EPIGRAPHE
« Il s'introduit une sorte d'esclavage,
quelque
chose de laid dans toute maison fondée sur
des
dettes et des emprunts »
Henrik IBSE
II
DEDICACE
A Dieu tout puissant créateur du ciel
et de la terre pour son salut et pour la matérialisation de son amour
dans ma vie de chaque jour.
A mon père Justin KABANGU L. qui
est avec beaucoup de courage sur le dur chemin de la récupération
physique, que ce travail te donne la joie d'un père qui voit enfin le
résultat de beaucoup d'efforts et de sacrifices ;
A ma mère Stéphanie KABANGU
M. qui est toujours là et surtout dans les moments difficiles,
voici le résultat de tes prières merci pour tout, Steph
chérie ;
A Lucien et Bijou pour
votre soutien incontestable tout le long de mon cursus ;
A Grâce et Sissi, mes
soeurs pour l'amour que je ressens de votre part. Que ceci soit pour vous un
exemple à dépasser ;
A Daniella et Jessica, mes
nièces, pour être venues au moment et dans les conditions qu'il
fallait ;
A ma future épouse et à mes enfants pour votre
amour que je ne peux ne pas pressentir.
Cédric Arsène KALOMBO
III
REMECIEMENTS
Le travail que nous avons l'honneur de
présenter à la fin de nos études d'économiste, doit
en sa majeure partie, sa réussite aux personnes qui nous ont soutenu
tout au long de sa réalisation et de notre cursus, qu'il nous soit ainsi
permis de les remercier dans les lignes qui suivent.
Nos vifs remerciements sont adressés au
Professeur Jean-Louis MUKENDI NGINDU et au Chargé des cours Alain
NKASHAMA pour nous avoir fait bénéficier de leur savoir en
acceptant de prendre respectivement la direction et l'encadrement de ce
travail.
Nos remerciements s'adressent également
à la faculté des sciences économiques et de gestion de
l'université de Mbujimayi où nous pensons particulièrement
aux Professeurs J. MUALABA K., doyen de la faculté, Placide MUAMBA ,
Clément KAZADI ; aux chefs de travaux Alexandre NSHUE , Clément
MUYA , et aux assistant et chargés de cours Anaclet KALOMBO ,
Rémy BEYA , Théo KAZADI , Xavier BANZA , Herman
NKONGOLO.
Nous exprimons également notre gratitude aux
familles Gaston KAZADI , Dr Jércime NKONGOLO , Dr Florimond MBIKALE ,
Pierre MUKANYA , Laurent TSHIBANGU , Benoit KALEMBA , Gaston MUYA , et Jean
Bernard KABONGO pour leur soutien.
Que nos cousins, beaux frères et belle soeurs :
Alain KALOMBO , Tonton MBAYA , Touby KAZADI , Daddy KONGOLO , Dr Jércime
KONGOLO Junior, Haddy MBUYI , Daddy TSHIZANGA , Augustin et Magnifique MPOYI ,
Nanesse , Sanah , Clotilde , Denise, Monique TABU, trouvent à travers
ces lignes l'expression de notre profonde gratitude pour leur
soutien.
Que nos amis Eric NGOLA , Nino KALEMBA , Patrick
MUKANYA , James MUTOMBO , Pontien KALALA , Joshua WALKER, Emmanuel Mouss NSUMBU
, ... ressentent la joie que nous avons de les avoir pour proches.
INTRODUCTION
01 Problematique
En ce début du millénaire les questions
liées à l'endettement extérieur se posent avec
acuité dans les pays en développement. La République
Démocratique du Congo n'échappe pas à ce
phénomène. En effet, le poids de sa dette extérieure est
passée de 380 millions de dollars US en 1970 à 12.9 milliards de
dollars US en 2002 dont près de 10,5milliards de dollars US
d'arriérés (80% de la dette du pays sont des
échéances impayées).
En 2002, la RDC se trouvait dans une situation
difficile vis-à-vis de sa capacité d'assurer le service de la
dette. Le pays avait bénéficié entre 1981 et 1989, de six
accords de rééchelonnement de sa dette au sein du Club de Paris.
Ces rééchelonnements, qui d'ailleurs sont des engagements non
productifs n'ont fait qu'alourdir à long terme la facture de la dette.
Ainsi, entre 1990 et 2000 tous les indicateurs quantitatifs de gestion de la
dette extérieure de la RDC furent en rouge. Les recettes d'exportation
se sont effritées d'année en année passant de 2 milliards
de dollars US en 1991 à seulement 700 millions de dollars US en 2000,
alors que le PIB est passé de 6,5milliards de dollars US à
3,5milliards, évoluant à un taux de plus ou moins -5% en moyenne
entre 1990 et 2001 ; contre un accroissement démographique de 3,2% en
moyenne.1
Il est important de noter qu'après
l'indépendance, et les turbulences qui ont suivies, la République
Démocratique Congo a traversé courte période d'euphorie de
son économie (1967-1972). Juste après, l'économie
congolaise a sombré suite à l'échec de la
«Zaïrianisation» et à l'éclatement de la crise de
la dette extérieure au début des années 1980.
Malgré des rééchelonnements
à répétition et la mise en oeuvre d'un programme
d'ajustement structurel, la situation a continué à se
dégrader jusqu'à la fin des années 80 et la rupture entre
le Zaïre de l'époque et la communauté
internationale.
Après une décennie de pillages et de
guerres, la RDC s'est engagée a régulariser sa position
financière pour se reconnecter aux circuits internationaux. S'en est
suivie une grande opération de restructuration de sa dette
extérieure en 2002, puis un programme de stabilisation
macroéconomique et une stratégie de croissance et de
réduction de la pauvreté censés être
ponctués, mi-2008, par un allègement de sa dette
extérieure.
Malgré ces programmes et allégements, la
situation économique et sociale de la RDC reste des plus fragiles et le
pays est loin d'être en mesure d'atteindre les objectifs du
millénaire en 2015. Les taux de pauvreté et de malnutrition,
notamment se sont fortement dégradés depuis le début des
années 1990 ; malgré l'énorme potentiel agricole du pays.
Le budget de l'Etat reste faible et dépend encore pour plus d'un tiers
de l'assistance extérieure.2
02 Intér;t et choix du sujet
La dette extérieure est une question très
importante et un sujet d'actualité particulièrement pour notre
pays
L'intérêt porté à ce
thème de recherche scientifique, est celui de permettre à ceux
qui s'intéressent aux problèmes liés à la dette
extérieure, de comprendre ce problème et aux dirigeants
d'éviter les erreurs qui se sont produite dans le passé et
résoudre ledit problème afin d'assurer un développement
pour la RDC.
03 Hypotheses du travail
Dans ce travail nous proposons les hypothèses
ci-après :
> Nous voulons savoir si la restructuration de la
dette extérieure permettra la relance économique et
l'amélioration des conditions de vie des congolais
> Nous voulons connaitre le bilan a mi-parcours de
ces opérations ? - Quels sont les mécanismes qui ont
bloqué la machine - Quelles sont les voies de sortie ?
4. Delimitation spatio-temporelle
La République Démocratique du Congo
constitue notre champs de recherche ou d'action, ce travail comme nous l'avons
dit plus haut a pour point de départ l'année 2002 ou la RDC a
exprimé le désir, après une longue rupture, de retourner
dans le giron financier international cela pour relancer la croissance et le
développement à l'année 2008. Mais il y a lieu de signaler
que cette délimitation temporelle n'est pas rigide puisque la
compréhension de certains aspects du problème demande de
dépasser ces limites.
5. Methodes et techniques
Pour ce travail nous avons utilisé l'interview
libre inorganisée. Nous avons préféré cette
technique à celle de l'interview par questionnaire. Ensuite, tout part
aussi d'un modèle économique analysant les limites du processus
de l'endettement. Les faits historiques sont alors confrontés aux
enseignements tirés du modèle. Ainsi, nous avons recouru aux
méthodes et techniques documentaires
6. Plan du travail
Outre l'introduction et la conclusion la présente
étude s'articule autour de cinq chapitres qui sont :
> Le premier chapitre Porte sur les
considérations générales, ce chapitre circonscrit les
notions essentielles relatives au sujet.
> Le deuxième chapitre s'attèle sur
l'origine et nous montre comment la dette extérieure a
évolué, les causes et les conséquences de la crise
d'endettement, les programmes
d'ajustement structurel et les différentes
approches utilisées pour résoudre la crise de
l'endettement.
> Le troisième chapitre analyse la
restructuration de la dette extérieure telle qu'opérée en
2002 et ses implications sur la croissance et le
développement.
> Le quatrième chapitre évalue et
analyse les résultats de la restructuration de la dette
extérieure. Ainsi que quelques pistes de solutions pour sortir le pays
du sous développement.
Chapitre I. DEFINITION DES CONCEPTS
Introduction
Dans le présent chapitre, nous essaierons de
définir certains concepts qui, à notre sens, sont
nécessaires pour la compréhension du sujet sous examen. Nous
parlerons essentiellement de l'endettement extérieur et des
généralités sur les objectifs du
millénaire.
I.1. Justification de I'emprunt
En cas de déficit, ou l'épargne
nationale n'est pas en mesure de financer les investissements que le pays
entend réaliser ; ledit pays se trouverait dans l'obligation de recourir
aux capitaux étrangers pour financer son économie3.
L'endettement extérieur n'est donc pas anormal : les pays qui ressentent
des besoins de financement doivent s'endetter auprès de ceux qui
dégagent des capacités de financement.
Mais il est important de souligner que l'endettement est
lié à un déséquilibre et trois motifs probables
peuvent amener un pays à s'endetter4 :
- pour financer un haut niveau d'investissement
;
- pour lisser les fluctuations de la consommation en cas
de baisse du revenu ;
- pour échapper à un ajustement face aux
déséquilibres intérieurs ou extérieurs
L'emprunt extérieur donne la possibilité
à un pays de réaliser sans attendre des investissements pour
lesquels ses ressources propres sont insuffisantes mais qui sont susceptibles
de générer une valeur ajoutée supérieure au montant
qui devra ultérieurement être remboursé (principal et
intérêt).
3 Alexandre Nshue Mbo Mokime, Macroéconomie
: Théorie et exercices résolus, Ed UPC, Kinshasa, 2007, P
220
4 Anaclet Kalombo Ntumba, Economie
financière, Notes de cours, inédit UM 2008-2009
Il s'ensuit que la contribution nette de l'emprunt au
développement et à la croissance dépend de deux
éléments :
> la rentabilité atteinte dans l'utilisation
des ressources empruntées ; > le coût du
remboursement.
Ces dernières années, dans de nombreux pays
en développements (PED), ces deux éléments n'ont pas
été satisfaisants5.
La réalisation de la croissance qui est une
nécessité fondamentale dans un processus de développement
n'est possible que grâce à l'investissement. Pour les pays qui
ressentent un besoin de financement, l'investissement devra être
financé en partie par l'épargne intérieure (si le solde
est positif ceci traduit que l'épargne intérieure est
supérieure à l'investissement intérieur, ce qui permet de
prêter au reste du monde); et en partie par les transferts reçus
du reste du monde.6
En bref, à cause de leur exigence en
investissement et de la faiblesse de leur épargne intérieure, les
PED se sont vus obligés de recourir aux capitaux extérieurs afin
de financer leur croissance, et briser par conséquent « le cercle
vicieux de la pauvreté ». Cependant, ce besoin de recourir à
l'aide extérieure, dans un monde de plus en plus interdépendant,
ne portait pas en soi des germes d'une éventuelle crise. Cette
dernière est la résultante de plusieurs facteurs tant
exogènes qu'endogènes. C'est ce que nous épinglerons dans
les lignes qui suivent.
