Problématique du rôle controverse des médias dans la résolution des conflits en RDC: analyse critique de l'opérationnalité concrète des médias pour la paix( Télécharger le fichier original )par Patrick de Favre BINTENE Université de Kinshasa RDC - Licence 2010 |
Chapitre II. CONSIDERATIONS THEORIQUES DU JOURNALISME POUR LA PAIXII.1. INTRODUCTIONS'il est certain qu'un journaliste professionnel, respectueux des règles d'équilibre de l'information, ainsi que celle de la vérification et de recoupement des sources, peut aider à apaiser des tensions souvent entachées d'incompréhension et sous information entre acteurs, une question se pose : « le journaliste peut-il ou doit-il aller loin en orientant volontairement sa pratique professionnelle vers une démarche de soutien aux initiatives de paix ? (31(*)). Malgré cette volonté que pouvait manifester un professionnel dans l'orientation de son travail, peut-il se venter de demeurer impartiale ne disant que la vérité, rien que la vérité ? Il n'est pas facile de l'accepter, l'impartialité ; personne ne pouvait le prouver quand on se rend compte que tout être humain a toujours tenu des intérêts qui peuvent être familiaux, nationaux,... des idéaux de l'humanité devant un problème. Dans cette partie à caractère théorique, nous allons définir le journalisme pour la paix avec toutes les désignations qui en découlent, ses objectifs, ses fondateurs, et ses règles, etc....Nous ferons de notre mieux pour que toutes les explications que nous proposerons ici soient détaillées afin de permettre à tout chercheur qui s'intéresse à cette étude de trouver de quoi s'argumenter s'il tombait devant un tel thème. II.2. LE JOURNALISTE PROACTIFDepuis les années 1990, les tentatives de systématiser et de modélisation du rôle des médias dans les conflits et leurs processus de paix, ont suscité l'attention de plusieurs chercheurs. Les outils d'intervention et d'interprétation se sont effectivement multipliées ces dernières années dans le monde Anglo-saxons, donnant ainsi naissance à un véritable courant ; celui des médias et reconstruction de paix, du journalisme de paix. Selon Jake LYNCH, du journalisme proactif avec Loretta HIEBER, jusqu'au journalisme de médiation utilisé par Robert KARL MANOFF.les dénominations restent varier, mais toutes se rapportent à un seul sens : celui d'une utilisation des techniques de communications de masse dans un but avoué de prévention et de résolution des conflits. Ces auteurs ont apporté plusieurs notions pour cerner ce qui est du rôle des médias dans des crises. Johan GALTUNG, sociologue d'origine norvégienne fondateur de l'International Peace Research, fut le premier à évoquer pour la première fois le terme journalisme pour la paix : Johan serait même le précurseur de la théorie sur le journalisme de paix. C'est dans son article High road, low road ; charting for peace journalism que l'auteur dégage la théorie sur le journalisme de paix. Cette théorie sur le journalisme de paix compare « le métier du journalisme traditionnel à un médecin qui observerait l'évolution d'une maladie sans tenter d'en proposer un soin (32(*)). Le processus de la maladie est considérée comme naturel, au même une lutte entre le corps humain et tout ce qui est facteur pathogène et donc un micro-organisme, un traumatisme. Parfois, une partie gagne, tantôt l'autre. Il est comparable à un jeu. Le fair-play un moyen de donner aux autres une chance, ne pas interférer avec les voies de la nature où le plus fort gagne finalement. Partant de cette théorie il est clair que le journalisme traditionnel oriente son action à couvrir un conflit ou un événement de manière objective, tout en gardant l'espoir qu'il y aura un gagnant. Et celui-ci est bien sure le plus fort. Ce type de journalisme se focalise sur le compte rendu objectif de la situation. Son issu est quelque peu dangereux à la société car il ne favorise pas la reconstruction de la paix. Comme le pense LABANA Lasay Abar, « les crises et les conflits sont toujours inhérents dans une société, question d'en prévenir » (33(*)). Il faut savoir qu'il n'y a aucun argument que la violence ne doit pas être signalée. Galtung le qualifie alors d'un journalisme de guerre. La première victime d'une guerre n'est pas la vérité ; la vérité est la deuxième victime. La première reste bien sur la paix. Il faut entendre ici une démarcation entre le journalisme traditionnelle et le journalisme pour la paix qui porterait son activité sur les problèmes de pacification des conflits ; des résolutions à y apporter. Les conflits sont perçus comme un défi que doit s'engager le journalisme pour la paix. Nous avons eu tendance à mettre l'accent sur les guerres entre les Etats, mais le conseil pour le journalisme de paix s'applique également à la violence entre les groupes - au viol et violence conjugale, la maltraitance des enfants, les conflits de races et de classes. Le journalisme pour la paix est synonyme de la vérité par opposition à la propagande et aux mensonges, mais il n'est pas le journalisme d'investigation dans le sens de la découverte. La vérité est valable pour toutes les parties, tout comme l'exploitation de la formation du conflit est de donner la parole à tous. Pour Loretta HIEBER « peu de journaliste sont conscients de leur travail, ainsi elle dresse un tableau des éléments communs aux situations des conflits, en y opposant les stratégies qui permettraient aux médias à la fois de sauver des vies et de contribuer à la résolution des conflits (34(*)).
