B. Le Domaine de Chasse de Rutshuru
La partie érigée en Domaine de Chasse de
Rutshuru a été classée en réserve partielle de
chasse en 1952 par l'arrêté N°052/259 du 21 février
1952 qui fut remplacé l'année ultérieure par
l'arrêté n 42/345 du 8 décembre 1953 et sa gestion
confiée au ministère de l'agriculture qui avait l'environnement
dans ses attributions.
L'occupation humaine dans cette réserve remonte peu
après sa création mais toujours dans les années 1950,
période où les premières plantations de caféiers
furent établies dans la partie Est de la route Rutshuru-Ishasha. Le
traçage de la route Kiwanja-Ishasha, inaugurée en 1958, fut un
grand stimulus dans la mise en place des plantations des caféiers et de
quinquina (WWF-PEVi, 2011).
De 1960 à 1974, la réserve partielle de Chasse
comme toutes les réserves du pays, connu de sérieuses
difficultés de gestion qui le jeta dans un réel abandon. C'est
suite à cet abandon que le Commissaire d'Etat à l'Agriculture, la
Direction des eaux et forets par son Arrêté Départemental
N° 00024 du 14 février 1974 transformant cette réserve en
domaine de chasse de Rutshuru. Cela n'ayant pas résolu le
problème, le commissaire d'état décida de
transférer les « Réserves et Domaines de
chasse » de la Division de la Conservation de la Nature et Gestion
des Ressources Naturelles à l'Institut Congolais pour la Conservation de
la Nature alors l'Institut Zaïrois pour la Conservation de la
Nature `'IZCN'' par son arrêté N°036/DECNT/BCE/78 du
13/7/1978.
En 1988 dans sa lettre N°1931/IZCN/CPDG/DG/88 le
président sectionnaire du MPR s'adressant au citoyen Conservateur en
chef Régisseur du domaine de chasse de Rutshuru ayant pour objet :
Délimitation du domaine de chasse de Rutshuru, avait
mentionné : « C'est pour quoi, vu l'urgence et ce,
sans préjudice des décisions que pourront prendre les
autorités, je vous demande, dans le cadre du projet CEE/Virunga de
concentrer vos efforts avec le chef de ce projet qui me lit en copie, sur la
délimitation de la bande écologique de plus de 40% de la
superficie encore vierge du domaine qui reste encore à sauvegarder afin
de prévenir l'avancée des cultivateurs vers le parc et
l'envahissement définitif de ce Patrimoine mondial par la
collectivités rurales. ».
Cette zone écologique avait été
délimitée par une ceinture verte d'arbres allant de Katwiguru
à Mulalamule soit près de 40Km. Cependant, les populations
environnantes n'ont pas cessez d'exercer des pressions sur cette zone qui
aujourd'hui constitue la zone de culture des populations qui tendent à
dépasser cette zone et à pénétrer dans le Parc
National des Virunga (Cas de Nyamilima, Ngwenda, ...).
Depuis ce transfert de compétence, les Domaines ont
été gérés avec très peu de moyens
logistiques étant donné que la Présidence qui s'occupait
des Parcs Nationaux s'intéressait peu aux réserves. Aussi, loin
d'appliquer la loi régissant les domaines, la chasse fut
supprimée dans cette dernière, ce qui n'a fait que restreindre
les moyens de gestion. Le transfert de compétences n'a pas eu des
mesures d'accompagnement. Il n'y a pas eu par exemple engagement d'un nouveau
personnel de sorte que les effectifs pour travailler dans le domaine furent
soustraits du Parc National des Virunga. Ce personnel fut tellement bas que la
surveillance devint utopique. Cette mesure, témoigne le conservateur du
Domaine, serait salutaire si elle avait été bien
appliquée. Plus, les moyens logistiques appropriés ne faisaient
quelque peu défauts. Il en résulte que les résultats
escomptés n'ont jamais été atteints à cause de
toutes ces lacunes restrictives. Aussi, il a été constaté
que quand on décide de la fermeture de la chasse, le braconnage
s'intensifie étant donné qu'aucune personne ne se retrouve
(SIKUBWABO, 2008).
A sa création, le DCR avait une superficie
estimée à 100.000 ha. Cette surface, mesurée à
partir du GIS sur base de l'énoncée précise des limites,
n'était en réalité que de 64.210 ha (BUHENDWA R., 2011).
Cet envahissement bien que lent à cette époque, s'est
intensifié dans les années 80 pour être un but à
atteindre de presque toute la population de Binza dans les années de
crise à l'Est de la RDC (1994 à 2002). Les politiciens en mal de
positionnement pendant la longue période des guerres ont
été pour beaucoup dans la recrudescence de l'envahissement du DCR
surtout dans les parties Nyamilima, Kiseguro, Nyamitwitwi, Nyaruhange où
il est signalé que le Domaine est réduit à une bande
comprise entre 0 et 100 m de largeur. Plus de 15.000 ha avaient
été spoliés et cette partie s'appelait Kongo. Le DCR a
subit depuis plusieurs années des menaces qui ont conduit à la
perte de son intégrité de près de 95%. Une petite partie
du DCR située à l'extrême Ouest, et la Réserve
Naturelle de Sarambwe restent les seules zones présentant un
intérêt écologique supérieur et nécessitant
ainsi une protection.
On estime à 5 % les terres du domaine encore intactes
soit environ 3.210 ha. Le reste du Domaine originel soit autour de 61.000 ha
ont été transformé en champ de culture (SIKUBWABO,
2008).
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