ENGAGEMENT
La fin de la formation à l'Institut de
Formation et de Recherche
Démographiques (IFORD) est sanctionnée par la
rédaction d'un mémoire dont le choix du thème revient
à l'étudiant. Ce dernier est suivi par un comité
d'encadrement composé d'un directeur et d'un lecteur.
Les propos tenus dans ce mémoire sont propres à son
auteur et n'engagent en aucun cas l'Institut de Formation et de Recherche
Démographiques (IFORD).
DEDICACE
Je rends hommage a C'EterneCpour son soutien
ind~~ectibCe
Je dedie ce modeste travaiC
A Ca memoire de mon defunt pere, MONA DJI Ndingadet
Martin,
IC m'a tout donne sans recevoir en retour.
IC a su semer sans penser a qui recoCtera.
A DANL(11O Ndingadet LioneC, a MENODJI Ndingadet ECodie
qui ont tant souffert du manque d'a~~ections paterneCCes dues a nos nombreuc
depCacements pour des raisons scoCaires. Nous esperons que Ces retombees de ce
travaiC contribueront a Ceur epanouissement.
A toute Ca amiCCe Ndingadet.
A toutes Cesfemmes qui meurent en vouCant donner Ca
vie.
Remerciements
Au terme de nos premiers pas dans la recherche en
démographie, qu'il nous soit permis de témoigner à tous
ceux et toutes celles qui, de près ou de loin, ont contribué de
diverses formes à la réalisation de cette oeuvre.
Nos vifs remerciements vont à l'endroit de
celui-là même qui, malgré ses multiples occupations n'a
ménagé aucun effort pour donner à cette oeuvre une valeur
scientifique à travers une rigueur dans la démarche. Le Docteur
BENINGUISSE Gervais, nous vous disons merci pour l'amour du travail et de la
recherche inculqués.
Nos remerciements vont également à l'endroit de
notre lectrice, le Docteur KAMDEM KAMGNO Hélène pour ses conseils
et suggestions qui ont été d'une grande utilité dans la
réalisation de ce travail.
Nous témoignons par la suite notre entière
reconnaissance à l'Administrateur de l'IFORD, Dr Elie Justin OUEDRAOGO ;
au coordonnateur de formation de longue durée, Pr. Evina AKAM.
Nous tenons à remercier de façon
particulière les enseignants de l'IFORD qui, par leurs enseignements ont
fait de nous un membre de famille des démographes.
Nos remerciements vont également à l'endroit de
nos condisciples de la 27e promotion et aux étudiants de
26e et 28e promotions.
Nous exprimons notre profonde gratitude au gouvernement
tchadien à travers l'UNFPA pour le financement de notre formation
à l'IFORD.
Nos hommages s'adressent à notre mère
DENENDODJIM Madeleine et à tous nos frères. Ermeline MBAKA, vous
dire merci pour les services rendus, c'est vous injurier, mais pour l'occasion,
acceptez d'en souffrir.
Nos remerciements s'adressent enfin à :
- tous les parents et compatriotes pour l'ambiance fraternelle
qu'ils ont entretenue tout au long de notre séjour à
Yaoundé. Mention spéciale à Allandiguim Sarick, NADJIBEYE
Béoroum Hilaire pour tous les soutiens et les sacrifices,
Nos sincères remerciements s'adressent à tous
ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la
réalisation de cette étude.
- A tous, qu'Allah vous rende le centuple de vos actes.
ABREVIATIONS
BCR : Bureau Central de recensement
BET : Borkou Ennedi Tibesti
BM : Banque Mondiale
CCA : Common Country Assessment
CERPHAMET : Cellule d'Etudes et de recherche en
Pharmacopée et en Médecine traditionnelle
CIPD : Conférence Internationale sur la
Population et le Développement CRDI : Centre Recherche
pour le Développement International
CPN : Consultations Prénatales
DCAP : Direction de la Coordination des
Activités en matière de Population DAFM :
Direction des Affaires Financières et du Matériel
DDC : Direction du Développement et de la
Coopération
DSEED : Direction de la Statistique, des Etudes
Economiques et Démographiques DSIS : Direction du
Système d'Information Sanitaire
ECOSIT : Enquête sur la Consommation et le
Secteur Informel au Tchad EDST : Enquête
Démographique et de Santé au Tchad
EIMT (MICS) : Enquête par
grappe à Indicateurs Multiples au Tchad ENASS : Ecole
Nationale des Agents Socio-Sanitaires du Tchad EPBEP : Etude
des Perceptions du Bien-Être et de la pauvreté
FMI : Fonds Monétaire International
HGRN : Hôpital Général de
Référence National (N'djaména)
IDH : Indice de Développement Humain
INED : Institut National d'Etudes
Démographiques
INSEED : Institut National de la Statistique,
des Etudes Economiques et démographiques IST :
Infections Sexuellement Transmissibles
MSP : Ministère de la Santé
Publique
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
OMS/WHO : organisation Mondiale de la
Santé/World Health Organisation ONG : Organisation Non
Gouvernementale
PASS : Projet d'Appui au Secteur de
Santé
PCA : Paquet Complémentaire
d'Activités
PIB : Produit Intérieur Brut
PMA : Paquet Minimum d'Activités
PNB : produit National Brut
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PEV : Programme Elargi de Vaccination
RGPH : Recensement Général de la
Population et de l'Habitat
SIDA : Syndrome de l'Immuno Déficience
Acquise
SIPT : Société Industrielle
Pharmaceutique du Tchad
SFDE : Sage-femme Diplômée
d'Etat
SMI : Santé Maternelle et Infantile
SR : santé de la Reproduction
SSP : Soins de Santé Primaire
SOU : Soins Obstétricaux d'Urgence
T& C : Tchad et Culture
UNFPA : United Nations Population Fund (Fonds
des Nations Unies pour les Activités en matière de la
Population)
UNGASS: Declaration of Commitment on HIV/AIDS
United General Assembly
UNICEF: United Nations International Children's
Emergency Fund (Fonds des Nations Unies pour l'Enfance)
USD: University of San Diego
RMDH : Rapport Mondial sur les Droits de
l'Homme
VIH : Virus de l'Immuno Déficience
Humaine
Tables des matières
ENGAGEMENT I
DEDICACE II
REMERCIEMENTS III
ABREVIATIONS IV
TABLES DES MATIERES VI
LISTES DES TABLEAUX X
LISTE DES FIGURES ET GRAPHIQUES XI
RESUME XII
INTRODUCTION GENERALE 1
CHAPITRE I ACCES AUX SERVICES DE SANTE MODERNES ET AUX
SOINS OBSTETRICAUX DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT (PED) 7
1.1 ACCES AUX SOINS DE SANTE MODERNES ET AUX SOINS OBSTETRICAUX
DANS LES PED ... 7
1.2 L'UTILISATION DES SERVICES DE SANTE MODERNES DANS LES PAYS
AFRICAINS 10
1. 3 LES FACTEURS ASSOCIES A L'UTILISATION DES SERVICES DE SANTE
MODERNES 10
1.4 LES CARACTERISTIQUES DES SERVICES DE SANTE MODERNES ET LES
PERCEPTIONS DE LA POPULATION 13 1.5 LES CONDITIONS SANITAIRES ACTUELLES ET
LES COMPORTEMENTS DES POPULATIONS
AFRICAINES 14
1.6 PAUVRETE ET ACCES AUX SERVICES DE SANTE EN AFRIQUE CENTRALE
16
1.7 L'ACCES AUX SERVICES DE SANTE DE REPRODUCTION PAR LES FEMMES
LES PLUS PAUVRES. 18 1.8 LES DIFFICULTES D'ACCES AUX SERVICES DE SANTE
MATERNELLE ET INFANTILE (SMI) 18
CHAPITREII: CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE ET SANITAIRE DU
TCHAD 21
2.1 BREVE PRESENTATION DU TCHAD 22
2.2 CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES 23
2.3 CONTEXTE ECONOMIQUE DU TCHAD 25
2.3.1 Environnement économique au Tchad 27
2.3.2 Situation macro-économique du Tchad 28
2.3.3 La dégradation des conditions économiques
au Tchad 29
2.3.4 Les conséquences de la crise économique
sur l'accès aux services de santé au
Tchad 30
a) Stratégie tchadienne de réduction de la
pauvreté 32
b) La perception de la pauvreté par la population
tchadienne 34
c) Les conditions de vie des ménages au Tchad 34
2.4 SITUATION DE SANTE AU TCHAD 35
2.4.1 Le faible accès aux services de la santé
de reproduction (SR) 39
2.4.2 Les services de santé et de maternité
sans risque : les consultations prénatales et
l'accouchement 41
2.4.3 Le système de santé au Tchad 44
a) Le secteur public 44
b) Le secteur privé et le secteur traditionnel 46
2.4.4 Politiques du Gouvernement tchadien en matière
de la santé 47
a) Les dépenses publiques de santé 47
b) L'offre et la demande de santé au Tchad 50
CHAPITRE III CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
54
3.1 LES FACTEURS LIES A LA DEMANDE ET A L'OFFRE 54
3.2 CADRE CONCEPTUEL 59
3.2.1 Hypothèses et schéma conceptuel de
l'étude 59
a) Hypothèse générale de l'étude
59
b) Schéma conceptuel 60
3.2.2 Définition des principaux concepts 61
a) Recours aux Soins obstétricaux 61
b) Caractéristiques démographiques 62
c): Caractéristiques culturelles 62
d) Contexte 63
e) Le concept de pauvreté 63
f) Les antécédents médicaux 65
3.2.3 Hypothèses de l'étude et Schéma
d'analyse 65
a) Hypothèses spécifiques de l'étude 65
b) Schéma d'analyse 66
c) Les variables opérationnelles de l'étude 66
2.2.4 Présentation des variables de l'étude
67
a) La variable dépendante 67
b) Variable assistance médicale à l'accouchement
67
c) Construction de l'indicateur de niveau de vie 68
3.3 SOURCES ET EVALUATION DES DONNEES 70
3.3.1 Présentation des données 70
3.3.1.1 Objectif de l'EDST-II 70
3.3.1.2 Echantillonnage 72
3.3.1.3 Population cible et informations recueillies
73
3.3.1.4 Justification de l'approche retenue. 74
3.3.2 Evaluation de la qualité des données
75
3.3.2.1 Examen des taux de réponse des principales
variables 75
3.3.2.2 Evaluation de la qualité des données
sur l'âge 76
a) Méthode graphique 76
b) Les méthodes statistiques 78
c) Sources d'erreurs 80
3.4 METHODES D'ANALYSE 80
a) Principes de la méthode de régression
logistique 81
b) L'interprétation des résultats se fait comme
suit 82
CHAPITRE IV ANALYSE DESCRIPTIVE DE L'INFLUENCE DE LA
PAUVRETE SUR L'ACCES AUX SOINS OBSTETRICAUX AU TCHAD 84
4.1 INTERPRETATION DES RESULTATS BIVARIES RELATIFS AU RECOURS AUX
SOINS MEDICAUX LORS DE L'ACCOUCHEMENT 85
4.1.1 Le niveau de vie du ménage 86
4.1.2 Le niveau d'instruction de la femme 87
4.1.3 Le milieu de socialisation 88
4.1.4 L'appartenance ethnique de la femme 89
4.1.5 L'appartenance religieuse de la femme 89
4.1.6 Le milieu de résidence 89
4.1.7 La parité ou le nombre d'enfants nés
vivants 90
4.1.8 La région de résidence 90
4.1.9 L'âge de la mère à l'accouchement
91
4.2 INTERPRETATION DES RESULTATS BIVARIES RELATIFS AU RECOURS
AUX SOINS MEDICAUX LORS DE L'ACCOUCHEMENT EN MILIEU URBAIN SELON LES VARIABLES
CONSIDEREES 92 4.3 INTERPRETATION DES RESULTATS BIVARIES RELATIFS AU RECOURS
AUX SOINS MEDICAUX LORS DE L'ACCOUCHEMENT EN MILIEU RURAL SELON LES VARIABLES
CONSIDEREES 95
CHAPITRE V IMPACT DE LA PAUVRETE SUR L'ACCES AUX SOINS
OBSTETRICAUX AU TCHAD 98
5.1 LES EFFETS NETS DES DIFFERENTES VARIABLES EXPLICATIVES SUR LA
PRISE EN CHARGE MEDICALE LORS DE L'ACCOUCHEMENT 99 5.2 LES EFFETS NETS DES
DIFFERENTES VARIABLES EXPLICATIVES SUR L'ASSISTANCE
MEDICALE DE QUALITE AUX SOINS OBSTETRICAUX 103
5.2.1 Le niveau de vie du ménage 103
5.2.2 Le niveau d'instruction de la femme. 104
5.2.3 Le milieu de résidence 107
5.2.4 La région de résidence 108
5.2.5 L'appartenance ethnique de la femme 109
5.2.6 La religion 109
5.2.7 Les limites de l'étude 110
LES RESULTATS SAILLANTS 112
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS 113
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 118
Listes des tableaux
TABLEAU 2.1 : DONNEES DEMOGRAPHIQUES 24
TABLEAU 2.2 : DYNAMIQUE DE LA POPULATION 24
TABLEAU2.3 : SEUILS DE PAUVRETE ALIMENTAIRE ET GLOBALE PAR TETE
ET PAR JOUR 33
TABLEAU 2.4 : APPROCHE ABSOLUE (ESTIMATIONS DE LA PAUVRETE) 35
TABLEAU 2.5 : INDICATEURS DE SANTE TCHAD, 2003 39
TABLEAU2.6 : TAUX DE COUVERTURE DES ACCOUCHEMENTS ASSISTES SELON
LE LIEU DE RESIDENCE ET PAR REGION 43
TABLEAU2.7 : DEPENSES NATIONALES EN SANTE (FRANC CFA) 49
TABLEAU 2.8: COUVERTURE SANITAIRE PAR DELEGATION EN CENTRES DE
SANTE 51
TABLEAU 3.4 : INFORMATIONS ET PONDERATION UTILISEES POUR LA
CONSTRUCTION DE L'INDICATEUR DES CONDITIONS DE VIE DES MENAGES 68
TABLEAU 3.1 : TAILLE ET COUVERTURE DE L'ECHANTILLON 73
TABLEAU 3.2: TAUX DE REPONSE DES DIFFERENTES VARIABLES 75
TABLEAU 3.3 : TABLEAU RECAPITULATIF DES VALEURS DES INDICES DE
WHIPPLE ET DE MYERS SELON LE SEXE ET POUR L'ENSEMBLE DE LA POPULATION (EDS
TCHAD, 2004) 79
TABLEAU 4.1 : RECOURS AUX SOINS MEDICAUX LORS DE L'ACCOUCHEMENT
84
TABLEAU 4.2 : RECOURS AUX SOINS OBSTETRICAUX EN MILIEU URBAIN
91
TABLEAU 4.3 : RECOURS AUX SOINS OBSTETRICAUX EN MILIEU RURAL
94
GRAPHIQUE 4.5 : FREQUENCE DU RECOURS AUX SOINS OBSTETRICAUX SELON
LE MILIEU D'HABITAT 96
TABLEAU 5.1 : RAPPORTS DE CHANCES D'EFFECTUER UN RECOURS AUX
SOINS MEDICAUX LORS DE L'ACCOUCHEMENT SELON LES FACTEURS PREDISPOSANTS ET LES
FACTEURS FACILITANTS 100
Liste des figures et graphiques
GRAPHIQUE 1 : RATIOS DE MORTALITE MATERNELLE ET
TAUX D'ACCOUCHEMENTS ASSISTES DANS QUELQUES PAYS DE L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE
6
FIGURE3.1 : SCHEMA CONCEPTUEL DE LA PAUVRETE ET
ACCES AUX SOINS OBSTETRICAUX AU TCHAD 60
FIGURE3.2 : SCHEMA D'ANALYSE METTANT EN RELATION
LA PAUVRETE ET L'ACCES AUX SOINS OBSTETRICAUX AU TCHAD 66
GRAPHIQUE 3.1 : REPARTITION DES MENAGES ENQUETES
SELON LES CONDITIONS DE VIE 70
GRAPHIQUE 3.1 : COURBE DES EFFECTIFS PAR AGE ET
PAR SEXE 77
GRAPHIQUE3.2: PYRAMIDE DES AGES DE LA POPULATION
DES MENAGES ENQUETES LORS DE L'EDST-II 78
GRAPHIQUE 4.1 : POURCENTAGE DES FEMMES AYANT EU
RECOURS MEDICAL AUX SOINS PENDANT L'ACCOUCHEMENT SELON LE NIVEAU DE VIE DU
MENAGE 86
GRAPHIQUE 4.2 : POURCENTAGE DES FEMMES AYANT EU
UN RECOURS MEDICAL AUX SOINS PENDANT L'ACCOUCHEMENT SELON LE NIVEAU
D'INSTRUCTION DE LA FEMME 87
GRAPHIQUE 4.3 : POURCENTAGE DES FEMMES AYANT EU
UN RECOURS MEDICAL AUX SOINS PENDANT L'ACCOUCHEMENT SELON LE MILIEU DE
SOCIALISATION 88
GRAPHIQUE 4.4: POURCENTAGE DES FEMMES AYANT EU UN RECOURS MEDICAL
AUX SOINS PENDANT L'ACCOUCHEMENT SELON LE MILIEU DE RESIDENCE 90
GRAPHIQUE 4.5 : POURCENTAGE DES FEMMES AYANT EU
RECOURS MEDICAL AUX SOINS PENDANT L'ACCOUCHEMENT SELON LE MILIEU D'HABITAT
96
Résumé
Cette étude intitulée `' Pauvreté et
accès aux soins obstétricaux» examine les obstacles majeurs
liés à l'accès aux soins de santé en
général et celui des soins obstétricaux en particulier.
Grâce au test de Xhi-deux, nous avons prouvé
qu'il existe une association fortement significative entre la pauvreté
des ménages et le recours aux soins obstétricaux. L'analyse par
milieu d'habitat a montré que les difficultés de l'accès
aux soins obstétricaux sont très accentuées en milieu
rural qu'en milieu urbain. Cela s'explique par le fait que les structures
sanitaires sont pourvues mieux en milieu urbain qu'en milieu rural. En effet,
les résultats au niveau bivarié ont révélé
que 78% des femmes vivant dans des ménages de niveau de vie
élevé ont eu recours aux soins obstétricaux contre 21% de
celles de niveau de vie faible. Selon le niveau d'instruction, 92% de femmes de
niveau secondaire ou plus ont bénéficié d'une assistance
médicale contre 34% de celles sans niveau d'instruction. L'analyse selon
le milieu d'habitat a montré que 81% de femmes résidant en milieu
urbain ont eu un recours aux soins obstétricaux contre 34% de celles du
milieu rural.
Les résultats de l'analyse multivariée auxquels
nous sommes parvenus prouvent à suffisance que le niveau de vie des
ménages est un déterminant de l'accès aux services
obstétricaux. Cet accès est aussi accentué par le niveau
d'instruction de la femme. L'instruction est un moyen important permettant aux
femmes d'avoir accès aux services de santé modernes. Plus le
niveau d'instruction de la femme est élevé, plus elle a tendance
à recourir aux services de soins de santé modernes. Cependant,
les femmes de niveau de vie élevé ont 3,28 fois plus de chances
de recourir aux soins obstétricaux que leurs congénères
vivant dans de ménages de niveau de vie faible. Toutes choses
égales par ailleurs, les femmes de niveau d'instruction secondaire ou
plus ont 7,84 fois plus de chances de recourir aux soins obstétricaux
que leurs homologues de sans niveau d'instruction. Aussi, ces analyses
multivariées ont révélé que les femmes
résidant en milieu urbain ont 6,19 fois plus de chances de recourir aux
soins obstétricaux que celles résidant en milieu rural.
Il découle de tout ce qui précède que les
politiques appropriées doivent être entreprises pour
résoudre ces problèmes dans les zones rurales par
l'amélioration de l'offre et des conditions de vie des pauvres.
INTRODUCTION GENERALE
«Le soleil ne doit pas se lever ou se coucher deux
fois sur une femme en train d'accoucher». Proverbe
africain
Depuis les années 1950 et 1960, les pays en
développement ont accompli des progrès sur le plan du
développement humain, progrès que mettent en évidence les
rapports annuels publiés par les agences internationales telles que le
Programme des nations Unies pour le Développement (PNUD) ou la Banque
mondiale. Néanmoins, le dénuement des populations de certains
pays reste immense et les progrès humains des trente dernières
années n'ont été ni uniformes ni harmonieux. La
santé des populations, composante essentielle du développement
humain, est souvent précaire et les indicateurs sanitaires
inquiétants. Ainsi, selon les estimations du PNUD de 2003,
l'espérance de vie est encore inférieure à 50 ans dans une
20e de pays en développement et 14 millions d'enfants de
moins de 5 ans meurent encore chaque année et la sous-alimentation
frappe plus de 150 millions d'enfants. Enfin, plus de 4,5 milliards de
personnes n'auraient pas accès aux services de santé.
Dans des contextes où l'offre de services de santé
modernes est peu importante et les ressources sanitaires plus ou moins
accessibles, l'émergence de questionnements relatifs à
l'utilisation de ces services peut a priori sembler paradoxale. En effet d'une
part, les besoins sont immenses et les services trop rares pour y
répondre convenablement, et d'autre part, l'on constate, lorsqu'on
implante des services censés répondre à ces besoins par
les populations et aux mécanismes susceptibles de l'influencer.
Malgré le développement de tout un champ de
recherche autour de ce thème, il est impossible de dégager une
vision d'ensemble de l'utilisation des services de santé,
phénomène complexe et toujours difficile à comprendre.
Ainsi, différentes lectures de l'utilisation sont possibles selon, par
exemple, que le regard se porte sur le marché des services de
santé ou sur les comportements de santé des individus ou bien
selon que l'observation est centrée sur les expressions spatiales (quels
services sont ou ne sont pas
utilisés ?) ou temporelles (quand ces services sont-ils ou
ne sont-ils pas utilisés ?) de l'utilisation.
A la fin des années 1970, on commence à revoir les
stratégies de développement des services de santé. Les
économies et les termes de l'échange se dégradent, le
poids de la dette publique atteint souvent des niveaux critiques, les
ressources consacrées au secteur de la santé stagnent ou plus
souvent régressent et les grandes ambitions des années
précédentes apparaissent de plus en plus difficiles à
satisfaire.
Les problèmes de la santé maternelle et
infantile, malgré les efforts considérables qui ont
été déployés depuis plusieurs années,
continuent de focaliser l'attention de la communauté internationale et
des pouvoirs publics. En moyenne, 400 mères décèdent pour
100 000 naissances vivantes (Tchad et Culture n° 251, 2006). Un ratio
beaucoup plus élevé dans les pays à faible revenu allant
jusqu'à 1600 voire 2000 dans certains endroits. Chaque minute, 5 290 000
femmes meurent en donnant naissance à travers le monde chaque
année (ONU, 2000)1. Pour une femme qui meurt, 30 sont
handicapées, 47% de ces décès et 60% de ces handicaps se
passent en Afrique alors que la population du continent ne représente
que 12% de la population mondiale. En Afrique, presque la totalité de
ces décès concernent l'Afrique subsaharienne. A la
Conférence Internationale sur la Population et le Développement
(CIPD) tenue au Caire en 1994, la plupart des pays africains se sont
fixés comme objectif de réduire significativement le niveau de
mortalité maternelle. Ce dernier est la cible deux des huit Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD). On remarque cependant,
dix ans plus tard, que le niveau de mortalité maternelle reste
élevé et presque stable dans ces pays. Etant donné que la
plupart des causes médicales des décès maternels peuvent
être prévenues (WHO, 2002), ce phénomène se justifie
par le faible taux de recours aux soins maternels. D'après l'OMS, la
fréquence du recours aux soins prénatals parmi les femmes
enceintes est de 63% en Afrique contre 97% en Europe, 95% en Amérique du
Nord, 73% en Amérique Latine et Caraïbes et 65% en Asie. La
fréquence du recours à l'assistance médicale pendant
l'accouchement est davantage plus faible : 42% en Afrique contre 98% en Europe,
99% en Amérique du Nord, 75% en Amérique Latine et Caraïbes
et 53% en Asie (WHO, 2002). Selon la même source, moins de 30% des femmes
reçoivent les soins postnatals en Afrique subsaharienne contre 90% dans
les pays développés. Du fait de la faiblesse des services de
1 Il s'agit d'une estimation des Nations Unies
soins ou de l'absence de la sécurité sociale, de
la pauvreté, de l'ignorance, des contraintes culturelles ou du statut de
la femme dans la société, nombre d'Africaines perdent la vie en
voulant la donner. Elles sont des milliers à perdre leur vie parce
qu'elles n'ont pas eu accès aux soins appropriés, parce qu'elles
n'ont pas pu se rendre dans une structure sanitaire du fait de
l'éloignement des structures sanitaires, parce qu'ignorantes elles se
sont vu interdire la fréquentation d'un centre de santé, parce
qu'elles n'ont pas les moyens financiers pour se procurer des soins.
La mortalité maternelle n'est pas seulement un
problème sanitaire mais une injustice sociale car mourir en voulant
donner la vie est une question de violation des droits humains. Attendre un
enfant et le mettre au monde est un événement majeur pour chaque
femme, chaque couple, chaque famille car il constitue une prolongation de la
vie, voire une victoire sur la mort. Pourquoi alors ce drame silencieux qui ne
dit pas son nom : Voir une femme mourir au moment où cette
dernière donne la vie. Un pays qui envoie ses soldats en guerre pour la
défense de la patrie s'assure toujours qu'ils reviendront en bonne
santé. Pourquoi alors la femme qui est appelée à partir
à la guerre qui est la perpétuation de la race humaine ne doit
pas être sûre de revenir ?
Un proverbe Tanzanien illustre à merveille cette
situation. Une mère qui va accoucher son enfant dit ceci : « Je
vais à l'Océan chercher un nouveau bébé mais le
chemin est long, dangereux et il se peut que je ne revienne pas ».
C'est dire que plus qu'un drame, la mortalité maternelle est un
défi continental.
La revue de la littérature sur le sujet met en
évidence deux types de facteurs explicatifs du faible recours aux soins
modernes par les femmes dans les pays en développement pendant la
grossesse et l'accouchement : les facteurs relatifs à la demande de
soins et ceux relatifs à l'offre.
Dans le premier ensemble, on retrouve les facteurs culturels et
économiques.
Selon l'approche culturelle, la fréquentation des
services de santé dépend des institutions sociales telles que les
coutumes, les réseaux de solidarité, les perceptions ou
représentations symboliques de la grossesse et de l'accouchement, et du
degré d'ouverture à la modernité (Rwenge Mburano, 2007).
L'approche économique, quant à elle, met la fréquentation
des services de santé en relation avec les conditions économiques
dans lesquelles vivent les femmes (Rwenge Mburano, 2007). Dans le second
ensemble, on retrouve les facteurs suivants : accessibilité des soins
(en termes de disponibilité, de temps ou de coût),
qualification du personnel sanitaire, moyens techniques
disponibles, continuité des services, accueil des consultants, temps
d'attente, etc. (Tollegbé A., 2004).
Le niveau élevé de mortalité maternelle
observé dans les pays en développement en général
et africains en particulier, se justifie aussi par le fait que certains
facteurs relatifs à l'offre cidessus mentionnés, notamment
l'accessibilité à des soins obstétricaux d'urgence, la
qualification du personnel sanitaire et les moyens techniques disponibles,
déterminent directement le risque qu'une mère
décède pendant l'accouchement ou quelques jours après, en
cas de complications (RWENGE Mburano, 2007).
Les indicateurs démographiques et de santé au
Tchad restent extrêmement médiocres, reflétant le haut
niveau de pauvreté de la population. L'espérance de vie à
la naissance, de 50 ans (47 ans pour les hommes et de 54,5 ans pour les femmes
; EIMT, EDST, UNICEF et PNUD, 2004) est inférieure à la moyenne
des pays en développement.
.
Le Common Country Assessment (CCA, 2004) a identifié
cinq principales manifestations de la pauvreté humaine au Tchad
liées à des facteurs de risques ci-après: la faim et la
malnutrition résultent essentiellement du déficit et de
l'insécurité alimentaire ; la forte mortalité maternelle
et infantile est la conséquence de l'accès limité des
femmes aux services de santé de la reproduction ainsi que de
l'exposition des enfants à des maladies infectieuses et parasitaires ;
la forte incidence du VIH/sida et du paludisme est essentiellement due à
la non utilisation des moyens de prévention et de protection ;
l'accès limité à l'eau potable et aux services
d'assainissement est la résultante de l'insuffisance et du
dysfonctionnement des points d'eau modernes, des latrines et des
systèmes d'évacuation ; la forte déscolarisation au
primaire est causée par l'inaccessibilité économique
(surcoût) ou culturelle (perception) de l'école.
Les conditions de vie et d'hygiène très
défavorable constituent les principaux facteurs de la morbidité
et de la mortalité au sein de la population.
Bien que les mêmes données de l'EDST aient aussi
révélé qu'il y a une proportion importante des femmes
tchadiennes qui ne recourent pas aux soins modernes pendant la grossesse et
l'accouchement. Il a été observé que parmi les
dernières naissances survenues au cours de cinq dernières
années, moins de la moitié (43%) ont
bénéficié de consultations prénatales auprès
de professionnels de la santé (médecins, infirmières,
sages-femmes et accoucheuses traditionnelles formées).Ces consultations
ont été, dans leur grande majorité, effectuées
par
des sages-femmes (27%), dans une moindre proportion par des
infirmières (9%) et dans très peu de cas, elles ont
été dispensées par des médecins (3%) et des
matrones ou accoucheuses traditionnelles formées (4%). Cependant, pour
plus d'une naissance sur deux (56%), les mères n'ont consulté
personne au cours de leur grossesse. Il n'y a pas eu de recherches explicatives
sur les recours aux soins modernes pendant la grossesse et l'accouchement aussi
bien en sciences sociales (démographie, sociologie, anthropologie, etc.)
qu'en épidémiologie ou en santé publique.
La question de recherche ici est celle de savoir dans
quelle mesure la pauvreté constitue un obstacle à l'accès
aux soins obstétricaux au Tchad ?
L'objectif principal de cette recherche est d'établir
la relation qui existe entre la pauvreté et l'accès aux soins
obstétricaux afin de mettre à la disposition de tous les
intervenants en matière de santé de la reproduction des
informations pertinentes pour améliorer l'accès aux soins
obstétricaux au Tchad.
De façon spécifique, il s'agira de :
· Mesurer le niveau d'accès aux soins
obstétricaux au Tchad ;
· Mesurer le niveau de pauvreté au Tchad ;
· Mesurer l'impact de la pauvreté sur l'accès
aux soins obstétricaux au Tchad.
Cette étude présente les intérêts
aussi bien scientifique, politique, économique et social. En effet,
l'identification et la compréhension des facteurs qui sous-tendent le
recours aux soins obstétricaux peuvent permettre d'améliorer les
connaissances sur les déterminants de recours médical pendant la
grossesse et lors de l'accouchement en vue d'élaborer un cadre d'analyse
adapté à la situation observée dans les pays en
développement en intégrant les éléments
contextuels.
Sur le plan politique, la connaissance des
déterminants de la fréquentation des services de santé
moderne permet de donner une orientation appropriée, suivie et
rigoureuse à la politique de population en promouvant le bien-être
social de la population en général, et celui des femmes et des
enfants en particulier. Pour atteindre cet objectif, les politiques de
population doivent intégrer l'aspect social et communautaire afin
d'être acceptables et acceptées par les populations pour avoir un
maximum de chance de succès, ASSEMAL Alfred (2003).
A travers cette étude, nous espérons apporter une
contribution à la promotion de la
870
500
1100
1100
880
980
580
56
630
24
44
38
60
42
16
47
920
16
Ratio de MM(pour 100 000) Accouchements assistés (%)
« Maternité à moindre risque » en
mettant à la disposition de tous les intervenants en matière de
santé de la reproduction, un ensemble d'informations pouvant leur
permettre de mieux orienter leurs politiques et programmes de santé en
général et en particulier ceux ayant pour but de favoriser
l'accès aux services de santé modernes en général
et les services de soins obstétricaux en particulier.
Ce travail comprend essentiellement cinq chapitres :
Le premier chapitre traite l'accès aux services de
santé modernes et aux soins obstétricaux dans les pays en
développement. Le deuxième chapitre est consacré au
contexte tchadien. Le troisième traite le cadre théorique et
à la méthodologie de cette étude qui sera faite sur la
présentation des données de base de cette recherche et la
procédure de construction des principaux indicateurs d'analyse. Le
quatrième chapitre est consacré à l'analyse descriptive de
l'influence de la pauvreté sur l'accès aux soins
obstétricaux au Tchad. Enfin, le cinquième chapitre examine
l'impact de la pauvreté sur l'accès aux soins obstétricaux
au Tchad.
Graphique 1 : Ratios de mortalité
maternelle et taux d'accouchements assistés dans quelques pays de
l'Afrique subsaharienne (Source : UNFPA 2000- 2005)
CHAPITRE I Accès aux services de santé
modernes et aux soins obstétricaux dans les pays en développement
(PED)
Introduction Les progrès sanitaires
accomplis peuvent dans une bonne mesure être attribués aux
politiques de santé mise en oeuvre depuis les indépendances. Pour
répondre aux problèmes de santé des populations,
d'importants efforts ont été consacrés au
développement de services de santé préventifs et/ou
curatifs dits « modernes ». Mais depuis une dizaine d'années,
la détérioration des économies, l'incapacité de
nombreux gouvernements d'assumer seuls le poids de financer des systèmes
qu'ils ont cherché à mettre en oeuvre et les résultats
inégaux des stratégies destinées à améliorer
l'état de santé des populations soulèvent des
interrogations majeures. Elles se rapportent soit à la performance des
services existants, soit à la pérennité des
systèmes mis en place, et plusieurs se rapportent à l'utilisation
de ces services par les populations et aux mécanismes susceptibles de
l'utiliser.
