Services d'accueils Bibliothèque Nationale
Universitaire de Turin Du 28 mars au 27 juin 2011
Services d'accueils Bibliothèque Nationale
Universitaire de Turin Du 28 mars au 27 juin 2011
Les étudiants et l'usage des services
d'accueil de la
Bibliothèque Nationale Universitaire de
Turin
Mots clés
Bibliothèque Nationale (p.8) :
Bibliothèque créée par un État, principalement pour
conserver et cataloguer la production éditoriale nationale ou
régionale. La BNUT et neuf autres bibliothèque italiennes sont
placées sous tutelle du Ministère des Biens Culturels et ont pour
missions de contribuer à la préservation et à la
sauvegarde du patrimoine historique et artistique de la nation.
Accès ( p.7) : L'accès à
la bibliothèque est la première voie vers la
démocratisation des savoirs. Le modèle de bibliothèque
démocratique est aujourd'hui appliqué à la BNUT et s'est
substitué au modèle de bibliothèque aristocratique et
savante (petit nombre de lecteurs) vers l'accueil de publics homogènes :
actifs, non actifs, lycéens, étudiants universitaires
"potentiels" et "réels" de premier cycle, de deuxième cycle, de
licence, de maîtrise, chercheurs et étrangers.
Politiques d'accueil (p.6) : L'accueil est le
premier des services rendus en bibliothèque. La BNUT doit, par la mise
en place d'une nouvelle politique d'accueil des publics, trouver une juste
démarche d'accès sans perdre sa visée
d'émancipation et sans exclure une partie de sa population. L'accueil en
bibliothèque doit aussi passer par la médiation et le
renseignement : avoir accès à l'information, se repérer
dans la recherche bibliographique. Le bibliothécaire d'aujourd'hui doit
avoir un rôle de médiation et empêcher la
méconnaissance des outils et des différents fonds de la
bibliothèque.
Publics-cible (p.12) :
Public identifié et ciblé par la bibliothèque et
auquel on proposera une politique d'accueil spécifique. Dans le cas de
la BNUT, il s'agit des publics étudiants qui fréquentent
aujourd'hui de plus en plus ses locaux.
Coexistence des publics (p.16) : La BNUT,
comme les bibliothèques d'études, réfléchit sur les
façons de faire cohabiter des publics aux usages plus diversifiés
qu'autrefois, afin d'éviter qu'un nouveau public en chasse d'autres. Le
passage de la fréquentation des locaux par une « élite
» s'est aujourd'hui renversée, conduisant les habitués
à ne plus avoir de repères et à être
désorientés par un espace, autrefois silencieux,
réservé à l'étude, aujourd'hui centre de pratiques
culturelles diversifiées. Aujourd'hui, les usagers voient la BNUT comme
un lieu de rencontre, d'amitié, d'accès à internet, tandis
que les autres la considèrent un lieu d'étude sacré.
Espace (p.23) : La BNUT, à l'image de
la BNF (rez-de-jardin) et de la BPI a décloisonné ses espaces
grâce à la mise en place d'une politique d'accueil de
démocratisation de son accès. Le bruit
généré par un tel décloisonnement questionne
l'absence de salle de travail collectifs, d'espaces conviviaux pour les
lycéens et les étudiants, mais aussi l'absence de salles
isolées pour la recherche.
enquête quantitative (p. 9) :
L'enquête quantitative s'adresse à un échantillon
représentatif de la population étudiée et permet d'obtenir
des information généralisables à l'ensemble de la
population. Ces enquêtes visent habituellement à quantifier, sous
la forme de sondage, les opinions, les préférences, les usages et
la satisfaction.
enquête qualitative (p.9) :
L'étude qualitative est complémentaire à
l'étude quantitative et est une étude destinée à
recueillir des éléments qualitatifs, qui sont le plus souvent non
directement chiffrables par les individus interrogés ou
étudiés. Elles sont le plus souvent réalisées par
des entretiens collectifs ou individuels menés auprès
d'échantillons réduits.
SPHINX (p.15) : Le logiciel
SPHINX permet de réaliser des enquêtes satisfaction, de
qualité et d'accéder à toutes les méthodes de
collecte, d'analyse quantitatives et qualitatives (SPHINX Manager :
gestion-stock, 2007). Le logiciel permet l'élaboration du questionnaire
avec plusieurs type de questions : ouvertes, fermées, à
échelles, choix multiples, mais aussi textes. Ses autres fonctions sont
la collecte des données et leur dépouillement et l'étude
des statistiques par les graphiques et les analyses croisées. Le
logiciel permet aussi la construction de tableaux de bord, afin de filtrer les
différentes strates des publics étudiés et de constituer
une synthèse des différentes statistiques et graphiques.
collections (p.27) : A
l'instar des bibliothèques anglaises ou scandinaves, les
bibliothèques françaises et italiennes remettent en cause leur
modèle et leurs collections. La BNUT, par un projet de scaffale
aperte (étagères en libre-service) tente de rendre visible
ses documents et réfléchit, comme les Idea store
londoniens, à la façon dont elles pourraient démocratiser
ses savoirs. Mais ce nouveau modèle de bibliothèque est
d'habitude appliqué par les bibliothèques municipales, voir
universitaires. La BNUT de Turin connaissant actuellement une période de
crise du prêt et de la consultation, avec des fonds modernes et anciens
prestigieux essaie donc de mettre en scène ses collections.
Digitalisation (p.19) : Les collections de la
bibliothèque sont aujourd'hui divisé en deux espaces : ressources
bibliographiques et ressources digitales. Mais la BNUT est en retard sur la
digitalisation de ses fonds patrimoniaux, restreinte aujourd'hui. Elle a par
contre aujourd'hui développé d'autres formes de digitalisation
(ressources bibliographiques en ligne par l'OPAC, Librilinea et SBN) et elle
réfléchit actuellement à de nouveaux espace digitaux,
notamment par le web 2.0.
Bibliothèque troisième lieu
(p.30) : Notion forgée au début des
années 1980 par Ray Oldenburg, qui se distingue du premier lieu,
sphère du foyer et du deuxième, domaine du travail,
dédié à la communauté. Le troisième lieu se
rapporte à des espaces où les individus peuvent se rencontrer et
échanger. La BNUT a décidé d'appliquer ce concept à
ses différents espaces et publics, suivant le modèle des Idea
store londoniens, c'est-à-dire par la création de nouveaux
espaces, de nouvelles ressources bibliographiques ou ressources
numériques, pour des publics diversifiés.
Sigles
BN : Bibliothèque Nationale (p.3)
BNUT : Bibliothèque Nationale Universitaire de Turin (p.
6) BPI : Bibliothèque Publique d'Information (p.3)
BNF : Bibliothèque Nationale de France (p.2)
ISTAT : Istituto Nazionale di Statistica : Institut
National de Statistique italien (p.12)
MIBAC : Ministère National pour les Biens et les
Activités Culturelles (p .8)
MCC : Ministère de la Culture et de la Communication
(p.7)
CREDOC : Centre de Recherche pour l'Étude, la
Documentation et l'Observation des Conditions de vie (p.7) INSEE : Institut
National de la Statistique et des Études (p.7)
IFLA : International Federation of Library (p.23)
Remerciements
Je tiens à remercier particulièrement, Martine
Poulain, ma responsable de stage, pour son soutien et ses questions, qui m'ont
permis de préciser l'orientation de mon sujet, Gabriella Mossetto, pour
sa générosité, sa gentillesse, son écoute et
l'accueil qu'elle réserve aux stagiaires de la BNUT, Roberto Di Carlo,
le Directeur de la BNUT, pour ses précisions sur le projet de
restructuration et pour m'avoir permis de réaliser deux enquêtes
successives. Je remercie aussi tous les membres des différents secteurs,
pour l'explication qu'ils m'ont donné du fonctionnement de la
bibliothèque, mais aussi, l'apprentissage du métier qu'ils m'ont
permis de réaliser à leur côté, s'agissant des
différents secteurs d'accueil des publics, c'est-à-dire des
salles d'accueil, de consultation, de distribution, et prêt, mais aussi
les membres du magasins, de la salle des manuscrits ou du catalogage.
J.R.
I] Les grandes bibliothèques italiennes et la
Bibliothèque Nationale Universitaire de Turin 3
1) Les bibliothèques nationales italiennes 3
a) Les origines 3
b) L'ordonnance des bibliothèques publiques
d'État et leur cadre législatif 3
2) La Bibliothèque Nationale Universitaire de Turin :
la singularité d'une bibliothèque de grande
envergure 4
a) Histoire 4
b) Vers une démocratisation de la BNUT : du public
aux publics 5
II] Les enjeux d'une enquête sur les publics
étudiants de la BNUT 7
1) L'enquête, un instrument pour les
bibliothécaires 7
2) Les enquêtes quantitatives et qualitatives : la
complémentarité de deux approches 8
a) L'enquête quantitative 8
b) L'enquête qualitative 9
III) A la loupe : étudiants et politiques
d'accueil à la BNUT selon trois grands secteurs 11
1) L'identité des étudiants de la BNUT
11
a) Origines sociales 11
b) Analyse du public étudiant de la BNUT 11
2) Les services les plus utilisés par les
étudiants : la salle d'enregistrement, la salle de consultation
13
a) L'enregistrement des usagers : l'accueil 13
b) La salle de consultation 15
3) Promotion de la lecture et de la culture à la BNUT
17
a) Le service de prêt-distribution 17
b) Promotion de la lecture et de la lecture 19
IV] Le projet de restructuration de la BNUT
23
1) Des problèmes et des solutions 23
a) Le concept de troisième lieu appliqué
à la BNUT 23
b) Nouveaux publics, nouvelles politiques d'accueil
23
2) La restructuration des grands services 24
a) L'accueil et la salle de consultation 24
b) Les « scaffali aperti » : vers le début
des grands travaux 26
3) Promotion de la lecture et de la culture : le futur de la
BNUT 27
Annexes 29
Bibliographie 29
L'enquête quantitative 33
Questionnaire 34
Tableaux de bord 37
Tableaux croisés 57
Réponses ouvertes 60
L'enquête qualitative 63
Formulaires 64
Les étudiants et les services de la BNUT 64
Entretiens des étudiants 65
Depuis 2006, la Bibliothèque Nationale Universitaire de
Turin connaît une phase de mutation profonde. La fréquentation de
ses usagers a augmenté de 40%, la positionnant actuellement comme
bibliothèque d'État la plus fréquentée ditalie, et
ce grâce à un changement de politique culturelle et à
l'attribution d'une « troisième mission », de
démocratisation et d'ouverture au très grand public. Comme le
prouve aussi la conférence, le 20 mai dernier,1 entre les
différents membres des bibliothèques nationales italiennes autour
des publics et de la transmission de l'information documentaire, la politique
de démocratisation de l'accueil des publics à la BNUT de Turin et
son mode de documentation suivent l'évolution commune aux BN
européennes et mondiales.
Traditionnellement, les bibliothèques nationales ont
pour mission de rassembler et de conserver, à l'intention des
générations futures, le patrimoine documentaire publié
d'un pays. Lors de sa conférence générale à Paris
en 1970, l'Unesco formulait une définition « officielle
», qui rendait compte de la diversité et de la complexité du
rôle des bibliothèques nationales.2 Outre cette mission
de conservation, les bibliothèques nationales doivent se
préoccuper de la diffusion du patrimoine national publié. Dans
plusieurs pays elles se sont ainsi retrouvées au coeur d'une politique
de lecture publique. Selon Philippe Sauvagea,3
Président-directeur de la Bibliothèque Nationale de Québec
en 1991, aucun institut hormis les BN n'acquiert la totalité de la
production libraire d'un pays ou d'une région, d'où la
nécessité de faciliter à tous les publics, et surtout aux
étudiants universitaires et non universitaires, l'accès aux
collections. Une telle politique de démocratisation de la culture ne
peut que nous faire penser au discours prononcé en août 1988 par
le premier Ministre Michel Rocard sur la BNF et l'évolution des
Bibliothèques nationales comme bibliothèques du futur. Un
discours certes daté, mais toujours d'actualité. Jack Lang, qui
avait repris ce discours,4 rappelait les deux grandes missions des
BN et de la future BNF : la conservation, par le dépôt
légal, du patrimoine national (et, dans une certaine mesure, des
publications étrangères) et la diffusion du patrimoine. Face
à ces deux missions traditionnelles, de nouvelles orientations ont alors
été envisagées, comme l'ouverture au grand public, qui a
suscité des questionnements sur son intégration ou non à
la mission de préservation des collections.
Le modèle international a permis à la BNUT de
sortir d'une période de « défréquentation » de
ses publics, et notamment des chercheurs, une crise explicable par
l'avènement des ressources numériques, par la possibilité
d'accéder aux périodiques et archives en ligne ou à
l'augmentation récente, dans les années 1990, des
bibliothèques universitaires et des Centres d'Étude
Spécialisées. L'autre cause étant l'augmentation
récente des étudiants universitaires, qui nécessitent des
lieux pour étudier. La Bibliothèque Nationale Universitaire de
Turin, qui possède un fond patrimonial exceptionnel d'incunables,
d'éditions antiques, de dessins, d'incisions, de manuscrits et de
partitions musicales, avant la métamorphose de son public était
en effet un centre de recherche prestigieux et était
fréquentée juste par des chercheurs. C'est pourquoi, face
à la désacralisation du livre et à la revendication de
plus de liberté contre la contrainte, c'est-à-dire au passage
d'un centre d'étude et de recherches spécialisées vers une
bibliothèque ouverte envers différents niveaux de publics, elle
voit se développer une « lutte des Anciens contre les Modernes
»,5 de deux conceptions de la lecture et de la
bibliothèque divergentes. A la BNUT on observe fréquemment des
chercheurs qui se fâchent, qui s'indignent contre les bruit, les
1 Conferenza nazionale dei direttori delle biblioteche pubbliche
statali, Gestire il nuovo, conservare l'antico, le biblioteche nel
XXI, Napoli, 19-20 mai 2011
2 UNESCO, Recommandations concernant la normalisation
internationale des statistiques relatives aux bibliothèques
nationales, 1970
3 SAUVAGEON Philippe, "Insertion et mission des nouvelles
bibliothèques ", in Les grandes bibliothèques de
l'avenir, Actes du colloque international de Vaux-de-Cernay, 25-26 juin
1991, p. 94
4 LANG Jack in [ibidem], " Ouverture des travaux du colloque ",
p.14
5 EVANS Christophe, CAMUS Agnès, CRETIN Jean-Michel,
Les habitués: le microcosme d'une grande bibliothèque.
Paris : Bibliothèque publique d'information du Centre Georges Pompidou,
2000
éclats de rire, les confidences que se font entre eux
les étudiants, plus jeunes, et qui vont jusqu'à menacer la
Direction et les bibliothécaires d'écrire au Ministère des
biens culturels. La situation de la BNUT n'est guère singulière,
puisqu'en France aussi un clivage des publics existe et des politiques
d'accueil sont mises en place pour répondre à des besoins
croissants et différenciés.6
La réalisation d'une étude quantitative, sous la
forme d'un questionnaire direct, distribué à 120 usagers et
dépouillé à l'aide du logiciel Sphinx, approfondira une
étude de 20107 qui se base sur les théories du
bibliothéconomiste Maurizio Vivarelli et qui observe surtout le
comportement des usagers et leurs déplacements dans l'espace de la BNUT.
L'analyse des publics étudiants, aussi par la confrontation aux autres
publics, nous permettra de comprendre l'usage qu'ils font des trois grands
services de la Bibliothèque Nationale Universitaire de Turin (salle des
périodiques-accueil, distribution-prêt, salle de consultation) et
des services de lecture et de culture qui leur sont offerts, en effet peu
examinés lors de l'étude de 2010. Le rapport des publics et
notamment des étudiants vis-à-vis de la "nouvelle" politique
d'accueil sera étudié aussi par une enquête qualitative
(entretien) de 18 usagers (étudiants et autres publics), et toujours
orientée autour de la même problématique, permettant de
comparer et de valider l'enquête quantitative.
L'intérêt de cette étude et de son
enquête est de comprendre la « démocratisation » de la
BNUT - c'est-à-dire son ouverture à un public plus vaste et
hétérogène que dans le passé - dans un contexte de
sens et de temps étendus, pour saisir les raisons et les
mécanismes d'un processus qui puise ses caractéristiques dans
l'histoire des BN italiennes et qui amène à un renouvellement des
priorités et des politiques d'accueil de la BNUT.
6 v. RIPON Romuald, Les publics étudiants à la
Bibliothèque Nationale de France, Paris : « BBF », t.51,
n°2; GALANOPOULOS Philippe, Les Publics étudiants de la
Bibliothèque publique d'information (2003-2009), «
Bibliothèque Publique d'Information », septembre 2010, [en ligne]
<
http://www.bpi.fr/modules/resources/download/default/Professionnels/Documents/Etudes%20et
%20recherche/Publics_etudiants_Partie1.pdf >. Consulté le 29 mai
2011.
7 GIAVINA-CASPETTIN Maddalena, Luoghi da leggere: percezione
e uso dello spazio della Biblioteca Nazionale Universitaria di Torino,
mémoire de Licence, spécialité Biens culturels, archives
et bibliothèques, année académique 2009-2010
I] Les grandes bibliothèques italiennes et la
Bibliothèque Nationale Universitaire de Turin
1) Les bibliothèques nationales italiennes
Si l'on veut comprendre dans toutes ses nuances le processus
de démocratisation de la culture que la BNUT opère aujourd'hui en
Italie, il est important de la placer dans son contexte législatif et de
souligner les rôles assignés le long de l'histoire aux
bibliothèques nationales italiennes, qui depuis leurs origines ont
été chargées d'une mission de conservation de la culture,
ainsi que de formation des citoyens.
a) Les origines
Les origines des bibliothèques d'État puisent
leurs sources dans le monde hellénistique et romain, où les
bibliothèques de nombreux privés fleurirent sur toute la
péninsule, placées ensuite sous l'autorité suprême
de l'État : César et Auguste furent des symboles de l'ouverture
des bibliothèques au public. C'est pourquoi les bibliothèques
d'État n'avaient pas pour vocation le développement culturel du
peuple, mais d'assurer le pouvoir et la gloire des gouverneurs.
Dans le monde médiéval, les
bibliothèques d'État étaient principalement privées
: les princes et monarques des différents États italiens
assemblaient des collections prestigieuses dans les bibliothèques de
leurs palais. Et les intellectuels avaient la coutume de déposer et de
conserver les livres dans les monastères et les couvents. En effet, le
développement des bibliothèques publiques d'État ne verra
définitivement le jour qu'à partir du Quattrocento,
comme en témoigne l'italien Pétrarque, qui en 1362 propose aux
autorités de la République de Venise de mettre ses oeuvres
à la disposition des étudiants.8
Les bases des bibliothèques publiques d'État se
développèrent entre le XVIe et le XVIIe siècle,
après l'ouverture aux étudiants de la consultation des fonds
patrimoniaux, principalement constitués de manuscrits et de livres de
prestige. L'essor et l'uniformisation des bibliothèques publique
d'État eut lieu bien plus tard, au XIXe siècle, suite à
l'unification italienne et à l'uniformisation des services offerts par
l'instruction publique sur l'ensemble du territoire.
L'histoire des bibliothèques italiennes est capitale
pour la compréhension de l'organisation des services des BN. En effet,
il est important de préciser que lors du premier recensement de la
population de l'Italie unifiée et du processus d'étatisation de
grandes bibliothèques, en 1866,9 l'analphabétisme en
Italie touchait environ 17 millions de personnes, soit 75% de la population, et
plus de 50% des enfants n'allait pas à l'école. Toutes les
bibliothèques, populaires ou d'État, devenaient donc
fondamentales pour la formation morale et intellectuelle des citoyens.
b) L'ordonnance des bibliothèques publiques
d'État et leur cadre législatif
La Bibliothèque Nationale Universitaire de Turin
appartient aux bibliothèques publiques d'État, qui comptent sept
Bibliothèques Nationales, dix Bibliothèques Universitaires, six
Bibliothèques Historiques, dix bibliothèques avec une physionomie
mixte et onze bibliothèques annexées aux monuments historiques.
Les Bibliothèques publiques d'État, à cause de leurs
traditions antiques, se représentent plutôt comme des lieux de
tutelle et de conservation, plutôt que comme des lieux d'expression de la
volonté et des exigences des usagers.
8 v. MONTECCHI Giorgio, Manuel de
bibliothéconomie, 2006, p.46
9 POULAIN Martine, Les bibliothèques publiques en
Europe, Paris: Edition du Cercle de la Librairie, 1992
La structure des bibliothèques d'État italienne
est verticale. A son sommet on trouve les deux Bibliothèques Nationales
centrales (la Vittorio Emanuele II à Rome, la BNCF de
Florence), qui ont pour mission de recueillir, conserver et de rendre
disponible à l'usage public toutes les publications italiennes.
