dans l'évaluation des dommages
structuraux, et particulièrement pour la détermination des modes
de ruines. Cette analyse est élaborée dans la plupart des cas en
utilisant la méthode d'intégration directe pas à pas de
l'algorithme Newmark - Beta [19]. Le changement des propriétés
des matériaux est très facile à incorporer, et les
déformations internes des éléments sont
modélisées par des lois de comportement simulant la
dégradation et la détérioration de la rigidité et
la résistance des éléments structuraux.
Le but de cette analyse est d'évaluer la performance et
le comportement post élastique, ainsi que l'identification des
mécanismes de ruine de cette structure sous l'effet des sollicitations
sismiques à des intensités croissantes.
4.5.1. Modèle d'hystérésis
La réponse des éléments en béton
armée sous des chargements cycliques quelconques est souvent
caractérisée par des courbes de lois de comportement
communément connues sous le nom de « courbes
d'hystérésis ». Ces courbes décrivent les relations
forces-déformations au niveau des noeuds plastiques.
En fait, il existe plusieurs types de courbes
d'hystérésis qui peuvent décrire la propagation de la
dégradation des éléments structuraux jusqu'à la
rupture. Pour les piles de ponts on adopte les courbes
d'hystérésis avec pincement intégrant des coefficients de
dégradation de la rigidité, la résistance et
l'adhérence acier-béton.
Dans cette catégorie de courbe on distingue deux types,
le premier type est employé lorsqu'on a une dégradation de la
résistance de l'élément et le deuxième est
employé lorsqu'on a une dégradation de la résistance et de
la rigidité comme le montre les figures suivantes :
Figure 4.8 : Courbes
d'hystérésis d'une structure ductile
Figure 4.9 : Courbes
d'hystérésis d'une structure fragile
Dans cette étude on modélise les noeuds plastiques
par des éléments «link element» avec une courbe
multilinéaire à pivot (SAP 2000).
Figure 4.10 : Modèle link
multilinéaire plastique avec pivot
Avec :
- P1, P2, P3, P4 : Points primaires.
- PP2, PP4 : Points de pincement.
- á1, á2, â1, â2 : Paramètres de
dégradation de la résistance. - Fy1, Fy2 : Limite
élastique.
4.5.2. Détermination du chargement sismique
L'étape la plus délicate dans une analyse dynamique
inélastique est la détermination du chargement dynamique.
Le chargement est introduit sous forme d'une
accélération appliquée à la base de l'ouvrage. On
se limite dans cette étude à l'introduction de la composante E-W
de l'accélérogramme enregistré lors du séisme du 21
Mai 2003 à Dar El Beida. L'accélération maximale (PGA) est
de 0,54g.
Figure 4.11 : Accélérogramme du
séisme du 21 Mai 2003 station Dar El Beida
4.5.3. Analyse et interprétation des
résultats
La performance du pont est évaluée en fonction des
réponses structurelles suivantes : - Formation des noeuds
plastiques
La position des noeuds plastiques ainsi que les courbes
d'hystérésis les plus représentatives de la variation du
moment à la base des piles en fonction de la rotation sont
représentées sur les figures suivantes :
· Selon x-x (Direction transversale du
pont)
0.54 g
Moment-KNm-
Rotation-rad-
Figure 4.13 : Courbe (M-Ø) d'une pile
de pont avec PGA=0.54g (LINK 5)
· Selon y-y (Direction longitudinale du
pont)
0.54 g
Moment-KNm-
Rotation-rad-
Figure 4.14 : Courbe (M-Ø) d'une pile
de pont avec PGA=0.54g (LINK 5)
D'après les courbes d'hystérésis obtenues
par l'analyse on peut déduire qu'il ya bien formation de rotules
plastiques au niveau de la base des piles avec une bonne dissipation
d'énergie par effet d'Hystérésis. La forme des courbes
d'hystérésis est assez stable et reflète un comportement
d'une structure ductile.
- Déplacement longitudinal et
transversal
En traçant les courbes de déformations en
fonction du temps des noeuds plastiques (Figure 4.15), on remarque que
malgré l'incursion profonde dans le domaine plastique les courbes ne
comportent pas de déformations résiduelles, ce qui
témoigne d'une bonne réserve élastique capable de ramener
la structure vers sa position d'équilibre.
