Problématique du rôle controverse des médias dans la résolution des conflits en RDC: analyse critique de l'opérationnalité concrète des médias pour la paix( Télécharger le fichier original )par Patrick de Favre BINTENE Université de Kinshasa RDC - Licence 2010 |
III.2. PAYAGE MEDIATIQUE CONGOLAISIII.2.1. Mots d'histoireLe pluralisme et l'Independence de la presse au Congo remonte de temps ancien car ces termes sont nés avant l'Independence au Congo belge. Ils disparaissent du mémoire dès l'arrivée au pouvoir de MOBUTU. Seulement en 1990 que la presse congolaise amorcera cette période de monopole médiatique et va déclarer la libéralisation de la presse. Le parcours de la presse au Congo sera ainsi analysé en cinq différentes périodes qui sont : III.2.2. Avant le discours de 1990Cette période est caractérisée par un paysage absolument monocorde, cadenassée par la dictature de MOBUTU ; « A coté du seul OZRT existaient quelques publications de statut privé détenues par des proches du régime et servant pour son propagande. » (59(*)) Lors de l'accession du pays à l'indépendance, le statut de la presse qui découlait des décrets de 1959 sur les libertés publiques places les journaux appartenant déjà aux intérêts privés sous un régime libérale ; cette situation se maintiendra jusqu'en 1965. « A l'avènement de Mobutu, entre 1965 et 1972 mesurant, l'importance de la presse dans la conduite de l'opinion publique, le nouveau régime tente d'acheter plusieurs titres en y plaçant ses hommes et les finançant discrètement. »60(*) L'année 1972 est une année charnière dans l'histoire du Congo-Kinshasa en général et des organes d'information en particulier. C'est la consécration de la doctrine zaïroise du « recours à l'authenticité » qui se traduit par la mise sur pied d'une stratégie et d'une philosophie pour la libération des mass médias de leur dépendance structurelle. La philosophie du recours à l'authenticité imprime une orientation nouvelle aux mass médias. « Des faits saillants marquent l'année 1972 et les années suivantes. Il s'agit, en résumé, de la revalorisation de la culture nationale. C'est en effet, en 1972, que les journaux congolais porteront des noms authentiquement zaïrois, qu'une presse naîtra, entièrement ou partiellement rédigée en langues nationales dites vernaculaires » (61(*)). Pendant la même année, tous les journaux sont officiellement pris en charge par l'Etat qui leur accorde des moyens dont ils ont besoin pour leur fonctionnement. La situation économique favorable jusqu'en 1975 permet à l'Etat des prodigieuses libéralités en faveur des journaux étatique. « Mais la crise qui sévit à partir de cette même année, à la suite de la nationalisation le place dans une impossibilité de subventionner tous ces journaux » (62(*)) S'en suit la restriction dans l'octroi des subvenions ; d'une part certain journaux (Elima,et Salongo) reçoivent plus que d'autres et d'autre part les montants perçu sont des moins à moins consistant. Il importe de rappeler qu'avant même l'indépendance, certains organes de presse écrite détenus par les Congolais constituaient de véritables moyens de prise de conscience politique des masses. Après l'indépendance, les journaux s'inféodèrent à certains groupes politiques et il fallut attendre l'avènement de la IIème République pour voir un début d'organisation de la presse écrite congolaise. Sous la tutelle souple mais efficace du Ministère de l'Information, la presse congolaise couvre tout l'éventail de l'actualité tant national qu'international ; de la politique au social, de l'économique au culturel et au sport, « les organes de presse écrite sont un support essentiel de la politique du Nouveau Régime et participent à la réalisation des objectifs de la Révolution Zaïroise Authentique » (63(*)). Chaque province de la République est dotée d'un organe de presse selon la répartition suivante : - Organes de presse par Province
Source : Document n° 075/I.M.K./355/78, N'Sele, mars 1978(64(*)) Elima et Salongo relayaient la propagande du gouvernement et dans chaque province un journal était autorisé comme Mjumbe à Lubumbashi, Boyoma à Kisangani, Jua à Bukavu. L'église catholique avait ses medias écrits qui étaient écartés totalement de la vie politique, d'autres publications étaient théoriquement autorisées sans que les parutions soient régulières. Pendant cette période, les journalistes devraient user de toutes leur prudences afin d'éviter des critiques Portées contre le président ne lui remettent en cause. Le président était considéré comme un Dieu. C' a été démontré à l'époque du ministre Sakombi Inongo. Chaque soir, avant le journal à la Télévision nationale ; on remarquait Mobutu sortir dans les nuages. Rien de bon, et rien à voir dans tous ces journaux. En 1981, une nouvelle législation sur la presse établie par l'Ordonnance-loi n°81-011 du 2 avril 1981, portant modification de l'ordonnance loi n°070-057, cette ouvre la voie à la multiplication des titres dans la presse écrite. « Ceux-ci connaissent des fortunes diverses certains d'entre eux ne sont pas viables et se sont complètement alignés sur le pouvoir public et d'autres par contre se sont considérés comme des véritables journaux indépendants »65(*). Cette Ordonnance bien que libéralisant ce secteur, n'écarte pas la mainmise de l'état sur la presse écrite qui demeurent dans sa grande majorité entièrement alignée sur le régime du parti Etat qui lui confie du reste, la mission de mobilisation et sensibilisation de la population. C'est en s'appuyant sur cette mission que les journaux entièrement privatisés par la dite ordonnance loi vont revendiquer le retour de l'aide de l'Etat. Pendant cette période « la presse libre disparu au Congo car l'essentiel de l'information était la diffusion des activités du président et les idéologies du parti unique » (66(*)) (MPR) les journaux se ressemblaient, à l'avant plan était souvent la photo de Mobutu « il a fallu attendre 1981 pour parler d'une petit avancée sur le plan de la liberté de la presse. En effet l'ordonnance loi du 2 avril 1981 introduisit dans ses paragraphes la liberté de la presse, une simple déclaration au ministère suffisait pour publication et sur le plan juridique le directeur de la publication était civilement et pénalement responsable.» (67(*)) Tous ceci nous suffit de comprendre que cette liberté était tronquée car en réalité cet article de l'ordonnance n'était que théorique.
* (59) Marie-soleil FRERE Op. cit, p98 * (60) TSHONZ Mata, Medias au Zaïre, s'aligné ou se libérer, Paris, Harmattan, 1996, pg 37 * (61) Vicky ELONGO, Cours de politique comparée de la communication, inédit, deuxième licence FLSH, Université de Kinshasa 2009-2010 * (62) TSHIONZA Mata, Op-ci, pg 37- 39 * (63) Jerry MPERENG Djery, Presse et histoire du Congo-Kinshasa. Le discours de la presse et son rôle dans le processus de la démocratisation de 1990 - 1995, Thèse pour obtenir le grade de Docteur en sciences du langage de l'Université de CERGY-PONTOISE, octobre 2004,p 175 * (64) Document n° 075/I.M.K./355/78, N'sele, mars 1978. * (65) THSIONZA Mata Op-cit, pg 40 * (66) Mubangi Bet'ukany, « le parcours de la presse congolaise et le rôle de l'oralité comme relais de l'information en Afrique ? » in les enjeux de l'information et de la communication, disponible sur http /www. Ugrenoble3.fr /les enjeux/2007/mubangi pg 2 * (67) Idem, pg 2 |
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