1.1 Accès aux soins de santé modernes et
aux soins obstétricaux dans les PED
Depuis plus de deux décennies, les pays du tiers monde
en général et ceux d'Afrique en particulier font face à
une crise économique aiguë. Cela se traduit par la baisse du
pouvoir d'achat des travailleurs et par une paupérisation croissante de
la population. L'indice numérique de pauvreté (47% en 1985,
Banque Mondiale) de l'Afrique subsaharienne est l'un des plus
élevé au monde ; en la matière, il n'y a que l'Asie du sud
qui la dépasse. Cela correspond à 180 millions d'individus vivant
dans la pauvreté. En l'an 2000, ce chiffre a vraisemblablement atteint
265 millions (Rapport de la Banque Mondiale sur le développement dans le
monde 1990, AKOTO E., et al. 2002).
Par ailleurs, l'adoption du Programme d'Ajustement Structurel
(PAS) par les pays africains s'est accompagné, presque partout, d'un
dégraissage massif des fonctionnaires du secteur public. Malgré
des indemnités de départ qui leur sont versées, la
situation de ces « déflatés », ainsi que celle de leurs
familles ne cessent de se dégrader. La plupart des individus n'arrivent
tout simplement plus à satisfaire leurs besoins fondamentaux
(alimentation, santé, logement, emploi et éducation), (AKOTO E.
et al. 2002).
Concernant la santé en particulier, la crise
économique a provoqué, à maints endroits, des effets
dévastateurs, tant au niveau de l'offre que de la demande de soins. Elle
a entraîné la dégradation du système sanitaire,
aussi bien au niveau de la qualité du personnel qu'à celui de
l'équipement médical et paramédical. Les Etats se trouvant
un peu partout dans l'impossibilité d'assurer de nouveaux
investissements dans le secteur de la santé, il s'en suit la
multiplication des formations sanitaires privées. Guidées par
l'impérieuse nécessité de rentabilité, celles-ci
pratiquent souvent des tarifs inaccessibles à la majorité de la
population. En outre là où l'Etat a pu maintenir les
infrastructures dans un état de fonctionnement normal, leur
accessibilité est devenue symptomatique à cause, entre autres,
des tarifs prohibitifs pratiqués et de l'éloignement
géographique, voire culturel des centres de santé. Aussi une
frange importante de la population africaine serait-elle exclue du
système de soins de santé moderne.
Parmi tout ce qui distingue les pays en développements
et les pays industrialisés, les risques de décès pour la
femme pendant la grossesse et l'accouchement constituent la différence
la plus flagrante. Une femme enceinte en Afrique ou en Asie du Sud est
exposée pendant sa grossesse et à l'accouchement à un
risque de décès qui peut être jusqu'à 200 fois
supérieur à ce que court une femme dans un pays
industrialisé (IDH, 1993). Les taux de fécondité
étant supérieurs dans les pays en développement, le risque
sur la durée d'une vie en Afrique peut atteindre 1 sur 22 par rapport
à 1 sur 6000 en Europe Septentrionale (IDH, 1993).
Les travaux réalisés sur les
déterminants de l'utilisation des services de santé maternelle et
infantile sont très nombreux mais les études consacrées
à leur utilisation demeurent encore fragmentaires et peu abondantes. Ces
études montrent que les recours aux soins prénatals et à
un accouchement de qualité dépendent des caractéristiques
sociales, démographiques et économiques des femmes et aussi de
l'environnement institutionnel dans lequel elles vivent.
Les statistiques disponibles sur le contexte
épidémiologique de la grossesse et de l'accouchement en Afrique
font état d'une situation particulièrement préoccupante
(Beninguisse, 2001). L'Afrique Subsaharienne est la région au monde
où les risques liés à la gestation et à la
parturition sont les plus élevés. D'après les estimations
récentes de l'OMS (OMS, 1998 ; WHO-UNICEF, 1996 ; Beninguisse, 2001), le
niveau de mortalité maternelle pour 100 000 naissances vivantes est de
870 en Afrique contre 36 en Europe, 11 en Amérique du Nord, 190 en
Amérique Latine et Caraïbes et 390 en Asie. Le niveau actuel de
l'Afrique
correspond à celui de la Suède il y a 250 ans
(Beninguisse G., 2001). Sur le demi-million de décès maternels
enregistrés chaque année dans le monde, plus du tiers
concernerait l'Afrique (Beninguisse G., 2001). On estime par ailleurs que plus
de deux tiers de ces décès maternels sont dus à cinq
complications obstétricales majeures : les hémorragies, les
infections, les troubles tensionnels de la grossesse (toxémie,
éclampsie), le travail bloqué et les avortements clandestins
(WHO, 1995 ; Beninguisse G., 2001). La mortalité périnatale est
estimée à 75% en Afrique contre 13% en Europe, 9% en
Amérique du Nord, 39% en Amérique Latine et Caraïbes et 53%
en Asie.
Pour faire face à ce problème, des services
obstétricaux sont déployés dans les pays africains mais le
degré d'adhésion de la population est relativement faible
comparativement aux autres régions du monde. Selon Fourn L. et
collaborateurs (1999) cités par Tollegbé A. (2004), deux types de
facteurs déterminent les comportements des femmes vis-à-vis du
recours aux soins obstétricaux. L'auteur distingue d'une part les
facteurs prédisposants (milieu de résidence, éducation de
la femme, âge de la femme, rang de la naissance) et d'autre part, les
facteurs facilitants (accessibilité aux services de santé,
disponibilité des services et qualité des soins
obstétricaux). Zoungrana (1993), cité par Tollegbé A.
(2004), distingue deux types de facteurs qui, en fait, rejoignent un peu les
deux premiers, notamment, les facteurs affectant l'offre de soins
(accessibilité, coût et qualité des services) et les
facteurs affectant la demande de soins qui comprennent d'une part les facteurs
simples (statut socioéconomique du ménage, l'éducation de
la femme, l'activité de la femme, son statut migratoire, les facteurs
socioculturels, l'âge et la parité de la femme, son état
matrimonial) et d'autre part, les facteurs de susceptibilité (le sexe de
l'enfant, le type de naissance et l'état de santé de la
femme).
La plupart des études visant à expliquer les
comportements des femmes vis-à-vis des soins obstétricaux, se
focalisent sur la demande de soins. Or, les femmes africaines sont en
général soumises à certaines contraintes notamment
l'éloignement des centres de santé par rapport à leur
domicile, le manque de personnel qualifié en nombre suffisant, le sous
équipement des centres de santé (en cas de complications), les
files d'attente insupportables et parfois le mauvais accueil du personnel
médical pour ne citer que ceux-là, qui peuvent les dissuader
même si elles en avaient la volonté, à recourir aux soins
obstétricaux. L'Afrique est le continent où le nombre d'habitants
par sage-femme ou par médecin est le plus élevé. Selon
l'OMS (1998), dans certaines régions d'Afrique et d'Asie, on trouve des
ratios allant jusqu'à 300 000 habitants par sage-femme (soit une
sage-femme pour 15 000 naissances). Cette situation est surtout propre au
milieu rural en raison de la faible concentration des
infrastructures sanitaires et du personnel de santé
qualifié comparativement au milieu urbain. Au Kenya, 56 % de tous les
agents de santé, y compris les infirmières/sages-femmes,
travaillent dans les zones urbaines, avec un pourcentage de 25% uniquement
à Nairobi. (OMS, 1998). En Ouganda, 30 % seulement des postes
de santé des zones rurales assurent des services d'accouchement, et il
faudrait 7000 agents professionnels supplémentaires pour arriver
à la proportion personnel/patients préconisée pour ces
services. Avec un ratio de 1 médecin pour 11 472 habitants, 1 infirmier
pour 3759 habitants et une sage-femme pour 10 945 en 1997 (RMDH, 2001).
1.2 L'utilisation des services de santé modernes
dans les pays africains
Dans des contextes où l'offre de services de
santé modernes est peu importante et les ressources sanitaires plus ou
moins accessibles, l'émergence de questionnements relatifs à
l'utilisation de ces services peut a priori sembler paradoxal. En effet d'une
part, les besoins sont immenses et les services trop rares pour y
répondre convenablement, et d'autre part, l'on constate, lorsqu'on
implante des services censés répondre à ces besoins, que
les populations ne les utilisent pas autant que l'on pourrait s'y attendre.
L'utilisation des services de santé est diversifiée du fait de la
pluralité de l'offre et de la relative indépendance des
utilisateurs vis-à-vis des prestataires. Dans ce contexte, il est
très difficile sinon impossible de se faire une idée
générale de la répartition et de la séquence de
l'utilisation des services offerts par les différents prestataires. Dans
une analyse systématisée de plus de cent études sur
l'utilisation des services de santé en pays en développement,
Haddad et Fournier rapportent qu'à la suite d'une plainte, environ une
fois sur deux on ne recherche pas d'aide extérieure mais quand cela est
le cas, les services de santé modernes, privés ou publics, sont
utilisés par la moitié des plaignants. Sinon, les patients ont
recours à la médecine traditionnelle ou à une ressource du
secteur informel.
1. 3 Les facteurs associés à
l'utilisation des services de santé modernes
Différentes méthodes sont employées pour
étudier les facteurs susceptibles d'influencer l'utilisation des
services de santé. Les études corrélationnelles analysent
les associations et les covariances de l'utilisation avec une ou plusieurs
variables qui peuvent référer aux individus, à leur
maladie et/ou dispensateurs de services. Les liens de causalité
entre ces variables et les comportements d'utilisation sont
extrapolés à partir des associations empiriques
observées.
Il a été proposé de regrouper en trois
grandes catégories les facteurs associés à l'utilisation
des services de santé :
· Caractéristiques des sujets : on y trouve
d'abord des caractéristiques sociodémographiques telles que
l'âge, le sexe, l'éducation, la taille de la famille, le statut
familial, l'ethnie et la religion. Les facteurs économiques comme le
revenu sont une autre composante retenue. Enfin, l'on retrouve des
caractéristiques sociopsychologiques : l'interaction avec le
réseau social, le degré d'acculturation et la
réceptivité à l'innovation ;
· Caractéristiques de la maladie et des
perceptions qu'en ont les patients. On y retrouve le caractère chronique
ou aigu et sévère ou modéré de la maladie,
l'étiologie attribuée à celle-ci et les
bénéfices attendus (en termes d'amélioration de
l'état de santé) de l'utilisation de telle ou telle ressource de
santé ;
· Caractéristiques des services offerts et les
perceptions qu'en ont les patients. Il s'agit de facteurs susceptibles
d'encourager ou de rebuter des utilisateurs potentiels. On y retrouve
l'accessibilité géographique, l'acceptabilité des
dispensateurs de services, de l'attrait lié à la qualité
attendue, les coûts d'utilisation.
Les caractéristiques individuelles influençant
l'utilisation des services de santé sont : l'âge, le sexe. Les
caractéristiques culturelles concernent le niveau d'instruction,
l'ethnie et la religion.
Les caractéristiques du ménage concernent la
taille de la famille, le nombre d'enfants, les attributs de chef de famille et
d'autres composantes familiales ont été liés à
l'utilisation des services de santé. L'éducation formelle (ou la
scolarisation) est l'un des principaux moyens d'exposition à la culture
occidentale. Ainsi, à mesure que les populations sont
scolarisées, l'on peut s'attendre d'une part à un renforcement de
l'utilisation des soins de santé modernes, d'autre part, à une
réduction de l'utilisation des médecines traditionnelles. On
attribue fréquemment la sous-utilisation des formations sanitaires
modernes et notamment des services préventifs à un manque
d'éducation des personnes desservies.
L'acculturation, la transition culturelle : le contact avec
les valeurs, les idées et les techniques de la culture occidentale a
entraîné des changements considérables dans les
sociétés traditionnelles et, selon les seuls dispensateurs
modernes appartenaient au réseau public, la présence d'une
télévision conduisait à un renforcement de l'utilisation
des formations
sanitaires publiques au dépens des pratiques
médicales traditionnelles. En revanche, l'acculturation n'induit aucun
changement dans les conduites thérapeutiques traditionnelles, ce qui
traduit la persistance d'attitudes pluralistes de recours aux soins.
Les innovateurs ou « adopteurs précoces »
peuvent se définir comme des personnes qui adoptent des croyances, des
attitudes ou des comportements nouveaux bien avant les autres membres du groupe
social. Les théories de l'innovation suggèrent que ces personnes
vont par un effet d'entraînement influencer les autres individus de la
collectivité. Dans le champ de la santé, cela signifie que
certains individus vont être des précurseurs dans l'utilisation de
nouvelles thérapeutiques et en particulier de la médicine
moderne.
Différents facteurs sont susceptibles
d'interférer avec le niveau d'éducation. Il peut s'agir de
l'acculturation, du niveau de revenu ou de la couverture sociale. Comme dans le
monde occidental, les couches les moins éduquées sont souvent
plus démunies. La plus grande utilisation des services de santé
modernes chez les personnes scolarisées peut donc en partie s'expliquer
par des capacités d'utilisation supérieure.
La mesure du revenu des ménages dans des
sociétés où le salariat reste l'exception et où la
prise en charge des individus est largement assumée par le groupe de
référence constitue une difficulté d'importance.
L'estimation directe des revenus monétaires est souvent difficile
à réaliser et c'est habituellement par des mesures indirectes
comme le statut ou la classe sociale des individus qu'il va être
approché. Dans quelle mesure les capacités de mobilisation des
ressources, le revenu monétaire ou le statut socio-économique
vont-ils influencer les comportements d'utilisation ? Cette question fait
l'objet d'une attention particulière du fait de ses conséquences
sur les politiques de santé. Le revenu n'est pas une importante
barrière à l'utilisation des services. Il n'y a pas de liens
entre le revenu et l'utilisation des services sur le fait que quel que soit le
système de santé et quels que soient les dispensateurs de
services utilisés, les populations, même très pauvres, ont
toujours eu à payer quelque chose pour leur santé. Le second
point de vue consiste au contraire à souligner les
inégalités en termes d'utilisation entre les différentes
classes de revenu et de statut social.
Des observations concordantes militent en faveur d'une diminution
de la fréquence des abstentions thérapeutiques à mesure
que s'élève le niveau de revenu ou le statut socio-
économique. Par exemple au Zaïre
(République Démocratique du Congo), ce sont principalement les
plus pauvres qui ne se font pas soigner quand ils sont malades.
Les dépenses de santé des individus ou des
ménages varient avec le statut socio-économique. En Ethiopie, il
a été observé une corrélation négative entre
le revenu et l'abstention thérapeutique. En Indonésie, les
chercheurs ont rapporté des résultats semblables et ont conclu
que « le revenu est une barrière importante au traitement ».
Ils remarquent également que les plus riches parcourent de plus grandes
distances pour se faire soigner, sans que leurs déplacements prennent
plus de leur temps que ceux des pauvres.
Le recours à la médecine moderne est clairement
associé au revenu ou à la classe sociale et les
inégalités dans l'utilisation des services de santé
peuvent être considérables. Des études
réalisées dans différents contextes montrent que les
couches sociales élevées sont les principales utilisatrices des
services modernes publics et privés.
Des recours moins fréquents à la médecine
traditionnelle sont parfois associés à des revenus ou à
des statuts sociaux plus élevés
Les soins de santé modernes sont toujours plus
utilisés par les bénéficiaires de l'assurance maladie. En
revanche, le recours à l'autotraitement est habituellement plus rare
chez les assurés sociaux et il en est de même pour l'utilisation
des services de praticiens traditionnels. Enfin, lorsque la couverture
médicale s'étend à des dispensateurs de services
privés, la tendance à plus utiliser ces services est
évidente.
Cette littérature renforce la thèse selon
laquelle le revenu est une des principales barrières à
l'utilisation des services de santé modernes. En effet, la couverture
médicale peut être assimilée à un revenu additionnel
qui procure un accroissement des capacités individuelles et familiales
d'utilisation des services de santé modernes.
1.4 Les caractéristiques des services de
santé modernes et les perceptions de la population
L'accent mis sur la problématique de
l'accessibilité des soins de santé primaires a fait
négliger la question de la qualité des services rendus par les
formations sanitaires publiques. A mesure que la connaissance des comportements
d'utilisation s'améliore, il apparaît clairement que la
qualité des services joue un rôle essentiel dans les
décisions des patients.
Le plus souvent, les médecins sont
préférés aux autres professionnels de la santé en
raison de la plus grande compétence qui leur est attribuée. Le
recours direct à des formations sanitaires spécialisées
témoigne également d'une recherche de dispensateurs
compétents et disposant de moyens techniques performants. La
sous-utilisation des agents de santé communautaire appuie fortement
cette hypothèse. Il n'est pas certain que la qualité des
infrastructures ait une influence significative sur les comportements
d'utilisation. Au Sénégal, par exemple, la rénovation de
formations sanitaires n'a pas conduit à un accroissement significatif du
nombre d'utilisateurs ; la même observation a été
rapportée au Zaïre (Fournier P. et Haddad S, 1995).
La continuité de la délivrance des
médicaments a de toute évidence un impact majeur sur
l'utilisation des ressources sanitaires modernes. Cela a été
démontré au Ghana, où les auteurs ont estimé que la
disponibilité du médicament, les attitudes des professionnels de
la santé et les coûts d'utilisation sont les trois principaux
déterminants de l'utilisation des services de santé (Fournier P.
et Haddad S, 1995). La possibilité pour les patients de rencontrer les
mêmes personnels de santé lors de leurs visites successives
pourrait être un facteur qui influe sur les comportements d'utilisation.
On ne dispose cependant pas d'informations claires à ce propos.
Il importe en premier lieu de souligner que, dans le processus
de soins, les populations ont à supporter en des coûts de diverses
natures, monétaires ou non monétaires, directs ou indirects et
que les dépenses directes relatives aux honoraires et aux traitements ne
constituent qu'une des composantes du coût d'utilisation. Pour ce qui a
trait à d'autres coûts monétaires, les patients ou leurs
familles vont couramment avoir à payer pour leur transport, leur
alimentation, leur hébergement et bien souvent, ils vont devoir faire
des « cadeaux » en espèces aux personnels de santé. Les
pertes de temps liées au transport et aux attentes et le manque à
gagner résultant de l'arrêt des activités professionnelles,
constituent d'autres coûts non monétaires que les familles vont
supporter (Fournier P. et Haddad S, 1995).
1.5 Les conditions sanitaires actuelles et les
comportements des populations africaines
Dans les pays africains, la couverture en hôpitaux et
centres de santé est très insuffisante, en général
et ceux des soins obstétricaux en particulier. Par exemple, au
Sénégal, on compte un hôpital pour 420 000 habitants et un
centre de santé pour 140 000 habitants (J. BOUYER et al. 2003), alors
que les normes proposées par l'OMS sont les suivantes : un
hôpital pour 150 000 habitants et un centre de
santé pour 5 000 habitants. Dans ce pays, on compte un médecin
pour 17 000 habitants, au lieu de 5 000 comme le préconise l'OMS, un
infirmier d'Etat pour 8 500 habitants, au lieu de 300 et une sage-femme pour 6
900 femmes en âge de procréer, au lieu de 300, selon toujours
l'OMS (J. BOUYER et al. 2003).
La situation dans ce secteur n'est guère meilleur dans
la plupart des autres pays africains où l'on note, quelquefois, la
recrudescence de maladies transmissibles comme le paludisme, la typhoïde,
le choléra, s'expliquent principalement par la dégradation des
conditions de vie que connaissent, aujourd'hui, ces pays qui ont des
difficultés à résoudre les problèmes de
santé, même les plus graves, de leurs populations, comme les
épidémies. Le manque d'eau potable, par exemple est
fréquent dans beaucoup de régions africaines.
Ce sont les conditions économiques de vie qui
expliquent essentiellement l'anémie constatée par les
médecins chez beaucoup de femmes enceintes dans les pays de l'Afrique
sahélienne, en particulier, et non l'observance d'interdits alimentaires
traditionnels ; il faut reconnaître, néanmoins, que certaines
habitudes alimentaires peuvent favoriser cette anémie.
La fréquentation des centres médicaux par les
femmes enceintes, qui doivent être régulièrement suivies,
est relativement faible. Cette situation ne s'explique pas seulement par des
attitudes traditionnelles, surtout en milieu urbain, mais aussi par
l'insuffisance des structures sanitaires et des personnels médicaux.
De nombreux facteurs, de différents ordres, entrent en
jeu pour expliquer la forte mortalité maternelle et la morbidité.
Il y a les insuffisances concernant la gestion et la prestation des services
sanitaires, l'état de la surveillance épidémiologique, la
couverture et l'intégration des composantes du système sanitaire
(étendue de l'infrastructure, collaboration intra et intersectorielle,
possibilité d'évacuer les cas urgents). Les facteurs
socio-culturels concernent le comportement des femmes vis-à-vis de leur
santé, leur niveau d'information et de sensibilisation.
Les solutions les plus importantes préconisées
pour la réduction de la mortalité maternelle sont des
interventions directes : information, éducation et promotion sanitaire,
standardisation des services fournis par les paramédicaux en rapport
avec la période de grossesse et de l'accouchement, augmentation des
possibilités de prendre en charge des césariennes. Les
interventions de soutien concernent la formation des personnels médicaux
et
paramédicaux, l'implantation de système de
surveillance épidémiologique et de recherche
opérationnelle, la mise en place de capacité de management
relatif aux ressources exigées par ces interventions. Les mesures
envisagées en faveur des mères consistent à entreprendre
leur éducation, à favoriser l'espacement des naissances, à
rendre possible la supplémentation nutritionnelle et à
développer les soins curatifs.
1.6 Pauvreté et accès aux services de
santé en Afrique Centrale
L'Indice du Développement Humain (I.D.H) a
régressé dans les pays. (Par exemple, deux pays de l'Afrique
centrale ont enregistré en 1992 l'espérance de vie parmi les plus
faibles : il s'agit du Tchad (45 ans), de la République Centrafricaine
(47 ans). Les dirigeants des Etats de la sous-région se sont
engagés à élaborer des politiques en faveur de la
réduction de la pauvreté. La pertinence de ces politiques
dépendra de leur capacité à relever un certain nombre de
défis, dont principalement :
- la stabilité socio-politique. De ce fait, aucune
stratégie d'éradication de la pauvreté ne peut être
mise en oeuvre avec succès dans un contexte d'affrontements et de
violence ;
- une croissance économique compatible avec le taux de
croissance démographique. La forte croissance démographique en
Afrique centrale nécessite une accélération de la
création des richesses en vue de satisfaire les besoins de base des
populations et faciliter ainsi leur accès aux services sociaux de base
;
- une juste répartition des fruits de la croissance :
Il est urgent de renforcer les capacités des pauvres et de leur
faciliter l'accès aux facteurs de production en vue de valoriser leurs
efforts et leur force de travail. Il faudrait également valoriser la
main-d'oeuvre locale par des rémunérations objectives ;
- une prise en compte de l'opinion des pauvres. En effet,
lorsqu'elles sont isolées et dispersées, les populations
démunies n'ont pas de pouvoir d'influence sur les décisions qui
affectent leur existence.
L'accessibilité des populations aux services sociaux
essentiels tels que les soins de santé, l'éducation, l'eau
potable, l'électricité, etc. est une réelle
difficulté. En matière de santé, l'insuffisance des
revenus ne permet pas aux populations d'accéder aux soins et aux
médicaments essentiels. Pour l'ensemble des Etats de l'Afrique
subsaharienne, seulement 53% des populations ont accès aux soins de
santé pour la période 1990-1997. En Afrique Centrale, les
proportions sont en deçà de cette moyenne pour le Tchad et la
Centrafrique.
Elles sont respectivement de 30% et de 52%. Au Cameroun, et au
Congo, ces pourcentages sont respectivement de 80% et 83% (PNUD, 1997). Bien
que ces taux soient assez élevés par rapport à la moyenne
de l'Afrique subsaharienne, ils restent insuffisants par rapport aux
recommandations de l'OMS qui exige que tout individu ait accès aux soins
de santé. Les populations exclues des soins et médicaments
essentiels ont recours à l'automédication et aux tradi-praticines
qui offrent des prestations et des produits de qualité parfois
douteuse.
La faible accessibilité aux soins de santé
s'explique également par l'insuffisance du personnel, Le ratio
population/médecins pour l'Afrique subsaharienne est de 1 médecin
pour 18 514 habitants pour la période 1988-1991 au lieu d'une moyenne de
1 médecin pour 5 833 habitants pour l'ensemble des pays en
développement. Au Tchad et en République Centrafricaine, on
compte 1 médecin pour 33 333 habitants et 1 médecin pour 25 000
habitants respectivement. Le ratio population/infirmiers est de 1 infirmier
pour 6 584 habitants pour l'Afrique subsaharienne. En République
Centrafricaine, on compte 1 infirmier pour 11 000 habitants. La situation du
Tchad reste préoccupante avec 1 infirmier pour 50 000 habitants (PNUD,
1997). On note par ailleurs dans les Etats de la sous-région une
dégradation des infrastructures sanitaires qui manquent d'entretien.
Certains centres de santé manquent de matériel technique
d'exploitation (radiographie, laboratoire, salle d'opération, etc.).
Ceux qui existent sont en déphasage total avec l'évolution
technologique.
Toutes ces conditions limitent l'accès aux services de
santé, même aux populations disposant des revenus suffisants pour
se soigner. C'est l'une des raisons pour lesquelles de nombreuses naissances ne
sont pas suivies par le personnel de santé. Pour la période 1990-
1997, les proportions de naissances non suivies par les services de
santé étaient de 20%, 36%, 54% et 85% pour le Gabon, le Cameroun,
la Centrafrique et le Tchad respectivement, contre 46% pour l'ensemble des pays
en développement. Ces pourcentages expliquent le niveau
élevé des taux de mortalité maternelle et infantile (PNUD,
1997).
La dégradation des conditions sanitaires des
populations s'explique également par la faible accessibilité
à l'eau potable, par la sous-alimentation ou par une alimentation non
équilibrée. L'accessibilité à l'eau potable reste
malheureusement coûteuse et nécessite un apport financier
important des pouvoirs publics. Les difficultés budgétaires des
Etats de la sousrégion liées à la forte récession
économique limitent leur intervention. C'est ce qui explique le faible
niveau des populations ayant accès à l'eau potable.
Au total, la pauvreté en Afrique Centrale se
caractérise par l'inaccessibilité des populations aux services
sociaux de base. Bien que cette situation reflète le faible pouvoir
d'achat des individus, elle est également tributaire du recul des
pouvoirs publics face à leurs obligations sociales. Cela se justifie par
des faibles proportions des dépenses publiques affectées à
l'éducation et à la santé.
1.7 L'accès aux services de santé de
reproduction par les femmes les plus pauvres.
« S'assurer que chaque femme et enfant comptent »
(le thème de la journée mondiale de la santé en avril
2005). En Afrique, la pauvreté touche plus les femmes que les hommes.
Cela s'explique essentiellement par la marginalisation dont est victime la
femme tant par rapport à l'éducation que par rapport à
l'accès au marché de l'emploi et aux facteurs de production.
Les femmes et les filles ont accompli des progrès
réguliers dans plusieurs domaines de la santé au cours des dix
dernières années, y compris l'augmentation de l'utilisation des
contraceptifs modernes et le déclin du nombre de naissances par femme.
Mais de par le monde, les femmes et les enfants sont toujours confrontés
à des obstacles pour parvenir à être en bonne santé.
Beaucoup trop de femmes n'ont toujours pas accès à la
planification familiale ou bien font face à des obstacles sociaux ou
culturels les empêchant de l'utiliser. Les accès liés
à la grossesse et à l'accouchement ne montrent aucun signe de
fléchissement dans le monde en voie de développement. Les femmes
représentent également la moitié de toutes les nouvelles
infections de VIH de par le monde, une proportion qui augmente
régulièrement au fur et à mesure que la transmission
hétérosexuelle du virus devient plus courante. En outre, les
femmes et les enfants les plus pauvres font face à de plus grands
risques sanitaires et sont moins susceptibles d'utiliser des services de
santé clefs que ceux qui ont plus de moyens.
1.8 Les difficultés d'accès aux services
de santé maternelle et infantile (SMI)
Dans les pays pauvres, où la santé des femmes
dépend en premier lieu de leur rôle de reproduction, la grossesse
et l'accouchement sont encore trop souvent des épreuves, parfois
fatales. Le combat pour la santé génésique, ranimé
à la conférence du Caire en 1994, devrait aider les femmes de ces
pays-là, avant tout. En ce qui concerne les conditions techniques :
l'information sur l'ampleur du problème, son «
évitabilité », demeure soit largement indisponible par pays,
soit externe ou agrégée. La formation de professionnel de
l'obstétrique (accoucheuses traditionnelles, surveillance
prénatale) reste illusoire ; la stratégie d'accès aux
soins est entravée par la faiblesse du système de
santé.
En ce qui concerne les aspects politiques, on souligne combien
la prise de conscience demeure internationale et faiblement perçue par
les populations directement concernées, tandis que l'enrôlement et
la responsabilité des médecins sur place est bloquée par
des conflits d'intérêt. La faiblesse congénitale des Etats
et leur manque de ressources ôtent toute crédibilité
à leur action en termes d'engagement financier et de
réglementation, ce qui limite davantage leur rôle. Les facteurs
socio-démographiques constituent de piètres variables
prédictives de la mortalité maternelle, la stratégie qui
consiste à évaluer le risque au recours de la surveillance
prénatale a montré sa faillite et les meilleurs
prédicteurs du risque maternels sont ceux établis à
proximité de l'accouchement. Par conséquent, assurer
l'accès de toutes les femmes, où qu'elles soient, à des
soins obstétricaux de qualité semble devoir s'imposer comme
perspective. C'est le défi qu'il faut relever dans les années
à venir. Compte tenu des coûts que cela suppose (peu de chose en
fait comparativement à certains programmes de santé), il s'agira
beaucoup de volonté politique.
Les points suivants constituent les freins au succès des
programmes de santé :
~ La non-implication des femmes dans l'élaboration, la
mise en oeuvre et
l'évaluation des programmes notamment ceux qui les
concernent directement ;
~ Le faible statut de la femme face à l'homme qui
confisque le pouvoir de décision,
y compris celui de planifier ou non les naissances ;
~ Le manque de prise de conscience par les hommes de leur
rôle dans les questions
de santé en général et ceux de la
santé de la reproduction qui relèvent du couple ;
~ La désorganisation des systèmes de
santé : la mise en oeuvre des divers projets initiés par les pays
s'est heurtée à des difficultés parmi lesquelles on peut
citer l'organisation des systèmes de santé ancrée dans la
logique des programmes verticaux, l'insuffisance de préparation des
prestataires de services, l'inadaptation des locaux pour permettre une prise en
charge intégrée selon les problèmes de santé ou
selon le groupe concerné (femmes, adolescents, personnes
âgées) ;
~ Les difficultés d'accès aux services pour
certaines catégories de la population
comme les jeunes et particulièrement les jeunes filles
;
~ La faiblesse des financements tant nationaux qu'internationaux
: l'environnement
au niveau des pays est marqué par la faiblesse des
ressources publiques allouées à la santé et leur mauvaise
gestion. En plus l'aide internationale reste largement insuffisante, les
procédures pour accéder à ces fonds sont souvent longues
et complexes et les critères d'éligibilité restrictifs.
ChapitreII: Contexte socio-économique et
sanitaire du Tchad
Introduction Le Tchad est un pays où
la situation sanitaire de la population demeure très précaire. Il
est souvent présenté comme l'un des pays d'Afrique subsaharienne
ayant un taux de mortalité maternelle élevé. Les
conditions de vie et d'hygiène très défavorables
constituent les principaux facteurs de la morbidité et de la
mortalité au sein de la population.
Concernant les soins prénatals et les conditions
d'accouchement, on constate que pour moins de la moitié des naissances
survenues dans cinq années précédant l'enquête, les
mères ont effectué une visite prénatale auprès de
personnel qualifié (43%) et que seulement 42% d'entre elles ont
été protégées contre le tétanos
néonatal, par au moins une dose de vaccin antitétanique (EDS
Tchad 2004). La grande majorité des naissances (86%) se sont
dénombrées à domicile, et seulement une femme sur cinq a
bénéficié d'une assistance par du personnel formé
durant l'accouchement. Les femmes du milieu rural (12%), celles sans
instruction (13%), celles appartenant aux ménages les plus pauvres (4%)
et celles n'ayant reçu aucun soin prénatal (5%) sont celles dont
l'accouchement a été le moins fréquemment assisté
par du personnel qualifié (EDST-II, 2004).
Enfin, parmi les 33% des femmes qui effectuent au moins une
visite prénatale, bon nombre d'entre elles n'y reviennent plus pour
assurer la continuité des soins prénatals. C'est ce que
Beninguisse G. et Nikiéma B. (2005) qualifient de la déperdition
en matière des soins prénatals.
La situation du Tchad, est aussi problématique que
celle des pays ci-dessus évoqués. C'est dans cet ordre
d'idées que Beninguisse G. (2003) recommande une approche
intégrée offre-demande qui tient compte à la fois des
facteurs relatifs à l'offre et ceux concernant la demande afin de mieux
expliquer le phénomène et ne pas tomber dans une explication
partielle voire parcellaire du phénomène.