1.2. La dette extérieure et son service
L'endettement extérieur brut d'un Etat,
à un moment donné, est la somme des engagements contractuels en
cours et ayant donné lieu à des versements de la part des
résidents d'un pays en faveur des non-résidents, comportant
obligation de
5 Clément Muya, Politiques
économiques, Notes de cours, inédits UM, 2007-2008
6 Clément Muya, Fluctuation et croissance
économique, inédits notes de cours, UM 2008-2009
remboursement du principal avec ou sans paiement
d'intérêt, ou de paiement d'intérêt avec ou sans
remboursement de capital.7
Autrement dit, il s'agit de l'ensemble des dettes d'un
pays à l'égard de l'étranger. La dette extérieure
peut être publique ou privée. Elle est publique lorsqu'elle est
contractée par l'Etat ou une société privée avec la
garantie de l'Etat. La dette privée non garantie est contractée
par une société privée suffisamment importante pour
inspirer confiance aux prêteurs en dehors de la garantie de
l'Etat.8
Le service de la dette désigne les paiements
d'amortissements du principal et des intérêts que doit assurer le
débiteur en conséquence des emprunts
effectués,9 c'est-à-dire l'ensemble des charges
liées à l'exécution des obligations
contractées.
1.3. Capacites de s'endetter et de servir la dette
Nous avons dit plus haut que l'endettement n'est pas
un mal en soi mais l'endettement extérieur pose un problème
lorsque le pays accumule des dettes et n'arrive plus à en assurer le
service. La capacité d'endettement est un concept qui fait appel
à l'idée d'un plafond fixé au volume de l'endettement, en
fonction d'une anticipation sur la capacité du débiteur d'assurer
ultérieurement le service de la dette.10
La capacité de servir la dette peut se
définir comme la capacité du débiteur à payer aux
créanciers les sommes dues au titre d'amortissement du principal et des
intérêts.11
Cette notion permet d'apprécier si le
débiteur est à même d'assurer les charges découlant
des dettes contractées. Elle permet de fixer une limite à
l'emprunt.
7 Benjamin EBUELA BALONGELWA, Initiatives PPTE
et les perspectives de croissance économique en Afrique subsaharienne,
cas de la République Démocratique du Congo, Mémoire de
licence, Université Protestante au Congo 2004 P. 6
8 Anaclet KALOMBO N., Op. cit.
9 Benjamin EBUELA, Op. Cit. p. 7
10 BEKOLO-EBE.B. De l'endettement extérieur
dans l'économie sous-développée : Analyse critique
Présence africaine, Paris (1985) p. 229, cité Par Benjamin Ebuela
Balongelwa, P. 7
11 Alexandre SHUE Mbo Mokime, Op. Cit. p 221
1.4. La capacite d'emprunter et de remboursement
D'après DHONTE,12 la capacité
d'emprunter est le plus haut niveau de versements en pourcentage des
exportations qui puisse être indéfiniment maintenue sans que le
taux de service de la dette dépasse un plafond donné. Dans le
même sens, la capacité d'emprunt se comprend comme ce qui peut
être régulièrement emprunté pour renouveler la dette
existante sans diminuer l'apport net au développement. Contrairement
à la capacité de servir la dette, la capacité de
remboursement porte sur la capacité du pays à assurer uniquement
les règlements d'amortissements.
1.5. Le reecheIonnement de Ia dette
Est le report intégral ou partiel du service de
la dette tout en définissant de nouvelles échéances. Il
renvoie à plus tard le paiement de la dette arrivée à
échéance grâce à un différé
d'amortissement et donc, à un étalement des
échéances dans le temps, avec, bien entendu, comme
conséquence directe, une pénalisation au niveau du taux
d'intérêt.13
1.6 Composante et forme de Ia dette exterieure
a. La composante
La généralisation du prêt à
l'échelle internationale comme moyen de financement du
développement a entraîné une multiplicité de centres
pourvoyeurs. Au plan national et international, des structures
appropriées ont été mises en place pour répondre
aux demandes.
La dette elle-même fait une notion multiple.
Elle est contractée à court terme, en devise ou en monnaie
locale. Les créanciers et les emprunteurs sont soit publics ou
privés, bilatéraux ou multilatéraux; les taux de
références sont fixes ou variables. En substance, nous pouvons
relever qu'il existe selon l'origine :
> des crédits fournisseurs (formule CPD)
;
> des crédits gouvernementaux ou
bilatéraux ;
12 DHONTE, cité par Benjamin EBUELA BALONGELUA,
op. Cit. p. 8
13 Alexandre Nshue Mbo Mokime, Op. Cit, P.
221
> des crédits des organismes
multilatéraux ; > des crédits des banques
privées.
Les credits fournisseurs : il s'agit
des crédits qui, contrairement aux autres prêts ne sont pas
accordés par des organismes financiers mais par des institutions non
financières, notamment des entreprises qui obtiennent des contrats des
prestations de services ou qui sont sollicitées pour effectuer des
travaux.
Les credits gouvernementaux ou
bilateraux : ils mettent en relation directe deux pays et visent
à établir des rapports plus étroits et personnels entre
les gouvernements et à développer la coopération entre les
pays concernés. Aussi, il est généralement demandé
que ces crédits soient utilisés pour acquérir des biens ou
services en provenance du pays donateur, d'où leur caractère
lié. Cependant, ils sont assortis de taux d'intérêts de
faveur se situant en dessous des taux du marché, et
bénéficient des échéances longues. Pour ces deux
raisons, ils constituent une source de financement susceptible d'être
avantageuse pour les pays en développement (PED).
Les prêts des organismes
multilatéraux : les prêts accordés par la Banque
Mondiale (BIRD), la Banque Africaine de Développement ( BAD), la Banque
Européenne d'Investissement (BEI), le Fonds Spécial des Nations -
Unies (FSNU),... relèvent de cette catégorie. Ils sont assortis
de conditions se situant en dessous de celles du marché. La
particularité de ces prêts est qu'ils sont des occasions pour ces
institutions créancières de prodiguer des conseils aux
gouvernements bénéficiaires des prêts, et de demander la
restructuration de tel ou tel secteur ou l'organisation de telle ou telle
entité économique.
Les credits des banoues privées
: Par transformation des dépôts et des liquidités du
marché monétaire national, les banques privées ont
contribué pour une large part au financement des projets des PED.
Cependant, ces contrats abondent en commissions et frais divers au profit des
prêteurs (commission d'engagements gestion, de participation, frais
d'avocat, de télex, de voyages, d'impression, ...). Il arrive que ces
commissions et frais atteignent jusqu'à 1,5% du montant total du
crédit, surtout quand les prêteurs ont en face d'eux
des
négociateurs peu expérimentés et
n'ayant pas d'informations sur l'évolution des tendances du
marché.
b. La forme
L'assistance de l'étranger prend diverses formes,
dont les plus importantes sont : l'aide publique au développement et les
investissements privés directs.
L'aide publique au développement
(APDB
Est destinée à créer les
conditions pour un développement socioéconomique durable et donc
à améliorer de manière progressive et substantielle le
niveau de vie des populations des pays bénéficiaires. L'aide
publique est composée des prêts octroyés par les puissances
occidentales et les organisations multinationales .Elle est donc
bilatérale ou multilatérale.
L'APD bilatérale peut revêtir plusieurs
formes : les dons (en espèce ou en nature), l'assistance technique et
militaire, ou les prêts assortis de conditions de faveur. Il est
important de noter que l'aide militaire est exclue de la dette.14
Notons par ailleurs que l'APD répond à une condition
financière stricte de libéralité (élément -
don) qui doit être au moins de 25%.15
L'APD multilatérale est une aide qui transite par
l'intermédiaire d'organisations internationales. Celles-ci peuvent
être classées en trois catégories.
- les Organismes des Nations Unies tels que le
Haut-commissariat aux Réfugiées (HCR), le Programme Alimentaire
Mondiale (PAM), le Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD), le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) et le Fonds des
Nations Unies pour la Population (FNUAP) ;
- Les institutions financières
internationales, telles l'Association Internationale de Développement
(IDA), les guichets concessionnels des banques régionales (BAD par
exemple) ;
- La commission des communautés européennes
(CCE). Les Investissements Directs Etrangers
L'investissement direct étranger consiste
à l'acquisition ou au développement par des entreprises
étrangères de leurs filiales ou établissements dans le
pays qui ressent le besoin de financement.16 Il traduit l'objectif
d'une entité résident dans une économie (investisseur
direct) d'acquérir un intérêt durable dans une
entité résident dans une économie autre que celle de
l'investissement (entreprise d'investissement direct).
1.7 Les O13!edits du millenaire pour le developpement
(OMD)17
Sont huit objectifs que les États membres
de l'ONU ont convenu d'atteindre d'ici à 2015. La
déclaration fut signée en septembre 2000.
Ces objectifs sont :
> 1. Réduire l'extrême
pauvreté et la faim.
> 2. Assurer l'éducation primaire pour
tous.
> 3. Promouvoir l'égalité et
l'autonomisation des femmes.
> 4. Réduire la mortalité
infantile.
> 5. Améliorer la santé
maternelle.
> 6. Combattre le VIH/SIDA, le
paludisme et d'autres maladies.
> 7. Assurer un environnement
durable.
> 8. Mettre en place un partenariat mondial pour le
développement
Nous avons circonscrit les notions essentielles
liées à la dette extérieure, dans le chapitre suivant nous
perlerons de l'évolution de la dette extérieure et du cadre
économique de la RDC.
16 Alexandre NSHUE M. M., op. Cit. p.220
17
http://www.undp.org
Chapitre II ORIGINE ET EVOLUTION DE LA DETTE EXTERIEURE
DU CONGO
Introduction
Dans le présent chapitre, il sera question, comme
l'indique le titre, de cerner l'origine et de voir comment la dette a
évolué jusqu'à son niveau actuel.
Nous parlerons de la situation économique de la
RDC et des problèmes liés à l'endettement.
II.1 Environnement general
11.1.1 Situation economiaue de la RDC
Se penchant sur la situation post - coloniale de la
R.D.C., l'une des observations qui frappe est la faillite économique et
la misère sociale généralisée de la population.
L'économie Congolaise présente le paradoxe le plus frappant du
continent noir. En effet, pays le plus potentiellement riche d'Afrique avec
d'incomparables ressources minières, forestières et humaines, la
RDC possède une économie parmi les moins performantes du
continent ; entre 1990 et 2000, le taux de croissance moyen de son PIB
était de - 6,5% alors que la population était en train de
croître au taux de 3,4% par année.
Dans les lignes qui suivent, nous proposons une
lecture évolutive de la situation de la RDC. Nous avons subdivisé
l'histoire économique du pays en 4 grandes périodes, à
savoir :
- 1960;1966 : période des troubles ;
- 1967;1974 : période d'expansion ;
- 1975;1989 : période de la récession et
des tentatives de stabilisation ;
; 1990;2003 : période de la grande crise ou de la
conflagration économique II.1.1.1 Periode des troubles 1960 a
1966
entraîné une destruction et un abandon
important des infrastructures économiques du pays. Il s'agit notamment
de la destruction et de l'abandon des voies de communications, des ponts, des
usines, des plantations, des écoles, des hôpitaux, etc. Ce qui eut
comme conséquences une hausse importante des prix intérieurs, un
déséquilibre des paiements extérieurs et un quasi -
épuisement des réserves de change, entraînant
l'instauration d'un système de contrôles administratifs des
importations et des paiements de plus en plus restrictifs et compliqués.
