Problématique du rôle controverse des médias dans la résolution des conflits en RDC: analyse critique de l'opérationnalité concrète des médias pour la paix( Télécharger le fichier original )par Patrick de Favre BINTENE Université de Kinshasa RDC - Licence 2010 |
II.3.6. Différence entre la vision de l'instigateur de l'initiative avec celles de la majoritéRoss Howard dans son ouvrage sur les médias et la démocratie nous démontre les attitudes des médias face au développement mettant un accent sur la valeur démocratique. En l'évoquant ici, nous devons le savoir que : les valeurs démocratiques sont-elles des valeurs immuables, identiques d'une époque à l'autre. Plusieurs manuels sur le droit de l'homme ont déclaré que le droit à la vie humaine est une valeur universelle. Aux Etats-Unis et même dans certains autres pays développés, ce droit à la vie est bafoué de par la condamnation à la mort alors qu'il se déclare une nation première en matière de droits humains. De même peut-on évoquer le droit à la liberté à un journaliste congolais qui a annoncé immédiatement la mort d'un président, quand on doit rendre compte de l'acharnement que subissent les journalistes congolais. Les valeurs universelles sont donc variables et il faut donc prendre garde de ne pas tomber dans un piège de l'ethnocentrisme. Dès lors, un individu ou une ONG désire créer un média proactif pour aider des communautés en difficulté agira peut être sur base d'un principe en lequel il croit, mais qui ne correspondant pas à la norme universelle et/ou locale. D'où l'absence d'une quelconque instance supérieure de surveillance concernant le journalisme de paix constitue en lui-même une dérive potentielle. En Afrique, dans sa totalité, le journalisme de paix s'inscrit dans une démarche prise par des acteurs du Nord voulant contribuer aux résolutions de conflits. Malgré cette volonté de contribuer au développement du continent, et dans plusieurs cas les études de terrain approfondies sont réalisées avant l'implantation d'un média proactif dans un pays en crise. Souvent un acteur local se fait associer en raison peut-être d'une barrière linguistique. Ces initiatives sont généralement bien intentionnées. Pourtant un problème est soulevé quand à la pérennité des projets initiés par ces organismes et ONG appuyant le journalisme pour la paix. II.3.7. Dilemme de pérennisation des projets d'appui du journalisme de paixL'utilisation des médias dans les sociétés vulnérables a toujours été une préoccupation sur le rôle des médias parfois joué en stimulant ou en accélérant le conflit. Mark Frohardt dans le rapport publié sur l'utilisation et abus des médias dans les sociétés vulnérable, élabore un cadre destiné à aider les organisations d'aide des médias afin d'orienter leur travail à des interventions directes à l'endroit où ils sont nécessaires en vue d'une résolution du conflit » (46(*)). D'où, si l'appui de coopération étrangère s'avère profondément utile à la création d'un média de la paix, la question qui nous revient en tête est celle de savoir que se passe t-il une fois le financement extérieur disparaît ? Et bien ces médias dont le fonctionnement est généralement fonction d'un appui extérieur se trouveraient alors dans l'incapacité d'assurer leur pérennité par le fait d'une éventuelle discordance avec l'économie locale. Par là, apparaît avec toute lumière la différence entre projet d'action humanitaire et projets de coopération au développement. D'une part, il s'agit bien de l'offrir une solution rapide à un problème ponctuel ; et d'autre part de jeter les bases qui permettront aux médias locaux de fonctionner de la manière indépendante dans la perspective d'avenir, « de sérieux problème comme le préconise Mary KIMANI sont souvent récurent après la résolution du conflit (47(*)) Dans le domaine de journalisme pour la paix, ces deux sortes d'assistance existent de par le fait que certaines ONGs utilisent les médias comme moyens d'intervention d'urgence pour éviter ou absorber des conflits, le cas de la fondation hirondelle. Une fois le conflit est dépassé, elles s'en vont avec leurs antennes et budgets. D'autres types d'ONGs ou coopération sont des associations qui font la promotion. Cette dernière est évaluée à long terme en initiant la vulgarisation des principes journalistiques en créant des écoles du journalisme ; en donnant des informations déontologiques du journalisme ; parfois même des séminaires permettant ainsi aux journalistes de diverses communautés de travailler ensemble. L'institut Panos Paris en est un exemple concret. Cela étant, nous allons ainsi présenter quelques unes de ces ONGs. * (46) Frohardt M., Use and abuse of medias in vulnerables societies, Us Institute of peace, Washington 2009, p13. * (47) KIMANI Many, La radio, instrument de réconciliation, Afrique Renouveau n°213, octobre 2007, p3. |
|