· Selon x-x (Direction transversale du
pont)
·
0
Rotation
-0.00005
0.0001
0.00005
25 30
10
15
20
5
-0.0001
-0.00015
Temps (T)
Temps (T)
Rotation
-0.00002
-0.00004
-0.00006
0.00008
0.00006
0.00004
0.00002
0
5
20
25 30
10 15
Selon y-y (Direction longitudinale du pont)
- Courbes d'énergies
Les courbes d'énergie en fonction du temps montrent la
performance de la structure à transformer l'énergie induite par
le séisme.
|
Energie hystérésis Energie Totale Energie
d'Amortissement Modal
|
Figure 4.16 : Courbes des Energies
On remarque que la courbe d'énergie totale comporte des
fluctuations et des pics indiquant qu'une partie de l'énergie a
été temporairement emmagasiner sous forme d'énergie
cinétique (accélération et vitesses des masses) et
restituer en énergie de potentiel sous forme de déformations
élastique avant d'être efficacement dissiper par les
mécanismes de dissipation visqueux(modale) et surtout par effet
hystérésis durant les incursions dans le domaine plastique.
On constate aussi que l'énergie dissipé par effet
hystérésis est beaucoup plus importante que celle de
l'énergie dissipé par l'amortissement modal.
4.5.4. Etude incrémentale
Une étude incrémentale a été
effectuée dans le but d'évaluer la performance
post-élastique de la structure à des intensités
croissantes. L'accélérogramme est pondéré par des
coefficients multiplicatifs afin d'obtenir des seuils
d'accélération maximales (PGA) variant de 0.05g à 1.2g qui
permettent de balayer le domaine élastique et post-élastique du
pont.
On obtient alors les courbes (IDA) en traçant les
valeurs maximales de l'effort tranchant à la base et les
déplacements correspondants pour les deux directions transversales et
longitudinales du pont comme le montre les figures suivantes :
140000
120000
1.2g
1.0g
0.5g
0.3g
0.2g
Effort tranchant a la base (KN)
100000
80000
60000
40000
20000
0
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12 0.14
Déplacement au sommet (m)
Figure 4.17 : Courbe IDA selon la direction
transversale du pont
71
0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0.06 0.07 0.08 0.09
Déplacement au sommet (m)
Effort tranchant a la base (KN)
120000
100000
80000
1.0g
0.5g
1.2g
0. 3g
0.2g
60000
40000
20000
0
Figure 4.18 : Courbe IDA selon la direction
longitudinale du pont
De part l'allure des courbes obtenues on distingue clairement
les deux phases par lesquelles passe la structure, à savoir la
première phase élastique qui est caractérisée par
une ligne droite jusqu'à une accélération de 0,5g ou la
courbe continue plus ou moins horizontalement ce qui signifie que la structure
passe dans le domaine post-élastique.
Enfin, une comparaison entre les résultats de l'analyse
push-over et ceux de l'analyse dynamique non linéaire s'avère
judicieuse et nous permet de confirmé les résultats. On superpose
alors les courbes IDA des deux analyses comme présenté par les
figures suivantes :
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12 0.14
Déplacement au sommet (m)
Pushover Dynamique NL
Effort tranchant a Ia base (KN)
140000
120000
100000
40000
80000
60000
20000
0
120000 Pushover Dynamique
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1
Déplacement au sommet (m)
Effort tranchant a Ia base(KN)
100000
40000
80000
60000
20000
0
Figure 4.19 : Comparaison des résultats
de l'analyse dynamique non linéaire et ceux de l'analyse statique non
linéaire -Direction transversale du pont-
D'une manière générale, on constate une
bonne concordance entre les courbes avec un léger décalage. Les
résistances ultimes et les paliers de ductilité sont assez
proches.
Néanmoins, on remarque pour la courbe de la direction
longitudinale que la valeur de la résistance ultime prédite par
l'analyse dynamique non linéaire et de 30% plus grande que celle obtenue
par l'analyse statique non linéaire.
La différence peut s'expliqué par l'effet de
réversibilité de la charge dynamique qui conduit la structure
à revenir à sa position initiale.
4.6. Conclusion
Les résultats obtenus par la méthode d'analyse
«push-over» conforte l'hypothèse selon laquelle la formation
des rotules plastiques au niveau des piles se produit comme conçues
lorsque le pont est sollicité au-delà de sa limite
élastique.
L'analyse «push-over» nous a permis de
décrire le comportement réel de la structure et de suivre le
développement des mécanismes de ruines dans les
éléments ainsi que l'évaluation des dommages
structuraux.
Les résultats de l'étude dynamique non
linéaire ont montré que le pont qui a été
conçu conformément au RPOA a exhibé une bonne performance
sismique caractérisée par une capacité de dissipation
d'énergie appréciable et une réserve élastique dans
le palier de ductilité suffisante pour minimiser les déformations
résiduelles.