Il en a donc résulté le détournement des ressources des
activités productives vers les activités commerciales et
spéculatives. Nonobstant ces constats tristes, une bonne partie des
engagements du pays vis-à-vis de l'extérieur a été
respectée pendant cette période.18
11.1.1.2. Periode d'exoansion ou de l'essor economioue
1967 a 1974
A partir de 1966, le pays est entré dans une
période de paix civile et sociale, marquée par l'instauration de
l'autorité de l'Etat et la réorientation de la politique
économique. En effet, la reforme monétaire de juin 1967,
conjuguée avec la montée des cours du cuivre et de la confiance
des nouveaux investisseurs, a entraîné un apport massif des
capitaux ; et il s'en est suivi une croissance réelle du PIB de 7% en
moyenne annuelle de 1968 à 1974. Les réserves de change
atteignaient, fin 1970, le montant de 220 millions de dollars, soit trois
années de besoin d'importations.19
C'est durant cette période de haute conjoncture
que le pays a réalisé plusieurs projets économiques :
industriels, routiers, hydroélectriques et autres, ainsi que la
création et la restructuration des grandes entreprises publiques dans le
domaine de la distribution de l'eau (REGIDESO), de l'électricité
(SNEL), des transports (ONATRA) et des assurances (SONAS). A ces
dysfonctionnements internes provoqués par la zaïrianisation, sont
venus s'ajouter d'autres facteurs essentiellement externes dont la
18 NZANDA-BUANA KALEMBA.M., Economie zaïroise
de demain : pas de navigation à vue, Edition Pros Dé,
Kinshasa, 1995, p.91
19 NZANDA- BUANA, op cit, p. 97-100
chute des cours de cuivre et la hausse des prix des
produits pétroliers (premiers chocs pétroliers).
11.1.1.3. Periode de la recession et des tentatives de
stabilisation de 1975 a 1989
A partir de 1975, l'économie Congolaise est
entrée dans une phase de récession marquée par une
profonde détérioration des principaux indicateurs
économiques et sociaux. L'origine de cette récession tient
principalement à trois phénomènes ; il s'agit d'abord de
l'échec de l'expérience de la politique de Zaïrianisation/
radicalisation lancée en novembre 1973, qui a livré
l'économie nationale entre des mains non expertes. Il en est
résulté une méfiance des investisseurs tant
étrangers que nationaux vis-à-vis du pays ; ce qui eut comme
conséquences des désordres socio-économiques, la baisse
très sensible de la production agricole ; la négligence de
l'entretien des routes, l'abandon de la gestion de la chose publique au profit
des affaires acquises. Il faut ensuite relever la légèreté
doublée d'une tendance prononcée à la tricherie visant
l'enrichissement personnel et sans cause, qui a longtemps
caractérisé les responsables de la gestion de l'économie
nationale. Mais aussi le choc pétrolier de 1973 et la baisse brutale des
cours mondiaux du cuivre.
Les résultats affichés par
l'économie furent :
- la régression de l'activité
économique avec des taux de croissance, si pas négatifs,
Inférieurs au taux de croissance de la population estimé à
3,4 % l'an, d'où un appauvrissement général et une
détérioration des conditions de vie de la population
;
- les déficits des finances publiques donnant
naissance à une création excessive de liquidités
;
- le déficit chronique de la Balance de Paiement
atteignant 600 millions de dollars en 1989 contre 7,4 millions de dollars en
1970 ;
- la détérioration de tous les indicateurs
de la dette extérieure qui a été multipliée par six
entre 1970 et 1975, et par 47 entre 1970 et 1990 entraînant
ainsi une diminution de la capacité de paiement
de l'Etat et aggravant le problème de l'endettement ;
- la monnaie nationale a continué sa chute libre
et, à la fin de l'année 1989, elle avait perdu plus de 90% de sa
valeur de la période 1967 - 1975 ;
- l'inflation est restée très forte,
laminant ainsi le pouvoir d'achat des populations et la corruption est devenue
un moyen de survie.
11.1.1.4. Periode de la conflagration economiaue
Cette période révèle une
réelle débâcle économique et un effondrement du
système économique du pays. Elle peut- être
subdivisée en deux sous - périodes, à savoir de 1990
à 1997, puis de 1998 à 2003.
La première sous - période de 1990
a 1997 I
Est caractérisée par une anarchie et un
vandalisme dans la gestion des finances de l'Etat. Tous les indicateurs
économiques et sociaux sont passés au rouge, comme
conséquence d'une absence totale de politique cohérente en
matière monétaire, financière et sociale ; le pouvoir
ayant décidé de tout sacrifier à travers la corruption
politique tous azimuts et l'achat des consciences. Cette période fut
marquée par la rupture de la coopération avec tous les
partenaires extérieurs pour non respect des engagements,
singulièrement dans le paiement du service de la dette.
Concrètement, il a été
observé les faits suivants :
- la taille de l'économie est revenue à
son niveau de 1958, alors que la population est passée de 2,9 fois plus
nombreuse et que la structure de l'économie a changé.
L'économie s'est vue contrainte de se replier sur des activités
de subsistance et des activités informelles ;
- l'urbanisation croissante, mauvaise qualité de
l'infrastructure des transports, l'insuffisance des investissements
;
- l'économie démonétisée
et les marchés des capitaux comme ceux des changes ne fonctionnant
presque plus qu'à des fins spéculatives (de 28% du PIB en 1958),
la masse monétaire au sens large n'était plus que d'environ 9% en
1988 - 1989 et 1,4 % en 1993 ;
- un recours accru à la création
monétaire pour financer les déficits budgétaires
croissants20
La situation économiaue et
Dolitiaue
L'appréhension de l'engrenage hyper
inflationniste au Congo devrait prendre en compte l'analyse minutieuse de la
situation politique qui a nourri les mécanismes d'anticipations
pessimistes des agents économiques. Cette dynamique se cristallise sur
le comportement du taux de change parallèle qui évolue en temps
réel en rapport avec les prévisions des agents
économiques. Lorsqu'un gouvernement bénéficiant de
l'adhésion populaire était mis en place, les circuits
parallèles des changes ont réagi positivement. En effet, le
mouvement ininterrompu de dépréciation du taux de change de la
monnaie congolaise a toujours connu un répit, en favorisant la baisse
des tensions inflationnistes.
Dans le cadre de l'économie congolaise, au -
delà des transferts financiers relatifs à la dette, il convient
de mentionner le manque à gagner consécutif au retrait des
organismes internationaux au début de la décennie 90. Ainsi, les
autorités gouvernementales seront privées du soutien au
financement des déséquilibres de la Balance des Paiements, et le
recours à l'émission monétaire va se
généraliser car les recettes fiscales ne permettent pas de
générer des ressources substantielles. Il convient de
déplorer également l'existence d'un système de prix
différenciés selon le type de modalités de paiement dans
l'engrenage hyper inflationniste.
En règle générale, les
opérateurs économiques procèdent aux « sur- plus
», lorsque les transactions sont réglées par chèques
ou en billets de 5 millions de zaïres21
La deuxième sous - période de 1998
a 200322
A la prise du pouvoir par l'AFDL le 17 mai 1997, le
peuple Congolais, préparé par 7 années de
démystification du dictateur, attendait, comme en 1965, un changement
radical.
Au moment de la prise de pouvoir par l'A.F.D.L.,
celle-ci jouissait d'un préjugé favorable de la population et
auprès des investisseurs potentiels. En effet, exaspéré
par l'obstination du pouvoir dictatorial à ne pas ouvrir l'espace
politique, la population attendait que les nouvelles forces armées la
débarrassent de celui-ci et qu'elles installent une véritable
démocratie avec un pouvoir réellement civil.
Parallèlement, les opérateurs économiques et les
investisseurs extérieurs potentiels attendaient du nouveau pouvoir un
climat paisible et propice aux activités économiques.
Certains investisseurs avaient même signé
des conventions avec la rébellion, en anticipant la prise du pouvoir.
Mais au fur et à mesure que le nouveau pouvoir se consolidait en
ralliant quelques leaders acquis à la cause démocratique, un
noyau de « durs » à tendance dictatoriale naissait dans les
rangs des nouveaux dirigeants.
Cette sous - période fut
caractérisée par les faits suivants23 :
- recul de la croissance économique : le PIB a
enregistré une baisse cumulée de 21,9% pour la période
1997;2000, soit une régression moyenne annuelle de 5,5%;
- difficultés d'approvisionnement en produits
pétroliers et en biens de première nécessité, dues
entre autres raisons, à l'insuffisance des ressources en monnaies
étrangères, aux renchérissements des produits
pétroliers;
21 . Il convient de remarquer que ces billets de 5
millions ont été démonétisés par le Premier
Ministre Etienne TSHISEKEDI issu de l'opposition dès leur mise en
circulation .Cette situation a entraîné des émeutes
à Kinshasa en janvier 1993 car les militaires ont refusé ces
nouvelles coupures
22 Fernand TALA-NGAI, RDC de l'an 2001 :
déclin ou déclic, Ed Analyses sociales, Kinshasa,
2001pp.147-148
23 · ·
Ministère du plan et Développement, Programme
Intérimaire Renforcé du Gouvernement, Kinshasa, septembre
2001,
p.14
- investissements entravés par la faiblesse de
l'épargne nationale (3,7% en moyenne entre 1997 et 2000, contre une
moyenne africaine de 17%) ;
- politique monétaire expansionniste
entraînant des conséquences délétères sur les
prix intérieurs et le taux de change ;
- persistance d'une inflation élevée, avec
un taux annuel moyen de 212,4% entre 1997 et 2000 ;
- déficit des paiements extérieurs et
accumulation des arriérés de paiement ; -
déséquilibres structurels du marché de change
;
- sous bancarisation du pays (pour une population
estimée à 50,4 millions d'habitants), les banques dans leur
ensemble ne disposent que de 25 guichets, soit en moyenne 2 millions de
personnes par guichet ;
- déséquilibre profond des finances
publiques et éviction du secteur privé.
Au regard de ce qui précède, dans un
environnement macroéconomique aussi macabre que malsain, devrions- nous
conclure en paraphrasant NDELE BAMU24 qui dit qu' : ((
en 42 ans d'indépendance, la République
Démocratique du Congo a connu 35 ans de crise ouverte et 7 ans seulement
de vie sociale normale, soit 1967 à 1974, âge d'or de l'histoire
économique du pays ? Quel paradoxe pour un
pays que la nature a doté de tout ».
Au début de l'année 2001, un changement
politique s'opèrera au sommet de l'Etat, avec l'avènement du
Président joseph KABILA. La République
Démocratique du Congo reprend le dialogue avec les partenaires
extérieurs. Le gouvernement mettra sur pied avec le concours des
services du FMI, deux Programmes économiques successifs. Le premier,
dénommé Programme Intérimaire Renforcé (PIR),
étalé de juin 2001 à mars 2002, visant essentiellement
à casser l'hyper- inflation et à créer les conditions
propices à la relance de l'activité
économique.
