I.5. Importance de la couverture au sol
a. Conservation des sols
Cette conservation a pour but de maintenir la
productivité des terres par le développement de techniques qui
maintiennent les pertes de sol et des nutriments ou restaurent les milieux
dégradés de façon à réduire les pertes de
sols et de nutriments à un taux acceptable appelé taux
d'érosion acceptable.
La manière la plus efficace et la plus
économique d'éviter l'érosion et la perte de
productivité du sol est de réduire l'impact des gouttes de pluie,
sinon le ruissellement à sa source.
Le maintien de la couverture au sol est la première
mesure à considérer, car elle assure une capacité
d'infiltration maximale selon le type de sol.
On doit donc conserver un couvert végétal
permettant de maintenir une couverture au sol offerte par des plantes basses,
des débris organiques ou d'un taux élevé de matière
organique incorporée dans la couche supérieure du sol.
L'érosion entraîne principalement les particules
organiques et minérales fines présentes dans la couche
supérieure du sol. Les nutriments étant principalement
concentrés dans cette couche supérieure du sol, il s'en suit une
baisse graduelle de productivité des sols.
Le couvert de la surface de sol est de loin la principale
protection du sol contre l'érosion. Le couvert arbustif et le couvert
forestier ne protègent pas le sol directement mais indirectement par la
chute de matière organique qui forme la litière protectrice
(Wiersum, 1985).
b. Infiltration et infiltrabilité des eaux de pluie
dans le sol
Selon Lassen et al., (1955), l'infiltration
représente le mouvement de l'eau près de la surface du sol. Et
c'est le processus par lequel l'eau passe à travers la surface du sol ou
l'entrée de l'eau jusqu'à une profondeur de 1,5 cm.
L'eau pénètre dans le sol par les pores, les
fissures, les orifices pratiqués par les vers ou occasionnés par
la pourriture des racines ainsi par les cavités résultants des
labours ou de la préparation du sol pour la plantation (Avila, 1980).
Par contre, l'infiltrabilité ou la capacité
d'infiltration, terme proposé par Hillel (1971) pour remplacer
l'infiltration, est le taux maximum de pénétration de l'eau dans
un sol correspondant à l'état où celui-ci se rencontre
(Hewlett, 1972). En milieu boisé sur sol grossier, cette capacité
est souvent plus élevée que les plus fortes intensités de
précipitation. Il est à noter que l'infiltrabilité d'un
sol est la valeur obtenue lorsque le taux d'infiltration devient constant
après une certaine période d'apport d'eau.
Ø Facteurs et conditions qui affectent
l'infiltration et l'infiltrabilité
La texture du sol détermine la dimension des pores, sa
conductivité hydraulique à saturation et, par conséquent,
la capacité d'infiltration.
La présence de litière ou de matière
organique incorporée dans la couche supérieure du sol
réduit le compactage par la battance de la pluie et, de ce fait,
réduit le colmatage des macrospores permettant la
pénétration rapide de l'eau dans le sol.
La rugosité de la surface favorise le stockage de l'eau
et son infiltration au détriment du ruissellement.
Lorsque la surface du sol minéral est
protégée, l'infiltrabilité est meilleure alors que le
ruissellement de surface est faible. Cet effet s'amenuise lorsque le sol est
très humide.
L'infiltrabilité augmente légèrement avec
le taux d'apport d'eau (pluie, irrigation) sur sol nu, alors qu'elle est plus
élevée et augmente plus fortement lorsque le sol est recouvert de
végétation.
La végétation par l'apport de matières
organiques, maintient la porosité de la surface du sol minéral
assurant une meilleure pénétration verticale de l'eau.
Cependant, la différence de porosité non
capillaire entre l'absence et la présence de végétation
est semblable pour chaque type de sol, ce qui démontre l'importance de
maintenir un couvert végétal permanent ou des résidus
végétaux au sol.
c. Lutte contre l'érosion hydrique en milieu
forestier
L'interception de la pluie sur les surfaces
végétales favorise la création de gouttes plus grosses par
l'amalgame des gouttelettes. Ces grosses gouttes d'eau atteignent leur vitesse
terminale de chute après une distance verticale de 7 m (Hewlett, 1982)
ou 8 m (Hoover, 1962).
Ainsi, seulement un couvert végétal bas est
efficace pour réduire l'énergie cinétique de la pluie dans
sa chute.
Une goutte tombant d'une hauteur n'a pas le temps d'atteindre
sa vitesse terminale. Lorsque la matière organique n'est pas
récoltée en forêt, l'impact de la pluie est absorbé
très efficacement par la couche de matière organique
(litière, humus), les débris ligneux et les plantes basses
(Wiersum, 1983).
Il est aussi reconnu que l'exposition du sol minéral
sous un couvert arborescent de plus de 8 m de hauteur peut causer des taux
d'érosion très élevés. Les gouttes d'eau qui
tombent du feuillage sont plus grosses que celles de la pluie et atteignent une
vitesse de chute plus élevée, ce qui augmente leur impact sur le
sol.
On note l'importance de la végétation basse, qui
absorbe l'impact des gouttes de pluie lorsque la plantation est jeune et que la
litière est en formation.
d. Régulation thermique du sol sous couvert
forestier
La couverture au sol influence grandement la quantité
de radiations solaires atteignant celui-ci.
L'effet d'une forêt dense est bien connu et même
une végétation champêtre a une influence très
notable, spécialement sur les fluctuations de température.
Les sols nus se réchauffent plus vite et se
refroidissent également plus rapidement que ceux couverts de
végétation ou de paillis.
Les températures du sol sont influencées par ce
qui les recouvre et spécialement par les résidus organiques ou
autres types de paillis placés sur la surface du sol. En plus de
diminuer l'évaporation dans l'eau de la surface du sol, les
différentes couvertures au sol tendent à amenuiser les
extrêmes de température.
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