Tofeu Ngandjé Thierry Landry
Risques de Change
Comment se couvrir ?
Cas des importateurs camerounais.
SOMMAIRE
ABSTRACT
INTRODUCTION
CHAPITRE I- RAPPELS THEORIQUES
A- Risque de change et nécessité d'une
gestion
B- Notion d'exposition au risque et instruments de
couverture
CHAPITRE II- GESTION DES TRANSACTIONS EN DEVISES
ETRANGERES PAR LES ENTREPRISES CAMEROUNAISES (IMPORT)
A- Contexte économique camerounais, une
réalité africaine
· Un système bancaire en cours d'assainissement
· Secteur informel dynamique
· Politique monétaire coloniale
B- Gestion effective du risque de change à
l'import
· Identification du risque de change
?
· L'exposition géographique
CHAPITRE III - CAS PRATIQUE DE LA GESTION DU RISQUE DE
CHANGE PAR LA SOCIETE X,
A- Présentation de la société
· Activités
· Volume du poste « fournisseur
(étranger)» et niveau d'exposition
B- Gestion du risque de change
· Politique de couverture
· Choix d'instrument de couverture
CONCLUSION
ABSTRACT
L'ouverture à
l'internationale confère à des entreprises de négoce et
aux multinationales une diversité de risque en contrepartie du
développement de leurs activités. Entre autre, Les risque de non
respect de délai de livraison ou de paiement, risque de non conformite
de l'objet commercial (marchandise, service...), ou encore le risque de
dépréciation ou d'appreciation du cash flow à
décaisser ou à encaisser lors du règlement d'une
transaction ; Ce dernier risque, qui peut affecter directement la valeur de
l'entreprise se doit d'être géré de façon
particulière selon son degré d'exposition et surtout selon
l'activité de l'entreprise.
INTRODUCTION
La mise en place du système de change flottant ne date
pas d'une décennie. Avant les accords de Bretton Woods de 1973 et ceux
de Jamaïque de 1976 qui établirent le cadre juridique du
système flottant, toutes les monnaies avaient une parité fixe
contre le Dollar ; Ce qui légiférait une position de monopole au
billet vert, dont la valeur était référencée
à l'or (étalon ~ or). Depuis la suppression de la
convertibilité or du dollar par le président Nixon, suite
à un jeu de pression des grandes puissances (Allemagne, France, Japon),
on est passé d'une convertibilité fixe à une
convertibilité variable des devises entre elles. Aucun économiste
ne peut justifier aujourd'hui le bienfondé de ce choix
systémique ; Par contre, le risque actuellement couru par les
entreprises ouvertes à l'international est bien défini. C'est un
risque liés aux fluctuations du taux de change des devises lors du
règlement des opérations commerciales avec les partenaires
étrangers. D'où la nécessité de bien cerner la
nature et l'ampleur du risque de change résultant des positions de
change et des mouvements de taux de change, afin de choisir judicieusement les
instruments propres pour couvrir ce risque.
Notre étude mettra un point d'honneur sur la
façon dont les entreprises camerounaises appréhendent ce risque,
et les politiques et instruments mis en place pour sa gestion. En outre,
rappelons-nous rapidement que le marché de change est un
marché-réseau dominé par quelques places
financières, autour de quelques devises et principalement selon un
change à terme. C'est aussi un marché de bloc oil plus de 80% de
transaction se font entre les banques. Donc les entreprises camerounaises
exposées au risque de change sont non seulement celles qui
opèrent avec l'étranger, mais aussi celles qui sont
domiciliées auprès d'une banque, et qui ne règlent pas
leurs transactions au comptant (cous spot).
Cette approche synthétique nous permettra de
délimiter notre étude autour de deux axes bien précis, qui
sont la gestion théorique du risque de change et sa pratique par les
entreprises camerounaises à l'importation. Au final on pourra dire avec
certitude si oui ou non les entreprises camerounaises sont en
général exposées au risque de change ; si oui,
déterminer ce niveau d'exposition, et les instruments utilisés ou
à utiliser pour se couvrir de ce risque (à l'importation).