Et le second, communément appelé,
Programme Economique du Gouvernement (PEG), couvrant la période 2002
à 2005, visait essentiellement la consolidation de la stabilité
macroéconomique et la croissance économique en vue de
réduire la pauvreté. Fondé essentiellement sur
l'exécution équilibrée des opérations
financières de l'Etat, la maîtrise de l'expansion monétaire
et la mise en oeuvre des reformes structurelles, les deux programmes ont
permis:
- la reprise de la coopération avec la
Communauté Financière Internationale après 11 ans de
rupture ;
- la réalisation, en 2002, d'un taux de
croissance positif de 3,5%, après 13 années de contraction du
PIB. Au 30 juin 2003, la croissance est de 2,4% par rapport à un
objectif de 5% en fin d'années ; - la réduction sensible du taux
d'inflation qui est passé de 511,2% à la fin 2000, à
135,1% en 2001. Puis à 16% à fin 2002. Au 27 juillet 2003, le
taux annualisé est de 10,6% contre un objectif de 8%;
- la stabilité remarquable du Franc Congolais
observée depuis la suppression des taux de change multiples au 27 mai
2001, et la réduction de l'écart entre les taux officiel et libre
de 182% en 2000 à 0,8% juillet 2003 ;
- l'exécution sur base caisse des
opérations financières de l'Etat, que se sont soldées par
des excédents en 2001 et 2002. Néanmoins, il importe de relever
le faible niveau d'exécution des dépenses d'investissement dont
la réalisation est tributaire du décaissement des ressources
extérieures ;
- l'amélioration du cadre juridique,
légal et réglementaire des affaires grâce, à la
promulgation d'une nouvelle réglementation de change libérale,
d'un code des investissements, d'un code et du cadastre miniers, d'un code
forestier et d'un code du travail a permis l'attrait de nouveaux capitaux tels
que ceux investis dans le secteur de la téléphonie cellulaire et
du traitement des minerais.
d'administration du FMI et de la Banque Mondiale ont
décidé à l'issue de leurs réunions tenues
respectivement les 23 au 24 juillet 2003, d'une part le décaissement en
faveur de la République Démocratique du Congo de la
3ème tranche de la FRPC de plus ou moins 37 millions de USD,
au titre d'appui à la Balance des Paiements et, d'autre part,
l'accession de notre pays au point de décision de l'initiative
PPTE.25
11.2 Evolution de la dette
L'origine de l'endettement peut être
fixée aux environs de la deuxième moitié des années
1960. Certains pays en développement sont d'ailleurs nés
endettés comme la République Démocratique du Congo (R.D.C)
qui hérita des dettes de l'ancienne colonie Belge envers la
métropole.
Cette dette extérieure est un archétype
de la dette odieuse qui existe en droit international. Selon Alexander Nahum
SACK auteur de cette doctrine : « Si un pouvoir despotique contracte une
dette non pas selon les besoins et les intérêts de l'état,
mais pour fortifier son régime despotique, pour réprimer la
population qui le combat, cette dette n'est pas obligatoire pour la nation :
c'est une dette de régime, dette personnelle du pouvoir qui l'a
contracté. Par conséquent elle tombe avec la chute de ce pouvoir
».26
Ainsi, il convient d'observer d'une part
l'évolution de la dette extérieure depuis l'Etat
indépendant du Congo jusqu'à la date de l'accession du Congo
Belge à l'indépendance, et d'autre part les
éléments de la dette tels qu'ils se présentent depuis 1960
jusqu'à ce jour
11.2.1 Les emprunts realises par le Congo Belee
Le passif du Congo Belge se composait essentiellement
de deux catégories d'obligations financières : la dette directe
et la dette indirecte. La dette directe comprenait tous les emprunts et les
engagements directs de la colonie, tandis que
25Jean Claude MASANGU M., La RDC accède
à l'initiative PPTE Renforcée , in Notes des Conjonctures,
Edition CEDI, Kinshasa Octobre 2003, pp. 3-5
26 P. Adams, « Obdious debts », Probe
International, 1991 Cité par Arnaud Zacharie, Op. Cit. P. 6
la dette indirecte groupait les obligations de garantie
contractées par la colonie pour le compte des sociétés
coloniales.27
A l'époque coloniale la dette s'était
considérablement accrue de 1949 à 1959, suite à la mise en
oeuvre du plan décennal de développement économique et
sociale. Elle est passée de 3,7 milliards à 46 milliards de
francs Congolais. Il est important de préciser comme le dit MABI Mulumba
que sous la colonisation la dette publique ne posait pas un problème
aigu, parce que la croissance soutenue de l'économie congolaise,
grâce à une production d'exportation diversifiée, assurait
normalement le service de la dette. Il était établi dans la
mesure du possible un lien entre l'emprunt et les moyens d'en assurer le
remboursement et le service. La crise de la deuxième République
semblait provenir du non respect de cette
règle.28
11.2.2 La dette extérieure du Congo mprhs
l'indépendance
Après l'indépendance l'endettement du
Congo n'est pas très important malgré quelques emprunts
sporadiques et la prise en charge de la dette coloniale. Jusqu'en 1970 la dette
extérieure du Congo se situait en dessous de 2 milliards de
dollars
Au début des années 70, l'essor
économique mondial, le relèvement spectaculaire des cours des
matières premières et le surplus des pétrodollars qui s'en
est suivi, ont poussé les détenteurs de ces fonds à la
conquête des marchés de recyclage. Les pays industrialisés
offraient des facilités financières aux pays en
développement qui initiaient des politiques d'investissement à
outrance dans le but d'ouvrir des perspectives de croissance soutenue dans le
cadre de la « décennie onusienne de développement »
(1970;1980).29
Dans le but bien avoué
d'accélérer sa croissance économique, le Zaïre de
l'époque s'était engagé dans une politique d'endettement
extérieur excessif au cours des années 1970;1974. Dans cette
aventure, le pays s'était laissé entraîner par l'essor
économique mondial, caractérisé par un relèvement
spectaculaire des
27 TUNDA ya Kasende, « la problématique de
la dette extérieure de la République Démocratique du Congo
», in CongoAfrique (décembre 1999) n°340 p. 612
28 MABI MULUMBA, les dérives d'une gestion
prédatrice, le cas du Zaïre devenu République
Démocratique du Congo, Kinshasa, CRP, 1998 p. 7
29 TUNDA Ya Kasende, Op. Cit., p. 613
cours des matières premières, parmi
lesquelles le cuivre. Au cours des années qui ont suivi, plus
précisément la décennie 1980, le niveau de la dette
extérieure a augmenté sensiblement, atteignant près de 9
milliards de dollars en 1989.30
Mais comme nous l'avons dit plus haut la dette ne
posait pas problème vu que l'économie congolaise était
performante. C'est suite a certains chocs que la crise de l'endettement s'est
produite.
Les chocs pétroliers de 1973 et 1979, qui ont
porté le prix du baril de pétrole de moins 3 dollars US à
près de 40 dollars US et qui se sont suivi concomitamment d'une
détérioration des termes de l'échange due à la
baisse des cours des principales matières d'exportation, dont le cuivre
; d'une hausse des taux d'intérêt internationaux ; ainsi que d'une
réduction sensible des flux au titre de l'aide publique au
développement en faveur de notre pays.
Ne pouvant plus dégager suffisamment de
ressources en devises pour faire face au service de la dette, le Congo a
accumulé une dette de plus en plus importante qui l'a conduit à
une crise d'endettement.
11.3 Crise de I'endettement en RDC
La République Démocratique du Congo a vu
le poids de sa dette extérieure passer de 380millions de dollars US en
1970 à 12.9 milliards de dollars US en 2002 dont près de
10,5milliards de dollars US d'arrières (80% de la dette du pays sont des
échéances impayées).31
Cette progression s'explique surtout par :
> Le recours inconsidéré aux
mécanismes de rééchelonnement successifs de la dette
pratiqué par le Zaïre depuis 1976 en raison des difficultés
de paiement de sa dette extérieure ;
> L'absence d'une politique responsable en
matière
d'endettement ;
30 OGEDEP, Politique d'endettement
extérieure du Zaïre, note technique, 1990, p. 1 cité par
TUNDA Ya Kasende, op. Cit.
31 Fonds Monétaire International (1999), «
Cadre stratégique de la lutte contre la pauvreté ; question
d'ordre opérationnel, tiré sur Internet,
http://www.imf.org
> L'inadéquation entre les conditions
d'octroi des prêts et les projets d'investissement financés,
nombreux prêts ayant été orientés vers des projets
d'investissement à rentabilité financière incertaine
;
> L'absence d'une politique économique
cohérente et la tendance de plus en plus poussée à des
dépenses publiques de prestige telles que la sidérurgie de
Maluku, la voix du Zaïre, l'échangeur de Limete, le CCIZ,
l'organisation à Kinshasa du combat de boxe ALI-FOREMAN ; la ligne haute
tension IngaShaba ; avaient entraîné l'absorption de toutes les
ressources générées par la reforme de
196732
Après tout ceci la RDC n'a pas pu honorer ses
engagements envers les divers bailleurs de fonds auprès desquels elle
s'est endettée. Mais il nous semble important d'ajouter que les fonds
provenant de l'emprunt ont servi à asseoir la dictature de Mobutu. Comme
le souligne Joseph Stieglitz, ancien vice-président de la Banque
mondiale et prix Nobel d'économie : « Quand le FMI et la Banque
mondiale prêtaient de l'argent à Mobutu, ils savaient ou auraient
dû savoir que ces sommes, ne serviraient pas à aider les pauvres
de ce pays mais à enrichir Mobutu. On payait ce dirigeant corrompu pour
qu'il maintienne son pays fermement aligné sur l'occident. Beaucoup
estiment injuste que les contribuables des pays qui se trouvaient dans cette
situation soient tenus de rembourser les prêts consentis à des
gouvernements corrompus qui ne les représentaient pas
»33
11.3.1 L'aiustement structure!
Les conséquences de l'endettement
extérieur des pays de l'Afrique ne se limitent pas à la menace de
déstabilisation du système financier international ; elles sont
également internes et se situent au coeur même de leur processus
de
32
http://
www/users.skynet.be/cadtm/pages Décembre 2002
33 J STIGLITZ, la grande désillusion,
fayard, 2002, cité par Arnaud Zacharie, op. Cit. p 7
développement et de la croissance de leurs
économies, dans la mesure où le poids de cet endettement est
devenu un obstacle difficilement surmontable.34 L'obligation des
pays Africains d'honorer les échéances, d'une part et la
limitation
ou le tarissement des flux nouveaux de capitaux
extérieurs d'autre part, entraînent une moindre croissance et un
prélèvement sur les maigres ressources disponibles. Dans certains
cas, les rééchelonnements successifs du capital emprunté
et des intérêts aboutissent, par un effet ~ boule de
neige , à un accroissement de l'encours nominal, alors
même que le pays concerné a accepté de mener pendant des
années des politiques d'austérité de
rigueur.35
Le programme d'ajustement structurel est un programme
de réformes économiques mis en place par le FMI et la banque
mondiale pour permettre aux pays touchés par de grandes
difficultés économiques de sortir de leur crise
économique. La version plus élaborée de ce programme
répond au nom de "consensus de Washington" crée en 1989 par
l'économiste John Williamson. Sous ce nom, il a résumé
tout ce qu'il considérait comme consensus actuel entre le Congrès
des Etats-Unis, le FMI, la Banque mondiale et d'importantes « fabriques
à penser ».36 Dix recommandations politiques formaient
ce consensus concernant la « réforme » d'économies en
souffrance :
1. La discipline budgétaire,
2. L'acheminement des dépenses publiques dans
des directions qui promettent aussi bien une croissance économique
qu'une répartition égale des revenus,
3. Des réformes fiscales comportant des taux
d'imposition maximaux peu élevés et une large assiette
fiscale,
4. Une libéralisation des marchés
financiers,
5. La création d'un cours du change stable et
compétitif,
6. La libéralisation du commerce,
34 Duruflé, G., L'ajustement structurel en
Afrique, Ed KARTHALA, Paris, p.14
35 Duruflé G., Op. Cit. p. 15
36 J. MUALABA Kasangana, Economie des pays du tiers
monde, Note de cours, inédits, UM 2004-2005
7. L'abolition des barrières à
l'entrée sur le marché et la libéralisation des
investissements directs étrangers (égalité de traitement
entre les entreprises étrangères et celles du pays),
8. Les privatisations,
9. La déréglementation,
10. La protection de la propriété
privée.