A côté de ces deux bibliothèques, existent sept
Bibliothèques Nationales,10 qui ont pour mission de
récolter les plus importantes publications antiques et modernes,
italiennes et étrangères, de compiler des catalogues
bibliographiques et de représenter, par le dépôt
légal, leur territoire et leur région. Les Bibliothèques
Nationales dépendent directement du Ministère pour les Biens
Culturels, crée en 1975, a qui furent attribuées les plus
importantes bibliothèques italiennes, ce qui fut vivement
critiqué par les régions qui contestaient la centralisation et
l'égalisation de toutes les bibliothèques, constituant alors une
entrave à l'évolution moderne des services
bibliothécaires.
L'ordonnance des bibliothèques publiques d'État
a reposé pendant trente ans sur le règlement organique du 5
septembre 1967 (n. 1501). Elles sont aujourd'hui régies par le
Nouveau règlement récent des normes sur les
Bibliothèques publiques d'État du 5 juillet 1995 (DPR
417/1995), qui leur assigne ces fonctions fondamentales :
· acquérir, conserver et ajourner la production
éditoriale italienne et étrangère, avec une attention
particulière aux instruments bibliographiques et de recherche, tenant
compte du caractère historique et humaniste de ses récoltes et de
l'exigence des usagers ;
· conserver, accroître et valoriser ses propres
collections historiques, dans lesquelles figurent de nombreux fonds antiques,
manuscrits, des oeuvres imprimées et des fonds musicaux, dans le cas de
la BNUT ;
· recueillir et conserver le matériel
documentaire qu'elle reçoit, dans son territoire de compétence,
en vertu de la loi pour le dépôt obligatoire des oeuvres
imprimées et des publications.11
2) La Bibliothèque Nationale Universitaire de
Turin : la singularité d'une bibliothèque de grande envergure
a) Histoire
L'histoire de la BNUT12 débute sous la
volonté du souverain de Savoie Vittorio Amedeo II, en 1723, dans les
anciens locaux de l'Université (Regia Università),
édifiée par l'architecte royal Filippo Juvarra. Les fonds
patrimoniaux des bibliothèques les plus importantes de la ville furent
alors mis en commun : la Bibliothèque Ducale (actuellement
Reale), la Bibliothèque Civile et la Bibliothèque de
l'Université. L'union de ces trois fonds riches en collections
prestigieuses explique la vocation érudite et la mission de conservation
assumée par la BNUT. En effet, lorsque Giuseppe Pasini entrepris le
premier catalogage de la nouvelle bibliothèque,13 elle
conservait 2014 volumes, parmi lesquels de nombreux livres rares, incunables,
miniatures et manuscrits grecs, latins, orientaux, français et italiens.
Le droit sur le dépôt légal, qui oblige les éditeurs
piémontais à envoyer une copie de toute nouvelle édition
à la BNUT, a permis à la bibliothèque de poursuivre la
quête d'un fond patrimonial riche de plus de 30 000 oeuvres.
Sous la domination de Napoléon, la Bibliothèque
devint temporairement nationale (1801) et
10 Turin (Bibliothèque Nationale Universitaire de
Turin), Milan (Braidense), Venise (Marciana), Naples
(Vittorio Emanuele III), Bari (Sagarriga Visconti Volpi),
Potenza et Cosenza.
11 MINA Claudia Camilla, D'ALESSANDRO CORSARO Agata, DE PASQUALE
Andrea [et al], Biblioteca Nazionale di Torino: guida breve,
Milano, Electa, 2000
12 L'histoire et les collections de la Bibliothèque
Nationale Universitaire de Turin sont consultables en ligne à
l'adresse <www.bnto.librari.beniculturali.it/> . Consulté
le 29 mai 2011
13 PASINI Giuseppe, Codices Manuscripti Bibliothecae Regii
Taurinensis Athenai, 1745-1770
impériale (1805), pour enfin reprendre sa
dénomination de Regia Biblioteca Universitaria après le
retour des Ducs de Savoie. A la fin du XIXe, la BNUT était riche
d'environ 4 000 manuscrits, en grande partie détruits ou
endommagés par l'incendie de 1904, qui brûla aussi le très
beau livre d'heures de Jan Van Eyck.14
Suite à cette catastrophe, en 1907 la
Bibliothèque fut transférée à son actuel
emplacement, dans les ex-écuries du Palais Carignano
édifiées par l'architecte Filippo Castelli, place Carlo Alberto,
qui furent bombardées par les alliés en 1942, détruisant
une partie des catalogues et 150 000 volumes. En 1958 la BNUT est de nouveau
modifiée, par les architectes Massimo Amodei, Pasquale Carbonara, Italo
Insolera, Aldo Livadiotti et Antonio Quistelli. La façade des
écuries, classée patrimoine historique, fut conservée,
tandis que l'intérieur de la BNUT fut agencée selon les
critères et les canons architecturaux des années 1960, même
si l'inauguration eut lieu en 1973. La nouvelle identité sera celle
qu'on connaît encore aujourd'hui : un édifice aux espaces larges
et lumineux de 3 300 m2, échelonné sur trois niveaux,
qui conserve 732 855 volumes imprimés, 241 670 périodiques, 18
214 opuscules, 10 063 cinquecentine, 1 603 incunables, 4 554 manuscrits, 1 500
gravures et un fond patrimonial musical exceptionnel qui attire les musiciens
du monde entier.15
b) Vers une démocratisation de la BNUT : du public
aux publics
Jusqu'aux années 1990 la BNUT était un centre
privilégié pour la recherche : des chercheurs venaient du monde
entier et utilisaient ses ressources. A partir des années 2000 surtout,
l'augmentation des étudiants dans les universités italiennes, le
développement des bibliothèques spécialisées, la
digitalisation, les archives numériques et les revues scientifiques en
ligne sont des facteurs à la base d'un processus de
défréquentation des locaux et des collections de la BNUT par les
chercheurs.
Par contre, la BNUT a entretenu des relations étroites
avec le public étudiant dès le XIXe siècle, lorsqu'elle
prit le nom de Bibliothèque Nationale Universitaire et que
l'université de Turin fut intégrée dans ses locaux. Ses
missions étaient désormais orientées vers la conservation,
mais aussi vers le service aux étudiants, ainsi que le recueil du
patrimoine universitaire. En effet, depuis le XVIIIe elle conserve plus de 16
000 thèses de licence, de maîtrise (« laurea »), de
doctorat, d'agrégation (théologie, loi, médecine-arts
etc). Une conservation qui se poursuit, puisque chaque université
turinoise envoie le travail de ses étudiants à la BNUT.
16
Avec l'émergence généralisée de
« l'individu concret » ou de « public-cible » et un
basculement des politiques d'accueil du « service public » aux «
services aux publics », afin de ne pas être uniquement
réservée aux chercheurs, de moins en moins fréquents, et
de dynamiser la bibliothèque en privilégiant les
étudiants, la Direction de la BNUT a décidé d'appliquer
différentes réformes pour adapter la bibliothèque aux
différents publics. Ce changement s'appuie sur des textes internationaux
relatifs aux bibliothèques publiques, donc des instituts dont les
missions sont bien différentes des BN (le Manifeste de l'Unesco sur
les bibliothèques publiques17 et la
Déclaration sur les bibliothèques et la
liberté
14 Dans les années 1980, environ 1700 des 2 000
manuscrits endommagés avaient été identifiés, et ce
grâce à la création d'un laboratoire de restauration en
1904, un des premiers à être crée à
l'intérieur même d'une Bibliothèque Nationale.
15 Parmi d'autres partitions, la BNUT conserve les originaux de
Vivaldi.
16 DE PASQUALE Andrea, La catalogazione delle tesi antiche
in SBN, «Biblioteche oggi», n°6, 2003, p.66 [en ligne]
<
http://www.bibliotecheoggi.it/2003/20030606601.pdf
>. Consulté le 29 mai 2011.
17 UNESCO, Manifeste de l'Unesco sur les
bibliothèques publiques, 1995: «Les services de la
bibliothèque publique sont fournis sur la base de l'accès pour
tous, sans distinction d'âge [...]»
intellectuelle de l'IFLA18), ainsi que
sur un texte national, l'ordonnance DPR 417/199519. Ces textes ont
repositionné la valeur du public dans les missions principales de la
BNUT, afin de faciliter l'usage de ses différents services et
d'optimiser l'accueil des usagers.
Bien que l'utilisation de ces textes de
référence soit critiquée par la plupart des
bibliothécaires de la BNUT, qui craignent la perte des missions, le
premier signe de démocratisation de l'accès à la BNUT est
l'amplification depuis 2006 des horaires d'ouverture de la bibliothèque
:« C'est un truisme que de dire qu'il serait vain de proposer de vastes
collections, beaucoup de services, si les populations à qui elles sont
destinées n'ont pas la possibilité d'y accéder aux
horaires qui leur conviennent. ».20 Avant l'application du
décret, les horaires de la BNUT étaient les suivants : ouverture
les lundi, mercredi, vendredi et samedi, de 08h à 14h30 et les mardi et
jeudi de 08h à 19h. Ainsi, les étudiants ne pouvaient pas
travailler, à cause des cours qu'ils avaient en même temps,
lorsque aujourd'hui les services sont ouverts tous les jours de 8h à 19h
et le samedi de 08h à 13h50, soit 61 heures d'ouverture hebdomadaire. En
conséquence de cette amplification des horaires, le nombre d'usagers de
la bibliothèque a considérablement augmenté : juste pour
les mois de janvier à avril, en 2011 le nombre de visiteurs a
augmenté de 95% par rapport au mois de janvier 2009 et 93% par rapport
au même mois en 2010.21 Des records de fréquentation
ont été atteints les mois de mai, juin, novembre et
décembre 2010 (10 610, 12 065, 11 564 et 10 077 usagers), et pour les
mois de janvier et février 2011 (18 292 et 16 471 usagers) : ce sont les
mois pendant lesquels les étudiants préparent leurs examens, ce
qui nous permet d'affirmer que la BNUT est la BN italienne la plus
fréquentée par les étudiants.
18 IFLA, Déclaration sur les
bibliothèques et la liberté intellectuelle, 1999:
«L'Ifla déclare que les êtres humains ont le droit
fondamental d'accéder aux expressions de la communauté [...]
»
19 v. DPR 417/1995, <
www.bncf.firenze.sbn.it/oldWeb/Privacy/dpr_5_7_95_nr147.pdf>.
[En ligne] Consulté le 15 mai 2011
20 JACQUES Jean-François, Services publiques. Les
horaires d'ouvertures des bibliothèques, « ABF »,
décembre 2010, n. 53-54, p. 33-38
21 BIBLIOTECA NAZIONALE DI TORINO, Ingressi utenti in
biblioteca
II] Les enjeux d'une enquête sur les publics
étudiants de la BNUT
1) L'enquête, un instrument pour les
bibliothécaires
Le public est aujourd'hui un facteur dominant des politiques
d'accueil et est un enjeu du métier de bibliothécaire, et
l'enquête est sans doute le meilleur instrument dont il est doté
pour connaître la nature socioprofessionnelle des usagers ainsi que leurs
besoins. En France, depuis les années 1970 et le début de
l'évaluation des pratiques culturelles des français par l'INSEE
et le CREDOC, ainsi que des enquêtes du MCC,22 on classe et on
évalue annuellement les différents publics qui fréquentent
les bibliothèques et participent à leurs activités
culturelles. Les bibliothécaires français ainsi évaluent
leurs publics et comparent leurs résultats avec les statistiques
nationales, offrant un aperçu numérique permettant
d'établir des politiques d'accueil spécifiques, adaptées
à chaque public.
En Italie, par contre, ni au niveau national ni dans les
établissements de lecture publique, n'existent des enquêtes
détaillées sur les pratiques culturelles des italiens. Les seules
qui nous permettent d'insérer la BNUT dans un cadre statistique national
sont les nombreuses enquêtes nationales de l'ISTAT23 et du
MiBAC,24 liées aux pratiques de lecture dans les
bibliothèques italiennes (volume de livres par bibliothèque,
nombre de prêts). Dans les bibliothèques italiennes
l'enquête est en effet utilisée depuis peu de temps et a permis de
redéfinir des bibliothèques sur de nouveaux modèles
(« troisième lieu »), afin de rehausser la
fréquentation et l'usage des services et donc de sortir de la «
crise »25 que connaissent actuellement les
établissements de lecture publique et de conservation comme la BNUT. Ces
enquêtes de satisfaction répondent aux questions très
simples : « qui sont les usagers? », « quelles sont leurs
habitudes? », « Quelle est l'offre qui les intéresse? »,
« Sont-ils satisfaits de l'accueil? ».
Pour connaître ses publics, suivant dans ce sens le
modèle anglo-saxon et français, depuis un an la BNUT souhaite
développer l'étude quantitative, qualitative et ethnographique,
afin d'étudier l'usage de ses services, ce qu'elle rappelle dans le
projet pour le Premio Qualità (Prix Qualité) du
Gouvernement italien : « continuer à revoir les besoins des usagers
à l'aide du questionnaire comme instrument de vérification de la
qualité du service rendu et pour recueillir les suggestions du citadin,
des étudiants, car la satisfaction des exigences du public est
prioritaire, et permet d'anticiper les solutions proposées par les
études de fiabilité [...] »26. Par contre,
à présent seulement deux personnes sont chargées
d'établir les statistiques de la fréquentation et du nombre de
prêts à la BNUT et aucune vraie enquête quantitative et
qualitative sur les politiques d'accueil (salle
d'enregistrement-périodiques, salle de consultation, salle de prêt
et distribution) et l'usage des services de la BNUT par les étudiants
n'a été jusqu'à présent menée dans
l'établissement. La seule enquête valable est une étude
ethnographique menée par une étudiante de
22 MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION, Les
pratiques Culturelles des Français, 1973, 1981, 1988, 1997,
2008.
23 ISTITUTO NAZIONALE DI STATISTICA,
· Statistiche culturali, 2010 (
www.ISTAT.it/dati/catalogo/20090722_00),
· I diplomati e lo studio, 2007 (
www.ISTAT.it/salastampa/comunicati/non_calendario/20091112_00/)
24 MINISTERO PER I BENI E LE ATTIVITA CULTURALI, Direzione
Generale per l'organizzazione, gli affari generali, la produzione,
l'innovazione, il bilancio librario e il personale, Biblioteche pubbliche
statali, consistenza del materiale, consultazioni, prestiti e personale,
2009 :
www.sistan.beniculturali.it/Biblioteche_pubbliche_statali_09.htm
. Consulté le 15 mai 2011
25 VIVARELLI Maurizio, Un'idea di biblioteca, «
Biblioteche oggi », ottobre 2007, Prime valutazione sull'uso,
« Biblioteche oggi », ottobre 2007, à propos de la
bibliothèque San Giorgio, à Pistoia, en Toscane.
26 BIBLIOTECA NAZIONALE DI TORINO, PRESIDENZA DEL CONSIGLIO DEI
MINISTRI, Premio Qualità della Pubblica Amministrazione 2010:
documento di partecipazione, 2010
troisième cycle universitaire.27 Une
étude intéressante, mais axée principalement sur le
comportement des étudiants habitués de la BNUT, les «
séjourneurs ». Il aurait été en effet plus judicieux
de comparer les publics potentiels et réels, car les usagers de la
bibliothèque ne se limitent pas à la fréquentation de la
salle de lecture et au prêt, comme le rappelle justement Claude
Poissenot.28 L'échantillon d'étudiant sondé
n'est en outre pas révélateur de la diversité des publics
(une vingtaine d'usagers pour l'enquête quantitative), et est plus un
miroir de leur utilisation d'internet et des nouvelles technologies qu'une
recherche des motifs de leur non utilisation des services. De plus, la
manière d'interroger les personnes pour l'enquête quantitative se
limite aux jugements de chaque service selon les modalités
optimal, bon, discret, suffisant et
insuffisant, avec peu de questions ouvertes ou fermées,
préférant des questions de type choix multiples, identiques
à chaque fois.
C'est pourquoi nous avons décidé de mener une
enquête quantitative et qualitative, qui nous permettra de saisir les
fonctionnements et les dysfonctionnements des politiques d'accueil et des
usages des principaux services d'accueil de la BNUT par ses nouveaux publics,
notamment les étudiants, afin de comprendre quel est aujourd'hui
notamment la nouvelle identité de la BNUT, et son avenir par la mise en
place d'un projet de restructuration. Il s'agit aussi grâce aux
enquêtes de rendre l'usager coresponsable de la bibliothèque,
c'est-à-dire pour la bibliothèque de s'adapter aux usagers et
à leurs besoins dans le cadre des missions des bibliothèques, des
moyens obtenus et des réponses qu'ils donnent.
2) Les enquêtes quantitatives et qualitatives :
la complémentarité de deux approches
a) L'enquête quantitative
Pour répondre aux attentes de la BNUT, deux
enquêtes ont été réalisées. La
première est une enquête quantitative distribuée aux
usagers sous la forme d'un questionnaire,29 qui permet d'observer
selon une science mathématico-statistique quasi-exacte les
déterminants sociaux des usagers, de mesurer leur degré de
satisfaction et l'intensité des usages qu'ils font de la
bibliothèque.
L'enquête menée à la BPI a
été très utile dans la réalisation de
l'enquête, puisque la Bibliothèque Georges Pompidou30 a
perdu ses missions premières et est devenue une bibliothèque
estudiantine, comme l'est aussi actuellement la BNUT. De plus, le directeur
actuel de la BNUT, Roberto Di Carlo, a étudié lui aussi le
modèle parisien dans l'optique de la mise en place d'une nouvelle
politique d'accueil. Afin de construire des questions qui soient
adaptées à la situation réelle de l'établissement
étudié, il a été obligatoire un temps de
réflexion, d'exploration de tous les services d'accueil et d'observation
des réactions du public face au personnel, au matériel de la
bibliothèque, aux locaux etc. La plupart des questions n'auraient
certainement pas été posées si des entretiens avec les
responsables de différentes équipes n'avaient pas eu lieu, afin
de clarifier la compréhension :
· du rapport des usagers avec les services et le personnel
;
· de la formation des usagers aux ressources en ligne et
aux collections ;
· de la politique d'acquisition et culturelle de
l'établissement ; des collections du magasin et des maisons
d'édition représentées ; du rôle joué par le
livre à Turin, en Italie considéré « la ville de
27 GIAVINA-CASPETTIN Maddalena, Luoghi da leggere,
cit.
28 POISSENOT CLAUDE, La fréquentation en
questions, in pratiques socioculturelles. Paris: BBF, t.55, n°5,
2010.
29 v. Annexe 2, L'enquête quantitative,
Questionnaire, p. 32
30 EVANS Christophe, CAMUS Agnès, CRETIN Jean-Michel,
Les habitués: le microcosme d'une grande bibliothèque.
Paris : Bibliothèque publique d'information du Centre Georges Pompidou,
2000
la culture », et du dépôt légal ; du
projet scaffali aperti (étagères ouvertes) etc.
· du projet de modification de l'espace de la BNUT et de
sa politique d'accueil.
En tout, 42 questions d'une longueur moyenne de 53
caractères ont été posées aux étudiants (17
questions fermées multiples et 21 variables fermées uniques). Les
questions à échelle n'ont pas été utilisées,
car omniprésentes dans l'ancienne enquête quantitative de 2010, et
les questions textes sont présentes à 9%. Le choix d'un
questionnaire long a été réalisé dans le but
d'analyser le rapport des usager envers les différents services
d'accueil, de comprendre leur usage du service de prêt, leur conception
de la politique de lecture et de culture de l'établissement. Les usagers
ont répondu à 92% des questions, ce qui est un résultat
satisfaisant. Le respect des quotas a été calculé
automatiquement par Sphinx, avec une erreur d'estimation de 9,02 points, ou
intervalle de confiance compris entre 40,98% et 59,02%.
Une fois l'intégralité des questions
rassemblées, le questionnaire a été subdivisé en
trois parties :
1. Typologie des étudiants et des publics ;
2. Utilisation de la BNUT et de ses services ;
3. Promotion de la lecture et de la culture ;
N'étant pas possible d'envoyer le questionnaire
via internet par manque d'habitude des usagers, qui n'auraient par
conséquent pas répondus, la compilation du questionnaire a eu
lieu en face-à-face les mardi et jeudi 17 et 19 mai, lors de
l'enregistrement des visiteurs à leur entrée dans la BNUT. Une
affiche a permis de faire la promotion de l'enquête, et le premier jour,
sur 800 visiteurs, 58 questionnaires ont été compilés,
tandis que pour la seconde journée d'enquête, sur 736 usagers, 60
ont été compilés, pour un total de 118.31 La
réalisation de l'enquête parallèlement au travail de
stagiaire nous a par contre demandé un travail total. Il aurait
été ingénieux d'agrandir l'échantillon, et
d'être aidé par un membre du personnel pour la mise en place de
l'enquête, mais cela n'a pas été possible.