II.2.1. Comment pratiquer un journalisme proactifLe journalisme de paix, qui est un journalisme pour agir, se veut le contre pied d'une pratique journalistique qui réduit les faits d'actualités, même les plus sensibles, à un espace de lutte de force entre bons et méchant. Entre gagnant et perdants, que les médias se limitent à commenter en comptant le nombre de morts, de processus de paix avortés qu'ils ne considèrent comme achevé que lorsqu'une de partie a eu raison de (s) l'autre (s). Quand on observe les pratiques traditionnelles du journalisme en temps de conflit ou de crise, force est de constater que les médias préfèrent, en général, se focaliser sur les aspects spectaculaires. Ils réduisent le conflit à un jeu à somme nulle, à une confrontation entre bon et mauvais, sans nuances. (35(*)). Le travail du journaliste pendant la guerre n'est orienté que de cette façon car il ne se base que sur le visible des conflits, rapportant les atrocités commises par l'ennemi. Ce type de reportage ne peut résulter la paix ; car dans sa logique on ne peut parler de paix que lorsqu'un camp gagne. De cette façon les médias ne font que répercutent les positions des certaines élites politiques ou militaires 'impliqués dans du conflit. Un journaliste proactif doit veiller à l'exactitude et à l'impartialité dans le reportage, il doit être conscient de l'impact potentiel de l'information diffusée sur l'évolution des conflits, si seulement elles peuvent permettre de réduire les tensions. On remarque par exemple que les articles sur les enfants soldats ; s'appesantissent souvent sur les atrocités commises par ces jeunes, or un journaliste proactif doit expliquer en dehors de tout cela, la difficulté pour ces enfants d'échapper à l'enrôlement. Ce même journaliste mettra en évidence les programmes de réinsertion éducative ou sociale qui permettent à certains de s'en sortir. Pour Loretta Hieber, « la plupart des journalistes n'ont jamais été conscients de comprendre que leur travail peut avoir un impact positif sur un processus violent » (36(*)). Un bon journalisme consiste à éduquer, à dénoncer et rendre confiance, à analyser les causes sous jacentes des conflits, il doit s'accommoder dans l'action à humaniser les protagonistes pour enfin que chaque partie puisse mieux comprendre l'autre. En gros, il doit permettre l'émergence d'alternatives à la violence. La pratique d'un tel journalisme ne semble pas aisée quand on se rend compte des risques permanant qui en résultent surtout dans les pays où il n'y a pas une certaine liberté de la presse. Mais malgré ça un journaliste proactif veillera sur les contenus diffusés en enfin de répondre rapidement aux circonstances et aux dérives possibles. * (31) Marie Soleil Frère, Op. cit., 2005, p10. * (32) Johan GALTUNG, High road, low road , charting the course for peace journalism « Track Twoo » vol7 n°4, 1998 disponible sur www.ccr.ac.za/archive/Two/7-4 * (33) LABANA LASAY ABAR, les conflits, stratégies, prévention, gestion et modes de résolution, Kinshasa, Chaire Unesco, 2007, pg15 * (34) Loretta HIEBBER, Lifeline media : Reaching populating in crisis ; Media action international, Genève 2001, cité par Marie Soleil Frère : Op-cit p10. Document disponible sur www.worldbank.org,. * (35) Marie Soleil Frère, Op. cit., p18. * (36) Loretta Heeber, Op. cit., p59. |
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