Il ressort de ce chapitre que la dette
extérieure de la RDC est très élevée et entraine
une asphyxie de toute l'économie. À cela il faudrait ajouter que
la situation politique s'est beaucoup dégradée, et cette
dégradation a entrainé beaucoup d'avatars qui ont fait que le
pays n'était plus capable d'assurer le service de la dette, et par
là incapable de collecter à nouveau l'emprunt sur le plan
international ce qui a eu pour effet d'enfoncer le pays dans une crise sans
précédent.
Pour lutter contre cela la RDC s'est engagée
à régulariser sa position financière pour se reconnecter
aux circuits internationaux. S'en est suivi une grande opération de
restructuration de sa dette extérieure en 2002. Ce qui fera l'objet du
chapitre suivant.
Chapitre 111 RESTRUCTURAT1ON DE LA DETTE EXTER1EURE
1ntroduction
Dans le présent chapitre il sera question de
voir et d'étudier les opérations qui ont eu lieu en 2OO2 et qui
s'appellent restructuration de la dette. Après une longue rupture avec
les institutions financières internationales, la RDC a exprimé le
désir de se reconnecter aux circuits financiers.
111.1 Historique de la restructuration
La crise de la dette du tiers monde, dont le
Zaïre est une des principales victimes en Afrique, bouleverse
l'économie du pays. Mais il est important de signaler que la dette
extérieure de la RDC a été restructurée plusieurs
fois : le 16 juin 1976, le 1 décembre 1977, le 11 décembre 1979,
le 9 juillet 1981, le 20 décembre 1983, le 18 septembre 1985, le 15 mai
1986, 18 mai 1987 et le 23 juin 1989.
En 2001, le retour de la République
démocratique du Congo dans le giron financier international bute sur un
problème : dépendant des financements extérieurs pour sa
reconstruction, le pays doit régler de manière urgente le
problème de ses arriérés, afin de régulariser sa
situation financière, de profiter de nouveaux prêts et de
participer à l'initiative d'allégement de la dette des pays
pauvres très endettés (PPTE). Les remboursements reprennent
vigoureusement à partir de 2002.
Cette régularisation permet au gouvernement
Congolais d'accéder à une gigantesque opération de
restructuration de sa dette (en deux phases) et d'entrer dans le cadre de
l'initiative PPTE.
111.2 Restructuration proprement dite
111.2.1 Premiere phase de iuin-iuillet 2002
Consiste à régler le remboursement des
arriérés congolais envers le FMI et la Banque mondiale. Le
processus vise à garantir le remboursement des vieilles dettes
impayées par une opération de « consolidation »,
c'est-à-dire en remplaçant les arriérés par de
nouvelles dettes à un taux concessionnel. Concrètement,
quatre
pays (Belgique, France, Suède, Afrique du sud)
prêtent la somme nécessaire au gouvernement congolais pour qu'il
rembourse ses arriérés au FMI. Ensuite, le FMI prête la
somme nécessaire (522 millions de dollars) au gouvernement congolais
pour qu'il rembourse ses prêts d'Etats. Dans le même temps la
Banque mondiale prête 330 millions de dollars au Congo pour que le pays
liquide ses arriérés à son égard. Au final, la RDC
a troqué ses arriérés multilatéraux contre une
nouvelle dette à 0,5% due au FMI et à la Banque mondiale. Il est
important de signaler qu'un mécanisme d'apurement a également
été conclu avec la Banque africaine de développement
(BAD)
111.2.2 Seconde phase
Qui a eu lieu en septembre 2002, consiste à
restructurer la dette congolaise due au quatorze pays créanciers
rassemblés dans le Club de Paris. La dette congolaise due au Club de
Paris est évaluée à 10,3 milliards de dollars, dont
près de 90% sont des arriérés accumulés depuis le
dernier accord entre le Club de Paris et le Zaïre de Mobutu, 1989.
L'accord de septembre 2002 débouche sur l'annulation de 4,6 milliards de
dollars de dettes, ce qui correspond au montant des arriérés sur
le principal de la dette extérieure congolaise, et sur le
rééchelonnement de 4,3 autres milliards.37
Si l'on additionne la portée des deux phases de
l'opération, 60% de la dette congolaise ont été
restructurés. L'allégement a permis une réduction du
service de la dette de 36 millions de dollars en 2003, 100 millions en 2004 et
173 millions en 2005. De leur coté, les bailleurs de fond qui ont
financé cette opération d'allégement ont
comptabilisé ces montants en aide publique au développement, ce
qui leur a permis d'afficher des montants d'aide en hausse : sur les 8,5
milliards d'augmentation de l'aide à destination de l'Afrique
subsaharienne entre 2001 et 2003, 5,1 milliards proviennent de la seule
opération d'allégement de la dette de la
RDC38
37 IMF, République démocratique du Congo
: 2003 Article IV Consultation, Washington, June 2003 tiré sur Internet
à l'adresse
http://www.imf.org
38 Banque mondiale, Global Monitoring Report, 2005
tirés sur Internet à l'adresse
http://www.worldbank.org
L'allégement de la dette consiste en la
réduction de la valeur actualisée du flux des remboursements
prévus
Tableau n° 1 : Stock résumé au 31
Décembre 2001 (en millions de USD)
Catégorie créanciers
|
Encours
|
Principal
|
Intérêts
|
Intérêts retard
|
Total
|
Stock
|
Club de Paris
|
4868
|
3641
|
2148
|
2312
|
8111
|
9338
|
Club de Kinshasa
|
322
|
259
|
85
|
51
|
400
|
463
|
Club de Londres
|
37
|
37
|
0
|
58
|
95
|
95
|
Institutions Multilatérales
|
2536
|
1251
|
616
|
54
|
1921
|
3206
|
Court terme
|
177
|
177
|
0
|
0
|
177
|
177
|
Total
|
7940
|
5365
|
2849
|
2475
|
10704
|
13279
|
Source : OGGEDEP (2001-2002), Direction dette
extérieure
111.3 Allégement de la dette et l'initiative
PPTE
L'initiative PPTE est l'aboutissement d'un long
processus d'allégement de la dette qui a commencé au début
de la crise en 1982. La plupart de ces mesures étaient fonction de
l'idée que l'on se faisait de cette crise qui, au début,
paraissait temporaire. Mais avec le temps, la crise prenait des allures d'une
crise fondamentalement structurelle qui menaçait l'équilibre
macroéconomique des pays débiteurs. La réponse à
cette évolution fut l'adoption des solutions plus globales.
Tableau n°2 Indicateurs de la dette
extérieure de la RDC avant allégement
|
|
Indicateurs
|
Ratio stock dette/PIB
|
+7
|
Ratio stock dette/Exportation
|
+9
|
Ratio stock dette/Revenus
|
+77
|
Ratio service dette/exportations
|
+13
|
Ratio service dette/revenus hors dons
|
-8
|
Source : FMI (2006)
Tableau n°3 Service de la dette extérieure de
la RDC (2001-2003)
|
2001
|
2002
|
2003
|
Service de la dette avant programme (en millions USD)
|
727
|
588,8
|
625,5
|
Service de la dette après programme (en millions USD)
|
0
|
38,3
|
155, 1
|
Service de la dette après programme (en % des revenus)
|
218%
|
8%
|
22%
|
Source : FMI
Par ce tableau nous constatons une nette diminution du
service de la dette après l'accession du pays au point de
décision
Avant d'analyser l'allégement de la dette dans le
cadre de l'initiative PPTE, nous allons d'abord faire un survol
rétrospectif des mécanismes d'allégement de la
dette.
111.3.1. Alleaement de la dette dans le passe
Lorsque la crise éclata au début des
années 80, les créanciers étaient convaincus qu'elle
était passagère : ils l'imputaient à une crise de
liquidité temporaire. Aussi refusèrent-ils d'envisager des
mesures globales, préférant s'y prendre au cas par cas. Soit que
les dettes étaient restructurées -
rééchelonnées - soit refinancées (apport de
nouveaux crédits pour payer la dette). Parfois des créances
furent échangées contre les produits du pays où contre des
actions de développement.39
Malgré ces actions ponctuelles, la crise de
liquidité ne fut pas résorbée et pire encore, la dette des
PED continuait de gonfler. Cette évolution entraîna une prise de
conscience, par la Communauté Internationale, d'une insolvabilité
durable. Alors, petit à petit, on envisageait l'adoption des solutions
globales.
En 1987, la Citicorp, banque américaine, prit
la décision de provisionner 50% de l'encours de créances
latino-américaines. Ce qui fut un encouragement pour les autres banques
à constituer des provisions sur les créances douteuses. Cette
option sera suivie puis généralisée par les banques du
monde entier.
C'est à Toronto (1988), lors de la
réunion du G7, que les premières réductions de la dette
publique seront évoquées. Les pays riches proposèrent
d'alléger d'un tiers la dette des pays pauvres et les plus
endettés. Ces réductions ont atteint 4 milliards d'USD en 1991,
somme très modique relativement à l'encours de la dette de ces
pays. En mars 1989, le Secrétaire Américain au
Trésor, Brady, proposa un plan qui portera son nom et qui
se voulait un accord cadre pour la dette bancaire. Cet accord permettait aux
pays à revenu intermédiaire de racheter les prêts en cours
avec une décote (garantie par la banque centrale américaine) ou
de les échanger contre des titres qui diminuent la dette ou son service.
Près de 100 milliards de dette avaient pu être restructurés
en 1991, mais ce ne sont que des gros débiteurs d'Amérique Latine
et le Nigeria qui en ont
bénéficié.40
39 Brunel Sylvie, Le sud dans la nouvelle
économie mondiale, Ed. PUF, Paris, 1995, p. 232-233
40 Benjamin EUELA B. Op. Cit. P. 36
Beaucoup d'autres initiatives vont suivre. Au sommet
de Naples, en 1995, l'idée d'une réduction substantielle de la
dette pour les pays les plus pauvres et les plus endettés, vit le jour.
Elle trouvera enfin son expression avec l'initiative PPTE, proposée par
la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International en
1996.
111.3.2. L'initiative PPTE41
111.3.2.1 Genese
L'initiative constitue un dispositif global de
réduction de la dette des pays pauvres qui requiert la participation de
tous les créanciers ; elle suppose donc une action concertée de
la communauté financière en vue de ramener à un niveau
tolérable la charge de la dette de ces pays. Pour
bénéficier de cette initiative, le pays doit s'engager à
mettre en oeuvre des programmes d'ajustement et des réformes de
politiques sociales.
Sa mise en oeuvre part du constat que l'endettement
extérieur d'un certain nombre des pays pauvres, est devenu
extrêmement difficile à gérer. Même l'arsenal complet
des mécanismes classiques de rééchelonnement et de
réduction de la dette, allié à des apports continus de
financement concessionnel et à la poursuite de politiques
économiques saines, peut ne pas suffire pour ramener l'endettement
extérieur de ces pays à un niveau tolérable dans les
délais raisonnables, sans le bénéfice d'un
complément de soutien extérieur.42
Proposée par la Banque Mondiale et le FMI en
1996 et entérinée lors du sommet de G8 à Cologne en juin
1999, l'initiative PPTE a la particularité de s'articuler avec les
politiques de lutte contre la pauvreté. C'est en principe la raison pour
laquelle les pays qui postulent à l'initiative devraient être
dotés d'un cadre stratégique de lutte contre la
pauvreté(CSLP) dans un document stratégique de réduction
de la pauvreté (DSRP), élaboré en concertation avec la
société civile.