Il ressort de toute cette analyse que d'une part, les niveaux
de mortalité maternelle et infantile au Tchad demeurent l'un des plus
élevés du monde et que d'autre part, il existe un énorme
écart entre le recours aux visites prénatales et le recours
à un accouchement médicalement assisté qui est observable
dans toutes les contrées du pays. Cette situation nuit à la
qualité des soins et, par conséquent, constitue un obstacle
majeur à la lutte contre la mortalité maternelle.
Malheureusement les facteurs explicatifs et leur
mécanisme d'action sont peu documentés dans le contexte tchadien.
En effet, malgré les énormes ressources financières
investies dans la promotion de la maternité sans risque ou à
moindre risque dans un contexte tchadien caractérisé par la
raréfaction des ressources financières (en témoigne la
maigreur des budgets alloués à la santé du
pays2), l'accès aux soins obstétricaux n'est pas
assuré. Par ce travail, nous voulons apporter notre contribution
à la compréhension du phénomène de l'accès
aux soins obstétricaux au Tchad et à l'identification des
stratégies adéquates visant à promouvoir de l'accès
à ces soins.
D'une manière générale, les études
montrent que l'utilisation par les femmes des services de soins
obstétricaux pendant la grossesse et l'accouchement est
influencée par deux grands groupes de facteurs : d'un côté
il y a les facteurs prédisposants et de l'autre, les facteurs
facilitants.
2.1 Brève présentation du Tchad
Cette section traite de quelques caractéristiques
physiques, économiques et sociodémographiques du Tchad.
Une étude sur l'accès aux soins de santé
dans un contexte de pauvreté pose avant tout un problème des
réalités physiques, économiques et
socio-démographiques du Tchad.
Jadis connu comme l'un des pays les plus pauvres et où
sévit une guerre internationale, le Tchad est aujourd'hui en passe de
devenir un des pays les plus médiatisés à cause de
l'exploitation de son pétrole. L'exploitation de cet « or noir
» a constitué le principal moteur de la croissance en 2004. En
effet, les performances du secteur économique, décevantes, ont
pesé sur les autres secteurs qui peinent à compenser la baisse de
l'exploitation pétrolière.
La population dispersée du Tchad a un effet sur les
indicateurs de disponibilité des services de santé, tels que le
taux d'habitants pat lit d'hospitalisation ou par formation sanitaire publique,
qui sont les plus mauvais parmi les pays du sahel. L'accès à des
services
2 1.6% du PIB au Tchad (1998-2001) est consacré
à la santé.
de santé de base est aussi limité par les
facteurs suivants : un manque de personnel qualifié ; la pénurie
et l'utilisation inadéquates des médicaments ; les budgets de
fonctionnement des formations sanitaires insuffisants, ainsi que par des
obstacles tels que le climat, un terrain difficile, et el manque de moyen de
transport.
2.2 Caractéristiques démographiques
La population du Tchad, estimée en 1993 à
environ 6 280 000 habitants s'établit en 2005 à 9,3 millions et
atteindra 12 millions d'habitants en 2015 selon les projections de la Direction
de la Coordination des Activités en matière de la Population
(DCAP, 2003). Le taux d'accroissement de cette population est passé de
1,4% en 1964 (Service de Statistique, 1966) à 2,5% en 1993 (BCR, 1995)
pour atteindre 3,2% en 2000 selon les projections de la DCAP en 2003.
Cette population est très mal repartie à travers
l'espace national. Cette inégale répartition a pour
conséquence des zones de fortes et de faibles concentrations. Environ la
moitié de la population du pays (47%) est concentrée sur
seulement 10% de la superficie totale. La densité moyenne de la
population en 1993 est relativement faible (4,9 habitants par kilomètres
carrés) et varie de 0,1 habitant par kilomètres carrés
dans la région du BorkouEnnedi-Tibesti (BET) à 52 habitants par
kilomètres carrés dans les régions du Logone Occidental.
Cette densité moyenne de la population du Tchad estimée à
7,2 habitants par kilomètres carrés en 2005 s'établira
autour de 9,3 habitants par kilomètres carrés en 2015 (T&C,
2007).
La structure par âge et sexe révèle que la
population du Tchad est relativement jeune et à dominance
féminine. En 1993, la population âgée de moins de 15 ans
représentait 48% de la population totale, 47% pour les 15-59 ans et 3,5%
pour les personnes âgées de plus de 64 ans. Les femmes
représentaient 52%, alors que la proportion des hommes se situait autour
de 48%.
La proportion des femmes âgées de 15 à 49 ans
en union en 2004 est estimée à 77% et celle des hommes, de 15-59
ans en union, de 62% (EDST, 2004).
Le niveau de fécondité au Tchad reste l'un des
plus élevés de la sous-région.
L'indice synthétique de fécondité (ISF, nombre moyen
d'enfants par femme) était de 5,1 enfants par femme en 1964 (Service
de Statistique, 1966).Il était estimé à 5,6 enfants par
femme en 1993
Taux d'accroissement naturel 3,2%
Taux brut de natalité 16,3%o
Indice synthétique de fécondité
(nombre d'enfants par femme ISF) 6,3 enfants
Espérance de vie à la naissance (Hommes en 1997) 47
ans
Espérance de vie à la naissance (femmes en 1997)
54,4 ans
Espérance de vie à la naissance (les deux sexes en
1997) 50,3 ans
Taux de mortalité infantile (0-1 an) 191%o
Taux de mortalité infanto-juvénile (0-5 ans)
102%o
Ratio de mortalité maternelle (pour 100 000 naissances
vivantes) 1099
(BCR, 1995) et à 6,6 enfants par femmes en 1996-1997
(EDST-I) et 6,3 enfants par femme en 2004.
La majeure partie de la population tchadienne sédentaire
vit en milieu rural (73%), où le taux de pauvreté est le plus
élevé (48,6% selon la DSEED).
Tableau 2.1 Données
démographiques
Population Effectif Pourcentage
Population totale 9 300 000 100%
Population urbaine 2 194 800 23,6%
Population rurale 7 105 200 76,4%
Nombre des femmes 4 836 000 52%
Nombre des personnes âgées de moins de 15 ans 4 836
000 52%
Source : UNGASS, 2005
Tableau 2.2 Dynamique de la population
Source : UNGASS, 2005.
2.3 Contexte économique du Tchad
Depuis les années 2000, l'économie tchadienne
vit à l'ère du pétrole. L'exploitation de cet « or
noir » a constitué le principal moteur de la croissance en 2004. Il
a permis d'enregistrer un taux de croissance record de 31.3% (FMI, INSEED,
2006). Mais après ce « boom pétrolier » le secteur a
montré des performances décevantes. Pour autant, en 2005,
l'économie tchadienne a vu son produit intérieur brut (PIB)
augmenter de 8,6%, en lien avec la reprise de l'économie hors
pétrole. Cette dernière a constitué la variable moteur de
la croissance, avec un taux de 11,6%. L'année 2006 a été
marquée par une recrudescence de la violence dans l'extrême est du
Tchad, à la frontière soudanaise. Cette violence est le fait
d'affrontements entre les forces gouvernementales et les troupes rebelles
opposées au régime. Cette situation de guerre a une influence
néfaste sur la croissance économique du pays. Ces vives tensions
militaires donnent également lieu à une situation alimentaire
préoccupante dans les camps de réfugiés mais aussi et
surtout les personnes déplacées à l'Est du pays et
accroissent l'insécurité des populations d'accueil.
En 2006, l'activité économique nationale, bien
qu'en retrait par rapport aux performances enregistrées en 2005, demeure
encore porteuse, en dépit de la récession de l'activité
dans le secteur pétrolier. Le PIB réel global est estimé
à près de 1,3% en 2006.
Actuellement, quelque 80% de la population vivant avec moins
de 1$ par jour, le Tchad se classe au 173e rang sur 177 sur
l'échelle de l'indice de développement humain du PNUD (2006).
Trois décennies de guerre civile ont freiné le
développement économique et social du pays. Elles ont en outre eu
des répercussions graves sur la situation des groupes vulnérables
et notamment les femmes et les enfants. La situation s'est
détériorée depuis le début de 2006. La violence ne
cesse de croître, se répandant même à la
région du Darfour, sur la frontière avec le Soudan, et en
République centrafricaine (RCA).
Tous les indicateurs de santé sont au rouge. Le
réseau sanitaire national est dans l'impossibilité de satisfaire
totalement les besoins de la population. La plupart des structures sont
sous-équipées et manquent de personnel qualifié.
Les allocations budgétaires aux secteurs prioritaires
pour la réduction de la pauvreté ont été encore
accrues dans la loi de finance 2004, étant donné que la
majorité des revenus pétroliers ont été
assignés à ces secteurs.
D'après la première enquête sur la
consommation et le secteur informel au Tchad (ECOSIT-I) en 1995-96, l'indice de
la pauvreté (à savoir le pourcentage de ménages dont les
dépenses annuelles sont inférieures au niveau nécessaire
pour couvrir les besoins alimentaires et non alimentaires) est estimé
à 42,3%. Si l'on utilise une définition transnationale du seuil
de pauvreté, quatre cinquièmes des neufs millions d'habitants
vivent avec moins d'un dollar par jour. Les indicateurs sociaux restent bien
au-dessous des moyennes de l'Afrique subsaharienne. Plus de la moitié
des habitants de plus de 15 ans (y compris la majorité des femmes) sont
analphabètes. L'accès à de sources
améliorées d'eau potable s'est étendu au cours des trois
dernières années mais reste néanmoins limité
à trois personnes sur neuf. Seulement 1% de la population dispose de
l'électricité et on ne compte que 550 kilomètres de routes
revêtues sur un territoire de plus de 1,2 millions kilomètres
carrés.
En l'absence de données sur l'évolution des
revenus des ménages, il est difficile d'évaluer son impact sur la
réduction de la pauvreté et sur la redistribution de cette
croissance moyenne. Cela étant, on peut raisonnablement supposer que la
récente augmentation du revenu national, entraînée par les
investissements pétroliers et les retombées dans les secteurs de
la construction et des services, bénéficie principalement aux
citadins qui vivent à N'djaména et dans les villes secondaires du
sud. En même temps, la population rurale du sud a subi les effets de la
chute des prix mondiaux du coton jusqu'en 2002.
Les faibles indicateurs sociaux du Tchad exigent des efforts
intensifs pour que l'utilisation des ressources pétrolières
permette de réduire la pauvreté, et notamment des efforts
spécifiques pour atteindre les pauvres dans les régions rurales
et isolées du pays. Le programme de réforme soutenu par le
crédit proposé, qui porte sur les dépenses publiques et
les services pour le développement humain et économique, ainsi
que la réforme du secteur cotonnier, fournit la politique et le cadre
institutionnel approprié afin d'exécuter les mesures
nécessaires pour améliorer les conditions de vie.
Il est prévu que le démarrage de la production
et des exportations de pétrole conduit à une forte
amélioration de la croissance économique avec une augmentation du
BIP réel qui atteindra 33,6% en 2004 ; 13,5 en 2005 et seulement 4,3% en
2006. Pendant la période 2007- 2020, la progression du PIB devrait
être environ de 2% par an en raison de la baisse prévue de la
production pétrolière dans la région de Doba. En revanche,
il est prévu que la croissance du secteur non pétrolier soit
soutenue et que le PIB non pétrolier augmente en moyenne
d'environ 5% par an. Ces prévisions sont relativement
prudentes dans la mesure où elles reposent sur l'hypothèse selon
laquelle aucun nouveau site pétrolier ne sera exploité.
2.3.1 Environnement économique au Tchad
L'environnement économique a été
particulièrement inhibant ces dix dernières années au
Tchad et n'a pas permis entre autres de créer des emplois, des richesses
ni des revenus, maintenant de nombreuses personnes en dehors des circuits de
production et de consommation et donc sans moyens de défenses de leurs
droits. La croissance a été très faible au cours des
dernières décennies. Jusqu'en 1999, elle a rarement
excédé plus d'un point le taux de croissance annuelle de la
population ; la croissance s'est même contractée de 0,4% en 2000
par rapport à 1999. Il va de soi que ces rythmes de croissance de
l'économie ne pouvaient créer suffisamment d'emplois pour une
population estimée à 9,3 millions d'habitants avec un taux
d'accroissement naturel de 3% correspondant à un indice
synthétique de fécondité de 6,3 enfants par femme en
âge de procréer (INSEED, 2004). Sans disposer de statistiques, on
peut toutefois considérer que le taux de chômage doit être
relativement élevé sachant que la population tchadienne comporte
une forte proportion de jeunes (les moins de 15 ans représentent 48% de
la population en 1993 et 50,3% en 1997 ; BCR , 1999 et INSEED, 2004).
L'inflation a par ailleurs été plus
préjudiciable aux pauvres qu'aux couches aisées de la population
puisqu'elle a surtout frappé les biens et services de première
nécessité : les coûts de la santé, de l'eau, des
ouvrages hydrauliques, des latrines, ainsi que les surcoûts de la
scolarisation. Les dépenses alimentaires moyennes par habitant et par an
s'élèvent à 58 297 FCFA et représentent 60% du
budget des ménages tchadiens (INSSED, 2004). Ce qui porte la
dépense moyenne par habitant aux alentours de 5 000 FCFA par personne,
c'est-à-dire hors de portée pour la majorité des familles,
dont les chefs se trouvent en chômage effectif ou déguisé
(INSEED, 2004).
L'examen des facteurs qui ont limité la croissance a
fait constater qu'ils sont de deux ordres principaux. Il y a d'abord des
facteurs liés à la faiblesse du système productif, lequel
accuse les lacunes ci-après : le système demeure figé,
basé sur l'agriculture et l'élevage dont les producteurs
travaillent de manière archaïque et les produits ne subissent
aucune transformation générant une valeur ajoutée
substantielle ; ce secteur, principale source de
croissance, n'a reçu qu'un volume fort réduit
des investissements publics ; l'entreprenariat privé est embryonnaire et
tourné essentiellement vers les activités du commerce. Il y a
ensuite des facteurs liés aux faiblesses de l'environnement
économique, macro-économique, institutionnel, légal et
réglementaire.
D'une manière générale, l'investissement
privé a été découragé par l'état
déplorable des infrastructures de transport, d'énergie et de
communication dans un pays oül'environnement physique est par
ailleurs très pénalisant. Il a également de l'absence
d'une
politique et des stratégies fiables de
développement fondées sur des mesures d'incitation et des actions
de promotion cohérentes et durables. En cette matière, la plupart
de stratégies et de réformes significatives relèvent
d'initiatives toutes récentes dans le cadre de l'IPPTE3 ou de
la SNRP4 et portent essentiellement sur l'amélioration de la
gestion des finances publiques en recettes comme en dépenses de
façon à assurer la stabilité et la
prévisibilité de l'environnement macro-économique.
2.3.2 Situation macro-économique du Tchad
L'arrivée du pétrole changera certains
paramètres de cette donne. La croissance s'est fortement
augmentée, de 9% en moyenne entre 2001 et 2002 du fait des
investissements massifs réalisés dans le cadre du projet
pétrolier (SNRT, 2003). Les projections ont tablé sur une
croissance de 37,5% en 2004, tirée par l'exploitation
pétrolière.
Doté par les investissements dans le secteur
pétrolier, le taux de croissance du PIB était de 9,9% en 2003 et
il a été projeté à 37,8% en 2004, et 13,2% en 2005,
comparé à des taux de croissance hors pétrole de 5,6% et
5,1% respectivement pour les deux années (SNRP, 2003). Le taux de
croissance à long terme est projeté pour se stabiliser entre 2,4%
et 2,7%. Le rythme de croissance à long terme sera inférieur aux
7% requis pour réduire la pauvreté (SNRP, 2003).
Le défi est donc de redynamiser l'offre de
l'économie hors pétrole, son intégration dans les
marchés mondiaux, et sa diversification dans les secteurs ayant une
forte potentialité de croissance et de réduction directe de la
pauvreté. Un défi de taille car le problème de trouver les
moyens de soutenir l'accélération de la croissance
apportée par le secteur pétrolier n'est
3 Initiative des Pays Pauvres Très
Endettés.
4 Stratégie Nationale de Réduction de la
Pauvreté.
pas simple pour trois raisons. Premièrement, les
études comparatives montrent que les économies basées sur
l'exploitation des ressources naturelles croissent relativement moins vite que
les économies démunies de ressources. C'est le «
fléau de ressources naturelles » ou le « paradoxe de
l'abondance » qui s'explique par le fait que le secteur exploitant la
ressource forme très souvent un îlot dans l'économie et
n'exerce que peu d'effets d'entraînement sur la croissance du reste de
l'économie. La deuxième raison est que, comme les études
le montrent également, les accélérations de la croissance
de courte durée ne se transforment que très rarement en une
croissance soutenue de long terme. Le Tchad est justement cité parmi les
12 pays africains dont les économies ont connu une telle
accélération de croissance de contre durée (4% pour
l'économie tchadienne dans les années 71) sans enclencher un
mouvement soutenu dans le temps.
2.3.3 La dégradation des conditions
économiques au Tchad
L'ECOSIT (Enquête sur la Consommation et le Secteur
Informel au Tchad) est la seule source des données sur la
dégradation des conditions de vie des populations tchadiennes. L'indice
de pauvreté globale, estimé au niveau national, est de 54%. Il
est de 37,5% dans le Chari Baguirmi dont 34,9% à N'djaména ;
55,9% dans le Logone Occidental dont 39,5% à Moundou ; 50,0% dans le
Moyen Chari dont 58,0% à Sarh ; 50,6% dans le Ouaddaï dont 20,1%
à Abéché. Les ménages les plus pauvres sont ceux
dirigés par les femmes, ils représentent 44% du total à
N'djaména et 67% à Sarh.
Les principales manifestations de la pauvreté humaine
au Tchad liées à des facteurs de risque sont : la faim et la
malnutrition résultant essentiellement du déficit et de
l'insécurité alimentaire ; les fortes mortalités
maternelle et infantile sont la conséquence de l'accès
limité des femmes aux services de santé de la reproduction ainsi
que de l'exposition des enfants à des maladies infectieuses et
parasitaires ; la forte incidence du VIH/sida et du paludisme est due
essentiellement à la non utilisation des moyens de prévention et
de protection ; de l'accès limité à l'eau potable et aux
services d'assainissement est la résultante de l'insuffisance et du
dysfonctionnement des points d'eau modernes, des latrines et des
systèmes d'évacuation ; et la forte déscolarisation au
primaire est causée par l'inaccessibilité économique
(surcoût) ou culturelle (perception) de l'école.
Les faiblesses intrinsèques aux stratégies
structurelles et politiques de développement ainsi que la
fragilité chronique de la sécurité et de la paix sont
considérées comme les déterminants structurels de la
pauvreté humaine au Tchad.
Au Tchad, plus de 500 000 personnes se trouvent chaque
année en situation d'insécurité alimentaire chronique et
conjoncturelle (Ministère de l'Agriculture du Tchad, 2003). La faim
frappe notamment des personnes particulièrement vulnérables en
milieu rural ou urbain : veuves, handicapés, retraités de la
fonction publique, personnes âgées sans soutien, ménage
avec un grand nombre d'enfants en bas âge. Cette situation est
aggravée par les crises humanitaires récurrentes comme celle qui
sévit actuellement à l'Est du pays à la suite des troubles
du Darfour.
2.3.4 Les conséquences de la crise économique
sur l'accès aux services de santé au Tchad
Dans un contexte socio-économique
particulièrement contraignant et face aux programmes
d'austérité imposés (à certains pays d'Afrique dont
le Tchad) par les institutions financières (BM, FMI entre autres) qui
ont entraîné la baisse substantielle de la part des budgets
nationaux réservée à la santé, il est
impérieux de rechercher les facteurs sur lesquels des actions doivent
être menées afin de maximiser la rentabilité des
investissements dans le domaine de la santé.
Les services à assurer ne sont par ailleurs ni
élaborés, ni très coûteux et la réduction de
la morbidité et de la mortalité maternelles est l'une des
stratégies de santé publique qui offre le meilleur rapport
coût/efficacité.
Au Tchad, plus du quart de la population vit avec moins d'un
dollar par jour et les dépenses de santé sont souvent
supérieures aux revenus (Banque Mondiale, 2001). Dans ce contexte, les
investissements en matière de santé à travers les
structures sanitaires secondaires comme les dispensaires, les centres
médicaux communautaires, la formation des accoucheuses traditionnelles,
offrent un rapport coût-efficacité satisfaisant et épargne
à l'Etat des gaspillages. Même si les nouvelles perspectives
économiques présagent une relance économique, il convient
de gérer au mieux les ressources qui existent déjà.
L'accès aux services de consultations prénatales est très
limité dans certaines DPS5, notamment celle du
5 Délégation Préfectorale de la
Santé
Salamat, et constitue un problème à
résoudre pour l'amélioration de la santé de la
reproduction. La disponibilité des sages-femmes est très basse
dans toutes les DPS, sauf dans le Chari-Baguirmi et à N'djaména ;
c'est l'obstacle systématique le plus critique pour la fourniture des
services de santé de la reproduction dans ces délégations.
Aucune sage-femme ne travaille dans les DPS du Lac, du Biltine et du BET, zones
parmi les plus pauvres du Tchad. Le manque de continuité dans
l'utilisation des services des soins prénatals, d'accouchement et de
planification familiale arrivent en deuxième position parmi les goulets
d'étranglement à l'amélioration de santé de la
reproduction. C'est un véritable problème pour toutes les DPS.
Dans la DPS du Salamat (zone très pauvre), le taux de continuité
est ainsi de 11,2% (MSP6, 2004).
Enfin, la prise en compte des problèmes de la femme,
notamment les problèmes sanitaires, s'inscrit dans le cadre de sa
considération comme « acteurs » à part entière
dans le processus de développement. Cette prise en considération
passe par le rétablissement de l'équité entre l'homme et
la femme. Au-delà du paradigme biomédical, la
nécessité d'offrir une meilleure santé à la femme
est une question essentielle de « justice sociale ». En effet, les
risques encourus par les femmes en donnant la vie ne relèvent pas
seulement des « caprices » de la nature, mais aussi des politiques
sociales et sanitaires.
A ces souffrances humaines, s'ajoute le fait que les maladies
et les troubles liés à l'accouchement représentent aussi
des pertes en terme de développement social et économique. Les
femmes qui en meurent sont dans la plupart des cas acteurs économiques,
des responsables de famille, responsables du bien-être et de la
santé. Or, parce qu'elles produisent des revenus, se chargent de la
production et de la préparation de la nourriture, leur
décès pèse sur les efforts de lutte contre la
pauvreté. Les études montrent qu'une grande partie de ces
décès maternels pourrait être évitée si
toutes les femmes sont assistées lors de la grossesse et de
l'accouchement par un agent de santé qualifié et si elles ont
accès à des soins obstétricaux d'urgence en cas de
complications (OMS, 2003). En effet, lorsque les femmes consultent
régulièrement un médecin, une infirmière ou une
sage-femme pendant leur grossesse, les agents de santé peuvent les
vacciner contre le tétanos, les inciter à observer une nutrition,
une hygiène et un repos adéquats et à détecter des
complications potentielles.
6 Ministère de la Santé Publique
La plupart des complications liées à la
grossesse et à l'accouchement peuvent être évitées
efficacement ou prises en charge si les signes et symptômes de danger ou
de risque sont décelés à temps et si les services de soins
de santé de qualité sont disponibles et accessibles à
tous, ce à quoi s'emploie la communauté internationale depuis
plusieurs années. Malheureusement l'objectif de maternité sans
risque est loin d'être atteint et, si l'on connaît mieux les causes
des décès maternels et les moyens de les prévenir, il est
à promouvoir, auprès des femmes, des comportements permettant de
les réduire, notamment par un recours aux soins de qualité avant,
pendant et après l'accouchement. La proportion des femmes qui accouchent
dans une maternité est de 40% (UNFPA de 1997. Des efforts restent donc
à faire pour garantir aux femmes un accès universel aux soins
pendant l'accouchement (Rosine ANGUE ELLA, 2005). D'après les
résultats des enquêtes démographiques et de santé,
la proportion des naissances pour lesquelles la mère a
bénéficié d'une assistance médicale à
l'accouchement est de 78% au Gabon, 65% au Bénin, 24% au Tchad, 58% au
Cameroun, 49% en Centrafrique. Cette proportion demeure élevée
même parmi les femmes ayant recours aux CPN : 29% au Cameroun, 43% en
Centrafrique, 53% au Burkina Faso et 45% en Côte d'Ivoire (Rosine ANGUE
ELLA, 2005).
Les facteurs à l'origine de la non assistance
médicale aux soins obstétricaux sont encore mal connus et
documentés d'où l'intérêt de la présente
étude qui tente de les identifier, dans un pays l'un des plus pauvres du
monde.
a) Stratégie tchadienne de réduction de la
pauvreté
La stratégie nationale de la réduction de la
pauvreté (SNRP), élaborée en 2003, préconise que
l'élimination progressive de la pauvreté sera
réalisée par la poursuite de politiques favorables à
l'accélération de la croissance économique, surtout dans
les activités pratiquées par les pauvres ; l'accroissement des
dépenses publiques ciblées sur les contraintes à la
réduction de la pauvreté ; et l'exécution des projets et
programmes sectoriels selon les cinq grands axes stratégiques, pour
lesquelles la SNRP fixe les objectifs, les indicateurs de performance et une
matrice d'actions prioritaires.
Sur le plan économique, la première année
de la mise en oeuvre de la SNRP coïncide avec celle de l'exploitation du
pétrole de Doba. En matière des finances publiques, les secteurs
prioritaires bénéficient, en sus des dotations budgétaires
ordinaires, des fonds IPPT et du bonus pétrolier. La politique visant
à augmenter de 20% chaque année la part du budget
Milieu rural N'djaména Autres villes Zone
ECOSIT7
FCFA $US FCFA $US FCFA $US FCFA $US
151
0,303 311
Seuil de pauvreté alimentaire
0,623 213 0,43 194 0,39
Seuil de pauvreté globale 195
0,39 414
0,83 276 0,55 253 0,51
des secteurs prioritaires s'est poursuivie, et les dotations
budgétaires de ces secteurs représentent 60% des dépenses
totales en 2003 contre 52% des dépenses exécutées en 2002
(SNRP, 2003).
Les difficultés et les contraintes sont celles
relatives à l'insuffisance des ressources financières qui risque
d'entraver le bon déroulement des activités dans le cadre de la
mise en oeuvre de la stratégie, les aléas climatiques qui
constituent un handicap à la production agricole, la faiblesse du
pouvoir d'achat des ménages face aux dépenses des soins de
santé et de scolarisation des enfants des pauvres, et enfin la
rareté de l'énergie électrique disponible et son
coût exorbitant qui dissuadent les opérateurs économiques
privés.
Des différentes consultations conduites dans le cadre
du processus participatif, il est ressorti que la pauvreté est un
phénomène multidimensionnel, que l'on approche en termes de
revenus, de niveau de vie, de capacités (moyens de production entre
autres) ou de risques encourus. Le déficit de productivité est un
attribut de l'essentiel des activités économiques marchandes,
traduisant un déficit, voire un défaut de capacités
lié aux déficiences des systèmes sanitaire et
éducatif. De ce qui précède, la dimension
économique de la pauvreté est très importante donc il
convient de mettre un accent particulier sur le cadre macroéconomique
dans lequel s'exécute la stratégie de la réduction de la
pauvreté afin de définir le cadre et d'en établir le lien
avec l'évolution de la pauvreté. Au total, le Tchad est
profondément touché par la pauvreté et la misère.
C'est le pays le plus pauvre de la sous-région au regard des
différents indicateurs sociaux publiés par les organisations
internationales.
Tableau2.3 Seuils de pauvreté alimentaire
et globale par tête et par jour
7 L'ensemble de la zone couverte par l'ECOSIT
(Enquête sur la Consommation des ménages et du Secteur
Informel)
b) La perception de la pauvreté par la population
tchadienne
Des études ont également été
menées sur la perception de la pauvreté par les populations au
Tchad. Selon ces études (DSEED/ PNUD, EPBEP, 2000), cette perception est
relative au milieu : on se sent pauvre par rapport à quelqu'un d'autre
ou par rapport à sa capacité d'accéder aux
différents marchés de biens et de services disponibles ou encore
par rapport aux possibilités qui sont offertes à l'individu.
Selon les résultats de l'enquête, la perception de la
pauvreté par la population tchadienne apparaît très
différente en milieu urbain et en milieu rural. Tandis que les
populations urbaines placent l'éducation en première position et
le manque d'argent en deuxième, les populations rurales placent, elles,
le manque de matériel agricole en première position et ne
classent le besoin d'éducation qu'en 7e position. Dans les deux cas,
l'insuffisance de structures de santé émerge comme l'une des
trois dimensions majeures de la pauvreté citées par les urbains
comme les ruraux.
c) Les conditions de vie des ménages au
Tchad
Il n'existe à ce jour que peu de données et
d'études sur la pauvreté et les conditions de vie des
ménages au Tchad. L'indice de la pauvreté humaine (IPH) est l'un
des plus mauvais du monde, à 52,1%, selon le PNUD, plaçant le
Tchad en 86e position dans un échantillon de 92 pays (PNUD,
1997). Les données du Rapport sur le développement humain
indiquent également qu'au Tchad, le pourcentage d'analphabètes
est de 49,7%, celui d'individus privés d'accès à l'eau
potable de 76% et le pourcentage des personnes privées d'accès
aux services de santé de 74% (PNUD, 2006).
Les données de l'enquête sur la consommation et
le secteur informel (ECOSIT) réalisée en 1995/1996 ont permis de
caractériser plus précisément le profil de la
pauvreté au Tchad. L'indice de la pauvreté alimentaire
c'est-à-dire la proportion de ménages qui n'arrivent pas à
subvenir à leurs besoins alimentaires, est estimé à 42%.
Cette incidence est plus forte en milieu rural (48%) que dans les zones
urbaines (34 à 38%), mais cette différence est moins
marquée que dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, où
les citadins ont typiquement un niveau de pauvreté plus faible. De
même, l'incidence de la pauvreté globale, c'est-à-dire la
proportion de ménages qui ne subviennent pas à leurs besoins
alimentaires, montre une plus forte incidence en milieu rural que dans les
villes. L'extrapolation de ces données au niveau de l'ensemble du Tchad,
on peut estimer que 90% de la pauvreté provient
du milieu rural. Cette mesure du degré de la
pauvreté des ménages est basée sur le manque à
gagner moyen des pauvres dans une région, c'est-à-dire la
différence entre la consommation des ménages et le seuil de
pauvreté utilisé. Les données montrent qu'il y a moins de
pauvres dans les villes, et en particulier dans la capitale, que les campagnes
mais ceux-ci sont en moyenne plus pauvres.
Ce résultat suggère que les ménages
ruraux ont des activités ou des atouts qui leur permettent de maintenir
un certain niveau de vie faible, alors que les ménages pauvres urbains
n'ont pas ces ressources et sombrent dans une pauvreté plus
marquée.
L'enquête démographique et de santé a
permis de dresser une typologie des ménages selon le niveau de
bien-être. Il apparaît que les plus pauvres ont un niveau
d'éducation plus faible que les plus riches.
Les femmes vivant dans de ménages pauvres ont moindre
accès aux services de base que leurs homologues de ménages
riches. On note aussi une pauvreté légèrement plus
prononcée dans les ménages dirigés par une femme.
Part de la population totale (%)
Part de la population en pauvreté (%)
Taux de pauvreté (%) 20,8 34,4 47,8 50,6 70,3 55,0
Source : INSEED/ECOSIT2, 2003-2004
Capitale Villes
secondaires
7,6 2,9 9,6 42,3 37,5 100,0
2,9 1,8 8,4 38,9 48,0 100,0
Autres villes
Rural sud
Rural nord
Pays
Tableau 2.4 Approche absolue (Estimations de la
pauvreté)
2.4 Situation de santé au Tchad
La situation sanitaire du Tchad est plutôt moins bonne
que celle des autres pays d'Afrique subsaharienne et l'évolution dans le
temps des indicateurs de santé du pays ne laisse pas beaucoup d'espoir
pour l'atteinte des objectifs de 2015. Il existe un lien entre l'accès
aux services de santé modernes et niveau de pauvreté. Au Tchad,
les données de l'enquête
démographique et de santé, le bilan commun des
pays et le rapport sur le développement humain révèlent
une situation grave de la mère et de l'enfant ainsi qu'un état de
pauvreté inquiétant qui risque de compromettre le
développement du pays. Les composantes prioritaires retenues pour faire
l'objet d'actions précises sont : la maternité à moindre
risque, le bien-être familial et la planification familiale, la
santé reproductive des adolescents, la lutte contre les Ist/vih /sida,
et la lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes, les violences
conjugales et sexuelles.