CHAPITRE I- RAPPELS THEORIQUES
A- Risque de change et nécessité d'une
gestion
La fluctuation des devises expose les entreprises de
négoce et les multinationales à des risques de change, c'est
théorique. Mais dans la pratique celles qui paient au comptant leurs
transactions ne s'exposent à aucun risque. Elles maîtrisent leur
position en devises étrangère en tant réel et accepte de
bénéficier d'une conjoncture favorable ou défavorable de
l'évolution des cours.
La notion de risque intervient lorsque qu'il s'agit d'un
règlement à terme, à un moment incertain et prend
naissance dès l'arrivée d'une facture pro forma (importateur) ou
d'un catalogue (exportateur).
La nécessité d'une gestion du risque de change
est importante du fait que plus de 70% des transactions traitées sur le
marché de change se font à terme. Faisant ainsi du marché
de change un marché principal du change à terme. Définir
des politiques de couvertures sur ce risque à terme est du ressort de
chaque entreprise et ce en fonction de son activité et donc de son
exposition. Mais la nécessité d'une gestion spécifique
reste primordiale. Une non couverture peut entraîner une
dépréciation ou une appréciation des cash flows à
encaisser ou à décaisser, et ainsi modifier la valeur d'une
entreprise.
B- Notion d'exposition au risque et instruments de
couverture Notion d'exposition au risque :
La notion de risque de change est intimement liée
à la notion de position. Une position longue sur une devise permet
à un importateur de payer à échéance en devise
étrangère sans avoir appel au marché de change. Par contre
une position courte fait interférer le marché de change au
comptant, ou à terme. Le risque peut aussi prendre plusieurs formes
selon le type d'expositions (transaction, Comptable, économique).
D'où le lien étroit entre risque de change, position et
exposition de change. Le risque existe quand il y a exposition tout d'abord et
position courte par la suite, lors d'un règlement en devise
étrangère différé dans le temps.
Politique et instruments de couverture :
Logiquement et en se référent aux notions
prédéfinis d'exposition au risque, un agent ou opérateur
économique ne peut avoir que deux attitudes à adopter face aux
fluctuations de devises ; Ces attitudes sont en fait les piliers fondamentaux
de la gestion du risque :
· La non couverture ou exposition, cette
attitude peut être prise par la négligence de risque couru, ou
pour spéculer en vue de réaliser un gain de change.
· La couverture, elle peut être
partielle (sur les positions débitrice ou créditrice en
souffrance) ou simplement systématique (sur toutes les positions).
Dans le cas d'une couverture, le choix de l'instrument
à utiliser est fonction de sa pertinence et de son adaptabilité
par rapport à la situation. Rappelons que dans la pratique, le change
à terme est de loin l'instrument de prédilection des entreprises
pour se couvrir en externes contre les risques de change.
Instruments de couverture
Il existe une multitude d'instruments de couverture contre le
risque de change, qui peuvent ~tre internes ou externes à l'entreprise.
Nous nous limiterons pour ce résumé de synthèse aux
instruments les plus utilises dans la pratique. A savoir,
Comme méthode interne :
· Le choix de la devise de facturation,
C'est un transfert de risque à une contrepartie qui peut
compliquer les negociations commerciales, à moins d'être le leader
inconteste dans un domaine.
· Le termaillage, technique qui permet
d'anticiper (Leading) en cas de baisse ou de retarder (Legging) en cas de
hausse, un paiement en devise etrangère, pour un importateur.
· Les clauses contractuelles, il s'agit
ici de prevoir dans le contrat commercial des clauses par rapport aux
variations du cours de change de la devise choisie afin de proceder à un
partage du risque (voir à un transfert).
Comme méthodes externes :
· Le change à terme, C'est
l'instrument externe le plus utilisé pour la couverture contre le risque
de change. On fixe à un temps t, un taux à payer à t+n
(echeance du règlement).
· Le SWAP de change, est un instrument
financier grâce auquel deux operateurs procèdent à des
echanges de capital et de taux d'interêt dans deux devises differentes,
et s'engagent contractuellement à effectuer de façon regulier des
paiements qui correspondent aux interêts, et à se rendre le
montant echange au terme de la periode.