L'analyse dynamique non linéaire nous a permis de
suivre le développement des efforts dans les éléments
structuraux et de constater la dégradation et la
détérioration de leur rigidité et de la résistance,
et nous a renseignés sur la capacité de la structure à
dissiper de l'énergie par effet d'hystérésis.
En comparant les résultats obtenus par les deux
analyses, on a constaté une bonne concordance avec de
légères différences qui peuvent être
attribuées à l'effet de réversibilité de la charge
dynamique qui conduit la structure à revenir à son état
d'équilibre.
CONCLUSION GENERALE
Les ponts sont des infrastructures d'une grande importance
dans le système routier d'un pays, leur bon fonctionnement doit
être assuré, ce qui impose la nécessité
d'améliorer leur comportement sismique.
Dés lors, le secteur des travaux publics en
Algérie a pris en charge l'élaboration d'un
référentiel pour la conception sismique de ces ouvrages
désigné sous le nom de : « Règles Parasismiques
Applicables au domaine des ouvrages d'art » RPOA 2008.
Un organigramme illustrant les différentes parties du
code RPOA concernant les tunnels, les ponts neufs et les ponts existants a
été développé pour mettre en évidence les
différentes étapes de calcul et d'analyse.
Ce travail s'articule sur deux cas d'études de ponts parmi
les plus fréquemment utilisés, choisis pour couvrir les deux cas
de dimensionnement possible (élastique et plastique).
Ces études effectuées conformément aux
recommandations du nouveau règlement servent de guide et permettent de
faire une évaluation de ce code par rapport à la méthode
conventionnelle.
Pour le premier cas d'étude on procède à
une conception élastique d'un pont à poutre, pour des efforts
calculés grâce à un modèle parfaitement
élastique. C'est en général le cas pour des piles de pont
surmontées par des élastomères frettés tel que
préconisé par le RPOA.
Les résultats de l'analyse ont montré que les
forces sismiques de calcul selon la méthode RPOA sont plus importantes
par rapport à ceux de la méthode forfaitaire, qui ne couvre en
réalité que les ponts implantés en zone 1 sur le site
S1.
De ce faite, les efforts engendrés par la méthode
RPOA concernant ce type de ponts (pont à poutres) seront alors plus
sécuritaires que ceux obtenus par la méthode forfaitaire.
Pour le deuxième cas d'étude d'un pont à
voussoir, on a opté pour une conception plastique en utilisant la
méthode du dimensionnement en capacité. Le principe de base du
dimensionnement en capacité est de choisir les endroits où les
déformations plastiques
doivent se concentrer (rotules plastiques) en cas de
séisme pour un comportement ductile de la structure.
Ces zones sont conçues de manière à ce
qu'elles puissent supporter ces déformations, sans menacer la
capacité de la structure à supporter les charges gravitaires. Le
reste de la structure, en particulier les zones adjacentes aux rotules
plastiques, est renforcé pour garantir son maintien dans le domaine
élastique. De cette manière, une hiérarchie claire des
résistances est établie. Cette hiérarchie prévient
les plastifications intempestives et garantit un comportement sismique
favorable de la structure
Les efforts réels se trouvent alors
écrêtées par la formation de "rotules plastiques" dans la
structure. La prise en compte des zones plastifiées se fait par
l'introduction d'un coefficient de comportement venant réduire les
efforts calculés.
Insistons sur le fait qu'il s'agit d'une méthode de
dimensionnement et non d'une technique de vérification. Le
règlement impose seulement de vérifier que sous les efforts ainsi
calculés, il ya bien formation de rotules plastiques.
Cette vérification a été faite par les
deux analyses « pushover » et « dynamique non linéaire
» qui décrivent le comportement post-élastique du pont
étudié jusqu'au développement des mécanismes de
ruines.
Ces analyses ont montré le bon comportement
post-élastique du pont conçu conformément au
règlement RPOA 2008 à travers les courbes d'énergies qui
ont montré la capacité de ce pont à dissiper
l'énergie induite par l'excitation sismique par effet
hystérésis, et ont permis de mettre en évidence le palier
de ductilité à travers les courbes de capacité de
l'analyse push over.
Recommandations
Afin d'assurer la continuité de ce travail, on propose
pour d'éventuels futurs travaux de recherches d'aborder les aspects
suivants :
- Comparaison des forces sismiques de calcul RPOA avec celles des
autres codes dans d'autres régions (pays).
- Etudes d'autres types de ponts.
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