Les indicateurs permettent de jauger de la santé de la
reproduction (SR) ; les plus récents au Tchad sont fournis par
l'Enquête Démographique et de Santé (EDST II) de 2004. Le
ratio de mortalité maternelle est de 1099 décès pour 100
000 naissances vivantes ; autrement dit, le Tchad demeure un des pays où
la maternité expose les femmes aux plus hauts risques. Au Congo Brazza
et le Gabon, ces ratios sont respectivement de 510 et 420. La Suède est
plus proche de l'idéal avec 2 décès maternels pour 100 000
naissances vivantes. Quant aux enfants tchadiens, ils sont logés
à la même enseigne que leurs mères; le taux de
mortalité infantile sont logés à la même enseigne
que leurs mères; le taux de mortalité infantile (enfant de 0
à moins d'un an) est de 102 %o ; celui des enfants de 0 à 5 ans
(mortalité infanto-juvénile) est de 191 %o. Ces taux sont parmi
les plus élevés au monde et le Tchad reste un des pays où
un enfant court le plus de risque de décéder avant son
cinquième anniversaire ! Ces niveaux de mortalité pèsent
lourdement sur l'espérance de vie du Tchadien qui est de 49,6 ans. Ces
chiffres remettent en cause les discours laudatifs sur des bilans des
politiques et programmes socio-économiques souvent servis au peuple. En
effet, les niveaux de mortalité reflètent et découlent des
conditions sanitaires, environnementales, socio-économiques et
culturelles des populations.
Certes, le Gouvernement et les partenaires ont consenti des
efforts certains pour améliorer la santé de la mère et de
l'enfant et le bien-être familial : entre 1994 et 2001, quelque 27,5
milliards de Fcfa ont été investis dans le secteur (Annuaire des
statistiques sanitaires du Tchad, MSP, 2004). Mais ces investissements, quoique
importants en valeur absolue, restent en deçà des besoins qui
sont énormes. Quelques indicateurs de disponibilité et
d'accès aux services de SR permettent de mesurer ce gap. D'abord les
structures sanitaires et les ressources humaines sont très insuffisantes
: la couverture sanitaire théorique de 73,4 % (avec 633 zones de
responsabilité fonctionnelle) cache d'importantes disparités
régionales. En outre, moins de 20 hôpitaux de district sur les 40
fonctionnels offrent des soins obstétricaux
d'urgence complets pendant la grossesse ou à
l'accouchement. Une femme, surtout en zone rurale, doit parcourir en moyenne 15
km pour accéder aux services de SR ou faire vacciner son enfant.
Quant au personnel qualifié, le pays compte un
médecin pour près de 28 000 habitants et une sage-femme pour 9
000 femmes en âge de procréer. Des chiffres bien loin des normes
de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui recommande un minimum
d'un médecin pour 10 000 habitants et une sage-femme pour 5 000 femmes
en âge de procréer. De plus, ce personnel est
inéquitablement déployé avec une forte proportion d'agents
exerçant à N'Djaména. A cela s'ajoute un déficit en
infrastructures et en personnel. La conséquence de cette carence
à la fois structurelle et infrastructurelle est le faible accès
des populations aux services de SR : 8 femmes sur 10 accouchent à
domicile, pour la plupart sans assistance de personnel qualifié;
seulement 2 grossesses sur 10 ont eu des consultations prénatales
complètes. En principe, tous les enfants de 12 à 23 mois sont
censés avoir reçu les vaccins prioritaires du Programme National
de Vaccination (PEV), mais seuls 11% le sont; tandis que 19% des jeunes
tchadiens de cette tranche d'âge n'ont reçu aucun vaccin (Annuaire
des statistiques sanitaires du Tchad, MSP, 2004).
S'agissant de la planification familiale, seules 2% de femmes
en union utilisent une méthode contraceptive moderne. Les Tchadiens
continuent donc, comme au Moyen-Age, à faire des enfants au gré
de la nature, loisible à celle-ci de faire son prélèvement
pour laisser le reste aux parents ! Conséquence : l'indice
synthétique de fécondité (moyenne d'enfants qu'une
Tchadienne arrivée en fin de vie féconde peut avoir) reste parmi
les plus élevés du monde : 6,3 enfants par femme. A ce rythme,
d'ici 2050, le Tchad sera plus peuplé que le Cameroun (31,5 millions
contre 27 millions).
Ces indicateurs sont révélateurs du niveau de la
pauvreté au Tchad. Cette pauvreté agrège certes d'autres
facteurs tels que les aléas climatiques, l'insécurité, la
mauvaise gouvernance, la dégradation de l'environnement, les
considérations socio-culturelles, etc. Mais les aspects liés
à l'accès aux services de SR demeurent fondamentalement
transversaux.
Le document du Bilan Commun des Pays (en anglais Common
Country Assesment - CCA) élaboré en 2004 dans le cadre de
l'assistance des Agences du Système des Nations Unies au Tchad
décrit ainsi la pauvreté sous ses principales manifestations : la
faim et la malnutrition, la forte mortalité maternelle et infantile, le
faible accès à l'eau potable, la forte incidence du
Vih/sida et du paludisme, et la forte déscolarisation
au primaire. Il existe de façon évidente une forte interrelation
entre ces différents facteurs et la santé de la reproduction. Un
seul exemple, l'analphabétisme est un obstacle pour l'accès aux
soins de santé ; à contrario, l'alphabétisation rend les
gens plus ouverts aux perceptions et pratiques positives en matière de
SR, principalement en ce qui concerne l'utilisation des méthodes
contraceptives modernes, l'accès aux services de SR, la perception des
facteurs de risque et le comportement subséquent pour prévenir
les IST et le Vih/sida, le refus des pratiques traditionnelles néfastes
(mutilations/ coupures génitales féminines), etc. Ainsi, l'EDST
II a révélé que 13% des femmes de niveau secondaire et
plus utilisent une méthode de contraception moderne contre 0,5% de
femmes sans instruction.
Cet aperçu des indicateurs met en exergue les liens de
causalité entre développement humain et santé de la
reproduction, d'où la nécessité d'améliorer l'offre
et l'utilisation des services de SR grâce à de lourds, continus et
judicieux investissements. Dans ce sens, on ne devrait pas perdre de vue que la
croissance économique (dopée comme au Tchad par des ressources
pétrolières), n'entraîne pas de facto et à court
terme l'amélioration des indicateurs socioéconomiques, de la
santé de la reproduction notamment. La preuve est fournie pas le Rapport
Mondial sur le Développement Humain 2006. Le classement des pays selon
l'Indice de Développement Humain (IDH) se fonde sur trois
critères : la santé et la longévité, l'instruction
et le niveau de vie de la population mesuré d'après le PIB
(Produit Intérieur Brut). Résultat : le Tchad est classé
171e sur 177 et figure parmi les pays à développement humain
faible), avec un PIB de 2090 $ US pour la période
considérée. Le Soudan dont le PIB n'est que de 1 949 $ US est
classé au 141e rang, parmi des pays à développement moyen
tels que la Russie, le Brésil ou la Chine. Explication : notre
espérance de vie est évaluée à 43,7 ans et le taux
d'alphabétisation des adultes est de 25,7% ; au Soudan, ces indicateurs
sont respectivement de 56,5 ans et 60,9%. Autrement dit, tout en étant
plus riche que le Soudan - du moins pour la période
considérée le Tchadien vit paradoxalement moins bien.
Ce phénomène peut certainement être
relié aux forts niveaux de malnutrition, mais aussi au fait que les
ménages ne font pas appel aux technologies simples comme les
moustiquaires imprégnées, la vaccination, les micro-nutriments ou
les solutés de réhydratation par voie orale. D'importants efforts
restent à faire afin d'assurer une couverture effective pour une large
partie de la population, notamment les groupes les plus pauvres.
Tableau 2.5 Indicateurs de santé Tchad,
2003
Indicateurs Tchad Pauvres Riches
Mortalité infantile (pour 1 000 naissances) 102,6 79,8
89,3
Mortalité infanto-juvénile (pour 1 000 naissances)
194,3 170,6 172
Taux de mortalité maternelle (100 000 naissances vivantes)
827
Taux de croissance annuelle de la population (%) 2,9
Espérance de vie à la naissance (années)
50
Indice synthétique de fécondité
(enfants/femme) 6,6 7,1 6,2
Femmes recourant à des soins prénatals
dispensés par du
personnel qualifié (%) 41,6 27,7 63,9
Couverture antitétanique chez les femmes enceintes (%)
41,6 33,7 61,5
Accouchements assistés par du personnel de santé
qualifié (%) 16,3 4,6 56,9
Dépenses publiques de santé (% du PIB) 2,62
Dépense publique de santé (% de DST8)
67
Dépenses publiques de santé par habitant ($USD)
5,03
Taux de prévalence d'une contraception moderne (%) 2 0,2
6,1
Source : Statistique sanitaire du
Ministère de la Santé Publique, 2003
2.4.1 Le faible accès aux services de la
santé de reproduction (SR)
Quant au personnel de santé qualifié, le pays
compte un médecin pour près de 28 000 habitants et une sage-femme
pour 9 000 femmes en âge de procréer (T&C, 2007). Des chiffres
bien loin des normes de l'OMS qui recommande un minimum d'un médecin
pour 10 000 habitants et une sage-femme pour 5 000 femmes en âge de
procréer (T&C, 2007). De plus, ce personnel est
inéquitablement déployé avec une forte proportion d'agents
exerçant à N'djaména. A cela, s'ajoute un déficit
en infrastructures et en personnel. La conséquence de cette carence
à la fois structurelle et infrastructurelle est le faible accès
des populations aux services de SR : 8 femmes sur 10 accouchent au domicile,
pour la plupart sans assistance de personnel qualifié ; seulement 2
grossesses sur 10 ont eu des consultations prénatales complètes.
En principe, tous les enfants de 12 à 23 mois sont censés avoir
reçu les vaccins
8 Dépense Totale de la Santé
prioritaires du Programme de Vaccination Elargi (PEV), mais seuls
11% le sont ; tandis que 19% des jeunes tchadiens de cette tranche d'âge
n'ont reçu aucun vaccin (EDST, 2004).
Ces indicateurs sont révélateurs du niveau de la
pauvreté au Tchad. Cette pauvreté agrège d'autres facteurs
tels que les aléas climatiques, l'insécurité, la mauvaise
gouvernance, la dégradation de l'environnement, les conséquences
socio-culturelles, etc. Mais les aspects liés à l'accès
aux services de SR demeurent fondamentalement transversaux.
En général, le niveau élevé de la
mortalité infantile et maternelle, comme la prise en charge
inadéquate des cas de sida et de paludisme provient surtout d'un
système national de santé montrant plusieurs faiblesses dont
l'insuffisance quantitative et qualitative des services de santé et des
ressources humaines. L'analyse normative montre que pour l'ensemble du Tchad,
les besoins en personnel sont satisfaits à hauteur de 67,9% pour les
médecins et à 50,9% pour les infirmiers. La situation des
sages-femmes est encore plus critique. Seuls 23% des postes prévus sont
occupés (Annuaires des statistiques sanitaires du Tchad, 2002). Les
directions régionales de la santé du Lac, de Biltine et du BET ne
disposent d'aucune SFDE (Sage-femme Diplômée d'Etat) pendant que
60% de leur effectif se trouve à N'djaména. Ce déficit ne
se traduit que très lentement malgré le nombre de médecins
et d'agents techniques formés chaque année notamment dans les
institutions suivantes : la Faculté de Sciences de la santé de
N'djaména, l'Institut Universitaire des Sciences et Techniques
d'Abéché, l'Ecole Nationale des Agents de Santé et Sociaux
(ENASS) à N'djaména.
Il y a une structure d'hospitalisation pour 165 000 habitants
et 51 lits/places pour 100 000 habitants avec de fortes disparités entre
les régions. Les effectifs du personnel qualifié de la
santé sont limités. Une étude sur l'évolution des
besoins en Soins Obstétricaux d'Urgence (SOU) réalisée en
2002 dans les hôpitaux du pays montre que seulement 42% de ces structures
offrent la gamme complète des SOU. Le taux de césariennes, l'une
des interventions-clés pour traiter les complications
obstétricales, est de 0,54%, alors que la norme est de 5 à 15%
(Annuaires des statistiques sanitaires du Tchad, 2004). La qualité des
services constitue également un handicap : selon les normes, le taux de
décès parmi les femmes présentant des complications
obstétricales et prises en charge à l'hôpital doit
être inférieur ou égal à 1%. La moyenne au Tchad est
de 3,74% et les plus forts taux s'observent aussi bien en province (Doba :
6,96%) qu'à N'djaména (7,56%), (Annuaires statistiques sanitaires
du Tchad, 2002).
Certes, le Gouvernement et les partenaires ont investi des
efforts certains pour améliorer la santé de la mère et de
l'enfant et le bien-être familial : entre 1994 et 2001, quelque 27,5
milliards de FCFA ont été investis dans le secteur de
santé (Annuaires statistiques sanitaires du Tchad, 2003). Mais ces
investissements, quoique importants en valeur absolue, restent en
deçà des besoins qui sont énormes. Quelques indicateurs de
disponibilité et d'accès aux services de SR permettent de mesurer
cette situation. D'abord les structures sanitaires et les ressources humaines
sont très insuffisantes : la couverture sanitaire théorique de
73,4% (avec 633 zones de responsabilité fonctionnelle) cache
d'importantes disparités régionales. En outre, moins de 20
hôpitaux de district sur les 40 fonctionnels offrent des soins
obstétricaux d'urgence complets pendant la grossesse ou l'accouchement
(Annuaire des statistiques sanitaires du Ministère de la Santé
Publique (MSP, 2003). Une femme, surtout en zone rurale, doit parcourir en
moyenne 15 km pour accéder aux services de SR ou faire vacciner son
enfant.
2.4.2 Les services de santé et de maternité
sans risque : les consultations prénatales et l'accouchement
Dans cette population largement musulmane, environ un tiers
des femmes seulement est instruite. La plupart se marient très jeune
(presque 80% avant l'âge de 19 ans) et à l'âge de 18 ans,
plus de la moitié ont déjà eu leur premier enfant. Presque
une sur 5 entre dans un mariage polygame. Les femmes, tout comme les hommes,
veulent beaucoup d'enfants (8 à 16 enfants, respectivement), l'usage de
la contraception moderne demeure très faible, à 1% parmi les
femmes, alors que la fécondité est élevée (le taux
total de fécondité est estimée à 6,3). Vu cette
situation, il n'est pas étonnant que la mortalité maternelle au
Tchad soit la plus élevée au monde (EDST, 2004).
La production de services maternels a été
évaluée à partir de l'analyse des données de
routine de la production des consultations prénatales et de
l'accouchement assisté. Pour les consultations prénatales (CPN),
les premiers contacts avec l'activité (ou CPN1) ont été
examinés. Les données de routine confirment les données
d'enquête des ménages, à savoir qu'au Tchad seulement
quatre femmes enceintes sur dix fréquentent au moins une fois les
consultations prénatales. Les taux de couverture varient
considérablement d'une préfecture à l'autre, avec un
minimum de 12,6% dans le Ouaddaï, 15,7% dans le Batha et 16,6% dans le Lac
(Annuaires des statistiques sanitaires du Tchad, 2000). Les couvertures les
plus
importantes sont observées au Logone Occidental
(103,8%) et au Moyen Chari (65,1%), deux régions à population
chrétienne dominante (Annuaire des statistiques sanitaires du Tchad,
2000). Ce sont surtout les populations urbaines qui utilisent ces
consultations, le taux d'utilisation des populations rurales étant
inférieur de moitié.
La couverture des services en termes d'accouchements
assistés confirment là encore les résultats
d'enquête, mettant en évidence des taux extrêmement bas,
particulièrement en milieu rural et faisant de l'accouchement
assisté l'une des grandes priorités nationales les moins bien
traitées dans le contexte tchadien actuel. Seul un accouchement sur dix
bénéficie des services publics et/ou privés à but
non lucratif, avec environ un sur cinq en milieu urbain et un sur 20 en milieu
rural. La faible couverture en milieu rural (6,3%) est probablement due
à l'éloignement des centres de santé, à l'accueil
souvent peu aimable réservé aux parturientes dans les
maternités, à l'absence de personnel qualifié en dehors
des heures ouvrables et à la présence d'accoucheuses
traditionnelles dans les villages ainsi que des matrones (qui animent les
maternités) dont la qualification aux yeux de la population est souvent
considérée comme identique à celles des accoucheuses
traditionnelles.
La couverture des accouchements varie ainsi d'une
préfecture à l'autre : elle est minimale au BET et au
Ouaddaï (3%) et dans le Salamat (4,3%) alors que les taux les plus
élevés se rencontrent dans le Logone Occidental (32,3%), dans le
Logone Oriental (17,6%) et dans la Tandjilé (17,3%) (Annuaires
statistiques sanitaires du Tchad, 2003).
L'analyse par délégation préfectorale
sanitaire montre également que les niveaux d'utilisation des services de
santé maternelle sont légèrement plus faibles dans les
zones les plus pauvres par rapport aux zones les plus favorisées.
Ces taux d'accouchement assistés semblent n'avoir
malheureusement que peu évolué au cours du temps dans toutes
les régions, à l'exception du Logone Occidental où,
désormais, plus de 30% des femmes bénéficient d'une
assistance à l'accouchement. Les faibles taux
d'accouchement assistés dans la région de
N'djaména surprennent un peu dans la mesure oüla
région est très riche en ressources humaines et notamment en
sages-femmes, Les enquêtes
montrent que le taux d'accouchements assistés est plus
élevé à N'djaména, il faut en conclure que ces
accouchements ont lieu en dehors de l'activité privée ou
semi-privée des sages-femmes résidant et exerçant dans la
capitale et dans le cadre de l'activité hospitalière. Il semble
donc n'y avoir eu que peu de progrès au cours des dernières
années dans la pratique des accouchements assistés, qui n'a
guère évolué dans le temps. On observe souvent un
décalage entre le niveau de la CPN et les accouchements
assistés, ce dernier taux restant remarquablement bas. Cela s'explique
par l'absence de sages-femmes (ou de personnel de santé féminin
qualifié) dans les centres de santé en milieu rural et la
difficile organisation des services d'accouchements en milieu urbain.
Malgré la disponibilité de sages-femmes dans ces zones, les
accouchements ne se font pas dans les structures sanitaires.
Tableau2.6 Taux de couverture des accouchements
assistés selon le lieu de résidence et par région
DSP9 par Gradient de pauvreté
Milieu de résidence
Milieu urbain Milieu rural Total
Nombre de cas
Taux de couverture (%)
Salamat 168 8,7 5 0,2 173 4,3
Lac 562 25,7 146 1,6 708 6,3
Guéra 604 8,6 797 7,6 1401 10,2
Kanem 503 12,1 234 2,6 737 5,6
Batha 327 2,4 105 1,1 432 3,5
Biltine 369 24,8 152 2,6 521 7,1
Logone Oriental
2129 31,8 1 456 10,6 3585 17,6
Mayo-Kebbi 2061 18,5 1 411 5,4 3 472 9,3
BET 57 6,0 16 1,1 73 0,3
Ouaddaï 404 3,1 240 1,3 644 3,0
Tandjilé 2 335 31,8 1 772 10,8 4 107 17,3
Moyen-Chari 3 375 34,1 2 216 7,6 5 591 14,3
Logone Occidental
2 172 53,0 2 172 23,3 4 344 32,3
ChariBaguirmi
2 786 15,2 806 3,4 3 592 8,5
Tchad 17 852 23,1 11 528 6,3 29 380 11,2
Nombre de cas
Taux de couverture (%)
Nombre de cas
Taux de couverture (%)
Source : Annuaire des statistiques sanitaires du
Tchad, 2002
9 Délégation Sanitaire
Préfectorale
2.4.3 Le système de santé au Tchad
Au Tchad, les services de santé sont fournis par le
secteur public, le secteur privé à but lucratif et le secteur
traditionnel.
a) Le secteur public
Le Gouvernement de la République du Tchad fait de la
santé une de ses priorités. Une politique nationale est mise en
place et le système de santé a été
réorganisé afin de mieux l'adapter aux réalités
nationales. Mais, la mise en oeuvre de cette politique est confrontée
à de nombreux problèmes, parmi lesquels l'absence ou
l'insuffisance des infrastructures, des moyens matériels et humains, la
mauvaise gestion...
Pour y remédier, le Gouvernement a adopté et mis
en oeuvre une stratégie de santé conçue sur un
modèle pyramidal à trois niveaux : le central,
l'intermédiaire et le périphérique. Avec, chacun, des
fonctions et des rôles définis.
> Le niveau central se charge de la conception et de
l'orientation des politiques de santé
du Tchad, du choix des stratégies, de
l'élaboration des modèles et de la distribution des services, de
l'allocation et de la répartition des ressources, de la
définition des tâches du personnel, de l'établissement des
profils de postes, de l'adaptation des contenus de formation. Il renferme le
Ministère, la direction générale, les directions
techniques, les institutions (Hôpital général de
référence nationale, Ecole nationale des agents sanitaires et
sociaux, Centre national d'appareillage et de réadaptation, Centre
pharmaceutique d'achat) et les programmes et projets. Il détermine les
investissements et le fonctionnement du secteur et fixe les normes sur la base
de principes d'efficacité, d'efficience, d'équité et de
viabilité. Il se force de mobiliser les ressources de l'Etat et des
bailleurs de fonds pour le financement des interventions de santé, avec
une perspective d'accès universel.
> Le niveau intermédiaire comprend 18
délégations provinciales et les hôpitaux de
préfecture et est chargé de la mise en oeuvre des
plans et politiques de santé, de la gestion des ressources humaines et
de la fourniture de l'assistance technique aux districts sanitaires.
> Le troisième niveau est divisé en 64
districts et 911 sous-divisions ; il est chargé de la mise en oeuvre de
la politique nationale de santé à travers l'exécution du
paquet minimal et complémentaire d'activités (PMA et PCA).
Les trois niveaux sont liés et s'articulent dans une
dynamique qui fonctionne du périphérique vers le central. Dans
une logique, les premiers soins se donnent dans des centres de santé qui
doivent être accessibles géographiquement, financièrement
et culturellement.
Les infrastructures de santé comprend un hôpital
national desservant environ 7,5 millions de personnes et quatre hôpitaux
régionaux desservant 950 000 personnes chaque année. Il existe en
outre 64 hôpitaux de district et 911 centres de santé. Le nombre
de lits par personne varie de 0,09/1000 dans le district de Massakory à
1,61/1000 à Benoye. Dans l'Est du pays, le système de
référence dépend de l'hôpital régional
d'Abéché qui s'occupe aussi des réfugiés.
Un marché florissant de médicaments essentiels se
développe mais les franges les plus pauvres de la population n'ont pas
les moyens de les procurer.
Au niveau du centre de santé, le Paquet Minimum
d'Activités (PMA) inclut :
· Les activités de prévention dans des
domaines comme consultations prénuptiales, les soins prénatals,
les soins post-partum pour la mère et l'enfant, le conseil et les
services en planification familiale, les activités de santé
scolaire et de surveillance épidémiologique.
· Les activités curatives, incluant les
consultations, la prise en charge des patients atteints de maladies chroniques,
la réhabilitation nutritionnelle, les soins curatifs, l'observation
avant l'hospitalisation, les accouchements normaux, les interventions
chirurgicales légères et les analyses de laboratoire.
· Les activités de promotion, y compris les
activités d'Information, d'Education et de Communication (IEC) ainsi que
les activités de support psychosocial, les activités en
matière de nutrition, la participation communautaire, la gestion et le
financement des services de santé, ainsi que les questions
d'hygiène et de système sanitaire dans la zone de rayonnement du
centre de santé.
Au niveau de l'hôpital de district, le Paquet
Complémentaire d'Activités inclut les activités 2 et 3 du
Paquet Minimum d'Activités pour le niveau périphérique
mais il met l'accent sur le traitement des cas référés.
Les activités supplémentaires suivantes sont incluses dans PCA
:
· La prévention, y compris les consultations
préventives pour les cas référés et les
consultations prénatales pour les grossesses à risque ;
· La planification familiale avec la disponibilité
de toutes les méthodes pour les cas référés y
compris la stérilisation ;
· les soins curatifs, y compris la prise en charge des cas
référés pour les soins de niveau tertiaire, la prise en
charge des accouchements compliqués, les urgences médicales et
chirurgicales, les interventions chirurgicales
légères et compliquées, les soins hospitaliers, les
analyses de laboratoire et l'imagerie médicale ; et
· la gestion incluant la formation du personnel
paramédical dans les écoles de district et la collaboration avec
le groupe de travail du district pour la formation continue et les
activités de supervision.
Enfin, au niveau de l'Hôpital de Général
de Références Nationales (HGRN), le Paquet Complémentaire
d'Activités fournit les services au stade le plus élevé.
L'hôpital de district transfère le patient dont l'état de
santé dépasse ses compétences vers l'hôpital de
préfecture. Si celui-ci se rend à l'évidence que son
plateau technique ne lui permet pas de prendre le patient en charge, il ordonne
son évacuation à l'Hôpital Général de
Références Nationales (HGRN), dernier palier pour les cas
extrêmes. Mais dans les faits, le HGRN ne profite qu'aux habitants de
N'djaména et ses environs, les patients référés par
les hôpitaux de préfectures s'y rendent peu à cause
notamment des difficultés de transport (MSP, Tchad, 2005).
b) Le secteur privé et le secteur
traditionnel
Au Tchad, le secteur privé s'est
considérablement développé et continue de
s'accroître. Cela se traduit par la prolifération des
établissements privés dotés de capacités
d'hospitalisation voire de services très spécialisés comme
des services de gastro-entérologie, d'ophtalmologie et de
physiothérapie. Ces établissements disposent aussi de personnel
ayant une formation paramédicale.
La médecine moderne au Tchad cohabite avec la
médecine traditionnelle. Les malades consultent aussi biens les
médecins modernes que les guérisseurs traditionnels,
dépendamment de la nature de la maladie. Ainsi, par exemple, pour les
maladies telles que le paludisme, la tuberculose, la cataracte sont couramment
prises en charge par la médecine moderne. Les maladies supposées
d'origine surnaturelle telles que les maladies mentales, l'épilepsie
sont l'affaire de la médecine traditionnelle. Parfois, le faible pouvoir
d'achat amène à faire recours à la médecine
traditionnelle pour se soigner. A titre d'illustration, dans le Tchad rural, la
majorité de femmes accouchent à domicile, seules ou
assistées par une parente, voisine ou une accoucheuse traditionnelle.
Cela a conduit le Gouvernement à rechercher la collaboration avec les
accoucheuses traditionnelles dans le cadre du programme d'appui aux structures
publiques et communautaires de santé, financé par la Direction du
Développement et de la Coopération (DDC) dans 4 districts
sanitaires du pays. On attend des
accoucheuses traditionnelles qu'elles encouragent les femmes
enceintes à se rendre aux consultations prénatales, à se
faire vacciner et à consulter des services de planification familiale et
également qu'elles apprennent aux femmes à reconnaître les
signes de danger pour lesquels il est nécessaire d'être
référés vers un hôpital.
2.4.4 Politiques du Gouvernement tchadien en matière
de la santé
Pendant l'accouchement, une des périodes où les
femmes sont les plus vulnérables, seulement une Tchadienne sur 4 a
accès à l'aide d'un professionnel qualifié ; ce chiffre se
réduit à 16% dans les zones rurales (T&C, 2007). Même
l'utilisation des soins prénataux est faible ; environ une Tchadienne
sur 3 a accès à des services prénataux, bien que seulement
une sur 5 sollicite de tels soins dans les zones rurales.
En réponse à ces défis, le Gouvernement
et les bailleurs de fonds ont élaboré un Plan de couverture
sanitaire qui a défini la politique nationale en matière de
santé et les stratégies des programmes. Le plan fournit un cadre
de référence qui permet de planifier les interventions en
matière de politique pour une meilleure santé. Il vise à
assurer la disponibilité et l'accessibilité des services,
particulièrement pour les groupes les plus vulnérables. Ceci
inclut la santé de base pour les mères et les enfants, la
prévention et le contrôle des maladies endémiques locales,
y compris les maladies sexuellement transmissibles et le VIH, la nutrition, les
services de planification familiale, l'eau et l'hygiène. Une importance
particulière est accordée à la réduction de la
mortalité maternelle et infantile. Les stratégies clés
visent à : développer le système pyramidal de soins de
santé à trois niveaux, en promouvant la décentralisation
et l'intégration des activités et des programmes ;
exécuter les plans de santé des districts avec le district comme
unité opérationnelle du programme ; assurer
l'accessibilité aux médicaments essentiels peu coûteux ;
accroître la participation de la communauté dans la gestion et le
financement des services de santé primaire à travers les
comités communautaires.
a) Les dépenses publiques de
santé
Le Tchad, pays à faible revenu, est aujourd'hui
essentiellement dépendant de la production de biens et de services qui
représente, d'une année sur l'autre, 80% des ressources de
l'économie dont la moitié dans le secteur agricole. L'OMS
recommande aux pays de consacrer environ 5% de leur PIB aux dépenses
publiques de santé et que la plupart des pays
de la région y consacrent au moins 2 %, l'allocation
publique de santé au Tchad ne semble avoir dépassé ce
seuil de 2% du PIB qu'en 1999, Ce chiffre prend en compte l'ensemble des
dépenses budgétaires et extrabudgétaires, sur ressources
propres et sur ressources extérieures. L'ensemble des ressources
représente environ 13% des dépenses publiques totales, avec une
proportion similaire pour l'investissement et le fonctionnement.
Dans le secteur de la santé, le Gouvernement du Tchad
finance essentiellement les dépenses de personnel et les dépenses
de fonctionnement : ces deux catégories sont rassemblées dans le
« Budget de fonctionnement ». Compte tenu de ces moyens
limités, l'Etat ne prend en charge aucune dépense
d'investissements, à l'exception de dépenses de contrepartie de
certains projets. Le tableau ci-après donne l'évolution du budget
de fonctionnement (Direction des Affaires Financières et du
Matériel DAFM du Ministère de la Santé Publique).
Le budget de la santé est passé de 4,436
milliards en 1997 à 7,016 milliards en 2000 pour atteindre
11,509milliards de FCFA en 2003, soit une augmentation substantielle de
près de 160% sur la période (Annuaires statistiques sanitaires du
Tchad, 2003). La part ordinaire de l'Etat est passée de 6,5% en 1997
à 9,3% en 2000 et 10,4% en 2003. En termes de PIB, la dépense
publique de santé représente environ 1,6% du PIB sur la
période 1998-2001. De 1998 à 2000, la progression des
dépenses publiques de santé (60%) a surtout concerné les
dépenses des biens des services qui ont cru de 50% et jusqu'en 2000, les
dépenses d'investissements ont augmenté de plus de 70%. Les
dépenses de personnel (hors personnel financé par les projets)
n'ont augmenté que de 23% sur la même période.
Pour atteindre les objectifs concernant la réduction de
la pauvreté, le gouvernement du Tchad a augmenté les fonds
affectés au Ministère de la santé publique. La part de la
santé dans les dépenses publiques totales effectives est
passée de 3,3% du total en 2002, à 8,6% en 2003 et à 9,7%
en 2004 (Annuaires statistiques sanitaires du Tchad, 2004). Le taux
d'exécution des dépenses de santé affecte
l'efficacité des prestations des services de santé. En 2003-2004,
ce taux n'a pas dépassé 36,4% des prévisions
budgétaires mais il a atteint les 70% en 2005 (SNRP, 2003). Celles-ci
restent encore faibles et leur proportion par rapport au budget national
évolue de façon irrégulière.
Tableau2.7 Dépenses nationales en
santé (Franc CFA)
Ratios de dépenses 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
2004 2005
Dépenses totales en
santé
(DTS) en % du PIB 5,6 5,5 5,4 5,9 6,3 5,9 5,5 5,5 4,2 4,1
Dépenses des
administrations
publiques en santé
(DAPS) en % des DTS
36,2 34,9 31,4 33,6 42,0 40,9 35,5 39,9 36,9 40,0
Dépenses du secteur privé en santé
63,8 65,1 68,6 66,4 58,0 59,1 64,5 60,1 63,1 60,0
(DPvS) en % des DTS
Dépenses des
administrations
publiques en santé en
% des DAP 11,1 11,1 11,1 11,9 13,1 13,8 9,4 10,5 9,5 9,5
Administration de sécurité sociale en %
des DAPS n/a10 n/a n/a n/a n/a n/a n/a n/a n/a
n/a Versement direct des
ménages en % des
DPvS 96,3 96,2 96,4 97,4 96,5 96,6 96,5 96,3 95,8 95,8
Ressources externes en santé en % des
DTS 12,1 12,6 17,1 19,6 58,4 52,2 39,5 10,3 7,0 12,6
Source : Ministère de la santé
publique : Annuaire des statistiques sanitaires du Tchad, 2006.
Malgré cet effort substantiel, les besoins de
santé de base de la population restent largement non couverts. De 1990
à l'an 2000, soit en l'espace de 11 années, chaque habitant n'a
en matière de santé, consommé du budget public de
fonctionnement qu'en moyenne
10 Ces indicateurs ne sont pas disponibles
482,64 FCFA par année, soit à peine 1$US par an
et par habitant (Annuaires statistiques sanitaires du Tchad, 2002). C'est qu'en
fait l'essentiel des dépenses de santé est assuré par
l'aide extérieure.
b) L'offre et la demande de santé au
Tchad
Les ressources humaines sont une force, une valeur pour le
développement d'un pays. Elles exigent protection. Certains pays
investissent dans ce domaine en mettant l'accent sur la formation de leurs
cadres. Au Tchad, pour un secteur prioritaire comme la santé, on peut
légitimement se poser la question de savoir si la qualité de la
formation du personnel de santé fait partie des préoccupations
des gouvernants.
Les besoins en quantité et en nombre suffisant de
personnels exigent de l'Etat tchadien un certain nombre de dispositions en
matière de formation et de gestion du personnel médical et
paramédical. Comme si cela ne suffisait pas, on note une mauvaise
gestion de cette insuffisante ressource humaine. La répartition dans
l'espace est inégale et soulève même de sérieuses
inquiétudes. Non seulement cette répartition ne tient pas compte
des spécialistes, mais aussi elle se fait en faveur des zones urbaines
au détriment des zones rurales. N'djaména compte, à elle
seule, le 1/3 de l'effectif du personnel de santé alors qu'elle ne
représente que 8% de la population totale du pays (Tchad et Culture,
n° 251-252, Novembre-Décembre 2006).