· Les instruments optionnels (Call, Put),
confèrent à leur detenteur le droit et non l'obligation
d'acheter ou de vendre un certain montant en devises à un prix determine
à l'avance, appele prix d'exercice jusqu'à une certaine echeance,
qu'on appelle date d'exercice, contre le paiement d'une prime. La souplesse de
cet instrument de couverture est directement liee au montant de la prime, qui
est determinee en fonction de six principaux elements :
ü le cours actuel de la devise
concernée;
ü le prix d'exercice;
ü la durée de l'option;
ü les taux d'intérêt des deux devises
concernées;
ü le type de l'option;
ü la volatilité des taux de change.
CHAPITRE II- GESTION DES TRANSACTIONS EN DEVISES
ETRANGERES PAR LES ENTREPRISES CAMEROUNAISES (IMPORT)
A l'importation les entreprises sont confrontées
à un risque d'appréciation de la devise étrangère,
par rapport à la devise locale. Cette appréciation gonfle en fait
les cash flows futurs à décaisser pour régler
une facture à terme. Puisque nous nous limiterons
à cette dernière exposition (transaction) dans le cadre de notre
étude, nous constaterons que l'environnement socio culturel,
économique et géo politique détermine les grands axes des
instruments de couvertures utilisés par les entreprises d'une certaine
région du monde ; D'où l'intérest majeur de notre
étude, le cas au Cameroun en particulier et en Afrique en
général.
A- Contexte économique camerounais...une
réalité africaine
L'Afrique dans sa globalité, ne représente
qu'une infime part des échanges commerciaux à l'échelle
internationale, soit environ 2 à 3 % du volume des échanges selon
la banque mondiale (2008), pour une population estimée à 16,4 %
de la population mondiale en 2010 (CIA World Factbook 2009). A grande
échelle le risque de change parait négligeable
; A contrario, au niveau micro de l'entreprise africaine en
général et camerounaise en particulier, ce risque doit être
pris en compte au même titre que les risques pays ou systémiques
dil à la fragilité politique et économiques des
états. Ce qui n'est pas le cas dans la pratique économique des
entreprises camerounaises, et ce à cause de plusieurs
· Un système bancaire en cours
d'assainissement
V
On a vu précédemment que le marché de
change est essentiellement un marché interbancaire de gros.
Ceci dit, la grande partie des opérations faites sur
le marché de change se font par l'intermédiation des banques. La
bancarisation étant de l'ordre de 16 % au Cameroun en 2010
(Cameroon-info), très peu d'entreprise ont accès ou utilisent des
techniques de couverture proposées par les banques. De plus la
vulgarisation des outils de couvertures sophistiqués (options) n'est pas
à l'ordre du jour dans le système bancaire.
· Secteur informel dynamique
D'après une enqueste terrain, qui s'est
déroulée du 16 au 24 avril 2006 par l'Agence Française de
Développement, le Cameroun est selon toute vraisemblance, le pays
d'Afrique subsaharienne qui a un des taux les plus élevés
d'emplois en secteur informel, sans que les raisons de cette situation soient
clairement élucidées ; L'analyse de la répartition des
emplois par secteur institutionnel met en évidence la place
prépondérante du secteur informel : plus de 90 % des actifs
occupés y sont employés. Cette structuration du marché du
travail s'explique notamment par la part occupée par l'emploi informel
agricole, qui occupe à lui seul 55,2 % de l'emploi global, tandis que
l'emploi informel non agricole en représente 35,2 %. Le manque de
qualification des opérateurs économiques qui exercent pour la
plupart dans l'informel est un véritable frein aux pratiques bancaires.
Leur vison de la rentabilité est limité au résultat
(bénéfice net), et le manque à gagner, suite par exemple
à une pratique de non couverture pour les importateurs, est
négligé par ignorance.
· Politique monétaire coloniale,
appartenance à la zone CFA
Par intégration régionale, le Cameroun fait
partir de la zone CEMAC (Communauté Economique et monétaire
d'Afrique Centrale). Véritable moteur économique de la sous
région, par son PIB (plus de 40% de la zone), le Cameroun abrite le
siège de le BEAC (Banque des Etats de l'Afrique Centrale), dont la
politique monétaire dépend largement de celle de la zone Euro. Le
franc CFA étant arrimé à l'Euro.