A l'aide de Sphinx, nous avons distingué trois strates
: étudiants (61 réponses), publics non-étudiants (57),
chercheurs (10). Étant donné que la plupart des questions
étaient de type fermée, l'option carnet de bord de
Sphinx nous a permis de joindre les graphiques aux tableaux à plat d'une
manière claire et synthétique.32 Les tableaux qui
étaient en relation entre eux ont été croisés dans
l'intérêt d'étudier les composantes socioprofessionnelles
des publics et leurs différents usages de la BNUT.33 Les
questions texte ont par contre été compilées dans un autre
fichier, et rassemblés sous la forme d'un tableau à plusieurs
entrées.34
Une fois terminée l'expérience, diverses
propositions pour une nouvelle enquête, de meilleure qualité et
à réaliser à la rentrée universitaire, ont
été soumises aux responsables de la BNUT : choisir un
échantillon équivalent par rapport au nombre total d'usagers
quotidiens, faire une enquête tous les jours pendant une semaine et
habituer les usager à répondre via leur adresse de
messagerie personnelle. Enfin, travailler à plusieurs et faire une vraie
promotion de l'enquête aux usagers, car elle est nouvelle dans les
bibliothèques publiques d' État italiennes et parce que les
usagers sont heureux de pouvoir exprimer leur avis, dans un pays où les
citoyens perçoivent leurs droits individuels de plus en plus
réprimandés.
b) L'enquête qualitative
L'étude qualitative est complémentaire à
l'étude quantitative, qui explique rarement pourquoi une situation
existe, tandis que la première répond à des questions
moins précises et fermées par un entretien
31 Initialement, sur les 150 questionnaires prévus, 120
avaient été copiés, mais deux usagers n'ont compilé
que le verso, rendant obsolète leur réponse.
32 v. Annexe 2, L'enquête quantitative,
Tableaux de bord, p. 35-54
33 v. Annexe 2, L'enquête quantitative,
Tableaux croisés, p 55-57
34 v. Annexe 2, L'enquête quantitative,
Réponses ouvertes, p. 58-60
semi-directif, sans réelle autorité, ou
l'interrogé peut répondre mais aussi poser des questions, changer
de direction et choisir les thématiques à aborder etc. Le contact
humain est omniprésent, ce qui joint « l'utile à
l'agréable ». De plus, l'enquête qualitative est sociologique
et moins axée sur des calculs : « Seules les études
qualitatives permettent, par l'analyse sociologique, de comprendre les
mécanismes de l'opinion, de comprendre pourquoi les gens pensent ceci ou
cela, pourquoi ils s'autorisent ou non telle ou telle pratique, comment ils
comprennent leur environnement ».35 L'entretien est aussi plus
simple à mener que l'enquête quantitative, puisque son champ
d'action est réduit (20-25 personnes sont suffisantes).
Les questions pour les entretiens avaient été
divisés en deux catégories : pour les étudiants, d'une
part, et pour les professions intellectuelles et autres publics d'autre part,
selon des groupements de questions assez simples et généraux,
pour laisser à l'interrogé une liberté dans le
discours.36 Les entretiens ont été menés le
vendredi 20 mai 2011, à l'aide d'un traducteur, et ils ont
été d'une durée de 10 à 30 minutes. Un vrai rapport
a été établi avec les usagers, grâce à notre
jeune âge, à des passions ou à des visions communes.
Là encore la stratégie développée était bien
différente de l'enquête quantitative. L'installation des
entretiens a eu lieu dans la salle ouverte des expositions, à
l'étage trois, entre la salle de prêt et la salle de consultation,
avec une grande table et trois chaises : le fait que cette partie soit un
non-lieu de la bibliothèque, où les usagers ne s'arrêtent
jamais et qui est pourtant au milieu, permettait aux usagers de se l'approprier
(c'est « leur » bibliothèque) et de se sentir à
l'aise.
35 WAHNICH Stéphane, Enquêtes quantitatives et
qualitatives, observation ethnographique, « BBF », 2006, n°
6, p. 8-12, [en ligne] <http://bbf.enssib.fr/> Consulté le 19 mai
2011
36 v. Annexe 2, L'enquête qualitative,
Formulaires, p. 62
III) A la loupe : étudiants et politiques
d'accueil à la BNUT selon trois grands secteurs
1) L'identité des étudiants de la
BNUT
a) Origines sociales
Dans notre analyse, nous ne prendrons pas en compte les
actifs inoccupés et les retraités, des publics anodins de la
BNUT. Les tableaux de bord nous montrent immédiatement
certaines caractéristiques des différents publics de la BNUT :
ils sont majoritairement âgés de 20 à 34 ans (67%), avec un
diplôme de baccalauréat (46%) ou universitaire (31%) ; plus de la
moitié étudie à l'université, 13,6% est au
lycée, un quart travaille37 ; 8,8% du public est
composé par des chercheurs, accompagnés par quelques rares
doctorants.
Au moyen des tableaux croisées,38 par
rapport aux différents niveaux d'études et profils
professionnels, on constate que la majorité des publics de la BNUT,
qu'ils soient étudiants ou autres, sont issus des classes moyennes et
des métiers d'employé-services (68,8% des lycéens, 49,2%
des étudiants, 50% des doctorants), mais aussi des métiers
d'agriculteurs, artisans, commerçants (18,8% les étudiants du
supérieur, 28,8% les étudiants). Pour ce qui concerne les
étudiants, il est intéressant de souligner le pourcentage
relativement haut de ceux qui ont un père ouvrier (8,5%), dans une ville
qui connaît depuis les années 90 une forte réduction des
entreprises manufacturières suite à la délocalisation de
FIAT. Le fait qu'aucun des lycéens interrogés sorte d'un milieu
ouvrier est explicable par le fait que, si les étudiants viennent
généralement d'ailleurs (de l'étranger, d'autres
régions, du Piémont, de la périphérie de Turin),
les lycéens habitent tous près de la BNUT, donc en plein centre
ville.
De ces premières observation, on peut donc constater
que le public de la BNUT est jeune et cultivé, composé pour ses
2/3 d'universitaires (étudiants, doctorants et chercheurs), issu en
grande partie de classes moyennes.
b) Analyse du public étudiant de la BNUT
Le développement et la démocratisation des
bibliothèques s'explique par la banalisation des études
universitaires : en 2010, 94 757 étudiants étaient inscrits dans
les université turinoises.39 En Italie, comme dans la plupart
des pays européens, la condition d'étudiant s'est
généralisée, puisque selon le Ministère de
l'Instruction, de l'université et de la recherche, 56% des jeunes
italiens sont étudiants et peuvent accéder à
l'université, quand 39% des jeunes français accèdent aux
études.
Étant donné que le public étudiant qui
fréquente la BNUT est composé pour la plupart d'étudiants
universitaires inscrit dans les filières de lettres, langues ou sciences
humaines, sa majorité est de sexe féminin (65,6%). En effet,
selon l'ISTAT, 60% des femmes sont titulaires de la laurea (licence)
en Italie.40 Les usagers titulaires d'un doctorat41 sont
aussi présents parmi les publics de la BNUT, 11%, ce qui démontre
qu'elle n'est pas une simple salle d'étude, mais encore un lieu de
recherches. 9% des publics étudiés sont enseignants-chercheurs et
malgré l'émergence d'un nouveau public « étudiant
» et l'absence d'espaces de lecture individuels, où il pourraient
s'isoler des bruits qu'occasionnent les
37 Trois étudiants se sont aussi déclarés
« actif occupé ».
38 Annexe 2, L'enquête quantitative, Tableaux
croisés, p 55-57
39 Observatoire régional pour l'université et pour
le droit aux études universitaire, [en ligne] <
http://www.ossreg.piemonte.it/default_it.asp>
Consulté le 05/06/2011
40 Ibidem
41 v. Annexe 2, L'enquête quantitative,
Tableaux de bord, p. 35
étudiants, les chercheurs qui fréquentent
régulièrement les lieux de la BNUT sont relativement nombreux. Il
faut en outre souligner que l'enquête s'est déroulée
pendant l'après-midi alors que, à cause de leur emploi du temps
chargé et pour éviter la gêne occasionnée par le
public étudiant, les enseignants-chercheurs ne se déplacent que
le matin. Comme pour les étudiants, dans cette catégorie
socioprofessionnelle on observe une forte présence de femmes, ce qui
peut être à nouveau expliqué par leur spécialisation
dans les lettres, langues et arts du spectacle, des domaines fortement
féminisées et développés à Turin, ville
phare de la culture italienne, et dans les collections de la BNUT. En effet,
selon l'ISTAT, seules 33% des femmes sont enseignants-chercheurs, sexe
minoritairement représenté surtout dans la recherche
scientifique.
Les résultats de l'enquête qualitative aussi ont
été fructueux, touchant des catégories de publics
hétérogènes : des lycéens en sciences sociales et
statistiques, en théologie, médecine, philosophie, psychologie,
ingénierie, sciences politiques, architecture ; une doctorante en
histoire de l'art ; un journaliste-bloguer et une « rédactrice
» (écrivaine) ; un figurant - passionné de
théâtre ; un retraité, lecteur de romans en langue
originale, qui vient à la BNUT car « la bibliothèque de
quartier est trop proche et que ça n'a pas de sens de sortir pour se
promener dix minutes ». Si le lieu de résidence des publics
interrogés avec l'enquête quantitative est majoritairement Turin,
à 62,7%, le Piémont à 27,1% et autres pour 10,2%, les
origines des personnes interrogées par l'enquête qualitative sont
encore moins homogènes, ce qui est donc plus intéressant : Turin,
Aoste, Ferrare, Varèse, Gênes, Palerme et la Sardaigne. Des villes
et des régions lointaines, caractéristiques des étudiants
de troisième cycle et de master. Selon l'ISTAT, en effet, les
étudiants titulaires de la laurea (licence), bien que fortement
présents au domicile de leurs parents, ont plus de possibilité
d'étudier dans une autre région. Il est aussi important de noter
que l'enquête quantitative a été compilée par 7,2%
d'étudiants universitaires étrangers, ce qui correspond à
l'attractivité du pôle universitaire, qui compte 11%
d'étrangers parmi ceux inscrits en 2010-2011.
La spécialité universitaire des étudiants
et la proximité de leur lieu d'étude semble déterminer
leur choix dans la fréquentation de la BNUT. Si on compare les carnets
de bord Autres publics on remarque qu'une grande partie des
non-étudiants (40,4%) ont une spécialité « classique
», liée au monde de la culture (lettres, langues, arts etc), tandis
que 8,8% sont spécialisés en sciences humaines, 7% en
médecine, pharmacie, santé et 3,5% en économie-gestion. Le
lien des publics non-étudiants à la bibliothèque est
déterminé par leur spécialité, c'est-à-dire
qu'ils viennent à la bibliothèque non pas pour simplement
étudier, mais aussi pour leurs recherches. Si on observe par contre le
carnet de bord Étudiants, les spécialités sont
plus homogènes, avec seulement 26% d'étudiants
spécialisés dans la culture, 18% en sciences humaines, 18% en
autres domaines (de nombreux étudiants en psychologie et en sciences de
l'éducation ont compilé la case autres, dans le
questionnaire, car la terminologie « sciences humaines » est peu
utilisée en Italie), 16,6% en économie et gestion, 11,5% dans les
métiers de la santé. Cette différentiation en cours des
spécialisations des publics des la BNUT démontre le fait qu'elle
est fréquentée par des publics non spécifiquement
intéressés aux collections de la bibliothèque, ainsi plus
proche des universités fréquentées par les
étudiants. En effet, les universités (Atenei) de
Lettres, langues et arts, sciences humaines, droit et économie sont
situées en hypercentre, près de la place Carlo Alberto, ainsi que
la faculté de Mathématique et de médecine. Il faut noter
que les ingénieurs côtoient aussi la bibliothèque, alors
qu'ils disposent au polytechnique de 17 bibliothèques
spécialisées. La BNUT accueille donc deux typologies distinctes
de public : des étudiants universitaires, fortement présents, qui
utilisent la bibliothèque comme salle d'étude, mais aussi un
public de doctorants, de chercheurs et de travailleurs (journalistes,
écrivains...) présents dans le cadre d'une recherche
précise. nLa BNUT est donc caractérisée par sa politique
d'accueil très large et, donc, la mission de
démocratisation du savoir qu'elle revendique
aujourd'hui la rapproche des autres établissements de lecture qui
recouvrent le réseau des bibliothèques de Turin42 : la
Civique Centrale, que les étudiants de l'enquête quantitative
fréquentent à 39%, le réseau des 23 bibliothèques
de proximité (27,1%) ainsi que les 80 bibliothèques
universitaires (39%). Ainsi, les étudiants de la BNUT sont "
multi-fréquenteurs ", tandis que les autres publics qui utilisent le
matériel mis à disposition à la bibliothèque sont
"monofréquenteurs ". L'enquête qualitative démontre cette
attitude des étudiants, comme le témoignage de l'étudiante
n°10 : « Je fréquente la BNUT depuis un an et demi, mais je
vais plus souvent à la bibliothèque de mon Département
[...], parce qu'au bout d'un moment, je n'arrive pas à me concentrer si
je suis toujours dans le même espace ».
La connaissance de la BNUT par les étudiants
universitaires et les autres publics est souvent assez récente,
puisqu'on découvre que 6,8% des étudiants interrogés
venaient pour la première fois, ce qui représente une partie
assez importante de l'échantillon analysé. Si on confronte les
résultats avec ceux des autres publics, on remarque en outre que les
étudiants qui connaissent la BNUT depuis plus qu'un an sont moins
nombreux (57,9% contre 72,7% des autres publics), ainsi que ceux
fréquentent la bibliothèque depuis quelques semaines (12,8%
contre 3,6%) ou depuis quelques mois (29,8% contre 23,6%). Cela confirme les
données sur la forte hausse dans la fréquentation de la
BNUT43 et nous montre que les nouveaux usagers sont majoritairement
des étudiants, bien que le nombre des autres publics nouveaux ne soit
pas anodin.
2) Les services les plus utilisés par les
étudiants : la salle d'enregistrement, la salle de consultation
L'accroissement de la scolarisation et de la formation
continue conduit de plus en plus d'étudiants à étudier
à la BNUT. Comment les accueille-t-elle ? Quels services propose-t-elle
à ces nouveaux publics ?
La vie des étudiants à l'intérieur de la
BNUT est caractérisée par trois lieux emblématiques :
l'enregistrement des publics à l'accueil - qui est aussi la salle des
périodiques -, à côté de l'entrée principale
; les services de la salle de consultation au deuxième étage,
lieu de prédilection des étudiants, où ils peuvent
étudier sur des grandes tables ; la salle de distribution et de
prêt, où les collections du magasin sont empruntables et où
on peut, depuis un mois à peine, consulter le dépôt
légal dans les étagères ouvertes.
a) L'enregistrement des usagers : l'accueil
Le décret DPR 1995/14744 stipule que dans
les bibliothèques d'État et les BN les casiers sont obligatoires
: avant d'entrer, les usagers doivent déposer leurs sacs et autres
objets. Par contre, si du côté de la bibliothèque plusieurs
raisons expliquent ce phénomène (un budget restreint, qui ne
permet pas de magnétiser tous les livres), la nécessité de
déposer ses affaires dans des casiers lors de sa venue à la
bibliothèque a suscité de nombreux remous dans l'enquête,
et notamment de la part des étudiants. Une critique récurrente
vise en effet le manque endémique de casiers (160 environ pour 420
postes assis), ainsi que la perte de temps qu'ils engendrent. Il faut par
contre souligner que la BNUT a modifié un point de l'ordonnance
ministérielle, puisqu'avant 2006 il était interdit d'entrer dans
la salle de consultation avec son propre matériel, tandis que maintenant
il est désormais possible d'entrer avec ses
42 v. Annexe 2, L'enquête quantitative,
Tableaux de bord, p. 41
43 cf. supra, p. 6
44 DPR.1995, n°147, Titre IV, service au public :
lecture, points 31. Conditions d'admission et 32.
Accès et comportement.
propres livres, crayons et matériel informatique. Cette
modification atteste l'acceptation de la part de la Direction que la plupart
des usagers ne viennent plus pour consulter les livres ou les manuscrits, mais
pour travailler sur ses propres documents.
Après avoir laissé ses affaires dans les
casiers, l'enregistrement est le premier service rencontré à la
BNUT. Les service d'accueil délivre aux nouveaux usagers une carte
d'accès aux différents services de la bibliothèque. C'est
avec cette carte que l'usager doit se rendre dans la salle d'enregistrement
pour déclarer son entrée et sa sortie. L'enregistrement est
effectué à l'aide d'Erogazione servizi, un logiciel
informatique inventé par un des informaticiens de la BNUT. Un logiciel
simple d'accès, qui permet d'enregistrer en moins de 15 minutes
l'usager. Pour les étudiants, l'information la plus difficile à
comprendre et à appliquer est la norme qui les oblige à passer
à l'accueil pour déclarer qu'ils rentrent ou sortent de la
bibliothèque, mesures qu'ils considèrent comme un acte de
contrôle qu'ils aiment déjouer. Un local, situé entre
l'enregistrement et les escaliers principaux qui mènent à la
salle de consultation, sert en effet à la surveillance des usagers. Ces
mesures sont par ailleurs justifiées par la sécurité de
l'établissement, mais aussi afin de connaître le nombre d'usagers
et leur identité en cas d'incident, ainsi que pour protéger le
patrimoine de la bibliothèque, qui possède une salle des
manuscrits rares.
Pourtant, malgré la volonté de simplifier les
conditions d'accès à la bibliothèque, le nombre d'usagers
insatisfaits par le service d'accueil est assez élevé. Les
enquêtes quantitative et qualitative démontrent le
mécontentement des étudiants. Dans la première, à
la question « Dans quels espaces t'estu rendu aujourd'hui ? », les
étudiants ont répondu à 13% seulement qu'ils se sont
rendus à l'accueil-salle des périodiques, les autres n'ayant
certainement pas compilé cette partie, par agacement, par
méconnaissance du nom de service dans lequel ils étaient - ou par
déstabilisation par le nom accueilsalle des périodiques, puisque
souvent ils utilisent l'un ou l'autre service sans penser qu'ils sont dans un
même et unique espace. Des commentaires négatifs apparaissent dans
les réponses ouvertes : « Devoir signaler par une carte son
entrée et sa sortie fait perdre beaucoup de temps et je ne pense pas que
ce soit utile. » Certains étudiants vont jusqu'à ajouter que
l'enregistrement à l'accueil «dérange les activités
d'étude et de recherche ». Dans l'enquête qualitative, le
témoignage de l'étudiante n° 6 confirme un tel constat, et
elle critique par ailleurs l'ensemble du système des services de la
BNUT, défini « trop bureaucratique », un jugement
récurrent des entretiens.
Hormis l'enregistrement, l'autre service proposé par la
salle d'enregistrement est l'accueil des étudiants, par l'information et
l'orientation, c'est-à-dire indiquer la présence d'autres
services dans la bibliothèque, leur localisation, leurs horaires etc.
Par ailleurs, des hausses journalières de la
fréquentation (11h, 14h, 18h), ne permettent pas de gérer les
différents publics efficacement. Par la quantité d'usagers
quotidiens, ce service n'est pas toujours un service d'accueil, puisqu'il faut
enregistrer et aider les usagers le plus rapidement possible, afin de ne pas
entraîner le mécontentement des autres usagers qui patientent. Les
étudiants, souvent nouveaux dans ce service, peuvent donc être
désorientés et perdus, car les bibliothécaire n'ont pas le
temps de délivrer toutes les informations nécessaires. Des
brochures n'existent pas à l'heure actuelle, bien qu'une une Touch box
soit présente, mais elle est peu utilisée, sinon par les
professeurs qui organisent des visites de la BNUT pour leurs
étudiants.
Les bibliothécaire de la salle
d'enregistrement-périodiques sont donc confrontés tous les jours
au problème de l'accueil des publics étudiants, nouvelle forme
d'accueil qui entraîne des problèmes dans la qualité des
informations premières à délivrer pour orienter l'usager.
Afin d'améliorer la politique d'accueil des l'établissement,
envers les étudiants mais aussi les lycéens, à se
repérer dans les locaux de la bibliothèque, d'ici quelques
semaines, un guide sur les différents services d'accueil de la BNUT
devrait être disponible, en italien, anglais et français et ce
grâce à l'association Les amis de la BNUT.