Les soins à différents niveaux exigent de chaque
patient une participation financière dont le montant varie d'une
région du pays à une autre. Le système mis en place ouvre
l'accès aux soins à toutes les couches sociales. Par exemple
à Mao, dans le Kanem, la consultation coûte 50 FCFA et le produit
générique le plus cher se vend à 400 FCFA (T& C
n° 251-252, novembre -décembre 2006)11. Au centre de
santé de Chagoua12, la consultation s'effectue à 100
FCFA alors qu'elle se fait à 2000 FCFA pour les adultes et 100 FCFA pour
enfants à l'hôpital de district du même quartier. Le
coût des produits génériques que les deux structures
vendent varie de 100 FCFA (Vermox) à 1900FCFA pour un sachet de 48
comprimés d'amoxiline (T& C n° 251-252).
11 Tchad et Culture
12 Chagoua est un quartier au sud de
N'djaména.
Batha 342 351 97 28 73,1 28 20
Biltine 219 677 64 29 68 19 20
B.E.T 86 994 72 83 55,3 18 13
ChariBaguirmi
Guéra 364 039 131 36 76,4 30 18
Kanem 332 745 114 34 80,5 35 16
LAC 300 657 36 12 76,4 35 15
Logone Occidental
Logone Oriental
Mayo- 980 853 285 29 77,5 71 48
Délégation sanitaire
Nombre
Population de lits-
place
541 434 526 97 50,4 40 22
524 287 193 37 79,1 64 47
1 488 123 1 041 70 57,4 125 79
Nombre
de lits
pour 100 000 habitants
Taux de couverture sanitaire (%)
Nombre de centre de santé
Nombre de centres de santé fonctionnels
Le Tchad ne compte que 4 hôpitaux de préfecture
implantés à Abéché, Moundou, Sarh et
N'djaména. Les 10 autres délégations n'abritent que des
hôpitaux de districts, un handicap donc pour ce schéma pyramidal.
Autre faiblesse, selon la même source, on ne compte que 30 hôpitaux
de district qui fonctionnent sur 49 prévus, et 407 zones de
responsabilité opérationnelles sur 646. En moyenne, un centre de
santé qui répond aux normes exigées accueille 17 000
habitants par an, au lieu de 10 000 comme le prévoit les textes (T&
C, 2007).
L'insuffisance du personnel qualifié explique en partie
la non fonctionnalité de certains centres de santé,
hôpitaux de districts et hôpitaux préfectoraux. Aujourd'hui,
certains centres de santé sont dirigés par des secouristes et
d'autres sont restés fermés.
Selon le Ministère de santé, la pauvreté
de la population, la faiblesse de l'économie nationale et la condition
de la femme limitent également la portée des actions du Tchad en
matière de santé pour tous.
Tableau 2.8 Couverture sanitaire par
délégation en centres de santé
Kebbi MoyenChari
Ouaddaï 646 525 280 43 66,7 47 34
Salamat 219 198 100 46 37 16 7
Tandjilé 539 491 124 56 89,2 51 33
Niveau national
877 958 742 33 90,6 67 57
7 464 332 3 805 51 71,2 646 407
Source : Annuaire des statistiques du Tchad,
2000
Le tableau explique le manque des ressources humaines et
matérielles du secteur de santé. Il s'agit notamment du manque de
personnel qualifié et du taux d'exécution des dépenses de
santé. Cette pénurie est aggravée par une inégale
répartition du personnel qualifié entre les provinces, les
milieux urbain et rural, et entre les institutions de soins curatifs et
préventifs.
Synthèse du chapitre :
La nature des différents facteurs susceptibles
d'influencer les comportements d'utilisation des services de santé et
leur importance respectives font l'objet d'interprétations divergentes.
Pour certains auteurs, la nature des services utilisés,
l'accessibilité, les coûts, la convenance et la qualité des
services peuvent être d'égale importance pour expliquer
l'utilisation.
Les obstacles à la mise en place de services de
santé sont essentiellement dus au manque des structures de santé
et personnels de santé. L'accès aux services de santé
modernes est très limité dans certaines délégations
préfectorales de santé et cela constitue un problème
principal à résoudre pour l'amélioration de la
santé. Cette analyse propose un certain nombre de pistes pour l'action
future du secteur de la santé dans le cadre de la stratégie de
lutte contre la pauvreté. Nous avons pu constater, tout d'abord, que la
santé de la reproduction et de l'enfant est clairement une
problématique clé du développement du Tchad et qu'elle
devra, comme telle, rester la première priorité des prochaines
années, en phase avec les objectifs internationaux de
développement pour 2015. Il faudra aborder cette
problématique en plaçant le ménage tchadien
au coeur de l'action, dans l'objectif d'améliorer les connaissances et
les pratiques des femmes et de leurs conjoints en termes de santé.
Dans le domaine des services, un effort massif est
nécessaire pour pouvoir corriger la tendance actuelle, augmenter la
production et la rétention de personnels, assurer une présence
continue en périphérie de personnels, en particulier
féminins, à différents niveaux de qualification afin
qu'ils puissent servir de passerelle entre l'offre et la demande de services de
santé de la reproduction. La concrétisation de cet effort massif
nécessitera la diversification des profils de santé, afin
d'intégrer tous les niveaux de qualification, y compris les accoucheuses
auxiliaires, traditionnelles ou non, et l'injection des ressources
supplémentaires permettant le fonctionnement salarial et non salarial
des services dans les années à venir. Les ressources PPTE et
pétrolières devront en priorité couvrir ces besoins
essentiels que sont la réponse urgente et massive à la
problématique des ressources humaines et le soutien aux
mécanismes de financement de la demande, particulièrement pour
les zones rurales et les plus pauvres.
Dans sa stratégie de réduction de la
pauvreté, le gouvernement a classé comme prioritaires certains
secteurs dont celui de la santé publique. Cette disposition a permis
à ce département d'être éligible dans la
répartition des ressources. Pour atteindre ces objectifs, le
gouvernement a augmenté les fonds affectés au Ministère de
la santé publique. La part de la santé dans les dépenses
publiques totales effectives est passée de 3,3% du total en 2002,
à 8,6% en 2003 et à 9,7% en 2004 (MSP, 2003).
Chapitre III Cadre théorique et
méthodologique
Dans ce chapitre, nous présenterons dans un premier
temps le cadre théorique de notre étude et dans un second temps
les sources de données que nous envisageons d'utiliser pour expliquer
notre théorie principale, puis nous évaluerons la qualité
de ces données pour finir par la présentation des méthodes
d'analyse retenues pour l'étude.
3.1 Les facteurs liés à la demande et
à l'offre
Parmi les facteurs prédisposants à la demande de
soins obstétricaux, nous pouvons citer entre autres, l'âge de la
femme, le niveau d'instruction de la femme, le niveau de vie du ménage,
l'ethnie, la religion, le milieu de résidence et le milieu de
socialisation.
L'âge est l'une des variables clés dans l'analyse
des déterminants de l'utilisation des services de santé
maternelle et infantile. Dans la plupart de cas, on observe une
corrélation entre l'âge de la femme et le recours aux soins
obstétricaux.
L'instruction de la femme en Afrique l'expose à la
modernisation et par conséquent à la remise en cause des valeurs
traditionnelles. Il est communément admis dans la littérature que
les femmes instruites ont tendance à avoir moins d'enfants que celles
non instruites. Cette situation est rendue possible par la forte ouverture des
femmes instruites (accès à l'information, exposition aux
médias, accès à la contraception) et le fait que celles-ci
vivent pour la plupart en ville et exercent une activité moderne.
On s'attend donc à ce que le niveau d'instruction
constitue un facteur favorable à l'accès aux soins
obstétricaux c'est-à-dire que l'accès aux soins
obstétricaux augmente avec le niveau d'instruction de la femme.
Le niveau de vie du ménage influence positivement la
prise en charge médicale de la grossesse. Des études
menées dans différents contextes ont montré que les
couches sociales les plus aisées sont les principales
bénéficiaires des services des soins obstétricaux : au
Pakistan, au Cameroun, au Bénin, etc. Le rapport de l'UNICEF (2004)
indique qu'au Pakistan, seulement 7% de femmes de ménages pauvres
reçoivent des soins prénatals, contre 70% de femmes issues de
ménages riches. Au Cameroun, Beninguisse (2001) constate que le recours
à la prise en charge médicale de la grossesse et la compliance
aux recommandations
augmentent significativement avec l'élévation du
niveau de vie du ménage. Dans le contexte béninois,
Tollegbé A., (2004) constate que la discontinuité des soins
obstétricaux chez les femmes de faible niveau de vie (31%) est
près de 4 fois plus élevée que les femmes de niveau de vie
élevé.
On remarque que la pauvreté des ménages est
évoquée pour expliquer la fréquentation des services de
santé en général (Akoto et al. 2002 ; Tabutin D., 1999 ;
Fournier et al, 1995 ; etc.) et ceux de santé maternelle en particulier
(Zoungrana, 1993 ; Beninguisse G, 2001 ; etc.). La pauvreté des
ménages accentue ainsi les risques encourus par une femme au cours de sa
grossesse ou pendant son accouchement. Plus le niveau de vie du ménage
est faible, moins souvent la femme a recours aux soins obstétricaux.
C'est dans ce sens que Beninguisse G. (2001) souligne que les groupes sociaux
les plus défavorisés ne pouvant y accéder, n'ont souvent
d'autre chois de se soumettre à la consultation divinatoire dont le
coût des prestations n'est souvent que symbolique.
Fort de ce constat, on s'attend à ce que l'accès
aux soins obstétricaux augmente avec le niveau de vie
s'améliore.
Définie comme étant « un système
institutionnalisé de croyances, de symboles, de valeurs et de pratiques
relatives » à la divinité (Akoto, 1993), la religion a une
influence sur le mode de vie des adeptes. La religion, comme l'ethnie, joue un
rôle capital dans les différences que l'on observe en
matière de recours aux soins obstétricaux. La littérature
évoque une opposition entre les chrétiens et les musulmans et/ou
les animistes. Pour la plupart des auteurs, la religion chrétienne
apparaît comme un facteur de changement et d'adaptation ; les
chrétiens sont plus enclins à utiliser les soins de santé
modernes. A l'opposé, la religion musulmane, un peu conservatrice, a
tendance à favoriser le recours à la médecine
traditionnelle (Akoto, et al. 2002 ; Tollegbé A., 2004). Au Bangladesh,
les notions de pureté et de honte sont importantes pour
déterminer le statut d'une femme que les femmes patientes musulmanes ne
peuvent pas parler directement à leur médecin, c'est le mari ou
le père qui explique le problème de santé au
médecin au nom de la femme (CRDI, 1995 ; Djourdebbé B. F..,
2005).
De ce fait, on s'attend à ce que les femmes musulmanes et
les femmes sans religion aient moins accès aux soins obstétricaux
par rapport aux femmes chrétiennes au Tchad.
Le milieu de résidence influence également
l'utilisation des services des soins obstétricaux. Plusieurs
études réalisées dans les pays en développement
tiennent compte du
milieu de résidence comme facteur explicatif de la
variation différentielle dans le recours des femmes aux soins pendant la
grossesse et l'accouchement. L'intérêt que l'on accorde à
cette variable découle des inégalités observées
entre le milieu urbain et le milieu rural. En général, on observe
une forte concentration des infrastructures socio-sanitaires en milieu urbain
au détriment du milieu rural. Ainsi, Rakotondrabe F. P (1996) estime que
grâce à ces infrastructures sanitaires, il est plus facile de
mettre en oeuvre des mesures de santé publique dans les villes que dans
les campagnes (contrôle des épidémies, de programme
élargi de vaccination, de programme de protection maternelle et
infantile). Au vu de cette situation inégalitaire, il n'est donc pas
surprenant d'observer dans la plupart des travaux, des différences
significatives entre les villes et les campagnes concernant la prise en charge
médicale de la grossesse. Au Cameroun, Beninguisse G. (2001) a
constaté que moins de 70% de femmes y recouraient aux soins pendant la
grossesse en milieu rural contre 92% de femmes en milieu urbain. Dans le
contexte béninois, Tollegbé A. (2004) a constaté que parmi
les femmes ayant effectué au moins une consultation, environ 36% de
femmes résidant en milieu rural ont effectué moins de quatre CPN
contre 21% environ pour les femmes résidant en milieu urbain. Au Tchad,
Assemal A. (2003) a remarqué que la tendance est à une meilleure
prise en charge médicale de la grossesse chez les femmes de la ville.
Au vu de cette revue de littérature, on s'attend à
ce que les femmes résidant en milieu rural aient moins accès aux
soins obstétricaux que leurs homologues du milieu urbain.
Le milieu de socialisation13 pendant l'enfance joue
un rôle non négligeable en matière de choix
thérapeutique. En psychologie sociale, la socialisation désigne
le processus par lequel les individus apprennent les modes d'agir et de penser
de leur environnement, les intériorisent en les intégrant
à leur personnalité et deviennent membres de groupes où
ils acquièrent un statut spécifique (Tollegbé A., 2004).
En tant qu'élément de modernité culturelle qui
modèle les manières d'agir, de penser et de sentir des hommes, le
milieu de socialisation de la femme pendant l'enfance est à même
d'influencer positivement ou négativement le recours aux soins
obstétricaux. Selon Sala-diakanda F. (1999), plus on est
socialisé en milieu urbain, plus on adopte des comportements favorables
à un recours de qualité aux soins pendant la grossesse et, ce par
l'intermédiaire du personnel médical que l'on consulte.
13 Milieu où l'on a passé les douze
premières années de sa naissance
On s'attend donc à ce que les femmes socialisées
en milieu rural soient plus touchées par la pauvreté et par
conséquent enclins à une faible fréquentation des services
obstétricaux par rapport à celles socialisées en milieu
urbain.
Parmi les facteurs facilitants, nous pouvons citer, entre autres,
la disponibilité, l'accessibilité, le coût et la
qualité de services.
La disponibilité des infrastructures socio-sanitaires
explique en partie le recours aux soins de santé. Pour qu'une gestante
ait recours aux soins prénatals, il faudrait que les structures
sanitaires soient disponibles. Or, dans de nombreux pays en
développement, on note une insuffisance des établissements
sanitaires à l'échelle nationale. Cette situation constitue
vraisemblablement une barrière à « la santé pour tous
». Par ailleurs, la forte concentration des infrastructures
socio-sanitaires dans les villes est un autre problème. Les campagnes
sont très souvent des « laissées-pour-compte ».
L'inégale concentration des services de santé entre les villes et
les campagnes explique en partie les inégalités d'accès
aux soins obstétricaux entre ces deux milieux.
Au Tchad, l'action du Gouvernement dans le domaine de la
santé est relayée par les organisations non gouvernementales. En
dépit des efforts consentis, la demande en services et soins de
santé ne cesse d'augmenter en particulier en raison de la poussée
démographique et l'explosion urbaine.
D'une manière générale, diverses
études considèrent l'accessibilité géographique
comme un facteur limitant majeur de l'utilisation des services de soins
obstétricaux. Une étude réalisée par le CRDI entre
1994 et 1995 a révélé que l'éloignement du centre
de santé avait une forte influence sur la fréquence des CPN au
deuxième et au troisième trimestre de la grossesse.
« Les femmes sont frustrées et
découragées lorsqu'elles parcourent de longues distances à
pieds pour se rendre au centre de santé et se font dire que le
travailleur de la santé n'est pas là, qu'une seule personne est
disponible, qu'elle doit s'occuper de beaucoup de gens et qu'elle ne peut donc
pas prêter l'attention nécessaire ni offrir un service
personnalisé à chacun des clients » (CRDI, 1995 :
cité par Djourdebbé F, 2005). A Bamako, Zoungrana (1993),
cité par Djourdebbé F. (2005) il a été
constaté que la bonne santé (35%) et la distance entre le
domicile et les services de santé (19%) sont les principales raisons
avancées par les 28% de femmes qui n'ont effectué aucune visite
prénatale. Selon Goïdi et Dia (2001), cités
par Djourdebbé F (2005), dans le Tchad rural, les
distances pour atteindre un centre de santé sont grandes (jusqu'à
30Km et plus), en plus, les routes sont mauvaises, le personnel des centres de
santé est peu qualifié et masculin le plus souvent.
Cependant, l'éloignement géographique des
services de santé n'est pas toujours un obstacle à l'utilisation
en particulier en milieu urbain. C'est dans cette logique que Beninguisse
(2001), cité par Djourdebbé (2005), a affirmé que
l'augmentation de la distance n'est donc pas forcement un handicap au recours
aux soins prénatals. Beninguisse (2001) a constaté qu'en milieu
urbain camerounais, le recours et respect des règles de
prévention en vigueur sont meilleurs au-delà de 14 km, ce qui
était loin d'être le cas en milieu rural. D'après l'auteur,
les femmes qui habitent ce rayon (plus de 14 Km) sont issues de quartiers
résidentiels en périphérie de la ville et sont
majoritairement issues des ménages économiquement aisés
qui sont matériellement capables de faire face à
l'éloignement géographique des services de santé. Les
coûts relatifs à l'utilisation des services et au transport sont
susceptibles de constituer un facteur limitant à l'accès aux
soins de santé (Zoungrana, 1993 ; CRDI, 1995 ; Fournier et Haddad, 1995,
etc.) cités par Djourdebbé (2005). Pour Fournier et Haddad
(1995), dans le processus de soins, les populations font face à des
coûts de diverses natures, monétaires ou non monétaires,
directes ou indirectes même quand les services publics sont gratuits. Les
utilisateurs doivent supporter des coûts directs (achats des
médicaments en rupture de stock ou pour les dessous-de-table au
personnel, etc.) et des coûts indirects (les coûts de transport,
les coûts d'attente, les pertes de temps et le revenu, etc.). En effet,
le manque d'accès aux ressources nécessaires pour couvrir les
coûts du transport, de services et du traitement est un autre obstacle
à l'accès aux soins de santé maternelle (CRDI, 1995 ;
cité par Djourdebbé (2005). «Les femmes qui dépendent
économiquement de leur époux ou de leur famille doivent compter
sur les membres masculins de la famille pour payer les frais associés
aux services de santé. Ce sont généralement les hommes qui
ont le dernier mot quand il s'agit de décider si on peut dépenser
l'argent nécessaire pour qu'un membre de la famille se rende dans un
centre de santé ».
Lors d'une enquête qualitative, une femme tchadienne
déclarait : « chaque fois, il faut payer 100 francs par ci. Si on
multiplie ces 100 francs par le nombre de fois qu'on va à
l'hôpital, on ne peut pas trouver les sommes nécessaires »
Wyss et Nandjingar (1995). Nous voyons tout de suite que le coût direct
des prestations sanitaires paraît comme un important facteur d'abstention
ou de déperdition thérapeutique. Dans un contexte de
pauvreté, la femme
enceinte aura tendance à limiter le nombre de visites afin
de faire face à d'autres besoins de la vie quotidienne.
Certes, le manque de moyens ne se situe pas uniquement au
niveau des individus mais aussi de l'Etat. L'Etat a instauré un
système de tarification des soins de santé depuis la mise en
place de « l'initiative de Bamako14 pour permettre
l'autogestion des formations sanitaires. L'application de cette initiative a
contribué à marginaliser les couches démunies, car il
n'existe plus de gratuité de soins et de médicaments. Tout
s'achète, tout se vend. C'est ainsi que Tizio et Florie ont
intitulé un article : « santé pour tous ou maladie pour
chacun ? Sans argent, on ne peut plus se soigner » Tounsida, 2001 ;
cité par Djourdebbé (2005).
Ainsi, on s'attend à ce que l'accès aux soins
obstétricaux augmente quand le coût des services sanitaires
diminue.
3.2 Cadre conceptuel
Le cadre conceptuel est un schéma cohérent qui
met en relation les différents concepts qui entrent dans notre travail.
Ce cadre peut être emprunté aux théories déjà
existantes et adapté au contexte de l'étude et en fonction des
spécificités de l'étude et insuffisance des cadres
existants.
3.2.1 Hypothèses et schéma conceptuel de
l'étude
a) Hypothèse générale de
l'étude
A la lumière de la littérature, nous supposons
que la pauvreté constitue le principal obstacle à l'accès
aux soins obstétricaux au Tchad. Toutefois, la pesanteur (ou le poids)
de la pauvreté varie selon les caractéristiques culturelles,
démographiques et les antécédents médico-sociaux de
la femme.
14 Soins de santé primaires sont des soins qui
sont accessibles à toute la population et ce à des coûts
abordables ; ces soins mettent aussi l'accent sur l'efficacité et
l'équité
Caractéristiques Culturelles
Pauvreté des ménages
Recours aux soins obstétricaux
Caractéristiques Démographiques
Antécédents Socio-médicaux
b) Schéma conceptuel
Le présent schéma conceptuel est
élaboré à partir de celui mis en oeuvre par EDJO MVE
(2003).
Figure3.1 Schéma conceptuel de la
pauvreté et accès aux soins obstétricaux au Tchad
Contexte
Explication du schéma conceptuel
Elaborer un cadre conceptuel demeure un exercice difficile
dans le processus de recherche. La relation entre pauvreté et
accès aux soins obstétricaux est difficile à
conceptualiser car elle est complexe et les concepts qui le sous-tendent sont
difficiles à définir. Ce cadre s'est inspiré
également de la revue de littérature effectuée et accorde
une place importante au niveau de vie des ménages, aux facteurs
individuels et leurs effets sur l'accès aux soins
obstétricaux.
Il s'agit plus précisément de voir comment, avec la
faiblesse des conditions de vie des ménages, les femmes ont réagi
par rapport aux soins obstétricaux.
En effet, le contexte de résidence a une influence
directe sur l'accès aux soins obstétricaux. Cependant, cette
influence peut passer par l'environnement économique du ménage,
les caractéristiques démographiques et culturelles de la
femme.
3.2.2 Définition des principaux concepts
Les principaux concepts utilisés dans ce travail sont :
1' Recours aux soins obstétricaux,
~ Pauvreté des ménages,
~ Caractéristiques culturelles,
~ Contexte de résidence,
~ Caractéristiques démographiques,
1' Antécédents médicaux.
a) Recours aux Soins obstétricaux
De manière générale, selon l'OMS qui
constitue la référence en matière de définition des
concepts relatifs à la santé maternelle et infantile, les soins
obstétricaux comprennent généralement les soins
dispensés à la femme ou à la future mère (les
adolescentes) avant la conception, les soins dispensés pendant la
grossesse (soins prénatals) et les soins dispensés pendant et
après l'accouchement (soins post-partum). On y ajoute les soins aux
nouveaux-nés (soins postnatals), la planification familiale, les soins
en cas d'avortement et la prévention des maladies sexuellement
transmissibles dont l'infection au VIH/SIDA.
Par soins obstétricaux, nous entendons les soins
prénatals et à l'accouchement. Il s'agit des soins que l'OMS
(1991) appelle « les soins obstétricaux essentiels de base et les
soins obstétricaux complets ».
Avant la conception, il est nécessaire de faire aux
adolescentes une éducation sexuelle ou en planification familiale afin
de les amener à respecter leur corps et la vie, et à mieux
prendre conscience de leurs responsabilités. Cela leur permettra non
seulement d'éviter les grossesses non désirées, les
avortements et les MST/SIDA mais aussi d'avoir une bonne alimentation afin de
prévenir les risques d'anémie pendant leurs futures
grossesses.
En ce qui concerne les soins à l'accouchement, ils
doivent être selon l'OMS, avant tout sûrs et hygiéniques.
L'OMS recommande en outre de veiller pendant l'accouchement, à
l'hygiène personnelle de la femme qui accouche et du personnel soignant
ainsi qu'à la propreté de l'environnement et des objets
utilisés durant l'accouchement. Par ailleurs, certaines mesures
particulières devraient être prises pendant l'accouchement pour
prévenir toute infection de la patiente et du personnel soignant dans
les régions à forte prévalence des virus du Sida, de
l'hépatite B et C. Les soins à l'accouchement permettent ainsi de
vite dépister les éventuelles complications à
l'accouchement et leur meilleure prise en charge.
Dans le cadre de ce mémoire, lorsque nous parlerons de
soins obstétricaux, nous voulons signifier tous les soins que
reçoit une femme pendant la grossesse et l'accouchement et qui
concernent sa grossesse ou qui en résultent. Lorsque ces soins sont
dispensés par un personnel qualifié (médecin,
infirmière, sage-femme, accoucheuse traditionnelle formée), elles
seront dites de bonne qualité, et lorsque les soins reçus ne sont
dispensés par aucun de ces agents, les soins seront
considérés comme de mauvaise qualité.
Il faut préciser que la qualité des soins
obstétricaux, renvoie de manière plus détaillée
aussi à tous les soins dont une femme doit bénéficier pour
avoir un accouchement normal et sans beaucoup de risques de complications.
b) Caractéristiques
démographiques
Ce concept renvoie aux caractéristiques
intrinsèques des femmes notamment, l'âge, la parité
atteinte. On peut y ajouter les antécédents
médicaux qui font partie de ce que Beninguisse (2003) appelle
« le capital santé » notamment la
nature (bonne ou mauvaise) de la fréquentation passée des
services de santé, le comportement de la femme lors des grossesses
antérieures et les cas d'avortement éventuels effectués
par cette femme dans le passé.
c): Caractéristiques culturelles
Le modèle culturel désigne l'ensemble des
valeurs traditionnelles, culturelles et ancestrales auxquelles s'identifie la
femme et qui fondent ses croyances, ses comportements et sa vision des choses.
L'ethnie, le milieu de socialisation pendant l'enfance, la religion et
l'instruction sont les principales variables qui peuvent permettre
d'appréhender le modèle culturel auquel s'identifie un individu.
Dans cette étude, le modèle culturel sera apprécié
à
l'aide de niveau d'instruction de la femme, de l'ethnie, de la
religion et du milieu de socialisation de la femme pendant l'enfance.
d) Contexte
Dans cette étude, ce concept renvoie au milieu de
résidence et à la région de résidence de la
femme.
e) Le concept de pauvreté
D'une manière générale, la
pauvreté peut se définir comme l'incapacité pour un
individu ou un ménage à subvenir à ses besoins essentiels
qui sont entre autres l'alimentation, la santé, l'éducation, le
logement, etc. Selon la Banque Mondial (BM), la pauvreté existe lorsque
le niveau de vie est en dessous d'une certaine limite, le seuil de
pauvreté. Cependant, comme la pauvreté est un
phénomène multidimensionnel, sa définition bute sur
l'absence de consensus en ce qui concerne les indices qu'il conviendrait de
retenir pour mesurer correctement la situation socio-économique des
ménages, c'est-à-dire leur niveau de vie, ou le seuil, qui au
sein d'une communauté donnée, marquerait la frontière
entre les personnes pauvres et celles qui ne le sont pas.
Il existe globalement trois types d'approches pour rendre compte
de la pauvreté : l'approche monétaire, l'approche subjective et
l'approche par les conditions de vie.
> L'approche monétaire
Cette approche prend en compte l'ensemble des revenus du
ménage et cherche à définir un seuil plus adapté
qui dépend de la taille du ménage. L'approche monétaire ou
quantitative de la pauvreté dont le fondement théorique
relève de l'économie et du bien-être, définit la
pauvreté à partir d'un indicateur monétaire de niveau de
vie : revenu et/ ou consommation. La pauvreté est donc
considérée comme résultant d'une insuffisance de revenu ou
de consommation. Dubois (1994) cité par Daniel EDJO MVE (2003). On
utilise la consommation totale plutôt que le revenu total car d'une part,
elle est sujette à variation et s'avère donc être un bon
estimateur du revenu permanent et d'autre part, elle est plus facilement
mesurable par enquête Dubois (1994) cité par Daniel EDJO MVE
(2003).
Le principal problème de cette approche est que le
revenu n'est pas le seuil moyen d'accès aux ressources essentielles
surtout en milieu rural où les pratiques de solidarité sont
essentielles Noumbissi et Sanderson (1998) cités par Daniel EDJO MVE
(2003).
> L'approche subjective
L'approche subjective de la pauvreté entend contourner
ce type de problèmes. Elle se réfère non plus au jugement
de l'expert, mais aussi à l'opinion de la personne enquêtée
sur sa propre situation financière et son bien-être. Des questions
comme « pouvez-vous joindre les deux bouts ? » et « de quel
revenu nominal un ménage comme le votre doit-il disposer pour pouvoir
simplement subvenir à ses besoins ? » servent alors de
référence aux statisticiens pour définir un taux dit
subjectif de pauvreté. Cette méthode a été mise au
point par Van PRAAG (1968) cité par EDJO MVE D. (2003). Elle permet de
tenir compte de l'aspect positif que peut présenter pour un
ménage le fait d'avoir des enfants.
Elle soulève souvent de vives critiques. Ses opposants
lui reprochent d'être trop sensible à la formulation des
questions, en particulier chaque fois que l'on utilise des langues
différentes et que l'on cherche à faire des comparaisons
internationales. Cette méthode ne permet pas, non plus, de
préciser comment les répondants définissent leur champ de
référence lorsqu'on leur demande de se déterminer par
rapport à « un ménage comme le leur » ; s'agit-il d'un
ménage de même profession, ayant le même nombre d'enfants,
habitant le même quartier ?
> L'approche par les conditions de vie
Enfin, pour définir statistiquement la pauvreté,
plusieurs auteurs préfèrent se fonder sur une approche en terme
de condition de vie. Ils insistent sur l'idée que ce n'est pas le manque
de tel ou tel bien matériel élémentaire qui permet de
définir la catégorie des pauvres, mais le cumul des handicaps.
Les défenseurs de cette approche tentent de choisir des critères
conformes à la définition de bien-être et de la
participation sociale de la majorité de la population. Townsend
cité par Daniel EDJO MVE (2003), a ainsi défini douze
catégories de privation : l'alimentation, l'habillement, le chauffage et
l'électricité, l'équipement du ménage, les
conditions de logement, les conditions de travail, la santé,
l'éducation, l'environnement, les activités familiales, de
loisir, de relations sociales.
En somme, l'approche subjective et celle basée sur les
conditions de vie peuvent être regroupées en une seule approche
dite « approche qualitative » car elle rend compte de la
pauvreté humaine.
La mesure de la pauvreté se fait à partir de
plusieurs indices d'accessibilité aux services de base
nécessaires à la vie qui sont l'accès à
l'éducation et aux services de santé de base, l'accès au
logement décent et hygiénique, l'accès à une
alimentation correcte et suffisante, etc. Noumbissi et Sanderson (1999) ;
cités par Daniel EDJO MVE (2003). Ceux qui n'ont pas accès
à ces biens sont considérés comme pauvres.
Comme il existe une corrélation évidente entre
les deux types de pauvreté à savoir la pauvreté humaine et
la pauvreté monétaire, nous n'allons tenir compte dans ce
travail, que de la pauvreté humaine. Ainsi, pour saisir ce concept, nous
allons construire un indicateur composite « indice de disponibilité
des biens » Schoumaker et Tabutin (1999) ; Noumbissi et Sanderson (1998)
cités par Daniel EDJO MVE (2003) et le classement selon le niveau de vie
se fera en fonction de la disponibilité des biens
considérés.
f) Les antécédents
médicaux
Ce concept renvoie aux complications liées à la
précédente grossesse. Il permet de se rendre compte si la femme,
lors de ses précédents accouchements, a accouché par
césariennes.
3.2.3 Hypothèses de l'étude et Schéma
d'analyse
a) Hypothèses spécifiques de
l'étude
Les hypothèses spécifiques qui découlent de
cette hypothèse principale sont les suivantes, toujours à la
lumière de la littérature.
~ H1 : Nous supposons que, toutes choses
étant égale par ailleurs, les chances de la
femme de recourir aux soins obstétricaux diminuent
sensiblement avec la pauvreté du ménage ;
~ H2 : L'impact de la pauvreté du
ménage sur le recours aux soins obstétricaux est plus
marqué en milieu rural qu'en milieu urbain ;
~ H3 : L'impact de la pauvreté du
ménage sur le recours aux soins obstétricaux est plus
important chez les femmes sans niveau d'instruction que chez
leurs congénères de niveau secondaire ou plus ;
~ H4 : L'impact de la pauvreté du
ménage sur l'accès aux soins obstétricaux est plus
marqué chez les femmes musulmanes et les adeptes de
religions traditionnelles que chez leurs congénères
chrétiennes ;
~ H5 : Les femmes des ethnies Gorane, Arabe,
Ouaddaï, Baguirmi-Kanembou ont plus
de difficultés d'accéder aux soins
obstétricaux que leurs congénères des ethnies Sara et
MayoKebbi-Tandjilé.
b)
- Niveau d'instruction
- Milieu de socialisation - Religion
-Ethnie
Assistance médicale à l'accouchement
-Age de la mère à l'accouchement -
Parité
Niveau de vie des ménages
Antécédents des césariennes
Schéma d'analyse
Figure3.2 Schéma d'analyse mettant en
relation la pauvreté et l'accès aux soins obstétricaux au
Tchad
- Région de résidence - Milieu de
résidence
c) Les variables opérationnelles de
l'étude
Les concepts retenus seront opérationnalisés par un
certain nombre de variables en rapport avec les hypothèses de
l'étude :
+ la variable dépendante (variable à expliquer)
de cette étude est l'assistance médicale à l'accouchement
: `'1» si la femme a été médicalement assistée
lors de l'accouchement `'0» si elle n'a pas bénéficié
d'une assistance médicale lors de l'accouchement ;
+ Les variables indépendantes sont : région de
résidence (Nord, Centre et Sud), milieu de résidence (urbain et
rural), niveau de vie du ménage (faible, moyen et élevé),
niveau d'instruction (sans niveau, primaire et secondaire ou plus), milieu de
socialisation (N'djaména/Grandes villes, petites villes et milieu
rural), religion (chrétienne, musulmane et animiste/sans religion),
ethnie (gorane, arabe, ouaddaï, Baguirmi/Kanembou, Fitri/Batha,
Hadjaraï-Iro, Sara et Mayo- Kebbi-Tandjilé), âge de la
mère à l'accouchement (<20 ans, 20-34 ans et 35 ans et plus),
parité (primipares, multipares et grandes multipares),
antécédents des césariennes (oui et non).