Les principes de fonctionnement du FCFA :
a parité fixe entre le franc CFA et l'euro à
travers le franc français
· La garantie de convertibilité illimitée en
euros accordée par la France en contrepartie du dépôt de la
moitié des réserves de change des banques centrales dans des
comptes d'opérations au Trésor français
a liberté totale des transferts au sein de la zone
franc
· La représentation de la France au sein des organes
de surveillance et de décision des banques centrales de la zone franc
FOCUS sur l'impact d'une parité fixe CFA/EURO
dans le commerce international (Import)
Le franc CFA étant arrimé à l'Euro par
une parité fixe, les pays de la zone CFA bénéficient d'une
couverture de risque de change sur toutes leurs transactions avec leur
partenaire privilégié européen En ce qui concerne les
importations camerounaises, 67% proviennent de l'UE. En revanche, nous verrons
par la suite que le mécanisme rigide du FCFA prive les pays de
l'utilisation de la politique de change dans la boîte à outils de
leur politique économique. De même que la parité fixe
établie avec l'euro fait subir au franc CFA les fluctuations de la
monnaie européenne par rapport au dollar américain qui reste la
monnaie de référence du commerce international. Les
filières de l'exportation subissent plus les coûts de
l'appréciation de l'euro, donc du franc CFA, par rapport au Dollar ; les
produits africains perdent de leur compétitivité sur les
marchés internationaux, les exportations marquent le pas, les balances
commerciales souffrent et, au final, les économies patinent. Toutes fois
Le débat sur la parité fixe CFA/EURO ne fait que commencer et les
questions qu'il suscite sont nombreuses et peuvent faire l'objet d'une
thèse doctorale en politique monétaire.
B- Gestion effective du risque de change à
l'import
IDENTIFICATION DU RISQUE
·
L'exposition géographique
Tout importateur camerounais est exposé au risque de
change dans les zones hors euro et FCFA. Evaluer l'exposition au risque de
change (Import), commence d'abord par une analyse des filières de
l'importation (principaux produits importés) et des principaux
fournisseurs ; Ainsi on pourra dire si oui oil non la filière Import est
plus ou moins exposée au risque de change, et déterminer les
instruments de couverture adéquat à ce risque.
Les importations camerounaises :
Elles sont divisées en trois grandes filières,
à leur tour subdivisées en branches.
Clin d'oeil sur les produits manufacturés
(en US $)
principaux produits manufacturés (% sur le total
des importations)
|
Importations
|
%
|
- Fer et acier
|
93
|
398
|
800
|
3,1
|
- Produits chimiques
|
348
|
742
|
000
|
11,7
|
- Machinerie et équipements de transport
|
537
|
948
|
000
|
18,0
|
- Textiles
|
22
|
135
|
300
|
0,7
|
- Vêtements
|
14
|
085
|
500
|
0,5
|
|
Principaux fournisseurs :
Position Couverte (Taux fixes)
Position Exposée (Taux
variables)
Principaux fournisseurs (% des
importations)
Monnaie
|
Parité en Euro
|
2006
|
Nigeria
|
Naira
|
0.00464
|
22,1%
|
France
|
Euro
|
1
|
19,1%
|
Chine
|
Yuan
|
0,1084
|
5,2%
|
Etats-Unis
|
Dollar
|
0,71901
|
4,9%
|
Belgique
|
Euro
|
1
|
3,9%
|
|
Analysons l'historique des parités de change
entre l'euro et les principales devises de change des partenaires camerounais
à l'importation (2006 - 2010) :
EURO / NAIRA
Tendance haussière
Tendance baissière
Les importateurs camerounais ne courent aucun risque de change
sur les positions couvertes, du fait de la parité fixe de la monnaie
locale (F CFA) avec l'euro. Par contre, les positions non couvertes constituent
un véritable risque pour eux. Mais attention, ce risque de change n'est
pas forcement négatif ; Explication : ACTUELLEMENT l'appréciation
de la valeur de l'euro par rapport au Dollar est une opportunité pour
les entreprises camerounaises qui importent des produits dans la zone hors
Euro. En effet l'appréciation de l'euro par rapport au dollar
entraîne la chute du prix des biens en Euro, parallèlement en CFA
du fait qu'il soit arrimé à l'Euro. Le véritable risque
auquel doit se couvrir l'importateur, est le risque de voir l'Euro se
déprécier par rapport à la devise étrangère
de change.