Association qui soutient la bibliothèque et l'aide
financièrement. Une carte de la qualité des services a
été mise en ligne en 2008 et est en cours de restructuration
actuellement, afin d'améliorer le rapport entre l'usager et les services
de la bibliothèque.45 De plus, une signalétique
introduit la zone d'accueil, sous la forme de flèches.
b) La salle de consultation
La salle de consultation est le service le plus utilisé
par les étudiants universitaires et les lycéens de la BNUT (77%),
contre 70% pour les autres publics. Ce « succès » s'explique
parce que la salle est spacieuse et munie de tables d'études grandes,
qui peuvent accueillir jusqu'à 420 personnes. Elle est la
deuxième plus grande salle de consultation italienne, après celle
de la BN de Florence. 88,5% des étudiants universitaires viennent
à la BNUT pour étudier et 25% pour ses concentrer,
c'est-à-dire qu'ils se rendent surtout dans la salle de consultation et
ne sont pas spécialement intéressés par les autres
services.
Dans la salle de consultation des matériels
bibliographiques sont mis à disposition des usagers pour les aider
à effectuer leurs recherches. Contrairement à ce que dit
l'enquête de 2010, les usagers semblent consulter habituellement les
livres de ce service (40% les étudiants, 55% les autres),
utilisés d'ailleurs le jour même par un nombre correct
d'étudiants universitaires (29%). Un autre point intéressant de
l'enquête est le jugement des usagers sur la signalétique de la
salle de consultation, ainsi que son système de classification. 70 000
volumes sont en effet mis en libre-service sur les étagères :
encyclopédie générales, dictionnaires, répertoires
biographiques, bibliographies générales, langue et
littérature moderne etc., ce qui donne une soixantaine de cotes,
classées de haut en bas (des balcons de la salle, vers l'espace
inférieur) alphabétiquement (de CONS.A à CONS. X). De
plus, les ouvrages sont classés par sections. Un système qui
semble être compliqué au premier abord, puisque le nombre de
sections et de cotes est élevé, mais aussi à cause du
manque de visibilité des ouvrages sur les étagères, dont
la classification est mentionnée sur de petites étiquettes,
visibles seulement de près. On peut comprendre qu'à la vue de
toutes ces étagères pleines de volumes savants, dont les contenus
sont aujourd'hui « dépassés » à cause de leur
date de publication ancienne, l'étudiant - habitué
désormais plus aux couleurs et aux multimédias d'Internet
qu'à l'ambiance sacrée d'une bibliothèque nationale -
puisse être désorienté. En outre, la signalétique
dans ce secteur n'est constituée que par un unique panneau, ancien,
daté des année 1980, ce que confirme que seul 29% des publics
interrogés dit ne pas avoir de problèmes dans la recherche d'un
livre. Les ennuis que rencontrent les étudiants de la BNUT avec les
collections de la salle sont d'ailleurs confirmés par quelques
commentaires ouverts de l'enquête quantitative,46 par des
adjectifs qui qualifient les collections de « désuète
», « vieille ». Mais aussi, à « améliorer
avec un système classificatoire plus visible, pastilles de couleur
», etc. Il est à noter que les étudiants n'ont
majoritairement pas répondu à cette question, car elle
était textuelle et les obligeait à s'exprimer sur un sujet que,
peut-être, ils ne connaissent pas véritablement.
Différemment des étudiants, les autres publics se montrent plus
à l'aise avec les systèmes bibliothécaires traditionnels,
car ils se servent davantage de la salle de consultation, comme nous avons vu,
où ils manifestent un bon sens de l'orientation, puisqu'ils trouvent les
livres très facilement (60%), lorsque les étudiants rencontrent
certaines difficultés (38%) et ont aussi l'habitude de demander de
l'aide à un bibliothécaire (33%), ce qui arrive aux plus «
expérimentés » uniquement dans 14% des cas.
Autre problème rencontré dans le classement des
livres sur les étagères, les livres manquants. En
45 Biblioteca Nazionale Universitaria, Ministero per i beni e le
attivita'culturali, Carta della qualità dei servizi, 2008 non
disponible actuellement, mais en ligne à l'adresse suivante:
<http://www.bnto.librari.beniculturali.it/ >. Consulté le
29 mai 2011
46 v. Annexe 2, L'enquête quantitative,
Réponses ouvertes, p. 60
effet, normalement l'usager qui emprunte un livre doit mettre
à sa place un « marque-livre », avec le numéro de la
table qu'il occupe. Mais ces consignes ne sont pas toujours respectées,
notamment par les étudiants, et il arrive que les livres soient
volés, car non magnétisés, ou ne soient pas rangées
au bon endroit, ce qu'on retrouve dans les commentaires de l'enquête
quantitative47 : « Parfois, certains livres ne sont pas
rangés à leur bonne collocation ou alors ils résultent
présents sur internet, mais une fois sur place, ils sont manquants
».
Il faut souligner que, pour résoudre ces
problèmes, les ressources traditionnelles de la salle de consultation
ont été progressivement intégrées par les
ressources électroniques, selon le projet d'une salle de consultation
virtuelle, en partie déjà réalisée.48
Six postes informatiques sont mis à disposition des usagers, qui peuvent
les utiliser pour accéder aux catalogues en ligne (Librilinea pour le
Piémont, Banca dati pour les journaux numérisés etc),
ainsi que pour repérer les livres dans la salle de consultation. Il est
en outre possible de se connecter à internet depuis son ordinateur
personnel, même si les deux enquêtes ont souligné les
difficultés des étudiants vis-à-vis d'une utilisation
optimale de la salle de consultation et de ses ressources, à cause du
wi-fi qui ne marche pas toujours bien, et pour lequel seuls 200 usagers peuvent
se connecter en accès limité. En effet, seules vingt prises pour
recharger les batteries des ordinateurs existent : « il y a peu de prises
pour les PC, pour la batterie [...], parfois je ne viens pas parce que je sais
que les prises sont déjà prises. ».
L'autre problème majeur est celui du bruit que font les
étudiants, même si cinq bibliothécaires sont au centre de
la salle de consultation, une disposition qui rend difficile la surveillance
sur toutes les extrémités et les balcons, où les
étudiants peuvent donc parler librement. Aucune solution n'a encore
été mise en pratique pour assurer la tranquillité des
usagers, mais aussi afin de permettre de travailler en groupe à ceux qui
en ont besoin. Les commentaires à ce sujet sont récurrents tant
dans l'enquête quantitative que dans l'enquête qualitative : «
Une fois (il y a deux ans) le silence régnait dans tout l'édifice
[...] et cela me déplaît à chaque fois que j'ouvre la porte
de ce magnifique édifice historique » ; « Je trouve toujours
plus difficile de faire des recherches à la BNUT, comme si elle faisait
partie du passé. L'ambiance est devenue bruyante, ce qui n'aide pas
à la concentration. » ; « Je pense que créer des
espaces dédiés aux chercheurs, qui ont besoin de silence et de
prendre de la distance avec les étudiants universitaires serait une
très bonne idée. ». Le bruit dans la bibliothèque se
propage surtout au niveau des balcons et à cause de la grande hauteur
des plafonds. Ce problème permet de mieux saisir dans sa
complexité le phénomène de l'accueil des publics et de
leur cohabitation dans un espace décloisonné, où la
bibliothèque doit assumer un double rôle: être un lieu
d'étude, permettant le travail intellectuel, et être un lieu de
sociabilité favorisant les échanges et les rencontres. La BNUT
doit donc réfléchir sur les façons de faire cohabiter des
publics aux usages plus diversifiés qu'autrefois et à la question
des espaces et de leur division afin qu'un public n'en chasse pas d'autres.
Ainsi 49« L'accueil des publics en
bibliothèque est une pratique politique d'ouverture sans perdre ni
exclure. » Un autre problème est aussi la présence de
certains publics "agressifs". En effet, en moins d'un an la bibliothèque
a eu nombre de cas de violences physiques entre les usagers, constatées
dans les toilettes, mais aussi en salle de consultation, à l'exemple
d'un usager qui a provoqué un second étudiant en lui jetant son
ordinateur sur le visage, lui cassant le nez. Ou encore, il y a moins d'une
semaine deux usagers (étudiants et non étudiant) se sont
disputés, un des deux allant jusqu'à mordre le petit doigt du
second...
47 ibidem
48 DE PASQUALE ANDREA, L'integrazione tra risorse
tradizionali e risorse elettroniche: come cambia la sala di consultazione di
una Biblioteca Nazionale. Roma : « Bibliocom », 2002
49 CHEKIB Vincent, L'accueil des publics en
bibliothèque: une pratique politique d'ouverture sans se predre ni
exclure. Villeurbanne, ENSSIB, 2008
Ce ne sont pas les étudiants et leurs comportements qui
sont à fustiger, mais le manque de personnel de la bibliothèque
pour surveiller les usagers. La BNUT, composée aujourd'hui d'à
peine 80 personnes et elle assume depuis quatre ans une trentaine de
départ à la retraite. Luciano Scale,50 ministre des
Biens Culturels, en 2006 souligne le manque et l'âge du personnel : les
bibliothèques publiques d'État ont environ 3500 personnes avec
une moyenne d'âge comprise entre 50 et 60 ans. Et pour avoir des
bibliothèques publique d'État fonctionnelles il faudrait 750
personnes en plus...
A côté de ce jugement, pourtant, les
étudiants universitaires expliquent dans les deux enquêtes qu'ils
aiment venir à la bibliothèque pour le silence qui règne,
le fait qu'elle soit une bibliothèque assez calme par rapport aux autres
réseaux de lecture publique, comme le témoignage dans
l'enquête qualitative de l'étudiant n°10, qui nous explique
que la première pensée lui ayant traversé l'esprit
lorsqu'il a pénétré le hall d'entrée de la BNUT,
est le film allemand Les ailes de la liberté, de Wim Wenders,
à cause de la luminosité de l'édifice, de ses espace et du
silence qui règne.
En conclusion, le débat sur la salle de consultation et
sur son utilisation par des publics distincts démontre que la politique
d'accueil mise en place dans ce secteur est aujourd'hui en partie
désuète : le nombre de bibliothécaires dans ce secteur est
insuffisant, ou en tout cas mal réparti dans les différents
espaces de la bibliothèque afin d'assurer un service de surveillance
optimal; les heures de pointe, qui voient le public attendre longtemps à
la salle d'enregistrement et remplir la salle de consultation, rendent l'aide
aux recherches bibliographiques de plus en plus difficile pour une partie du
public, et notamment des chercheurs et actifs occupés si on se
réfère aux enquêtes, tandis que les étudiants
apprécient fortement cette partie de la bibliothèque pour son
calme et sa tranquillité.
3) Promotion de la lecture et de la culture à la
BNUT
a) Le service de prêt-distribution
Le service phare de la BNUT, jusqu'à la crise des
année 1990-2000, a été le service de
prêtdistribution et de consultation des collections du magasin,
doté de fonds éclectiques à la fois anciens (avant 1930)
et modernes. Les usagers pouvaient emprunter les livres du dépôt
légal et des collections ajournées, ce qui correspondaient
à une véritable politique d'acquisition, correspondant aux
missions de la bibliothèque et aux besoins des usagers. Aujourd'hui, on
constate un déclin de l'emprunt à la BNUT crise qui ressemble
à celle des bibliothèques de lecture publique anglo-saxonne ou
française. Par exemple, en 2009, sur les 54 026 personnes admises au
service de prêt, un peu moins de la moitié (20 125) ont
utilisé ce service. Les chiffres du carnet de bord Tous publics
appuient le constat des professionnels, puisque les livres les plus lus
à la BNUT sont ceux de la salle de consultation (33%), lorsque l'emprunt
des monographies n'est effectué que par 21% des publics.
Pour l'emprunt des documents, les analyses
croisées51 démontrent que généralement
les étudiants sont ceux qui ont le moins répondu à la
question des collections et les autres publics aussi. Quant aux chercheurs, on
se rend compte qu'ils empruntent par contre régulièrement
à la BNUT : 50% affirment avoir utilisé le service de prêt
le mois dernier et 20% aujourd'hui.
L'emprunt des documents est aussi caractérisé
par une différence entre le public étudiant et les autres
publics: 27% du nombre total des publics dit avoir emprunté un document
le mois dernier, soit 23% des étudiants, contre 31% pour les autres
publics. Par contre la tendance s'inverse pour l'utilisation de documents sur
place, le jour même avec 14,8% des étudiants contre 7% des autres
publics. Les autres
50 SCALE Luciano, Biblioteche statali : a che punto siamo
?, « Biblioteche oggi », novembre 2006, p. 14- 15
51 v. Annexe 2, L'enquête quantitative,
Tableaux croisés, p. 55-57
publics sont aussi ceux qui empruntent le plus sur le long
terme, puisque 31% disent avoir emprunté le mois dernier. Les
étudiants généralement ont donc une consultation assez
éphémère des documents, c'est-à-dire sur place,
tandis que les autres publics ont une utilisation plus équilibrée
des différentes collections de la BNUT.
Hormis l'emprunt des documents, un autre clivage existe entre
les publics actifs, les chercheurs et les étudiants. Il s'agit du genres
de livres empruntés au service de prêt-distribution, puisque les
autres publics utilisent surtout les livres d'histoire, de politique, de
littérature moderne et classique, des genres particulièrement
présents dans le magasin de la BNUT, et les chercheurs empruntent
principalement la critique littéraire, l'histoire et la politique,
lorsque les étudiants utilisent les manuels scolaires et les livres de
sciences humaines, ce qui caractérise une fois encore leur utilisation
de la BNUT comme un espace privilégié pour l'étude.
Ces chiffres et ces usages diversifiés des collections
soulignent que les publics ont des besoins très diversifiés, pour
lesquels la constitution de politiques d'accueil adaptées s'avère
nécessaire.
En effet, tant dans l'enquête quantitative, que dans
l'enquête qualitative, la bureaucratie du système d'emprunt et la
politique d'accueil a été vivement critiqué par les
étudiants, principalement, mais aussi par les autres publics. Les
premiers ont affirmé ne pas vouloir emprunter de documents car le
système de prêt est plus compliqué que dans les autres
bibliothèques turinoises, reprochant ainsi à la BNUT son
côté bureaucratique et « à l'ancienne ». Le
"décorticage" de la procédure mise en place pour emprunter les
livres à la BNUT permet toutefois de comprendre pourquoi les
étudiants se passent du service de prêt et de consultation. A la
BNUT les livres ne sont pas en accès direct, un phénomène
récurrent dans l'ensemble des bibliothèques du territoire
italien. Les bibliothèques municipales, telles que la Civica
(bibliothèque de lecture publique centrale), ont un magasin et peu
de livres en libre-service, et toutes les bibliothèques universitaires
fonctionnent aussi par le biais du magasin. Seules les bibliothèques de
proximité ont l'avantage de disposer d'étagères en
libre-service. Ce phénomène trouve son explication dans
l'architecture des bibliothèques italiennes : la plupart d'elles sont
dans des bâtiments historiques, où des travaux nécessitent
de suivre un cadre législatif stricte et difficilement applicable. Un
étudiant fait une telle remarque dans l'enquête quantitative :
« Mettez tous les livres après 1900 dans les étagères
! ». Ainsi, pour pouvoir consulter un livre et l'emprunter, l'usager de la
BNUT doit passer par quatre services distincts :
1. il doit compiler un document, qui requiert nombreuses
informations sur le livre et le lecteur, à écrire deux fois (un
volet pour l'administration, l'autre est mis à la place du livre dans le
magasin), et qui est à consigner au service de distribution ;
2. la demande est envoyée au magasin, une immense tour
de six étages, et elle revient avec le livre au service de distribution,
où un bibliothécaire appelle le lecteur par les 3 derniers
chiffres de sa carte et lui consigne le livre pour la consultation;
3. si le lecteur souhaite emprunter le livre, il doit aller
au service de prêt et
4. repasser pas le service de distribution pour tamponner une
attestation d'emprunt.
Si on somme le temps pour remplir les documents (2 à 3
minutes chacun), l'attente, les passages d'un service à l'autre,
l'obtention d'un livre requiert une quinzaine de minutes minimum. En sachant
qu'il arrive que l'usager se trompe dans la collocation (ou autre indication
bibliographique) du document recherché (confusion avec les collocations
des autres bibliothèques) et qu'aucun service d'aide n'est alors
assuré par les bibliothécaires de ce secteur, les temps d'attente
peuvent s'allonger davantage. En effet, la salle était jusqu'à
présent dotée d'ordinateurs pour les recherches bibliographiques,
mais ce secteur a été délocalisé au niveau des
balcons de la salle de consultation, à l'autre côte de
l'étage, sans aucune visibilité ou signalétique claire
pour les lecteurs. En témoignent les étudiants n°6, 10 et 11
de l'enquête
qualitative,52 qui racontent en détail le
cheminement parsemé d'embûches qu'ils doivent suivre pour
accéder à un document, ou la fatigue et l'énervement
généré par le grand nombre d'opérations diverses de
la salle de distribution et de prêt.
Mais le phénomène le plus frappant, dont les
étudiants aussi font parti, est que 43,8% des usager a affirmé
qu'au moins une fois ils ont demandé un livre qui était
déclaré « présent » dans l'OPAC, mais les
bibliothécaires leur ont dit que le livre était « manquant
». Un phénomène vraiment inquiétant pour les
chercheurs, puisque 80% de ce public a été victime du
phénomène livre manquant, et d'ailleurs répandu en Italie,
comme témoigne la doctorante n°8 de l'enquête qualitative,
qui nous conte ses mésaventures à Rome, où elle
s'était déplacée spécialement dans le but de
consulter des livres, qui n'étaient pas présent à la
bibliothèque alors qu'ils apparaissaient sur l'OPAC de la
bibliothèque comme disponibles. Deux facteurs expliquent que les livres
soient manquants à la BNUT, soit le livre est mal rangé dans le
magasin, soit il n'est pas ramené par l'usager. Il faut noter que les
bibliothèques italiennes sont entièrement gratuites et qu'aucunes
pénalités financière n'existent dans le réseau des
bibliothèques turinoises. A la BNUT, aucune suspension ou sanction n'a
lieu si les livres sont manquants, et aucune lettre de rappel n'est
envoyée à l'usager retardataire. Ce qui peut effectivement
pousser certaines personnes peu scrupuleuses à faire leur shopping
à la bibliothèque...
La bibliothèque a tenté de faciliter le service
de prêt-distribution par le « prêt en ligne », mis en
place depuis moins d'un an, orientée d'ailleurs vers un public qui n'est
pas toujours étudiant. L'usager téléphone ou envoie par
courriel les informations bibliographiques du document qu'il recherche. Le
livre est ensuite recherché dans le magasin et mis de côté.
Si le livre n'est pas disponible ou manquant par contre, les usagers n'est pas
toujours prévenu, et l'usager se déplace alors à la
bibliothèque sans motif. Le problème étant que certains
usagers non turinois se déplacent à la bibliothèque pour
un document précis, dont la collocation apparaît sur le catalogue,
mais absent des rayons. Mais le prêt en ligne est récent et peu
connu des usagers à l'heure actuelle. L'accueil des publics en ligne
permet de faciliter l'accès pour faire gagner du temps, rendre visible
les collections, les services et le personnel.
b) Promotion de la lecture et de la lecture
L'enquête ethnologique et quantitative de
201053 démontrait seulement que les étudiants
n'empruntaient pas, sans chercher les causes du non-emprunt ailleurs que dans
le développement des nouvelles technologies, un facteur parmi d'autres
du non-emprunt de livres par les étudiants. Ce point de vue «
pessimiste » nous fait dire que la promotion de la lecture et de la
culture ne seraient pas mises en valeur par une politique d'accueil des
étudiants qui se contenterait de les recevoir et ne leur fournirait pas
d'autres services spécifiquement bibliothécaires. Par exemple, la
digitalisation des fonds anciens est en cours, mais est en retard sur les
autres bibliothèques italiennes, et l'accès à des services
en ligne est encore nouveau à la BNUT. Tous ces facteurs contribuent
à ne pas mettre en avant les collections de la BNUT, ou à trouver
le moyen de mettre en place de nouvelles collections.
Dans notre analyse, il faut tenir compte de deux facteurs : la
forte baisse des financements publics aux bibliothèques italiennes et le
fait que les étudiants constituent à Turin un public de lecteurs
ancré dans de fortes traditions culturelles. Il est vrai qu'en Italie on
lit peu, puisque 57,7% des italiens déclarent ne pas avoir lu de livres
en 200754, et que 20,1% ont lu au moins trois livres. Mais le
Piémont est une région où on lit beaucoup55 :
en 2009, à Turin, 52,3% des personnes sondées par l'ISTAT
52 v. Annexe 2, L'enquête qualitative,
L'interviewe des étudiants, p. 63
53 GIAVINA-CASPETTIN Maddalena, Luoghi da leggere,
cit.