2.2.4 Présentation des variables de
l'étude
a) La variable dépendante
La variable dépendante `'assistance médicale
aux soins obstétricaux» est une variable dichotomique dont les
modalités sont : (1) a été assistée, (0) n'a pas
été assistée. Elle permet de saisir l'assistance
médicale des femmes à l'accouchement.
.
b) Variable assistance médicale à
l'accouchement
Nous avons combiné les indicateurs de l'assistance
médicale à l'accouchement par le personnel qualifié de
santé pour construire l'indicateur accès aux soins
obstétricaux. Ainsi, lorsque la femme a été
assistée pendant l'accouchement du dernier enfant par un docteur, un
infirmier ou une infirmière, un aide-soignant ou une sage-femme, une
matrone ou une accoucheuse traditionnelle formée. Ce personnel
qualifié de santé auprès duquel une femme a eu une
assistance médicale pendant l'accouchement du dernier enfant a permis la
construction de notre variable dépendante qui est « assistance
médicale à l'accouchement ». Cette variable a pour but de
rendre compte de niveau d'accès aux soins pendant l'accouchement par les
femmes dans un contexte de pauvreté, en d'autres termes les femmes
vivant dans les ménages ayant un niveau de vie précaire
sont-elles assistées par un personnel de santé qualifié
lors de l'accouchement de leur dernière grossesse que leurs homologues
dans des ménages ayant un niveau de vie élevé.
Variables Modalités
Matériaux des murs Pailles
Dur
Matériaux du toit Pailles
Tôles
Béton
Matériaux du sol Terre
Ciment Carreaux
Eau de boisson Eau de surface
Puits
Fontaine
Type de toilettes Nature
Latrines Chasse eau
Possession de radio Non
Oui
Possession de cheval ou chameau
Possession de vélo Non
OuiPossession d'électricité Non
OuiPossession de télévision Non
OuiPossession d'un réfrigérateur Non
OuiPossession de moto Non
Oui
Non
Oui
Assistance médicale à
l'accouchement=5*m3a$1+ 4*m3b$1+ 3*m3c$1+ 2*m3d$1+ m3f$1.
c) Construction de l'indicateur de niveau de
vie
Notre indicateur de niveau de vie est construit à
partir des informations relatives aux matériaux de construction des
murs, du plancher et du toit, de la possession de certains biens
(électricité, radio, télévision,
réfrigérateur, bicyclette, motocyclette, téléphone,
chameaux, chevaux, pirogue, voiture), au mode d'approvisionnement en eau de
boisson et du type d'aisance.
Tableau 3.4 Informations et pondération
utilisées pour la construction de l'indicateur des conditions de vie des
ménages
|
Possession de voiture Non
Oui
|
|
|
|
|
Source traitement des données de l'EDS
Tchad 2004
NB Le niveau de vie= nature des
matériaux des murs + nature des matériaux du toit + nature des
matériaux du sol + source d'approvisionnement en eau de boisson + type
de toilettes + biens disponibles (radio, cheval ou chameau, vélo,
électricité, télévision,
réfrigérateur, moto, voiture).
Plusieurs de nos variables qui sont entrées dans la
construction de notre indicateur niveau de vie enregistrent des pourcentages de
réponses valides de 100%. Aucune valeur manquante n'a atteint 2%. Ce qui
nous permet d'affirmer que la qualité de notre indicateur niveau de vie
a été relativement bonne.
Le niveau de vie est un élément de
différentiation des individus. A ce titre, il permet d'expliquer bon
nombre de comportements et d'attitudes des individus. Traditionnellement, le
niveau de vie se mesure à partir du revenu. L'on définit ainsi
des tranches de revenus qui permettent de catégoriser les individus
selon leur niveau de revenu (c'est l'approche monétaire). Nous voyons
bien que cette classification nécessite que l'on dispose d'une variable
qui indique le revenu de chaque individu. La difficulté de pouvoir
disposer d'une telle variable dans les pays en développement
amène souvent à utiliser les caractéristiques des
logements et la possession de certains biens (approche non monétaire),
plus faciles à obtenir.
Dans le cadre de cette étude, nous avons donc
opté pour l'approche non monétaire. Pour ce faire, nous avons
retenu parmi les caractéristiques des logements, la nature du sol, le
type de toilettes et la source d'approvisionnement en eau. Nous avons
ajouté à ces variables la possession de certains biens tels que
le réfrigérateur, le téléphone, la voiture, la moto
et le poste téléviseur, le cheval ou le chameau. Chacune des
modalités de ces variables a été dichotomisée et
introduite dans la procédure FACTOR du logiciel SPSS/ SOUS DOS. Cela
nous a permis d'obtenir trois quintiles de niveau de vie qui sont : le niveau
de vie faible, le niveau de vie moyen et le niveau de vie
élevé.
25,2
Faible Moyen Elevé
18
56,8
Graphique 3.1 répartition des
ménages enquêtés selon les conditions de vie
Source traitement des données de l'EDS
Tchad 2004
3.3 Sources et évaluation des données
3.3.1 Présentation des données
Les données de base de cette étude proviennent
de la deuxième enquête démographique et de santé du
Tchad (EDST-II) réalisée par l'Institut National de la
Statistique, des Etudes Economiques et Démographiques (INSEED) du
Ministère de l'Economie, du Plan et de la Coopération avec
l'assistance technique de Macro International. Cette enquête a
été financée par le Gouvernement tchadien grâce
à ses propres ressources, par la Banque Mondiale à travers le
Projet d'Appui au secteur de santé (PASS).
3.3.1.1 Objectif de l'EDST-II
La deuxième Enquête démographique et de
Santé au Tchad (EDST-II), réalisée auprès d'un
échantillon national de femmes de 15-49 ans et d'hommes de 15-59 ans,
vise à atteindre un certain nombre d'objectif dont les principaux sont
:
· Recueillir des données à
l'échelle nationale et par milieu de résidence permettant de
calculer divers indicateurs démographiques, en particulier les taux de
fécondité et de mortalité infantile et juvénile
;
· Mesurer le niveau de mortalité maternelle au
niveau national ;
· Analyser les facteurs directs et indirects qui
déterminent les niveaux et tendances de la fécondité,
telles que les structures du ménage et l'utilisation de la contraception
;
· Identifier les catégories de femmes
susceptibles d'avoir plus ou moins d'enfants
susceptibles d'utiliser la contraception ;
· Mesurer les taux de connaissance et de pratique
contraceptive par méthode, selon diverses caractéristiques
sociodémographiques des femmes et des hommes ;
· Recueillir des données détaillées
sur la santé maternelle et infantile : visites prénatales,
assistance à l'accouchement, allaitement, vaccination, supplément
en vitamine A, prévalence et traitement de la diarrhée et
d'autres maladies chez les enfants de moins de cinq ans;
· Evaluer le niveau de consommation de sel iodé
;
· Déterminer l'état nutritionnel des
mères et des enfants de moins de cinq ans au moyen des mesures
anthropométriques (poids et taille) ;
· Recueillir des données détaillées
sur la connaissance, les opinions et attitudes des femmes et des hommes
vis-à-vis des Infections Sexuellement Transmissibles (IST) et du
VIH/sida ;
· Recueillir des données sur les handicaps, le
travail des enfants et l'enregistrement des naissances à
l'état-civil ;
· Recueillir des informations sur les connaissances et
pratiques de l'excision et de l'ablation de la luette et de l'opinion des
femmes et des hommes par rapport à ces pratiques.
De plus, EDST-II fournit des informations sur la
disponibilité et l'accessibilité des services
socioéconomiques et sanitaires au niveau des communautés.
Ces informations sont significatives au niveau national, au
niveau du milieu de résidence (N'djaména, autres villes, et
milieu rural) et au niveau des zones de résidence qui constituent
chacune un regroupement de régions qui partagent des us et coutumes et
des liens historiques. Les 18 régions sont regroupées comme suit
:
· Zone 1 : N'djaména
· Zone 2 : BET, Kanem et Lac.
· Zone 3 : Batha, Guéra et Salamat.
· Zone 4 : Ouaddaï et Wadi Fira.
· Zone 5 : Hadjer Lamis et Chari Baguirmi.
· Zone 6 : Mayo Kebbi Est et Mayo Kebbi Ouest.
· Zone 7 : Logone Occidental, Logone Oriental et
Tandjilé.
· Zone 8 : Mandoul et Moyen Chari.
3.3.1.2 Echantillonnage
L'échantillon de l'EDST-II est un échantillon
représentatif au niveau national, basé sur un sondage par grappes
stratifié à deux degrés. Au premier degré, 196
grappes ont été tirées à partir de la liste des
zones de dénombrement (ZD) établie lors du Recensement
Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) de 1993. Toutes
les grappes sélectionnées ont fait l'objet d'un
dénombrement exhaustif des ménages. Au deuxième
degré, des ménages ont été tirés à
partir de la liste des ménages établie lors de l'opération
de dénombrement. Toutes les femmes âgées de 15 à 49
ans (résidentes habituelles ou visiteuses) qui se trouvaient dans les
ménages ont été enquêtées. En plus, dans un
ménage sur trois, tous les hommes de 15 à 59 ans
(résidents habituels ou visiteurs) ont été
enquêtés.
Au cours de l'enquête, réalisée sur le
terrain du 23 juillet au 10 décembre 2004, les 196 grappes
sélectionnées dans l'échantillon ont pu être
enquêtées. Au total sur 5 512 ménages qui ont
été sélectionnés, 5 369 ont pu être
enquêtés avec succès, soit un taux de réponse de
99%.
A l'intérieur de 5369 ménages
enquêtés, 6 262 femmes âgées de 15-49 ans ont
été identifiées comme éligibles pour
l'enquête individuelle et, pour 6 085 d'entre elles, l'interview a pu
être menée à bien. Le taux de réponse
s'établit donc à 97% pour l'enquête auprès des
femmes. L'enquête homme a été réalisée dans
un ménage sur trois : au total, 1999 hommes de 15-59 ans ont
été identifiés dans les ménages du
sous-échantillon. Parmi ces 1999 hommes devant être
interviewés individuellement, 1887 ont été
enquêtés avec succès, soit un taux de réponse de
94%. Quelque soit le sexe, les taux de réponse en milieu rural sont
légèrement élevés que ceux obtenus en milieu
urbain.
L'analyse des résultats provenant de l'enquête
sur la disponibilité des services communautaires a mis en
évidence les difficultés d'accès des femmes aux
établissements de santé, en particulier ceux offrant des services
de santé maternelle et infantile et surtout en milieu rural.
Dans le cadre de notre étude, nous nous
intéressons exclusivement aux femmes âgées de 15 à
49 ans, ayant accouché 2 ans au plus avant l'enquête, ce qui
correspond à une taille d'échantillon de 1 860 personnes. C'est
la population cible de notre étude.
Effectifs des ménages, des femmes et des hommes
sélectionnés, identifiés et enquêtés, et taux
de réponse selon le milieu de résidence, EDST-II, 2004
Enquête Résidence
N'djaména Autres Ensemble
villes urbain
Rural Total
Enquête ménage
Ménages sélectionnés Ménages
identifiés Ménages enquêtés
Taux de réponse (ménages)
Enquête femme Femmes éligibles
Femmes enquêtées
1 200 1 185 1 169 98,6
1 392 1 324 95,1
1 344 1 318 1 311 99,5
1 594 1 562 98,0
2 544 2 503 2 480 99,1
2 986 2 886 96,7
2 968
2 896
2 889
99,8
3 276
3 199
97,6
5 512
5 399
5 369
99,4
6 262
6 085
97,2
Taille de l'échantillon de l'étude
606 614 1220 640 1 860
Tableau 3.1 Taille et couverture de
l'échantillon
Source : Traitement des données de l'EDS
Tchad, 2004
3.3.1.3 Population cible et informations
recueillies
La population cible de cette étude est celle en âge
de procréer c'est-à-dire les femmes âgées de 15
à 49 ans.
Afin d'atteindre les objectifs fixés, quatre types de
questionnaires ont été utilisés :
a) Le questionnaire ménage ;
b) Le questionnaire individuel femme ;
c) Le questionnaire individuel homme ;
d) Le questionnaire communautaire.
Les questionnaires ménage et individuel ont
été adaptés à partir du questionnaire modèle
B du programme MEASURE DHS+ pour les pays à faible prévalence
contraceptive. Dans le cadre de notre étude, nous avons utilisé
le questionnaire individuel femme.
Parmi les neufs sections de ce questionnaire, seules les
sections1 (Caractéristiques sociodémographiques de
l'enquêtée) et section 4a (Grossesse, soins prénatals et
allaitement) nous ont intéressés.
Dans la section 4a (Grossesse, soins prénatals et
allaitement), figurent les questions sur la santé des enfants mis au
monde par chaque femme pendant les cinq dernières années ayant
précédé l'enquête. Nous nous intéresserons
parmi ces naissances à la dernière naissance.
Pour ce qui concerne la dernière naissance, parmi les
questions qui ont été posées à la femme, celles qui
nous permettront d'appréhender l'accès aux soins sont les
suivantes:
Q407: Pour cette grossesse avez-vous reçu des soins
prénatals ? Si oui, qui avez-vous consulté ?
Q425: Qui vous a assisté pendant l'accouchement de votre
dernier enfant ?
Q426: Où avez-vous accouché ?
Q427: Avez-vous accouché par césarienne ?
Q427A: Quelle est la raison principale pour laquelle vous n'avez
pas accouché dans un établissement sanitaire ?
Q428 : Après la naissance de cet enfant, est-ce que vous
êtes allée en consultation pour être examinée ?
Q429 : Après combien de jours ou semaines après
l'accouchement avez-vous eu votre premier examen de santé ?
3.3.1.4 Justification de l'approche retenue.
Il existe sur le plan opérationnel, de deux
méthodes permettant d'étudier la fréquentation des
services obstétricaux : l'approche par les naissances selon que
l'unité d'analyse est constituée par les naissances et l'approche
par les femmes selon que l'unité d'analyse est constituée par les
femmes.
L'approche par les naissances ou birth-based approach,
consiste à effectuer l'étude avec un fichier constitué par
les naissances survenues au cours des trois ou cinq dernières
années précédant l'enquête. Cette approche est plus
pertinente dans le cadre d'une étude visant la santé des enfants.
Du fait qu'elle porte sur un échantillon de grande taille, elle permet
de limiter les erreurs aléatoires dues aux petits nombres. Cependant,
cette approche suppose une indépendance entre les naissances d'une
même femme, ce qui n'est pas le cas dans la réalité. En
effet, une femme qui a eu le recours à l'appareil médical pour la
surveillance de sa première grossesse peut observer le même
comportement pour les autres grossesses, Beninguisse (2003), comme elle peut
aussi ne pas en observer. Cette approche ne
Niveau d'instruction de la femme
variables Réponses valides Valeurs manquantes Taux de non
réponse
(%)
Parité atteinte 6085 0 0,00
Région de résidence 6085 0 0,00
Ethnie 6080 5 0,08
Religion 6083 2 0,03
Age 6085 0 0,00
Milieu de résidence 6085 0 0,00
Milieu de socialisation
6085 0 0,00
6085 0 0,00
permet donc pas de mettre en relation les comportements
sanitaires des femmes et les risques de complications ou de décès
pouvant survenir suite à un comportement sanitaire inadéquat.
L'approche par les femmes ou women-based approach porte quant
à elle sur les femmes. Cette approche contrairement à celle par
les naissances, permet d'identifier les femmes qui, suite à un
comportement sanitaire inadéquat, sont susceptibles d'éprouver
une issue défavorable de grossesse, Beninguisse (2003). C'est donc
l'approche la plus appropriée pour notre étude. En effet,
l'accès médical aux soins obstétricaux et les risques qui
en découlent pour la santé de la mère et de l'enfant
dépendent des comportements de la femme pendant la grossesse et
l'accouchement.
3.3.2 Evaluation de la qualité des
données
Avant toute analyse, il est important d'évaluer la
qualité des données. L'évaluation de la qualité des
données permet d'apprécier la cohérence interne des
données et même leur cohérence externe. En effet, pour la
fiabilité des résultats issus des analyses, les données
à utiliser doivent être de bonne qualité. Pour être
acceptables, les données à utiliser doivent avoir un taux de
non-réponse inférieur à 10 %.
Pour évaluer la qualité des données dans
le cadre de ce travail, nous examinerons dans un premier temps les taux de
réponse des différentes variables et dans un second temps nous
évaluerons la qualité des données sur l'âge.
3.3.2.1 Examen des taux de réponse des
principales variables
Tableau 3.2 Taux de réponse des
différentes variables
Source : traitement des données de l'EDS
Tchad, 2004
Ce tableau montre que dans l'ensemble, les données
concernant les variables de notre étude sont de qualité
acceptable.
3.3.2.2 Evaluation de la qualité des
données sur l'âge
Pour évaluer la qualité des données sur
l'âge, nous aurons recours à deux méthodes pour
évaluer la qualité des données sur l'âge : la
méthode graphique et la méthode statistique.
a) Méthode graphique
Cette méthode consiste à construire la pyramide
des âges à l'aide de la répartition par âge et par
sexe des individus des ménages enquêtés et à
observer si l'allure de la pyramide est régulière ou pas.
Mais avant de construire la pyramide des âges, il
convient d'examiner la courbe des effectifs par âge et par sexe. Cette
courbe, comme l'indique le graphique ci-dessous montre de fortes
irrégularités dans la déclaration de l'âge, surtout
au niveau des âges ronds, en témoignent les pics qui sont plus
élevés au niveau des âges terminés par 0 ou 5. Ce
graphique montre par ailleurs qu'entre 15 et 45 ans, les pics sont plus
élevés pour les individus de sexe féminin, ce qui pourrait
traduire une mauvaise déclaration des âges de ces
dernières.
Graphique 3.1 Courbe des effectifs par âge
et par sexe
Population par âge et par sexe
Effectif de la population
|
700 600 500
|
|
|
|
400
|
|
Male Female
|
300 200 100
0
|
|
|
Age
Source Traitement des données de l'EDS
Tchad, 2004
On observe sur le graphique ci-dessus une diminution des
effectifs en « dents de scie ». Les saillies et les creux
dénotent une mauvaise déclaration des âges. D'une
manière générale, la population enquêtée a
une préférence pour les âges se terminant par 0 et 5. Les
âges ronds et semi-ronds sont plus attractifs chez le sexe féminin
que le sexe masculin. Pour minimiser les biais que peuvent entraîner
l'imprécision de la déclaration des âges dans
l'interprétation des résultats, nous avons procédé
à un regroupement des effectifs par groupe d'âges quinquennaux. Ce
procédé a conduit à la construction d'une pyramide des
âges permettant d'analyser l'évolution des structures par
âge des deux sous-populations (masculine et féminine). La pyramide
des âges est un instrument privilégié de l'analyse de la
qualité des données car la répartition par âge et
par sexe d'une population obéit à de certaines règles
Djourdebbé et Bonkoungou (2005).
En procédant à un regroupement en groupes
d'âges quinquennaux des âges, on parvient à réduire
les effets néfastes de cette mauvaise déclaration de l'âge.
Cette opération a abouti à la construction de la pyramide des
âges ci-dessous.
Graphique3.2 Pyramide des âges de la
population des ménages enquêtés lors de l'EDST-II
Population par age et sexe
3 000
|
2 500
|
2 000
|
1 500
|
1 000
|
500
|
0
|
0
|
500
|
1 000
|
1 500
|
2 000
|
2 500
|
3 000
|
Hommes
70+
60-64
50-54
40-44
30-34
20-24
10-14
0-4
Femmes
Population
Source: Traitem ent des données de l'EDST-II, 2004
(Tchad).
Cette pyramide des âges a une allure
quasi-régulière, en forme triangulaire avec une base large et un
sommet rétrécit. Cette allure est propre aux pays africains
à forte fécondité et mortalité. De même, elle
traduit de la jeunesse de la population tchadienne. Au regard de son allure,
nous pouvons présumer que les données sur l'âge sont de
qualité acceptable pour notre étude.
b) Les méthodes statistiques
Ces méthodes font recours à certains indices pour
évaluer l'attraction ou la répulsion observée dans la
déclaration de certains âges. Il s'agit notamment des indices de
Whipple, de
Myers, de Bachi et de l'indice combiné des Nations unis.
Dans le cadre de notre étude nous utiliserons les indices de Whipple et
de Myers.
L'indice de Whipple (Iw) permet de mettre en
évidence les distorsions dans la déclaration de l'âge
provenant de l'attraction pour les chiffres 0 et 5 au sein du groupe
d'âge 23-62 ans.
Si Iw=0, il y a répulsion totale du 0 et du
5 ; si Iw<1, il y a répulsion pour le 0 et le 5 ; si
Iw=1, il n'y a aucune préférence ; si
1<Iw<5, il y a attraction et cette attraction est d'autant
plus forte que Iw est voisin de 5 ; si Iw=5, tous les
âges enregistrés se terminent par 0 et 5 Roger G. et
collaborateurs (1981) cités par Tollegbé (2004).
Quant à l'indice de Myers (Im), il mesure
l'attraction ou la répulsion pour les âges terminés par les
chiffres allant de 0 à 9.
L'indice de Myers varie entre 0 et 180. Si Im=0, il
n'y a aucune distorsion sur les âges tandis que si Im=180,
cela signifie que tous les individus ont un âge terminé par le
même chiffre.
Les résultats du calcul de ces deux indices
effectué à l'aide de la procédure SINGAGE du logiciel PAS,
sont consignés dans le tableau suivant.
Tableau 3.3 Tableau récapitulatif des
valeurs des indices de Whipple et de Myers selon le sexe et pour l'ensemble de
la population (EDS Tchad, 2004)
Hommes Femmes Ensemble
Indice de Whipple 1,93 1,97 1,95
Indice de Myers 33,5 32,3 33,0
0 8,5 8,6 8,6
1 -4,1 -4,5 -4,3
2 0,7 1,3 1,0
3 -3,4 -2,9 -3,2
4 -2,9 -1,4 -2,2
5 6,3 6,1 6,2
6 -1,5 -2,3 -1,8
7 -1,4 -1,7 -1,5
8 1,2 0,2 0,7
9 -3,5 -3,4 -3,4
Les calculs ont conduit comme l'indique le tableau ci-dessus,
à des indices de Whipple de 1,93, 1,97et 1,95 respectivement pour les
individus de sexe masculin, ceux de sexe féminin et pour l'ensemble.
Nous constatons que quelque soit le sexe, l'indice de Whipple est compris entre
1 et 5. Il y a donc attraction pour les chiffres 0 et 5 et cette attraction est
plus forte chez les individus de sexe masculin que chez ceux de sexe
féminin. Néanmoins, le fait que cet indice soit plus proche de 1
que de 5 permet de penser qu'en dépit des irrégularités
qui pourraient exister au niveau de la déclaration de l'âge, cette
dernière est acceptable.
Les indices de Myers obtenus par sexe et pour l'ensemble sont
respectivement de 33,5 et 32,3 pour les individus de sexe masculin et ceux de
sexe féminin et de 33,0 pour l'ensemble. Ces indices sont plus proches
de 0 que 180, ce qui conforte la conclusion tirée cidessus quant
à la nature acceptable des données sur l'âge. Cependant,
ces indices permettent d'affiner davantage l'analyse par rapport à
l'indice de Whipple. En effet, bien que l'attraction pour les âges
terminés par les chiffres 0 et 5 soit confirmée, l'indice de
Myers permet de constater que les individus de sexe masculin ont un attrait
plus marqué pour les âges terminés par le chiffre 0 alors
que ceux de sexe féminin sont plus attirés par les âges
terminés par le chiffre 5. Par ailleurs, l'indice de Myers fait
ressortir une répulsion pour les âges terminés par les
chiffres 1, 4 et 9.
Dans l'ensemble, bien que nous puissions déplorer la
nature très grossière des données sur l'âge, nous
pensons que ces dernières sont quand même acceptables et
n'entraveront pas significativement les résultats de nos analyses.
c) Sources d'erreurs
Les statistiques démographiques comme toutes les
statistiques issues des enquêtes ou toutes autres sources comportent des
erreurs qui sont dues entre autres à la méthodologie de collecte
de données utilisées et aux difficultés pour les
enquêtées de se souvenir des événements
passés. Le défaut de mémoire combiné au faible
niveau d'instruction des enquêtées conduit le plus souvent
à des déclarations erronées des événements.
Les EDS étant des enquêtes à caractère
rétrospectif, les données recueillies sur cette base ne peuvent
qu'être entachées d'erreurs. D'où la
nécessité d'évaluer la qualité de ces
données afin de les ajuster au cas où elles s'avèrent
défectueuses en vue de leur utilisation comme base d'estimation.
Les données qui seront utilisées pour cette
étude ne sont pas parfaites, elles présentent quelques
imperfections. La critique que nous pouvons formuler est la surestimation de
l'effectif des femmes qui n'ont pas été assistées
médicalement au dernier accouchement. Cette estimation aura pour
explication le manque criard de centres de santé maternelle et infantile
d'une part et d'autre part, l'insuffisance quantitative du personnel de
santé qualifié.
3.4 Méthodes d'analyse
L'analyse comportera un volet descriptif et un volet
explicatif. Pour le volet descriptif, nous utilisons l'analyse bivariée,
particulièrement les tableaux croisés avec la statistique du
khi-deux et pour l'explication, nous utilisons l'analyse de régression
logistique. Les tableaux
croisés permettent de tester la liaison ou
l'association entre deux variables. Ils serviront donc à décrire
les comportements thérapeutiques des femmes pendant la grossesse et
l'accouchement. Pour ce faire, on va se fixer un seuil d'erreur à 5%. On
calculera ensuite une probabilité qui, dans le cas où elle est
inférieure au seuil fixé, nous permettra de conclure qu'il existe
une association entre les deux variables qui seront mises en relation. Dans le
cas contraire, nous dirons que les deux variables ne sont pas liées ou
associées.
La régression logistique, qui est une méthode
multivariée (ou multidimensionnelle), nous semble appropriée pour
rechercher les déterminants d'un recours de qualité aux soins par
les femmes avant et pendant l'accouchement. En effet, elle s'utilise dans des
analyses de type explicatif, Elle est d'autant plus indiquée que les
variables à expliquer (variables dépendantes) sont dichotomiques.
Chaque modalité sera ensuite considérée comme une variable
dichotomique à modalités `' oui `' (1) et `' non `' (0).
a) Principes de la méthode de régression
logistique
Soit Y une variable dépendante et Xk
(k=1, 2, ....n) n variables indépendantes. La nature de la variable
Y est dichotomique (prend la valeur 1 pour la modalité
étudiée et 0 sinon).
La variable dépendante doit être une variable
qualitative et dichotomique (ayant deux modalités : 0 et 1) comme le cas
de notre variable dépendante. En effet pour une femme ayant
été assistée au moins pendant l'accouchement pour sa
dernière naissance, deux cas de figure peuvent se présenter :
soit les soins pendant l'accouchement de cette dernière naissance seront
donnés par un personnel de santé (assistance=1) ou ne le seront
pas (assistance=0).
Les variables indépendantes peuvent être
quantitatives ou catégorielles, mais toutes les modalités de ces
variables doivent être dichotomisées avant leur introduction dans
le modèle. La modalité de référence ne doit pas
être introduite dans le modèle. Si P est la probabilité
pour que l'événement (assistance médicale à
l'accouchement) se réalise, 1-P est la probabilité pour que cet
événement ne se réalise pas (c'est à dire la non
assistance médicale à l'accouchement).
Le modèle de régression logistique permet
d'écrie l'équation:
p
Z = log( )
p
· ou bien sous la forme multiplicative z
1 -p
e =
p
|
|
e
|
z
|
|
1
|
-
|
e
|
z
|
p
La statistique z
e =
1 -p
|
= Odds ratio ou « rapport de chances ».
|
La régression logistique fournit, entre autres, le
nombre d'observations, la probabilité du Khi2 associée
au modèle, le pouvoir prédictif du modèle (pseudo
R2), les rapports de chances (Odds ratios) le seuil de signification
(P>|z|) des paramètres (coefficients â ou Odds ratios), et
enfin l'intervalle de confiance des paramètres pour chacune des
modalités des variables introduites dans le modèle. Ces
différents paramètres facilitent l'interprétation des
résultats.
b) L'interprétation des résultats se fait
comme suit
La probabilité du Khi2 associée au
modèle permet de se prononcer sur l'adéquation du modèle
utilisé.
Dans le cas de la présente étude, le
modèle sera jugé adéquat lorsque la probabilité
associée au Khi2 sera inférieure ou égale
à 5%. Le pseudo R2 détermine le pouvoir
prédictif du modèle, c'est-à-dire la contribution du
modèle dans l'explication de l'assistance médicale à
l'accouchement. Par ailleurs, en ce qui concerne le risque de l'accès
aux soins, le modèle de régression logistique fournit pour chaque
variable introduite dans l'équation une probabilité (P > | t
|) qui indique la probabilité de signification du paramètre
relatif à la modalité considérée. Lorsque cette
probabilité est inférieure à 5%, nous considérons
qu'il existe une assistance différentielle des soins obstétricaux
entre les femmes présentant la caractéristique de la
modalité considérée et celles de la modalité de
référence. L'écart de risque est calculé à
partir des rapports de chance (Odds ratio ou OR). Lorsque le rapport de chance
est inférieur à 1, les femmes ayant la caractéristique de
la modalité considérée de la variable explicative ont ((1
- OR)*100) % moins de risque (ou de chance) que leurs homologues de la
modalité de référence de réaliser
l'événement. Lorsque le rapport de risque est supérieur
à 1, cela signifie que les femmes appartenant à la
modalité considérée de la variable explicative courent OR
fois plus le risque de subir l'évènement accès aux soins
obstétricaux ou ((OR - 1)*100) % fois moins le risque de subir cet
évènement.
Synthèse du chapitre
L'objet de ce chapitre était de préciser la base
théorique, de présenter la source des données, les
modèles statistiques et d'évaluer la qualité des
données.
Le cadre conceptuel retenu a été inspiré
de la revue de la littérature qui a conduit à examiner un certain
nombre de facteurs évoqués par la plupart des auteurs ayant
traité de l'accès aux soins obstétricaux. Une revue
thématique de la littérature nous a permis de formuler nos
hypothèses en tenant compte des variables disponibles par rapport
à notre fichier d'analyse.
Dans l'évaluation de la qualité de
données, l'élément essentiel à relever est que,
bien que les âges ne soient pas parfaitement déclarés, les
données de l'EDST 2004 sont dans l'ensemble de qualité acceptable
pour se prêter à des analyses statistiques adéquates
surtout que les taux de réponses sont très élevées.
Ainsi, grâce à des analyses descriptives et explicatives, nous
allons essayer de tester la validité de nos hypothèses et
répondre aux questions qui ont suscité la réalisation de
cette étude scientifique. Le prochain chapitre présente l'analyse
descriptive de l'influence de la pauvreté sur le recours aux soins
obstétricaux.
Variables explicatives Recours aux soins obstétricaux
Effectif Pourcentage (%)
Niveau de vie du ménage ***
Faible Moyen Elevé Total
Région de résidence ***
Nord Centre Sud Total
216 442 928 1586
28,3 35,1 55,0 42,7
Milieu de résidence ***
Niveau d'instruction ***
Sans niveau Primaire Secondaire ou plus
994 448 142
34,3 68,4 91,6
319 745 522 1586
21,1 48,9 77,6 42,7
Urbain Rural Total
|
567
1020 1587
|
|
80,7 33,9 42,8
|
|
Chapitre IV Analyse descriptive de l'influence de la
pauvreté sur l'accès aux soins obstétricaux au Tchad
Introduction Ce chapitre portera sur
l'analyse descriptive des données en mettant l'accent sur l'association
entre la pauvreté et l'assistance médicale pendant
l'accouchement. Dans un premier temps, nous allons décrire les
variations de l'assistance médicale à la dernière
grossesse et au dernier accouchement des femmes tchadiennes en fonction du
niveau de vie de leur ménage.
Dans un second temps, nous tenterons d'évaluer les
effets de l'accès aux soins obstétricaux à travers le
niveau d'instruction de la femme, son milieu de résidence, son milieu de
socialisation, son ethnie, sa religion, sa parité, son âge et bien
d'autres.
Le recours aux soins prénatals et la nature de
l'assistance lors de la grossesse et de l'accouchement sont les
éléments clés de l'accès médical à la
dernière grossesse et au dernier accouchement.
Tableau 4.1 Recours aux soins médicaux
lors de l'accouchement selon le niveau de vie du ménage, la
région de résidence, le milieu de résidence, le niveau
d'instruction de la femme, l'âge de la mère à
l'accouchement, la parité, les antécédents de
césariennes, l'ethnie, le milieu de socialisation.