EURO / YUAN
|
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|
|
La volatilité est la mesure statistique du
comportement irrégulier de la variation d'une monnaie par rapport
à une autre dans le temps. Elle permet donc d'évaluer le risque
de perte ou de gain de valeur.
Pour le trésorier d'une entreprise
camerounaise qui importe des produits hors zone euro, il est
très important de mesurer l'écart type des variances de la
monnaie locale par rapport à la monnaie étrangère.
Plus la volatilité est grande, plus le risque est
élevé. Ces observations permettent ainsi de choisir le
comportement à adopter et les principaux instruments à utiliser
pour se couvrir du risque de change.
Mais qu'en est-il en réalité dans les entreprises
camerounaises ?
|
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|
Conclusion 1 :
D'après nos observations sur l'exposition des
importateurs camerounais face au risque de change, on pourrait conclure que
notre étude est biaisée à la base ; Vue le contexte
socioéconomique, géopolitique, et le partenariat
stratégique des sociétés camerounaises. En effet, dans la
pratique quotidienne de leurs activités, la plupart des importateurs
camerounais, ne prennent pas en compte la gestion du risque de change. Tout
simplement parce que sur cent entreprises importatrices, soixante dix
opèrent dans l'informel, dans les trente restantes, quatre vingt
pourcent importent depuis l'Europe et la zone Franc CFA ; Donc, la part des
entreprises formelles qui n'importent pas depuis l'Europe est minime (en terme
de volume). Revenons sur ce dernier cas à travers nos estimations
mathématiques : Notre étude révèle que les
principaux partenaires des importateurs camerounais hors UE, sont
respectivement en termes de volume le Nigéria, la Chine (qui à
récemment devancé les Etats unis) et les Etats unis. Pour la
plupart des entreprises qui importent dans cette zone, nos recherches nous
permettent d'identifier deux attitudes majeures face au risque de change :
- La non couverture : 70% de ces entreprises paient au prix
spot, soit à travers des virements internationaux ou western union ;
Effectivement le cas des importateurs de chine qui ne déclarent pas
généralement le volume de leur marchandise, sous peine
d'augmentation des tarifs douaniers.
- La couverture par le change à terme : presque
systématiquement, les entreprises camerounaises importatrices (hors mis
les multinationales, qui disposent des pôles financiers), optent pour un
crédit documentaire, avec un taux de change à terme. C'est la
technique la plus utilisées et la plus réglementée dans
les transactions internationales camerounaises.
Au final nous jugeons impertinent d'expliquer une pratique
quasi inexistante (ce serait comme chercher les poux sur un crane rasé),
incongrue mrme aussi du fait de l'inaccessibilité des informations de
quelques rares entreprises qui utilisent des instruments structurés
(montages d'instruments classiques ou optionnels) pour se couvrir du risque de
change potentiel à l'importation.
D'autre part, vu que nous jugeons de l'intér~t de la
mise en place d'un dispositif de gestion de risque de change aussi bien au
niveau de la banque que dans l'entreprise, et de sa pratique
opérationnelle par l'usage d'instruments de couvertures adéquats,
nous expliquerons donc un mécanisme de couverture simple au travers
d'une simulation assimilable à cas pratique.
CHAPITRE III- CAS PRATIQUE DE LA GESTION DU RISQUE DE
CHANGE PAR LA SOCIETE X.
A- Présentation de la société X
:
· Activité :
La société X est une société
camerounaise au capital social de 10 000 000 F CFA, donc le coeur de
l'activité est la commercialisation au près des grandes surfaces
des conserves d'olives. La société X est leader de son secteur et
couvre plus de 70 % de son marché.
