4.3. Estimation du
modèle et validation
Les méthodes classiques d'estimation supposent que les
séries utilisées sont stationnaires. Or, suite aux
développements récents en séries temporelles, il est
aujourd'hui usuel que les principaux agrégats macroéconomiques ne
peuvent plus être représentés comme des séries
stationnaires autour d'une tendance déterministe. Il est donc de plus en
plus opportun de prendre en compte leur degré de stationnarité et
d'étudier la permanence des chocs stochastiques. Avant toute estimation,
nous devons d'abord étudier la stationnarité des
séries.
4.3.1. Étude de la stationnarité des
différentes variables
Nous exposons de façon explicite ce que nous avons fait
sur la série LIPC. Les autres résultats seront alors
présentés sous forme de tableau. Tout d'abord, l'analyse
graphique des différentes variables laissent apparaître une
tendance à la hausse, même si l'on peut noter des changements de
régime en tendance (voir figure 6).
Figure 6 :
Évolution des différentes séries
L'apparence de ces différentes courbes nous laisse
penser que toutes les séries présentées ici ne sont pas
stationnaires. Nous devons par conséquent procéder à un
test de racine unitaire pour mieux appréhender leur comportement.
À cet effet, nous allons adopter la méthode du test de
Dickey-Fuller Augmenté (ADF) qui permet de prendre en compte
l'autocorrélation possible de la série différenciée
via une correction utilisant les valeurs retardées. Rappelons que
l'hypothèse nulle de ce test est la non stationnarité de la
série étudiée, c'est-à-dire l'existence d'au moins
une racine unitaire. D'abord, nous le faisons à niveau puis en
différence première pour rechercher l'ordre d'intégration
de la série.
Ø Le test d'ADF en niveau
Figure 7 :
Corrélogramme de la série LP
L'observation du corrélogramme ci-dessus nous
révèle l'existence d'au moins une corrélation partielle.
Dans ce cas, nous allons choisir le nombre de retard p = 1 pour notre test
d'ADF (Augmented Dickey-Fuller). Le résultat du test d'ADF en niveau
figure dans le tableau suivant :
Tableau 2 : Test d'ADF
en niveau de la série LP
Les résultats nous révèlent que la
tendance et la constante sont significativement différentes de
zéro puisque leurs P-values sont respectivement 0,0288 et 0,0121 et
inférieures au seuil de 5 %. Par contre, la statistique du test d'ADF
vaut -2,57 supérieures à la valeur critique de -3,58 au seuil de
5 %. L'hypothèse nulle n'est donc pas rejetée : il existe
une racine unitaire et, par conséquent, nous concluons que la
série n'est pas stationnaire.
Ø Le test d'ADF en différence
première
Nous avons d'abord le corrélogramme de la série
D(LP).
Figure 8 :
Corrélogramme de la série différenciée
D(LP)
Le test d'ADF en différence première avec un
retard p = 1 et comportant la tendance et la constante fournit, au seuil de 5
%, une valeur critique de -3,57 inférieure à la statistique du
test d'ADF, ce qui nous amène à la même conclusion que
précédemment. En plus, les t-statistiques de la tendance et de la
constante ne sont pas significativement différents de zéro (ils
sont respectivement 0,72 et 1,7). De même, lorsque nous procédons
au test en gardant tout simplement la constante et p = 1, la statistique du
test d'ADF reste toujours supérieure à la valeur critique obtenue
au seuil de 5 % (-2,89 > -2.98). Mais pour p = 0 et gardant uniquement la
constante, les résultats sont les suivants :
Tableau 3 : Test d'ADF
en différence première de la série LP
À ce niveau, les résultats du test
témoignent que la série est stationnaire. L'hypothèse
nulle de l'existence de racine unitaire est rejetée car on constate
que :
ü La statistique du test d'ADF (-3,45) est
inférieure à la valeur critique (-2,97) au seuil de 5% ;
ü Le P-value (0,001944) est significativement
inférieure au seuil de 5 % ;
ü Le Fisher calculé est 11,88 supérieur
à la valeur lue sur la table au seuil de 5 % (4,17) ;
ü Les t-statistiques de la constante et de la variable
D(LP(-1)) sont supérieurs à la valeur critique de 2 au seuil de 5
% ;
ü La statistique de Durbin- Watson est sensiblement
égale à 2.
Nous pouvons donc conclure que la série LP est
stationnaire en différence première puisqu'il faut la
différencier une fois avant qu'elle ne le soit.
En soumettant toutes les autres séries à la
même procédure, nous obtenons les résultats
regroupés dans le tableau suivant :
Tableau 4 :
Récapitulatif du tes d'ADF sur toutes les variables
Variables
|
T-statistique
|
Valeur critique au seuil de 5 %
|
Nombre de retard
|
Avec trend
|
Avec constante
|
TEST D'ADF EN NIVEAU
|
LP
|
-2,57
|
-3,58
|
1
|
oui
|
Oui
|
LQ
|
-2,86
|
-3,58
|
1
|
oui
|
Oui
|
LM2
|
-2,51
|
-3,58
|
1
|
oui
|
Oui
|
LBR
|
-1,51
|
-3,58
|
1
|
oui
|
Oui
|
LTE
|
-2,28
|
-3,58
|
1
|
oui
|
Oui
|
|
TEST D'ADF EN DIFFERENCE PREMIERE
|
D(LP)
|
-3,45
|
-2,97
|
0
|
non
|
Oui
|
D(LQ)
|
-3,23
|
-1,95
|
0
|
non
|
Non
|
D(LM2)
|
-5,1
|
-2,97
|
1
|
non
|
Oui
|
D(LBR)
|
-4,86
|
-1,95
|
0
|
non
|
Non
|
D(LTE)
|
-4,5
|
-1,95
|
0
|
non
|
Non
|
En conclusion, les valeurs de la statistique ADF obtenues pour
les variables en niveau sont toutes supérieures à la valeur
critique au seuil critique de 5%. On ne rejette donc pas l'hypothèse
nulle de l'existence de racine unitaire pour toutes les variables. Elles ne
sont pas stationnaires en niveau. En outre, les statistiques ADF
calculées sur les variables prises en différence première
sont toutes inférieures à la valeur critique au seuil de 5%. Nous
pouvons donc conclure que les séries sont toutes intégrées
d'ordre 1. Ainsi, la stationnarité est vérifiée à
un ordre d'intégration égal à 1.
Toutefois, en procédant aux tests de causalité
de Granger, on remarque que pour un retard d'une période au seuil de 5
%, seule l'hypothèse selon laquelle le LQ ne cause pas le LM2 est
acceptée (voir annexe 8). Ce qui signifie qu'excepté ce cas, il
existe des relations directes entre les différentes variables.
D'après l'étude de stationnarité de nos séries,
nous avons conclu que toutes les variables sont intégrées d'ordre
1, alors nous allons, dans les lignes qui suivent, procéder au test de
cointégration. Cela dans le but de mettre en évidence le type de
relation qui existe entre les variables.
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