Total 1584 42,7
Religion de la femme ***
867 657 63 1587
58,5 31,8 39,1 42,8
Chrétienne Musulmane Animiste/sans religion Total
Milieu de socialisation ***
239 328 1020 1587
87,2 76,5 33,9 42,8
N'djaména/Grandes villes Petites villes
Rural
Total
Appartenance ethnique ***
53 117 53 246 38 114 582 104 1307
34,2 25,7 16,8 46,4 23,3 34,2 64,0 33,9 41,3
Gorane
Arabe
Ouaddaï Baguirmi/Kanembou Fitri/Batha Hadjaraï/Iro
Sara Mayo-Kebbi-Tandjilé Total
Age de la mère à l'accouchement ***
<20 ans 20-34 ans
35 ans ou plus Total
586 693 308 1587
47,0 41,6 38,5 42,8
Parité atteinte ***
Antécédents des césariennes
Primipares Multipares
Grandes multipares Total
Non Oui Total
316
|
54,7
|
823
|
41,0
|
448
|
39,8
|
1587
|
42,8
|
|
***
|
1569
|
42,5
|
17
|
100,0
|
1586
|
42,7
|
(*) : Proba= 0,10 ; (**) : Proba=0,05 ; (***) : Proba=0,01 ; (ns)
: non significatif ; seuil de référence :
Proba=0,05.
Source : Traitement des données de l'EDS
Tchad, 2004.
4.1 Interprétation des résultats
bivariés relatifs au recours aux soins médicaux lors de
l'accouchement
La surveillance médicale de la grossesse et de
l'accouchement revêt une grande importance en ce qui concerne le risque
de morbidité et de mortalité maternelle et infantile.
Faible Moyen Elevé
21,1
48,9
77,6
Elle permet à la mère et au nouveau-né
d'augmenter leurs capacités de résistance contre les maladies.
Les soins prénatals permettent de suivre de
façon régulière et efficace les conditions
d'évolution et de développement de la grossesse par la
surveillance de la croissance du foetus, le dépistage des anomalies qui
peuvent mettre en danger sa survie et la surveillance de la santé de la
mère.
4.1.1 Le niveau de vie du ménage
Le test du khi-deux montre une association très
significative à 1% entre le niveau de vie du ménage dans lequel
vit une femme et le recours aux soins lors de l'accouchement, on peut
présumer que cette variable est cruciale dans l'explication de la
qualité de l'assistance médicale lors de l'accouchement. En
effet, les femmes de niveau de vie élevé sont celles qui ont plus
bénéficié de l'assistance médicale lors de
l'accouchement. Elles représentent 78% environ de l'ensemble des femmes
qui ont été assistées lors de l'accouchement contre 21%
environ de celles qui vivent dans des ménages de niveau de vie faible et
49% environ de celles vivant dans des ménages ayant un niveau de vie
moyen. Compte tenu de la pauvreté criarde que vivent les femmes
tchadiennes, ces dernières éprouvent des difficultés pour
avoir accès au suivi ou avoir accès à une assistance
médicale lors de l'accouchement. Pour les femmes tchadiennes, vivre dans
cette pauvreté constitue un obstacle majeur de l'accès à
une assistance médicale pendant la grossesse et lors de
l'accouchement.
L'hypothèse (H1) est confortée.
Graphique 4.1 pourcentage des femmes ayant eu
recours médical aux soins pendant l'accouchement selon le niveau de vie
du ménage
Sans niveau Primaire Secondaire
34,3
68,4
91,6
4.1.2 Le niveau d'instruction de la femme
L'association entre le niveau d'instruction de la femme et
l'assistance médicale lors de l'accouchement est fortement
significative. En effet, au seuil de signification de 1%, les femmes de niveau
secondaire ou plus bénéficient plus de l'assistance
médicale de qualité à la grossesse et lors de
l'accouchement que celles de niveau primaire et celles sans niveau. L'analyse
bivariée révèle que plus le niveau d'instruction augmente,
plus les femmes sont susceptibles d'avoir une assistance de qualité
pendant la grossesse et lors de l'accouchement. Le niveau d'instruction ou
caractéristique de modernité culturelle est la variable
individuelle la plus fortement corrélée avec l'assistance
médicale lors de l'accouchement. L'analyse entre les variables fait
ressortir le fait que plus le niveau d'instruction augmente, plus les femmes
ont tendance à consulter un personnel médical relativement
tôt pendant la grossesse. En effet, les femmes de niveau secondaire ou
plus représentent 92% environ de l'ensemble des femmes ayant
bénéficié d'une assistance médicale lors de
l'accouchement contre 68% des femmes de niveau primaire et 34% de celles sans
niveau d'instruction.
L'hypothèse (H3) est confortée.
Graphique 4.2 Pourcentage des femmes ayant eu un
recours médical aux soins pendant l'accouchement selon le niveau
d'instruction de la femme
Source Traitement des données de l'EDS
Tchad, 2004.
87,2
76,5
33,9
N'djaména/Grandes villes Petites villes
Rural
4.1.3 Le milieu de socialisation
Fortement significatives à 1%, les différences
selon le milieu de socialisation pendant l'enfance font apparaître le
fait que plus on est socialisé en milieu urbain, plus on adopte des
comportements favorables à un recours de qualité aux soins
pendant la grossesse et lors de l'accouchement et, ce par
l'intermédiaire du personnel médical que l'on consulte. En effet,
les femmes ayant été socialisées à N'djaména
et dans les grandes villes sont celles qui consultent le plus un médecin
ou une sage-femme ou tout autre personnel de santé qualifié
contrairement à celles qui ont été socialisées en
campagne et dans les petites villes. Les femmes socialisées à
N'djaména et dans les grandes villes représentent 87% environ de
l'ensemble des femmes qui ont bénéficié d'une assistance
médicale de qualité pendant la grossesse et lors de
l'accouchement contre 76,5% des femmes qui ont été
socialisées dans les petites villes et 34% des femmes ayant
été socialisées en campagne. Cela traduit le fait que le
milieu urbain est le mieux pourvu en infrastructures et personnel de
santé et que ces femmes bénéficient le plus souvent de
campagne de sensibilisation relative au bien-être familial que leurs
homologues socialisées en milieu rural.
Graphique 4.3 Pourcentage des femmes ayant eu un
recours médical aux soins pendant l'accouchement selon le milieu de
socialisation
Source Traitement des données de l'EDS
Tchad, 2004
4.1.4 L'appartenance ethnique de la femme
Significative au seuil de 1% ( et donc certainement d'une
grande importance dans la détermination de la qualité du recours
aux soins pendant la grossesse), l'association entre la variable ethnie et
l'assistance médicale à la grossesse et lors de l'accouchement
fait ressortir que ce sont les femmes de l'ethnie Sara qui recourent le plus
aux soins pendant la grossesse au Tchad et ce avec un pourcentage de 64% de
l'ensemble de femmes qui ont bénéficié de l'assistance
médicale de qualité pendant la grossesse et lors de
l'accouchement contre 46,4% des femmes de l'ethnie Baguirmi-kanembou, 34,2% des
femmes des ethnies Gorane et Hadjaraï-iro, 33,9% des femmes de l'ethnie
Mayo-kebbi-Tandjilé, 26% des femmes de l'ethnie Arabe, 23,3% des femmes
de l'ethnie Fitri-batha et 17% des femmes de l'ethnie Ouaddaï. Les ethnies
Ouaddaï, Gorane, Fitri-Batha et Arabe constituent un obstacle au recours
aux services de soins modernes et aux soins à l'accouchement.
4.1.5 L'appartenance religieuse de la femme
Par rapport à la religion, les résultats de
cette étude semblent confirmer la thèse selon laquelle les
chrétiens sont plus propices à la médecine moderne que les
musulmans et les animistes (Kinouani, 2002).
En effet, le test de khi-deux, significatif à 1%,
montre que les femmes chrétiennes sont celles qui consultent le plus le
personnel de santé qualifié pendant la grossesse et lors de
l'accouchement. Elles y représentent 59% environ contre 39% de femmes
animistes ou sans religion et 32% de femmes musulmanes. La religion musulmane
constitue une barrière pour l'accès aux services de soins
modernes en général et aux soins à l'accouchement en
particulier.
4.1.6 Le milieu de résidence
Le milieu de résidence est fortement associé
à la qualité de l'assistance médicale pendant la grossesse
et lors de l'accouchement. En effet, au seuil de 1%, environ 81 % des femmes
résidant en milieu urbain ont bénéficié d'une
assistance qualifiée pendant leur dernière grossesse et lors de
l'accouchement de leur dernier enfant contre 34 % pour les femmes
résidant en milieu rural. Ces résultats confortent le fait que
non seulement le milieu
80,7
33,9
Urbain Rural
urbain est généralement plus pourvu en personnel
qualifié que le milieu rural mais les femmes de ce milieu sont
également plus sensibilisées que celles du milieu rural.
L'hypothèse (H2) est confortée.
Graphique 4.4 Pourcentage des femmes ayant eu un
recours médical aux soins pendant l'accouchement selon le milieu de
résidence
Source Traitement des données de l'EDS
Tchad, 2004.
4.1.7 La parité ou le nombre d'enfants nés
vivants
Le test de khi-deux, significatif à 1%, montre une
forte association entre le nombre d'enfants nés vivants et la
qualité de l'assistance médicale pendant la grossesse et lors de
l'accouchement. L'analyse bivariée a révélé que ce
sont les femmes qui n'ont qu'un seul enfant qui ont plus
bénéficié de l'assistance médicale pendant la
grossesse et lors de l'accouchement. Elles représentent 55% de
l'ensemble des femmes ayant eu recours aux soins médicaux pendant la
grossesse et lors de l'accouchement contre 41% de femmes multipares et 40% de
femmes grandes multipares.
4.1.8 La région de résidence
La région de résidence est très
significativement associée à la qualité de l'assistance
médicale pendant la grossesse et lors de l'accouchement. En effet, au
seuil de 1%, les femmes de la zone du Sud ont bénéficié de
la qualité de l'assistance médicale pendant la grossesse et
lors de l'accouchement d'environ 55% contre respectivement 35%
et 28% pour les femmes du Centre et celles du Nord. La qualité de
l'assistance médicale pendant la grossesse et lors de l'accouchement
diminue du Nord au sud en passant par le Centre. Cette situation pourrait
s'expliquer par la perception que les femmes ont vis-à-vis des SMI d'une
part et d'autre part, par le poids de la tradition. Aussi, il faut noter la
forte densité de la population tchadienne au Sud du pays et cela aurait
permis la forte implantation des structures sanitaires et la présence du
personnel médical qualifié.
4.1.9 L'âge de la mère à
l'accouchement
L'âge de la mère est fortement associé
à la qualité de l'assistance médicale pendant la grossesse
et lors de l'accouchement. En effet, au seuil de signification de 1%, les
résultats au niveau de l'analyse bivariée ont montré que
la qualité de l'assistance médicale pendant la grossesse et lors
de l'accouchement diminue quand l'âge augmente. Les jeunes femmes (ou
celles âgées de moins de 24 ans) ont
bénéficié d'une assistance médicale lors de
l'accouchement d'environ 47% de l'ensemble des femmes ayan
bénéficié d'une assistance médicale de
qualité pendant la grossesse et lors de l'accouchement contre 42% des
femmes adultes (ou celles âgées de 20-34 ans) et 38,5% des femmes
âgées ( ou celles âgées de 35 ans ou plus).
Tableau 4.2 Recours aux soins
obstétricaux en milieu urbain
Variables explicatives Milieu urbain
Effectifs Pourcentages (%)
Niveau de vie des ménages ***
Faible Moyen Elevé Total
13 94 459 566
54,2 70,7 84,2 80,6
Région de résidence ***
Nord Centre Sud Total
50 300 217 567
62,5 79,6 88,2 80,7
Niveau d'instruction de la femme ***
311 145 108 564
74,0 89,0 93,9 80,8
Sans niveau
Niveau primaire
Niveau secondaire ou plus Total
239
328
87,2
76,5
567
80,7
555 12 567
Non OuiTotal
80,4 100,0 80,8
Appartenance religieuse ***
Milieu de socialisation ***
Appartenance ethnique ***
Gorane
Arabe
Ouaddaï Baguirmi-Kanembou Fitri-Batha Hadjaraï-Iro
Sara Mayo-Kebbi-Tandjilé Total
Age de la mère à l'accouchement ns
<20 ans
|
206
|
20-34 ans
|
245
|
35 ans ou plus
|
116
|
Total
|
567
|
Parité atteinte
|
|
Antécédents des césariennes *
Primipares Multipares
Grandes multipares Total
120 292 154 566
82,8 80,7 79,4 80,7
234
323 9
566
93,6 73,1 90,0 80,6
Chrétienne Musulmane Animiste/sans religion Total
N'djaména/Grandes villes Petites villes
Rural
Total
78,9 82,8 79,5 8,7
ns
41 78 38 68 17 38 176 31 487
77,4 69,0 76,0 81,0 63,0 71,7 94,1 79,5 80,4
(*) : Proba= 0,10 ; (**) : Proba=0,05 ; (***) : Proba=0,01 ; (ns)
: non significatif ; seuil de référence :
Proba=0,05.
Source : Traitement des données de l'EDS
Tchad, 2004
4.2 Interprétation des résultats
bivariés relatifs au recours aux soins médicaux lors de
l'accouchement en milieu urbain selon les variables
considérées
D'une manière générale, on observe une forte
association de la fréquence du recours à l'assistance
médicale lors de l'accouchement à mesure que le niveau de vie
augmente. Ce
phénomène est valable dans tous les milieux
d'habitat en 2004. Seul le milieu rural conserve les écarts entre les
niveaux de vie mais ces écarts sont fortement réduits en milieu
urbain. Les plus aisés de la ville représentent plus 84% à
recourir aux soins de qualité pendant la grossesse et lors de
l'accouchement.
Au stade descriptif de l'analyse, les résultats
montrent, d'une manière générale, que la demande de
services et de soins obstétricaux « modernes » est
positivement associée au niveau de vie, c'est-à-dire à la
capacité du ménage à mobiliser les ressources y compris
celles pour la santé. En outre, il apparaît clairement, du point
de vue de la prise en charge médicale de la grossesse et de
l'accouchement, que la conjoncture économique a été
particulièrement préjudiciable aux femmes de niveau de vie
élevé et moyen (Beninguisse, 2001). L'amélioration du
niveau de vie se traduit donc par un recours plus intense à la prise en
charge médicale. De même, la détérioration du niveau
de vie se traduit par un abandon du système moderne au profit du
système traditionnel (Beninguisse, 2001).
Le niveau de vie apparaît d'une manière
générale comme un facteur important de différenciation de
comportements sanitaires. En effet, les femmes urbaines de niveau de vie
élevé représentent 84% de l'ensemble des femmes ayant eu
recours aux soins pendant la grossesse et lors de l'accouchement. Les pauvres,
c'est-à-dire les femmes ayant un niveau de vie faible
représentent 54% de l'ensemble des pauvres ayant eu recours aux soins
pendant la grossesse et lors de l'accouchement.
Le niveau d'instruction est significativement associé
aux recours aux soins obstétricaux. En effet, au seuil de 1%, les femmes
de niveau secondaire ou plus sont 94% à bénéficier de
cette assistance médicale de qualité pendant la grossesse et lors
de
l'accouchement contre 74% de celles sans niveau d'instruction.
Ce sont les femmes aisées quiont plus de chances à se
soigner car elles ont les possibilités financières leur
permettant de
s'éduquer et de poursuivre leurs études et cela a
une incidence positive sur le recours aux soins obstétricaux.
L'analyse selon les régions de résidence montre
une association significative avec le recours aux soins obstétricaux. En
effet, au seuil de 1%, les femmes résidant au Sud du Tchad sont 88%
à avoir bénéficié d'une assistance médicale
contre 63% de celles du Nord du pays. Cela pourrait s'expliquer par le fait que
le Sud est le mieux pourvu en structures sanitaires et
en personnel médical. Aussi, il faut souligner
l'importance que jouent les ethnies et les religions de la région du
Sud. Ces femmes, majoritairement chrétiennes, sont en clin au recours
aux soins obstétricaux contrairement à leurs
congénères des régions du Centre et du nord qui sont
majoritairement musulmanes et appartenant à des ethnies qui sont
hostiles à la modernité.
Tableau 4.3 Recours aux soins
obstétricaux en milieu rural
Variables explicatives Milieu rural
Effectifs Pourcentages (%)
Niveau de vie des ménages ***
306 651 63 1020
20,5 46,8 48,8 33,9
Faible Moyen Elevé Total
Région de résidence ***
Nord Centre Sud Total
166 142 711 1019
24,3 16,1 49,3 33,9
Niveau d'instruction de la femme ***
Sans niveau
Niveau primaire
Niveau secondaire ou plus Total
683
|
27,6
|
303
|
61,6
|
33
|
84,6
|
1019
|
33,9
|
Appartenance religieuse ***
Chrétienne Musulmane Animiste/sans religion Total
632
|
51,3
|
333
|
20,5
|
54
|
35,8
|
566
|
33,9
|
Milieu de socialisation ***
N'djaména/Grandes villes Petites villes
Rural
Total
|
---
---
1020 1020
|
---
---
33,9 33,9
|
Appartenance ethnique ***
Gorane
Arabe
Ouaddaï Baguirmi-Kanembou Fitri-Batha Hadjaraï-Iro
Sara Mayo-Kebbi-Tandjilé Total
12 38 15 178 21 76 407 73 820
11,8 11,1 5,7 40,0 15,4 27,1 56,2 27,2 32,0
Age de la mère à l'accouchement ***
<20 ans
20-34 ans
35 ans ou plus Total
380 448 192 1020
38,5 32,7 29,3 33,9
Parité atteinte ***
195 531 294 1020
45,1 32,3 31,5 33,9
Primipares Multipares
Grandes multipares Total
Antécédents des césariennes *
Non
Oui
Total
|
|
1014 5
1019
|
33,8
100,0
33,9
|
(*) : Proba= 0,10 ; (**) : Proba=0,05 ; (***) : Proba=0,01 ; (ns)
: non significatif ; seuil de référence :
Proba=0,05.
Source : Traitement des données de l'EDS
Tchad, 2004
4.3 Interprétation des résultats
bivariés relatifs au recours aux soins médicaux lors de
l'accouchement en milieu rural selon les variables
considérées
En milieu rural, le recours aux soins médicaux lors de
l'accouchement est en déphase avec les normes internationales. En effet,
au seuil de 1%, les femmes des zones rurales de niveau de vie
élevé représentent 49% à avoir
bénéficié de l'assistance médicale pendant la
grossesse et lors de l'accouchement contre 21% de celles de niveau de vie
faible.
Les femmes rurales, ayant un niveau d'instruction secondaire
ou plus, représentent 85% à bénéficier de ces soins
contre 28% de celles sans niveau d'instruction. Cette situation pourrait
s'expliquer par la pauvreté qui a une influence significative sur les
pauvres (ou celles de niveau de vie faible) et ne leur a pas permis d'avoir une
éducation décente pouvant leur aider à se rendre compte en
cas de complications liées à la grossesse. Les pauvres de la
campagne sont de plus en plus au centre des préoccupations des
programmes de santé reproductive menés par les Organisations Non
Gouvernementales (ONG) ou les Organisations Privées à but
lucratif (OPNL)15 Beninguisse (2003).
Dans les zones rurales, la dégradation des conditions de
vie a également davantage touché les plus aisés
(c'est-à-dire les ruraux ayant déjà résidé
en milieu urbain) que les autres
15 Toutefois, cette information a été
remplacée par la durée de trajet entre la matrone et le service
obstétrical le plus proche
urbain rural
(les ruraux de souche et migrantes essentiellement rurales).
On constate une dégradation de la fréquentation des services
obstétricaux dans le temps et dans l'espace au profit du recours plus
intense à la prise en charge non médicale, ce qui traduit une
survivance des pratiques traditionnelles en matière d'obstétrique
Beninguisse (2003). Cette situation de non accès aux soins
obstétricaux est plus marquée en milieu rural qu'en milieu
urbain.
Graphique 4.5 Pourcentage des femmes ayant eu
recours médical aux soins pendant l'accouchement selon le milieu
d'habitat
54,2
20,5
70,7
46,8
84,2
48,8
Faible Moyen Elevé
Source Traitement des données de l'EDS
Tchad 2004.
En somme, les hypothèses selon lesquelles l'impact de
la pauvreté du ménage sur le recours aux soins
obstétricaux est plus marqué en milieu rural qu'en milieu urbain
et l'impact de la pauvreté du ménage sur le recours aux soins
obstétricaux est plus important chez les femmes sans niveau
d'instruction que chez leurs congénères de niveau secondaire ou
plus sont confortées.
Synthèse du chapitre
Malgré la très forte proportion des femmes ayant
été assistées par le personnel de santé
qualifié pendant la grossesse et l'accouchement, la prise en compte des
différents éléments constitutifs du recours aux soins
obstétricaux (régularité des visites prénatales,
lieu et personnel médical consulté) permettant de définir
la qualité de celui-ci montre que le recours aux soins pendant la
grossesse et l'accouchement au Tchad reste relativement mauvais. En effet, une
grande proportion de femmes tchadiennes n'effectue pas le nombre requis de
visites prénatales. De même, elles ne semblent pas
très motivées à recourir rigoureusement aux soins pendant
la grossesse et l'accouchement.
Par ailleurs, les résultats auxquels nous avons aboutis
font ressortir l'importance cruciale de l'élément conditions de
vie des ménages dans lesquels vivent les femmes tchadiennes tout en ne
pas négliger les variables milieu de socialisation de la femme, son
milieu de résidence, son instruction, sa zone de résidence et sa
région de résidence. Nous notons également l'importance
des variables comme l'accessibilité géographique, le lieu
d'accouchement, le rang de naissance et les variables culturelles.
Face à ces résultats obtenus, nous pourrons
conclure que nos hypothèses les hypothèses selon lesquelles
l'impact de la pauvreté du ménage sur le recours aux soins
obstétricaux est plus marqué en milieu rural qu'en milieu urbain
et l'impact de la pauvreté du ménage sur le recours aux soins
obstétricaux est plus important chez les femmes sans niveau
d'instruction que chez leurs congénères de niveau secondaire ou
plus sont confortées.
CHAPITRE V Impact de la pauvreté sur
l'accès aux soins obstétricaux au Tchad
Introduction Le chapitre
précédent nous a permis de faire l'état des lieux en ce
qui concerne l'assistance médicale aux soins obstétricaux et les
variables explicatives que nous avons retenues. Ce chapitre a mis en
évidence le degré d'association des différentes variables
explicatives avec le phénomène de l'accès aux soins
obstétricaux. Cependant, cela n'a permis pas de dégager les
déterminants de cette assistance médicale aux soins.
L'objet de ce chapitre est donc, non seulement de
dégager parmi les différentes variables explicatives celles qui
sont les plus déterminantes sur l'assistance médicale de
qualité aux soins obstétricaux, mais aussi de mettre en
évidence comment ces variables interagissent pour favoriser ou
contribuer à cette assistance médicale aux soins
obstétricaux.
Compte tenu de la nature dichotomique de notre variable
dépendante, nous avons eu recours à la méthode de
régression logistique. Les étapes de notre démarche sont
les suivantes :
Dans un premier temps, nous avons mis en relation chacune des
variables explicatives avec la variable dépendante. Cela nous a permis
de dégager les valeurs brutes de chacune des variables explicatives et
les risques relatifs bruts des modalités des différentes
variables explicatives par rapport à la modalité de
référence.
Dans un deuxième temps, comme en réalité
aucune variable n'agit seule sur un phénomène, nous avons
introduit en bloc toutes les variables dans un modèle global. Cela nous
a permis de mettre en évidence les effets nets des différentes
variables explicatives sur l'assistance médicale de qualité aux
soins obstétricaux en tenant compte des effets éventuels des
autres variables.
Enfin, nous avons recouru à la méthode de
régression pas à pas afin de voir si l'effet d'une variable
préalablement introduite dans le modèle s'annule ou s'amplifie du
fait de l'introduction d'une nouvelle variable. Cela a permis de voir si le
pouvoir explicatif d'un groupe de variables s'exerce à travers d'autres
groupes.
Pour ce faire, chacun des grands groupes de variables (niveau
de vie du ménage, région de résidence, milieu de
résidence, niveau d'instruction,) ont été introduit.
L'ordre suivi est : caractéristiques du ménage? région de
résidence et milieu de résidence ?modèle culturel?
caractéristiques démographiques? accès aux services
obstétricaux.
Les résultats sont consignés dans les tableaux
5.1 (assistance médicale pendant l'accouchement) suivant dans lequel M0
est le modèle brut M8 constitue le modèle saturé. Ceux-ci
fournissent respectivement les effets bruts et les effets nets des
différentes variables explicatives et M1, M2, M3, M4, M5, M6 et M7 sont
les modèles intermédiaires.
5.1 Les Effets nets des différentes variables
explicatives sur la prise en charge médicale lors de l'accouchement
Les analyses bivariées montrent que le niveau de vie,
l'instruction, le milieu de résidence, la région de
résidence, sont significativement associées à la prise en
charge médicale lors de l'accouchement, ce qui suggère la grande
importance de ces variables en tant que déterminants cruciaux du recours
aux soins à l'accouchement. En effet, on peut supposer que les femmes
ayant un niveau de vie et celles instruites ont acquis tout un ensemble de
connaissance leur permettant d'entreprendre les actions nécessaires
à une prise en charge efficace de leurs grossesses ; car étant
plus informées des attitudes et comportements indispensables,
susceptibles de garantir la grossesse et les meilleures chances d'aboutir
à une naissance vivante et viable.
Au niveau national, l'effet du niveau de vie sur l'assistance
médicale lors de l'accouchement est fortement significatif. Cette
influence demeure irréductible, tant au niveau brut qu'au niveau net, du
modèle singulier (M1) au modèle saturé (M8), et quelque
soit l'ordre d'introduction des variables. Cela traduit l'importance du pouvoir
prédictif et explicatif du niveau de vie. Les femmes vivant dans de
ménage de niveau de vie élevé ont 2,28 fois plus de
chances de fréquenter les services préventifs que leurs
congénères vivant dans des ménages de niveau vie
faible.
Un examen de ces résultats selon la distinction
urbaine/rurale révèle que les écarts au niveau national
s'expliquent essentiellement par le comportement des femmes urbaines. Les
difficultés pour les femmes rurales d'être médicalement
prises en charge s'expliquent par la vulnérabilité des conditions
de vie.
La pauvreté apparaît ainsi comme une
caractéristique importante de l'exclusion du système
biomédical pour l'exercice de la maternité. Le pouvoir
économique du ménage est un déterminant majeur de
l'accès au système moderne de soins, du respect des règles
préventives ; il détermine la capacité du ménage
à : mobiliser les ressources financières pour les besoins de
santé de ses membres et à offrir à ses membres une
scolarisation qui détermine leur niveau d'instruction Beninguisse
(2001).
L'instruction détermine à son tour les
connaissances, l'autonomie de décision, l'ouverture aux innovations, le
statut dans le ménage Beninguisse (2003). Dans le cas particulier de la
fréquentation des services obstétricaux, l'instruction
accroît les connaissances en matière de santé en même
temps qu'elle assure une meilleure prise de conscience de l'importance du
respect des normes biomédicales de l'obstétrique. En effet, les
femmes de niveau secondaire ou plus ont 6,84 fois plus de chances d'être
médicalement prises en charge et celles de niveau primaire, 0,79 fois
plus de chances par rapport aux femmes sans niveau d'instruction.
Les effets du milieu de résidence sont
significativement associés à la prise en charge médicale
de la grossesse. Les femmes vivant dans le milieu urbain ont 5,19 fois plus de
chances d'avoir des soins préventifs que leurs homologues du milieu
rural. Il faut souligner que les effets des femmes vivant en milieu urbain et
ceux des femmes socialisées à N'djaména et les grandes
villes sont fortement corrollés. Par contre, les femmes
socialisées dans les petites villes ont 1,44 fois plus de chances
d'avoir des soins préventifs que celles socialisées en milieu
rural. Aussi, les femmes résidant dans les régions du Nord et du
Centre ont respectivement 83% et 65% moins de risques d'avoir des soins
préventifs que leurs congénères du Sud.
Tableau 5.1 Rapports de chances d'effectuer
un recours aux soins médicaux lors de l'accouchement selon les facteurs
prédisposants et les facteurs facilitants c'est-à-dire
l'introduction de niveau de vie de ménage et de la
région de résidence pour le modèle M1, la
variable milieu de résidence (Modèle M2), niveau d'instruction
(Modèle M3), religion (Modèle M4), ethnie (Modèle M5),
âge de la mère (modèle M6), parité atteinte
(modèle M7) et antécédent des césariennes
(modèle M8). (Source : Traitement des données de
l'EDS Tchad 2004)
Nord
Centre (référence) Sud
Statistique r
Sans niveau (référence) Niveau primaire
Niveau secondaire ou plus Statistique de r
Urbain
Rural (référence) Statistique r
Chrétienne
Musulmane (référence) Animiste/sans religion
Statistique r
Niveau de vie du ménage
Faible (référence) Moyen
Elevé
Statistique r
Région de résidence
Milieu de résidence
Niveau d'instruction de la mère
Religion de la femme
Variables indépendantes
Rapport de chances de recourir aux soins
obstétricaux Effets bruts Effets nets par rapport aux variables
indépendantes
M0 M1 M2 M3 M4 M5 M6 M7 M8
Réf.
3,58***
12,90***
0,33***
0,32***
0,44*** Réf.
0,19***
8,14*** Réf.
0,29***
Réf.
4,15***
21,09***
0,25****
3,02*** Réf.
1,38**
0,22***
Réf.
3,11***
15,78****
0,33***
0,35***
0,32*** Réf.
0,19***
Réf.
2,79***
4,66***
0,19***
0,33***
0,27*** Réf.
0,21***
5,39*** Réf.
0,16***
Réf.
2,62***
4,16***
0,17***
0,42***
0,33*** Réf.
0,17***
4,54*** Réf.
0,14***
Réf.
2,44***
6,27***
0,14***
Réf.
2,68***
4,41***
0,17***
0,82ns
0,61*** Réf.
0,04***
4,59*** Réf.
0,14***
Réf.
2,22***
5,41***
0,12***
2,29*** Réf. 1,28ns
0,08***
Réf.
2,28***
3,25***
0,13***
0,82ns
0,66** Réf.
0,02**
6,27*** Réf.
0,16***
Réf.
1,81***
8,50***
0,10***
2,83*** Réf. 0,53ns
0,06***
Réf.
2,30***
3,26***
0,13***
0,81ns
0,65** Réf.
0,02**
6,33*** Réf.
0,16***
Réf.
1,77***
8,22***
0,09***
2,81*** Réf. 0,52ns
0,07***
Réf.
2,32***
3,33***
0,13***
0,83ns
0,66** Réf.
0,02**
6,21*** Réf.
0,16***
Réf.
1,80***
7,87***
0,09***
2,79*** Réf. 0,49ns
0,07***
Réf.
2,30***
3,28***
0,83ns
0,65** Réf.
0,02**
6,19*** Réf.
0,16***
Réf.
1,79***
7,84***
0,09***
2,80*** Réf. 0,50ns
0,07***
Ethnie de la femme
Pauvreté et accès aux soins obstétricaux au
Tchad
0,29*** 0,19*** 0,11*** 0,49***
Gorane
Arabe
Ouaddaï Baguirmi/Kanembou
0,55*
0,62*
0,43***
1,58*
0,54*
0,60*
0,42*** 1,54ns
0,54*
0,59*
0,40*** 1,49ns
0,54*
0,59*
0,41*** 1,52ns
101
0,17***
0,29*** Réf.
0,29***
0,27***
0,81ns 0,90ns Réf.
0,38***
0,14***
0,82ns 0,88ns Réf.
0,36***
0,14***
0,80ns 0,85ns Réf.
0,36***
0,14***
0,81ns 0,85ns Réf.
0,37***
0,14***
Fitri/Batha Hadjaraï/Iro
Sara (référence) Mayo-Kebbi/Tandjilé
Statistique r
Age de la mère à
l'accouchement
<20 ans
20-34 ans (référence) 35 ans ou plus Statistique
r
1,24** Réf.
0,88***
0,03***
1,34** Réf.
0,78**
0,04***
1,01ns Réf. 0,85ns 0,00ns
1,01ns Réf. 0,85ns 0,00ns
Parité atteinte
Primipares Multipares
Grandes multipares (référence) Statistique r
1,73*** 0,95ns réf
0,08***
1,58*** 1,03ns Réf.
0,04***
1,56*** 1,04ns Réf.
0,04***
Non (référence) Oui
Statistique r
Réf.
40,37***
0,03***
Réf. 10,80ns 0,01ns
Pouvoir de prédiction (%) 71,09 72,36
72,75 73,93 76,35 76,70 76,60 76,70
Xhi-deux 888*** 1024*** 1141*** 1174*** 1153***
1169*** 1180*** 1184***
Antécédents des
césariennes
(*) : Probabilité=0,10 ;
Probabilité=0,05 ; (***) :
probabilité=0,01 ; Seuil de
référence :
Probabilité=0,05.
5.2 Les Effets nets des différentes variables
explicatives sur l'assistance médicale de qualité aux soins
obstétricaux
Les résultats des analyses qui suivent se trouvent dans le
tableau 5.1.