Son secret : contrairement aux entreprises concurrentes qui
commercialisent directement les olives conditionnées (sous conserve), la
société X importe des fruits et les conditionnent sur place via
un procédé particulier, et transforme une partie des rebus de
produits en huile d'olive, qu'elle commercialise à travers des salons
d'esthétique et de coiffure.
On peut donc dire que la société X est une
industrie « primaire », vu qu'elle transforme sa matière
première en conserve et en huile.
· Volume du poste « fournisseur
(étranger)» et niveau d'exposition :
La société X a deux principaux fournisseurs :
- Un fournisseur camerounais du
- Un fournisseur marocain de fruits d'olives
Conditionnement en verre (SOCAVER)
Avec une production annuelle de 65 millions bouteilles,
SOCAVER est le fournisseur des principales brasseries du
Cameroun. Plus de 60 % de sa production est exportée vers
14 pays d'Afrique.
Chiffre d'affaires : < 999 K€
Pourcentage du chiffre d'affaires à l'export :
100 %
Dans le poste charge d'exploitation, du compte de
résultat de la société X (rubrique achat de marchandise),
le volume des charges liées aux achats de SOCAVER est 2 fois
inférieures au volume des charges liées aux achats d'ETS PRAT.
Et de plus, au bilan de la société X le compte
fournisseur à payer est constitué à 90 % des encours
fournisseur ETS. PRAT, du fait de délai fournisseur cours (1 mois)
accordé par le fournisseur camerounais SOCAVER.
Rappelons que la capacité de conservation de l'entreprise
X, lui oblige un cycle d'approvisionnement TRIMESTRIEL.
Mise en situation :
Au 1er janvier 2010, la société X passe
une commande de 5 tonnes d'olive, à raison de 10 DH le Kg (vente en
gros), soit au total une facture TTC estimée à 50 000 DH TTC.
A cette date on a un cours spot MAD/XAF suivant 1DH =
57,8697 FCFA.
Donc si l'entreprise X, paie au cours spot (J+2, maximum) elle
devra décaisser 2 893 485 FCFA (soit 4 419.8108 EURO), pour payer 50 000
DH à son fournisseur marocain.
Identification du risque courut par la
société X :
Risque de transaction : risque lié
à dépréciation du CFA (ou de l'euro) par rapport au dirham
marocain, ou contrairement d'appréciation du DH par rapport au CFA (ou
Euro). Qui pourra entraîner une augmentation de la facture initiale
à terme.
Risque comptable : Perte de valeur
liée à une appréciation du Dirham. En effet, les encours
fournisseurs en Dirham peuvent augmenter les engagements de la
société X vis-à-vis de son fournisseur marocain.
B- Gestion du risque de change
Sachant que le fournisseur (exportateur) marocain, pour ce
couvrir des risque de fluctuation du Dirham, facture en MAD Marocain
(affacturage), une partie du risque de change est donc transférée
à l'entreprise X.
· Politique de couverture de l'entreprise X
:
Au niveau de l'entreprise X on sait ceci :
- Les factures en Dirham ne changeront pas de valeur nominale en
devises (Dirham) ;
- L'importateur marocain se couvre contre un risque de
dépréciation du dirham par rapport au CFA, mais n'anticipe pas
une hausse du dirham par rapport au CFA.
L'entreprise X pour se couvrir du risque de change, peut adopte
3 attitudes différentes selon la conjoncture.
Pour se couvrir contre le risque de baisse du CFA,
- Elle peut consolider ses position en optant pour un change
à terme, lors de l'établissement de son crédit
documentaire.
Pour anticiper une hausse du CFA par rapport au Dirham,
- Elle peut opter pour une option de change à terme
à taux variable
Elle peut aussi jouer sur une conjoncture défavorable
à échéance, en retardant son paiement, jusqu'à une
période moins risquée ou technique du termaillage.
· Instrument de couverture et fonctionnement
:
Pour choisir l'instrument de couverture à utiliser, le
trésorier de l'entreprise X, analyse la volatilité du Dirham MAD
par rapport au F CFA ; Pour essayer d'anticiper ou de se couvrir contre
une variation favorable ou non. D'après le graphe de l'historique des
cours Dirham / CFA, il constate une tendance haussière depuis le
04/01/2010 (date à la quelle la facture lui est parvenue).