54 ARPEA Mario, L'Italia, l'Europa e la lettura di
libri, « Affari sociali internazionali », 2008
55 La lettura di libri in Italia, 2010, [En ligne]
<
www.ISTAT.it/salastampa/comunicati/non_calendario/20110511_00>
Consulté le 29 mai 2011
déclarait avoir lu un à trois livres au cours
des douze derniers mois. Et Turin est le second pôle de production
italien, avec en 2007, 37 millions d'oeuvres imprimées et
distribuées par de petites maisons d'édition (150, 68% du total),
mais aussi par de grosses, comme Einaudi, la maison d'édition de
référence pour les chercheurs et les étudiants
italiens.
Depuis 2004, le budget de la BNUT pour la politique
d'acquisition et le renouvellement des collections n'existe presque plus, et
pour l'aider financièrement une association (Les amis de la
BNUT) a été crée depuis un an. Depuis l'an dernier
surtout, le budget d'acquisition de la bibliothèque a fortement
diminué : seulement 1084 acquisitions en 2010, le nombre de dons de 1171
dépassant les oeuvres achetées par la bibliothèque. Et la
bibliothèque est passé de 25% de coupure budgétaire en
2004, à 41 ,89% de coupure en 2006, à une coupure quasi-totale du
budget pour les acquisitions en 2010-2011.56 Coupure qui expliquent
que les livres manquants ne soient pas renouvelés.
Par contre, la bibliothèque, possède toutes les
oeuvres produites par les maisons d'édition piémontaises, selon
la loi sur le dépôt légal DPR 252/2006, qui stipule que
l'éditeur doit déposer à la BNUT une copie de l'oeuvre
produite, ce qui sous-entend qu'aujourd'hui les livres déposés
à la BNUT en tant que dépôt légal sont encore plus
nombreux que dans le passé. Avant la loi il arrivait que l'imprimeur,
résidant dans une autre région que le Piémont, conserve
l'oeuvre sans l'envoyer à la BN.
Le prêt du dépôt légal est interdit
depuis le décret sur le dépôt légal depuis 2008, ce
qui a entraîné le mécontentement des étudiants qui
avaient l'habitude d'utiliser ses livres dans le cadre de leurs études,
comme le témoignage de l'étudiant n°1 de l'enquête
qualitative57, qui nous explique que la mise en place
d'étagères en libre-service est une bonne idée, mais que
de « remplacer le système de prêt par des fauteuils en cuir,
ne remplacerait jamais le plaisir de pouvoir consulter un livre chez soi.»
Pourtant, afin d'aider les étudiants, principaux utilisateurs du
dépôt légal à accéder aux collections du
dépôt légal, une photocopieuse a été mise
à disposition depuis trois ans.
Parmi les livres empruntables de la BNUT on trouve les
collections de maisons d'édition comme Einaudi, Lindau, (livres
politiques et historiques), Umberto Allemardi & C. (dont le stock de livres
d'art a été détruit et n'existe aujourd'hui qu'à la
BNUT), Bollati Boringhieri (science, psychologie, économie), Lattes,
Bocca (sciences humaines), les Edizioni dell'Orso (littérature
étrangère et du Piémont) et de nombreuses publications de
l'université de Turin. La typologie des maisons d'édition
représentées est trop vaste et complexe pour
l'énumérer complètement, mais, depuis les coupures
drastiques de budget, les deux principaux« concessionnaires » de
livres de la BNUT sont les turinois Pacini et Utet, qui fournissent les
classiques et les éditions scolaires.
Tous ces livres appartiennent au fond moderne de la BNUT,
majoritairement consulté et emprunté par les étudiants
(24,6%). L'enquête quantitative démontre que 74% des
étudiants estiment ne pas connaître les collections de la BNUT,
contre 54% pour les autres publics et 30% des chercheurs. Seuls 8% des
étudiants interrogés ont suivi les cours proposés par les
professeurs des universités sur les ressources de la BNUT alors que 87%
des étudiants ne connaît pas l'existence de tels cours. Les
réponses ouvertes58 démontrent que pour les autres
publics, sur 29 réponses, 28 trouvent que des cours sur les ressources
sont une bonne initiative, contre 17 réponses positives sur 19 pour les
étudiants. Peu de réponses à la question sur l'initiative
d'un cours sur les ressources, mais ces réponses sont
intéressantes : pour les chercheurs, ce serait le moyen de «
rassembler les anciens et les nouveaux chercheurs dans le magasin » ;
l'étudiant n°3 nous dit emprunter beaucoup à la BNUT mais
qu'il ne s'est jamais posé la question des collections de la BNUT, ou le
témoignage de l'étudiante n°6, doctorante, qui estime «
qu'il faut être armé d'une volonté d'acier pour
accéder au savoir à la BNUT », et qui
56 SCALE Luciano, Biblioteche statale : a che punto siamo
?, « Biblioteche oggi », novembre 2006, p14-15
57 v. Annexe 2, L'enquête qualitative,
L'interviewe des étudiants, p. 63
58 v. Annexe 2, L'enquête quantitative,
Réponses ouvertes, p. 58-59
explique s'être auto-formée seule sur les catalogues
et les collections possédées.
Un autre problème dans l'usage des collections est
posé par le rapport des usagers au personnel, qui a suscité
quelques critiques : seuls 16% des étudiants jugent que les
bibliothécaires sont aptes à leur proposer une assistance
individuelle, lorsque 9,8% trouvent que les stratégies de recherche
déployées par le personnel sont bonnes, même si leur fort
taux d'abstention (76%) démontre aussi une volonté de ne pas
vouloir attribuées les qualités proposées aux
bibliothécaires, car insatisfaits des politiques d'accueil de la BNUT,
puisque les étudiants ont choisi, comme pour les autres publics et les
chercheurs, de ne pas cocher les réponses qui leur étaient
proposée, et ont même parfois ajouté que les
qualités proposées étaient justement les qualités
qui fait défaut au personnel. La disponibilité est par contre la
qualité dominante constatée par tous les publics. Mais le public
des chercheurs est encore plus catégorique, puisqu'il n'a coché
que la case disponibilité de l'enquête quantitative, un
choix qui démontre que pour ce public la recherche est difficile
à la BNUT et qu'il est surtout extrêmement exigeant à
l'égard du personnel des bibliothèques en général.
Cette formation du personnel, manquante aux yeux des usagers, est un des
commentaires les plus présents de l'enquête quantitative, ainsi
que dans la qualitative, dans laquelle une censure a été
appliqué à la transcription de certains commentaires. Ce
mécontentement s'explique par l'âge du personnel (la
majorité a plus de 55 ans) et leur rapport aux publics, ainsi qu'au
métier de bibliothécaire et à son statut en Italie. Les
obstacles à la communication entre les bibliothécaires et les
usagers sont en effet de trois ordres :
· les obstacles physiques, lié à la
mobilité du bibliothécaire derrière la banque de
prêt, qui éprouve alors des difficultés de médiation
pédagogique en cas de problèmes rencontrés par l'usager
dans la bibliothèque. ;
· les problèmes de communication ;
· le problème de l'image qu'ont les étudiants
des bibliothèques et de la fonction publique, mais aussi à
l'inverse de l'image qu'ont les bibliothécaires des étudiants.
On sous-estime parfois à quel point le travail de
bibliothécaire face au public peut être une contrainte ou une
souffrance du personnel. Les politiques d'accueil de la BNUT doivent donc
reposer sur des formations solides et sur une dimension relationnelle,
pédagogique avec l'usager.
Pourtant, la qualité des services d'accueil s'est
nettement amélioré depuis plusieurs années, par la mise en
place de secteurs pour chaque service de la bibliothèque,
puisqu'auparavant les employés tournaient d'un secteur à l'autre
de la bibliothèque. Aujourd'hui, le personnel forme à
l'intérieur de chaque service, un groupe homogène, avec plusieurs
bibliothécaires qui aident à la fois les usagers, mais aussi le
personnel en cas de difficulté. Malgré les critiques
négatives, des commentaires positifs ont été
adressé envers le personnel, comme l'étudiante n°8: «
J'ai aussi une grande affection pour le personnel, qui est comme une grande
famille».
Les étudiants de la BNUT sont pourtant des lecteurs qui
aiment les livres et la culture : si on observe le carnet de bord
étudiant, 44% des lecteurs de la BNUT ont participé au Salon
international du livre, où se tient tous les ans l'observatoire de la
lecture et des lecteurs dans le Piémont. En 2009,59
l'observatoire a dressé une typologie des lecteurs
particulièrement intéressante dans le cadre de notre
enquête, bien qu'il s'agisse de strates de publics confondus et non pas
des seuls publics étudiants. La foire avait accueilli 38% de lecteurs
moyens (4 à 12 livres par an), 58% de lecteurs forts (12 livres) et 0,4%
de lecteurs faibles. Les statistiques nationales montrent que le plus fort taux
de lecture touche les adolescents de 11 à 14 ans (64,7%), avec une chute
de la lecture à partir de 35 ans, le public étudiant étant
donc compris entre ces deux "âges ". De plus, le titre d'étude
influence la lecture, puisque 80% de ceux qui ont un Master II lisent, contre
28% pour la licence triennale. Vu cela et le fait que 44% des
59 <
http://www.ocp.piemonte.it/PDF/relazione/ocp_relaz2009.pdf
> Consulté le 06/06/2011
étudiants aient participer au moins à un
événement culturel de la ville, on peut aisément affirmer
que la BNUT pourrait transformer une partie de son public étudiant
d'emprunteurs « potentiels » à emprunteurs « réels
» par une plus forte promotion de ses collection et de ses expositions.
Bien sûr, les étudiants lisent énormément sur des
supports immatériels, comme dans l'ensemble des pays européens.
Mais il faut noter que les étudiants à Turin représentent
un public non négligeable pour la BNUT, par la singularité des
collections de la bibliothèque et l'attrait littéraire et
culturel de la ville sur les habitants et les étrangers.
IV] Le projet de restructuration de la BNUT
1) Des problèmes et des solutions
a) Le concept de troisième lieu appliqué
à la BNUT
En 1980, le sociologue Ray Oldenburg distinguait un premier
lieu (« la sphère du foyer ») d'un deuxième (« le
domaine du travail ») et d'un troisième lieu, constitué par
des espaces où les individus peuvent se rencontrer et réaliser la
vie communautaire.60 Ce concept qui rapproche la bibliothèque
de la ville est peu répandu dans les pays méditerranéens,
notamment en Italie à la différence des bibliothèques
anglo-saxonnes, américaines ou scandinaves. A Turin, le
bibliothéconomiste Maurizio Vivarelli défend ce modèle et
a appliqué ce concept de démocratisation des espaces à la
bibliothèque municipale de Pistoia, en Toscane,61 où
il a fait évoluer les politiques d'accueil et, grâce à la
modernisation du matériel et au réaménagement des espaces,
augmenter la fréquence des visiteurs et le nombre de prêts
annuels.62 L'autre témoignage de l'importance que prend le
concept de bibliothèque de troisième lieu est la
conférence de l'IFLA63 en 2009, qui revendiquait l'espace de
la bibliothèque comme lieu social, ou espace digital pour tous les
publics. Outre la BNUT, d'autres bibliothèques du réseau
turinois, comme la bibliothèque Centrale, ont pour projet d'adopter le
modèle de bibliothèque de troisième lieu,64
ayant pour volonté de transformer la bibliothèque actuelle en un
espace multimédia de 1500 places assises et un million de documents...
Ainsi le réseau des bibliothèques turinoises a
décidé d'adapter un nouveau modèle. Et selon Antonella
Agnolli, bibliothéconomiste italienne : « La bibliothèque
doit changer de fonction et devenir davantage un lieu de rencontre, un lieu de
travail solitaire ou collectif, un nouveau forum et, à la fois tout le
contraire, la possibilité d'une île déserte dans la ville
».65 Les bibliothécaires de Turin et de la BNUT
revendiquent un nouveau modèle et un accueil selon des politiques
diversifiées, contre l'ancien modèle des bibliothèques,
orientées vers des tâches internes (accroissement des collections,
catalogage).
b) Nouveaux publics, nouvelles politiques d'accueil
Depuis 2006, la BNUT a commencé a appliquer une
modification de ses services et de ses missions, afin d'adapter ses politiques
d'accueil à de nouveaux publics comme les étudiants
universitaires, mais aussi afin de faciliter la coexistence des
différents publics entre eux. Dans les prochains mois et les prochaines
années la BNUT doit donc redéfinir ses différents espaces,
à l'aide d'une série de partneships avec la
Région Piémontaise, le Ministère, des privés et des
sponsors, qui financeront des aménagements coûteux : « [...]
C'est en cours de réalisation la restructuration de
60 SERVET Mathilde, « Les bibliothèques
troisième lieu : une nouvelle génération
d'établissements culturels », BBF, n°5, p55-53, [en ligne]
<http : http://bbf.enssib.fr/> Consulté le 15 mai 2011
61 VIVARELLI Maurizio, Un'idea di biblioteca, «
Biblioteche oggi », ottobre 2007, Prime valutazione sull'uso,
« Biblioteche oggi », ottobre 2007, à propos de la
bibliothèque San Giorgio, à Pistoia, en Toscane
62 150% de prêt en plus ont été
enregistré à la bibliothèque municipale de Pistoia lors
d'une étude statistique du 23 septembre au 23 août 2007
63 IFLA (International Federation of Library Associations),
conférence Libraries as space and place, « Biblioteca oggi
», novembre 2008, p.62-64
64 CIVICA CENTRALE, « La nuova civica centrale nel centro
culturale di via Borsellino » (projet de restructuration, 2001), [en
ligne] <
http://www.comune.torino.it/cultura/biblioteche/nbcc/
>, consulté le 15 mai 2011
65 RAPATEL Livia, Antonella Agnolli: le piazze del sapare,
biblioteche e libertà, « BBF », n°3, p 94- 95, [en
ligne], <http : http://bbf.enssib.fr/> Consulté le 15 mai
2011
l'auditorium, de la salle d'accueil, la construction d'une
médiathèque, d'un service de didactique universitaire ou espace
dédié aux étudiants, d'un espace dédié au
dépôt légal et à la lecture individuelle [...]
».66 Il est à noter que l'enquête
réalisé en 2010, ainsi que notre enquête, serviront
justement à promouvoir la campagne de restructuration de la BNUT,
constituant une base pour l'analyse des besoins des différents publics
et l'adaptation de politiques d'accueil spécifiques.
L'étude de faisabilité pour la reconstruction de
la BNUT a été réalisée par le studio
Area-Progetti de Turin,67 et les finalités de ces
changements sont bien expliquées dans le projet Premio
Qualità68 pour l'année courante : « En vue
de couvrir les différents publics, la BNUT opère désormais
sur trois niveaux : niveau du citadin, niveau des étudiants
universitaires, niveau de la recherche. ».
1. Au niveau du citadin, la BNUT «
souhaite en effet attirer des personnes qui ne soient pas forcément
intéressées par le patrimoine possédé par la
bibliothèque, en organisant une ouverture des horaires plus ample,
puisque les citadins réclament un accès et des ressources selon
deux lignes directrices :
? l'information de base, comme l'orientation de l'usager au
sein des différents secteurs et développement de politiques
d'accueil spécifiques ;
? les manifestations culturelles, comme des expositions, des
conférences, des cours, des représentations, organisées et
hébergées par la bibliothèques.
Un autre élément important pour établir
une relation avec l'usager extérieur est le nombre d'ordinateurs
utilisés pour internet [...] » ;
2. Au niveau des étudiants universitaires
: réalisation d'un service de reproduction self-service et
étagères en libre-service avec des documents universitaires, le
dépôt légal et les acquisitions des trois dernières
années. Ce qui signifie sortir du magasin le patrimoine de la
bibliothèque, afin qu'il soit visible pour tous ;
3. Au niveau de la bibliothèque d'étude
et de recherche : créer un espace pour l'étude et la
recherche, pour l'utilisation du patrimoine documentaire de la
bibliothèque, en créant par exemple des carrels individuels.
2) La restructuration des grands services69
a) L'accueil et la salle de consultation
Le projet Premio Qualità développe
d'autres points capitaux dans la compréhension du futur de la
bibliothèque et le modèle de bibliothèque de
troisième lieu qu'elle soutient. Le projet propose d'abord des cours
d'ajournement des bibliothécaires, afin de proposer une offre de
formation continue à destination de son personnel, destiné
à améliorer le rapport bibliothécaire-étudiant en
général, mais aussi aux autres publics :
· Il a été prévu de promouvoir
et d'effectuer différents cours d'ajournement et de formation pour
améliorer le "bagage" personnel des bibliothécaires et pour
aligner les exigences de
66 v. Annexe 4, Le projet de restructuration, p.
69-75
67 BIBLIOTECA NAZIONALE UNIVERSITARIA DI TORINO, Étude
de faisabilité, Ministère pour les Biens et les activités
culturelles, [...], 2006, v. Annexe 4, Le projet de
restructuration, p. 69-75
68 BIBLIOTECA NAZIONALE DI TORINO, PRESIDENZA DEL CONSIGLIO DEI
MINISTRI, Premio Qualità della Pubblica Amministrazione 2010:
documento di partecipazione, 2010. Les points qui nous intéressent
dans le cadre de notre étude sont : 2. Politique et
stratégie, 2.1 recueillir les besoins relatifs aux usagers
présents et aux futurs porteurs d'intérêt et 2.4,
Planifier, actualiser et revoir les activités pour la modernisation
et l'innovation
69 v. Annexe 4, Le projet de restructuration, p.
69-75
l'administration aux demandes des usagers par des cours de
langue anglaise et française, cours de Rendering et de PHP, cours
d'architecture de la lecture, cours de Bilan et Economie des Biens Culturels,
cours d'accueil et de vigilance etc.
La fondation FITZCARRALDO est par exemple un partenaire de la
BNUT dans le cadre de l'ajournement de la formation des bibliothécaires.
La formation des bibliothécaires est par cours de langue anglaise et de
français, cours d'accueil et de vigilance etc), afin qu'ils s'adaptent
au mieux aux publics cernés, selon des politiques d'accueil
définies. Ensuite, si on observe le projet de reconstruction
d'Area-progetti de Turin, concernant les services des salles
d'accueil-enregistrement, de consultation et de prêt-distribution, on
observe une modification des services, qui trouve leurs sources dans les
exigences des usagers. Au niveau de l'accueil :
· de façon à ouvrir la salle
d'enregistrement et périodiques vers l'extérieur et de la rendre
directement visible au public, on a prévu l'aménagement d'une
prolongation du service d'accueil vers le hall d'entrée, à
côté des casiers, avec des chauffeuses, des tables et la
possibilité d'une connexion au wi-fi à la disposition des
publics. Il s'agit de rendre visible dès l'entrée de l'usager un
pan du service d'accueil qui se prolongera désormais du hall
d'entrée, sans interruption, vers la salle d'accueil actuelle ;70
· la BNUT souhaite simplifier son service d'accueil
actuel créant un espace articulé, qui comprendra l'inscription et
l'enregistrement (élimination de la carte d'enregistrement actuelle et
magnétisation du service) et une zone relax avec un bar, où il
serait possible de consulter les quotidiens et les périodiques
d'information de la salle ;
· afin de faciliter l'orientation des nouveau venus, la
BNUT souhaite créer une banque informatique cartographiée sur le
modèle des Idea store londoniens, qui se substitut aux affiches
actuellement présentes sur les murs de la bibliothèque. Elle
souhaite développer des postes multimédias touch screen
qui fournisseraient les informations aux usagers (un exemplaire est
déjà disponible, entre le hall d'entrée et le service
d'enregistrement).
Au niveau de la salle de consultation :
· à la place des collections du musée
Egyptien et dans le couloir du premier étage, création d'un
espace pour les étudiants (salle didactique universitaire) afin
de déplacer ce public de la salle de consultation vers un espace plus
approprié. Dans le prolongement du couloir, un autre espace serait
disponible pour les étudiants, avec des chauffeuses et des tables pour
se connecter au wi-fi. Construction d'un espace réservé à
la reprographie sur la modalité self-service ;
· la Direction de la BNUT souhaite aussi créer,
au niveau des différents balcons de la salle de consultation, une
dizaine de carrels individuels, un salon avec des canapés et des
chauffeuses au modèle « design » et ajouter une vingtaine de
postes informatiques pour faciliter les recherches bibliographiques, pour
déplacer les chercheurs dans un nouvel espace, plus approprié
à leurs besoins. 71
La diversification des espaces entre eux rend compte de
l'organisation architectonique de la bibliothèque et de la
volonté de faire évoluer les services offerts aux usagers. Par
exemple, Claude Poissenot72 propose la construction d'espaces chauds
et froids, que le public choisirait selon les motifs de sa venue à la
bibliothèque : l'espace froid pour les études, l'espace chaud
pour se relaxer, se décontracter, s'adonner à différents
loisir dans le centre communautaire et social que sera devenu la
70 v. Annexe 4, Le projet de restructuration, p. 73
71 Ibid., p. 74
72 POISSENOT Claude, RANJARD Sophie, Usages des
bibliothèques : approche sociologique et méthodologique
d'enquête, Presses de l'ENSSIB : 2005
bibliothèque.