111.3.2.2 Les etapes de lAinitiative PPTE , eliaibilite
et condition
Selon le mécanisme PPTE un pays pauvre doit
suivre, pour avoir accès à un allégement de dette, un
véritable parcours de combattant divisé en quatre étapes
:
1. la première phase : un pays doit adopter un
programme triennal de réformes avalisé par le FMI et la Banque
mondiale. Pendant ce temps il reçoit un allégement
bilatéral (Club de Paris), selon les termes de Naples (67%), et a
accès aux prêts « concessionnels » du FMI, et de la
Banque mondiale et des Etats créanciers.
2. le point de decision : à la fin de la
première phase, une analyse de « soutenabilité » de la
dette du pays endetté, effectuée par le FMI et la Banque
mondiale, détermine le montant de l'allégement octroyé au
terme de l'initiative. Si la dette est toujours « insoutenable », il
n'est pas éligible pour l'allégement multilatéral. Si la
dette est toujours « insoutenable », il est élu pour la
seconde phase et bénéfice d'une aide
intérimaire.
3. la seconde phase : une fois élu pour
l'initiative, un pays doit se lancer dans une nouvelle phase de réformes
avalisées par le FMI et la Banque mondiale. Cette période est
« flottante », c'est-à-dire qu'elle peut être plus
courte au cas où un pays enregistre de bonnes performances de
manière soutenue. Durant cette phase, le pays endetté peut se
voir accorder une restructuration de créances bilatérales ou un
prêt de la Banque mondiale.
4. le point d'achèvement : au point
d'achèvement, le pays endetté se voit accorder
l'allégement calculé dès le point de décision. Ces
allégements consistent essentiellement en remises
d'intérêts et en dons destinés à financer le service
de la dette. Ils sont octroyés annuellement et étalés tout
au long des échéances, c'est-à-dire sur plusieurs
décennies.
annuel. C'est ensuite le fait que les allégements
concernant des dettes multilatérales soient invités à
participer aux opérations
111.3.2.3 1nitiative PPTE en RDC
En juillet 2003 la RDC accédait à
l'allégement de sa dette extérieure sous l'initiative PPTE.
L'allégement du service de la dette extérieure obtenu par la RDC
à cette date est dit « point de décision » et
s'élève à environ 10 milliards en terme nominaux (6,3
milliards de dollars en valeur actualisée nette) depuis juillet 2003, la
RDC bénéficie d'une réduction du service de dette
extérieure comme si 90% de sa dette sont annulés. Selon
l'initiative PPTE, les ressources libérées par
l'allégement sont affectées aux dépenses « pro;
pauvres ».
Cet allègement a pu avoir lieu grâce aux
efforts entrepris par le gouvernement en vue de la réunification du pays
et de la réconciliation nationale et de la mise en oeuvre avec le
concours du FMI de deux programmes économiques successifs. Le premier
dénommé Programme Intérimaire Renforcé (PIR),
étalé de juin 2001 à mars 2002, visait essentiellement
à casser l'hyperinflation et à créer les conditions
propices à la relance économique. Le second, communément
appelé Programme Economique du Gouvernement (PEG), couvrant la
période 2002;2005, vise la consolidation de la stabilité
macroéconomique et la relance de la croissance économique en vue
de réduire la pauvreté.
L'accession de la RDC au « point de décision
» a constitué un événement important parce qu'il a
permis plusieurs retombées. D'abord sur le plan externe, il y a
:
> l'annulation de 90% du service de la dette
extérieure de la RDC pendant la période intérimaire de
2003 à 2006. Cet allégement permet une réduction
additionnelle du service de la dette de l'ordre de USD 36 millions en 2003, de
100 millions en 2004 et 173 millions en 2005 ;
> l'allègement du service de la dette d'USD
1,031 milliard (environ USD 831 millions en VAN43) sous la forme
d'une réduction de 90% du service de la dette sur les crédits de
l'IDA de 2003 à 2026 ;
43 VAN : Valeur Actuelle Nette
> l'allègement de la dette envers le FMI de
près de USD 0,472 milliard en VAN sous forme d'une réduction
annuelle moyenne du service de la dette d'environ 50% jusqu'en 2012
;
> l'annulation de la dette à hauteur de 80%
du stock de la dette au point d'achèvement en cas de succès du
programme. Dans ces conditions, la dette passerait de USD 8,404 milliards
à 1,557 milliard en VAN, soit une réduction d'USD 6,611
milliards. Ce stock de 1,557 milliard correspond à USD 2,568 milliard en
terme nominal. Il y a lieu de rappeler que la RDC avait
bénéficié d'une annulation de près de 4,6 milliards
en 2002, lors de son passage au Club de Paris ;
> la possibilité d'accéder aux
nouvelles ressources extérieures nécessaires pour la
reconstruction du pays.
Sur le plan interne, les ressources provenant de
l'allègement additionnel du service de la dette du fait de l'accession
au point de décision devrait être affectées aux
dépenses de lutte contre la pauvreté recensées dans le
document intérimaire de stratégie de réduction de la
pauvreté (DSRP-I) : santé, éducation, infrastructures de
base, approvisionnement en eau potable et en électricité. Les
principaux objectifs du gouvernement à travers le DSRP-I soumis aux
partenaires qui doivent être finalisés avant le point
d'achèvement, sont de trois ordres :
1) restaurer la paix et promouvoir la
réconciliation nationale ;
2) assainir l'environnement macroéconomique et
stabiliser l'économie ;
3) assurer la sécurité alimentaire,
l'éducation et la santé ;
111.4 Situation actuelle
Depuis 2006 la RDC est dans la période dite
flottante ou elle doit enregistre de bonne performance économique et
financière pour ce voir accorder les allégements prévu au
point d'achèvement
35 Tableau n° 4 Dette extérieure publique de
la RDC (en millions de dollars) 2004-2006
|
2004
|
2005
|
2006
|
Stock de la dette
|
10643
|
10822
|
10813
|
Service de la dette avant allégement
|
419,5
|
524,5
|
679,4
|
En % des revenus plus aide
|
55,7
|
38
|
46,2
|
En % des exportations
|
21,1
|
23,5
|
30,3
|
Service de la dette après allègement
|
163,2
|
154,1
|
251,6
|
Don : Fmi
|
1,1
|
3,7
|
5,7
|
Don : Banque Mondiale
|
15,1
|
8,8
|
11
|
Don : bilatéral et commercial
|
67,2
|
106,9
|
180
|
En % des revenus plus aide
|
21,7
|
12,9
|
13,6
|
En % des exportations
|
8,2
|
6,9
|
52
|
Source : FMI (2005-2006)
De ce qui précède nous voyons que la
dette extérieure de la RDC demeure élevée, en dépit
de l'accession du pays au point de décision de l'initiative PPTE. Ce
constat est vrai même si les principaux indicateurs de l'endettement
démontrent une tendance à la baisse.
Le tableau ci-dessous nous illustre cette
évolution
Tableau n° 5 Evolution indicateurs de la dette
extérieure
|
2002
|
2003
|
2OO4
|
2005
|
2006
|
Seuils
|
Stock de la dette/PIB
|
186,63%
|
189,09%
|
178,48%
|
140,83%
|
123,
|
50-75%
|
|
|
|
|
|
16%
|
|
Stock de la dette/XBS
|
816,46%
|
704,43%
|
482,31%
|
364,
|
335,36%
|
250-275%
|
|
|
|
|
16%
|
|
|
Services de la dette dû/XBS
|
125,33%
|
74,97%
|
41, 16%
|
28,68%
|
28,43%
|
15-25%
|
Service de la dette dû/ Recettes cour budgétaires
|
370,59%
|
261, 11%
|
153,31%
|
78,64
|
78,64%
|
20-25%
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : BCC Rapport Annuel 2006
|
|
|
|
|
|
|
L'examen de ce tableau nous permet de relever que la
dette de la RDC n'est pas soutenable ou viable, car tous les indicateurs sont
au dessus du seuil de référence.
111.4.1 Le voids de la dette avant et awes l'alleaernent
PPTE
A partir du 30 juin 2003 le gouvernement Congolais
s'est appliqué à gérer la restructuration de la dette
extérieure et à reprendre les remboursements dus. La
restructuration de la dette et l'adoption d'un document intérimaire de
stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP-1) en 2002 ont
permis au pays d'atteindre « le point de décision » de
l'initiative PPTE, le 24 juillet 2003. A ce stade une sorte de «
miparcours » de l'initiative PPTE, la RDC a reçu une modeste aide
intérimaire et le staff du FMI a calculé le montant de
l'allégement de dette que le pays pourrait recevoir au « point
d'achèvement » de l'initiative qui était prévu
mi-2008 mais qui a été repoussé à plusieurs
reprises. L'atteinte de ce point d'achèvement permettra non seulement
à la RDC de bénéficier de l'allègement prévu
dans le cadre de l'initiative d'allègement de la dette
multilatérale lancée par le G8 de Gleneagles (2005)
Le gouvernement a signé plusieurs programmes
financés par les institutions financières internationales, dont
les financements par tranches impliquent d'atteindre les critères de
performance prédéfinis. Or le rythme des reformes n'a pas
été aussi rapide qu'escompté. Le document final de
stratégie de croissance de
et de réduction de la pauvreté (DSRP),
qui fait suite au DSRP intérimaire adopté en mars 2002, n'a
été publié qu'en Juillet 2006 et le point
d'achèvement de l'initiative PPTE a été repoussé
plusieurs fois. ce qui retarde d'autant l'échéance des
allègements prévus.
Tableau n°6 Balance des paiements de la RDC de
(2004-2006) en millions de dollars
|
2004
|
2005
|
2006
|
Compte courant
|
-375
|
-345
|
-404
|
Commerce des marchandises
|
-244
|
-198
|
-468
|
Exportations
|
1813
|
2050
|
2366
|
Dont Diamant
|
828
|
955
|
1087
|
Dont pétrole
|
360
|
453
|
494
|
Importations
|
-2056
|
-2248
|
-2834
|
Dont reliées à l'aide
|
-306
|
-309
|
-649
|
Services
|
-333
|
-351
|
-533
|
Recettes
|
172
|
190
|
195
|
Dépenses
|
-505
|
-541
|
-728
|
Dont reliées à l'aide
|
-112
|
-118
|
-240
|
Paiement des intérêts
|
-221
|
-238
|
-251
|
Aide officielle
|
432
|
412
|
838
|
Compte de capital et financier
|
-124
|
-12
|
5
|
Dont IDE
|
435
|
405
|
496
|
Besoin financier avant assistance exceptionnelle
|
-649
|
-455
|
831
|
Consolidation des arriérés
|
344
|
100
|
302
|
Allégement service de la dette
|
305
|
367
|
461
|
Besoin financier résiduel
|
0
|
12
|
-68
|
|
|
|
|
Source : FMI (2006)
|
|
|
|
L'analyse de la balance des paiements congolaise
indique un déficit structurel comblé par une assistance
exceptionnelle (déficit de 831 millions de dollars avant assistance
exceptionnelle en 2006), une recherche plus affinée laisse
apparaître une réalité plus pernicieuse étant
donné l'importance de l'aide extérieure dans la composition des
revenus et des dépenses publiques.
En 2006, les importations de marchandises et de
service reliées à l'aide ont respectivement
représenté 649 et 240 millions de dollars. Si on y ajoute le
paiement des intérêts de la dette (480 millions de dollars en 2006
selon le DSCRP), on atteint un montant supérieur aux revenus propres du
gouvernement.