Les deux situations face auxquelles l'entreprise X peut
être confrontée une fois le délai de paiement encouru sont
les suivantes :
Importateur X
Réévaluation du DH par rapport au
FCFA 1 USD > 57,8697 FCFA
Dévaluation du DH par rapport au
FCFA 1USD < 57,8697 FCFA
Il devra finalement payer plus 2 893 485 de
FCFA Perte
Il devra finalement payer moins de 2 893 485
FCFA Gain
Pour annuler le risque systémique (spéculation), le
trésorier de l'entreprise X, décide d'opter pour une couverture.
Lors de l'élaboration de son crédit documentaire, son banquier
lui propose 2 options :
- Le change à terme, taux DH/CFA à 3 mois ;
- L'option CALL, qui lui confère le droit et non
l'obligation d'acheter à une échéance donnée un
montant de devise (Dirham) contre le CFA à un taux
fixé d'avance (Strike ou prix d'exercice).
Le trésorier de l'entreprise X comprend directement
que, contrairement au change à terme qui lui permet de couvrir ses
positions sur une fluctuation défavorable du DH/CFA, l'option lui permet
en plus de se couvrir, de profiter des fluctuations favorables. Mais en contre
partie d'un cot ou prime d'exercice.
Il évalue et compare le coût du dispositif des
options que lui propose son banquier. Après ses calculs il constate que
le cot d'un dispositif d'une option CALL vaut 4/3 du coEt du dispositif du
change à terme. Et en plus il n'anticipe pas (d'après ses
estimations) une hausse probable du CFA par rapport au DH. Il décide
donc de choisir le CHANGE A TERME.
Le banquier lui propose un taux de change à terme, DH/FCFA
(à 3 mois) = 58,0104 ; (rappelons que le cours spot est 1 DH =
57,8697). Le trésorier décide alors de
l'exercer.
A terme (le 04- 03 #177; 2010) on a un cours DH/CFA suivant :
58, 4846
Fluctuation DH / FCFA sur la période
En exerçant le Change à terme, l'entreprise X
s'est couverte d'une hausse du dirham par rapport au CFA. En effet elle payera
à terme :
50 000 X 58,0104 = 2900520 CFA Au lieu de
50 000 X 58,4846 = 2924230 CFA
Soit une économie de 2 924 230 #177; 2 900 520= 23 710
FCFA.
Conclusion
Notre étude pratique nous montre bien que, ce couvrir
du risque de change est une chose, mais réaliser un gain de change en
est une autre. Si par exemple l'entreprise X n'avait exercé aucun
instrument de couverture, donc valider le cours spot, elle aurait
réalisé un gain de change plus confortable que celui
réalisé avec le change à terme. Dans la mrme
lancée, le trésorier de l'entreprise X constate que
l'économie réalisé suite à l'exercice du change
à terme (23 710 FCFA) est pratiquement égal au montant du coEt du
dispositif mis en place pour l'exercice de cette option par sa banque. Donc en
réalité il est perdant financièrement. Mais
stratégiquement l'entreprise X maîtrise à l'avance ses
positions et contrôle au mieux sa politique de gestion.
On peut donc conclure en disant que,
Une couverture peut ~tre un risque de perte d'opportunité
et le choix d'une politique de couverture dépend de plusieurs facteurs
liés directement ou indirectement à l'entreprise :
- Le degré de volatilité de la monnaie locale par
rapport à la devise étrangère - L'activité de
l'entreprise
- Le volume de ses transactions à l'international
- Les accords bilatéraux du commerce international entre 2
pays.
En ce qui concerne les politiques de couvertures des
entreprises camerounaises (Import-export) on peut dire que la parité
fixe Euro/ CFA est un déterminant décisif. Elle couvre
systématiquement tous les risques de change et facilité
l'intégration régionale des pays appartenant à une
même zone monétaire, F FCA (Afrique centrale) FCFAO (Afrique de
l'ouest).
|