Nos enquêtes rendent d'ailleurs compte de la
nécessité d'appliquer un tel concept à la BNUT, afin de
dynamiser ses politiques d'accueil. Et les commentaires des étudiants,
tant dans l'enquête quantitative que qualitative, le démontrent :
« Je trouve que la BNUT met en avant un cadre complet et optimal, et
surtout dynamique, pour offrir aux jeunes et aux anciens de nombreuses
possibilités de se confronter entre eux, et avec les livres qui sont
disponibles à la BNUT » ; « la bibliothèque attire
vraiment des publics très différents, donc le
développement de l'idée d'un lieu «social», où
tous les âges peuvent se rencontrer, renforce l'idée de
démocratie » ; «il faudrait créer un mixe social des
usagers. Il faut rendre l'espace social, car il est juste que tous puissent
accéder à la culture ici, même si la priorité doit
être donnée aux chercheurs ».
b) Les « scaffali aperti » : vers le
début des grands travaux
Les travaux du projet de restructuration touchent aussi la salle
de prêt et de distribution.73
· En septembre 2011 le magasin sera normalisé et
mécanisé ;
· le nouveau service des scaffali aperti
(étagères ouvertes) sera inauguré le 24 juin
prochain. Ce projet est divisé en deux volets :
? La première finalité de ce nouvel espace est
le renforcement de la politique d'accueil des étudiants et des autres
publics par la construction d'une banque dédiée aux informations
bibliographiques et à la consultation du dépôt légal
des trois dernières années, non empruntable, sur les
étagères en libre-service à l'aide de deux
bibliothécaires. En effet, la présence des bibliothécaires
est obligatoire, puisque les livres mis en rayon seront classifiés selon
la Dewey, afin de faciliter le contact des collections avec l'usager, mais
aussi selon l'ancienne classification par format et type de
matériel,74 et puisque les usagers italiens sont
habitués à ranger eux-mêmes les livres en libre-service,
des chariots pour le retour des livres ont été mis à leur
disposition.
? Le deuxième point du projet Scaffali aperti,
outre la libre consultation du dépôt légal, est la
mise à disposition en libre-service des collections
universitaires, empruntables par les
étudiants, pour lesquelles une vingtaine
d'étagères ont été disposées dans la salle.
Il s'agit
pour la Direction de toucher deux catégories de publics :
tant les étudiants universitaires
que les actifs occupés, les publics marginalisés,
les étrangers, qui peuvent désormais
accéder directement aux livres sans passer par le
magasin, dont le mécanisme est plus
obscur pour l'usager lambda. La visibilité des
collections permettra ainsi de ne plus
réserver la consultation des livres à une
élite. Des tables basses et seize fauteuils en cuir ont
été mis à disposition des publics, afin
qu'ils se sentent « comme à la maison ».
Des problèmes sont apparus lors de la mise en place
des scaffali aperti, car aucune politique de sélection des
livres n'a été mise en vigueur, et au risque que certains livres
mis en rayon ne soit pas toujours pertinents (« livres aux informations
minimalistes », selon la terminologie choisie par les
bibliothécaires de la BNUT). En outre, le projet scaffali
aperti a soulevé un autre problème, tant du
côté des bibliothécaires, que des usagers. Il s'agit de la
crainte du vol des livres dans les étagères.75 Les
étudiants ont par contre répondu à l'unanimité
positivement à la question sur ce projet, et pensent qu'ils seront
désormais plus attentifs aux collections de la BNUT : 76,3% des usagers
pensent emprunter plus
73 v. Annexe 4, Le projet de restructuration, p. 75
74 BNU et BNT, suivis des sigles D.L. (deposito legale)
et de 08 à 11
75 v. témoignage de l'étudiant n°1 de
l'enquête quantitative : « s'ils mettent en libre-service le
dépôt légal ça risque d'accentuer le nombre de
perdus », p. 60
et consulter plus (74% d'étudiants, 79%
d'occupés actifs et 100% pour les chercheurs). Il serait par ailleurs
intéressant de réaliser une enquête sur le devenir de ce
service, du nouveau rapport des usagers aux collections, afin de
(re-)définir la politique des livres mis en rayon.
· Strictement lié aux étagères
ouvertes, c'est un autre projet en cours d'élaboration pour septembre
2011 : le RFID ou système d'auto-prêt, qui permet à
l'usager d'emprunter ses livres rapidement et gérer lui même, de
manière autonome, l'emprunt des documents, ce qui faciliterait le
travail des bibliothécaires.
Pour ces modifications importantes des espaces et des services
de la salle de prêt, un budget de 900 000 euros a été
obtenu par la Région du Piémont.
3) Promotion de la lecture et de la culture : le futur
de la BNUT
La promotion de la lecture et de la culture suivrait, dans le
cadre du projet de restructuration, le concept de « troisième lieu
» et le modèle anglo-saxon. Les enquêtes ethnologique et
quantitative de 201076 étaient d'ailleurs axées sur
les étudiants et l'espace de la BNUT (notamment l'espace digital), et,
comme nous l'avons noté, non sur une confrontation entre les
différents publics et leur rapport aux collections, aux ressources
numériques et à la bibliothèque. L'étude
menée ces dernières semaines démontre au contraire la
nécessité de promouvoir les collections de la BNUT et
d'acquérir aussi de nouveaux livres, tant dans le magasin que dans la
salle de consultation, car ils sont considérés comme
désuets par les usagers, afin qu'ils ne soient plus invisibles et
cachés dans les rayons du magasin.
Les ressources de la bibliothèques doivent donc
être adaptées aux différents usagers ainsi qu'à
leurs différents degrés de spécialisation, afin de ne pas
figer ces publics dans des carcans prédéfinis, mais aussi tenir
compte des usagers potentiels, pour leur donner la possibilité de
devenir « réels ». « Les services étaient
proposées, jusqu'à présent, parce qu'ils étaient
considérés comme bons, plutôt que parce qu'il
répondait à une demande de la population »77 : il
est ainsi que le sociologue français remet en cause les missions
traditionnelles de la bibliothèque.
Le projet de restructuration de la BNUT met en cause son
organisation et propose une promotion de la lecture et de la culture assez
ambitieuse, bien qu'occultant et n'insistant pas assez, sur le rapport
lecteur-collections, sur la proposition d'une innovation dans la politique
d'acquisition pratiquée actuellement etc. Ce qui peut être
compréhensible, étant donné les difficultés
budgétaires dans laquelle se situe actuellement la bibliothèque.
Mis à part ces réserves, le projet de promotion de la lecture
s'appuie principalement sur le renforcement de l'image de la
bibliothèque et dans la bibliothèque :
· Utilisation des techniques de guérillas
marketing, des autocollants par terre, ou des écritures sur les miroirs
et des post-it qui promeuvent des noms d'écrivains. Pour renforcer la
présence de la bibliothèque dans la ville, mener des campagnes
périodiques de communication ;
· construction d'une tour de livres dans la rampe
d'accès qui mène aux différents services de la
bibliothèque, afin de promouvoir les collections de la BNUT ;
· développement du web 2.0, qui permettrait
d'exporter la médiathèque dans le reste des services de la
bibliothèque et dans la ville : création d'un cercle des lecteurs
sur le web, installation multimédia autour du livre et de la lecture,
projection des derniers livres consultés sur Amazon etc.
Pour ce qui concerne la promotion de la culture, la BNUT
prévoit la construction d'une médiathèque au niveau de
l'auditorium, dotée d'une entrée autonome et d'horaires
différents de la bibliothèque, car
76 GIAVINA-CASPETTIN Maddalena, Luoghi da leggere,
cit.
77 POISSENOT Claude, Penser la nouvelle
bibliothèque, [en ligne]
<http://penserlanouvellebib.free.fr/ >. Consulté le 29 mai
2011
adaptée à un public diversifiée. Elle
offrirait :
· ouverture le soir, afin d'héberger des
concerts, cours de danses etc, toujours sur le modèle des Idea Store
londoniens, par la construction de partenariats avec les différents
instituts culturels de la ville ;
· prêt de nouveaux supports : CD, CD-ROM, DVD
etc
· développement des ressources numériques et
du web 2.0 : blogs, wikis dédiés aux lecteurs de la
bibliothèque, projection de films etc.
· vidéoprojection de nuages de tags
déposés par les publics sur le site de la
médiathèque.
Ce projet de restructuration complet dresse une image de la
BNUT comme bibliothèque du futur. Par contre, au-delà de la
promotion de la lecture et de la culture auprès des différents
publics, la BNUT ne doit pas oublier les fondements de ses missions, dont le
premier point est la conservation. La salle des manuscrits vit en ce moment des
heures difficiles : retard dans la digitalisation des manuscrits par rapport
aux autres bibliothèques italiennes, présence de catalogues
imprimés obsolètes78 budget insuffisant pour la
restauration des manuscrits, pour leur conservation dans le dépôt,
présence d'un tas de sable dans la salle d'étude des manuscrits,
dû à la pluie, porte d'entrée cassée et
fermée à l'aide d'un ruban... La BNUT doit donc penser à
consolider ses bases, fragiles actuellement, et ne pas oublier ses
premières missions, afin de satisfaire tous ses publics et son
personnel.
Pour ce qui concerne l'étude présente, les
étudiants universitaires de la BNUT sont un public inobservable sans une
confrontation avec les autres publics, qu'ils soient actifs occupés,
désoccupés ou chercheurs, puisque leur relation permet de
comprendre quels sont aujourd'hui les besoins de la bibliothèque. Les
enquêtes quantitatives et qualitatives nous ont permis d'observer que les
usagers, selon leur typologie et leur centre d'intérêt, ont des
attentes distinctes des politiques d'accueil : les plus
spécialisés désirent plus d'aide de la part des
bibliothécaires, plus d'accès et de visibilité des
collections, plus de postes de lecture individuels, quand les autres
désirent avoir un accès plus intensifié à internet
et des salles de groupe.
L'enquête démontre aussi que la typologie des
publics étudiants est elle-même clivée en deux publics,
"réels '' et "potentiels" et il faut donc par ailleurs veiller à
ne pas figer les publics dans un groupe distinct, puisqu'il sont amenés
à évoluer. Autre constat important : la BNUT doit agir non
seulement auprès des différents services à la base des
politiques d'accueil de son établissement (salle d'enregistrement et des
périodiques, salle de consultation et salle de prêt-distribution),
mais aussi penser à ses collections, qui nécessitent une
véritable politique de conservation et d'acquisition, difficile en ce
moment à cause des coupures ministérielles. Les ressources
numériques sont, certes, un secteur porteur pour la bibliothèque,
mais elle ne doit pas, parallèlement à ce développement
indispensable, oublier ses collections et la conservation de son patrimoine. Le
futur de la BNUT est donc résolument orientée vers les
bibliothèques du « troisième lieu », mais elle doit
penser à adapter ce modèle aux besoins spécifiques de ses
publics et à ne pas se focaliser seulement sur le public étudiant
et non étudiant, même si les autres publics sont minoritaires,
sous peine de chasser définitivement ce public, et de brouiller ses
missions initiales, de devenir en somme non plus une Bibliothèque
Nationale, mais une bibliothèque municipale.
78 D'ailleurs le désherbage n'existe pas à la
BNUT, à cause du DL, mais est aussi appliqué sur les livres hors
DL, ce qui suscite des problèmes d'acquisition et d'espace pour le
rangement des livres.
Annexes
Annexe 1
Bibliographie
I ] Les grandes bibliothèques italiennes et
la Bibliothèque Nationale de Turin
· Les grandes bibliothèques de l'avenir,
Actes du colloque international de Vaux-de-Cernay du 25-26 juin 1991. Paris:
Bibliothèque de France, 1992
· Gestire il nuovo, conservare l'antico, le biblioteche
nel XXI, conferenza nazionale dei direttori delle biblioteche pubbliche
statali, Napoli, 19-20 mai 2011
· POULAIN Martine, Les bibliothèques publiques
en Europe. Paris: Ed. Du Cercle de la Librairie, 1992
· MINISTERO PER I BENI CULTURALI E AMBIENTALI, UFFICIO
PER I BENI LIBRARI. LE ISTITUZIONI CULTURALI E L'EDITORIA, Biblioteche
d'Italia: le biblioteche pubbliche statale. Milano: Ministero per i beni
culturali, 1996
· MINISTERO PER I BENI E LE ATTIVITA CULTURALE,
Biblioteche pubbliche statali. [En ligne] <
http://www.bibliotechepubbliche.it/genera.jsp?id=136>.
Consulté le 15 mai 2011
· MONTECCHI Giorgio, VENUDA Fabi, Manuale di
biblioteconomia. Milano: Ed. Du Cercle de la Librairie
· BIBLIOTECA NAZIONALE UNIVERSITAIRA DI
TORINO: <www.bnto.librari.beniculturali.it/>
Consulté le 29 mai 2011
· MINA Claudia Camilla, D'ALESSANDRO CORSARO Agata, DE
PASQUALE Andrea, FALCHERO BEMPORAD, Annalisa et al., Biblioteca
Nazionale di Torino: guida breve. Milano: Ministero per i beni culturali
(Electa), 2000
· DE PASQUALE Andrea, La catalogazione delle tesi
antiche in SBN, «Biblioteche oggi», n°6, 2003, p.66 [en
ligne] <
http://www.bibliotecheoggi.it/2003/20030606601.pdf
>. Consulté le 29 mai 2011.
· IFLA (INTERNATIONAL FEDERATION OF LIBRARY ASSOCIATIONS
AND INSTITUTIONS)/ UNESCO. Il manifesto Ifla-Unesco sulle biblioteche
pubbliche. Public Library Manifesto, 1994. [en ligne] <
http://archive.ifla.org/VII/s8/unesco/ital.htm>
Consulté le 05/04/2011
· IFLA (INTERNATIONAL FEDERATION OF LIBRARY ASSOCIATIONS
AND INSTITUTIONS)/UNESCO. Il servizio pubblico, linee guida Ifla per lo
sviluppo. Roma: Associazione italiana biblioteche, 2002, 106p. [En
ligne] <
http://archive.ifla.org/VII/s8/news/pg01-it.pdf>
Consulté le 05/04/2011
· D.P.R luglio 1995, n.417 (1), Regolamento recante
norme sulle biblioteche pubbliche statali <
www.bncf.firenze.sbn.it/oldWeb/Privacy/dpr_5_7_95_nr147.pdf>.
[En ligne] Consulté le 15 mai 2011
· JACQUES Jean-François, Services publiques. Les
horaires d'ouvertures des bibliothèques, « ABF »,
décembre 2010, n. 53-54
II] Les enjeux d'une enquête sur les publics
étudiants de la BNUT
· RIPON Romuald, Les publics étudiants à
la Bibliothèque Nationale de France, Paris : « BBF »,
t.51, n°2
· GALANOPOULOS Philippe, Les Publics étudiants
de la Bibliothèque publique d'information (2003-2009), «
Bibliothèque Publique d'Information », septembre 2010, [en
ligne]
· <
http://www.bpi.fr/modules/resources/download/default/Professionnels/Documents/Etudes
%20e %20recherche/Publics_etudiants_Partie1.pdf >. Consulté le
29 mai 2011.
· GIAVINA-CASPETTIN Maddalena, Luoghi da
leggere: percezione e uso dello spazio della Biblioteca Nazionale Universitaria
di Torino, mémoire de Licence, spécialité Biens
culturels, archives et bibliothèques, année académique
2009-2010
· WAHNICH Stéphane, Enquêtes quantitatives
et qualitatives, observation ethnographique, « BBF », 2006,
n° 6, p. 8-12, [en ligne] <http://bbf.enssib.fr/> Consulté le
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· MINISTERO PER I BENI E LE ATTIVITA CULTURALI,
Direzione Generale per
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l'innovazione, il bilancio librario e il
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· VIVARELLI Maurizio, Un'idea di biblioteca,
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sull'uso, « Biblioteche oggi », ottobre 2007
· POISSENOT CLAUDE, La fréquentation en
questions, in « Pratiques socioculturelles ». Paris: BBF, t.55,
n°5, 2010
III] A la loupe : étudiants et politiques
d'accueil à la BNUT dans trois grands secteurs
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l'organisation de services au usagers dans les bibliothèques
[2ème édition]. Paris: Ed. du Cercle de la librairie, 1999
· CHEKIB Vincent, L'accueil des publics en
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pour le droit aux études universitaire:
http://www.ossreg.piemonte.it/default_it.asp
· BIBLIOTECA NAZIONALE DI TORINO, PRESIDENZA DEL
CONSIGLIO DEI MINISTRI, Premio Qualità della Pubblica
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· LEONARDI Carla, I servizi di informazione al
pubblico. Milano : Editrice bibliografica, 2000
· MARTINA Massa, VIVARELLI Maurizio, Verso il piacere di
leggere. La pratica della lettura tra gli studenti. Titivillus: 1996
· ACCARISI Massimo, BELOTTI Massimo. La biblioteca e il
suo pubblico: centralità dell'utente e servizi d'informazione.
Milano: Editrice bibliografica, 1999
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di Torino, 2008
· DE PASQUALE ANDREA, L'integrazione tra risorse
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una Biblioteca Nazionale. Roma : « Bibliocom », 2002
· DIREZIONE GENERALE PER L'ORGANIZZAZIONE, GLI AFFARI
GENERALI, L'INNOVAZIONE, IL BILANCIO E IL IL SERVIZIO, Prestiti personale e
spese di gestione, Biblioteca Nazionale di Torino, Ufficio di statitica:
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IV] Le projet de restructuration de la
BNUT
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sapare, biblioteche e libertà, « BBF », n°3, p
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le 15 mai 2011
Annexe 2
L'enquête
quantitative
Questionnaire
Utilisation de la BNUT et de ses services
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Typologie des lecteurs
Promotion de la lecture et de la lecture
35
Tableaux de bord
Tableaux croisés
58
Réponses ouvertes
I) Autres publics (57 observations)
1) Utilisation des services de prêt
interbibliothèque et prêt international (34
réponses)
Je n'en pas eu la nécessité (17)
|
Je n'ai jamais emprunté de livres à la BNUT (2)
|
J'achète les livres qui me manquent (2)
|
Je viens seulement pour étudier (5)
|
J'ai la possibilité d'utiliser ce service dans d'autres
bibliothèques(4)
|
Lorsque je dois consulter de façon urgente un livre,
ça prend trop de temps (2)
|
Ce service ne m'intéresse pas (1)
|
Ça semble être compliqué (1)
|
|
2) Signalétique (16
réponses)
Bonne, va bien, acceptable (9)
|
A améliorer (7)
|
· « Je pense que tout est améliorable, et qu'il
est possible de tout rendre plus moderne et visible et claire. »
· « Tout peut être assurément
améliorer.. »
· « Elle pourrait être amélioré en
rendant plus lisible les différents secteurs présents dans les
étagères et en utilisant différentes couleurs, selon la
thématique traitée. »
· « Elle est à améliorer. Elle est trop
vague et peu immédiate. »
3) Rapport bibliothécaire-ressource et usagers
(29 réponses)
Très bonne initiative (28)
|
Je n'ai pas d'éléments pour pouvoir exprimer un
jugement
|
|
· « Ce serait une très bonne initiative pour
rapprocher les anciens et les nouveaux chercheurs dans le magasin de la BNUT.
»
· « Il pourrait s'agir d'un cour d'orientation
à proposer certainement périodiquement, au début de la
troisième année académique ou scolaire. »
· « Mettez le en ligne comme ça je pourrai le
suivre depuis chez moi. »
· « Un tel cours pourrait être utile dans le
cadre d'une recherche pour un mémoire ou une thèse. »
4) Commentaires (8 réponses)
· « Il faudrait penser à le former en
continu. Je pense aussi qu'il faudrait créer des espaces
dédiés aux chercheurs, qui ont besoin de silence et ont besoin de
prendre des distances du public. Les étagères ouvertes sont une
bonne idée (si on ne peut pas mettre tous les livres, on peut rendre
accessible une section par rotation. Former le personnel afin que leur travail
soit adapté aux
besoins des usagers. »
· « Améliorer le personnel. Trop de gens
incapables qui tournent à vide. Plus de méritocratie. »
· « Je retiens que pour améliorer la
qualité de la BNUT il est nécessaire d'améliorer
l'accès des usagers dans les diverses salle, pour éviter le
suraffolement des usagers et pour garantir un meilleur climat d'étude.
Envisager aussi une plus forte présence du personnel et plus de support
pour les recherches bibliographiques ou le repérage d'un livre.
»
· « Je trouve qu'il est de plus en plus difficile
de travailler à la BNUT comme si elle appartenait au passé.
L'ambiance est devenue trop bruyante, ce qui n'aide pas à la
concentration. Les postes internet pour la consultation des catalogues sont
trop rares. Je pense que la BNUT est en train
de devenir une « bibliothèque de lecture publique
», « municipale ». Est-ce cela son rôle ?
