Ø Le secteur Sud :
Il y a 1,5 million
d'années, l'eau de ce qui est maintenant le lac Kivu se déversait
vers le nord. Une activité volcanique intense a conduit dans un
passé géologique récent à la formation de la
chaîne des 8 volcans Virunga. S'élevant jusqu'à des
hauteurs de 4.500 m, ces volcans, dont certaines cimes sont couvertes de neige,
forment un barrage en travers de la vallée du Rift, empêchant
l'eau du lac de s'écouler vers le nord. Deux de ces volcans, le
Nyamulagira et le Nyiragongo, sont encore en activité et leurs
éruptions spectaculaires à quelques années d'intervalle,
quoique détruisant des centaines d'hectares de forêts dans le
parc, constituent une attraction touristique majeure. De luxuriantes
forêts ont poussé depuis des siècles sur les champs de lave
et le passage fréquent de nouvelles coulées de lave a
créé une mosaïque fascinante de forêts de
différents âges. Ces forêts sont riches en figuiers (Ficus
sp.), sources de nourriture importantes pour de nombreuses espèces
d'oiseaux et de primates.
A.2. Menaces
Tout part des
procédés pour constituer ce qui est devenu l'actuel PNVi. En
effet l'administration coloniale a procédée des diverses
façons dont l'expropriation des terres pour cause d'utilité
publique, cession et échange des collines, achat des droits
indigènes, déplacement des populations en raison
d'épidémies de trypanosomiase, et dans le cadre de la mission
d'Immigration des peuples Indigènes `'MIP''. Cette façon de faire
à créé des conflits sévères entre
différents groupes ethniques mais aussi avec le parc. Les conflits
n'étaient pas très perceptible à l'époque du fait
que la population était moins dense et de là la
disponibilité des terres arables, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui
(Sikubwabo K. et Kayungura G. 2010, p52). La guerre du SAP est
expliquée par le fait que les coutumiers dont les étendues des
terres visées pour l'expansion du PNVi revenaient dans leurs
compétences ont exécuté l'obligation de cession tandis que
l'obligation de l'autre partie qui consistait en l'indemnisation des
autochtones n'a été que partiellement exécutée
(SAP, 2011, p2). L'indemnisation consistait en adduction d'eau potable,
construction d'hôpitaux et de centres de santé, construction des
villages en matériaux durables et des pêcheries moderne selon
les milieux. Le SAP, dans sa pétition de février 2011
adressée au Président de la République, va jusqu'à
fustiger le fait que l'expansion des limites, sans enquête
préalable à la cession pour la plupart des cas, est fondée
sur les faits et non sur le droit, mais aussi, il indique que les droits des
autochtones ont été bafoués car l'ICCN n'a reçu des
autochtones qu'un droit d'usage. Le SAP conclus ses revendications en montrant
qu'il est plus que nécessaire de mettre fin au domaine de chasse
créé selon lui en violation des droits des autochtones.
Nous constatons ainsi que,
depuis sa création le PNVi a traversé différentes
situations difficiles telles que la non clarification de ses limites dans
certaines endroits, l'explosion démographique de la population aux
abords immédiats du parc, le faible revenu familial occasionné
par différentes crises qui ont secoué la région, la
présence de différents groupes armés dans et autour du
parc et son utilisation par les détenteurs du pouvoir comme objet de
propagande. Tous ces faits ont incité certains groupes de gens à
mener des actions peu favorables à la conservation du PNVi. Hormis les
menaces liées à la présence des réfugiés
rwandais aux abords du Secteur-Sud du PNVi, la période de conflits
armés a eu un impact très remarquable sur la gestion du PNVi.
Nous pouvons en
retenir entre autres :
1. La violation des
limites, qui se caractérise soit par des déplacements des bornes
ou des pancartes signalétiques, soit par la destruction des haies
vives ;
2. La
déforestation, est conduite dans le parc pour des usages domestiques
(bois de construction, bois de chauffe et carbonisation de bois, coupe des
tuteurs) ou commerciaux (bois d'oeuvre). Cette action entraîne la
destruction des habitats nécessaires à la survie du
PNVi ;
3. L'empiètement
des terres du parc, se traduit par l'installation de champs, de pâturages
et de maisons. De 1999 à ces jours, plus de 90.000ha du parc ont
été envahis illégalement pour des fins
culturales ;
4. La production de «
Makala » est entretenue par les populations locales pour la production du
charbon de bois à partir des espèces ligneuses rares comme
Olean africana, prunus spp, etc. Pour l'approvisionnement
énergétique de plus en plus des grands centres grandissants comme
Goma, Beni, Butembo, Kiwanja, Rutshuru, Kanyabayonga, Kayna, ... situés
aux abords du parc. Par exemple, en moyenne 10 camions transportant 1500 sacs
de charbon du bois débarquent chaque jour sur la ville de Goma en
provenance du parc. Ce qui représenterait 833m2 de bois, soit
1ha dévasté (B. BAHIRWA, 2007)
5. Le braconnage des
animaux est perpétré par les hommes armés (FARDC et
groupes rebelles) installés dans et autour du PNVi. Ceux-ci impliquent
souvent la population voisine du parc pour le transport de la viande. Cette
activité néfaste conduit à la diminution sensible des
populations animales. Par exemple, les hippopotames étaient
essimés à 29.000 en 1974, 20.000 en 1989, 1300 en 2003 et moins
de 1000 en 2006 (M. LANGUY, 2006).
6. La pêche illicite
est pratiquée dans les frayères, lieu de reproduction des
poissons (à l'aide des matériels comme la senne de plage, nasse,
etc.) ou dans les eaux profondes (avec des filets à petites mailles), ou
encore le long des berges (tam-tam). La prolifération des
pêcheries pirates dans le lac Edouard et surtout dans sa côte Ouest
a permis l'installation des pêcheurs clandestins dans certains les
villages dont Mahiha, Kasindi Port, Katundu, Kamande, Talya, Lunyasenge,
Mosenda, Kisaka, Muramba, ... (LANGUY M. et KUJIRAKWINJA D., 2006). Ces
pêcheries ont été créées par
différents acteurs pour des intérêts individuels. Cette
activité pèse sur la reproduction des poissons et la
rentabilité de la pêche ;
7. Le trafic
illégal des ressources se concrétise par le commerce des
bébés gorilles, chimpanzés, des perroquets et d'autres
espèces végétales comme Rauwolphia spp. En 2004
seulement, 3cas de trafic de bébés gorilles ont été
enregistrés dans la ville de Goma, à la frontière
RDC-Rwanda (ICCN/NK, 2004). De même, la population
d'éléphants continue à diminuer dangereusement à
cause de la reprise du commerce de l'ivoire ;
8. Le pacage est le fait
de faire paître les animaux dans le parc. A la recherche des
pâturages pour les bétails, des hommes finissent par s'installer
dans le parc. C'est le cas de Karuruma au Nord et de Kirolirwe au sud du parc.
Cette pratique pose de sérieux problèmes liés au risque de
transmission des maladies des animaux domestiques vers les animaux sauvages.
Par exemple toute une population de gorilles de montagne peut disparaître
à jamais suite à la contamination d'un individu atteint d'une
infection qui se transmet naturellement des animaux vertébrés
à l'homme et vice versa (zoonose). Il est néanmoins incontestable
que grâce au dévouement et courage des agents de l'ICCN, du
soutien de nombreuses associations et de différents chefs de villages ou
coutumiers qui comprennent la valeur du parc, le pire a pu être
évité.
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