Aux niveaux nets, seuls le niveau de vie du ménage, la
région de résidence, milieu de résidence, le niveau
d'instruction ont une influence significative sur l'assistance médicale
lors de l'accouchement. Le modèle global obtenu explique 76,70 % de
l'assistance médicale lors de l'accouchement et ce modèle est
très significatif au seuil de 1 %.
5.2.1 Le niveau de vie du ménage
Sur le plan national, le niveau de vie du ménage
influence significativement au niveau brut l'assistance médicale lors de
l'accouchement. Cette influence persiste jusqu'à l'introduction, milieu
de résidence, niveau d'instruction. Ainsi, toutes choses égales
par ailleurs, les femmes vivant dans de ménages de niveau de vie
élevé ont 2,28 fois plus de chances d'avoir une assistance
médicale de qualité aux soins obstétricaux que leurs
homologues vivant dans des ménages de niveau de vie faible. Il ressort
de ces résultats qu'en réalité le niveau de vie n'agit pas
directement sur les risques de l'assistance aux soins obstétricaux de
qualité mais que son influence sur ce dernier passe par les visites
prénatales, l'accessibilité et la qualité des services
obstétricaux. En effet, les femmes vivant dans les ménages de vie
élevé de par leur statut, possèdent les moyens de se payer
les services obstétricaux de qualité meilleure par rapport
à celles de faible niveau de vie. Ces résultats confortent ceux
de Beninguisse (2001). D'après cet auteur, « ... la
vulnérabilité de la femme rurale de niveau de vie moyen
comparée à sa congénère de la classe aisée,
s'explique particulièrement par une accessibilité
problématique des services obstétricaux... ». En effet,
résider en milieu urbain offre plus de facilités d'accès
aux services obstétricaux que la résidence en milieu rural. De
plus la qualité des services obstétricaux est meilleure en milieu
urbain qu'en milieu rural en raison de la forte concentration des
infrastructures, des équipements et du personnel sanitaire les plus
qualifiés en milieu urbain.
Une analyse selon la distinction urbain/rural montre que le
niveau de vie n'influence pas significativement l'assistance médicale
des soins obstétricaux en milieu urbain alors qu'en milieu rural, il a
une influence très significative sur cette dernière. Cela
confirme notre précédente conclusion selon laquelle le fait
même de résider en milieu urbain ou dans une
région donnée, offre à la femme des
avantages en termes d'accessibilité et de qualité des services
quelque soit se niveau de vie. Alors qu'en milieu rural, en raison du nombre
insuffisant de personnel de santé qualifié et
d'équipements sanitaires de qualité seules les personnes de
niveau de vie élevé sont en mesure de s'offrir certains services
obstétricaux. Parfois même, en milieu rural certaines femmes de
niveau de vie élevé préfèrent recourir aux
méthodes traditionnelles pendant la grossesse et l'accouchement parce
que ne possédant même pas le minimum qu'il faut pour payer les
consultations. Selon l'OMS (1998), «le fait que les services de
santé maternelle soient payants freine leur utilisation et empêche
des millions de femmes d'accoucher à l'hôpital ou de se faire
soigner même en cas de complications même lorsque officiellement
les tarifs sont peu élevés ou les services gratuits, il peut y
avoir des redevances "officieuses" ou dessous de table ou encore d'autres
dépenses qui empêchent que les femmes utilisent les services. Ce,
peut être notamment le coût du transport, des médicaments
ainsi que de la nourriture et du logement de la femme ou des parents qui
s'occupent d'elle à l'hôpitali Souvent, ces femmes sont
obligées de parcourir des kilomètres avant d'atteindre le centre
de santé le plus proche. Ainsi, le manque de moyen de transport
adéquat dissuade certaines à aller accoucher avec l'aide de
personnel qualifié. Pour celles qui sont courageuses et qui
décident d'y aller à pied ou à vélo, il leur arrive
parfois d'accoucher en cours de chemin.
A la lumière de ces résultats, l'hypothèse
(H1) selon laquelle les chances pour une femme de recourir aux soins
obstétricaux est vérifiée.
5.2.2 Le niveau d'instruction de la femme.
Le niveau d'instruction confirme au niveau net son influence
significative observée au niveau brut sur l'assistance médicale
de qualité aux soins obstétricaux. Ainsi, au niveau national,
toutes choses égales par ailleurs, comparées aux femmes sans
niveau, les femmes de niveau secondaire ou plus ne courent pratiquement aucun
risque de non assistance médicale aux soins obstétricaux. Cela
traduit le fait que les femmes les plus instruites disposent en
général des niveaux de revenu plus élevés, elles
sont plus informées sur le bien fondé des soins
obstétricaux et exigeront probablement des soins de bonne qualité
pendant les consultations prénatales.
En milieu urbain, nous trouvons qu'il n'y a plus de
différence significative entre les risques de cette assistance
médicale aux soins des femmes de niveau secondaire ou plus et celles
sans niveau. Ce résultat conforte une fois encore notre conclusion selon
laquelle, le simple fait de résider en milieu urbain offre des avantages
en termes de disponibilité, d'accessibilité et de qualité
des services indépendamment de certaines caractéristiques
individuelles dont notamment le niveau d'instruction. En milieu rural par
contre, le niveau d'instruction n'a pas d'influence significative sur
l'accès aux soins obstétricaux d'urgence. Cela pourrait provenir
du fait que la majorité des femmes enquêtées en milieu
rural est sans niveau d'instruction.
L'examen des modèles intermédiaires
révèle que la différence entre les femmes sans instruction
et celles de niveau secondaire ou plus augmente mais devient significative au
seuil de 1%. Après l'introduction d'autres variables
intermédiaires dans le modèle, le niveau d'introduction reste
toujours très significatif c'est-à-dire que les femmes de niveau
d'instruction secondaire ou plus ont 6,84 fois plus de risques d'être
assistées pendant la grossesse et lors de l'accouchement que leurs
congénères sans niveau d'instruction.
L'instruction joue un rôle primordial en ce qu'elle
permet de sensibiliser les femmes de l'importance des consultations
prénatales et de l'intérêt d'être assistée
médicalement pendant l'accouchement.
Pour A. Prual (1999), «À la Jamaïque, une
étude a montré que 68 % des décès maternels
survenus entre 1981 et 1984 avaient une ou plusieurs causes évitables
dont 58 % de la faute des personnels de santé. En Tanzanie, sur une
série de 80 décès maternels survenus à
l'hôpital, 30 étaient dus au manque de prise en charge des
facteurs de risque pourtant dépistés, 9 à des facteurs
liés au personnel, 9 à des pathologies graves mal ou non prises
en charge, 2 à l'administration de plantes locales, les autres
étant dus au manque de matériel ou de sang. Dans une étude
similaire menée au Niger, des résultats semblables ont
été trouvés : de nombreux facteurs de risque
n'étaient pas recherchés bien que le dossier de Consultations
prénatales clair et opérationnel ait été
conçu pour que les personnels pratiquant la consultation
prénatale quelle que soit leur qualification les identifient et
identifient les femmes à risque. Chez près de la moitié
des femmes enceintes examinées par les sages-femmes lors d'une
enquête sur la qualité des soins prénatals, la taille et la
pression artérielle n'étaient pas mesurées, les
oedèmes et un saignement vaginal pas recherchées. La
parité, l'âge, les antécédents de césarienne,
des antécédents de fausses couches n'étaient pas
recherchés chez environ 15 % des consultantes. De même dans une
étude réalisée au Burkina Faso, lorsqu'un facteur de
risque était dépisté, les actions n'étaient pas
systématiquement
entreprises ; lorsqu'elles l'étaient, elles ne
correspondaient pas systématiquement aux besoins... ».
Cette confiance mérite cependant d'être
entretenue par un bon accueil, des temps d'attente relativement courts et des
services de bonne qualité. Ce sont ces éléments qui
peuvent amener la femme à revenir vers le prestataire en cas
d'accouchement. Dans le cadre de notre étude, ne disposant pas de tous
les éléments nécessaires pour appréhender la
qualité des services dans toutes ses dimensions, nous avons
supposé que le fait pour une femme d'avoir effectué normalement
ses visites prénatales, d'avoir subi tous les tests et les examens
nécessaires pendant la grossesse et d'avoir reçue une
éducation sanitaire, signifie qu'elle a reçu des services de
bonne qualité. En accouchant avec l'aide d'un personnel qualifié
et dans un centre de santé après avoir effectué
normalement ses consultations prénatales, en dehors de la routine, cela
prouve que la femme a fait confiance au système de santé du
début jusqu'à la fin du processus, d'où la
continuité des soins.
Une analyse selon la distinction urbain/rural montre qu'en
milieu urbain, la qualité des services ne permet pas de
différencier les femmes en termes de la non assistance médicale
aux soins alors qu'en milieu rural, elle constitue un facteur de
différenciation. En milieu rural, toutes choses étant
égales par ailleurs, les femmes ayant reçu des services
obstétricaux de bonne qualité ou ayant accouché dans un
centre de santé ont plus risques d'avoir une assistance médicale
de qualité lors de l'accouchement que les femmes ayant reçu des
services de mauvaise qualité ou ayant accouché dans leur
domicile. Ces différences sont dues au fait que la qualité des
services obstétricaux est bonne en milieu urbain si bien qu'elle ne
constitue pas un facteur de différenciation, ce qui n'est pas le cas en
milieu rural. En effet, malgré, les mesures mises en oeuvre au Tchad
pour inciter le personnel qualifié de santé à aller
exercer en milieu rural, beaucoup d'agents de santé surtout les plus
qualifiés, sont parfois réticents à y aller. Certains
agents qualifiés de santé préfèrent exercer leur
profession en milieu urbain parce que le fait d'y résider leur permet
d'exercer de façon privée leur profession de médecin,
d'infirmier ou de sage-femme en créant une clinique privée.
L'avantage de la résidence urbaine, dans ce cas de figure, c'est qu'elle
permet d'être en contact avec une clientèle nombreuse qui, non
seulement possède la culture de la fréquentation des services de
santé et se caractérise donc par une forte demande de services de
santé de toutes sortes, mais possède également un pouvoir
d'achat élevé. Cela permet aux professionnels de santé de
gagner des revenus supplémentaires indépendamment du salaire
qu'ils perçoivent auprès de
l'administration publique. Cet état des choses s'est
amplifié avec la libéralisation du secteur de santé et
l'autorisation de la création de cliniques privées dont la
majorité est d'ailleurs concentrée en milieu urbain en raison des
arguments ci-dessus évoqués. Cette situation n'est pas de nature
à favoriser l'amélioration de la qualité des services en
milieu rural. Au contraire, ce sont parfois les personnels de santé les
moins qualifiés qui sont envoyés dans certains milieux ruraux
parce que les mieux qualifiés n'acceptent pas d'y aller de peur de
perdre les avantages qu'ils obtiennent en exerçant en milieu urbain.
Selon l'OMS (1998), «Dans la plupart des zones
rurales, une femme sur trois doit faire plus de cinq kilomètres pour
atteindre le service de santé le plus proche et le pourcentage est de 80
% pour l'hôpital le plus proche. Le manque de véhicules, surtout
dans les zones reculées, et le mauvais état des routes font que
les femmes ont énormément de difficultés à
atteindre des centres même relativement proches. La marche est le
principal mode de transport, même pour une femme chez laquelle le travail
a commencé ». Ce résultat est conforté par
Beninguisse (2001) pour qui « Toutes choses égales par ailleurs,
les chances de recourir à l'appareil médical et de se conformer
aux règles préventives en vigueur, diminuent
considérablement au fur et à mesure que la distance par rapport
au service obstétrical le plus proche augmente. Cette relation causale
est plus perceptible en milieu rural ».
Face à ces résultats, l'hypothèse (H3)
selon laquelle l'impact de la pauvreté du ménage sur le recours
aux soins obstétricaux est plus important chez les femmes sans niveau
d'instruction que chez leurs congénères de niveau secondaire ou
plus est vérifiée.
5.2.3 Le milieu de résidence
Le recours aux soins obstétricaux peut être le
résultat de la résidence. C'est dans cette condition que le
milieu de résidence acquiert sa pertinence dans l'explication du recours
aux soins. L'opportunité de bénéficier d'une assistance
médicale aux soins s'observe chez les femmes résidant en milieu
urbain que chez celles du milieu rural. En effet, les femmes qui
résident en milieu urbain ont 5,19 fois plus de risques de
bénéficier d'une assistance médicale de qualité aux
soins obstétricaux que leurs congénères du milieu rural
et, ce au seuil de signification de 1% au niveau du modèle
saturé.
Cette affirmation du milieu de résidence comme un
facteur déterminant le recours aux soins obstétricaux montre que
les comportements thérapeutiques sont d'abord le résultat du
vécu social car en Afrique, l'hôpital est une
réalité urbaine. Ainsi, les femmes qui résident en
milieu urbain accordent une importance à l'égard
des prestations sanitaires modernes. A l'opposé, les femmes
résidant en milieu rural ont souvent des préjugés
négatifs sur les prestations sanitaires modernes, ce qui les
empêche d'y recourir. En restant attachées aux valeurs
traditionnelles, elles estiment le plus souvent que l'environnement hospitalier
est restrictif au point de vue émotionnel. Ces femmes
préfèrent recourir à la médecine traditionnelle ou
dans certains cas, s'abstenir de tout recours aux soins obstétricaux.
D'après ces résultats, nous pouvons confirmer
l'hypothèse (H2) selon laquelle l'impact de la pauvreté du
ménage sur le recours aux soins obstétricaux est plus
marqué en milieu rural qu'en milieu urbain.
5.2.4 La région de résidence
En comparaison avec la région du Sud, les femmes du
Nord et celles du Centre ont respectivement 83% et 65% moins de risques de
bénéficier des services obstétricaux.
Ces résultats montrent que la région de
résidence contribue à expliquer les disparités
régionales dans la prise en charge médicale de la grossesse et de
l'accouchement. Dans cette perspective, il serait intéressant de faire
une brève description des différentes régions pour situer
le contexte sanitaire de chacune d'entre elles.
Il faut dire que la situation sanitaire du Tchad est
préoccupante. Elle se caractérise par un faible taux de
couverture sanitaire consécutif à l'absence, dans certaines
régions, des districts sanitaires. Les disparités entre les
régions sont encore plus prononcées.
En effet, dans les régions d'accès difficile
comme le Nord et, dans une certaine mesure, le Centre, la dispersion dans le
peuplement rend difficile l'accessibilité des centres de santé
(au cas où il en existe). A l'opposé, N'djaména et la
région du Sud, par leur forte densité, concentrent un nombre
important de centres de santé. Les problèmes
d'accessibilité géographique ne se posent pas avec la même
acuité comme dans d'autres régions. Le Sud
bénéficie aussi de l'apport des établissements
confessionnels ; la région de N'djaména, abritant la capitale
administrative, concentre toutes les structures sanitaires de
référence nationale. Mais, la disponibilité des services
de santé maternelle n'explique pas à elle seule cette situation.
En effet, l'écart significatif, observé dans l'assistance
médicale aux soins obstétricaux à N'djaména
comparativement au Centre montre qu'une part d'effet de la région de
résidence peut être médiatisée par d'autres
caractéristiques telles que le niveau de vie du
ménage par exemple. Ainsi, le risque relativement
élevé que courent les femmes de N'djaména de recourir aux
soins obstétricaux n'est pas tant du fait qu'elles y résident,
mais aussi au fait qu'elles ont généralement un niveau de vie
meilleur que leurs homologues d'autres régions.
5.2.5 L'appartenance ethnique de la femme
Le modèle saturé permet non seulement de
connaître les effets nets des différentes variables, mais aussi de
dégager les facteurs les plus déterminants dans l'explication du
phénomène étudié.
Ainsi, toutes choses égales par ailleurs ; les femmes
appartenant aux ethnies Gorane, Arabe, Ouaddaï et
Mayo-Kebbi-Tandjilé ont respectivement 54%, 59%, 41% et 37%
respectivement moins de risques de recevoir des soins prénatals et
à l'accouchement de qualité que leurs homologues de l'ethnie
Sara. Ces ethnies constituent un obstacle à l'accès aux services
de soins modernes en général et à ceux des soins
obstétricaux.
Face à ce constat, nous pouvons dire que notre
hypothèse (H5) selon laquelle les femmes des ethnies Gorane, Arabe,
Ouaddaï, Baguirmi-Kanembou ont plus de difficultés d'accéder
aux soins obstétricaux que leurs congénères des ethnies
Sara et Mayo-Kebbi est partiellement.
5.2.6 La religion
La religion apparaît comme un des facteurs
déterminants les plus importants du recours aux soins
obstétricaux. Comparativement aux musulmanes, les chrétiennes ont
1,80 fois plus de risques de bénéficier d'une assistance
médicale de qualité aux soins obstétricaux. Les animistes
ou les sans religion ont 50% moins de risques de bénéficier de
cette assistance médicale que leurs homologues musulmanes.
De façon générale, les chrétiennes
sont plus enclines à recourir à une assistance médicale
aux soins obstétricaux que les musulmanes et les animistes. Ce
résultat confirme l'hypothèse selon laquelle la religion
prédispose les femmes à recourir aux soins de santé
moderne, notamment en ce qui concerne les soins prénatals et les soins
à l'accouchement. Ainsi, les femmes chrétiennes ont plus tendance
à recourir aux soins obstétricaux que les femmes musulmanes et
les animistes ou »les sans religion».
L'assistance médicale de meilleure qualité
observée chez les chrétiennes pourrait s'expliquer par le simple
fait que la religion est porteuse de nouvelles valeurs notamment en
matière des soins prénatals et de l'accouchement. Les
chrétiennes accèdent plus facilement aux services de santé
parce qu'elles sont a priori plus instruites et plus ouvertes à la
modernisation que les musulmanes et les animistes. Mais l'accessibilité
des chrétiennes aux services de santé est aussi facilitée
par la disponibilité des établissements confessionnels
(catholique et protestante). Il faut aussi souligner l'acceptabilité de
ces services de santé par les femmes chrétiennes.
L'efficacité de ces établissements n'est plus à
démontrer. Au contraire, les établissements sanitaires
`'islamiques `' sont encore à l'état embryonnaire. Et les
musulmanes sont réticentes à recourir aux établissements
relevant d'autres confessions religieuses ; elles préfèrent
plutôt recourir aux soins de santé dans les centres de
santé publics.
Face à ces résultats, nous pouvons confirmer
notre hypothèse (H4) selon laquelle l'impact de la pauvreté du
ménage sur l'accès aux soins obstétricaux est plus
marqué chez les femmes musulmanes et les adeptes de religions
traditionnelles que chez leurs congénères chrétiennes est
partiellement.
5.2.7 Les limites de l'étude
Certains aspects clés de la relation entre santé
de la reproduction et pauvreté n'ont pu être examinés dans
cette étude, du fait essentiellement du manque d'informations
disponibles. Ainsi, nous n'avons pas pu procéder à une analyse
des dépenses de santé des ménages, des facteurs
influençant ces dépenses et des mécanismes existants de
protection contre l'impact appauvrissant de cette demande. Si certains aspects
multisectoriels sont examinés, d'autres n'ont pas pu être
étudiés en profondeur et nécessiteront un effort
particulier dans le futur : il s'agit de la dépense des ménages
sur la santé, les informations relatives aux délégations
préfectorales de la santé, la sécurité alimentaire,
des problèmes environnementaux, de l'éducation, de l'accès
à l'information, des conditions de travail et de certains
éléments socioculturels permettant d'apprécier
l'importance du capital social.
Synthèse du chapitre.
Toutes les étapes de l'analyse menées avaient
pour objectif de dégager les facteurs associés à
l'accès aux soins obstétricaux au Tchad et de montrer les
mécanismes par lesquels les variables agissent sur le
phénomène étudié. Les résultats montrent que
le niveau de vie du ménage, le niveau d'instruction de la femme, le
milieu de résidence, la région de résidence et la religion
constituent les facteurs associés à l'assistance médicale
de qualité lors de la grossesse et de l'accouchement. Par ailleurs, le
milieu de socialisation a une très forte colinéarité avec
le milieu de résidence sur l'accès aux soins obstétricaux
au Tchad et par conséquent cela n'a pas permis d'avoir son influence sur
ce phénomène considéré.
Ce chapitre nous à permis d'établir que sur le
plan national, parmi les facteurs prédisposants, les conditions de vie,
le niveau d'instruction et l'ethnie de la femme et le niveau de vie sont
déterminants dans l'explication de l'assistance médicale de
qualité aux soins obstétricaux tandis que parmi les facteurs
facilitants, les déterminants de cette assistance médicale aux
soins obstétricaux sont le milieu de résidence, la région
de résidence, l'accessibilité et la qualité des services
obstétricaux.
L'accès aux soins obstétricaux est
conditionné par les conditions de vie, c'est-à-dire que les
pauvres et les riches ont des comportements très différentiels
par rapport au recours aux soins prénatals et pendant l'accouchement.
Les riches ont plus de possibilités de faire face aux soins
obstétricaux par rapport aux pauvres. Ces résultats viennent
confirmer partiellement notre hypothèse selon laquelle la
pauvreté constitue un obstacle majeur par rapport à
l'accès aux soins obstétricaux.
Aussi, nous pouvons confirmer notre hypothèse selon
laquelle les femmes vivant en milieu urbain et celles socialisées en
milieu urbain ont plus de chances de bénéficier d'une assistance
de qualité aux soins obstétricaux que leurs
congénères vivant en milieu rural et socialisées en milieu
rural.
Il ressort de cette étude que ce sont le niveau de vie
du ménage ou la pauvreté du ménage, le niveau
d'instruction de la femme, le milieu de résidence, la religion
chrétienne qui sont les déterminants de l'accès aux soins
obstétricaux au Tchad.
Les résultats saillants
Dans l'ensemble, les facteurs qui expliquent l'accès aux
soins obstétricaux au Tchad sont : le niveau de vie du ménage, le
milieu de résidence, la région de résidence, le niveau
d'instruction.
Le niveau de vie est un facteur déterminant de
l'accès aux services des soins obstétricaux car les femmes vivant
dans des ménages de niveau de vie élevé ont plus de
chances de bénéficier d'une assistance médicale lors de
l'accouchement par rapport à leurs congénères vivant dans
de ménages de faible niveau de vie.
Les femmes du milieu urbain ont plus de chances d'être
médicalement assistées lors de l'accouchement par rapport
à celles du milieu rural. C'est en milieu urbain que se concentrent les
infrastructures sanitaires et le personnel de santé.
Le niveau d'instruction de la femme explique l'accès aux
soins obstétricaux. La chance d'être assistée
médicalement pendant l'accouchement pour une femme est
élevée lors que le niveau d'instruction est élevé.
Les femmes instruites perçoivent mieux que les non instruites les
avantages d'aller en consultations prénatales et d'accoucher sous une
assistance médicale afin de prévenir les complications pouvant
aboutir aux décès maternels.
Conclusion générale et
recommandations
En somme, nous retenons que le niveau de vie des
ménages influence positivement et indirectement l'assistance
médicale de qualité aux soins obstétricaux au Tchad. Ce
résultat infirme l'approche économique selon laquelle
l'accès aux soins obstétricaux est fortement
corrélé avec le niveau de pauvreté. En effet,il est clair
que ce sont les femmes vivant dans les ménages les plus aisés qui
sont les plus ouvertes à la modernité, ce qui les expose à
l'utilisation rationnelle des ressources afin d'avoir accès aux soins
obstétricaux de qualité.
Face à la mortalité maternelle et infantile
encore élevée dans la plupart des pays africains en
général et au Tchad en particulier, une attention
particulière mérite d'être accordée aux causes de ce
phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur et qui est
pourtant évitable ou peut tout au moins être amoindri. Pour A.
Prual (1999), « Une étude réalisée en 1985 par l'OMS
avait montré que 99 % des décès maternels survenant dans
les PED (pays en développement) étaient évitables,
même dans le contexte actuel.». En effet, ces décès
maternels peuvent être évités par un suivi de la grossesse
depuis la conception jusqu'à l'accouchement et surtout dans le
post-partum immédiat16. D'où l'intérêt de
promouvoir l'assistance des soins obstétricaux. Or les statistiques
disponibles montrent une non assistance de plus en plus préoccupante des
soins obstétricaux en Afrique en général et au Tchad en
particulier. Par ailleurs, la plupart des études concernant les soins
obstétricaux, se sont focalisées sur les disparités
offre/demande, urbain/rural en la matière. Seulement, il est
indispensable d'aller au-delà de cette problématique afin de
comprendre les causes de la « non assistance médicale aux soins
obstétricaux » notamment les raisons pour lesquelles certaines
femmes ayant effectué au moins une consultation prénatale ne
bénéficient pas d'une assistance qualifiée pendant
l'accouchement. Cette étude vient donc en partie combler la lacune
concernant la disposition parcellaire de la documentation expliquant
l'accès aux soins obstétricaux dans un contexte de
pauvreté au Tchad.
La question de recherche est celle de savoir dans quelle mesure
la pauvreté constitue un obstacle à l'accès aux soins
obstétricaux au Tchad ?
16 Les études ont montré la plupart des
décès maternels surviennent dans cette période.
L'objectif principal de cette recherche est d'établir
la relation qui existe entre la pauvreté et l'accès aux soins
obstétricaux afin de mettre à la disposition de tous les
intervenants en matière de santé de la reproduction des
informations pertinentes pour améliorer l'accès aux soins
obstétricaux au Tchad.
De façon spécifique, il était question de
:
~ Mesurer le niveau d'accès aux soins obstétricaux
au Tchad;
~ Mesurer le niveau de pauvreté au Tchad ;
~ Mesurer l'impact de la pauvreté sur l'accès aux
soins obstétricaux au Tchad.
Dans le but de faire des recommandations pertinentes pour
faciliter l'accès aux soins obstétricaux par une
amélioration de niveau de vie des ménages au Tchad.
Les analyses descriptives ont révélé en
dehors de l'âge à l'accouchement, une association très
significative entre les facteurs prédisposants notamment le niveau de
vie, le niveau d'instruction, l'ethnie, le milieu de socialisation de la femme
d'une part, les facteurs facilitants en l'occurrence la région de
résidence, le milieu de résidence d'autre part et l'assistance
médicale aux soins obstétricaux.
Au niveau multivarié explicatif, les variables
déterminantes dans l'explication de l'assistance médicale aux
soins obstétricaux sont le niveau de vie du ménage dans lequel
vit une femme, le milieu de résidence, la région de
résidence, le niveau d'instruction et la religion chrétienne. Les
résultats des analyses par milieu de résidence nous ont permis de
constater qu'en milieu urbain, seuls le niveau de vie, le niveau d'instruction,
le milieu et la région de résidence expliquent l'accès aux
soins obstétricaux de qualité tandis qu'en milieu rural ce sont
le milieu de socialisation, le niveau de vie qui ont une influence
significative sur l'accès aux obstétricaux.
Les hypothèses vérifiées et partiellement
vérifiées sont les suivantes :
~ H1 : Nous supposons que, toute chose
égale par ailleurs, les chances de la femme de
recourir aux soins obstétricaux diminuent sensiblement
avec la pauvreté du ménage ;
~ H2 : L'impact de la pauvreté du
ménage sur le recours aux soins obstétricaux est
plus marqué en milieu rural qu'en milieu urbain ;
~ H3 : L'impact de la pauvreté du
ménage sur le recours aux soins obstétricaux est plus
important chez les femmes sans niveau d'instruction que chez
leurs congénères de niveau secondaire ou plus ;
~ H4 : L'impact de la pauvreté du
ménage sur l'accès aux soins obstétricaux est plus
marqué chez les femmes musulmanes et les adeptes de
religions traditionnelles que chez leurs congénères
chrétiennes : partiellement vérifiées.
~ H5 : Les femmes des ethnies Gorane Arabe,
Ouaddaï, Baguirmi-Kanembou ont plus
de difficultés d'accéder aux soins
obstétricaux que leurs congénères des ethnies Sara et
MayoKebbi-Tandjilé : partiellement vérifiées.
Les analyses descriptives ont montré des associations
très significatives avec la
quasi-totalité des variables explicatives en
général et la principale variable explicative qui est la
pauvreté des ménages en particulier sur l'accès aux soins
obstétricaux excepté l'âge de la femme
Quant aux analyses explicatives, elles ont montré que
certaines associations observées au niveau des analyses descriptives ne
sont pas des relations directes. En ce qui concerne la prise en charge
médicale de la grossesse et de l'accouchement, nous remarquons que les
caractéristiques socio-économiques, socio-culturelles,
socio-démographiques et les caractéristiques de la grossesse et
de l'accouchement en sont des facteurs déterminants.
Par ailleurs, les caractéristiques
socio-économiques expliquent la plus grande partie de la variation dans
le recours médical. Enfin, les caractéristiques de la grossesse
et de l'accouchement déterminent cette assistance médicale. En
effet, les visites prénatales et la qualité des services de SMI
influencent significativement le recours aux soins obstétricaux.
Sans prétendre à l'exhaustivité, cette
oeuvre, à l'image de toute oeuvre humaine, comporte quelques
imperfections. Au nombre des limites, on pourrait noter la nature du
phénomène étudié et la source des données
utilisées pour son traitement. En effet, la mortalité maternelle
fait partie des huit Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD), donc c'est un phénomène social qui
mérite plus d'attention ; par conséquent elle nécessite
une approche qualitative dans le traitement des informations relatives à
la prise en charge médicale de la grossesse et de l'accouchement. Aussi,
nous ne pouvons pas savoir si le ménage dans lequel vit une femme
enceinte au moment de l'enquête correspond à celui
oü
elle vivait lors des précédentes grossesses.
Cette étude n'a pas la prétention d'avoir atteint totalement les
objectifs qu'elle s'est fixée. Certains d'entre eux mériteraient
de faire l'objet de recherches plus approfondies avec des données autres
que celles des EDS. En effet, celles-ci ne sont pas faites
spécifiquement pour une étude visant à mettre en relation
la pauvreté et l'accès aux soins obstétricaux.
Par ailleurs, au regard de l'influence positive et directe de
la pauvreté des ménages sur l'accès aux soins
obstétricaux, il est urgent de revoir les politiques de population afin
de transformer en action concrète l'intensification des programmes de
réduction de la pauvreté. Les dits programmes devraient
réserver la part belle aux parturientes, aux femmes enceintes. La
principale limite de cette étude pourrait être attribuable au
manque des informations sur certains aspects qualitatifs relatifs à la
perception de la grossesse et de l'accouchement d'une part et à la
disponibilité des services des soins obstétricaux et aux
possibilités de les accéder d'autre part. Mais au-delà de
cette limite, l'étude est rendue possible par la disponibilité
des données de qualité acceptable fournies par l'Enquête
Démographique et de Santé du Tchad de 2004.
Au terme de ce travail, nous n'avons pas la prétention
d'avoir abordé à fond tous les facteurs susceptibles d'influencer
les comportements thérapeutiques des femmes qui sont multiples et de
plusieurs ordres. Mais d'une manière générale, nous disons
que les caractéristiques socio-économiques (le niveau de vie, le
milieu de résidence et la région de résidence) et les
caractéristiques socio-culturelles déterminent l'assistance
médicale à la grossesse et à l'accouchement au Tchad. Les
femmes vivant dans de ménage de niveau de vie élevé,
celles du Sud, celles vivant à N'djaména et dans les autres
grandes villes ont tendance à plus recourir à une assistance
médicale aux soins obstétricaux que leurs homologues vivant dans
des ménages de faible niveau vie, celles du Nord et du centre, celles
vivant en milieu rural et ayant été socialisées en milieu
rural. Elles sont les plus concernées par les recommandations.
Enfin, nous estimons que la quasi-totalité des nos
hypothèses a été vérifiée même si
certains résultats semblent contrastés et appellent un
approfondissement de l'étude en prenant en considération des
aspects qui, pour des raisons diverses, n'ont pas pu être pris en compte
ici. Des études devraient notamment être orientées vers les
recherches des facteurs explicatifs des disparités observées par
région de résidence.
Nous ne pouvons pas terminer ce travail sans formuler quelques
recommandations. Compte tenu des limites ci-dessus, nous suggérons ce
qui suit pour les études ultérieures :
Aux chercheurs, d'approfondir l'analyse en tenant compte non
seulement de l'aspect quantitatif (approche monétaire) et qualitatif
(approche par le confort) mais aussi celui lié aux perceptions
socio-culturelles des populations rurales, en ce qui concerne la construction
de l'indicateur de pauvreté fondé sur le niveau de vie.
Concrètement, il s'agit, avant toute étude basée sur le
niveau de vie, d'interroger (par une enquête) les populations vivant en
milieu rural pour cerner leur point de vue, en terme de niveau de vie et
d'organiser une enquête pour mettre en relation la pauvreté et
l'accès aux services des soins de santé modernes.
Aux décideurs politiques, nous suggérons de :
> La lutte contre la pauvreté dans le sens de
l'amélioration des conditions de vie des ménages, en
général et en particulier en milieu rural et dans les
régions les plus pauvres, doit constituer un objectif politique
prioritaire pour favoriser l'accès aux soins obstétricaux ;
> Construire les centres de santé dans les zones
rurales ;
> Former et déployer équitablement sur le
terrain le personnel qualifié ;
> Faciliter l'accès aux services de santé de
qualité sur tout le territoire ;
> Favoriser l'éducation et l'alphabétisation des
femmes en âge de procréer ; > Améliorer l'utilisation
des ressources affectées au secteur de santé.
.
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http://www.cefod.intnet.td
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http://www.unicef.org/french/ffl/09/index.html
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http://www.ceped.ined.fr/activite/publi/integral/html/dossier/dpf/dossiers
cpd
48.pdf.
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