Oüest-ce son UNIQUE rôle ? Je ne pense pas que la BNUT
doive être charitable de la chronique
manque de salles d'étude à l'intérieur de
l'université. »
· « A mon avis il y a deux problèmes
principaux qui influencent négativement le fonctionnement de la BNUT :
la rareté des postes avec des prises électriques pour
l'utilisation du PC et l'affluence quasi discriminatoire de pseudo usagers qui
se méprisent sur la nature et le fonctionnement de ce lieu,
considérant la BNUT comme un endroit de rencontres, de socialisation et
non d'étude et de recherche. »
· « Je n'ai pas la connaissance de cette initiative
(étagères en libre service). Je pense sincèrement que les
étagères en libre service invitent à une meilleur
consultation, à plus de prêts, car elles permettent d'explorer les
collections et de découvrir des nouveautés. »
· Je ne connais pas l'initiative décrite
ci-dessus je me renseignerai
II) Les étudiants (61
observations)
1) Utilisation des services de prêt
interbibliothèque et international (41 réponses)
Car j'achète les livres manquants (3)
Car je n'en avais pas la connaissance (5)
J'utilise la BNUT seulement pour travailler (3)
C'est la première fois que je viens à la
bibliothèque (2)
Je n'en
|
ai
|
Je consulte les
|
livres
|
jamais eu
nécessité (27)
|
la
|
manquants dans
bibliothèques (1)
|
d'autres
|
|
2) Signalétique (17 réponses)
Bonne, je ne
confonds pas. (10 )
|
Assez bonne, correcte, bien faite, elle fonctionne assez bien
à la consultation. (6)
|
Peu claire, désuète, à améliorer
(1)
|
|
· « Elle est bonne je ne confond pas. Assez directe et
« easy », efficace. »
· « Initialement incompréhensible mais quand on
la connaît, celle ci sert néanmoins peu. »
· « Certain livres ne sont pas rangés à
leur juste collocation, et sur internet ils résultent pourtant
présents, mais après quand on vient sur place ils sont manquants.
»
3) Rapport bibliothécaire-ressource et usagers
(17 réponses )
Très utile (13)
Je pense que c'est bien
|
Je ne suis pas intéressé (4)
|
|
· « Intéressant et forcément un peu
ennuyeux ».
· « Je pense que ça peut être utile pour
exploiter au maximum les ressources disponibles ».
· « Ce n'est pas indispensable pour les usagers, mais
surtout pour ceux qui travaillent. » (5 usagers)
· « Je n'aurais pas le temps de la suivre et donc je
ne suis pas intéressée ».
· « Non adapté aux jeunes ».
· « D'après moi, ça peut être
intéressant pour qui veut s'autoformer. »
4) Commentaires (10 réponses)
· « Pour être suffisamment satisfait il faut
économiser plus de temps. Trop de temps à entendre pour consulter
ou emprunter un livre. »
· « Au bénéfice d'un meilleur usage
des ressources des bibliothèques pubbliques, il serait approprié
de remplacer, à l'accueil, le service rendu par les bibliothèques
par une carte magnétique. »
· « La signalisation par carte d'entrée/ sortie
fait perdre beaucoup de temps et je ne pense que ce soit utile. Peu d'armoires
sont disponibles. »
· « J'apprécie beaucoup cette
bibliothèque, surtout pour ses espaces amples et la tranquillité
de ses salle où je trouve qu'on peut étudier sans être
gêné. »
· « Je trouve absurde le mode dans lequel est
géré le service des armoire pour le dépôt des
bourses qui obligent les usagers à perdre beaucoup trop de temps, ce qui
perturbe les activité d'étude et de recherche. »
· « Une fois (il y a deux ans), le silence
régnait dans tout l'édifice, à l'heure actuelle plus
qu'une bibliothèque elle me semble être un bar : des personnes qui
entrent avec les sacs et qui gênent, font du bruit et salissent selon
moi. Il y a besoin pour améliorer la bibliothèque d'un
contrôle de ces aspects qui rendent, inappréciable cet endroit, un
endroit pesant et ceci me dérange fortement, chaque fois que je traverse
l'entrée de ce magnifique édifice historique. »
· « Dans le cadre d'un service complet et optimal,
et surtout dynamique pour offrir aux jeunes et aux anciens de nombreuses
possibilité de se confronter entre eux, et avec les livres qui sont
disponibles à la BNUT. »
· « Mettez tous les livres après 1900 dans
les étagères ! »
· « Ajoutez l'air conditionné, en
été la bibliothèque est intenable ! »
· « L'air conditionné ! »
Annexe 3
L'enquête
qualitative
Formulaires
Les étudiants et les
services de la BNUT
1) typologie
sexe
âge
profession
spécialisation
résidence
2) Rapports usager-BNUT
a. Depuis combien de temps fréquentezvous la BNUT ?
b. Pourquoi cette bibliothèque et pas une autre ?
c. Comment l'avez-vous connu ?
3) Vous venez ici pour quoi faire?
4) Documents BNUT
a. Consultez-vous les documents de la BNUT ?
b. Quels genres prenez-vous ?
c. Etes-vous satisfait des ressources numériques et
bibliographiques de la BNUT? Les collections ? Les connaissez-vous bien ?
5) Rapport usager-BNUT
a. Que pensez-vous des espaces de la BNUT ?
b. Vous rappelez-vous de la première fois que vous
êtes venu à la BNUT ? Qu'estce que vous avez pensé et
ressenti ?
c. Comment vivez-vous la BNUT ? À quels adjectifs et
valeurs l'associez-vous (par ex. culture, démocratie, liberté
d'expression) ?
6) Politique culturelle
a. Que pensez-vous de la politique culturelle et de lecture
de la BNUT ? Qu'est-ce que vous pourriez proposer ?
b. Que pensez vous de la future « vocation sociale »
de la BNUT ?
7) Êtes-vous satisfait de la BNUT et de ses
services ?
Les professions intellectuelles et les services
de la BNUT
1) typologie
sexe
âge
profession
spécialisation
résidence
2) Rapports usager-BNUT
a. Depuis combien de temps fréquentez-vous la BNUT ?
b. Pourquoi cette bibliothèque et pas une autre ?
c. Comment l'avez-vous connu ?
d. Vous sentez-vous « chez vous » à la BNUT
?
3) Documents
a. Sur quels matériaux travaillez vous à la BNUT
?
b. Réussissez-vous toujours à avoir
accès aux documents ? Vous est-il arrivé de ne pas pouvoir
consulter un document qui, dans le catalogue en ligne, résultait
disponible en magasin ?
4) Accès a la bibliothèque :
a. Comment rentrez-vous dans la BNUT et comment prenez contact
avec ses services ?
5) Services aux usager ?
a. Avez-vous déjà eu l'occasion de demander de
l'aide à un bibliothécaire pour vos recherches ?
b. Pensez-vous que le rapport des visites guidées et
des cours sur les ressource bibliographiques et numériques?
6) Libre accès
a. Que pensez-vous du projet « étagères
ouvertes » pour les livres du dépôt légal et certains
livres des collections modernes ?
b. Et que pensez-vous d'un projet hypothétique de
libre accès pour tous les livres modernes ?
Entretiens des étudiants
A l'aide d'un assistant-traducteur, vendredi 20 mai 2011
dix-huit personnes ont été interviewées. Ici de suite il
est possible de lire la transcription de l'interviewe des étudiants
n° 3, 6, 8 , 10 et 11.
Etudiant n°3
Un ex-étudiant de 31 ans se présente à
nous. Il a en possession un doctorat et est aujourd'hui un
«journaliste-blogger». Il est presque tous les jours présent
à la BNUT, où il a son cercle d'amis avec lesquels il aime parler
de politique lors de la pause café. Son visage nous est donc
familier.
« Depuis quand fréquentes-tu la BNUT et
quelles sont les raisons qui te poussent à te rendre ici
quotidiennement?
-un an et demi, par habitude, pour internet et parce que la
BNUT est située en plein centre-ville, ce qui est très pratique.
Mais je venais déjà quand j'étais petit, car je suis
turinois et que mes parents sont de gros lecteurs.
-Empruntes-tu les documents de la bibliothèque,
de la salle de consultation, connais-tu les collections?
-Oui, j'emprunte énormément à la BNUT,
surtout des ouvrages de politique, d'histoire, sur la précarité
et le travail, pour alimenter mon blog. Par contre les ouvrages de la salle de
consultation, hormis les dictionnaires, ne m'ont jamais attirés. Et les
collections de la bibliothèque, tiens, je ne me suis jamais posée
la question.
-Par exemple, pour le fond moderne, de nombreuses maisons
d'édition turinoises, hors «D.L», comme Einaudi, avec des
collections pour la politique et l'histoire importantes. Mais Einaudi à
ton hochement de tête, et en tant que turinois pur souche, je vois que tu
connais cette maison depuis que tu es enfant. , Umberto Allemandi & C pour
les livres d'art est présente dans le magasin. Ce qui est
intéressant, c'est que le fond de cette maison d'édition a
brûlé et que le dépôt légal a permis de
conserver sa mémoire. Les contrats passés actuellement par la
BNUT, je ne sais pas si tu le sais, sont passés avec des maisons
d'édition comme Utet ou Pacini, reconnus pour leurs fonds
universitaires, leurs grandes oeuvres de culture générale etc.
-Une telle réflexion me permet de te demander
si tu trouves tous les documents que tu recherches ici, es-tu satisfait des
collections et des ressources de la BNUT?
-Non, je ne trouve pas tout: et je suis moyennement satisfait
des collections, et puis il manque beaucoup de livres. Un tiers des livres sont
smarriti (fantômes, mal rangés et perdus) Et puis, je ne
peux pas prendre en prêt le dépôt légal. Je pense que
le dépôt légal c'est bien pour les livres qui sont parus
avant 1940. Après c'est embêtant. D'ailleurs j'ai une anecdote
à ce sujet: un jour j'ai pris un livre d'histoire politique, il
était daté de 1940 et je n'avais pas vu qu'il était
«D.L», dépôt légal. Et la fois d'après, je
prends un livre de 1950 et cette fois, par contre je peux l'emprunter. C'est
étrange le dépôt légal, et il m'arrive toujours des
histoires comme ça ici. Le dépôt légal à Rome
et à Florence c'est légitime, mais à Turin?!
-Mais c'est normal, pour le premier, le second par contre
il était «D.L»?
-Non. Mais de toute façon le dépôt
légal c'est pour Rome et Florence, alors pourquoi ici ils ont des D.L?
Ils n'ont pas de place à Rome et Florence et ils les stockent ici?
-Mais le refus de livres D.L, ça t'est
arrivé souvent? -Oui.
-Alors le dépôt légal, est effectivement
appliqué dans les deux banques centrales, Rome et Florence,
chargées de conserver les livres édités dans toute
l'Italie. La BNUT est quand à elle chargée de conserver tout ce
qui est publié dans le Piémont. Ainsi, une copie est aussi
conservée à la Civica, où tu peux par contre emprunter les
«D.L». Donc la prochaine, regarde bien sur Librilinea si le livre que
tu désires n'est pas aussi à la Civica.
-Et qu'est-ce que tu penses du projet scaffale
aperte (étagères ouvertes), pour inciter le public à
emprunter les «D.L», et à prendre en prêt des livres du
magasins en prêt ( BNT 08 à 11), hors «D.L»?
-Ben, je ne vois pas l'intérêt pour les D.L. C'est joli
les fauteuils en cuir, mais on ne peut toujours pas emporter les livres chez
soi, même si on peut les lire sur place avec tout le confort. Si
dès qu'on veut lire un livre qui fait 200 p, il faut rester une
journée à la bibliothèque, ça devient impossible,
même avec la photocopieuse. Moi, j'aime bien lire dans mon lit où
chez moi, tranquillement. Puis s'ils mettent les étagères en
libre-service, ça risque d'accentuer le nombre de livres perdus.
-Il y a des valeurs, des adjectifs, des sentiments ou une
pensée que tu pourrais accoler à l'image de la BNUT et qui te
viennent spontanément à l'esprit?
(très longue pause). Non, rien. A vrai dire l'exercice est
difficile.
-Que penses-tu de la vocation sociale que prend la
bibliothèque et du concept de «troisième lieu»?
Tu sais qu'avant la bibliothèque était peu
fréquentée des étudiants de troisième cycle et
lycéens et que depuis 2006, elle connaît une hausse de
fréquentation de 40%? La BNUT a en effet un projet de restructuration et
souhaiterait créer différents espaces pour les publics, un
bar-restaurant, une médiathèque et transformer l'actuel
auditorium en salle de concerts et de spectacles indépendante, qu'en
penses-tu?
-C'est assurément intéressant, car la
bibliothèque attire vraiment des publics très différents,
donc développer l'idée d'un lieu «social», où
tous les âges peuvent se rencontrer renforce l'idée de
démocratie et d'attirer divers publics.
-Tu es, pour conclure, satisfait des services que la BNUT
propose?
-Oui et non. Et puis il y a des problèmes avec le
personnel aussi. Il faudrait du personnel plus passionné par le
métier, parce qu'il est parfois difficile d'être usager
ici.»
Etudiante n°6
Une étudiante se présente à nous. Elle nous
dit être pressée, mais dotée d'un tempérament
drôle, elle s'arrêtera pendant presque 40 minutes, pour discuter de
la BNUT, de ses services et de son futur.
« Tu as quel âge, tu fais quelles
études et quelle est ta spécialité?
-J'ai 23 ans, je suis en première année de
Specialistica (Master 1-2), en philosophie. Je suis turinoise.
- Depuis quand fréquentes-tu la
bibliothèque et pour quels motifs?
-Je la fréquente depuis trois ans. Je viens ici parce
qu'à la bibliothèque du département, je connais tout le
monde et si je vais là-bas, je ne peux pas travailler
sérieusement... Le motif de ma venue ici? (longue pause) C'est une amie
qui m'a portée ici. Mes premières sensations ont
été liées à l'espace de la bibliothèque.
C'est la bibliothèque la plus silencieuse de toute la ville, et elle
très grande, lumineuse. Je me souviens que la première fois
où je suis venue, je suis montée en haut, tout en hauteur,
au-dessus, à la recherche du silence. Mon histoire à la BNUT a
débuté par un litige avec un bibliothécaire parce que je
me suis assise sur à une table de la salle de consultation.
-Consultes-tu les documents de la BNUT? Tu empruntes des
livres parfois, tu consultes les livres de la salle de consultation, tu connais
les collections du magasin?
-Je consulte peu de livres ici, mais par contre j'utilise ceux
de la salle de consultation pour m'aider dans mes recherches et
compléter une définition, un texte. C'est surtout pendant les
révisions pour les examens. Et puis je n'emprunte pas parce que je le
fais à la bibliothèque du département. C'est plus
pratique. Ici c'est trop compliqué de faire un prêt: il faut
s'enregistrer dès qu'on entre et qu'on sort de la BNUT, chercher la
collocation sur Librilinea. Ensuite, tu dois aller à la distribution,
compiler un premier document. Et le compiler correctement, sinon tu perds
encore une demi-heure. Après, tu donnes le papier. Il est envoyé
au magasin. Et là tu dois attendre encore une demi-heure. Pour ensuite
changer de service et aller faire le prêt. Là on te donne un autre
papier et tu repasses à la case n°1 pour faire tamponner ce
document...
-Il y a des valeurs, des adjectifs, des sentiments ou une
pensée que tu pourrais accoler à l'image de la BNUT et qui te
viennent spontanément à l'esprit?
-Biblioteca dei vecchi tempo (bibliothèque des
anciens temps). C'est mignon, mais peu pratique. Et puis on dirait que
l'informatisation est peu passée ici, quand on voit la longueur des
procédures.»
-Et que penses-tu de la politique culturelle et de
lecture de la BNUT?
-Je n'ai jamais suivi une activité culturelle à la
BNUT. Il y a tant de choses à faire à Turin, et puis chaque
café, chaque librairie ouvre ces portes pour proposer une
activité culturelle...
- Des services que t'offre la BNUT?
Je suis d'un avis mitigé quant à ma
satisfaction. Par exemple, il y a peu de prises pour les PC, pour la batterie.
A peine trente. C'est gênant. Parfois je ne viens pas parce que je sais
que les prises sont déjà prises. J'ai aussi une grande affection
pour le personnel, qui est comme «une grande famille». La BNUT pour
les prêts peut être utile si on est pas pressé. Mais si
quelqu'un doit prendre expressément un livre, alors ça devient
vite problématique.»
Etudiante n°8
Une turinoise passionnée d'histoire de l'art, qui
fréquente depuis fort longtemps la BNUT se présente à
nous:
« Quel âge as-tu, quelles sont les
études que tu réalises à Turin? Habites-tu ici?
-J'ai 28 ans et je fais un doctorat en histoire de l'art. Je suis
turinoise.
- Depuis quand fréquentes-tu la BNUT, tu viens ici
pour faire quoi?
- Je fréquente la BNUT depuis cinq-six ans et j'ai
coutume de fréquenter la salle des manuscrits pour mes recherches, les
étagères sont ouvertes ce qui est pratique. J'utilise aussi les
livres sur les balcons, en salle de consultation. Je viens aussi ici pour
l'amplitude des horaires, qui me permet d'obtenir une concentration
nécessaire à ma recherche.
- Connais-tu les collections de la BNUT, et tu travailles
sur quel type de documents?
- Oui, je connais bien les collections maintenant. J'utilise
des ouvrages relatifs à l'histoire de la gravure, en salle des
manuscrits surtout: je consulte les tests génériques, les
catalogues des musées, les répertoires d'artistes et des revues
d'art anciennes.
- Tu es satisfaite des services qu'offre la
BNUT?
-Oui et non. Les revues anciennes et les microfilms sont
difficiles à consulter. Et le personnel n'aide pas beaucoup. Il est peu
disponible et aide peu les chercheurs. Je te raconte une anecdote. Je recherche
un manuscrit. Impossible de mettre la main dessus, la collocation est
incorrecte. Ma professeure a insisté pour que le document soit
recherché. C'est une bibliothèque publique, j'estime qu'il
devrait t'aider un peu plus dans tes recherches. Il faut être armé
d'une volonté d'acier pour accéder au savoir à la BNUT. Il
y a un vrai problème dans l'accès aux documents, qu'ils soient
anciens ou modernes.
- Et pour te former, tu as été
aidée? Tu as fait comment pour procéder et collaborer avec le
personnel pour tes recherches?
-Je me suis formée seule, comme autodidacte. Je suis
venue une fois avec ma professeur, c'était en 2004-2005 pour voir les
dessins de Juvarra, puis je suis venue plusieurs fois pour ma
recherche. Mais à Turin, les bibliothèques fonctionnent pas mal
tout de même. J'ai dû aller à Rome pour ma recherche, et
c'est encore plus compliqué (archives). Mais un cours sur les ressources
serait intéressant. Il y a tant de livres utiles pour les
étudiants dans le magasin, ainsi qu'en salle de consultation, et
très peu d'indications nous sont délivrées.
Peut-être faire un livret explicatif des ressources de la BNUT?
-Que penses-tu de la vocation sociale que prend la
bibliothèque et du concept de «troisième
lieu»?
-Il faudrait créer un mixe social des usagers. Rendre
l'espace social, car il est juste que tous puissent accéder à la
culture ici, même si la priorité doit être donnée aux
chercheurs.
- Connais-tu la politique culturelle de la
bibliothèque?
-J'ai visité deux expositions ici. Il serait opportun
de valoriser les fonds avec des expositions à rotation. Et il est faux
de penser que les utilisateurs ne s'intéressent pas à la
politique culturelle de l'établissement. Publiez les activités
culturelles de l'établissement, parlez-en et ça attirera
certainement plus de personnes.
- Que penses-tu du projet scaffali aperti
(étagères ouvertes)?
-C'est une bonne idée si les consultations sont commodes
et ne sont pas compliquées. La possibilité
de demander les livres on-line serait un plus (comme pour les
Archives d'Etat et les bibliothèques françaises..)
Etudiant n° 10
Un jeune homme, au visage sympathique se présente
à nous pour l'interview. Il est fière et heureux de pouvoir nous
communiquer ses impressions sur les points positifs et négatifs des
services fournis par la BNUT aux usagers, ainsi que du futur de la
bibliothèque.
-Je me présente. J'ai 25 ans et je suis en deuxième
année de specialistica (Master 2). J'habite à Turin mais
je suis de Varese, à côté du lac de Côme, je suis
donc venue ici pour les études.
-Tu fréquentes la BNUT depuis
longtemps?
-Depuis un an et demi. Mais je vais plus souvent à la
bibliothèque de mon Département parce qu'il y a plus de
matériel disponible. Je change souvent de bibliothèque, tous les
deux-trois jours, parce qu'au bout d'un moment je n'arrive pas à me
concentrer si je suis toujours dans le même espace. Avant
d'étudier à Turin, j'étudiais à Bologne où
j'avais l'habitude d'étudier à la sala Borse. A peine
arrivée à Turin, une connaissance m'a conseillée d'aller
à la BNUT pour les études.