Tableau n°7 Sources de revenus de la RDC (en
Milliards de Franc congolais)
Sources de revenus
|
2004
|
2005
|
2006
|
Total des revenus et de l'aide
|
299,4
|
564,9
|
850,2
|
Total des revenus
|
248
|
389
|
482,8
|
Douanes et accises
|
104,1
|
145,4
|
169,8
|
Taxes directe et indirectes
|
71,4
|
111,4
|
141
|
Pétrole (royalties et taxes)
|
52,1
|
98,1
|
124,1
|
Autres
|
20,4
|
34,1
|
47,9
|
Total de l'aide
|
51,4
|
175,9
|
367,5
|
Aide budgétaire
|
2,4
|
5,5
|
40,5
|
Projets
|
26,3
|
75,2
|
205,8
|
Assistance PPTE
|
22,7
|
95,2
|
121,1
|
Source : FMI (2006)
Les revenus propres du gouvernement sont très
modestes, bien qu'ils aient sensiblement augmenté les cinq
dernières années, passant de 248 à 482 milliards
de
francs congolais entre 2004 et 2006. Cette
augmentation provient essentiellement du doublement du produit des taxes
directes et indirectes (de 71,4 à 141 milliards de francs
congolais).
Nous voyons après ce chapitre que malgré
la restructuration de la dette extérieure congolaise entamée en
2002, son poids reste significatif pour le gouvernement. Des réformes
doivent être faites pour faire parvenir le pays au point
d'achèvement de l'initiative PPTE.
Ainsi dans le chapitre suivant nous ferons une
évaluation des résultats de la restructuration et proposerons des
pistes de solution pour sortir le pays de la crise dans laquelle elle est
plongée.
Chapitre IV EVALUATION DES RESULTATS ET PISTES DE
SOLUTION
Introduction
Dans le présent chapitre il sera question comme
indiqué d'évaluer les résultats de notre étude, de
voir à mi-parcours si les opérations entreprises en 2002 ont
porté les fruits que le Congo espérait ou si elles n'ont pas du
tout atteint leurs objectifs. Et, ensuite nous proposons quelques pistes de
solution pour sortir le pays de la misère dans laquelle le poids de la
dette extérieure le fait croupir et situation qui engendre le sous
développement dans lequel il est plongé.
IV.1 Evaluation des resultats
IV.1.1 Analyse du revenu
Les revenus propres du gouvernement sont très
modestes, bien qu'ils aient sensiblement augmenté les cinq
dernières années, passant de 248 à 482 milliards de francs
congolais entre 2004 et 2006. Cette augmentation provient essentiellement du
doublement du produit des taxes directes et indirectes (de 71,4 à 141
milliards de francs congolais), de l'augmentation du montant des douanes et
accises (de 104 à 169,8) et de l'augmentation des revenus des mines et
du pétrole44
A ces revenus s'ajoute l'aide extérieure qui
s'est considérablement accrue entre 2004 et 2006 passant de 51,4
à 367,5 milliards de francs congolais (voir tableau ci haut) cette aide
est fractionnée sous triple forme :
> l'aide budgétaire (de 2,4 à 40,5
milliards)
> le financement des projets (de 26,3 à
205,8)
> l'assistance PPTE (de 22,7 à
121,1)
Au total, le gouvernement congolais disposait donc en
2006 d'un budget total de 850,2 milliards de francs congolais (dont 43% sous
forme d'aide). Le déficit structurel et les faibles revenus qui en
découlent contraignent le gouvernement à
44 Http/www.minfinancerdc.cd
solliciter de nouveaux apports exceptionnels et
à alimenter ce cercle vicieux pervers qui réduit fortement ses
marges de manoeuvres budgétaires.
IV.1.2 Analyse de la Balance des paiements
Une analyse plus minutieuse de la balance des
paiements congolaise indique un déficit structurel comblé par une
assistance exceptionnelle. Cette réalité est plus dangereuse
étant donné l'importance de l'aide extérieure dans la
composition des revenus et des dépenses du gouvernement. Une part
considérable de cette aide est liée à des importations de
marchandises ou de services. Pour exemple, en 2006, les importations de
marchandises et de services reliées à l'aide ont respectivement
représenté 649 et 240 millions de dollars. Si on y ajoute le
paiement des intérêts de la dette 251 millions de dollars, on
atteint un montant supérieur aux revenus propres du gouvernement. Les
bailleurs de fonds, en plus de comptabiliser les montants nominaux
d'allégements de dettes en aide publique au développement,
s'assurent ainsi qu'une bonne partie de celle-ci n'est pas versée
à fonds perdus.
En définitive, l'économie congolaise
semble dépendante des allègements de dettes et des flux d'aide
extérieure, dont les conditions la poussent à s'ouvrir aux
échanges extérieurs sans avoir grand-chose à produire ni
échanger.
IV.1.3 Service de la dette
La vulnérabilité de l'économie
congolaise aux chocs extérieurs lui cause des difficultés pour
assurer l'entièreté de ses obligations au service de la dette
extérieure. Les dépenses sociales (éducation et
santé) prévues par la stratégie DSRP-PPTE s'en retrouve
des plus réduites. Ce qui fait que le personnel de l'enseignement et
celui de la santé sont continuellement en grève les trois
dernières années. Le stock de la dette dépasse encore les
dix milliards de dollars en 2009 selon le dernier rapport de l'OGEDEP, du fait
des reports à répétition du point d'achèvement de
l'initiative PPTE. Le service de la dette reste important et il
s'élevait en de 2004 à 2006 à (163,2 à 251,6
millions de dollars)
IV.1.4 Analyse de la situation sociale
La situation du pays qui sort de plusieurs
années de guerre rend difficile la collecte de données
statistiques. Toutefois nous nous sommes appuyés sur les enquêtes
MICS pilotées par l'UNICEF,45 sur l'enquête
quantitatives (1,2,3) et sur les enquêtes participatives (PPA) qui ont
servi de base au diagnostic de la pauvreté dépeint dans le DSCRP
final.
L'incidence de la pauvreté atteint toujours
des sommets. Le seuil de pauvreté est estimé à 123.070
francs congolais par personne et par an en zone urbaine et à 82.755
francs en zone rurale, ce qui correspond respectivement à 68 cents par
jour et par personne en zone urbaine et à 46 cents en zone
rurale.46 Ce qui se situe donc largement sous la barre du dollar
quotidien retenu par les organismes internationaux et les objectifs du
millénaire comme seuil d'extrême pauvreté. Or, avec ce
seuil de pauvreté national, l'incidence de la pauvreté atteint
71,34%, dont 61,49% en milieu urbain et 75,72% en milieu rural.
La pauvreté généralisée
en milieu rural s'explique par la faiblesse de la productivité agricole,
dont vit la majorité de la population. Seuls 10% des terres agricoles
sont mises en valeur, 70% des voies de dessertes agricoles sont dans un
état de détérioration avancée, seulement 17% de la
population rurale ont accès à l'eau potable et 1% à
l'électricité47
La situation de pauvreté extrême en
milieu rural a exacerbé le phénomène d'exode rural. Ce
phénomène bute cependant sur la situation de chômage
généralisé dans les villes. Il résulte de cette
réalité économique et sociale une insécurité
alimentaire croissante et généralisée. En conclusion,
comme l'indique le DSCRP lui-même, l'atteinte des objectifs du
millénaire d'ici 2015 est impossible pour la RDC et le défi
à court terme consiste avant tout à inverser les tendances
négatives enregistrées durant les années de pillages et de
guerres.
45 République Démocratique du Congo,
Enquête nationale sur la situation des enfants et des femmes,
MICS/2001, Rapport d'analyse.
46 Calcul réalisé sur base de la
parité 1 USD = 490 CDF
47 MAKALA NZENGU P., Politiques publiques et
gestion du secteur agricole et rural en RDC , Ed. CAVTK Kinshasa P. 32
En définitive, malgré la gigantesque
opération de restructuration de la dette extérieure congolaise
entamée en 2002, son poids reste significatif pour le gouvernement. Les
réformes qui doivent être faites pour faire parvenir le pays au
point d'achèvement de l'initiative PPTE devraient être
renforcées par le gouvernement. L'atteinte des objectifs du
millénaire pour un pays à la dimension d'un sous continent, est
à ce prix, entre autres.
IV.2 Pistes de solutions
Comme nous l'avons vu plus haut les défis sont
très nombreux pour le pays ainsi nous proposons les pistes de solutions
suivantes qui, à notre avis, pourrons sortir le pays du cercle vicieux
de la dette :
> Politique agricole ;
> Politique fiscale ;
> Politique d'endettement extérieur
;
> Politique commerciale ;
> La gestion efficiente des ressources
;
> Politique sociale.
Ainsi nous pensons que la mise en oeuvre d'une
politique agricole efficiente est la meilleure solution pour sortir le pays de
la crise dans laquelle il est plongé. Mais la mise en oeuvre des autres
politiques n'est pas à exclure puisque elles pourront accompagner le
secteur agricole pour la relance du pays.
IV.2.1 La politique agricole
A l'heure actuelle le gouvernement doit, pour une
sortie de crise, adopter une politique agricole qui permette a la RDC de
nourrir sa propre population parce que selon la FAO, 16 millions de personnes
souffrent de la faim et les deux tiers de la population, soit environ 35
millions de personnes, n'ont pas accès à la ration calorique
minimale quotidienne. Beaucoup de familles congolaises n'ont accès
qu'à un seul repas par jour.48
48 Eric TOLLENS et Alain HUART, Congo profond,
Ed spécial 2007 cité par MAKALA NZENGU Op. Cit. P.34
Selon plusieurs publications, la RDC est l'un des pays
les plus riches en potentiel agricole. En effet, le pays dispose des atouts
ci-après :
> 50% du territoire congolais sont occupés
par des vastes forêts tropicales humides et par des savanes qui restent
pratiquement non exploitées ;
> Le bassin fluvial, et les rivières et les
lacs sont extrêmement poissonneux, mais demeurent quasiment intacts
;
> Les conditions climatiques sont très
favorables à l'agriculture et à l'élevage.
En somme ce pays dispose d'un potentiel agricole
très grand et certaines estimations de la FAO sur les
potentialités agricoles dans le monde avancent que sous
l'hypothèse d'un haut niveau d'intrants, le pays peut produire
suffisamment pour alimenter 2,9 milliards de personnes, soit presque la
moitié du monde.49
De ce qui précède nous dirons qu'il est
impérieux pour le gouvernement d'orienter les fonds vers le
développement du secteur agricole parce que, à notre avis, il est
capable à lui seul de faire décoller la RDC et lui procurer les
moyens essentiels pour son développement.
IV.2.2 La dette extérieure et ('aide
Malgré les allègements prévus
dans le cadre de l'initiative PPTE, la dette continuera de peser sur le peuple
congolais. Les anciennes dettes rééchelonnées et les
nouveaux emprunts vont continuer de représenter un stock de 5 milliards
de dollars après allègement. La viabilité de la dette
n'est assurée que par les flux d'assistance exceptionnelle.
Conformément aux recommandations du comité pour l'annulation de
le dette du tiers monde (CADTM) la dette congolaise qui est un archétype
de la dette odieuse devrait être réévaluée en
fonction des objectifs sociaux et selon le CADTM, L'audit de la dette
congolaise s'impose afin d'analyser chaque emprunt, déterminer dans
quelles circonstances il a été contracté, comment les
fonds ont été utilisés, quels ont été les
résultats obtenus et qui en a
49 FAO, Les potentialités agricoles dans le
monde, Document de travail de RFAO. 2001, pp 2-5, inédit
profité, « cet outil juridique (l'audit)
permet d'identifier les responsabilités et de déceler les dettes
odieuses, nulles ou illégales, ouvrant la voie à la
répudiation de la dette et à la demande de réparation tant
des organes étatiques qui ont agi en dehors de leurs compétences
que des créanciers qui ont agi en connaissance de cause
». Et les flux provenant de cet audit pourront permettre de
financer les objectifs du millénaire et de dégager un surplus
pour financer des projets à impact visible en milieu rural.
