2.1.3 Quelques travaux empiriques
Dans la présente section, il sera passé en revue
quelques travaux empiriques sur la grossesse des adolescentes.
2.1.3.1 Au Canada
Stéphanie LEVESQUE dans une étude portant sur la
grossesse chez les adolescentes montre que celle-ci est liée à
des facteurs environnementaux. Ces facteurs environnementaux sont la
pauvreté, l'origine ethnique de l'adolescente, le faible rendement
scolaire et enfin la vie quotidienne des adolescents. La pauvreté vient
en premier rang. En effet les jeunes femmes ayant un statut économique
faible montrent peu de motivation à éviter la grossesse. Elles
perçoivent souvent la grossesse comme un moyen de fuir le cercle vicieux
de la pauvreté. Le second facteur correspond à l'origine ethnique
des adolescentes. Aux États-Unis, près de 20 % des femmes
d'origine africaine âgées entre 15 et 19 ans deviennent enceintes
chaque année. Comparativement aux hispaniques et aux adolescentes
d'origine européenne, les africaines utilisent moins efficacement les
contraceptifs et ont tendance avec les adolescentes d'origine hispaniques
à mener à terme leur grossesse (plus de 50 % des cas), tandis que
celles d'origines européenne se font avorter dans plus de 60 % des cas.
Le troisième facteur lié directement à la pauvreté,
renvoie au faible rendement scolaire. En général, les jeunes
sexuellement inactifs tendent à avoir des objectifs éducationnels
ainsi que des notes de classe plus élevées. De plus, les
adolescentes de familles riches valorisent l'éducation et ont plus
d'attentes face à leur vie future. Les adolescentes enceintes, sont
beaucoup plus à risque d'avoir de faibles rendements scolaires,
d'abandon scolaire, d'obtenir par la suite un emploi à faible revenu et
de poursuivre ainsi le cercle vicieux entre la pauvreté et la
maternité précoce. Enfin, un dernier facteur est lié
à la vie quotidienne des adolescents, remplie de messages sexuels
envahissants.
2.1.3.2 En Guadeloupe
En Guadeloupe, une étude a été
menée par Jean-Pierre Guengant et al., en Janvier 1993 pour
cerner les déterminants sociaux et de comportement dans lesquels
surviennent les grossesses chez les adolescentes de moins de 17 ans.
D'après cette étude, la plupart des jeunes enquêtées
(79 %) vivaient chez leurs parents au moment de leur grossesse, et 10 %
vivaient chez un parent autre que leur père/ou leur mère. Compte
tenu de leur âge, la large majorité d'entre elles (63 %)
continuaient d'aller à l'école, tandis que les autres
déscolarisées étaient au « foyer » (22
%) ou au chômage (12 %) et le pourcentage de celles déclarant
avoir un emploi est négligeable (3 %). Ces résultats soulignent
la dépendance économique quasi-totale des jeunes mères
vis-à-vis de leurs parents et le cas échéant du
père de leur enfant. Les familles d'origine des jeunes mères
apparaissent cependant plutôt défavorisées. Il s'agit en
effet le plus souvent de familles monoparentales, dirigées par une femme
(60 % des cas). Près de la moitié (44 % de l'ensemble) des chefs
de famille sont inactifs. Enfin, les familles d'origine des jeunes mères
étaient aussi relativement nombreuses (5,1 personnes en moyenne, la
moitié étant constituée d'enfants de moins de 18 ans).
Cependant cette étude montre que l'abandon de l'école
apparaît comme étant le résultat de la situation de retard
et d'échec scolaire préalable à la grossesse que la
conséquence de la grossesse elle-même. La plupart des
enquêtées ont une bonne connaissance des méthodes
contraceptives, mais 20 % seulement des jeunes mères ont
déclaré avoir utilisé une méthode à un
moment quelconque avant la grossesse.
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