- Et tu empruntes parfois le matériel de la
bibliothèque? Tu utiliser le système de prêt, les livres de
la salle de consultation?
-Non je n'utiliser rien ici. Hormis les livres de philosophie
anciens, qui sont introuvables ailleurs et que je trouve donc facilement
à la BNUT. Ce n'est pas par désintérêt que je ne
prend rien ici, ni par manque de volonté, parce que j'aime lire et
étudier. Mais parce qu'il y a peu de matériel et que les
procédures sont trop longues et bureaucratiques. J'ai toujours
trouvé ce que je recherchais, et je n'ai eu qu'une fois un
problème de livre manquant. Je trouve l'idée de mettre des
étagères en libre-service avec des livres destinés au
prêt, comme étant une bonne initiative. On peut en effet trouver
les livres d'une collection qui peuvent compléter ce qu'on lit, et
auxquelles on aurait pas forcément penser avec le magasin. Au final, je
viens ici depuis un an et demi et je ne connais toujours pas les collections de
la BNUT et ses services...
-Et que penses-tu des espaces qui la
constituent?
-Ils sont très spacieux, mais pendant la période
des examens, peu de places assises sont disponible, et ça devient
bruyant.
-Tu te souviens de tes premières fois à la
BNUT? Tu as un sentiment, une pensée que tu voudrais accoler à la
BNUT?
-Ma première fois ici? Je suis entrée dans le
hall d'entrée et j'ai tout de suite penser au film Les ailes du
désir, de Wim Wenders, tu sais ce film qui se déroule
pendant la seconde guerre mondiale à Berlin, et dont les plus belles
images sont réalisées dans une bibliothèque nationale,
dont les murs sont gardées par des anges, qui observent les usagers et
qui les aident à se concentrer, à réfléchir... Les
adjectifs pour la définir seraient «rétro» et
«kafkaïen» à cause des tâches bureaucratiques
à effectuer et de la dispersion des bibliothécaires qui
communiquent peu avec les usagers, sinon pour effectuer les tâches
demandées. Ils sont un peu comme des ouvrier ici...
-Que penses- tu de la politique culturelle et de lecture
de la BNUT? -Je ne les aient pas encore comprises...
-Et donc tu es satisfait des services que la
bibliothèque propose?
-Je suis satisfait bien que je les aient peu utilisés
à cause des procédures longues et peu utiles (casiers,
enregistrement obligatoire à l'entrée et à la sortie
etc).
-Un projet de restructuration existe pour la BNUT. Que
penses-tu de l'idée de «bibliothèque
troisième lieu»? C'est à dire de rendre la
bibliothèque plus vivante, sociable, par des aménagements, tel
qu'un bar, restructurer l'auditorium pour le transformer en salle de concerts
indépendante, créer une médiathèque?
-L'espace ici est vraiment beau, et il pourrait facilement
être arrangé d'une autre façon. Tu as vu le jardin, au
niveau de la courette au niveau du hall d'entrée? Ça ce n'est pas
rétro, c'est décadent!
Donc déjà avant de la transformer en « lieu
social », il faudrait penser à quelques rénovations simples,
qui ne demandent pourtant pas beaucoup d'effort, à mon sens. Puis si
elle est transformée dans cette direction, on devra alors veiller
à ce qu'elle conserve son caractère austère, propice
à la concentration. Parce que la bibliothèque avant d'être
un lieu de débats, et un lieu pour les études et la recherche. Et
je souhaiterais ajouter que l'accès au matériel est difficile:
les ordinateurs sont lents, il faut inscrire son nom sur un bulletin et
attendre d'être appelé parce que seules 200 personnes peuvent se
connecter sur le wi-fie. Et le prêt des documents se fait ailleurs...
Étudiante 11
Une étudiante rigolote, attifée de grosses lunettes
aux motifs crocodiles, se présente à nous, accompagnée par
l'étudiant n°10, qui lui a fait la promotion de notre
interview.:
Je me présente j'ai 24 ans et je suis étudiante en
specialistica (Master 2) de philosophie, à Turin. Mais je suis
de Ferrare.
-Depuis quand fréquentes-tu la BNUT et ses
services?
-Je la fréquente depuis deux ans, mais je
fréquente aussi d'autres bibliothèques. C'est une amie qui m'a
porté ici. J'ai choisi la BNUT à cause de sa position
géographique, puisqu'elle est située en hypercentre de Turin,
dans le quartier historique. Je la fréquente aussi pour ces horaires
élastiques et ces tables spacieuses.
-Tu as l'habitude d'emprunter les livres ici, de
consulter les documents ? Connais-tu les collections de la BNUT ?
-Non, car il n'y a pas suffisamment de
matériel bibliographique ici, seulement u n peu de revues et des
quotidiens. Non, je ne suis pas pleinement satisfaite de la bibliothèque
de la connaissance des ressources. Mais pas seulement. Il y a l'organisation
des services aussi. Le prêt ici est bien trop compliqué (trop de
passages et d'opérations diverses), puis je trouve que le fonctionnement
de l'entrée et de la sortie est pénalisant pour les
étudiants. Et puis la bibliothèque est devenue bruyante et le
personnel
n'intervient pas... Je peux dire que je suis plus satisfaite de
la structure architecturale que des services proposés.
-Et justement, que penses-tu des espaces ici
?
Et bien j'aime beaucoup les salles amples de la BNUT et je
trouve que la bibliothèque a un vrai caractère, une
personnalité. Elle est historique. Et puis c'est une Bibliothèque
Nationale, quand même. J'aime bien travailler ici, et voir tous les
chercheurs et professeurs en costume, avec leur cravates qui travaillent. J'ai
alors l'impression d'être quelqu'un d'important et que je vais
réussir dans les études... C'est ça, une impression de
prestige et de statut social changé, pour les étudiants qui
étudient ici...
-Et tu te souviens de tes premières fois ici ?
Tu as un sentiment, une pensée que tu voudrais accoler à la BNUT
? Tu as une pensée, un sentiment, des paroles que tu voudrais
accolées son image ?
-Mon premier sentiment? Il est positif. C'était
l'hiver, la neige recouvrait tout et je voulais me réfugier dans un
endroit chaud pour étudier... Je me souviens que quand je suis
rentrée, les premiers éléments que j'ai observé
sont ses lumières et ses plafonds... Quand à quelques paroles...
Je dirais « historique », mais aussi « vintage », qui
exerce une certaine fascination culturelle sur les étudiants, car
Bibliothèque Nationale.
-Et tu connais la politique de lecture, culturelle de
l'établissement ?
-Non, peut-être parce qu'elle est très mal
communiquée...Mais en tout cas le système bureaucratique mis en
place ici peut freiner les lecteurs qui désirent emprunter des livres,
ce qui chasse aussi les publics.
-Et que penses-tu du concept de «
troisième lieu », que la bibliothèque en plus d'être
un lieu d'étude dont les missions sont liées à la
conservation des livres, devienne aussi un lieu de débats ?
-Même si ça ne va pas dans le sens de la
démocratie culturelle, je pense que restreindre l'accès serait un
plus. Parce que les lycéens viennent aussi étudier ici, et qu'ils
sont bruyants, gênent étudiants. Et puis tout est lié
à des mots de passe, des documents... Il faut un mot de passe ou un
document dès qu'on veut faire quelque chose ici... Ce qui signifie qu'on
a peu de liberté, bien que la structure aille dans le sens de cette
liberté, ce qui est paradoxal. Espérons que tout soit plus
simplifié et non pas compliqué.
L'étudiante part et revient une dizaine de minutes
après. Elle jette un coup d'oeil furtif autour d'elle puis me demande si
elle peut aussi nous parler du personnel de la BNUT. Nous lui répondons
que oui, mais que nous sommes tenus à être neutres et impartiaux,
car liés au code de déontologie du personnel et que nous ne
faisons pas l'enquête pour juger les différents services, mais
pour comprendre comment ils sont usés par les publics étudiants .
Et s'ils ne le sont pas, pourquoi ? L'étudiante, relaxée,
heureuse de pouvoir parler des problèmes qu'elle rencontre ici
quotidiennement, nous délivre alors son point de vue :
-Alors voilà. Il y a beaucoup de personnel ici, mais il
n'est toujours pas toujours concentré dans le travail. J'ai une anecdote
à ce sujet : un jour je recherchais une revue : elle résultait
existante, j'avais pris la collocation sur internet, et ils ne savaient pas
pourquoi elle ne résultait pas présente, et ça ce n'est
pas normale. Je souhaiterais que le personnel soit plus concentré dans
le travail et qu'ils soient plus attentionnés envers les usagers,
passionnés aussi.
IUT de Dijon Département Information-Communication - AS
MLP bibliothèques Roussel Jessica - ML11-S22
Bibliothèque Nationale Universitaire de Turin : services
d'accueil (salle d'accueil, de consultation et de prêtdistribution) - du
28 avril au 24 juin 2011
Les étudiants et l'usage des services
d'accueil de la BNUT
Fiche profil: organisation et services de la
BNUT
I]Présentation
a. Historique
La fondation officielle de la l'actuelle Bibliothèque
Nationale Universitaire de Turin date de 1723, sous la volonté du
Souverain Vittorio Amadeo II de Savoie qui habita les nouveaux locaux de la
Regia Università, rue Po. Le titre de "National" lui a été
confié en 1876. Le 15 octobre 1973, la nouvelle bibliothèque a
été inaugurée place Carlo Alberto, avec les services qu'on
lui connaît actuellement. Deux ans après, la gestion de l'Institut
passa du Ministère de la Publique Instruction au Ministère pour
les Biens et les Activité Culturelles.
b. Missions
Les devoirs de la BNUT, placée sous tutelle du
Ministère sont :
· recueillir, conserver, ajourner et documenter la
production éditoriale italienne et locale, avec une attention
particulière à la valorisation de ses propres récoltes et
à la production éditoriale locale ;
· participer aux services bibliographiques
d'intérêt national et international, en collaboration avec
d'autres bibliothèques et institutions ;
· organiser, promouvoir et accueillir des activités
et manifestations culturelles.
II] Organigramme et services
a. Le personnel de la BNUT
Le personnel est composé de 109 membres, mais à
cause du fait que depuis deux ans et dans les prochaines années
nombreuses personnes devraient partir à la retraite, le personnel
officiel compte 69 personnes. De nombreux stagiaires sont présents
à la bibliothèque pour aider le personnel.
Les membres du Musée Égyptien ont
été intégrés à l'équipe de la BNUT,
qui est répartie selon les trois statuts existants dans les
métiers des bibliothèques en Italie : bibliothécaire,
bibliothécaire-adjoint et magasinier.
b. Organigramme
Selon les chiffres du secrétariat de la Direction :
· Direction (le directeur actuel est Di Carlo Roberto),
secrétariat et service informatique : 6 membres
· Documents modernes, acquisitions et catalogage : 11
membres
· Manuscrits et documents antiques : 9 membres
· Accueil (salle d'enregistrement-périodiques) : 14
membres
· Salle de consultation : 12 membres
· distribution-prêt, magasin : 15 membres
III] Pr ésentation des différents
services d'accueil et de leurs fonctions : a. Accueil
· Informations et orientations : tableau des horaires de la
bibliothèque; visites organisées en groupe ;
· Signalétique : cartes et indications pour les
usagers. Une touch box est disponible à l'accueil ;
· Pour avoir accès à la BNUT et à son
patrimoine, le Règlement prescrit la carte d'entrée, pour
laquelle il faut :
? avoir plus de 16 ans ;
? avoir donné ses coordonnées personnels et
être enregistré dans les programme informatique ;
· L'accueil grâce au logiciel d'enregistrement permet
l'accès aux différents services et à l'emprunt : ? Seuls
les résidents de Turin peuvent emprunter des documents sur place ;
? Pour les autres, une attestation de séjour est
demandée ;
? Pour les étrangers, ou autres résidents,
possibilité d'avoir un passe temporaire.
b. Salle de consultation
La salle de consultation a aussi comme fonction d'être une
salle de lecture. Le matériel est mis a disposition (70 000 volumes) et
organisé par matières :
Classement des oeuvres de la salle
A) bibliographie et biographie
B) antiquité et orientalisme
C) langue et littérature moderne
D) art et archéologie
E) musique (actuellement en salle des manuscrits)
F) histoire
G) sciences auxiliaires de l'histoire
H) religion
|
I) philosophie
K-L) sciences politiques, sociales et juridiques
M) géographie et cartes géographique
N) science mathématiques, physique et naturelle
O) sciences biologiques
P) Médecine ; vétérinaire et pharmacie
R) agriculture et zootechnique
X) information et documentation
|
Accès aux ressources bibliographiques et
numériques
· Elle est composée d'encyclopédies, de
dictionnaires généraux et spécifiques, répertoires
généraux ;
· Possibilité de consulter sur papier les
catalogues collectifs des grandes bibliothèques étrangères
(BNF à Paris, Bibliothèques du Congrès à Washington
etc), consultables, dans le prolongement de la salle de consultation, dans le
couloir qui mènent à la salle de prêt-distribution ;
· Catalogues bibliographiques sur cartes,
classées par auteur et sujet disponibles tout le long du couloir pour
les oeuvres d'avant 1990, non cataloguées au format SBN ;
· Catalogues informatiques en ligne, SBN
(collectif des bibliothèques italiennes), Librilinea
(collectif bibliothèques de la région piémontaise),
OPAC de la BNUT pour les publications parue après 1990 ;
· connexion au wi-fi
c) Service de prêt-distribution
· Prêt local ;
· prêt externe, interbibliothèque (pour les
demandes de livres d'autres bibliothèques) ;
· prêt international (bibliothèques
étrangères) ;
· Utilisation de la carte d'entrée pour
accéder au système de prêt (trois ouvrages pour un mois)
;
· L'usager doit compiler un document (richiesta),
sur laquelle il doit indiquer clairement l'auteur, le titre, l'édition,
le volume et la collocation.
IV] Programmes informatiques utilisés à la
bibliothèque :
· windows XP ;
· pack Microsoft Office ;
· Erogazione servizi, pour le prêt, le SBN et le
catalogage.
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Bibliothèque Nationale Universitaire de Turin : services
d'accueil (salle d'accueil, de consultation et de prêtdistribution) - du
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Les étudiants et l'usage des services
d'accueil de la BNUT
Fiche profil: les collections de la BNUT
Il est impossible de résumer le patrimoine de la BNUT,
tant pour son fond moderne que son fond historique, car son histoire n'est pas
celle d'un jour et que son patrimoine et d'une richesse exceptionnelle.
I] Un peu d'histoire : les collections, entre
passé et présent
Aujourd'hui la BNUT possède 732 853 monographies, 4284
périodiques en cours, 4554 manuscrits, 1603 incunables, 10 063
cinquecentine, 15 000 gravures et un important fond musical. Depuis 2007, la
bibliothèque, en plus d'être Dépôt Légal et
siège de l'Archive régional, fait parti d'un important projet
pour la conservation et la valorisation du patrimoine antique
(http:www.bnt-o.librari.beniculturali.it)
Les origines des collections remontent à l'occupation des
Ducs de Savoie (XVIe), rassemblant ainsi les trois principaux fonds de Turin
:
· Les livres de la commune ;
· La récolte de la Regia Universitaria ;
· La récolte des Ducs de Savoie.
Les dons d'autres duchés ont par ailleurs contribué
à renforcer la richesse des fonds de la BNUT, comme ceux des ducs de
Genève et des ducs de Bourgogne (sept manuscrits appartenant à
Philippe le Bon).
La BNUT a acquis aussi les livres de Pietro Giannone, du
château d'Agliè (1782) ; 30 000 volumes provenaient de la
compagnie jésuite, supprimée sous Napoléon ; les volumes
de l'illuminisme, collectionnés par le bibliothécaire Auguste
Huns au XVIIIe selon les théories révolutionnaires de Bacon pour
le classement des livres.
Le catalogage a toujours été une des missions
principales de la bibliothèque avec la conservation des documents. Des
bibliothécaires passionnés se sont succédés tout au
long de l'histoire afin de faire connaître le patrimoine aux
érudits du monde entier, dont deux noms sont à retenir :
L'incendie des 25/26 janvier 1904, et les bombardements dus
à la seconde Guerre Mondiale, on été des
événements traumatiques : la salle des manuscrits, secteur le
plus touché, perd 3/4 de son patrimoine.
II] Fond ancien
a. Les manuscrits
Avant l'incendie de 1904, la BNUT était
composée d'une vaste collection de manuscrits (4500), rassemblés
par la maison de Savoie. La composition des manuscrits est éclectiques,
en passant des manuscrits en langue indienne sur feuille de palme aux papyrus
copiés en langue hébraïque. Les manuscrits sont aussi grecs,
latins, français, italiens, espagnols, arabes, persans et turcs. Avant
l'incendie, le fond de manuscrits hébraïques (du XIIe au XVIe)
était un des fonds les plus importants de la bibliothèque et
n'est aujourd'hui composée que d'une centaine d'oeuvres.
Parmi les manuscrits les plus significatifs, signalons la
version hébraïque du Commandement à la
métaphysique d'Avverroè.
b. Les livres rares : incunables et cinquecentine
La BNUT conserve plus de 1600 incunables, qui constituent un
panorama de l'histoire de l'imprimerie piémontaise, et plus de 6000
cinquecentine, parmi lesquelles une bible polyglotte de Christophe Platine
(1569), dont les huit premiers volumes sont en parchemin.
c. Les dessins et les gravures
Dessins des artistes piémontais, tel que Filippo Juvarra,
artiste baroque, et ses élèves. Plus de 15 000 gravures
conservées, dont certains noms célèbres :
· Albrecht Dürer ; · Giovanni Battista ;
· Brueghel le Vieux ; · Piranesi etc.
· Il Parmigianino ;
d. Le patrimoine musical
Le patrimoine musical est aussi lié à l'histoire
du Piémont :
· Le Fond Mauro Fo (87 manuscrits, 66 opéras),
· Le Fond Renzo Giordano, célèbre pour les
musicologues du monde entier
· Les opérasen partie autographes d'Antonio
Vivaldi
· Un vaste fond d'opéras allemands du XVIIème
(Gluck, Haydn, Rameau...)
La réserve musicale provient en partie de la maison de
Savoie, avec par exemple la conservation des ballets de cours de Cortet, qui
transcrit les danses royales des ducs de Savoie au XVIIe. La BNUT conserve
aussi les opérasballets et de tragédie lyriques de Lully, seule
bibliothèque en Italie possédant des opéras de ce
musicien.
III] Fond moderne
La bibliothèque a augmenté son patrimoine,
grâce au droit sur l'impression, sous le roi Carlo Alberto, à
partir du 26 mai 1848.
La politique d'acquisition de la
bibliothèque est surtout effectuée sur les documents dont les
cotes sont les suivantes : PER, GIORN, GAPer, RIV, BNU, SCOL et BNT .
Les cotes BNU, BNT et SCOL sont les plus utilisées par les
étudiants. En 2010, à titre d'exemple, la BNUT a acquis 1084
monographies et 838 périodiques (8017 documents au total) : les dons de
monographies, 1171 en 2010, sont donc plus importants que les acquisitions.
Les périodiques constituaient, avant
les années 2000, un secteur important de la BNUT (salle des
périodiques, disparue depuis trois ans par la délocalisation de
la bibliothèque du musée égyptien dans ses locaux),
puisque composée de 1200 abonnements différents à des
revues, alors qu'aujourd'hui elle n'est lus qu'abonnée à environ
200 revues, dont quelques rares titres étrangers.
Les livres modernes, mais aussi les fonds du
XVIIe au XXIe, sont conservés dans le magasin, une vaste tour de six
étages. A chaque étage correspondent des cotes précises,
mais les livres ne sont pas classés par auteur et format et non pas par
sujet.
· 1er étage de BNU à BNT :
une partie du dépôt légal, dont certaines collections ont
été transférée dans les étagères en
libre-service (trois dernières années). En 2010, la BNUT a
collecté 4426 DL.
· 2ème étage : de nombreuses
cotes SCOL et forte présence de manuels scolaires, de la fin du XIXe
à aujourd'hui, mais aussi histoire sacrée, grammaire, latine,
littérature infantile etc.
Les contrats de la BNUT aujourd'hui sont principalement
passés avec Pacini (littérature classique et
moderne, sciences humaines) et Utet (grands domaines du
savoir, livres universitaires), bien qu'avant la période de crise
actuelle les contrats étaient passés avec une vingtaine de
maisons d'édition :
Les principales maisons d'édition de la BNUT sont
:
Einaudi Lindau Umberto Allemandi & C.
Lattes editori Giappichelli Loescher
EDT Bollati Boringhieri Codice Edizioni
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