IV.2.3 La coolitiaue commerciale
Sans capacité de production la balance
commerciale ne peut qu'être déficitaire dans un contexte de
libéralisation des échanges qui empêche tout espoir de
développement des industries naissantes. La capacité de
protéger les secteurs vitaux et d'orienter les échanges en
fonction des stratégies de développement est
indispensable.
L'histoire de l'économie du
développement a démontré que la politique commerciale des
pays d'Asie de l'est, qui n'ont libéralisé que progressivement et
de manière sélective les importations, a enregistré de
biens meilleurs résultats que la libéralisation subite des
importations prônée par les institutions financières
internationales.50
IV.2.4 La coolitiaue fiscale
Les reformes fiscales opérées par le
gouvernement de transition sous le contrôle du FMI consistait à
centraliser les revenus, renforcer les capacités administratives,
rationaliser les tarifs douaniers, simplifier la fiscalité des
entreprises et introduire une TVA. Mais en réalité les recettes
fiscales restent très faibles, parmi les taux les plus faibles
d'Afrique. Le renforcement des capacités productives et du taux d'emploi
est, avec la rente issue des ressources naturelles, les principaux garants
d'une éventuelle croissance à venir des recettes fiscales
congolaise.
La révision des contrats léonins
d'exploitation des ressources naturelles conclus entre le gouvernement et les
firmes étrangères pourrait à notre avis permettre
d'élargir l'assiette fiscale.
IV.2.5 La qestion efficiente des ressources
Le gouvernement devra rendre efficient le travail de
sa fonction publique car c'est elle qui souvent est appelée a
gérer les ressources du pays, l'affectation des dépenses devra
être sélectionnée en fonction des objectifs de renforcement
des capacités productives et des services sociaux et non des
augmentations de budget de fonctionnement pour la présidence et la
primature comme cela s'est fait observer les deux dernières
années.
L'Etat devra renforcer et viabiliser les organes de
contrôle afin de faire cesser les pratiques qui font perdre au
trésor public beaucoup d'argent.
IV.2.6 Une nolitique sociale equitable
La situation sociale du pays - parmi les dix plus
pauvres du monde-selon l'indice de développement humain IDH des
Nations-Unies, s'est fortement dégradée. Les populations locales
tiennent elles-mêmes les salaires des enseignants, les soins de
santé sont carrément inexistant : pour une grande partie de la
population surtout rurale et ne sont réservés qu'à une
élite de privilégiés. Bref les services sociaux de base
sont quasi inexistants.
Pour cela nous proposons qu'un fond spécial
soit constitué pour les secteurs de l'enseignement et de la santé
afin de permettre à la population de vivre et de goûter aux
dividendes de la démocratie.
CONCLUSION
Sept ans après la restructuration de la dette
extérieure de la RDC et sa reconnexion aux circuits financiers
internationaux, le pays est en passe de se voir octroyer les allégements
prévus au point d'achèvement de l'initiative PPTE. Cet
allègement postposé plusieurs fois devrait permettre à la
RDC de ramener son endettement à un niveau « soutenable »,
même si comme nous l'avons dit le pays reste vulnérable aux chocs
extérieurs qui peuvent atteindre la demande des produits qu'elle
exporte, spécialement les minerais.
Ainsi nous pensons que le développement
économique et social du Congo ne pourra se réaliser sans la
construction d'un Etat digne de ce nom et cela commence par l'armée, les
services sociaux, l'administration publique, etc.
La stabilité économique et
financière du pays nécessite de reconstituer des réserves
de change pour affronter les chocs externes comme la dernière crise
financière, de collecter suffisamment de recettes fiscales pour
acquérir des marges de manoeuvre budgétaire et de gérer
efficacement les financements pour stimuler les activités productives
sans enclencher un nouveau cycle d'endettement insoutenable.
Enfin un audit de la dette congolaise pourrait
être réalisé par la société civile en
collaboration avec les institutions financières internationales, en vue
de définir la part de la dette odieuse selon les critères du
droit internationale.
Comme toute oeuvre humaine ce travail pourrait souffrir
de certaines imperfections, mais nous espérons qu'il sera utile à
plus d'un titre.
BIBLIOGRAPHIE
I Ouvrages
1. Alexandre Nshue Mbo Mokime, Macroéconomie :
Théorie et exercices résolus, Ed UPC, Kinshasa,
2007
2. Arnaud Zacharie, Dette et développement :
les défis du financement du développement en RDC, CNCD,
Bruxelles, 2008
3. Brunel S., Le sud dans la nouvelle économie
mondiale, Ed. PUF, Paris, 1995
4. Duruflé, G., L'ajustement structurel en
Afrique, Ed KARTHALA, Paris, 1996
5. Fernand TALA-NGAI, RDC de l'an 2001 :
déclin ou déclic, Ed Analyses sociales, Kinshasa,
2001
6. MABI MULUMBA, Les dérives d'une gestion
prédatrice, le cas du Zaïre devenu République
Démocratique du Congo, Kinshasa, CRP, 1998
7. MAKALA NZENGU P. Politiques publiques et gestion
du secteur agricole et rural en RDC, Ed. CAVTK Kinshasa
8. NZANDA-BUANA KALEMBA.M., Economie zaïroise de
demain : pas de navigation à vue, Edition Pros Dé, Kinshasa,
1995
II Articles et Revues
1. Arnaud Zacharie, « La décision du G8 et
la dette des pays pauvres », in Congo-Afrique (novembre 2005)
n°399
2. FAO, « Les potentialités agricoles dans
le monde. Document de travail de RFAO ». 2001
3. Jean Claude MASANGU M., « La RDC accède
à l'initiative PPTE Renforcée », in Notes des
Conjonctures, Edition CEDI, Kinshasa Octobre 2003
4. Ministère du Plan et Développement,
Programme triennal minimum : 1997; 1999 Kinshasa, décembre
1997,
6. NDELE BAMU, A, « Les grandes leçons de
l'histoire monétaire, financière et économique du Congo;
Zaïre », in Zaïre - Afrique, n° 267, 1992
Kinshasa
7. République Démocratique du Congo,
Enquête nationale sur la situation des enfants et des femmes,
MICS/2001, Rapport d'analyse.
8. TUNDA ya Kasende, « la problématique
de la dette extérieure de la République Démocratique du
Congo », in Congo; Afrique (décembre 1999)
n°340
III Notes de cours
1. Anaclet Kalombo Ntumba, « Economie
financi ere », inédits note de cours, UM
2008;2009
2. Clément Muya, « Fluctuation
et croissance economique », inédits notes de cours, UM
2008;2009
3. Clément Muya, « Politiques
economiques », Notes de cours, inédits UM, 2007;
2008
4. J. MUALABA Kasangana, « Economie
des pays du tiers monde » Note de cours, inédits, UM
2004;2005
IV Webographie
1. Fonds Monétaire International (1999), «
Cadre stratégique de la lutte contre la pauvreté ; question
d'ordre opérationnel, tiré sur Internet,
http://
www.imf.org
2.
http://
www/users.skynet.be/cadtm/pages Décembre
2002
3. IMF, République démocratique du Congo :
2003 Article IV Consultation, Washington, June 2003 tiré sur Internet a
l'adresse
http://www.imf.org
4. Banque mondiale, Global Monitoring Report, 2005
tirés sur Internet à l'adresse
http://www.worldbank.org
5. FMI:
http://www.imf.org/np/exr/facts/fer/hipcf.htm
6. Http: //www.minfinancerdc.cd
7.
http://www.unctad.org
V Mémoire
1. Benjamin EBUELA BALONGELWA, Initiatives PPTE et
les perspectives de croissance économique en Afrique subsaharienne, cas
de la République Démocratique du Congo, Mémoire de
licence, Université protestante au Congo 2004.
TABLE DES MATIERES
|
|
51
|
EPIGRAPHE
|
|
I
|
DEDICACE
|
|
II
|
REMECIEMENTS
|
|
III
|
INTRODUCTION
|
|
1
|
01 Problématique
|
|
1
|
02 Intérêt et choix du sujet
|
|
2
|
03 Hypothèses du travail
|
|
2
|
04. Délimitation spatio-temporelle
|
|
3
|
05. Méthodes et techniques
|
|
3
|
06. Plan du travail
|
|
3
|
Chapitre I. DEFINITION DES CONCEPTS
|
|
5
|
Introduction
|
|
5
|
I.1. Justification de l'emprunt
|
|
5
|
1.2. La dette exterieure et son service
|
|
6
|
1.3. Capacites de s,endetter et de servir la dette
|
|
7
|
I.4. La capacité d'emprunter et de remboursement
|
|
8
|
I.5. Le rééchelonnement de la dette
|
|
8
|
I.6 Composante et forme de la dette extérieure
|
|
8
|
a. La composante
|
|
8
|
b. La forme
|
|
10
|
|
I.7 Les Objectifs du millénaire pour le
développement (OMD)
|
|
11
|
Chapitre II ORIGINE ET EVOLUTION DE LA DETTE EXTERIEURE
DU CONGO
|
|
12
|
Introduction
|
|
12
|
II.1 Environnement général
|
|
12
|
II.1.1 Situation économique de la RDC
|
|
12
|
II.1.1.1 Période des troubles 1960 à 1966
|
|
12
|
II.1.1.2. Période d'expansion ou de l'essor
économique 1967 à 1974
|
|
13
|
II.1.1.3. Période de la récession et des
tentatives de stabilisation de
|
1975 à
|
|
1989
|
|
14
|
II.1.1.4. Période de la conflagration
économique
|
|
15
|
II.2 Evolution de la dette
|
|
20
|
II.2.1 Les emprunts réalisés par le Congo
Belge
|
|
20
|
II.2.2 La dette extérieure du Congo après
l'indépendance 21
II.3 Crise de l'endettement en RDC 22
II.3.1 L'ajustement structurel 23
Chapitre III RESTRUCTURATION DE LA DETTE EXTERIEURE
26
Introduction 26
III.1 Historique de la restructuration 26
III.2 Restructuration proprement dite 26
III.2.1 Première phase de juin-juillet 2002
26
III.2.2 Seconde phase 27
III.3 Allégement de la dette et l'initiative PPTE
28
III.3.1. Allégement de la dette dans le
passé 30
III.3.2. L'initiative PPTE 31
111.3.2.1 gen èse 31
III.3.2.2 Les étapes de l'initiative PPTE,
éligibilité et condition 32
III.3.2.3 Initiative PPTE en RDC 33
III.4 Situation actuelle 34
III.4.1 Le poids de la dette avant et après
l'allégement PPTE 36
Chapitre IV EVALUATION DES RESULTATS ET PISTES DE
SOLUTION 40
Introduction 40
IV.1 Evaluation des résultats 40
IV.1.1 Analyse du revenu 40
IV.1.2 Analyse de la Balance des paiements 41
IV.1.3 Service de la dette 41
IV.1.4 Analyse de la situation sociale 42
IV.2 Pistes de solutions 43
IV.2.1 La politique agricole 43
IV.2.2 La dette extérieure et l'aide
44
IV.2.3 La politique commerciale 45
IV.2.4 La politique fiscale 45
IV.2.5 La gestion efficiente des ressources
46
IV.2.6 Une politique sociale équitable
46
CONCLUSION 47
BIBLIOGRAPHIE 48
I Ouvrages 48
II Articles et Revues 48
III Notes de cours 49
IV Webographie 49
V Mémoire 50
TABLE DES MATIERES 51
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